1.2.1.5. LA CROISSANCE ENDOGENE
Pour les tenants de la théorie de la croissance
endogène, le progrès technique ne tombe pas du ciel. La
croissance est ainsi assimilée à un phénomène
autoentretenu par accumulation de quatre facteurs principaux : la technologie,
le capital physique, le capital humain et le capital public. Le rythme
d'accumulation de ces variables dépend de choix économiques,
c'est pourquoi on parle de théories de la croissance endogène.
1. Le capital physique
C'est l'équipement dans lequel investit une entreprise
pour la production de biens et de services. Romer (1986) a cependant
renouvelé l'analyse en proposant un modèle qui repose sur les
phénomènes d'externalités entre les firmes : en
investissant dans de nouveaux équipements, une firme se donne les moyens
d'accroître sa propre production mais également celles des autres
firmes concurrentes ou non. L'investissement a un double effet : il agit
directement sur la croissance et indirectement sur le progrès
technique.
2. La technologie
Chaque changement technique provient d'une idée mise en
forme et testée. Le progrès existe, et est d'autant plus intense
que le nombre de chercheurs est élevé et le stock de
connaissances important. Le nombre de chercheurs dépend de la
capacité du système économique à leur offrir des
rentes de monopole en cas de réussite. Ainsi pour Romer, le rythme de
croissance ne va pas en déclinant au fur et à mesure que l'on
s'approche de l'état régulier, comme le prétendait Solow.
Il dépend de la capacité des rendements croissants de la
recherche à compenser les
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rendements décroissants de l'investissement
matériel. Contrairement aux approches néoclassiques, Romer
reconnaît que le marché ne suffit pas à assurer une
croissance maximale à long terme. L'Etat a un rôle important
à jouer, non par le biais de la dépense publique envers la
recherche, mais en venant au secours des innovateurs par le biais d'une
fiscalité compensatrice, de mesures juridiques incitant la recherche
développement et les externalités de connaissances, de mesures
anti-concurrentielles non dissuasives.
3. Le capital humain
Il a été mis en évidence par deux
économistes de l'Ecole de Chicago, Theodor Schultz et Gary Becker, et
est au centre des études menées par R.E Lucas (Prix Nobel en
1995). Le capital humain désigne l'ensemble des capacités
apprises par les individus et qui accroissent leur efficacité
productive. Chaque individu est propriétaire d'un certain nombre de
compétences, qu'il valorise en les vendant sur le marché du
travail. Dans ce cas, l'éducation est un investissement dont l'individu
attend un certain retour. Il est alors évident que la tendance à
un allongement de la durée de la scolarité est une cause non
négligeable de la croissance.
4. Le capital public
Il correspond aux infrastructures de communication et de
transport. Elles sont au coeur du modèle élaboré par R.J
Barro. En théorie, le capital public n'est qu'une forme de capital
physique. Il résulte des investissements opérés par l'Etat
et les collectivités locales. Le capital public comprend
également les investissements dans les secteurs de l'éducation et
la recherche. Tous ces travaux ont été poursuivis par Grossman et
Helpman (1991), Aghion et Howitt (1992), Barro et Sala-i-Martin (1995)... Le
progrès technique résulte ainsi d'un objectif fixé en
recherche-développement, activité récompensée selon
Schumpeter (1934) par la détention d'une forme de pouvoir monopolistique
ex-post. S'il n'y a pas de tendance à l'épuisement de ces
découvertes, les taux de croissance peuvent rester positifs à
long terme. Dans ce cas, le taux de croissance à long terme
dépend des actions des gouvernements. Les théories de la
croissance endogène reposeraient donc sur l'idée que la
concurrence parfaite est mortifère, et que l'activité
économique a besoin de concurrence imparfaite et d'intervention
publique.
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