B. LA THEORIE KEYNESIENNE
1°) Les principes de l'action par la monnaie
:
J.M Keynes (1923) a montré les limites de la loi des
débouchés. Il a expliqué que si les individus
thésaurisent l'argent gagné afin d'attendre de meilleures
occasions (dans ce cas, la monnaie est recherchée pour elle-même),
toute l'offre ne pourra pas être écoulée. Ce qui
mènera à une surproduction donc la monnaie est d'après lui
active. Selon la conception keynésienne le mouvement spontané des
marchés, le jeu libre des comportements privés conduisent
à une situation d'équilibre macroéconomique qui, sauf
exception, n'a aucune raison d'assurer le plein emploi de la main d'oeuvre. Il
y'a équilibre de sous-emploi lorsque l'équilibre de l'offre et de
la demande globales sur le marché des biens est associé à
un excèdent d'offre sur le marché du travail : le niveau de
production est insuffisant pour assurer le plein emploi. En sens inverse, il
y'a équilibre de suremploi lorsque la totalité de la main
d'oeuvre est employée mais la production réalisée est
insuffisante pour satisfaire toute la demande. Le rôle dévolu
à la politique économique est alors facile à
définir : il doit consister en une intervention contracyclique : relance
en situation de sous-emploi et stabilisation en situation de plein emploi
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inflationniste. Dans cette action régulatrice du niveau
d'activité, la monnaie est appelée à jouer un
rôle.
La régulation conjoncturelle par la monnaie
présente plusieurs caractéristiques: Elle est en premier lieu
faite d'interventions discrétionnaires, et écarte toute
idée de permanence, ou d'automaticité. Elle est, en second lieu
pragmatique et flexible. Elle est enfin mise en concurrence, pour atteindre
l'objectif fixé, avec l'autre grande politique budgétaire. Selon
les circonstances, l'action par la monnaie peut être jugée la
meilleure pour stimuler (ou freiner) le mouvement de l'économie. Si
l'action par le budget est préférable, la politique
monétaire doit être accommodante. Plus fréquemment la
politique économique recherche un dosage adéquat de ces deux
politiques : le «POLICY MIX ».
Les mécanismes qui sous-tendent le jeu de la politique
monétaire sont les suivants :
o D'une part, il est pleinement reconnu que la monnaie peut
exercer des effets réels, ce qui constitue une remise en cause de la
théorie quantitative.
o D'autre part, le taux d'intérêt joue un
rôle central dans la conduite de la politique économique, et ce,
en faisant varier la quantité de monnaie disponible, les
autorités peuvent corriger les variations du taux d'intérêt
qu'elles jugent indésirables. Un accroissement de la quantité de
monnaie est de nature à satisfaire la préférence pour la
liquidité des agents, et est donc, toute chose égale par
ailleurs, un facteur de baisse du taux d'intérêt. Cette baisse
peut, d'autre part, favoriser l'activité réelle. Les canaux de
transmission de la politique monétaire « c'est à dire les
voies par lesquelles la politique monétaire influe sur le niveau et/ou
la structure de la demande et de l'offre et par là sur les objectifs
finaux de la politique économique », reposent principalement sur le
taux d'intérêt. Celui-ci exprime le choix entre détention
de monnaie et placement financier, et conditionne ainsi la substitution entre
la monnaie et les titres. Mais surtout, le taux d'intérêt
influence le coût du capital et agit sur la décision d'investir :
un bas taux d'intérêt a pour effet de rendre viable un plus grand
nombre de projets d'investissement, dès lors que ceux-ci sont
décidés en comparant le taux de rendement interne et le taux
d'intérêt ambiant. Et par le jeu du multiplicateur de
dépenses, ces investissements supplémentaires accroissent le
revenu global. C'est l'ensemble de ses relations que le modèle IS-LM
formalise.
2°) La politique monétaire dans le cadre
du modèle IS-LM :
Le modèle IS-LM est celui de la « synthèse
classicokeynésienne » : la demande de monnaie keynésienne
est située dans un cadre d'équilibre général des
marchés de type walrassien. Le modèle repose sur la distinction
dans l'économie ente deux secteurs, un secteur réel (le
marché
~ 12 ~
des biens et services) et un secteur monétaire (le
marché de la monnaie). L'équilibre de l'offre et de la demande
globale sur le marché des biens et des services est donné, sous
forme réduite, par l'égalité de l'investissement I et de
l'épargne S. L'investissement I est une fonction décroissante du
taux d'intérêt i. L'épargne S est une fonction croissante
du revenu Y. En portant les valeurs du revenu en abscisse, et celle du taux
d'intérêt en ordonné, on représente la courbe IS ;
qui décrit l'ensemble des couples de valeurs de Y et de i pour
lesquelles on a égalité entre I et S. La courbe IS est
décroissante : un taux d'intérêt élevé
conduit à un investissement faible, et donc (par le jeu de
multiplicateur) à un revenu faible. Inversement, de faibles valeurs du
taux d'intérêt sont associées à des valeurs
élevées du revenu global d'équilibre.
Sur le marché de la monnaie s'opère
l'équilibre entre l'offre de la monnaie M (déterminée par
les pouvoirs publics, c'est-à-dire exogène) et la demande de
monnaie L. Celle-ci dépend des différents motifs de la
préférence pour la liquidité : une partie de la monnaie
demandée obéit aux motifs de transactions et de
précaution, et est proportionnelle au niveau du revenu global. L'autre
partie de la monnaie obéit au motif de spéculation, et est donc
une fonction décroissante du taux d'intérêt. La courbe LM
est le lieu des couples de valeurs Y et de i correspondant à
l'équilibre du marché de la monnaie.
Lorsque le niveau de revenu est bas, le montant des encaisses
de transaction est faible et corrélativement la demande de monnaie de
spéculation est forte, ce qui doit être associé à un
niveau faible du taux d'intérêt. Lorsque le revenu
s'élève, les encaisses de transaction s'accroissent au
détriment des encaisses de spéculation, ce à quoi doit
correspondre un taux d'intérêt élevé.
La courbe LM exprime donc une liaison croissante entre le
revenu et le taux d'intérêt. Mais elle dispose dans la
construction de J.HICKS d'une portion presque horizontale vers la gauche, et
presque verticale vers la droite. La partie horizontale de la courbe traduit le
fait qu'il existe un niveau minimum au-dessous duquel le taux
d'intérêt ne descendra jamais.
En reportant, avec Hansen, sur le même graphique les
courbes des différents équilibres réels et
monétaires, on obtient le diagramme IS-LM. L'intersection des deux
courbes définit le niveau de revenu et la valeur du taux
d'intérêt correspondant à l'équilibre
macroéconomique.
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