Le mouvement féminin et féministe au nord du Maroc. Objectifs et répertoire d'actions: 1990-2010par Fadma Ouaiaou ULB - Master 2011 |
I. 4. Objectif de la recherche ou problématiqueNotre recherche a pour objectifd'aborderles points forts et les points faibles del'émergence des associations féminines au nord du Maroc. Et de couvrir, par la même occasion,le champ d'action,dominé ou gagné, sur le terrain, pardes associations locales à caractères religieux se référant à l'Islam, et qui travaillent sur la condition de la Femme. Par ailleurs, nous travaillerons à mettre en exergue le changement du statut juridique de la Femme et les enjeux accompagnant cette dynamique à la fois sociale et politique.Ainsi, la problématique de la recherche se formule autour du débat qui a accompagné le processus de changement duCode de la famille.Un débat qui a engendré confrontations et conflits entre les composantes du féminisme marocain. Nous formulons alors notre problématique autour des rapports entre les composantes de féminisme et le rôle de l'Etat dans la qualification de ces rapports à la fois d'alliance et d'opposition. I. 5. Question de départIl existe alorsdes divisions au sein du mouvement féministe marocain. Partant de là,quels sontles rapports entre les composantes du féminisme au nord du Maroc et comment peut-on qualifier ces relations à la fois de rapports d'opposition et d'alliance ? I. 6. HypothèsesPar conséquent, l'instance politico-religieuse est l'instance qui balise les possibilités d'alliance et d'opposition entre les trois composantes du mouvement féministe marocain. Ainsi, le changement du statut juridique de la femme (Code de la famille) va être moduléouadapter selon les intérêts de la monarchie, parfois plus religieux parfois plus politiques en fonction de l'évolution de la société et des rapports du pouvoir. Sous hypothèse 1 : Dans ces divisions, le rôle du Code de la famille35(*) est indéniable. Ce code est une émanation de la jurisprudence islamique. Par essence, le code est donc religieux, le référentiel en matière de Droits Humains de la Femme est religieux. Voilà la fracture avec les universalistes. Mais, la réalité est plus complexe car les universalistes, bien que n'adhérant pas au référentiel islamique de la Moudawana, doivent s'y plier s'ils veulent mener leurs actions dans la légalité. Et s'ils veulent modifier le code lui-même, ils devront interpréter les textes sacrés en faveur de la vision universaliste des Droits Humains de la Femme. Un piège et un défi pour les universalistes. Sous hypothèse 2 : De son côté, l'Etat n'adopte pas une position claire. À chaque fois qu'il semble annoncer la modernisation de la société, (rappelons que l'Etat a des engagements vis-à-vis de la Communauté internationale et qu'il est tenu à des résultats à de nombreux niveaux),nous observons qu'il fait un pas en arrière. En effet, l'Etat est fondé sur l'Islam. Le monarque est le « commandant des croyants »36(*). Si donc l'Etat abandonne son essence religieuse, quelle raison d'être a encore la monarchie ? Vidée de son essence, elle serait en péril. Le va et vient incessant de l'Etat, entre modernisme et tradition, prend son sens. * 35On le désigne en arabe par Moudawana AlOssera (voir Glossaire pour plus d'explications) * 36En arabe Amir Almoumenine qui est une appellation chargée de significations politiques et religieuses (voir Glossaire) |
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