Le mouvement féminin et féministe au nord du Maroc. Objectifs et répertoire d'actions: 1990-2010par Fadma Ouaiaou ULB - Master 2011 |
V.3.2.L'institutionnalisation du féminisme d'EtatL'Etat marocain par l'institutionnalisation de la question de la femme seprésente en tant que« promoteur le plus efficace des droits des femmes »211(*). Ainsi, plusieurs départements ministériels, hauts conseils et stratégies adoptés par le gouvernement particulièrement, sous le roi Mohammed VI, témoignent d'une volonté du régime, de domestiquer les acteurs de la société civile tout en s'accaparant leurs projets sociaux. Aussi, les mobilisations sociales pour changer le code de la famille, les débats ouverts ont fait surgir des conflits et même des confrontations entre les conservateurs et les modernistes. Ces confrontations dans la société civile entre 1999 et 2003 auraient pu atteindre une avancée à travers un changement plus moderne s'il n'y avait pas eu l'intervention de l'arbitrage royal suite à l'échec du gouvernement à faire passer son projet du PANIFD. Force est deconfirmerle pouvoir spirituel, religieux et politique de la monarchie à travers ladomination des hommes sur les femmes dans la société marocaine. V.3.3.Réforme du secteur religieux et institutionnalisation d'approche genreLe 16 mai 2003, des attentats terroristes secouent Casablanca. Ces événements ne vont pas rester sans conséquences et sans changements politiques. Le changement le plus important est l'accélération de réformes majeures dans le champ religieux. Le roi Mohammed VI voit dans ces attentats une réelle menace àla monarchie marocaine. Ceci s'explique par la montée de l'intégrisme islamiste au Maroc qui émanerait de nombreux « Oulemas » formés à l'extérieur du Maroc et surtout en Arabie Saoudite qui adopte la doctrine Wahabite, jugée très fondamentaliste et traditionnelle. Ainsi, la réforme du champ religieux va intégrer les femmes pour la première fois dans l'histoire du Maroc dans « un champ exclusivement masculin ».212(*)De ce fait, deux projets majeurs ont marqué l'ère du Féminisme d'Etat du roi Mohammed VI : le premier concerne toujours le champ religieux qui prévoit la féminisationdes mosquées du royaume, en désignant des morchidates213(*) dans le but d'animer des séances d'information et d'enseignement en faveur des femmes qui viennent aux mosquées. Même au sein de ce projet, existait encore une discrimination. En effet, une Fatwa214(*)duconseil supérieur des oulemas du Maroc a interdit à ces morchidates d'exercer en tant qu'imams (présider les prières). « Or le décret qui régitles conditions de contractualisation de certains mission religieuses, celles d'Imams ou des mourchidines et mourchidatesne contient aucune disposition interdisant l'accès des femmes à la fonction d'imam ! »215(*) . Le second projet est de nommer des ministères chargés de la condition féminine et d'adopter des lois visant à intégrer l'approche genre (En 2000, a été créé un ministère délégué, chargé de la condition féminine, de la famille, de l'enfance et de l'intégration des personnes handicapées. La première loi de finance intégrant l'approche genre a étéadoptée en 2006 ; le 30 mai 2008, est né, le lancement de TAMKINE « programme multisectoriel de lutte contre les violences fondées sur le genre par l'autonomisation des femmes et des filles au Maroc »)216(*). * 211ALAMI M'CHICHI, H, (2010) P 49 * 212Ibidem p 71 * 213 Nom en arabe qui désigne les prédicatrices * 214 Consultation juridique sur un point de la religion * 215 ALAMI M'CHICHI, ( 2010) p 72 * 216Ibidem, p 158. |
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