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Monnaie électronique et son incidence sur la vie socio économique des agents utilisateurs de la ville de Mbujimayi: cas de Orange money


par Bienvenu Kazadi
Université officielle de Mbujimayi  - Graduat  2021
  

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CHAPITRE III : IMPACT DE LA MONNAIE ELECTRONIQUE

L'étude de la monnaie électronique dans le cas précis des opérateurs des services orange money a nécessité de procéder à une investigation empirique dont le présent chapitre constitue le compte rendu.

1. APPROCHE METHODOLOGIQUE 1. 1. Méthodes

Pour mener une recherche à bon port et avoir des résultats fiables, la rigueur et la pertinence de la démarche scientifique doivent reposer sur un choix judicieux et cohérents des méthodes d'analyse et des techniques de collecte des données afin d'éviter des tâtonnements du chercheur et réduire la probabilité d'aboutir à des conclusions erronées.

Dans le cadre de ce présent travail, la méthode statistique sera prise à contribution pour analyser et interpréter les données, résultats à travers le logiciel SPSS de l'enquête par questionnaire mené dans la ville de Mbujimayi auprès des agents orange money faisant partie de l'échantillon.

1. 2. Techniques

Les techniques suivantes seront utilisées pour l'accompagnement des méthodes citées ci haut, il s'agit de :

? La technique documentaire : Qui nous aidera à consulter la documentation nécessaire à l'élaboration de ce travail. Il s'agira des ouvrages, des articles, des revues...

? La technique d'enquête par questionnaire : Qui permettra par le questionnaire élaboré à cet effet de collecter les informations nécessaires auprès des agents orange money faisant partie de l'échantillon.

34

2. DEROULEMENT DE L'ENQUETE

Pour cette enquête, les unités statistiques sont les agents utilisateurs de orange money.

2. 1. Taille de l'échantillon

La taille de l'échantillon des agents enquêtés est calculée par la formule de (MONKEY S., 2000) qui fait intervenir la taille de la population z2.

n =

??2.??.??.??

??2.??.??+(??-1).d2

Avec :

Z = 1,96 la valeur de standardisation de la loi normale lorsque & = 5%

p = 0,5 la probabilité de réalisation (la probabilité de se trouver dans le phénomène)

q = 0,5 la probabilité de non réalisation (la probabilité de ne pas se trouver dans le phénomène)

d = 0,05 la marge d'erreur

En appliquant la formule de la taille de l'échantillon avec 700 comme taille de la population, on aura :

n = (1,96)2*0.5*0.5*700

(1,96)2*0.5*0.5+(700-1)(0.05)2

= 248, 2661841

Ainsi la taille de l'échantillon étant calculée sur base la taille de la population connue, elle devra être corrigée par la formule de VAN CERT suivante :

?????? = ??

1+(n-1)/N

248

1 + (248 - 1)/700 = 183, 31 soit 200

D'où naj = la taille de l'échantillon ajustée

35

3. PRESENTATION DES RESULTATS 3. 1. Analyse descriptive

Les données recueillies ont été soumises à une analyse descriptive, c'est-à-dire visant à observer chacune des variables de l'étude de manière unique (sans l'associer à d'autres variables).

Les résultats de l'enquête menée auprès des opérateurs économiques offrants les services de transaction Orange Money sont présentés à l'aide de 4 tableaux de distribution des fréquences afin d'observer attentivement les fréquences associés à chaque variable, ces tableaux présentent les informations relatives :

? Aux caractéristiques individuelles des personnes enquêtées ainsi que ceux de leurs ménages ;

? Aux caractéristiques de l'activité exercée dans le secteur de la monnaie électronique, précisément Orange Money ;

? A la contribution de l'activité exercée sur la vie du ménage ;

? Aux externalités socioéconomiques de l'activité exercée.

Tableau 03 : Répartition des enquêtés selon les caractéristiques individuelles

Modalités

Fréquence

%

% cumulé

Genre

Masculin

156

78,0

78,0

Féminin

44

22,0

100,0

Total

200

100,0

 

Tranche d'âge

Moins de 20

ans

47

23,5

23,5

21 à 25 ans

112

56,0

79,5

36

 

26 à 30 ans

25

12,5

92,0

31 à 35 ans

11

5,5

97,5

Plus de 35 ans

5

2,5

100,0

Total

200

100,0

 

Statut

matrimonial

Marié (e)

39

19,5

19,5

Veuf (ve)

2

1,0

20,5

Divorcé (e)

0

0,0

20,5

Célibataire

159

79,5

100,0

Autres

0

0,0

100,0

Total

200

100,0

 

Niveau étude

Sans

instruction

12

6,0

6,0

Primaire

3

1,5

7,5

Secondaire

116

58,0

65,5

Supérieur et

univ.

63

31,5

97,0

Autres

6

3,0

100,0

Total

200

100,0

 

Taille du

ménage

Moins de 5

162

81,0

81,0

6 à 10

31

15,5

96,5

11 à 15

3

1,5

98,0

16 à 20

2

1,0

99,0

37

 

Plus de 20

2

1,0

100,0

Total

200

100,0

 

Enfants scolarisés

Moins de 5

193

96,5

96,5

6 à 10

7

3,5

100,0

Total

200

100,0

 

Statut

d'occupation du ménage

Propriétaire

68

34,0

34,0

Locataire

132

66,0

100,0

Total

200

100,0

 

Business motivation

Chômage

137

68,5

68,5

Modicité du

revenu

15

7,5

76,0

Insuffisance du salaire

16

8,0

84,0

Charges familiale

14

7,0

91,0

Autres

18

9,0

100,0

Total

200

100,0

 

Dépenses mensuelles du ménage

Moins de 50 $

137

68,5

68,5

51 à 100 $

50

25,0

93,5

Plus de 100 $

13

6,5

100,0

Total

200

100,0

 

Source : élaboré sur base des résultats d'enquêtes.

38

La lecture de ce tableau renseigne sur les caractéristiques individuelles des enquêtés. Il en ressort ce qui suit :

? Bon nombre d'opérateurs dans le domaine d'Orange money sont des hommes, représentés avec la plus grande proportion de 78% contre seulement 22% de femmes. Il n'y a donc aucun doute que le stéréotype du genre ait toute son influence dans cette activité, beaucoup estimant que les hommes seraient les plus propice à faire des services d'Orange Money par rapport aux femmes ;

? La plus grande proportion de ces opérateurs est la tranche d'âge allant de 21 à 25 ans (56%). Les jeunes de cette tranche d'âge sont à la recherche constante d'une occupation de survie mais aussi pour se stabiliser dans la vie, voilà qui explique que cette tranche soit la plus représentée. Pour le reste, 23,5% ont moins de 20 ans, 12,5% ont entre 26 et 30 ans, 5,5% ont entre 31 et 35 ans et seulement 2,5% qui ont plus de 35 ans. Il en ressort ainsi que cette activité n'est pas favorable pour les personnes qui prennent de l'âge compte tenu de la modicité des revenus qu'elle offre ;

? Quant au statut matrimonial, il ressort de l'investigation empirique que bon nombre des personnes contactées, soit 79,5 % sont encore célibataires, et donc en recherche continuelle de positionnement et stabilité dans la vie. Au-delà de cette proportion, 19,5% ont déclaré être mariées, 1% a déclaré être veuf. Cette proportion relativement faible des mariés témoignent du fait que ce secteur d'activité n'offre pas des larges possibilités correspondantes aux charges qui incombent aux personnes de cette catégorie ;

39

? Le niveau d'étude a lui aussi été pris en considération dans les caractéristiques individuelles des enquêtés. Il ressort des investigations empiriques que 58% d'enquêtés ont un niveau secondaire. Ayant fini leurs études secondaires et obtenu leur diplômes d'étude secondaires, ces jeunes généralement en incapacité de faire les études universitaires se retrouvent dans l'obligation de trouver une occupation. OEuvrer dans le secteur d'Orange Money a moins d'exigence de démarrage et se présente pour eux comme une issue de secours.

Pour le reste 31,5% ont un niveau universitaire, ce qui décrit un sérieux problème de chômage même pour les universitaires 6% sont sans instruction, 3% ont un niveau non spécifié (qui pourrait être des formations de rattrapage et réinsertion professionnelle et seulement 1,5% affirme n'avoir qu'un niveau primaire.

? Pour ce qui est de la taille du ménage, il est ressorti de l'analyse descriptive que 81% ont moins de 5 personnes en charge, 15,5% ont entre 6 et 10 personnes en charge, 1,5% ont entre 11 et 15 personnes en charge, 1% ont entre 16 et 20 personnes en charge et seulement 1% qui ont plus de 20 personnes en charge.

Ainsi, d'une manière générale, ces opérateurs qui pour la plupart sont célibataires ont moins de 5 personnes, ce qui signifie qu'il pourrait être seul dans le ménage ou n'avoir que quelques personnes (comme des frères, colocataires ou amis).

? De plus, 96,5% ont affirmé avoir moins de 5 enfants scolarisés (ce qui pourrait dans certains cas signifier aucun enfant scolarisé dans le cas des célibataires) et seulement 3,5% ont une grande charge scolaire (6 à 10enfants) ;

40

? Du haut de toutes ces réalités, les répondants à l'enquête ont affirmés que leurs dépenses de ménages sont généralement inférieures à 50 $ (68,5%). 25% dépensent entre 51 et 100$ le mois et seulement 6,5% affirme dépenser plus de 100$.

? L'enquête a aussi révélé que la plus grande motivation de ces opérateurs est le chômage avec 68,5% des répondants. 7,5% ont affirmé s'être lancé dans ce domaine par modicité du revenu, 8% par insuffisance du salaire, 7% pour subvenir aux charges familiales et 9% ont évoqué une autre raison non spécifiée ;

? Enfin, le statut du répondant a aussi été pris en considération afin de déterminer la proportion opérateurs qui sont locataires et ceux qui sont propriétaires de leur résidence domiciliaire. Il en ressort que la plus grande proportion (66%) est locataire et que seule une minorité est propriétaire (34%).

Tableau 04 : Répartition des enquêtés selon les variables caractéristiques de l'activité

Modalités

Fréquence

%

% cumulé

Durée

d'exercice

Moins d'une

année

74

37,0

37,0

2 à 5 ans

102

51,0

88,0

6 à 10 ans

21

10,5

98,5

Plus de 10 ans

3

1,5

100,0

Total

200

100,0

 
 

Oui

128

64,0

64,0

41

Expérience antérieure

Non

72

36,0

100,0

Total

200

100,0

 

Activité antérieure

Chômage

93

46,5

46,5

Agriculteur

14

7,0

53,5

Salarié entreprise privée

57

28,5

82,0

Fonctionnaire de l'Etat

0

0,0

82,0

Autres

36

18,0

100,0

Total

200

100,0

 

Formation préalable

Oui

77

38,5

38,5

Non

123

61,5

100,0

Total

200

100,0

 

Source de

financement

Fonds propres

147

73,5

73,5

Emprunt

1

0,5

74,0

Aide familiale

48

24,0

98,0

Autres sources

4

2,0

100,0

Total

200

100,0

 

Capital de

démarrage

Moins de 100 $

62

31,0

31,0

101 à 500 $

138

69,0

100,0

Total

200

100,0

 
 

Moins de 10 $

76

38,0

38,0

42

Bénéfice

hebdomadaire

11 à 15 $

71

35,5

73,5

16 à 20 $

14

7,0

80,5

21 à 25 $

18

9,0

89,5

Plus de 25 $

21

10,5

100,0

Total

200

100,0

 

Volume des

transactions

Moins de 30 $

66

33,0

33,0

31 à 60 $

88

44,0

77,0

61 à 90 $

20

10,0

87,0

91 à 120 $

10

5,0

92,0

Plus de 120 $

16

8,0

100,0

Total

200

100,0

 

Source : élaboré sur base des résultats d'enquêtes.

Ce deuxième tableau présente les distributions de fréquences selon les variables caractéristiques de l'activité. Il en ressort ce qui suit :

? Pour ce qui est de la durée d'exercice de l'activité, il ressort que 37,0% ont affirmé être dans le métier depuis seulement moins d'une année, 51% ont 2 à 5 ans d'exercices, 10,5% ont entre 6 et 10 ans et 1,5% ont affirmé avoir une ancienneté de plus de 10 ans ;

? De plus, la plus grande proportion (64%) affirme avoir une expérience antérieure dans l'activité contre une minorité (36%) qui affirment ne pas en avoir. Toutefois, quelques-uns (38,5%) ont dû suivre une formation préalable avant de débuter afin de compenser le déficit d'expérience. Comme activité précédente, bon nombre étaient toujours au chômage (46,5%). Seuls quelques-uns étaient soit salariés du secteur privé (28,5%), soit agriculteurs, soit

43

dans une autre forme d'activité. Il est surprenant de constater qu'aucun fonctionnaire de l'Etat ne s'évertue à cette activité ;

? Quant à la source de financement, il ressort de ce tableau que seulement 0,5% ont fait un emprunt, 2% ont utilisés des sources de financement non spécifiées, 24% ont bénéficié des contributions familiales et 73,5% ont utilisé des capitaux propres, Un regard général permet de ressortir que les fonds propres constituent la source de financement la plus utilisée. Ces différentes sources de financement ont permis à bon nombre de débuter avec un capital allant de 101 à 500 $ contre seulement 31% qui ont débuté avec un capital inférieur à 100 $ ;

? Enfin, pour ce qui est du volume des transactions (en terme des dépôts et retraits) que parviennent à générer leurs activités, la plus grande proportion soit 44% atteignent des réalisations mensuelles allant de 31 à 60 $, 33% ont moins de 30 $, 10% ont entre 61 et 90 $, 5% atteignent des réalisations allant de 91 à 120 $ et seulement 8% qui font parvenir leurs réalisations au-delà de 120 $. Avec des telles réalisations, 38% n'obtiennent qu'un bénéfice hebdomadaire inférieur à 10 $, 35,5% ont entre 11 et 15 $, 7% ont entre 16 et 20 $ ; 9% ont entre 21 et 25 $ et même 10,5% parviennent à des bénéfices hebdomadaires au-delà de 25 $.

Tableau 05 : Répartition des enquêtés selon l'apport de l'activité sur le ménage

Modalités

Fréquence

%

% cumulé

Affectation du bénéfice

Dépenses ménages

62

31,0

31,0

Réinvestissement

55

27,5

58,5

Epargne

14

7,0

65,5

44

 

Dépenses

ménages et
réinvestissement

57

28,5

94,0

Epargne et

réinvestissement

12

6,0

100,0

Total

200

100,0

 

Couvertures obligations familiales

Oui

138

69,0

69,0

Non

62

31,0

100,0

Total

200

100,0

 

Source : élaboré sur base des données d'enquêtes.

Il s'est aussi avéré nécessaire de faire une analyse de l'apport de cette activité dans la vie des ménages de ces opérateurs :

? Pour ce qui est l'affectation du bénéfice, 31% le consacrent aux dépenses du ménage, 27,5% le réinvestissent, 7% font une épargne, 28,5% réinvestissent une partie et affecte une autre aux dépenses du ménage et seulement 6% épargnent une partie et réinvestissent une autre partie. La survie du ménage est ainsi au centre des décisions d'affectation du bénéfice ;

? Quant à la couverture des obligations familiales, 69% ont affirmé y parvenir contre seulement 31% qui n'y parviennent pas convenablement ;

Tableau 06 : Répartition des enquêtés selon les externalités socioéconomiques de l'entrepreneuriat dans ce secteur d'Orange money

Ce dernier tableau de distribution des fréquences renseignent sur les externalités socioéconomiques. Il en ressort pour ce qui est de la

45

Modalités

Fréquence

%

% cumulé

Capacité d'épargne

Oui

145

72,5

72,5

Non

55

27,5

100,0

Total

200

100,0

 

Valeur

mensuelle d'épargne

Moins de 50 $

183

91,5

91,5

51 à 100 $

11

5,5

97,0

101 à 200 $

6

3,0

100,0

Total

200

100,0

 

Capacité

d'investissement

Oui

157

78,5

78,5

Non

43

21,5

100,0

Total

200

100,0

 

Réduction du

chômage

Oui

162

81,0

91,0

Non

38

19,0

100,0

Total

200

100,0

 

Changement d'activités

Oui

173

86,5

86,5

Non

27

13,5

100,0

Total

200

100,0

 

Source : élaboré sur base des données d'enquêtes.

46

capacité d'épargne que 72,5% ont affirmé être en mesure d'épargner grâce aux bénéfices qu'ils obtiennent. Toutefois, la valeur de l'épargne mensuelle est généralement inférieure à 50 $ car 91,5% des répondants ont donné cette affirmation. De plus, 78,5% ont affirmé avoir la capacité d'investir grâce à leurs revenus issus de cette activité. Ainsi, eu égard à ces éléments, cette activité a participé tant soit peu à la réduction du chômage, ce qu'ont affirmé 81,0% des répondants. Toutefois, ces opérateurs n'envisagent pas de faire carrière dans cette activité car 86,5% ont émis le souhait de changer d'activité.

3. 1. 1. Analyse descriptive du capital de départ

Tableau 07 : Statistique descriptive de la variable Revenu mensuel

Moyenne

Ecart type

Kurtosis

Statisti c

Std. Error

Statistic

Statis tic

Std. Error

1337349486,7 ,69

26

132814, 160

18,33

1

,346

Source : élaboré sur base des analyses SPSS.

Il ressort de cette analyse descriptive que ces opérateurs obtiennent un revenu mensuel moyen de 133734,69 FC pour un écart type de 132814,160 FC. Ainsi, au regard de la valeur de l'écart type et du Kurtosis (18,331) qui s'écarte considérablement de la norme acceptable de 3, il est clair que cette série statistique ne suit pas une loi normale.

Ces résultats signifient que les revenus de ces opérateurs sont largement différents et très dispersés d'un opérateur à un autre. Alors

47

que certains shops gagnent des revenus mensuels très consistants, ceux d'autres shops ne sont que très précaires.

3. 2. Analyse inférentielle

Au-delà de l'analyse descriptive, l'analyse inférentielle a permis d'analyser les relations entre les variables. Dans la présente étude, deux cas de figure seront pris en compte :

? Dans un premier temps, il s'agit de déterminer l'incidence des réalisations mensuelles et bénéfices sur le contexte de vie du ménage ;

? Ensuite, l'analyse permettra de déterminer les externalités socioéconomiques des réalisations mensuelles et bénéfices obtenus.

A. Réalisations de l'activité et contexte de vie du ménage

Les résultats de l'analyse descriptive ont certainement démontré que les entrepreneures obtiennent une certaine marge de bénéfice malgré les faibles réalisations qu'ils parviennent à atteindre en terme du volume des transactions. Il vaut donc de déterminer dans quelle mesure le volume des transactions ainsi que les bénéfices obtenus garantissent un contexte de vie décent dans les ménages des personnes enquêtées.

Le test d'indépendance de chi carré a permis de vérifier l'effectivité de la relation (lien statistique) entre les variables de résultat de l'activité, à savoir le volume des transactions et les bénéfice d'une part et les variables expliquant la contribution de ces réalisations au contexte de vie du ménage. Le test d'indépendance de chi carré a donc été réalisé entre les variables « volume des transactions », « bénéfice hebdomadaire » et deux autres variables décrivant la contribution au contexte de vie du ménage, à savoir :

48

? Affectation du revenu ;

? Couverture des obligations familiales.

Les hypothèses sont donc formulées de la manière suivante pour le test d'indépendance de chi carré :

? H0 : les deux variables sont indépendantes (la connaissance de l'une ne permet de se prononcer sur l'autre) ;

? H1 : les deux variables sont dépendantes (la connaissance de l'une permet de se prononcer sur l'autre).

Tableau 08 : Test d'indépendance de x2 entre les variables d'émergence et les facteurs d'influence

Contribution au contexte de vie du ménage

Réalisations

Volume de

transactions

Bénéfice hebdo

x2

?

V de

cramer

x2

?

V de

cramer

1

Affectation du

bénéfice

85,420

0,000

0,327

91,730

0,000

0,303

2

Couverture obligations familiales

13,855

0,086

0,186

21,915

0,016

0,234

Source : élaboré sur base des analyses SPSS.

Ce tableau présente les résultats du test d'indépendance. Il en ressort ce qui suit :

? Pour ce qui est du volume de transaction, cette variable entretien une relation statistique linéaire avec la variable affectation du bénéfice (p-value calculée ? p-value théorique) mais n'entretien

49

aucune relation statistique avec la couverture des obligations familiales (p-value calculée > p-value théorique) au seuil de probabilité de 5%.

Cette réalité signifie que les décisions que prend l'entrepreneur pour ce qui est de l'affectation du bénéfice sont moyennement (V de Cramer = 0,327) influencé par le volume de transaction. Ainsi, un opérateur des services Orange Money décidera de réinvestir son bénéfice s'il estime que son volume de transactions mensuelles devient de plus en plus alléchant, ce qui rend le marché attrayant. Cependant, il n'agira pas ainsi dans le cas où le volume de transaction serait faible.

Cette variable influence ainsi sans aucun doute son jugement pour ce qui est de l'affectation du bénéfice, mais n'a strictement aucun impact sur la couverture des obligations familiales car seules les bénéfices permettent de couvrir les obligations familiales et non le volume des transactions ;

? Quant aux bénéfices hebdomadaires, il est clair que celui-ci influence sans aucun doute la décision que prend l'opérateur pour son affectation mais aussi la couverture des obligations familiales (p-value calculée ? p-value théorique) en ce sens qu'un bénéfice consistant offre plusieurs possibilités à l'opérateur pour ce qui est de son affectation (épargne, réinvestissement, obligations familiales) alors qu'un faible bénéfice réduit les possibilités.

B. Externalités socioéconomiques du volume des transactions et bénéfices

Le lancement d'une activité économique voudrait que celle-ci ait des externalités socioéconomiques positives, permettant entre autre de stimuler l'épargne, l'investissement mais aussi de réduire le niveau de chômage. Ainsi, il convient à ce stade de déterminer dans quelle

mesure les réalisations de ce secteur d'orange money présente des externalités socioéconomiques.

Le test d'indépendance de chi carré a permis de vérifier l'effectivité de la relation (lien statistique) entre les variables décrivant les réalisations de ce secteur, à savoir le volume de transaction et le bénéfice hebdomadaire d'une part et les facteurs explicatifs des externalités socioéconomiques. Le test d'indépendance de chi carré a donc été réalisé entre les variables « volume de transaction », « bénéfice » et cinq autres variables à savoir :

> Capacité d'épargne ;

> Valeur d'épargne ;

> Capacité d'investissement ;

> Réduction du chômage ;

> Changement d'activités.

Les hypothèses sont donc formulées de la manière suivante pour le test d'indépendance de chi carré :

> H0 : les deux variables sont indépendantes (la connaissance de l'une ne permet de se prononcer sur l'autre) ;

> H1 : les deux variables sont dépendantes (la connaissance de l'une permet de se prononcer sur l'autre).

Tableau 09 : Test d'indépendance de chi carré entre les variables d'externalités socioéconomiques et les variables descriptives des réalisations du secteur

N °

Variables d'externalités

Réalisations du secteur

Volume des

Bénéfice hebdo

 

socioéconomiqu es

transactions

 

x2

?

V de

crame r

x2

?

V de

crame r

1

Capacité

12,65

0,12

0,178

20,87

0,02

0,228

 

d'épargne

8

4

 

7

2

 

2

Valeur d'épargne

37,45

0,00

0,250

46,86

0,00

0,279

 
 

0

0

 

0

0

 

3

Capacité

13,22

0,01

0,257

17,15

0,00

0,293

 

d'investissement

6

0

 

3

4

 

4

Réduction

13,10

0,10

0,181

23,04

0,01

0,240

 

chômage

5

8

 

3

1

 

5

Changement

17,21

0,02

0,207

12,80

0,23

0,179

 

d'activité

8

8

 

1

5

 

Source : élaboré sur base des analyses SPSS.

Le volume des transactions a bel et bien une incidence sur certaines variables socioéconomiques et n'a aucune incidence sur d'autres, il en ressort ce qui suit :

? Pour ce qui est de la capacité d'épargne, la valeur de la p-value calculée étant supérieure au seuil théorique, il y a lieu d'accepter avec moins de 5% de chance de se tromper (seuil de probabilité calculée : 0,124 > 0,05 : seuil de probabilité théorique) l'hypothèse nulle selon laquelle le volume de transaction n'entretien aucune relation linéaire avec le la capacité d'épargne. Ces résultats

stipulent que décider d'épargne ne dépend pas du volume de transaction, c'est une question de culture d'épargne ;

? Quant au volume de l'épargne, il ressort une p-value calculée inférieure à la p-value théorique. Ainsi, avec moins de 5% de chance de se tromper (seuil de probabilité calculée : 0,000 ? 0,05 : seuil de probabilité théorique), l'hypothèse nulle selon laquelle il n'existerait pas de relation statistiquement vérifiable entre le volume de transaction et le volume d'épargne est donc rejetée. Il y a donc lieu d'accepter l'hypothèse alternative qui relève l'existence d'une faible relation (V de cramer : 0,250 ? 0,5) statistiquement valide entre les deux variables. Ces résultats suggèrent donc que plus le volume de transactions est grand, mieux il y a des possibilités de faire une plus grande épargne ;

? Les analyses statistiques ont aussi démontré l'existence d'une relation statistique entre volume des transactions et la capacité d'investissement. En effet, l'hypothèse nulle est rejetée avec moins de 5% de chance de se tromper (seuil de probabilité calculée : 0,010 ? 0,05 : seuil de probabilité théorique). L'hypothèse alternative qui stipule qu'un volume de transaction élevée stimule encore plus d'investissement est donc acceptée. Toutefois, au regard de la valeur de V de Cramer, cette relation serait de très faible amplitude (25,7%) ;

? De plus, tel que l'ont démontré les analyses statistiques, il n'existe pas de relation statistique entre le volume de transaction et la réduction du chômage (seuil de probabilité calculée : 0,108 > 0,05 : seuil de probabilité théorique). L'hypothèse alternative qui stipule qu'un volume de transaction élevée ou faible n'explique

aucunement la réduction ou l'augmentation du niveau de chômage est donc acceptée ;

? Enfin, les analyses ont déterminé qu'en fonction du volume des transactions, l'opérateur envisagerait de changer d'activité car l'hypothèse nulle selon laquelle il n'existerait pas de relation statistiquement valide entre les variables volume de transaction et changement d'activité est rejetée au profit de l'hypothèse alternative (seuil de probabilité calculée : 0,028 ? 0,05 : seuil de probabilité théorique).

D'un autre côté, pour ce qui est du bénéfice, il ressort que cette variable entretien une relation statistique avec la capacité d'épargne (seuil de probabilité calculée : 0,022 ? 0,05 : seuil de probabilité théorique), la valeur d'épargne (seuil de probabilité calculée : 0,000 ? 0,05 : seuil de probabilité théorique) et la capacité d'investissement (seuil de probabilité calculée : 0,004 ? 0,05 : seuil de probabilité théorique) ainsi que la réduction du chômage (seuil de probabilité calculée : 0,011 ? 0,05 : seuil de probabilité théorique) pour lesquelles l'hypothèse nulle est rejetée.

Il est clair que le bénéfice est un facteur déterminant des externalités socioéconomiques de cette activité d'organe money car plus le bénéfice est considérable, mieux les externalités sont positives et plus le bénéfice est insignifiant, moins les externalités sont négatives.

DISCUSSION DES RESULTATS

Après analyse et application du test de chi-carré, il ressort

que :

? Le volume des transactions (en terme des dépôts et des retraits) génère un revenu suffisant car :

- Mensuellement 88 personnes enquêtées soit 44% affirment gagner 31 à 60$, 20 personnes enquêtées soit 10% affirment aussi gagner 61 à 90$, 10 personnes enquêtées soit 5% affirment aussi gagner 91 à 120$, et que 66 personnes enquêtées soit 33% affirment aussi avoir comme gain moins de 30$.

- Avec ce revenu mensuel, 138 personnes enquêtées soit 99% ont affirmé couvrir leurs obligations familiales contre seulement 31% qui n'y parviennent pas convenablement, ce qui explique l'impact positif de l'activité sur la vie socioéconomique de ces agents utilisateurs. Toutes fois le test de chi-carré révèle qu'il n'existe pas une relation statistique entre le volume de transactions et la couverture des obligations familiales.

? Les motivations qui ont poussé ces agents à exercer ces activités sont : le chômage (137 personnes enquêtées, soit 68%), la modicité de revenu (15 personnes enquêtées soit 7,5%) ainsi que les charges familiales (14 personnes enquêtées soit 7%)

55

Résultats en accord avec les

nôtres

Résultats en désaccord avec les nôtres

MUTAKA Simba G. dans son travail

NTANGANYIKA Lumpungu P. dans

intitulé : « télécommunication et

son travail intitulé « impact des

développement économique de la

sociétés multinationales sur les

ville de Lubumbashi cas de orange

conditions socioéconomique des

money. », avait pour objectif de

ménages », avait pour but d'étudier

déterminer l'impact de la

l'impact des sociétés

télécommunication ORANGE sur le

multinationales sur les conditions

développement économique de la

socioéconomiques des ménages

population Lushoise.

dans la ville de Mbujimayi.

Après traitement des données,

l'auteur estime qu'en tant que

Ainsi après récolte et analyse des données, il est abouti aux résultats

secteur productif, les

ci-après :

télécommunications contribuent

Quel que soit le niveau du revenu

directement à la valeur ajoutée,

mais pour l'instant, cette

des agents issus de leurs

prestations de services dans les

contribution reste relativement

sociétés multinationales, l'impact

marginale dans le cas de la RDC.

de ces dernières sur les conditions

Il termine par dire que la création

sociales et économiques des agents

d'activités économiques et d'emplois

est négatif étant donné que le

dont ce secteur est porteur,

préfigurent indirectement le

salaire de ces agents est quelque fois médiocre voire insuffisant pour

développement.

couvrir leurs besoins.

NDELELA N. dans son travail

DISSAUX T. dans sa thèse intitulée

portant sur « les sociétés de

« socio économie de la monnaie

télécommunication et leurs impacts

mobile et des monnaies locales au

sur le développement économique d'une ville. Cas de la ville de Mbujimayi » soutient après traitement et analyse de ses données d'enquête que les sociétés surtout celles évoluant dans la télécommunication jouent un rôle important dans le rapprochement de la population en apportant une technologie de qualité et de l'emploi dans différents secteurs.

Kenya : quelles innovations

monétaires pour quel
développement ? »,
a par la suite conclu que si la monnaie électronique génère des bénéfices économiques, ceux-ci ne bénéficient pas forcement aux personnes de

l'économie populaire, pour
lesquelles la monnaie électronique

participe plutôt à
l'approfondissement de la situation de trappe à pauvreté dans laquelle se trouvent les territoires des bidons villes.

Il ajoute en disant que la monnaie électronique ouvre des opportunités et facilite notamment les transferts, mais il n'est pas possible de voir en elle l'outil «transformateur » pour la réduction de la pauvreté et le développement qu'elle est censée être d'après des nombreux travaux.

RECOMMANDATIONS

Ce travail ne pouvait arriver à terme sans pour autant ne pas émettre quelques suggestions à l'endroit de la société des télécommunications Orange d'une part et d'autre part à l'Etat congolais.

? A la société des télécommunications Orange :

- Veiller à ce que les commissions sur les transactions (dépôt et retrait) orange money soient élevées car 137 personnes enquêtées soit 86,5% ont affirmé vouloir abandonner le service financier par téléphonie mobile si la société de télécommunication Orange n'améliore pas ses commissions ;

- Veiller à ce que les pannes de réseau et les problèmes de connexion qui constituent une source d'inquiétude importante pour les agents utilisateurs soient réduits car ceux-ci retardent la capacité des clients à effectuer leurs opérations de transaction au point où certains clients abandonnent le service financier par téléphonie mobile.

? A l'Etat Congolais :

Compte tenu du poids grandissant des émetteurs de monnaie électronique et afin de protéger des consommateurs pouvant être moins avertis que les clients des banques, l'Etat congolais doit mettre en place un dispositif complet et solide de réglementation et de protection des fonds des clients.

En vue d'atteindre les objectifs assignés à la présente recherche, de répondre aux questions de problématique et vérifier les

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