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Introduction générale
L'année 2015, a été marquée par
une volonté commune et partagée des instances de décision
à l'échelle internationale, régionale, sous
régionale, nationale et locale, de mener des politiques de
développement durable cohérentes dans la planification. Ainsi
dans tous les secteurs d'activité et à toutes les échelles
de pouvoir des plans de développement, intégrant les dimensions
économiques, sociales et environnementales mais aussi les dimensions
transversales (genre, migration, nutrition ...), sont mises en oeuvre. En
effet, il s'agit de renouveler les modes d'exploitation des ressources
planétaires afin d'en user avec rationalité pour que les
générations à venir puissent en bénéficier
à leur tour.
Dans le domaine de l'agriculture, les modes industrielles ont
longtemps dominé les activités productives au
Sénégal. Au lendemain de l'indépendance, le pays a
hérité d'un mode de gestion et d'exploitation des ressources
naturelles qu'il ne pouvait gérer de façon efficace. Cette
exploitation est basée sur une stratégie de révolution
verte consistant à l'utilisation des OGM comme semences et des engrais
chimiques comme fertilisant accompagner d'un outillage agricole
mécanisé. Ainsi, les années ayant suivie celle de 1960
sont marquées par une évolution en dents de scie des performances
de l'agriculture. Une évolution qui s'est soldée un bilan
négatif dans l'ensemble. En effet « malgré les efforts
considérables de modernisation, la productivité du secteur
agricole ne s'est guère améliorée ... La faible
performance de la production arachidière trouve son explication dans les
effets combinés de facteurs exogènes et de politiques suivies
depuis l'indépendance » (CISSE, et al., 2002). Par ailleurs,
du plan de stabilisation à court terme (PSCT) de1979 au Plan
Sénégal Émergent (PSE) de 2014, nombreux sont les
programmes agricoles mis en oeuvre pour redynamiser le développement de
ce secteur (Mbow, 2017). Cependant, la forte dynamique d'industrialisation de
l'économie amorcée pendant la période coloniale, à
privilégier le développement d'une agriculture d'entreprise au
détriment de celle familiale (Enda Pronat, 2015).
L'agriculture familiale est pratiquée par 72% des
ménages du Sénégal et représente 18% du PIB du pays
et constitue la principale source de revenus en milieu rural. L'ensemble de ces
exploitations agricoles familiales (EAF) forme les communautés locales
qui assuraient la souveraineté alimentaire du pays bien avant le
développement de l'agriculture d'entreprise. L'organisation de la
gestion des ressources naturelles au sein des villages et à des
échelles territoriales plus grandes, était la force de ces
communautés. Les ressources étaient exploitées de
manière intégrée avec la pluriactivité facilitant
le partage d'expérience et de savoir-faire de paysans à paysans
c'est-à-dire de manière agroécologique. Par ailleurs, les
systèmes de production industriels hérités des
Sujet : analyse des rendements de la transition
agroécologique sur les performances de l'agriculture familiale : cas des
exploitants familiaux de la commune de NDIOB
premières orientations des politiques agricoles du
pays, ont fortement affaibli l'agriculture familiale. Cet affaiblissement a
conduit à l'émergence de la pauvreté dans le milieu rural,
à la dégradation progressive des écosystèmes
naturels et cultivés mais aussi à l'insécurité
alimentaire et nutritionnelle des populations locales (Enda Pronat, 2015).
L'agroécologie est un système de production qui
est sous-tendu par l'intégration et l'utilisation de faibles niveaux
d'intrants pour assurer l'équilibre à long terme entre la
production alimentaire et la durabilité des ressources naturelles. Le
Sénégal fait partie des pays africains qui se sont engagé
à placer l'agroécologie au centre du développement
agricole lors du premier symposium panafricain de 2015. Cette rencontre a
regroupé des membres de la société civile, des
décideurs politiques, des chercheurs et des organisations paysannes de
l'Afrique et est organisée en collaboration avec la FAO. L'engagement du
pays n'est pas suivi d'une volonté gouvernementale, mais a abouti
à la mise sur pied en 2017 d'un réseau de maire des communes
vertes et écologique du Sénégal avec la participation des
ONG comme Endat_Pronat (Mbow, 2017).
Ce travail de mémoire cherche à analyser les
perceptions des rendements de la transition agroécologique sur les
performances de l'agriculture familiale au Sénégal. En effet,
pour être efficace le secteur agricole a besoin de résoudre un
certain nombre de problèmes auxquels il est confronté. La
faiblesse du rendement des facteurs de production, la forte dépendance
à une pluviométrie de plus en plus irrégulière, la
dégradation de la biodiversité des écosystèmes
naturels et cultivés, les effets des changements climatiques etc. sont
les principales chaines qui entravent le développement de l'agriculture
familiale (Mbow, 2017). Ainsi, il est utile d'étudier les perspectives
de la transition agroécologique sur l'agriculture familiale, afin de
vérifier l'efficacité et l'efficience de ce système de
production sur l'amélioration des conditions de vie des EAF.
L'étude repose sur une méthodologie mixte qui,
combine l'approche qualitative et celle quantitative. En effet, pour collecter
les données qualitatives, des entretiens semi directifs ont
été menés avec le responsable de la commission habitat et
cadre de vie de la municipalité et avec certains représentants
des partenaires de la commune. En ce qui concerne les données primaires,
elles ont été recueillies auprès des EAF en transition
agroécologique. L'étude s'est déroulée dans la
commune de NDIOB du département de Fatick qui, sous l'impulsion de la
municipalité et ses partenaires, vulgarise des techniques
agroécologiques. La technique de sondage utilisé est
l'échantillonnage à deux degrés ; 13 villages choisis au
niveau des quatre zones de la commune et 37 exploitations pour constituer
l'unité d'analyse.
Sujet : analyse des rendements de la transition
agroécologique sur les performances de l'agriculture familiale : cas des
exploitants familiaux de la commune de NDIOB
Le présent document est structuré en trois (3)
grandes parties et douze (12) chapitres. La première partie traite du
cadre de référence qui débute par la problématique
pour aboutir au cadre opératoire du mémoire. La seconde partie
traite de la méthodologie, elle est constituée de quatre (4)
chapitres qui expliquent l'option méthodologique, l'univers et la
stratégie de l'étude et les difficultés du travail. La
troisième et dernière partie est réservée à
l'analyse et l'interprétation des résultats qui consiste à
déterminer les rendements biologiques et socio-économiques de la
transition agroécologique au niveau des EAF.
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Sujet : analyse des rendements de la transition
agroécologique sur les performances de l'agriculture familiale : cas des
exploitants familiaux de la commune de NDIOB
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