WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Thèse unique de doctorat criminologie.


par Jean Noel PacàƒÂ´me KANA
Université Félix Houphouet Boigny d'Abidjan - Doctorat en Criminologie 2019
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

ANNEXE 5 :

ARTICLE

329

Année Académique 2016-2017

VENTES ILLICITES DE TERRES ET
CONFLITS INTRAFAMILIAUX DANS LA TRIBU SIAN

KANA Jean Noel Pacôme
Doctorant en Criminologie, option : sociologie criminelle
Université Felix Houphouët Boigny d'Abidjan
Pacomekana@gmail.com
08.66.34.11
45.94.46.63

330

Résumé : Cette étude vise à rechercher le lien entre ventes illicites des terres et conflits intrafamiliaux dans la tribu Sian. Elle s'appuie sur la théorie de l'acteur de Blumer (1969) qui postule que pour comprendre le comportement humain (relations foncières conflictuelles), il faut recourir à la signification que les personnes donnent aux choses (terre) et à leurs actions (ventes illicites).

Cette enquête a été effectuée auprès d'une population de 190 individus repartis selon les catégories (autorités coutumières, administratives, pénales et ruraux et cultivateurs) dans les 16 villages que constitue la tribu Sian. L'usage des techniques telles que l'observation et les différents entretiens, a permis de répondre aux questionnements de l'étude.

Au demeurant, les données issues du terrain ont permis de noter que d'une part, les héritiers désignés des terres familiales disposent de nombreux pouvoirs familiaux dont ils abusent pour brader les terres familiales aux allochtones. D'autre part, que les autres membres de la famille, frustrés par ces ventes illicites, bradent à leur tour, les portions restantes ou le cas échéant, revendiquent par des moyens physiques et mystiques leur part d'héritage foncier.

MOTS CLES : vente - illicite - terre - conflit - intrafamilial

Abstract: This study aims to investigate the link between illegal land sales and intra-family conflicts in the Sian tribe. It is based on the theory of the actor of Blumer (1969) who postulates that in order to understand human behavior (conflicting land relationships) one must resort to the meaning that people give to things (earth) and to their actions Sales).

This survey was carried out among a population of 190 individuals divided into categories (customary, administrative, criminal and rural authorities and farmers) in the 16 villages of the Sian tribe. The use of techniques such as observation and the various interviews, allowed to answer the questions of the study.

On the other hand, data from the field made it possible to note that, on the one hand, designated heirs of family land have many family powers which they abuse to sell off family land to non-natives. On the other hand, other members of the family, frustrated by these illicit sales, brave in their turn, the remaining portions or, if need be, claim their share of land inheritance by physical and mystical means.

KEY WORDS: sale - illicit - land - conflict - intrafamilial

331

I. Introduction

Les mouvements migratoires constituent un sujet d'étude central qui veut comprendre les logiques de développement du monde rural (Merabet, 2006).

Ainsi, longtemps considérée comme le « moteur » de l'économie ouest-Africaine, la Côte d'Ivoire a orienté dès son accession à l'indépendance, sa politique socio-économique sur l'exploitation forestière et la production agricole avec un accent particulier sur les cultures de rentes telles que le café et le cacao (Club UA-CI, 2010), favorisant ainsi des vagues d'immigration externe des populations vers les zones forestières dans le but de construire un Etat moderne (Gnabeli, 2007). Cette ruée vers les terres nationales va créer une certaine anarchie dans l'occupation des parcelles et générer des conflits entre exploitants ruraux (Merabet, 2006; Gausset, 2008).

Dans cet esprit, de nombreuses populations vont déserter leur zone d'occupation au profit de zones plus fertiles et moins engorgées du sud-ouest (Club UA-CI, 2010) telles que Sinfra. La terre dans cette localité constitue désormais un enjeu économique, social et politique notable (Lasserve et Le Roy, 2012) pour les autochtones et les migrants si bien que l'installation des allochtones, les procédures d'octroi et de vente des terres s'est effectué selon des procédures variantes et mitigées (Deluz, 1965 ; Meillassoux, 1964). Ces transactions élaborées entre les autochtones gouro et les allochtones s'effectuaient de gré à gré ou figuraient sur des « petits papiers » sous forme de marchandisations imparfaites (Chauveau, 1997 ; Lavigne, 1998). Cette forme d'octroi des terres à ces premiers migrants, a provoqué des vagues de migrations croissantes de nouveaux allochtones cherchant des terres fertiles pour l'amélioration de leur condition de vie (Gausset, 2008 ; Kouamé, 2013).

Relativement, la localité de Sinfra a été confrontée à de fortes pressions anthropiques (Zadou, Kone, Kouassi, Adou, Gleanou, Kablan, Coulibaly et Ibo, 2011) et se présente comme un lieu de tensions, de conflits entre parents et enfants, entre aînés et cadets dans la gestion des terres familiales (Bologo, 2006) fortement recherchées par ces allochtones. Les autochtones y seraient de plus en plus enclin à des ventes illicites des espaces familiaux au profit de ces nouveaux migrants allochtones et simultanément procèderaient à des retraits systématiques des terres que leurs parents avaient cédées aux allochtones (Ibo, 2005). C'est cette question qui sera au centre de notre préoccupation dans cet article.

332

Il s'agit de rechercher et comprendre le lien qui existe entre les ventes illicites des parcelles dans la tribu Sian et les conflits fonciers intrafamiliaux. A cet objectif, nous postulons en amont qu'il existe une relation causale entre ventes illicites des terres et les conflits intrafamiliaux dans la tribu Sian.

La théorie de l'acteur de Blumer semble répondre aux besoins de cette recherche. En effet, pour Blumer (1969), le comportement humain ne peut se comprendre et s'expliquer qu'en relation avec les significations que les personnes donnent aux choses et à leurs actions. Partant de là, la signification des actions de ventes illicites des terres familiales à Sinfra aurait une signification différente pour l'acteur agissant, l'acteur subissant ou l'observateur parce qu'elle s'enracinerait dans une situation unique et individuelle avec les effets de subjectivité dans l'appréciation des situations. On ne pourra donc comprendre la question des ventes illicites de terres et les revendications sous forme violente au sein de l'institution familiale à Sinfra, que par la recherche de la signification que d'une part la terre représente pour les uns et d'autre part, que les ventes illicites des terres familiales représentent pour les autres.

Quelle relation existe-t-elle entre ventes illicites des terres et conflits intrafamiliaux dans la tribu Sian ? A cette question principale, découlent des questions secondaires : Qui hérite des terres familiales ? Quelle est la marge d'exercice de son autorité au sein de la structure familiale ? Quelles sont les configurations de ces ventes illicites ?. Ce travail s'articulera donc autour d'une approche explicative de la gestion des terres familiales et des ces conflits au sein de l'institution familiale.

Cette contribution sera organisée autour des points suivants : pouvoirs et limites de l'héritier des terres (1), types de ventes illicites (2), processus de vente (3) et les moyens de revendication utilisés par les autres membres de la famille (4).

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius