3. Responsabilités des peuples
sédentarisés
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3.1. Renforcer les alliances inter-ethniques
Les alliances interethniques ont longtemps été
expérimentées par la plupart des peuples de la Côte
d'Ivoire. Les problèmes d'ordre culturel, religieux, militaire et
juridique se réglaient au niveau de la famille, du clan, de la tribu ou
au niveau des groupes alliés. Cette procédure de gestion des
problèmes sociaux exclusivement circonscrite dans la sphère
familiale a permis d'entretenir un jeu d'alliances interethnique que les
acteurs ruraux de Sinfra ont entretenu depuis des décennies sous une
forme de cohésion sociale entre ces peuples. Ainsi, les conflits
fonciers à répétition avec ses résurgences
identitaires observés depuis quelques temps à Sinfra, traduisent
que la solidarité organique qui régissait la
société Gouro a laissé place à un individualisme
mécanique où les acteurs se focalisent uniquement sur leurs
intérêts. Dans ce contexte, il serait opportun de renouer avec les
alliances interethniques entre les autochtones et allochtones à l'effet
de revenir à cette solidarité organique, cette cohésion
sociale entre ces peuples et conséquemment de préserver ces
populations de conflits fonciers à répétition. Cela, tout
en permettant aux populations de retrouver un équilibre psycho-social,
renforcera cette paix si sensible à Sinfra.
3.2. Renforcer les mariages inter-ethniques
Le renforcement de la cohésion entre peuples de Sinfra,
par le biais des mariages inter-ethniques est une condition indispensable pour
réduire quelques peu les rivalités entre ceux qui
possèdent les biens fonciers (autochtones) et ceux qui possèdent
les moyens financiers (allochtones). Cela aura des impacts à un triple
niveau :
- Au niveau du maillage des acteurs ruraux. En effet, si les
gouro se rendent compte que les allochtones de Sinfra, ne constituent pas
seulement des allochtones au sens étymologique du terme mais sont
plutôt un clivage d'acteurs composés d'allochtones et d'un nombre
important d'autochtones nés de mariages inter-ethniques, ceux-ci
seraient plus souples dans la procédure de cession de terres et moins
déterminés à exproprier ces allochtones des terres.
- Au niveau des allochtones, ces mariages inter-ethniques
encourageraient ceux-ci à éviter les voies de contournement de la
procédure d'acquisition des terres, mais seraient plutôt enclin
à suivre une démarche légale qui, qui de tout façon
n'a pas de raison d'être chinoisée (en tenant compte de ces
mariage inter-ethniques).
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- Au niveau de la collaboration autochto-allochtone devenue
complexe ces derniers temps. Ces mariages favoriseraient une sorte de confiance
réciproque entre ces peuples qui deviendraient par ce processus, des
parents éloignés et excluraient simultanément cette
communication en ligne utérine, tribale ou communautaire telle que
constatée durant nos investigations.
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