3.3. Honnête
« Lorsque un fils hérite des terres, il ne
doit pas les vendre et doit empêcher que ses frères aussi les
vendent ces terres ». Ces propos recueillis auprès de K. chef
de terre à Tricata (cultivateur, 53 ans, lors de l'entretien
effectué en Décembre 2015) montrent d'une part que le successeur
des terres familiales ne doit en aucun cas, brader les terres et d'autre part,
que celui-ci a le devoir d'empêcher que les autres membres
(frères, cousins, oncles) vendent aussi les terres quel que soit la
difficulté sociale ou financière à laquelle ils sont
confrontés.
Durant nos investigations, un enquêté nous
racontait que dans le village Zéménafla, un chef de famille a,
quelques mois avant sa mort, attribué la gestion des terres familiales
à son fils cadet en raison de la disponibilité de celui-ci
à ses soins pendant une longue période de maladie. Ainsi,
trouvant les travaux champêtres assez difficiles et la
responsabilité familiale colossale, le nouvel héritier se mit
à brader les terres familiales à des prix dérisoires dans
le but de fournir la nourriture à la famille pendant la période
de famine généralisée « Klata » et ce,
à l'insu des autres membres de la famille.
129
Après donc de nombreuses ventes successives, la famille
se retrouva avec trois hectares sur un ensemble de vingt hectares au
départ, à partager aux quinze membres. Dès lors, un
conflit intrafamilial « désordonné » s'engagea
entre les membres qui s'accusaient les uns les autres comme étant
complices de ces ventes de terres familiales.
Toutefois, il reste à préciser que, même
si l'héritier a bradé les terres familiales dans le but de
procurer la nourriture pendant ces périodes de disette, cette attitude
reste désormais condamnée par les « kwênins »
qui ont fait de l'honnêteté, un critère
déterminant dans le choix du successeur des terres familiales.
|