2.3. Crime
Ce terme qui provient du latin « crimen »
c'est-à-dire violation grave de la loi morale ou civile (Mpiana, 2013)
peut être appréhendé selon différentes conceptions
juridique et sociologique.
Dans la dimension juridique, le crime est perçu comme
une infraction grave. Ainsi, le code pénal ivoirien du 23
décembre 1998 considère-t-il comme crime, les infractions graves
« passibles de peine privative de liberté perpétuelle ou
supérieure à 10 ans ». Autrement, le crime se
distinguerait des autres infractions contraventionnelles et
délictuelles, par son degré de gravité entrainant une
réaction sociale appropriée contre son auteur. Aussi, le
caractère gravatif du crime est-il mis en exergue par le Guide de
formation pratique et sur-mesure des officiers de police judiciaire des
parquets (2012), pour qui, le crime désigne « la
catégorie des infractions les plus graves, catégorie plus ou
moins vaste suivant les pays et les systèmes juridiques ».
Dans cette même optique, Carrara (1859) définit le crime par
rapport au non-respect des obligations socialement admises. De ce fait, il
affirme qu'on ne doit pas concevoir « le crime comme une action, mais
comme une infraction », car il n'est pas « un fait
matériel, mais plutôt un être juridique ».
Autrement, le crime apparait comme une déviance par rapport aux normes,
une transgression des valeurs défendues par la société.
Toutefois, bien que reconnaissant ce caractère gravatif au
crime, Fattah (2012) établit une distinction fondamentale entre ces deux
concepts qui, même s'ils se caractérisent par leur
anticonformisme, par leur violation des normes, diffèrent à
travers leur degré de gravité. Le crime pense-t-il, est plus
grave que le comportement déviant et en appelle par conséquent
à une réaction sociale plus active ou plus
sévère.
A l'analyse, la perspective juridique, bien que situant la
compréhension de ce concept dans un cadre normatif, reste
néanmoins légère dans la définition puisque le
crime est avant tout, un phénomène social et doit, par
conséquent être défini selon un critère social.
Du point de vue sociologique, le crime ne se définit-il
pas intrinsèquement comme un acte. Un crime, ce n'est pas l'acte en
lui-même ; on ne devient pas criminel parce qu'on commet tel ou tel acte
considéré par la loi comme un crime. En effet, l'accusé
à tort entre dans la catégorie des criminels ; le coupable non
découvert n'est pas criminel. Autrement, est dit criminel, celui qui est
pris entre les mailles de la justice.
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Selon Tremblay (2006), « tout acte, qui à un
degré quelconque, détermine contre son auteur, cette
réaction caractéristique qu'on nomme la peine »
Généralement, une infraction est
considérée comme crime si elle porte atteinte au bien-être
collectif de la société ou si elle déroge
significativement les normes socioculturelles qui dictent la conduite normale
d'une personne.
Pour Maxwell (1914), « le crime est un acte (ou
omission) antisocial grave qui cause assez d'inquiétudes à une
société pour que celle-ci se trouve dans l'obligation de se
défendre contre l'auteur de ce comportement par des mesures
spéciales visant à la fois la protection de la
société et la resocialisation du coupable ». En
d'autres termes, le crime est un acte antisocial c'est-à-dire une
transgression des différentes normes tant éthique, culturelle que
sociétale.
Après cet exposé, nous optons pour une
définition socio-juridique ; qui prendrait en compte la dimension
juridique c'est-à-dire la constitution de l'infraction criminelle et la
réaction sociale engagée contre son auteur et la dimension
sociologique à travers la manifestation sociale du crime.
Nous voudrions donc entendre par crime, tout acte ou omission
anti social gave qui cause assez d'inquiétudes à une
société pour que celle-ci se trouve dans l'obligation de se
défendre contre l'auteur de ce comportement par des mesures
spéciales visant à la fois la protection de la
société et resocialisation du coupable
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