Directeur de mémoire : Philippe MOUILLOT
(Pôle Marketing)
Programme ESC
Promotion 2016
COSMETIQUES POUR HOMMES ET GENERATION Z :
ANCRAGE
THEORIQUE ET MODELISATION DE
COMPORTEMENTS PERENNES ET
REPLICABLES
Mémoire de fin d'études présenté et
soutenu publiquement le 8 septembre 2016 par
Chloé
COMPTE
REMERCIEMENTS
Je remercie infiniment mon directeur de mémoire, Philippe
Mouillot, pour avoir accepté de m'accompagner lors de la
réalisation de cette étude. Un grand merci pour son implication
et ses idées, et surtout pour sa grande patience, son immense soutien et
ses précieux conseils.
Ma gratitude va également à mon maître de
stage, Claire Gerson, pour son aide, son soutien, ses conseils, et son oreille
attentive.
Merci à mes proches, pour leurs précieux conseils,
pour m'avoir épaulée et pour le temps qu'ils ont consacré
à lire ce mémoire.
Je remercie également tous les hommes qui ont
participés aux entretiens, ils m'ont beaucoup appris et cette
étude n'aurait pas eu lieu d'être sans leur contribution.
Je remercie ceux qui ont participé, de près ou de
loin, à l'élaboration de ce projet.
Mots clefs : cosmétiques, cosmétiques masculins,
génération Z, hommes
RESUME
Le marché des cosmétiques masculins se
développe d'année en année. Les hommes sont de plus en
plus nombreux à utiliser des soins hydratants pour le visage. La
beauté n'est désormais plus l'apanage des femmes et les hommes
souhaitent désormais prendre soin d'eux. Peu de relations ont
été faites concernant l'âge d'un homme et son utilisation
de cosmétiques. Les jeunes hommes seraient en théorie plus
consommateurs de produits de soins que leurs aînés. Les
entreprises du monde de la beauté n'ont pas encore construit de
réelle stratégie pour toucher les hommes, et n'ont pas
envisagé d'approche générationnelle. L'étude se
concentre sur treize hommes de 16 à 61 ans, consommateurs de
cosmétiques ou non. Par définition, tous les hommes utilisent au
moins un cosmétique pour leur hygiène. En ce qui concerne les
produits de soin, une relation à l'âge peut être
établie mais les jeunes consommateurs ne sont malheureusement pas ceux
qui utilisent le plus de cosmétiques.
ABSTRACT
The masculin cosmetic makert is growing up year by year. More
and more men use face moisturizers. Beauty is not reserved to women anymore,
and men now want to take care of themselves. A few relationships had been
established between the age of a man and his cosmetics consumption. In theory,
young men consume more cosmetics than olders. Beauty companies did not build
men oriented strategies yet, and they did not considered generational approach
yet. The study focuses on thirteen men from 16 to 61 years old, cosmetics
consumers or not. By definition, all men use at least one cosmetic for their
hygiene. Concerning face moisturizers, a relationship with the consumer age
could be established, but young men are not those who are consuming the
most.
SOMMAIRE
INTRODUCTION 1
PARTIE 1 : LES COSMETIQUES 5
I. LE SECTEUR DES COSMETIQUES 6
1. L'UNIVERS DES COSMETIQUES 6
2. LE MARCHE DES COSMETIQUES 9
3. LA GENT MASCULINE 18
4. LES COSMETIQUES MASCULINS 23
II. LA GENERATION Z
32
1. LEURS AINES 32
2. LEUR PORTRAIT 35
3. LEURS INFLUENCES ET CENTRES D'INTERET 37
4. LEURS HABITUDES DE CONSOMMATION 38
PARTIE II : LA METHODOLOGIE ET LES RESULTATS DE
L'ETUDE 41
I. LA METHODOLOGIE 41
1. LES AXES DE RECHERCHE 41
2. L'ETUDE QUALITATIVE 41
3. LE GUIDE D'ENTRETIEN 42
4. LES ENTRETIENS 47
5. L'ECHANTILLON 48
6. LES LIMITES DE L'ETUDE 49
II. LES RESULTATS 50
1. L'ANALYSE VERTICALE 50
2. L'ANALYSE HORIZONTALE 56
PARTIE III. PRECONISATIONS ET RECOMMANDATIONS
68
I. L'APPRENTISSAGE 68
II. LE MARKETING GENERATIONNEL 69
III. LE MARKETING MIX 72
1. PRODUIT 72
2. PRIX 73
3. PLACE 74
4. PROMOTION 74
CONCLUSION 77
BIBLIOGRAPHIE 80
ANNEXES 84
TABLE DES MATIERES 128
1
INTRODUCTION
« Le bonheur est la réconciliation de l'homme
avec la beauté. » Irène de Buisseret
Depuis le début des années 2000, les hommes
semblent prendre conscience de leur corps et du soin qu'il nécessite.
Pour preuve, la consommation de soins pour hommes en grande distribution
décollait de 22 % en 2010 (Les Echos, 2011), et les produits
cosmétiques masculins représentaient 10 % du marché total
des cosmétiques en 2011 (Pharma Beauté Mag, 2016). Une
véritable aubaine pour les grandes marques de cosmétiques qui
s'étaient décidées à miser sur les produits
masculins. En 2015, le chiffre d'affaires des soins visage hommes atteignait 25
millions d'euros, mais on observe cependant un recul de près de 5 % en
un an. La faute au manque d'innovation et au renouvèlement quasi
inexistant des produits proposés aux hommes. Même si le
marché masculin pourrait représenter une belle
opportunité, les 3 millions d'acheteurs de soin visage en France, contre
22 millions de femmes, se voient cantonner aux produits liés au rasage,
même par des marques telles que Mennen, entièrement
dévouée à l'homme et à sa peau (LSA, 2015).
Même si l'on remarque que les hommes ont tendance
à se décomplexer petit à petit quant à
l'utilisation de produits de soin, le domaine souffre encore cruellement de son
image féminine et met en péril leur virilité, selon encore
beaucoup d'hommes. Le chemin est encore long avant de transformer chaque homme
en consommateur actif, sachant identifier ses besoins pour ainsi pouvoir
prendre soin de sa peau et prendre en main son bien-être. On observe dans
ce sens que les hommes ont tendance à s'émanciper puisqu'en 2002,
80 % des produits cosmétiques masculins étaient achetés
par des femmes, contre 50 % en 2006 selon Biotherm (Nyeck, Roux, & Dano,
2002). Même si les hommes achètent de plus en plus leurs produits,
la femme joue toujours un rôle prépondérant dans le rapport
d'un homme aux cosmétiques. C'est souvent elle qui apprend les premiers
gestes et qui achètent les premiers soins aux jeunes garçons.
Plus tard, elles inciteront leurs maris à prendre soin d'eux, et
à utiliser une crème pour hydrater leur peau et réduire
les rides. Qu'elles soient mères, femmes, petites amies ou cousines,
elles conseillent et elles apprennent aux hommes à utiliser les
produits. Les hommes sont encore aujourd'hui très éloignés
du monde des cosmétiques et s'appuient sur leur femme, qui choisissent
et achètent pour eux encore dans la majorité des cas. L'homme ne
devient pas vraiment autonome, même s'il achète ses produits,
l'initiative vient souvent d'une femme.
2
Selon une étude IPSOS réalisée en 2015 en
collaboration avec la Fédération des Entreprises de la
Beauté, 41 % des hommes déclarent avoir une bonne image des
cosmétiques. Cette étude pointe du doigt le manque de
connaissance du secteur des cosmétiques de la part des consommateurs
puisqu'ils sont 61 % à avoir le sentiment de manquer d'informations,
hommes et femmes confondus. Les hommes ont besoin d'être
accompagnés sur le chemin du soin et de la beauté. Ils
désirent de la pédagogie, de l'efficacité et de la
praticité dans les produits qu'ils utilisent, et recherchent avant tout
des résultats (Reggiani, 2012). L'expérience n'est pas
l'objectif, ils ont recours aux cosmétiques pour un besoin bien
spécifique, comme les problèmes de peau, auquel ils recherchent
une solution. Les hommes assimilent encore le terme « cosmétique
» à « maquillage » et donc au monde féminin. Il
faut d'avantage leur parler d'hygiène et de soin, pour éviter
toute notion de maquillage ou de féminité. Quel que soit leur
rapport aux produits cosmétiques, la majorité des
français, considèrent à pratiquement 80 % que les produits
de soin influent positivement sur leur bien-être
(Fédération des Entreprises de la Beauté, 2015). Les
hommes expriment leur envie de s'arranger, de se mettre en valeur afin de
séduire ou de simplement être bien dans son corps, et sont
prêts à utiliser des cosmétiques pour y parvenir, mais sont
souvent freinés par le manque de pédagogie et de connaissance du
marché (Nyeck, Roux, & Dano, 2002). En effet, il y a presque 30 ans,
ils n'étaient que 4 % à avouer utiliser des cosmétiques,
contre 34 % il y a 10 ans, et aujourd'hui, la moitié des hommes
utiliseraient des soins selon L'Oréal Finance. Même si la
progression du marché des cosmétiques pour hommes n'est plus
à prouver, les soins du visage pour hommes ne représentent que 5
% du marché en 2015 et les marques ont encore du mal à s'adresser
à leur cible. Selon Anne Césard, chef de projet chez Xerfi, les
marques n'ont pas réellement mis en place de stratégie de
communication pour s'adresser directement aux hommes. Les lieux de ventes
restent féminins, et s'adressent à une clientèle
féminine, d'autant plus dans la distribution sélective (Gallon,
2012). Longtemps l'apanage des femmes, il est encore difficile pour certains
hommes de s'approprier des produits de soin. Les jeunes
générations semblent plus enclines à l'utilisation des
cosmétiques (Tran & Bicard, 2006). Ils sont aux antipodes des
anciennes générations et les frontières entre le
féminin et le masculin s'effacent.
Le dictionnaire de la sociologie définit la
jeunesse comme la « période de la vie qui s'étend de
l'enfance à l'âge adulte ». Le concept de jeunesse a
largement évolué au gré des époques. Le temps
passé à l'école s'est considérablement
allongé ces dernières décennies, et a eu pour effet
d'élargir la période de la vie d'un individu où il n'est
plus un enfant, mais pas encore un adulte (Boudon, Besnard, Cherkaoui, &
Lécuyer, 2012). La génération Z ne ressemble à
aucune autre,
3
et est aux antipodes des jeunes des années 1980. Les
jeunes de cette génération sont nés après 1996 et
sont décrits comme narcissiques, très centrés sur
eux-mêmes et sur l'image qu'ils renvoient aux autres. Ce sont des
digital natives, nés en même temps que la technologie. La
quasi-totalité de ces jeunes possèdent un ordinateur portable,
sont inscrits sur au moins un réseau social et le consulte presque
quotidiennement. La génération Z est vouée à
bousculer les codes traditionnels, ils souhaitent remodeler le monde de
l'entreprise dans lequel ils ne se retrouvent pas. Ils aspirent à avoir
une vraie place dans la société, et souhaitent être
considérés comme des personnes à part entière. Ils
perdent peu à peu confiance dans les générations
précédentes et dans les médias, puisqu'ils ne s'y
retrouvent pas. Ils préfèrent partager du contenu de leur propre
création sur « leurs médias » (Khodorowsky, 2015). Ils
sont créatifs, et ont besoin que les marques les fassent rêver.
Ils ne conçoivent pas les relations sans confiance et ont une aversion
profonde pour la manipulation. Ils détestent se sentir manipulés
par les marques et n'aiment pas être poussés à la
consommation.
La génération Z serait moins complexée
par l'utilisation de produits de beauté que ses aînés. En
revanche, l'étude qualitative va démontrer le contraire. Les
jeunes hommes n'utilisent pas plus de cosmétiques que leurs pairs, ils
en utilisent même moins. Ces jeunes ont du mal à comprendre
l'utilité de ces produits, d'autant plus s'ils n'ont pas ou plus de
problème de peau. Les soins du visage sont utiles dans la mesure
où ils permettent de remédier à un problème de
peau. Une fois ce problème disparu, ou si l'individu n'a pas
d'imperfection apparente, il n'en utilisera plus. Même si le jeune
âge d'un homme n'implique pas qu'il soit plus proche des
cosmétiques, il a été révélé lors de
l'étude qualitative que les habitudes se prennent le plus souvent
à l'adolescence, et lorsque les signes du temps commencent à
apparaitre. Dans un contexte où la concurrence s'accroît, les
hommes mûrs se doivent de rester compétitifs sur le marché
du travail face à la nouvelle génération qui arrive. Les
hommes déclarent vouloir être au top de leur forme et de leur
jeunesse. Il est important d'être impeccable, tant socialement que
professionnellement.
Les révélations survenues dans la
première partie de ce mémoire permettent de mettre en
lumière ce que sont en théorie, les comportements des hommes face
aux cosmétiques. Les études qui permettent d'établir une
relation entre l'âge d'un homme, et son comportement face aux
cosmétiques, sont encore peu nombreuses. Les marques de
cosmétiques masculins ne se sont pas encore penchés sur les
jeunes hommes, pour la majorité d'entre elles. Pourtant, ces jeunes ont
ce que n'avaient pas leurs parents à leur âge : de l'argent de
poche. Ils sont donc en capacité de consommer, et sont une cible
à part entière. Pour confirmer ou infirmer les
4
hypothèses formulées lors de la revue
littéraire, une étude qualitative a été
menée. L'hypothèse majeure de ce mémoire concerne le
rapport entre la consommation de cosmétiques, et le jeune âge d'un
homme. L'étude qualitative a été réalisée
grâce à des entretiens semi-directifs avec treize hommes,
âgés de 16 à 61 ans. Les individus ont été
classés selon leur appartenance à la génération Z,
Y, X et les séniors. L'étude a rapidement
révélé que les hommes de la génération Z ne
sont pas plus sensibles que leurs aînés à l'utilisation de
cosmétiques. Ils semblent même bien plus éloignés de
ce monde que les séniors qui consomment des soins du visage. Il existe
bel et bien un rapport entre l'âge d'un homme et sa consommation de
cosmétiques, mais les jeunes générations d'hommes ne sont
pas plus enclines à utiliser des produits de soin sur leur peau.
Certains hommes ont cependant l'habitude de consommer des cosmétiques,
et plusieurs d'entre eux déclarent avoir pris cette habitude à
l'adolescence, à l'âge qu'ont aujourd'hui les jeunes de la
génération Z. C'est à cet âge que tout se joue. Les
jeunes hommes se construisent en tant qu'individu, ce qui va déterminer
leur comportement d'adulte. La jeunesse forge les individus en fonction de ce
qu'ils vivent, de leur éducation, du contexte économique, social,
et politique dans lequel ils évoluent. L'adolescence est la
période de toutes les expériences. Ils se rebellent contre
l'autorité, ils testent, ils essaient, et leur choix auront une
incidence sur leur vie future. Les cosmétiques en font partie, et les
hommes qui utilisent des soins aujourd'hui ont appris leur utilité
dès leur plus jeune âge. C'est la raison pour laquelle il est
important de se focaliser sur la génération Z, car bien
qu'exigeante et moins naïve, ils sont encore en apprentissage et il est
encore possible de leur inculquer des automatismes. Pour que la consommation de
produits de beauté devienne un automatisme pour les jeunes, il est
nécessaire de leur apprendre leur utilité, et les gestes, tout en
dédramatisant et en utilisant l'humour. Ils doivent devenir autonomes et
ne plus dépendre de leur mère, qui bien souvent achète les
cosmétiques de ses enfants.
L'identification et la modélisation de comportements
pérennes et réplicables permettent aux entreprises d'adapter leur
stratégie en fonction des comportements de consommateurs, et en
l'occurrence, en fonction de leur âge.
Cosmétiques pour hommes et
génération Z : ancrage théorique et
modélisation
de comportements pérennes et réplicables.
5
PARTIE 1 : LES COSMETIQUES
De tout temps, hommes et femmes cherchent à se
conformer aux normes imposées par leur société. Même
si ces normes évoluent avec le temps, et changent d'un pays à
l'autre, la jeunesse, la forme et la beauté sont au coeur de toutes les
tendances d'aujourd'hui. Les cosmétiques sont une des armes mises
à disposition des individus pour se rapprocher toujours plus de cet
idéal féminin et masculin. Le secteur des cosmétiques
regroupe une large sphère de produits et de méthodes, mais
parfois, ils ne suffisent pas, et la frontière entre les
cosmétiques et les médicaments devient de plus en plus infime. La
principale différence entre ceux-ci est qu'un cosmétique n'a pas
vocation à modifier le corps de façon profonde, mais seulement de
l'embellir et de l'entretenir. La médecine et la chirurgie
esthétique sont les seules méthodes pour modifier son apparence.
En France, la chirurgie esthétique est encore taboue, 8 % de la
population assume y avoir eu recours en 2014. Selon un sondage YouGov
réalisé en 2014, 40,8 % des patients ont fait appel à la
chirurgie pour « embellir leur apparence physique », 22 % pour «
masquer certaines imperfections apparues au cours de leur vie » et 17,7 %
pour « rajeunir ». Les motivations sont en apparence les mêmes
que pour l'utilisation de cosmétiques, mais l'action de ceux-ci sur la
peau restent limités et ne peuvent pas avoir les mêmes
résultats. Les cosmétiques sont de plus en plus
surveillés, d'autant plus que certains composants se soient
avérés dangereux pour la santé. La «
cosmétovigilance » se charge de répertorier tous les
produits ayant des effets indésirables pouvant être
utilisés dans les cosmétiques après leur mise sur le
marché. De la recherche en cosmétologie nait des
découvertes technologiques et des innovations. Les marques sont en
perpétuelle recherche de nouveaux procédés pour
séduire un consommateur assailli par les produits cosmétiques. Le
marketing joue son rôle et il est difficile aujourd'hui de passer
à côté de l'assaut des cosmétiques ; ils sont
partout et sont devenus aujourd'hui produits de grande consommation. Nous
allons tout d'abord nous intéresser aux cosmétiques en
eux-mêmes ; à savoir quel produit peut être qualifié
de cosmétiques, leur définition, leur réglementation, et
leur origine. Vient ensuite le marché des cosmétiques ; les
tendances, les chiffres clefs et les grands acteurs, d'un angle de vue mondial,
puis cibler sur la France. Nous allons ensuite faire un focus sur la gent
masculine et ses spécificités tant physiologiques, que
comportementales vis-à-vis des cosmétiques. Pour finir cette
première partie, la génération Z sera
décryptée. Elle ne ressemble à aucune autre et elle
suscite un engouement croissant pour les marques qui tentent
désespérément de les séduire.
6
I. Le secteur des cosmétiques
L'utilisation des cosmétiques n'est pas un
phénomène nouveau. 300 000 ans avant notre ère, des
découvertes ont démontré que les hommes des cavernes
s'appliquaient des pigments rouges sur le corps en guise de parure et pour se
tatouer. Pendant l'antiquité, les Egyptiens utilisaient les
cosmétiques, à des fins religieuses pour plaire aux dieux lors
des cérémonies (Robin, 2005). Les pharaons se devaient d'afficher
une apparence irréprochable en toutes circonstances, et
n'hésitaient pas à passer entre les mains de masseurs, de
barbiers, mais étaient également adeptes de la manucure et de la
pédicure. Il était courant à cette époque de se
teindre les cheveux avec du henné ou d'utiliser du khôl, ce crayon
noir typique de l'Orient que les femmes utilisent encore aujourd'hui, pour ses
vertus thérapeutique qui prévenait les maladies ophtalmiques
(Khodorowsky, 2015). Les pratiques esthétiques et les produits de
beauté n'étaient pas strictement dédiés à
une utilisation féminine, il s'agissait plutôt d'une coutume mixte
(Verschoore, 2016). Les romains eux aussi étaient adeptes du concept
« d'esthétique médicale » et le soin et la
beauté étaient pour eux synonyme de bonne santé. C'est
à l'époque romaine que les thermes et les spas se
développent et rencontrent un franc succès pour leurs pouvoirs
thérapeutiques. L'épilation n'était en aucun cas une
atteinte à la virilité de l'homme à cette époque
puisque César lui-même y avait recours, pour afficher un physique
irréprochable.
1. L'univers des cosmétiques
1.1. L'origine et l'étymologie
Le terme cosmétique provient à l'origine du
grec, de la contraction des mots « kosmetikos » et de « kosmos
» qui signifient « qui concerne le soin de la parure » ou bien
« l'art de la parure, de la toilette ». Les cosmétiques sont
définis comme ce qui sert à « entretenir la beauté,
à embellir la peau, les cheveux ». Ce sont donc des produits
à vocation esthétique, dont l'utilité est de rendre beau,
ou de le rester.
1.2. La définition
Le secteur des cosmétiques regroupe une large
sphère de produits et de méthodes. Tout ce qui se rapporte au
corps et aux moyens de l'embellir et de l'entretenir sont susceptibles
d'être appelés cosmétiques.
7
En 1972, plusieurs nourrissons sont intoxiqués
accidentellement par un talc contenant un antiseptique neurotoxique très
dangereux pour la santé (Martini, 2009). Trois années plus tard,
le Code de la Santé Publique établit, pour la première
fois, une loi pour définir ce que sont précisément les
cosmétiques et les produits d'hygiène corporelle :
« [É] toutes les substances ou préparations
autres que les médicaments destinées à être mises en
contact avec les diverses parties superficielles du corps humain ou avec les
dents et les muqueuses, en vue de les nettoyer, de les protéger, de les
maintenir en bon état, d'en modifier l'aspect, de les parfumer ou d'en
corriger l'odeur. » (Articles L658-1 à L658-9 du Code de la
santé publique)
La règlementation européenne crée en 1976
la directive Cosmétique européenne qui délimite la liste
de produits faisant partie de la famille des produits cosmétiques et
précise la définition de ceux-ci :
« On entend par produit cosmétique toute substance
ou mélange destiné à être mis en contact avec les
parties superficielles du corps humain (l'épiderme, les systèmes
pileux et capillaire, les ongles, les lèvres et les organes
génitaux externes) ou avec les dents et les muqueuses buccales, en vue,
exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d'en
modifier l'aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état
ou de corriger les odeurs corporelles. » (Article L5131-1 du Code de la
santé publique)
L'arrêté du 30 juin 2000 dresse la liste des
produits pouvant être qualifiés de cosmétiques. Cette liste
concerne principalement les produits pour la peau, les cheveux, le visage, les
dents, les ongles ainsi que les produits nettoyants, le maquillage, le soin, le
parfum et les déodorants.
En somme, seuls les produits destinés à
être utilisé de façon superficielle, liée à
la beauté, sans changement profond du corps, peuvent être
appelés « cosmétiques ». Ils ne sont pas à
confondre avec les produits pharmaceutiques ou médicaux, qui sont
voués à traiter les problèmes de santé de
l'individu :
« On entend par médicament toute substance ou
composition présentée comme possédant des
propriétés curatives ou préventives à
l'égard des maladies humaines ou animales, ainsi que toute substance ou
composition pouvant être utilisée chez l'homme ou chez l'animal ou
pouvant leur être administrée, en vue d'établir un
diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions
physiologiques en exerçant une
8
action pharmacologique, immunologique ou métabolique.
» (Article L5111-1du Code de la Santé Publique)
La frontière est mince entre les cosmétiques et
les produits pharmaceutiques, à tel point que certains produits
cosmétiques sont entrés dans la catégorie des
médicaments puisque certains offrent une action thérapeutique.
1.3. La règlementation
Avant 1975, les produits cosmétiques n'étaient
soumis à aucune règlementation particulière en France,
hormis celles traitant des falsifications et de la tromperie du consommateur.
L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de
santé (Afssaps) contrôle depuis 1998 les composants des produits
cosmétiques aussi rigoureusement que les ingrédients d'un produit
pharmaceutique (Martini, 2009). Les fabricants, mais également les
entreprises importatrices, sont tenus de proposer un produit qui ne doit pas
nuire à la santé des consommateurs. Quiconque lance un nouveau
produit sur le marché doit fournir un dossier cosmétique
détaillant les informations relatives au nouveau produit. Le contenu de
ce dossier est répertorié dans l'article R5131-2 du Code de la
santé publique. La directive Cosmétique européenne de 1976
donne la liste des substances autorisées et interdites pour la
fabrication d'un produit cosmétique.
En France, les produits cosmétiques sont
réglementés et contrôlés par l'Agence Nationale de
Sécurité du Médicament et des Produits de Santé
(ANSM). Son rôle réside dans l'évaluation et le
contrôle des composants des produits cosmétiques et de leurs
effets indésirables. L'ANSM veille également à la bonne
application des règlementations en vigueur de la part des fabricants et
des importateurs.
Dans le but de protéger les consommateurs
Européens de manière plus homogène, la Commission
Européenne remplace en juillet 2013 la Directive cosmétique
européenne par un Règlement cosmétique européen
(Règlement n° 1223/2009). Ce règlement a pour objectif de
protéger les consommateurs des ingrédients des produits
cosmétiques en renforçant les exigences en matière de
sécurité. Désormais, lorsqu'un nouveau produit est mis sur
le marché, la Commission Européenne doit en être avertie
préalablement, et les produits pouvant présenter des effets
indésirables doivent être notifiés aux autorités
nationales. Une personne physique ou morale est désignée comme
responsable lors de la création du produit et doit s'assurer que les
9
exigences du règlement sont appliquées et devra
assumer les conséquences en cas de non-respect. (Journal Officiel de
l'Union Européenne, 2009)
2. Le marché des cosmétiques
2.1. Le marché mondial des
cosmétiques
Le marché mondial des cosmétiques est
chiffré à plus de 425 milliards d'euros prix de vente
distributeur (Euromonitor International, 2009). L'industrie de la beauté
représente pratiquement 50 000 entreprises dans le monde et pèse
près de 4 milliards d'euros (Fédération Française
des Ecoles d'Esthétiques Parfumerie, 2014). Malgré un contexte
économique morose en 2008, le marché a tout de même
généré une croissance de 1,8 % et 3,9 % en 2009. A partir
de 2010, le marché mondial des cosmétiques affichait un taux de
croissance de 5 % par an en moyenne. En 2015, l'Europe, l'Amérique du
Nord et le Japon se partagent la moitié du marché mondial de
l'industrie de la beauté (figure 1).
Figure 1 : Poids du marché par zone
géographique
(Fédération des Entreprises de la
Beauté, 2016)
L'Europe conserve son statut de premier marché mondial
avec un chiffre d'affaires de 69 milliards d'euros. Il y a cinq ans cependant,
le marché européen représentait 72 milliards d'euros et
les taux de croissance des marchés européens, américains
et japonais ont tendance à stagner autour de 2 % (Cosmetic Valley,
2011). L'industrie cosmétique arrive à maturité sur
10
ces marchés. L'autre moitié de l'activité
est réalisée dans les zones de l'Asie Pacifique, hors Japon,
Amérique latine, Europe de l'Est et Afrique Moyen-Orient (Les Echos
Etudes, 2014). Les pays émergents deviennent très attractifs,
notamment le Brésil, la Russie, le Mexique, la Chine et l'Inde qui
enregistrent des taux de croissance entre 5 et 9 % en moyenne (Euromonitor
International, 2011). On observe une réelle montée en puissance
de la consommation des cosmétiques chez les classes moyennes des pays
émergents, qui, grâce à leur puissance
démographique, offrent une belle perspective de croissance pour les
produits de beauté (Collin, 2015). La zone Asie Pacifique
représente à elle seule 80 % de la croissance du marché
mondial en 2014 selon une étude L'Oréal Finance.
En 2013, les trois quarts du marché mondial des
cosmétiques s'effectuent en « Mass Market », par les canaux de
grande consommation. Le dernier quart est occupé par le segment dit
« Premium », soit la distribution sélective, qui a
été très impactée par la crise économique de
2008 (Les Echos Etudes, 2014).
(1) En valeur, hors oral care, produits de rasage et
dépilatoires
(2) Y.c. soins solaires et bébé
(3) Bain et douche et déodorants
Figure 2. La répartition du
marché par segment de produits en 2013 (1)
(Les Echos Etudes
d'après Euromonitor, 2014)
11
Les soins de la peau représentent le segment le plus
important de l'industrie cosmétique, avec près de 34 % de parts
de marché (figure 2).
En ce qui concerne les consommateurs, on observe un
vieillissement de la population dans les pays développés, les
« baby-boomers » deviennent des « papy-boomers ». Ces
derniers se montrent exigeants face aux produits qu'ils utilisent et
privilégient les produits techniques. En Europe, les femmes de plus de
60 ans représentent à elles seules 34 % du marché des
soins du visage puisqu'elles en achètent en moyenne deux fois plus que
les femmes de moins de 25 ans, selon une étude de marché
L'Oréal. Les jeunes adultes du monde entier font face à des
problèmes de peau ; en Thaïlande, 60 % des jeunes déclarent
avoir de l'acné ou la peau grasse. En Europe, 90 % des jeunes filles
utilisent un produit nettoyant quotidiennement.
Les habitudes de consommation varient d'un pays à
l'autre. Par exemple, les Coréennes déclarent utiliser
quotidiennement six produits de beauté, pour maintenir la pureté
de leur peau. Les Brésiliennes, quant à elles, utilisent cinq
produits dédiés à l'entretien de leurs cheveux
(L'Oréal Finance, 2008).
Le marché des cosmétiques pour hommes s'accroit
progressivement en Europe, tandis qu'en Asie de nombreux hommes de tout
âge sont déjà conquis depuis déjà une
décennie. Les Coréens du Sud utilisaient déjà
près de deux produits de soins du visage par jour en 2005, les Japonais
1,8 produits et les Chinois 1,2.
La marque L'Oréal Paris est sacrée, pour la
troisième année consécutive, première marque de
cosmétiques au monde avec une valeur chiffrée à 13,7
milliards de dollars. Le géant français est suivi de loin par son
concurrent américain Gillette, détenu par Procter & Gamble
puis de l'Allemand Beiersdorf avec sa marque Nivea (Brand Finance, 2016).
L'Oréal a vu son chiffre d'affaires augmenter de 12 % en 2015 et
s'élève maintenant à plus de 25 milliards d'euros
(L'Oréal Finance, 2016). L'Europe est un acteur clef dans le domaine des
cosmétiques puisque dans « le top 30 des acteurs des parfums et
cosmétiques en 2013 » recensés dans Les Echos Etudes de
2014, 11 groupes sont européens.
Les fabricants et revendeurs de parfums et cosmétiques
font face à une concurrence de plus en plus ardue. Les marques de
distributeurs proposent elles aussi des produits toujours plus en accord avec
la demande, notamment des cosmétiques bio, ou des produits de type
professionnels. Les marques de prêt-à-porter font leur
entrée sur le marché de la beauté et proposent à
leur tour leur propre marque de cosmétiques (Les Echos Etudes, 2014).
C'est le cas
12
de Zara avec ses parfums, H&M qui offre déjà
une large gamme de produits de beauté mais qui va bientôt se
lancer dans les cosmétiques biologiques et Etam qui utilise les
influenceurs de beauté sur les réseaux sociaux pour faire
connaître sa gamme, lancée en 2014 (LSA, 2014). Les chaînes
de produits de beauté telles que Kiko par exemple, proposent des prix
toujours plus réduits, qu'ils offrent dans plus de 600 points de vente
à travers 8 pays, mais également sur internet (Les Echos Etudes,
2014).
2.2. Le marché français des
cosmétiques
Le secteur des cosmétiques est un marché porteur
de l'économie française puisqu'il est le 3ème
secteur d'exportation, pesant plus de 9 milliards d'euros. Les produits «
made in France » sont perçus comme d'une grande qualité et
incarnent le savoir-faire « à la française »
(Fédération des Entreprises de la Beauté, 2015). La
moitié des exportations françaises de produits cosmétiques
restent dans le territoire européen, les plus gros clients de la France
sont l'Allemagne, ainsi que le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Italie. Les
Etats-Unis sont également très friands des produits de
beauté français, et profitent de la dépréciation de
l'euro pour faire leurs achats et ainsi réaliser plus d'un milliard
d'euros de chiffre d'affaires avec la France (Premium Beauty News, 2016).
Les cosmétiques français rencontrent un franc
succès à l'étranger et leurs exportations
s'élèvent à 11,8 milliards d'euros en 2014, soit une
progression de 4,4 % selon la Fédération des Entreprises de la
Beauté. Les produits de soin et les parfums sont les plus
demandés à l'étranger et représentent les trois
quarts des exportations. Le maquillage est en pleine expansion et les
exportations sont en hausse de 13 % en moyenne (Belloir, 2016). La
moitié des produits made in France sont exportés en Europe, et le
premier client est l'Allemagne suivi par les Etats-Unis, le Royaume-Uni,
l'Espagne et l'Italie selon le rapport d'activité 2015 de la FEBEA.
Selon un dossier spécial sur les produits
d'hygiène et de beauté publié par le périodique LSA
en juin 2015, il s'avère que la concurrence devient de plus en plus rude
entre les grands acteurs du secteur des cosmétiques. La guerre des prix
est engagée entre les grandes et moyennes surfaces et les hard
discounter tels que Lidl avec sa marque Cien. Pour pallier la baisse des ventes
en volume de 2015, les enseignes abusent des promotions pour augmenter le
panier moyen des acheteurs qui passe de 9,90 euros en temps normal contre 14,90
euros lors d'opérations promotionnelles. Les opérations semblent
porter leurs fruits puisque les consommateurs achètent pratiquement 6
produits en 2 actes d'achat en période de promotion.
13
Cette stratégie engendre chez le consommateur une
habitude des prix toujours plus réduits qui attendent désormais
les remises immédiates pour faire leurs achats. Selon Kantar Worldpanel,
près de la moitié des ménages français profitent
des opérations promotionnelles pour faire leurs achats d'hygiène
beauté et un produit sur deux est acheté en promotion pendant ces
opérations. Le budget moyen annuel des ménages alloué
à l'hygiène et à la beauté a régressé
de 12 euros entre 2010 et 2014, tandis que le nombre de produits a quant
à lui augmenté. En 2014, un ménage français avait
un budget moyen annuel de 234 euros et achetait près de 66 produits
alors qu'avec le même budget il en achetait 64 l'année
précédente (Belloir, 2015). La fréquence d'achat a elle
aussi progressé et est passée de 15,7 passages en caisse contre
16,4 en 2016. Les Français réduisent de plus en plus leur budget
cosmétique, et pas seulement dans les grandes et moyennes surface
(figure 3), tous les circuits sont touchés. En trois ans, la
consommation de cosmétiques a changé, et la guerre des prix a
permis aux consommateurs de réduire leurs dépenses tout en
achetant plus de produits. Les jeunes, entre 15 et 24 ans sont ceux qui ont le
plus réduit leur budget, avec 16 euros en moins en moyenne, mais
achètent tout de même 0,5 produit en plus. Tandis que les jeunes
réduisent leurs passages en caisse, les plus de 65 ans quant à
eux, même si leur budget s'est serré de 7 euros, achètent
près de deux produits en plus et réalisent pratiquement un acte
d'achat en plus.
Figure 3. Evolution du budget annuel, de la
taille du panier et de la fréquence d'achats
en
hygiène-beauté, tous circuits, 2015 vs 2012
(Belloir, Une année terne pour
l'hygiène-beauté, 2016 d'après Kantar Worldpannel)
Les Français sont particulièrement friands des
produits de beauté et de soin, des parfums et des produits
d'hygiène (figure 4). Ces trois types de produits représentent
à eux seuls près de 65 % du marché français des
cosmétiques.
14
Figure 4. Ventes de produits par
catégories en 2015 (en euros)
(Fédération des
entreprises de la beauté, Rapport d'activité 2015)
Les séniors représentent la moitié du
marché des produits de beauté selon une enquête
réalisée par Profils Sénior. Un individu est
considéré comme sénior une fois qu'il a
dépassé 50 ans. Ils réalisent à eux seuls 40 % de
la consommation des crèmes pour les mains et 38 % de soins pour le
visage.
Pour faire leurs achats, les français
privilégient les grandes et moyennes surfaces, et la distribution
sélective, comme les parfumeries par exemple (figure 5). En ce qui
concerne les produits de beauté exclusivement masculins vendus en grande
distribution, c'est Procter & Gamble qui détient la palme avec 29 %
de parts du marché français, grâce à sa marque phare
Gilette, qui propose la panoplie des produits de soin pour hommes. Unilever
détient 12 % des parts de marché grâce aux gammes
masculines de ses marques Axe, Rexona et Dove (Pharma Beauté Mag, 2016).
Les ventes de produits cosmétiques en pharmacie ne représentaient
que 8 % de leur chiffre d'affaires en moyenne en 2009 (LSA, 2010). Les
références des produits de beauté vendus en pharmacie,
appelés « dermo-cosmétiques » concernent
majoritairement des produits de beauté féminins, et des produits
solaires et répulsifs (Le Parisien, 2013).
15
Figure 5. Vente de produits par circuit (en
euros)
(Fédération des entreprises de la beauté,
Rapport d'activité 2015)
On remarque cependant un grand ralentissement des ventes en
GMS, une baisse de 6,7 % du chiffre d'affaires en avril 2016 par rapport
à la même période en 2015. Pour relancer les ventes, les
GMS décident de relooker leurs rayons d'hygiène-beauté en
favorisant une ambiance propice à l'achat, et en incitant les clients
à passer plus de temps dans les rayons (Belloir, 2016). L'offre se fait
plus étendue qu'auparavant, et les emballages sont
débarrassés de leur blister pour favoriser les achats
d'impulsion. Un dossier spécial sur les rayons
hygiène-beauté des GMS publié en juin 2016 par le
périodique LSA, nous apprend que E. Leclerc a développé
son rayon beauté à l'image des rayons des magasins
spécialisés et d'ici fin 2016, 107 magasins seront
relookés à l'image de ce nouveau concept. Le réseau de
magasins de proximité Franprix a lui aussi développé son
rayon de cosmétiques et propose en exclusivité la marque
professionnelle Jean Marc Joubert, spécialisée dans les produits
capillaires. Depuis le début du mois de mai, l'enseigne propose des
cosmétiques de la marque Miss Cop. Auchan quant à lui a
complètement revu sa propre marque. A l'origine nommée «
Auchan Beauty », la marque va désormais s'appeler « Cosmia
» et proposera des produits de soin naturels. La chaîne
Intermarché a organisé sa première « Ladies Night
» dans 60 magasins en mars dernier, où pas moins de 1 800 clientes
ont eu l'opportunité se faire maquiller, coiffer, masser, le tout en
dégustant une coupe de champagne. Géant a imaginé son
rayon beauté totalement séparé du rayon hygiène, la
beauté étant d'avantage mise en avant dès l'entrée
du magasin, alors que l'hygiène se trouve plutôt au fond.
L'enseigne a testé ce concept dans son magasin d'Amiens, le rayon
propose 3 000 références dans 170m2 et des conseillères
sont désormais présentes pour guider les consommateurs (Belloir,
2016). De nombreuses enseignes élargissent leur offre de
16
produits cosmétiques, et surtout de maquillage, pour
pallier la régression des ventes par rapport à l'an dernier. Les
références se font nombreuses, des conseillères font leur
apparition et les rayons s'inspirent de plus en plus des parfumeries. C'est le
cas pour quelques magasins de l'enseigne Carrefour à Madrid, qui se sont
fortement inspirés de la marque Sephora, en utilisant le noir et le
blanc, en mettant à disposition six conseillères en permanence,
et en disposant des testeurs pour les produits (Belloir, 2016).
Les profonds changements mis en place dans les rayons des
grandes et moyennes surfaces ne concernent que l'univers féminin, soit
le maquillage et les produits de beauté. Le rayon homme, en revanche,
à l'hygiène et aucune réorganisation du rayon masculin
n'est prévue.
2.3. Les cosmétiques naturels et biologiques
On assiste à une réelle montée en
puissance des cosmétiques biologiques et naturels ces dernières
années. Les cosmétiques dit « normaux » sont
montrés du doigt en raison de la présence de certains
ingrédients très controversés. L'Observatoire des
Cosmétiques a mené son enquête en juin 2015 auprès
des internautes sur ces ingrédients qui créent la
polémique. Parmi les ingrédients cités par les
interrogés, on retrouve en tête les parabènes, suivis par
les sels d'aluminium, les silicones et les filtres anti-UV. Certains
conservateurs se sont avérés être des perturbateurs
endocriniens voire cancérigènes. Pour les trois quarts des
consommateurs, un produit cosmétique qui ne contient aucun
ingrédient controversé est plus séduisant que les autres
produits. Les polémiques diverses quant aux ingrédients des
produits cosmétiques ont fait naître une grande vigilance chez les
consommateurs qui désirent désormais revenir à des
produits plus « sains ». Le cabinet Kline estime que le marché
mondial des cosmétiques naturels progressera de 10 % par an jusqu'en
2019. Selon l'organisme Kantar Worldpannel, un Français sur trois
achète des cosmétiques bio, avec une moyenne de deux actes
d'achat avec trois produits par an. L'achat reste donc occasionnel, et il est
difficile de déterminer un profil type de consommateur,
néanmoins, les jeunes achètent moins de produit de beauté
biologiques que leurs aînés. Le marché des
cosmétiques biologiques progresse de 7 % en moyenne par an, ce qui
surpasse de loin les performances du marché dit « traditionnel
». Les produits de beauté biologiques ne représentent que 3
% du marché global des cosmétiques (Belloir, 2015).
La moitié de l'offre de produits biologiques se trouve
dans les réseaux spécialisés (figure 6), les pharmacies et
les parapharmacies, et 66 % des achats se font via les magasins bio et 55 % via
les pharmacies et les parapharmacies. A l'inverse, ces produits sont peu
présents dans les
grandes et moyennes surfaces, mais réalisent tout de
même 36 % des ventes. La présence d'un label indépendant
sur un produit proposé en grandes et moyennes surfaces a tendance
à rassurer le consommateur. Le label Cosmébio est connu
par 96 % des internautes de l'Observatoire des Cosmétiques. Les
consommateurs de produits cosmétiques ont plusieurs destinations
d'achats, mais privilégient les magasins spécialisés.
Internet représente 47 % des achats de produits cosmétiques.
Parmi les produits préférés des internautes, on retrouve
les soins du visage, les produits d'hygiène corporelle et les soins du
corps (Belloir, 2015).
9%
13%
21%
7%
25%
25%
Réseau spécialisé bio pharmacies,
parapharmacie Vente par correspondance Instituts, salons
Autres (sélectif, vente à domicile...)
GMS
17
Figure 6. Répartition en %, de l'offre de
produits bio par circuit de distribution en 2014, en
France
(Source : Cosmébio pour LSA, 2015)
De nombreux termes sont utilisés pour
caractériser les produits biologiques ou naturel, on les appelle «
bio, naturel, respectueux de l'environnement, éthique... ». Selon
Philippe Jourdan, dirigeant de Promise Consulting, toutes ces appellations
ajoutées au grand nombre de labels peuvent créer une confusion
dans l'esprit des consommateurs et peut s'avérer être un frein
dans le développement de ce type de cosmétiques. Même si le
bio reste une niche, il offre de belles perspectives de croissance, et tend
à se développer.
18
3. La gent masculine
3.1. Les caractéristiques physiologiques
Les hommes et les femmes sont génétiquement
différents et présentent des caractéristiques physiques et
physiologiques bien distinctes, propre à leur genre. Grâce
à une meilleure identification de ces différences fondamentales,
l'industrie cosmétique est désormais en mesure de proposer des
gammes de produits adaptées aux particularités de la gent
masculine. La présence de caractéristiques propres à
l'homme justifie l'existence de cosmétiques dédiés aux
besoins masculins, qui ne peuvent plus désormais emprunter les produits
de leur femme, car ils ne sont pas adaptés aux problèmes auxquels
la peau d'homme est sujette. Les hommes ont des besoins bien spécifiques
et ces produits ont pour vocation d'apporter une action ciblée aux
particularités typiquement masculines. Afin de mieux comprendre les
besoins des hommes, il est important d'identifier en quoi ils sont
différents des femmes. Les propriétés
génétiques de l'homme sont complexes et relèvent de la
science, l'utilité des cosmétiques se cantonnent aux
différences les plus basiques, souvent causées par les hormones,
qui donnent lieu à des traits physiques indentifiables à l'oeil
nu, comme la pilosité ou le type de peau par exemple.
Ce qui fait qu'un homme est un homme est causé
principalement par la testostérone, dominante chez lui. Cette hormone
mâle fait partie des hormones androgènes, dites sexuelles, qui
permettent le développement des attributs masculins tels que les organes
sexuels, mais également la pilosité (Vershoore, 2016). Les
hormones androgènes font partie de la famille des stéroïdes,
et sont à l'origine de bon nombre de bouleversements dans le corps
masculin lors de sa formation. La production hormonale fait naître des
spécificités génétiques propres à l'homme
qui concerneront notamment la peau, la production de sébum et le
système pileux (Martini, 2009).
Selon le Docteur Michèle Vershoore, la peau de l'homme
présente des propriétés différentes de son
homologue féminin. Le derme (figure 7), qui est la partie
antérieure à l'épiderme de la peau de l'homme est en
moyenne 20 % plus épaisse que chez la femme. A cette
particularité s'ajoutent une meilleure fermeté et une meilleure
élasticité car la peau masculine est plus riche en
collagène. Cependant, cette épaisseur, cette
élasticité et cette fermeté impliquent un besoin en
hydratation plus important (Portier, 2004).
19
Figure 7. Coupe de la peau
(Portier, P., La cosmétique au masculin. 2004)
La production de sébum étant plus importante
chez l'homme que chez la femme, on observe une peau plus grasse et plus sujette
aux imperfections, comme de l'acné par exemple. Contrairement aux
femmes, les glandes sébacées de l'homme sécrètent
du sébum tout au long de leur vie, ce qui laisse une fine pellicule
grasse sur sa peau (figure 8). Selon Marie-Claude Martini, Docteur en sciences
pharmaceutiques, les glandes sébacées sont plus
conséquentes et plus présentes sur le visage, le cuir chevelu et
le pubis chez l'homme. La peau masculine à un afflux sanguin plus
important que la peau féminine, ce qui peut avoir pour effet
d'intensifier la couleur de la peau, et susciter des rougeurs (Martini, 2009).
Le rasage n'arrange rien et fragilise encore plus la peau des hommes, qui
peuvent développer des rougeurs, des poils incarnés ou des
boutons (Vershoore, 2016). La pollution de plus en plus accrue dans les zones
urbaines favorise également l'apparition des problèmes de peau
(L'Oréal Finance, 2008).
20
Figure 8. Evolution de la
sécrétion sébacée chez l'homme et la femme selon
l'âge
(Portier P., La cosmétique au masculin, 2004)
Le vieillissement de la peau ne suit pas le même chemin
selon le sexe. La peau féminine vieillira plus tôt mais en
douceur, tandis que chez l'homme le vieillissement sera plus tardif, mais bien
plus rapide et brutal. L'épaisseur, la fermeté, la
présence de collagène et le PH plus acide de la peau de l'homme
le protègent plus longtemps des effets du temps, les rides sont moins
nombreuses mais bien plus marquées (Portier, 2004). Les signes de
l'âge chez l'homme sont désormais connus, et les signes du
vieillissement cutané commencent par un dessèchement de la peau,
une perte d'élasticité, l'apparition de ridules puis de rides, de
tâches, et des imperfections (Martini, 2009). Selon le Docteur Martini,
plusieurs éléments extérieurs peuvent influer sur le
vieillissement de la peau masculine :
- La consommation de tabac, bien que plus dévastatrice
pour la peau féminine, est également un
accélérateur de vieillissement cutané pour l'homme.
- L'alcool, a un effet sur la peau et perturbe la coagulation.
Les imperfections de la peau dues à l'alcool peuvent survenir même
chez les jeunes.
- Le rasage quotidien provoque des irritations
systématiques sur la peau du visage de l'homme. L'utilisation de
produits de rasage trop agressifs ou trop chargés en alcool peuvent
favoriser un vieillissement cutané plus rapide.
- L'exposition au soleil est la première cause de
vieillissement de la peau que soit pour les hommes comme pour les femmes. La
différence réside dans le fait que les hommes ont plus tendance
à méconnaître les bienfaits de la protection de la peau et
l'utilisation de soins après l'exposition.
21
- Le stress participe au vieillissement de la peau pour tous
les individus. Bien que ses effets soient visibles et prouvés, les
« mécanismes d'actions du stress sur le vieillissement de demeurent
mal connus » (Martini, 2009).
Les hormones jouent un rôle considérable dans les
différences hommes-femmes. Ce sont elles qui définissent le genre
féminin ou masculin de l'individu, en permettant, entre autres, le
développement de leurs attributs sexuels. Le système pileux est
un pur produit hormonal chez l'homme comme chez la femme. Même si le
nombre de poils est équivalent d'un sexe à l'autre, les hormones
mâles entrent en action et rendent le développement du
système pileux plus dense chez l'homme (Portier, 2004).
3.2. Les typologies masculines
3.2.1. L'homme métrosexuel
Une nouvelle catégorie d'hommes a vu le jour dans les
années 2000 : le métrosexuel. Cet homme n'est ni homosexuel ni
androgyne (Jourbert, 2015). Il est urbain, vit dans une métropole,
d'où le préfixe « métro ». Le métrosexuel
est contemporain et aime prendre soin de son apparence sans s'inquiéter
de remettre en cause sa virilité et son
hétérosexualité (Portier, 2004). Il est au courant des
dernières tendances, attache beaucoup d'importance à l'image
qu'il renvoie aux autres. Il alloue une bonne partie de son budget aux
cosmétiques, aux vêtements, et aux entrainements dans les salles
de sport. Il désire accroître ses chances de séduction du
sexe opposé, mais aussi rester jeune et être bien dans sa peau
pour s'épanouir dans sa vie professionnelle et sociale (Verschoore,
2016).
L'homme métrosexuel est incarné par le
footballeur David Beckham, véritable accro du shopping coaché par
sa femme Victoria Adams qui est un véritable gourou de la mode
britannique. David Beckham prend soin de lui et de son look, sans craindre
d'entacher son image d'homme viril hétérosexuel.
Ce terme n'est désormais plus très
utilisé, en partie car les hommes sont de plus en plus nombreux à
soigner leur apparence. Les célébrités et les
médias y sont pour beaucoup dans la dédramatisation de ces
procédés et du style de vie des métrosexuels. Cela a
permis aux hommes d'être bien plus ouverts au monde des
cosmétiques (Jourbert, 2015).
22
3.2.2. Lhomme übersexuel
L'homme métrosexuel a été remplacé
par cette catégorie d'hommes appelés les übersexuels pour la
première fois par Marian Salzman, PDG de Havas PR North America. Le
préfixe « über » vient du superlatif allemand qui
signifie « le plus ». L'homme übersexuel n'est plus
l'égal de la femme en terme de beauté, il a repris sa place
d'homme viril sans être macho, il a confiance en lui et arbore un style
élaboré (Salzman, Matathia, & O'Reilly, 2006). Il s'apparente
à un dandy, s'approche du style aristocratique mais tout de même
bohême (Tran & Bicard, 2006). Son apparence n'est plus son seul
centre d'intérêt, il suit de près l'actualité, et se
passionne pour les causes mondiales (Salzman, Matathia, & O'Reilly, 2006).
Tandis que le métrosexuel lit des magazines de mode, l'übersexuel
s'intéresse plutôt aux revues économiques ou politiques.
Les représentants des übersexuels les plus connus sont Orlando
Bloom, George Clooney et Jude Law (Salzman, Matathia, & O'Reilly, 2006).
Ils sont attentifs aux autres, et ont un lien très fort avec la famille
et aux traditions (Martini, 2009).
3.2.3. L'homme lumbersexuel
Une nouvelle typologie d'homme fait son apparition à
l'automne 2014. Le terme lumbersexuel vient du mot anglais « lumberjack
» qui signifie « bucheron ». Ce sont ces hommes qui portent des
chemises de bucheron à carreaux et arborent des barbes imposantes mais
bien taillées. Aussi appelés « hipster », ils
prônent le retour des matières butes, comme le cuir, le jean, la
flanelle. Ils prennent soin de leur apparence et y consacre du temps, mais ne
sont pas adeptes de cosmétiques comme les métrosexuels (Jourbert,
2015). Un article paru en 2014 dans Le Parisien explique que les
hétérosexuels se sont appropriés les codes gays et ainsi
le « lumbersexuel s'inspire du « bear » (l'ours), nom
donné à l'homosexuel barbu et costaud dans la communauté
gay ». Les lumbersexuels sont le plus souvent des
hétérosexuels jouant avec les codes homosexuels sans peur
d'entacher leur image d'homme viril.
On remarque que cette mode a rendu tendance le port de la
barbe taillée et entretenue, ce qui est une véritable
opportunité pour l'industrie cosmétique qui a
développé une large gamme de produits de soins
dédiés à la pilosité masculine. C'est ainsi que
l'on constate un véritable recul des ventes de rasoirs en grandes et
moyennes surfaces. Le chiffre d'affaires des ventes de rasoirs a baissé
de 1,4 % par rapport à l'année dernière (Belloir, 2016)
23
3.2.4. L'homme rétrosexuel
Comme son nom l'indique, ce type d'homme, opposé aux
métrosexuels, cherche à être au maximum de la
virilité et de la masculinité, à l'image de l'homme
d'autrefois. Leur rituel beauté se résume au rasage et aux
produits d'hygiène. Les rétrosexuels sont ancrés dans la
tradition et pour eux soigner leur apparence n'est justifié que dans une
approche professionnelle (Martini, 2009). Selon un article du site internet
nouvelhomme.fr, certains
jeunes hommes rétrosexuels sont en quête de valeurs d'antan,
d'objets et de styles d'autrefois, comme le coupe-chou pour se raser par
exemple. Leurs icones sont des acteurs de films des années 50, et ils
calquent leurs styles vestimentaires ou leurs modes de vie. L'homme
rétrosexuel est nostalgique, il aime les produits « portant une
mémoire » (Tran & Bicard, 2006). Il n'est pas friand de
technologie en terme de beauté, et préfère la
simplicité.
Ils consacrent peu de temps et d'argent à leur
apparence et sont très éloignés des cosmétiques.
Clément Joubert, dans son article paru dans la revue Gestion,
soulève le fait qu'il y a un rétrosexuel en chaque homme et que
c'est bien souvent lui qui freine l'achat de cosmétiques masculins.
5. Les cosmétiques masculins
4.1. Le marché
Le marché homme en 2008 est dominé par les
déodorants avec pas moins de 189 millions d'euros
générés cette année-là, suivis par les
produits de rasage avec 122 millions d'euros (figure 9) (Albaret, Kinziger,
Martin-Spelle, Morin, & Tebib, 2009).
Figure 9. Le marché des
cosmétiques pour homme en volume et en valeur (en millions)
24
(Nielsen AC, le marchéì des
cosmétiques pour hommes, 2008)
Les cosmétiques masculins ne représentent que 10
% du marché français des cosmétiques, mais le
marché des soins du visage pour hommes pesait près de 40 millions
d'euros en 2006 (Tran & Bicard, 2006). Les produits antiâges ont
progressé de 18 % en valeur la même année, les
mentalités sont en train d'évoluer chez les hommes d'environ 40
ans (Tran & Bicard, 2006). Les soins du visage masculins étaient en
plein essor, mais en raison du manque d'innovation dans le secteur, le chiffre
d'affaires est en régression de près de 5 % par an, et
s'élève en 2015 à 25 millions d'euros (Belloir, 2015). Les
principaux segments du soin homme sont en recul excepté le marché
des soins hydratants bronzants (figure 10). Les promotions excessives ont
contribué à dévaloriser le marché et à faire
chuter le chiffre d'affaires. En revanche, les ventes de produits
d'hygiène beauté masculins en pharmacies et en parapharmacies
sont en croissance (Belloir, 2015). En 2015, 3 millions d'hommes consomment des
produits de beauté contre 22 millions de femmes.
Figure 10. Parts de marché du soin
homme par segment en valeur et évolution en % sur un an (Belloir, Les
soins masculins font grise mine, 2015)
Les produits de rasage ont pendant longtemps été
un élément clef dans la routine beauté masculine, mais la
mode de la barbe survenue ces dernières années avec
l'émergence d'une nouvelle catégorie d'hommes, les lumbersexuels,
rend les rasages moins fréquents. Plus de la moitié des
français déclarent alterner entre le rasage et la barbe de trois
jours. Le chiffre d'affaires des lames et des rasoirs est en recul de 1,4
points en 2016, mais le marché pèse tout de même 413
millions d'euros (Belloir, 2016). Les rasoirs manuels souffrent
également de la dévalorisation du marché puisque 60 % des
ventes se font grâce aux promotions selon Marie Saglio, directrice
générale de Bic France. Les promotions ont un impact sur la
dévalorisation du marché mais également sur la baisse du
chiffre d'affaires. Elle fait le constat que les rasoirs
25
pour hommes sont en chute libre en grande distribution, et
baissent de 3,4 points en valeur. D'une part les hommes d'aujourd'hui se rasent
moins, 48 % des français se rasent moins de trois fois par semaine.
D'autre part, les lames se font plus performantes. Ces deux raisons peuvent
expliquer la baisse de la fréquence d'achat. Les concepteurs de lames
améliorent sans cesse la qualité de leurs produits, qui de ce
fait, durent plus longtemps. Même les rasoirs jetables bon marché
voient leur qualité augmenter pour ainsi améliorer le confort
pendant et après le rasage (Belloir, 2016). La montée en gamme de
certains rasoirs implique une hausse des prix, que le consommateur ne comprend
pas forcément (Belloir, 2016). Les rasoirs et les lames sont en chute,
mais la tendance de la barbe profite aux marchés des rasoirs
électriques et des tondeuses électriques. Les rasoirs
électriques réalisent un chiffre d'affaires de 82 millions
d'euros en 2016. Les tondeuses à barbe ont crû de près de
39 % en 2015, ce qui a permis au marché global des tondeuses
électriques de progresser de plus de 7 % en 2016 avec un chiffre
d'affaires total de 104 millions d'euros (Belloir, 2016).
Les couleurs sont choisies pour être le plus masculines
possible, avec du bleu marine, du métallisé, du noir, du gris.
Les odeurs se font boisées, aux huiles essentielles de cèdre,
avec des notes de tabac, et des effluves citronnées, boisées et
marines (Pharma Beauté Mag, 2016). La gamme et le site internet de la
marque Biotherm reprennent des notes de bleu foncé, de gris, de noir et
une touche de rouge. La marque a choisi de dissocier les logos de sa gamme de
produits féminine et masculine (Reggiani, 2012). L'Oréal pour sa
gamme Men Expert applique le même procédé mais a choisi
d'ajouter une note d'orange pour apporter un côté dynamique
à ses produits (Vincent, 2016).
En 1985, Biotherm, précurseur dans le domaine des soins
hommes, lançait sa gamme Biotherm Homme avec son premier antirides
spécialement dédié à la peau masculine. Aujourd'hui
numéro 1 mondial sur les marchés sélectifs, il se vend un
flacon d'Aquapower, produit emblématique de la marque, toutes les 10
secondes, selon une étude Biotherm Homme. Le site officiel de la marque
Mennen, entité du groupe L'Oréal créé en 1964 et
spécialisé dans les produits de rasage et les déodorants,
déclare dans son historique que la marque lançait en 1986 son
premier baume après rasage. La marque Nickel voit le jour en 1996, ce
qui en fait la seconde marque la plus ancienne après Biotherm Homme.
Rachetée en 2013 par L'Oréal, la marque disparait totalement en
2014. Quelques produits sont encore disponibles sur internet, et la marque
savait se démarquer avec ses produits emblématiques tels que les
soins antifatigue « Lendemains de Fête » ou son hydratant
« Bonne Gueule ». Cette marque réalisait 90 % de son chiffre
d'affaires en France, dans le circuit spécialisé comme Sephora
(Chapuis, 2013).
26
En ce qui concerne les produits de soin, les hommes peuvent
s'approvisionner dans trois canaux de distribution différents : la
distribution sélective, la pharmacie et la grande distribution (figure
11). Les marques les plus présentes dans ces trois circuits sont
respectivement Biotherm, Vichy Homme et Nivea For Men.
Figure 11. Marques de soins visage hommes les
plus représentées dans les différents circuits de
distribution (en valeur)
(D'après Martini M-C., Cosmétologie masculine,
2009)
Bien que les produits hommes et femmes soient distincts, leur
composition n'est pas vraiment différente. Mis à part une teneur
moindre en substances grasses, dû à la production de sébum
plus importante chez l'homme, ainsi qu'un parfum différent, boisé
et marin plutôt que floral, les produits ont les mêmes
propriétés. Les produits luttant contre les signes de l'âge
contiennent les mêmes principes actifs qu'ils soient féminins ou
masculins (Martini, 2009).
4.2. Les tendances
Le commerce en ligne est devenu un fort canal de distribution
de produits cosmétiques et représente 25 % des ventes en 2015
(Euromonitor USA, 2015), et a généré en moyenne 24 % de
croissance annuelle entre 2008 et 2013 (Les Echos Etudes, 2014). De plus en
plus de sites de vente de cosmétiques en ligne exclusivement masculins
voient le jour, comme
mencorner.com,
comptoirdelhomme.com,
commeuncamion.com,
où il est possible d'acheter toutes sortes de produits, du soin visage
au parfum en passant par le rasage ou le soin de la barbe. L'e-commerce des
produits cosmétiques est en pleine expansion. Marionnaud fut le premier
à se lancer sur internet en 2000, suivi par Yves Rocher, Sephora et
Nocibé (Martini, 2009). En 2006, parmi les sites qui offrent des
cosmétiques masculins, eBay et Sephora sont ceux qui comptabilisent le
plus de clics. Les hommes représentent plus de la moitié des
27
acheteurs (56,4 %) de cosmétiques sur internet.
L'attrait particulier des consommateurs pour l'e-commerce en matière de
cosmétiques est dû à la quantité d'informations
à propos du produit, plus importante qu'en magasin. Obtenir des
informations sur les ingrédients, la fabrication, la provenance, la
technologie du produit est bien plus aisé qu'en magasin physique.
L'atout majeur d'internet, en tant que circuit de distribution de produits
cosmétiques, est l'information et la pédagogie (Martini, 2009).
Les ventes de cosmétiques masculins sur internet ont progressé de
13 % en 2011 (Verschoore, 2016). Le principe d'internet et de la vente en ligne
est de faire tomber les frontières. Il est possible grâce à
celui-ci de se procurer des produits à l'étranger sans
problème. Le maquillage pour homme notamment, qui a beaucoup de mal
à se développer en France, est difficile à trouver. Seul
Jean-Paul Gaultier a proposé une gamme « Monsieur » de
maquillage. Il est possible de trouver des produits de maquillage masculins
chez les marques canadiennes, américaines et asiatiques,
distribuées via le site français Darklyhandsome (Gavard,
2013).
La beauté fait partie des sujets qui font le plus
parler d'eux sur les réseaux sociaux (Les Echos, 2015). En France, il
n'existe que très peu de chaînes de beauté YouTube
spécialement dédiées aux hommes. Un article paru en juin
2016 sur la version digitale de L 'Obs avec Rue 89 nous parle des deux
chaînes françaises les plus connues :
- « Les Tutos de Winslegue », tenue par
Wesley, un ancien social manager normand de 34 ans. Il a dépassé
les 31000 abonnés sur sa chaîne YouTube, et est suivi par 92 %
d'hommes. Récemment recruté par le site internet
masculin.com
spécialisé dans le conseil pour hommes, Wesley oriente ses
chroniques sur l'entretien de la barbe, le soin de la peau et même
d'épilation. Le message qu'il souhaite faire passer à ses
abonnés est qu'un homme peut prendre soin de lui et être viril.
Sur YouTube, il privilégie les vidéos courtes, d'environ 3
minutes, qui vont à l'essentiel, pour s'adapter au maximum à sa
cible. Il utilise l'auto dérision et l'humour pour dédramatiser
le recours aux rituels de beauté.
- « Richaard2609 », tenue par Richard, un
étudiant en restauration de 20 ans, comptabilise plus de 22000
abonnés, dont 28 % d'hommes. Ses vidéos, allant de 3 à 18
minutes pour les plus longues, sont plutôt tournées vers le
maquillage et proposent des tutoriels pour dessiner ses sourcils, faire son
teint correctement ou réaliser un maquillage estival par exemple.
28
Les hommes sont encore peu nombreux à aller chercher
des conseils auprès des influenceurs des réseaux sociaux tels que
YouTube. Mais la communauté digitale tend à s'agrandir et
à conquérir de plus en plus d'hommes (Signoret, 2015).
4.3. Le rapport de l'homme aux cosmétiques
L'utilisation de cosmétiques et de soins
esthétiques n'étaient pas tabous lors de l'antiquité, ni
même à l'époque romaine. Dans les sociétés
occidentales, c'est vers le XVIe siècle que le corps passe au second
plan. L'Eglise occupe une place de plus en plus importante, une montée
en puissance de la spiritualité au détriment du corps rend la
quête de beauté strictement féminine. La religion rend le
corps et ses attributs impurs et susceptibles de corrompre l'âme. C'est
à cette époque que la virilité devient incompatible avec
les cosmétiques qui représentent un risque d'émasculation
(Verschoore, 2016). On assiste ensuite à une quête de la
blancheur, synonyme de statut social élevé. Le fard blanc
était utilisé par les hommes et les femmes, puisque tous deux
étaient soumis à cette tyrannie de la blancheur extrême. Le
corps ne doit plus être embelli, mais le visage est une autre affaire. Au
XVIIIe siècle, l'artisanat est en pleine expansion à Paris, et de
nombreuses boutiques proposent des cosmétiques, également
masculins. Les hommes sont néanmoins cantonnés aux produits
capillaires, et les femmes ont un large choix de cosmétiques à
disposition, notamment du maquillage (Lanoë, 2013). Au XIXe siècle,
il devient courant de prendre soin de sa moustache. C'est finalement au XXe
siècle, que vont apparaître les nouvelles tendances en
matière de cosmétiques masculins. Déjà en 1950, les
baumes après-rasage font leur apparition et deviennent indispensables
dans la routine masculine. C'est la gamme « Moustache » de Rochas qui
propose aux hommes toute une panoplie spécialement consacrée au
rasage. Dans les années 1960, les déodorants arrivent sur le
marché et il n'est plus question pour l'homme d'afficher une musculature
imposante et transpirante. Pendant les années 1980, l'homme macho et
viril revient en force. La beauté et le soin sont purement
féminins et il n'est pas question pour un homme de se pomponner
(Portier, 2004). Grâce à l'essor de la presse masculine dans les
années 1990, notamment avec FHM, créé en 1995, où
l'homme et surtout son corps sont à l'honneur. Ces magazines permettent
la démocratisation de l'usage des produits de soin et mettent en
lumière que les hommes eux aussi ont des complexes et des envies
d'esthétisme (Nyeck, Roux, & Dano, 2002). Le 21ème
siècle marque un tournant dans la beauté masculine, où
l'homme moderne prend soin de lui pour être au meilleur de sa forme, et
ainsi assurer sa vie professionnelle, sociale et amoureuse. Différentes
typologies d'hommes font leur apparition dès le début des
années 2000. Certaines utilisent les
29
cosmétiques de façon assumée sans
craindre d'y laisser leur virilité, d'autres y sont moins favorables.
Tous désirent cependant être bien à l'intérieur, et
à l'extérieur (Reggiani, 2012).
La concurrence au sein du milieu professionnel s'accroit de
plus en plus. Et les quadragénaires ont de plus en plus recours aux
produits de beauté pour être au top de leur forme, paraître
jeune et « dans le coup » (Tran & Bicard, 2006). Les hommes sont
désormais soumis, au même titre que les femmes à des codes
de beauté, et doivent s'approcher au maximum à un idéal de
beauté masculin. L'homme sera bien plus sensible à
l'efficacité d'un produit, soutenue par des preuves et des
témoignages de professionnels (Tran & Bicard, 2006).
4.4. Les attentes des consommateurs
En 2009 déjà, le marché des produits de
soin pour hommes est réparti à 85 % pour le visage, et le reste
pour le corps (Martini, 2009). Pour qu'un soin soit adopté par un homme,
il doit avant tout présenter une forte technicité et être
efficace rapidement (Martini, 2009). Les effets doivent être visibles
dès la première application. La performance d'un produit doit
s'appuyer sur des tests fiables. Lorsque l'homme se rend en magasin pour
acheter un soin, il sait ce qu'il veut, il souhaite trouver une réponse
à un besoin précis. Une fois que le produit lui convient, il y
est fidèle, bien plus que la femme, qui recherche sans cesse la
nouveauté (Tran & Bicard, 2006). Les hommes privilégient les
produits multifonction tels que les 2 en 1 en format pompe, pour leur
côté pratique et rapide d'utilisation. En plus de combiner
plusieurs actions, ils permettent de ne pas complexifier leur routine
beauté. La tâche leur est facilitée grâce aux
produits multi actions (Vincent, 2016). Contrairement à leurs homologues
féminins, les hommes sont en quête d'efficacité et de
solutions plus que d'expérience. Ils sont plus attachés aux
résultats qu'à la marque ou au plaisir d'utilisation. Les clefs
du succès pour un produit pour homme sont : pédagogie,
praticité, efficacité (Reggiani, 2012). Les hommes semblent de
plus en plus attachés aux propriétés naturelles, bonnes
pour la santé, d'un produit de beauté. Les produits ayant une
utilité en rapport au sport sont également les bienvenus,
d'autant plus s'ils peuvent rendre la pratique de celui-ci plus agréable
(Martini, 2009).
Pour qu'un homme décide d'acheter un produit
cosmétique, il doit se retrouver instantanément dans ce qui lui
est proposé. Les codes couleurs sont importants ainsi que les
matières utilisées et le « design général
» des produits (Reggiani, 2012). Il ne doit pas y avoir d'amalgame
possible avec l'univers féminin, plutôt repoussoir pour
l'homme.
30
Les consommateurs masculins déplorent le manque
d'innovation et de renouvèlement des produits qui leur sont
proposés (Belloir, 2015). Ils sont pourtant demandeurs de produits
innovants et ludiques (Martini, 2009). Les produits sont classiques et
axés sur la barbe ou le rasage, les marques préférant
investir dans leurs produis phares plutôt que de jouer la
nouveauté (Belloir, 2015). La marque Clearasil, spécialiste des
peaux à problèmes vendue en pharmacie, lance en 2004 sa mousse
après-rasage craquante qui crépite à l'application qui
semble séduire les consommateurs curieux (Jirou-Najou, 2004). Bien que
69 % des hommes déclarent avoir la peau sensible, la moitié
d'entre eux n'utilisent pas un produit adapté à leur type de peau
et plus d'un tiers n'utilise aucun produit (Belloir, 2015). Les hommes prennent
cependant conscience peu à peu qu'ils doivent prendre soin de leur peau,
même si les produits de rasage sont ce qu'ils achètent le plus
souvent (Verschoore, 2016).
4.5. Le marketing des cosmétiques masculins
Certaines marques de cosmétiques masculins ont
décidé de s'adresser à leur cible de façon
différente ; ils choisissent à présent des
égéries dans le domaine sportif. Ces choix ne sont pas dus au
hasard, puisqu'un français sur deux pratique du sport de façon
régulière. Les hommes seraient plus sensibles au discours d'un
sportif, auquel ils peuvent plus facilement s'identifier, plutôt
qu'à celui d'un acteur (L'Express, 2012). Clarins Men choisit en 2013,
le nageur Camille Lacourt en tant qu'égérie. La marque lance en
2016 un gommage élaboré pour nettoyer et purifier la peau
masculine. Biotherm Homme décide de collaborer en 2016 avec le
footballeur David Beckham, véritable incarnation de la
métrosexualité. L'objectif de cette collaboration est de
créer une nouvelle ligne de soin dédiée aux hommes et
à leurs besoins. David Beckham livrera ses secrets de beauté et
de jeunesse dans une gamme spéciale qui sera mise sur le marché
en 2017, selon la version anglaise du magazine Vogue, publié en mai
2016. Le site de la marque est étudié pour permettre aux hommes
d'identifier facilement leurs besoins en fonction de leur type de peau. On y
trouve notamment des guides interactifs dotés d'une touche d'humour pour
trouver les bons produits selon le niveau du consommateur. Il existe trois
niveaux : « débutant », « intermédiaire » ou
encore niveau « avancé ». L'Oréal choisit Eric Cantona,
assimilé à la catégorie des lumbersexuels, pour
représenter sa marque Men Expert. Tout est misé sur la
virilité que dégage l'ex footballeur pour booster les ventes de
leurs produits. Le côté rapide, facile à utiliser
associé à la performance sont les arguments mis en avant par
L'Oréal dans cette campagne (Pharma Beauté mag, 2016).
31
4.6. Le rôle des femmes
En 2001, beaucoup de femmes interviennent dans le choix et
l'achat des cosmétiques pour homme (figure 12). Bien que 75 % des hommes
choisissent leurs cosmétiques, dans deux cas sur trois ce sont les
femmes qui les achètent (Portier, 2004). Certains cosmétiques
tels que les produits de rasage, ou la toilette visage sont choisis et
achetés le plus souvent par des hommes. Les femmes interviennent lors du
choix du soin du visage, pour plus de la moitié d'entre eux, de l'eau de
toilette et de l'après rasage. Elles achètent principalement les
soins visage et l'eau de toilette. Les femmes conseillent leur conjoint et
parfois ceux-ci utilisent des produits féminins. Chez Nocibe, 50 % des
produits de leur gamme homme sont achetés par des femmes, qu'elles
soient mères, épouses ou filles (Belloir, 2015).
Figure 12. Influence de la femme dans l'achat
de cosmétiques masculins
(Portier, La cosmétique au masculin,
2004 d'après Health & Beauty, 2001)
Bien souvent, les femmes sont à l'origine de
l'entrée des hommes dans le monde de la beauté. Elles
suggèrent l'épilation, ou l'utilisation d'un soin (Tran &
Bicard, 2006). Mais les hommes tendent à plus d'autonomie, les jeunes
générations souhaitent se détacher de l'image de l'homme
traditionnel (Portier, 2004). L'éducation y est pour beaucoup, les
jeunes sont désormais élevés dans le concept
d'égalité des sexes. Les jeunes sont mieux éduqués
et mieux informés (Tran & Bicard, 2006).
Les cosmétiques représentent un marché
colossal et solide. Le marché des hommes a un fort potentiel et ne
demande qu'à se développer. Les marques sont encore très
centrées sur les femmes, et dirigent leur offre vers elles. Les produits
d'hygiène n'ont plus de secret pour les hommes mais la beauté
reste du domaine féminin pour beaucoup d'entre eux encore aujourd'hui.
Ils sont parfois demandeurs de pédagogie en ce qui concerne la
beauté, terrain souvent inconnu. La plupart des hommes font appel
à une femme pour les guider sur le chemin
32
de la beauté. Le fait de recourir aux conseils d'une
femme peut avoir pour effet de dédramatiser l'acte de soin (Portier,
2004), mais de ce fait, l'homme ne devient pas autonome dans sa consommation et
ne s'implique pas, laissant à sa femme le choix. D'autre part, les
hommes changent, et leur rapport à la beauté aussi. De nouvelles
typologies d'hommes voient le jour, qui sont de moins en moins complexés
par l'idée de prendre soin d'eux. Les mentalités peinent à
évoluer, mais semblent changer de manière plus significative chez
les jeunes. Les jeunes assumeraient mieux prendre soin d'eux, le clivage
garçon/fille s'estompe peu à peu. Les garçons et les
filles sont désormais élevés dans le principe
d'égalité.
II. La génération Z
Le dictionnaire de la langue française Larousse
définit le terme « génération » comme
suit :
« Ensemble d'êtres, de personnes qui descendent
d'un individu à chaque degré de filiation. Degré de
descendance dans la filiation : Il y a deux générations du
grand-père au petit-fils. Espace de temps qui sépare chacun des
degrés de filiation : Il y a environ trois générations par
siècle. »
Cette définition se limite à l'approche
généalogique du terme. Il est possible de compléter
celle-ci avec sa dimension sociologique qui met en lumière les
différences générationnelles d'hier et d'aujourd'hui. Les
générations précédentes se succédaient, la
nouvelle prenant exemple sur la précédente. Nous assistons
aujourd'hui à un véritable bouleversement des codes et des
habitudes. La rapidité du changement à profondément
modifié les rapports intergénérationnels, où les
anciennes générations ont du mal à trouver leur place dans
un monde en perpétuel mouvement (Boudon, Besnard, Cherkaoui, &
Lécuyer, 2012). Karl Mannheim dans son ouvrage sur les
générations définit celles-ci comme un « groupe
d'individus à peu près du même âge ayant vécu
les mêmes événements historiques, économiques ou
encore sociaux sur une même période ». Ces
événements contribuent à forger la vision qu'ils auront du
monde tout au long de leur vie et ainsi marqueront leur comportement
(Khodorowsky, 2015).
1. Leurs ainés
Il est impossible de parler de la génération Z
sans évoquer celles qui lui ont précédées, à
savoir les générations X et Y. C'est en comprenant qui sont leurs
pairs qu'il est possible de
33
comprendre qui ils sont. Bien que les Z partagent des points
communs avec la génération Y qui la précède, elle
est à l'initiative de nombreux changements, bouleverse les codes et
réinvente les traditions.
1.1. La génération X
Le premier à donner à un nom aux personnes
nées entre 1965 et 1979 est Douglas Coupland, dans son ouvrage paru 1991
« Generation X ». Ce sont les enfants des «
babyboomers », qui ont vu leur niveau de vie augmenter par
rapport à leurs parents et leurs grands-parents (Khodorowsky, 2015).
D'un point de vue économique, les jeunes de cette
époque sont entrés sur le marché du travail dans les
années 1980, marquées par la crise économique de 1974 et
la hausse du chômage. Ils évoluent vers un futur qu'ils jugent
incertain et dans un monde professionnel qu'ils perçoivent difficile.
Ils mènent une vie plus précaire que leurs parents. Ils ont
tendance à se tourner vers l'individualisme, et leurs centres
d'intérêt se portent sur la télévision, la musique
et le sport (Khodorowsky, 2015). À cette époque, les outils
informatiques n'ont d'utilité que dans le milieu professionnel, et les
jeux vidéo ne rencontrent pas un franc succès.
Ils ont désormais entre 35 et 50 ans, et le marketing a
déculpabilisé le plaisir et leur a appris à profiter
d'avantage du présent plutôt que de penser au futur, à
consommer, à s'autoriser des plaisirs (Weil, 2006). Contrairement
à leurs parents, le plaisir est devenu un droit, qui donnera naissance
à la société de consommation que nous connaissons
aujourd'hui. La consommation étant désormais liée au
plaisir sans culpabilité. La médecine élève le
plaisir au statut de remède contre le stress. Les médecins,
soutenus par les médias, encouragent les citoyens au bien-être,
à pratiquer un sport pour le plaisir, partir en vacances... (Weil,
2006). Une génération d'hédonistes voit le jour. Ils ne
conçoivent pas l'effort lié au travail sans contrepartie
financière et enrichissement personnel. Tout effort doit être
compensé par un bénéfice (Weil, 2006). Dans le même
temps à l'école, le plaisir est utilisé comme levier de
motivation pour maintenant l'intérêt des jeunes. Un
élève n'apprendra pas s'il n'y prend pas de plaisir. Les
professeurs sont bien plus à l'écoute de leurs
élèves, de leurs besoins, ils respectent leur rythme.
La tendance est à la différenciation. Ils
revendiquent leurs différences contrairement à leurs parents qui
prônaient l'universalité. Des communautés émergent
dans le principe de la diversité. Les communautés noires,
musulmanes, juives ou même gay remettent en cause le marketing qui
s'invente communautaire (Weil, 2006). La multi culturalité
s'intègre dans les campagnes
34
publicitaires et le marketing communautaire est utilisé
lorsque l'appartenance à une ethnie joue sur la consommation du produit.
Peu importe la communauté à laquelle ils appartiennent, ils
consomment et désirent se faire plaisir, mais n'ont plus l'envie de
s'investir et de fournir un effort sans contrepartie.
1.2. La génération Y
La génération Y concerne les jeunes nés
entre 1980 et 1994. Ils ont aujourd'hui entre 20 et 35 ans, et sont
appelés génération Y non seulement parce que celle-ci suit
la génération X, mais aussi et surtout car la lettre Y se
prononce « why » en anglais, qui se traduit par « pourquoi
». Le propre de ces jeunes est de poser des questions, ils cherchent
à comprendre ce qui les entourent et son très curieux. Ils
n'appliqueront un ordre que s'ils ont bien compris son utilité
(Khodorowsky, 2015). Ils sont connectés et nomades, on les appelle aussi
la « génération 2.0 » (Desplats & Pinaud, 2015),
ils aiment voyager, surtout pendant leurs études, grâce aux
programmes comme Erasmus, et à l'espace Schengen (Kerdellant, 2016). Ils
sont caractérisés comme individualistes tout en étant
solidaires, et décrits grâce aux quatre I : « Individualisme,
Impatience, Interconnexion et Inventivité » (Desplats & Pinaud,
2015). Ils désirent être pris au sérieux par leurs
aînés et être écouté (Khodorowsky, 2015). Ils
sont sensibles aux causes environnementales et humaines. Ils ne comprennent pas
pourquoi leurs aînés leur ont laissé un monde
pollué, le recyclage étant devenu pour eux une habitude (Desplats
& Pinaud, 2015).
Contrairement à la génération Z, ces
jeunes ne sont pas nés avec la technologie et internet, mais
développent une « maîtrise intuitive » de l'outil
informatique, bien plus facilement que leurs aînés (Khodorowsky,
2015).
Concernant le milieu professionnel, ils sont devenus
méfiants envers les entreprises, conséquence de la crise
économique, de la hausse du chômage et des plans sociaux
(Khodorowsky, 2015). Les jeunes désirent à être
traités en réel collaborateur, avec un management plus
participatif, basé sur l'échange, la transmission et la
communication (Khodorowsky, 2015). Ils aspirent désormais à
réussir leur vie dans tous les sens du terme, plus seulement
professionnellement. Individualistes et centrés sur eux-mêmes, ils
ne sont souvent pas d'accord pour travailler pendant les fêtes et le
week-end, et « travaillent moins pour vivre mieux » (Khodorowsky,
2015). La qualité de vie est primordiale pour eux et cherchent un
équilibre entre vie privée et vie professionnelle.
35
Les consommateurs entre 20 et 35 ans privilégient les
achats qui leur procureront un plaisir immédiat. Ils n'investissent pas
à long terme, préférant les achats spontanés, sans
pour autant être fidèle à une marque. Ils sont capables de
dépenser de grandes sommes pour leur smartphone par exemple, bien qu'ils
sachent qu'il sera dépassé l'année suivante. Ils sont plus
tentés par les produits innovants qui seront performants tout en leur
facilitant la vie (Khodorowsky, 2015).
Les consommateurs de la génération Y
s'apparentent aux « nowners ». Ils sont impatients et aiment
avoir accès à un produit tout de suite. Ils n'accordent pas
vraiment d'importance à la possession mais ils apprécient avoir
accès à tout, instantanément. Acheter d'occasion ou louer
n'est pas un frein, bien au contraire, ils apprécient la consommation
collaborative qui facilite le partage et l'échange. C'est une
manière de réagir à la consommation de masse, en donnant
une nouvelle vie aux produits plutôt que de les jeter, comme le faisaient
leurs aînés (Khodorowsky, 2015). La location est en accord avec
leur désir d'instantanéité, que l'achat ne peut pas
toujours leur offrir.
En observant les générations qui se
succèdent, force est de marquer que plus le temps passe, plus les
individus se centre sur eux-mêmes et sur ce qui pourra leur procurer du
plaisir. La qualité de vie se place au coeur des préoccupations,
bien plus que le travail et la carrière. La confiance en l'avenir
décroît, et les français favorisent le court terme, en
privilégiant leur bonheur.
2. Leur portrait
La génération Z est au coeur de toutes les
attentions. Nés après 1995, ils ont aujourd'hui moins de 20 ans
et sont près de 8 millions en 2014 (Khodorowsky, 2015). Ils sont
décrits comme impatients et zappeurs, ouverts au changement et
très créatifs (Usbek & Rica, 2015). L'esprit créatif
de ces jeunes les pousse à fabriquer leurs propres vidéos, et
à partager les photos qu'ils prennent grâce à leur
smartphone sur les réseaux (Kerdellant, 2016).
Selon Feriel Karoui, consultante en stratégie et
marketing chez Promostyl, la génération Z a grandi avec la crise,
pas seulement économique, mais également écologique et
politique. Ils accordent moins d'importance à la carrière, qu'ils
jugent secondaire. Ils désirent avoir du temps pour eux, pour leur
future famille, leur vie personnelle reste prioritaire au détriment de
leur vie professionnelle (Usbek & Rica, 2015). Ils n'aspirent pas à
travailler dans un grand groupe, mais plutôt à lancer leur propre
entreprise ou à créer un blog ou un site (Kerdellant, 2016).
S'ils ne sont pas séduits par l'idée de travailler dans un grand
groupe, c'est certainement parce que l'on
36
observe un réel décalage entre les entreprises
dites « traditionnelles » et le comportement des jeunes. Les
nouvelles techniques de communication ne sont pas encore
démocratisées dans ces groupes, bien qu'elles ne datent pas
d'hier. Ils ne sont plus compatibles avec une organisation verticale. Leur
communauté virtuelle leur permet d'être sur un pied
d'égalité avec leurs abonnés, dans un esprit de
réciprocité, loin des relations hiérarchisées du
monde de l'entreprise (Khodorowsky, 2015).
Les natifs de la génération Z sont encore plus
connectés que leur aînés de la génération Y.
Ils sont nés avec la technologie, l'internet les portables ont fait leur
apparition en France en 1995 (Kerdellant, 2016). Un enfant sur deux commence
à aller sur internet dès 8 ans (Khodorowsky, 2015). Une
étude Médiamétrie déclare que ces jeunes sont
équipés à 97 % d'un ordinateur portable, à 76 %
d'un smartphone et à 41 % d'une tablette numérique. Ils ont
tendance à tout « Googliser » pour s'informer, quitte à
prendre de fausses informations pour argent comptant (Usbek & Rica, 2015).
Ils vivent très mal le fait de perdre leur connexion, de peur de rater
une information.
Selon l'historienne et sociologue Katherine Khodorowsky,
spécialisée dans les jeunes, la confiance est primordiale pour
instaurer une communication avec les jeunes de la génération Z.
Elle prend trois formes et sont interdépendantes (figure 13). La
société actuelle n'a pas confiance en la jeune
génération, ce qui a pour conséquence d'altérer
leur confiance en eux et leur espoir pour l'avenir. Le manque de confiance en
soi rend la confiance en les autres difficile pour les jeunes. Pour qu'une
publicité ou un produit séduise les jeunes, il faut instaurer un
climat de confiance.
37
Figure 13. Les trois formes de confiance pour
l'harmonie des relations
(D'après Khodorowsky K., Marketing & Communications
Jeunes : Vendre aux générations Y
et Z, 2015)
3. Leurs influences et centres d'intérêt
Tandis que les filles de cette génération
apprécient le « selfie », un autoportrait pris avec un
smartphone partagé sur les réseaux sociaux, les garçons
quant à eux en sont moins friands (Usbek & Rica, 2015).
Ils prêtent attention à leur apparence, et les
jeunes hommes s'identifient à Jamie Foxx, Hugh Jackman ou encore
Leonardo Di Caprio. Ce sont des hommes d'âge mûr mais qui arborent
un look tendance et sont toujours au top de leur forme. Les filles quant
à elles, préfèrent Rihanna, Selena Gomez ou Kendall
Jenner, toujours habillées à la mode, ce sont elles qui lancent
les tendances (Usbek & Rica, 2015). Même si la mode est une des
grandes préoccupations des jeunes de la génération Z, ils
ont également d'autres idoles dans la chanson, l'humour, le sport ou la
musique. La personnalité préférée des jeunes entre
15 et 20 ans est Nelson Mandela, cité en premier chez les
garçons, suivi par Omar Sy et Barack Obama. Leurs idoles
représentent leur attrait pour la mixité et le partage
(Khodorowsky, 2015).
Concernant les médias qui les touchent le plus, les
préférences des filles et des garçons diffèrent ;
les filles ont tendance à privilégier la télévision
en replay sur internet, tandis que les garçons fréquentent les
cinémas. Pour la publicité, les jeunes de la
génération Z sont particulièrement sensibles à
l'humour et à l'autodérision. A l'image de la campagne Orangina
mettant en scène des personnages mi humains mi animaux, les jeunes de
15-25 qui étaient ciblés pour cette campagne ont
apprécié le côté humoristique et estiment que «
le rire permet de ne pas se prendre au sérieux » (Khodorowsky,
2015).
Les jeunes de la génération Z sont de grands
joueurs de jeux vidéo. Ils apprécient plusieurs types de jeux,
les garçons privilégient les jeux où ils peuvent
construire, créer des alliances, définir une stratégie, ou
encore des jeux plus violents qui les plongent dans un pays en guerre
(Khodorowsky, 2015). Le jeu est devenu pour certaines marques un
véritable atout marketing. En utilisant le jeu et les réseaux
sociaux pour fidéliser ou pour séduire de nouveaux clients, les
marques font passer leur message auprès des jeunes (Khodorowsky, 2015).
Cependant, on observe chez les 16-24 ans un manque de confiance dans les
médias dits « traditionnels », c'est une des raisons pour
lesquelles ils se tournent vers « leurs médias » pour raconter
leur histoire,
38
et publient des images et des vidéos de leur propre
création (Khodorowsky, 2015). Même si leur confiance est en
déclin, la télévision reste le média
préféré des jeunes, mais ils passent moins de temps devant
les écrans que leurs ainés. Avec une moyenne de 16 heures par
semaine, contre 21 heures pour leurs parents selon une étude Ipsos de
2013, les jeunes estiment que la télévision diffuse des
informations qui véhiculent une image négative de la jeunesse
(Khodorowsky, 2015). La presse devient également numérique, 67 %
des 15-25 ans lisent la presse sur une application mobile. Ils
s'intéressent à l'information, et privilégient les
supports gratuits, qu'ils peuvent lire dans les transports (Khodorowsky,
2015).
Bien évidemment, l'attachement des jeunes aux
réseaux sociaux n'est plus un secret. Médiamétrie dans son
étude, fait le constat que 90 % des 15-25 ans sont inscrits sur au moins
un réseau social, et que 68 % d'entre eux le consulte chaque jour en
2015. Facebook est fréquenté par 98 % de jeunes, mais le
réseau social est de plus en plus prisé par les parents
(Khodorowsky, 2015). Mais les 15-24 ans se détournent peu à peu
de Facebook, qui voit sa fréquentation baisser de 12 % en 2014
(Khodorowsky, 2015). Les principales causes de se
désintéressement croissant sont « la surabondance
publicitaire, la présence de la famille et des proches, l'absence de
liberté d'expression... » (Khodorowsky, 2015). Les marques sont de
plus en plus présentes sur les réseaux sociaux, mais doivent
proposer des contenus très créatifs pour plaire
instantanément à leur cible, et éviter de stimuler leur
esprit de « zappeur » (Khodorowsky, 2015).
4. Leurs habitudes de consommation
Bien qu'ils soient hyper connectés, les jeunes de la
génération Z ne font pas tous leurs achats sur internet et
continuent de privilégier les magasins, dans lesquels ils se rendent le
plus souvent en groupe (Tran & Bicard, 2006). En ce qui concerne la
beauté, cette tranche d'âge aime jongler entre internet et les
magasins physiques pour faire ses achats selon Mirabelle Belloir, dans un
dossier LSA de 2015 axé sur les 15-25 ans. Leur canal de distribution
préféré est la boutique, suivi par le centre commercial,
puis le grand magasin et en quatrième place, on retrouve internet. Selon
l'institut français de la mode, les jeunes sont passionnés par la
mode et dépensent environ 720 euros par an dans les vêtements. En
terme de marque, les garçons préfèrent la
simplicité tandis que les filles sont plus partagées à ce
sujet (Usbek & Rica, 2015). Avant d'effectuer un achat, les jeunes
n'hésitent pas à demander conseil à leurs proches ; leur
famille et leurs amis mais également à leur communauté
internet (Usbek & Rica, 2015). Ils oscillent entre l'avis des personnes de
leur entourage, qu'ils connaissent, mais peuvent
39
également faire confiance à de parfaits inconnus
sur la toile. Les produits rares, ou en série limitée, ont un
grand succès chez les jeunes. D'autant plus si les marques de grande
consommation font appel au luxe pour leurs séries limitées, qui
permettent aux jeunes de s'offrir des produits de luxe à un prix
abordable. Le luxe attire les jeunes puisqu'il les différencie des
autres (Khodorowsky, 2015). Lorsque H&M, enseigne de
prêt-à-porter tournée vers les 18-25 ans, s'associe chaque
année à un créateur de mode différent, les
collections sont écoulées en 48 heures. Le monde de la
beauté séduit les jeunes entre 15 et 24 ans puisqu'ils
dépensent, malgré leurs petits budgets, en moyenne 160,90 euros
par an. C'est 7 euros de plus que les 25-34 ans. Ils représentent 12 %
des achats sur le total des ventes de produits d'hygiène-beauté
et 70 produits sur 100 sont acheté par des jeunes (Belloir, 2015). Dans
un dossier dédié aux jeunes entre 15 et 25 ans, le
périodique LSA souligne que les garçons de cette tranche
d'âge ont tendance à préférer les parfums, les
produits d'hygiène et capillaires puis les soins. Ils font leurs achats
en grande distribution, sur internet et dans le circuit
spécialisé. Les marques ont adapté leur communication aux
jeunes pour attirer les jeunes filles, cependant, les marques ne
s'intéressent pas encore aux jeunes hommes. Bien qu'ils soient souvent
intimidés par le monde de la beauté, ils seraient d'avantage
attirés par des produits montrant une masculinité en devenir et
la séduction (Belloir, 2015).
Les adolescents s'identifient aux marques qu'ils utilisent.
Les marques sont les « reflets de leur identité, d'une
communauté mais aussi de leur état d'esprit ou de la situation de
consommation » (Khodorowsky, 2015). Ils apprécient les marques
alliant tradition et modernité. Ils sont sensibles à la cause
environnementale et se disent prêts à payer plus cher pour une
marque respectueuse de l'environnement (Khodorowsky, 2015).
Les jeunes sont bien plus avertis que leurs parents sur les
produits qu'ils consomment. Internet leur permettant de s'informer à
tout va, ils sont bien moins naïfs et bien plus critiques que leurs pairs
(Khodorowsky, 2015). Ils vérifient ce que le marketing leur vend et
détestent la manipulation. Ils n'hésitent pas à s'exprimer
sur les réseaux à propos des publicités qu'ils voient,
mais en parlent également entre eux. Une publicité doit tenir ses
promesses, et ne doit en aucun cas tenter de les manipuler, ou de les pousser
à la surconsommation. Ils souhaitent rester libres et maîtres de
leurs choix. Si les jeunes découvrent que les publicités sont
mensongères, ils n'auront aucun mal à le dénoncer, voire
à boycotter la marques et ses produits (Khodorowsky, 2015). Les
réseaux sociaux peuvent s'avérer très dangereux pour les
marques qui déçoivent les jeunes, puisque leur premier
réflexe sera d'avertir leurs communautés. La publicité ne
doit pas être intrusive dans la vie privée de ces jeunes gens, et
doit respecter leur
40
liberté. Dans le même temps, bien qu'ils soient
connectés et adeptes des SMS, ils ne désirent pas être
harcelés par les marques. Le marketing est perçu par les jeunes
comme du « mensonge » et du « factice » (Khodorowsky,
2015).
Les jeunes apprécient en revanche les publicités
qui leur permettent d'exprimer leur créativité et qui les
divertissent. Ils ont également besoin de rêver, d'être
transporté en voyant une publicité (Khodorowsky, 2015). Les
marques qui créent un lien privilégié et durable avec les
jeunes les touchent bien plus. L'humour dans la communication permet aux
marques de créer une connivence avec la jeunesse. Les messages
personnalisés sont également très appréciés
des jeunes (Khodorowsky, 2015).
Hommes comme femmes ont des besoins qui évoluent avec
l'âge. Cependant, un jeune des années 1980 n'avait pas les
mêmes envies qu'un jeune en 2016. Le monde est en perpétuel
mouvement et contribue à façonner les générations,
qui ne se ressemblent pas. L'omniprésence des technologies contribue au
changement du rapport des jeunes générations à la
consommation et au monde qui les entoure. Mieux informés et plus
exigeants qu'auparavant, les jeunes de la génération Z sont
devenus des consommateurs à part entière. De nombreuses
études affirment qu'ils façonnent aujourd'hui le monde de demain.
Ils sont amenés à bouleverser le monde de l'entreprise, les
moyens de communication et la consommation. Les jeunes d'aujourd'hui ont
parfois du mal à se conformer au monde de l'entreprise qu'ils jugent
trop vertical, ils ont du mal à trouver leur place dans la
société et ne se sentent pas concernés par la politique.
Le monde de la beauté est également voué à
s'adapter à cette nouvelle génération de consommateurs qui
a ses propres codes, bien différents de ceux que nous avons connus
jusqu'à maintenant. Les acteurs du monde de la beauté vont
désormais devoir composer avec des envies et des besoins en
perpétuel changement. S'adresser aux jeunes n'est pas chose aisée
étant donné qu'ils perdent confiance dans les
générations précédentes, estiment ne pas être
suffisamment écoutés et pris en compte. Ils ont besoin de
confiance pour entretenir une relation, que ce soit avec une marque ou dans la
sphère privée. Les marques de cosmétiques ont
étudié de près ce qui plaisaient aux jeunes filles, mais
les jeunes hommes de la génération Z sont encore bien souvent
délaissés. C'est à l'adolescence que les comportements se
façonnent, que les habitudes se prennent. Il paraît donc crucial
d'éduquer les jeunes à l'utilisation de produits de
beauté, le moment le mieux choisi est la période où ils se
construisent et qui impactera leur comportement d'adulte. Les jeunes de la
génération Z sont les adultes de demain et ils pourront à
leur tour transmettre leurs habitudes de consommation aux
générations suivantes.
41
PARTIE II : LA METHODOLOGIE ET LES RESULTATS DE
L'ETUDE
I. La méthodologie
1. Les axes de recherche
La progression des ventes de cosmétiques masculins
prouve que les hommes ont un intérêt grandissant pour les produits
de soin. Or, l'étude documentaire démontre que les marques n'ont
pas élaboré de stratégie précise pour s'adresser
à leur cible. Il a été démontré que les
hommes ont des besoins qui évoluent, et qu'ils ont des modes de
consommation différents selon leur âge. Tandis que les femmes sont
au coeur des préoccupations de l'industrie cosmétique, peu
d'études marketing se sont concentrées sur les mutations qu'un
homme rencontre au cours de sa vie, et qui peuvent influer sa perception du
monde de la beauté. La revue littéraire a permis d'affirmer que
les générations, au sens sociologique, se suivent mais ne se
ressemblent pas. La génération Z semble plus encline à
soigner son apparence et garçons comme filles assument mieux prendre
soin d'eux que leurs aînés. La première hypothèse va
dans ce sens et estime que plus un homme est jeune, plus il prend soin de
lui.
Le peu d'études sur le sujet a suscité un
recours à l'étude qualitative. Cette étude va permettre
d'identifier dans quelles mesures ces besoins et ces rapports au monde de la
beauté évoluent avec l'âge d'un homme, mais surtout si la
génération Z est réellement plus proche des
cosmétiques que les générations précédentes.
Une fois ces affirmations confirmées ou infirmées, elles
permettront de proposer des recommandations stratégiques
destinées aux entreprises du monde de la beauté afin que
celles-ci puissent adopter une stratégie adaptée aux
consommateurs masculins en fonction de leur âge.
2. L'étude qualitative
Que les hommes consomment ou non des cosmétiques, ils
ont tous un rapport bien particulier au monde de la beauté. Qu'ils
soient favorables ou non à leur utilisation, il est important de
déterminer la cause de leur consommation, ou de leur non consommation.
Les produits d'hygiène étant déjà ancrés
dans leurs rituels beauté, le but de cette étude était de
se focaliser davantage sur les produits de soin, terrain encore à
conquérir pour les marques de cosmétiques. L'étude
qualitative a permis d'observer et de comprendre les différents
42
comportements d'hommes face à des soins pour la peau,
mais surtout de déterminer ce qui fait que les comportements soient
différents face à ces produits. Les hommes sont tous
différents mais il est question d'observer ici si leurs relations aux
soins vont de pair avec leur âge, et si la génération Z est
bel et bien plus concernée par ces produits. C'est en discutant avec des
hommes de toutes les générations lors d'un entretien
semi-directif en abordant plusieurs thèmes rattachés aux
cosmétiques qu'il sera possible d'identifier si l'âge d'un homme
à un rapport avec son utilisation de cosmétiques.
L'étude qualitative s'appuie sur un guide d'entretien.
Ce guide n'a pas vocation à être administré tel quel, il
représente un fil conducteur et un rappel des thèmes à
aborder avec l'interviewé (Jolibert & Jourdan, 2011).
3. Le guide d'entretien
Le guide d'entretien est primordial lors d'entretiens
semi-directifs. Lors d'un entretien, le guide doit être abordé de
façon équivalente avec tous les répondants. Il est
généralement composé de quatre rubriques, comprenant
plusieurs questions relatives à des thèmes établis au
préalable (Jolibert & Jourdan, 2011). Le but des entretiens est de
laisser une liberté de parole à l'interrogé, tout en
veillant à aborder les thèmes clefs en utilisant des techniques
pour amener le répondant à approfondir ses propos. Les quatre
thèmes clefs qui ont été choisis sont : la consommation,
les attentes, la familiarité et la confiance. Ces thèmes vont
permettre de saisir le comportement conscient de l'interrogé, mais une
série d'images va également stimuler son inconscient face aux
produits cosmétiques.
La première question générique a pour but
de démarrer l'entretien. La discussion s'oriente sur la perception des
hommes du terme « cosmétique ». Cette question permet
notamment d'identifier les associations d'idées que peuvent faire les
interrogés. C'est à ce moment-là que l'interviewé a
la possibilité d'exprimer ce que lui évoque le terme, et permet
d'ouvrir sur leur vision du monde des cosmétiques, voire même
d'observer s'il associe ce monde plutôt aux femmes ou aux hommes. La
question générique va permettre de savoir où les
cosmétiques sont « rangés » dans leur cerveau, et
s'apparente à l'hygiène, à la beauté, ou au
bien-être. La première phase de discussion sera utile pour
préparer l'interviewé aux thèmes suivants à
aborder.
43
3.1. Consommation
Il est important de déterminer dès le
début de l'entretien si l'interrogé consomme ou non des
cosmétiques. Cette rubrique permet de classer les répondants du
non-consommateur, au consommateur occasionnel, régulier ou
passionné, puis d'observer si une tendance se dégage en fonction
de l'âge de l'interrogé. Il s'agit également de voir
jusqu'où le répondant est proche du monde de la beauté et
donc si son utilisation se limite à l'hygiène ou non. C'est
pourquoi la seconde question du guide d'entretien consiste à demander
directement à l'interrogé s'il consomme des cosmétiques et
de l'entraîner d'en faire une liste exhaustive. Cette liste est
également utile pour identifier les mots qui sont utilisés par le
répondant pour décrire les produits, et si la connaissance de
ceux-ci est poussée. Les questions liées à
l'ancienneté et à la fréquence de consommation ont pour
but de déterminer si l'utilisation de produits cosmétiques est
habituelle. Si la consommation s'avère plutôt récente, il
s'agit d'identifier quel en a été le déclencheur.
L'attachement ou non à la marque peut être un moyen
supplémentaire de comprendre les raisons pour lesquelles un consommateur
utilise un produit plutôt qu'un autre, mais également s'il y est
fidèle et dans quelles mesures. L'étude documentaire
révèle que les jeunes sont décrits comme des «
zappeurs » et changent plus facilement de produits que leurs
aînés.
La revue littéraire a mis en lumière
l'implication importante de la femme dans la consommation de cosmétiques
pour homme. Elles sont souvent à l'origine de leur consommation, en
achetant, et parfois même en choisissant les produits des hommes qui les
entourent. La question « qui achète vos produits ? » permet de
faire un lien avec une femme, pour confirmer ou infirmer le rôle de
celles-ci dans la consommation masculine. Le lieu d'achat à
également son importance, puisque de nombreuses études placent la
grande surface comme le premier canal de distribution des produits masculins.
Les jeunes auraient cependant tendance à préférer la
boutique et alternent avec internet pour leurs achats. Il s'agit ici encore
d'infirmer ou de confirmer cette hypothèse avec la question «
où achetez-vous vos cosmétiques ? ».
3.2. Attentes
L'intérêt de ce thème réside dans
la divergence ou la convergence des réponses en fonction de l'âge
des interrogés. Il paraît évident qu'un homme n'ait pas les
mêmes attentes à 16 ans qu'a 60 ans, la revue littéraire
ayant démontrer l'apparition des signes de l'âge pouvant
altérer la qualité de la peau. Les attentes des jeunes hommes
n'ayant pas été réellement
44
explorées par les entreprises de la beauté, il
est donc difficile de savoir ce qui les attire. Déterminer avec le
répondant quels éléments vont être plus importants
que d'autres dans le choix d'un cosmétique ouvre la voie sur la
communication à adopter, et ce qu'il est important de mettre en avant.
Les jeunes ayant par définition moins de moyens financiers que leur
aînés, ils tendent à faire attention à leurs
dépenses et à comparer les prix, le plus souvent sur internet,
avant d'acheter. La performance est plus recherchée par les hommes plus
âgés, les signes de l'âge commencent à
apparaître et doivent être camouflés. La question «
Quels éléments sont importants pour vous dans le choix d'un
cosmétique ? » est posée sans détour, afin d'obtenir
une réponse la plus spontanée possible. Il est intéressant
d'observer ici si l'affect l'emporte, avec des notions de couleur, d'odeur, de
forme, ou plutôt la raison, incluant des notions de prix, de performance,
de qualité. La question suivante « qu'attendez-vous d'un soin du
visage ? » reprend les mêmes objectifs mais sera uniquement
axée sur les soins du visage. Les produits d'hygiène corporelle
sont déjà ancrés dans la routine beauté des hommes,
les soins du visage un peu moins. De nombreux articles ont permis de souligner
le développement du marché des soins visage pour hommes, celui-ci
est pourtant en régression depuis l'an dernier, ce recul est en partie
dû à un manque d'innovation de la part des marques. Qu'ils
consomment ou non des soins visage, il est intéressant de
déterminer ce qu'ils en attendent, ce qui est primordial pour eux.
3.3. Familiarité
Encore une fois, les produits d'hygiène corporelle ne
sont pas concernés par ce thème. Il a été
démontré que les ventes sont bonnes pour ces produits-ci, et
qu'ils dominent le marché des cosmétiques pour hommes. Le
thème vise à mesurer la connivence d'un homme envers les soins
visage grâce à une série d'images, et par quel biais se
fait cette connivence.
Six photos de produits ont été choisies et sont
montrées à l'interrogé. Parmi ces produits, cinq d'entre
eux sont en accord avec les soins visage masculins proposés par le
Docteur Michèle Verschoore, dans son Guide de la beauté au
masculin. Cet ouvrage pédagogique s'adresse à tous les
hommes désireux d'en apprendre plus sur la beauté masculine, en
les aidant par exemple à déterminer leur type de peau, à
détecter les premiers signes de l'âge, à en finir avec les
poignées d'amour et en leur apportant des solutions ciblées
à chaque problème. Le Docteur Verschoore détermine trois
types de peau chez l'homme : la peau grasse à imperfection, la peau
normale à sèche et la peau sensible. Les produits ont
été choisis en tenant également compte du circuit dans
lequel ils sont distribués (figure 14), la moitié des six
produits choisis sont vendus
45
en grandes et moyennes surfaces, circuit
préféré des hommes. De plus, ces produits appartiennent
aux marques les plus représentées (en valeur) dans leur
réseau de distribution respectif. Le sixième produit est un
hydratant anti âge, également plébiscité par le
Docteur Michèle Verschoore. Les poches et les cernes apparaissent vers
45 ans et les rides du front dès 30 ans chez les hommes caucasiens
(Verschoore, 2016). Les hommes interrogés n'ont pas le même
âge, il semblait primordial de couvrir tous les besoins en s'attardant
sur le type de peau mais également sur les canaux de distribution pour
que la question soit pertinente. En résumé, les produits
montrés à l'interrogés ont été choisi
suivant trois critères : le réseau de distribution, leur
présence dans ce réseau, et le type de peau auquel ils
s'adaptent.
Circuit de distribution
Types de peau
|
Grande distribution
|
Distribution sélective
|
Pharmacie
|
Peau grasse à imperfection
|
L'Oréal Men Expert
|
|
|
Peau normale à sèche
|
Mennen
|
Vichy Homme
|
Biotherm Homme
|
Peau sensible
|
Nivea Men
|
|
|
Peau mûre
|
|
Clarins Men
|
|
Figure 14. Choix des produits du guide
d'entretien en fonction du type de peau et du canal de
distribution.
La présence de produits ciblés pour une action
précise va permettre de se rendre compte si l'interrogé prend en
considération son type de peau lors de l'utilisation d'un produit. Les
circuits de distribution peuvent mettre en lumière le comportement d'un
consommateur. Un homme qui se déplace en distribution sélective
aura théoriquement une approche du produit liée au plaisir
d'utilisation, en grande distribution plutôt pratique, et en pharmacie
plutôt médicale.
46
3.4. Confiance
L'élément clef pour déclencher un acte
d'achat, en particulier chez les jeunes est la confiance. Il s'agit ici de
quantifier la confiance qu'ils accordent à un produit cosmétique.
Les produits masculins utilisent des couleurs brutes pour le design de leur
produit ; du noir, du bleu marine, du gris. En demandant tout d'abord si
l'interrogé prête à attention à l'emballage du
produit, il s'agit d'une part de sa forme, à pompe, à bouchon,
petit, grand, mais également des couleurs utilisées, des
matières, des messages transmis par le produit. La question suivante
permet de confirmer ou d'infirmer les dires du répondant à la
question précédente. De le confronter une réponse de
l'ordre du conscient et de l'inconscient. Cette question s'illustre avec quatre
produits de couleurs différentes : le bleu, le rose, le beige et le
vert. De tout temps, le bleu a été assimilé aux
garçons et le rose aux filles. Le beige représente une couleur
neutre, et le vert tend à s'apparenter à la nature et à
l'écologie. Les produits sont sans marque et de propriété
commune : ce sont des hydratants visage. Seul l'un d'entre eux se
démarque par sa caractéristique biologique. Les jeunes semblent
montrer un intérêt croissant pour l'écologie et la nature,
c'est pourquoi ils ont également le choix d'un produit biologique. Il
s'agit ici de voir si les interviewés sont sensibles à une
couleur, si l'une d'entre elles leur inspire plus confiance qu'une autre.
Sur le même modèle que l'emballage, deux
questions sont posées aux hommes pour confronter la perception
consciente et inconsciente des campagnes de publicités des géants
de l'industrie cosmétique. La génération Z semble perdre
peu à peu confiance dans les médias traditionnels et ont besoin
de s'identifier aux marques qu'ils utilisent. L'objectif de ces deux questions
est d'observer leur confiance dans les publicités qui leur sont
montrées. Elles sont au nombre de cinq. Les publicités ont
été choisies en cohérence avec les produits montrés
dans le second thème. La première concerne le produit phare de
Biotherm Homme : Aqua Power. Selon la marque, il s'en vendrait un toutes les
dix secondes. La publicité Mennen met en scène un sportif se
rasant dans sa salle de bains. Bien que le rasage soit en chute libre depuis
2014 en raison de la tendance de la barbe de trois jours, bon nombre d'hommes
se rasent encore quotidiennement. La marque L'Oréal a choisi de mettre
en avant un acteur dans une publicité plutôt dirigée vers
les femmes, on peut y lire le slogan « votre homme aussi le vaut bien
». La publicité Tom Ford met en scène un homme s'appliquant
de l'anticerne. Tom Ford est une des rares marques à proposer des
produits qui peuvent s'apparenter à du maquillage. Anticerne, correcteur
et gel pour sourcils sont vendus comme des « soins de beauté »
et non du maquillage. La dernière,
47
celle de Nivea concerne également des produits
liés au rasage, mais contrairement aux autres marques, l'homme sur
l'affiche n'est ni un sportif, ni un acteur. L'étude des
stratégies marketing des marques pour toucher les hommes a
révélé que les hommes se sentent plus concernés par
des sportifs et s'identifieraient plus facilement à eux qu'à un
acteur. Il s'agit ici de confirmer la véracité de cette
théorie.
Les jeunes de la génération Z sont bien plus
sensibles à l'image qu'au texte, ces images vont permettre de savoir si
les jeunes se sentent concernés par ces campagnes et s'ils peuvent
s'identifier. L'identification et la confiance étant primordiales pour
conquérir les jeunes.
Pour conclure, il est demandé à tous les hommes
s'ils estiment avoir besoin d'aide pour choisir leur produit. Une étude
Ipsos a révélé l'an dernier que deux tiers des hommes
estiment manquer d'information concernant les produits cosmétiques,
même s'ils en ont une bonne image. Il s'agit également de creuser
pour mesurer le degré de confiance qu'ils accordent à leurs
proches, au monde médical, au marketing, aux vendeurs ou aux vendeuses
pour choisir leur produit.
L'entretien se clôture sur la possibilité
donnée à l'interroger d'ajouter quelque chose ou de poser des
questions.
4. Les entretiens
Les interrogés ont été contactés
préalablement pour une explication portant sur le champ de
l'étude et son cadre. Après avoir obtenu l'accord du
répondant pour participer à l'entretien, une date et un lieu ont
été fixé par celui-ci. Le choix du lieu étant
capital pour mettre en confiance les participants. Chaque homme
interrogé a donc choisi le lieu dans lequel il a été
écouté pour ne pas biaiser ses réponses et avoir un
échange le plus détendu possible. Les échanges se sont
déroulés en face à face et ont duré entre 30 et 45
minutes pour chacun d'entre eux. Ils ont tous été
enregistrés grâce à un dictaphone avec l'accord
préalable de l'interrogé. Une phase de remerciements et un rappel
du sujet de l'étude font office d'introduction à l'échange
avant de commencer l'enregistrement. Aucune prise de note n'a été
faite lors de l'entretien pour favoriser le contact visuel, la fluidité
des échanges et l'observation de l'attitude du répondant. Les
enregistrements audio permettent une retranscription exacte des mots
utilisés par les interrogés. Le guide d'entretien a
été utilisé en tant que fil conducteur et n'a pas toujours
été suivi à la lettre, dans le but de laisser une certaine
liberté d'expression à l'interrogé et ne pas le freiner
dans ses interventions. Les quatre thèmes ont cependant tous
été abordés dans chacun des entretiens. Les images se
rapportant aux questions ont été préalablement
imprimées
48
sur un support papier pour pouvoir être remises à
l'interrogé. Celui-ci n'a pas la possibilité d'avoir accès
à ces images avant l'entretien ni même avant la question s'y
rapportant pour favoriser la spontanéité et éviter les
réponses anticipées. Le temps d'observation des images a
été pris en compte lors de la retranscription, ainsi que la
notion de spontanéité, lorsque l'interrogé met moins de
quelques secondes à répondre.
L'entretien a été ponctué de relances,
afin d'inciter le répondant à développer ses
réponses, afin qu'elles soient plus complètes. Les trois types de
relances ont été pratiquées : les relances simples,
différées et interprétatives (Blanchete et al., 1987
cité par Jolibert & Jourdant, 2011). Les relances simples ont
été utiles pour éviter les périodes dites de «
blanc » et pour maintenir une ambiance détendue lors des
entretiens. Les relances différées ont eu leur importance pour
approfondir un sujet déjà évoqué succinctement ou
pour introduire un nouveau thème qui a été
brièvement abordé auparavant par l'interrogé. Pour
clarifier la pensée de certains interlocuteurs, un recours aux relances
interprétatives a été utile.
5. L'échantillon
Treize hommes de 16 à 61 ans ont été
entendus pour l'étude qualitative. Ils ont été choisi pour
leur âge. Par définition, tous les hommes utilisent au moins un
produit cosmétique pour leur hygiène. Concernant les soins
visage, les non-consommateurs n'ont pas été écartés
de l'étude, un homme de 45 ans s'est révélé
réfractaire aux soins visage. Les treize répondants ont
été classés en quatre générations,
conformément à l'étude documentaire. La
génération Z concerne les individus de moins de 20 ans, la
génération Y, de 20 à 35 ans, la génération
X de 36 à 50 ans, et une catégorie s'ajoute à celles-ci,
les séniors. Les séniors sont définis comme des individus
de plus de 50 ans.
- Lucas C., 16 ans, lycéen, Tours
- Yann P., 17 ans, lycéen, Tours
- Valentin C., 19 ans, serveur dans l'hôtellerie
restauration, Tours
- Olivier A., 26 ans, chef de produit, Paris
- Gwenaël C., 30 ans, coordinateur services
généraux, Paris
- Joseph S., 32 ans, chargé de ressources humaines,
Paris
- Nicolas S., 33 ans, géomètre, Tours
- Yoan H., 39 ans, agent SNCF, Tours
- Gilles G., 45 ans, responsable de pôle digital, Paris
- Bruno S., 48 ans, chef d'équipe dans l'imprimerie,
Tours
49
- Stéphane S., 51 ans, lieutenant sapeur-pompier, Tours -
Lionel C., 53 ans, commercial grands comptes, Paris - Jean-François G.,
61 ans, pharmacien, Tours
Pour que l'étude soit pertinente, un minimum de deux
individus par génération a été interviewé.
Lorsque deux avis divergents ont été observés au sein
d'une même génération, un troisième voir d'un
quatrième individu a été entendu pour confirmer l'un des
deux points de vue.
6. Les limites de l'étude
L'étude se limite à treize hommes dont six
d'entre eux résident à Paris et huit à Tours, en
région Centre Val de Loire. Bien qu'une partie de ces hommes vive en
métropole, et l'autre en province, l'échantillon n'est pas
entièrement fidèle à la population française. Afin
de ne pas restreindre l'étude, les hommes n'ont pas été
choisis en fonction de leur CSP. Celle-ci pourrait cependant avoir un impact
sur la consommation de cosmétiques. Les consommateurs ayant un plus haut
pouvoir d'achat auront, en théorie, plutôt tendance à
rechercher la qualité et la performance plutôt qu'un prix bas.
Treize hommes de 16 à 61 ans ne constituent pas un échantillon
suffisant pour représenter les 32 millions d'hommes français. Ils
permettent de modéliser des comportements types en fonction de
l'âge du consommateur.
La perception qu'un homme a d'un produit cosmétique se
limite à des images montrées lors des entretiens. Seul le sens de
la vue est sollicité chez le répondant lors de cette
étude. Les sens de l'odorat et du toucher peuvent être
utilisés grâce à des tests de produits. Cependant, allant
de 5 à plus de 20 euros, il semblait difficile financièrement de
se procurer les six produits. Dans l'incapacité d'en choisir un
plutôt qu'un autre, étant donné l'étendue de l'offre
et des canaux de distribution, l'option visuelle a été
privilégiée. La piste des échantillons de produits a
également été envisagée, en revanche, la grande
distribution et la pharmacie ne permettent pas d'obtenir des
échantillons de leurs produits. Une étude autour des produits
tout en stimulant les sens du toucher et de l'odorat de l'interrogé
pourrait compléter la présente étude. La
modélisation des comportements pourrait être
complétée par une approche plus sensorielle des produits et une
observation des répondants face à des textures ou des odeurs.
50
II. Les résultats
Les entretiens ont tous été enregistrés
par dictaphone. Ces enregistrements audio permettent une exacte
retranscription, entièrement fidèle aux dires des
répondants. Aucun mot n'a été modifié lors de la
retranscription. La retranscription va permettre d'analyser son contenu.
L'analyse de contenu est une « procédure de réduction des
données qui consiste à clarifier dans un nombre restreint de
catégories un grand nombre de mots et d'expressions. » (Weber,
1985, cité par Jolibert & Jourdant, 2011). Cette analyse va
permettre de synthétiser les informations collectées en une
grille d'analyse, qui a pour objet d'interpréter les données.
Cette analyse va se scinder en deux dimensions complémentaires. Tout
d'abord, l'analyse verticale permettra de dresser les comportements types des
consommateurs, et l'analyse horizontale ira plus en profondeur dans le discours
des répondants en comparant leur point de vue selon les
thèmes.
1. L'analyse verticale
Tout d'abord, les treize répondants à
l'étude ont été classés en fonction de leur
âge et leur appartenance à une génération.
L'âge étant la clef de cette étude, les répondants
seront identifiés par leur âge dans l'analyse. Les
interrogés ont entre 16 et 61 ans et sont regroupés en quatre
groupes (figure 15).
Figure 15. Âge des hommes
interrogés, classés par génération.
Tous les hommes interrogés utilisent les produits
d'hygiène dits « de base » à savoir, le gel douche, le
shampoing, le déodorant et le dentifrice. La revue littéraire le
confirme et le marché de ses produits là se porte bien.
51
Il n'y a rien de surprenant au fait qu'aucun homme
interrogé ne considère l'univers des cosmétiques comme
purement masculin. En revanche, la majeure partie d'entre eux considère
l'usage de cosmétiques aussi bien féminin que masculin. Les
mentalités changent peu à peu et les cosmétiques ne sont
plus réservés aux femmes (figure 16). Le fait que certains hommes
ne consomment pas ou plus de cosmétiques n'a pas de rapport avec leur
vision du mot « cosmétique », d'après leurs dires.
Figure 16. La perception du terme
cosmétique.
Contrairement aux observations de la revue littéraire,
l'étude qualitative n'a pas démontré de rapport
réel entre l'âge d'un homme et sa consommation de soin du visage
(figure 17). Mis à part pour les interrogés ayant passé la
cinquantaine, ou qui s'en approche, car ils consomment plus de soins du visage
que les hommes plus jeunes. Les hommes à partir de 48 ans ont une
consommation de soins hydratants visage allant de régulière
à passionnée. La non consommation concerne deux individus, de 45
et 32 ans, n'ayant jamais utilisé de soin hydratant pour le visage de
leur vie. Ces deux individus n'ont aucune idée de l'utilité de
ces produits. Les deux hommes de 30 et 16 ans ont déjà eu recours
à une crème hydratante pour le visage mais ont
arrêté d'en consommer. Les interrogés de 17, 19 et 33 ans
ont un recours occasionnel à la crème hydratante. Ils utilisent
un soin du visage moins d'une fois par mois tandis que l'homme de 39 ans
utilise une crème hydratante toutes les trois semaines environ. Le jeune
de 19 ans est à la limite du non consommateur puisque son utilisation se
résume à quelques fois par an. La consommation
régulière implique un usage de crème hydratante visage une
fois par jour et la durée d'utilisation supérieure à un
an. L'homme de 48 ans a commencé à utiliser une crème
hydratante il y a 10 ans. Le soixantenaire, quant à lui, utilise une
crème hydratante quotidiennement sur son visage depuis une vingtaine
d'années. Les hommes de 26 et 53 ans
52
ont pris l'habitude de s'appliquer une crème depuis
l'adolescence. Ayant une différence d'âge de 27 ans, il est
logique que le jeune homme de 26 ans ait une utilisation plus récente.
Le dernier homme, de 51 ans, utilise une crème hydratante plus d'une
fois par jour, il a donc une utilisation passionnée de ce produit.
En conclusion, la génération Z n'est pas plus
soucieuse de son apparence qu'un homme plus âgé et a même
moins recours aux soins qu'un homme de la cinquantaine. Les hommes de la
cinquantaine ont pour la plupart une expérience plus étendue des
produits de soin, et désirent tout d'abord lutter contre les effets du
temps.
Non consommation
|
Occasionnelle
|
Régulière
|
Passionnée
|
45 32 30 16 19 17 33 39 48 26 61 53 51
Figure 17. Consommation de crème
hydratante visage des interrogés.
Même si l'âge d'un homme n'a visiblement pas
vraiment d'influence à proprement parler sur sa consommation de
crème hydratante, on peut tout de même établir une relation
entre son recours à une crème et des problèmes de peau
(figure 18). Les trois hommes en rouge, qui n'utilisent pas ou plus de soin
hydratant déclarent n'avoir aucun de problème de peau, ni dans
leur jeunesse, ni actuellement. Les trois jeunes de la génération
Z ont vu leurs problèmes de peau disparaître, et ont donc
stoppé ou fortement réduit leur utilisation de crème
hydratante. Cependant, les deux individus de 26 et 53 ans, ont eu une
acné très intense à leur adolescence, et ont subi le
même traitement contre l'acné. La Roaccutane est un traitement
très lourd qui nécessite dans tous les cas une hydratation du
visage. Ces deux individus déclarent utiliser des crèmes
hydratantes encore aujourd'hui car ils ont pris cette habitude à
l'adolescence, vers 1617 ans. En plus d'un problème d'acné,
l'homme de 53 ans déclare avoir toujours de l'acné mais
également que le rasage fragilise sa peau, sa peau est donc
sensibilisée. Bien que le jeune homme de 16 ans ait suivi le même
traitement acnéique, mais il a aujourd'hui décidé
d'arrêter d'utiliser des crèmes hydratantes, son acné ayant
disparue, et son traitement est terminé. Un épisode
acnéique violent au cours de l'adolescence a tendance à
conditionner un homme dans son rapport au cosmétique, se
révélant formateur et l'utilisation de crèmes hydratantes
à tendance à s'ancrer dans leurs habitudes.
53
Les hommes de 33 et 39 déclarent avoir la peau
sèche seulement à certaines périodes de l'année ;
l'été avec le soleil, et l'hiver avec le froid. Ceci explique
donc leur recours seulement occasionnel à la crème hydratante.
Les individus de 48, 51 et 61 ans n'ont eu d'épisode
acnéique durant leur jeunesse, leur utilisation réside dans
l'entretien de leur peau, et a été déclenchée par
la découverte de quelques rides vers la quarantaine. Ces hommes
n'utilisent paradoxalement pas de crème dite « antiride » mais
simplement une crème hydratante.
Non consommation
|
Occasionnelle
|
Régulière
|
Passionnée
|
45 32 30 16 19 17 33 39
48 26 61 53 51
Aucun
|
Acné Juvénile
|
Peau sèche
|
Rides
|
32 30 45 17 19 16 26 53 33 39
51 48 61
Figure 18. Rapport entre la consommation de
crème hydratante et les problèmes de peau.
Les hommes achètent leurs produits d'hygiène,
pour la quasi-totalité, en grandes et moyennes surfaces en même
temps qu'ils font leurs courses (figure 19). Mais leurs achats concernent
également d'autres produits, hors hygiène, comme les produits
coiffants, les hydratants corps et visage, les produits pour barbe et les
parfums, qui ont été cités par les répondants. Il
s'avère que les grandes et moyennes surfaces sont en effet le circuit de
distribution préféré des hommes. Or, l'étude
documentaire plaçait les grandes surfaces spécialisées, du
type Sephora, comme le second canal de distribution de produits
cosmétiques. Les hommes privilégient la pharmacie à la
grande surface spécialisée pour leurs achats. L'étude
documentaire a révélé que le site internet Sephora est un
des sites proposant des cosmétiques masculins qui comptabilise le plus
de clics. Même si le nombre de clics est important, les hommes ne se
rendent pas dans les magasins physiques. Un seul homme se fournit chez les
professionnels pour ses produits, c'est-à-dire chez le coiffeur et le
barbier.
54
GSS
|
GMS
|
Pharmacie
|
Professionnels
|
30 33 16 17 39 45 48 51 26 53 61 (16)
(19) 32
19
Figure 19. Circuit de distribution
préféré des hommes.
On peut remarquer une corrélation entre les
problèmes de peaux dit « graves » comme l'acné
entraîne l'utilisation de produits provenant de pharmacie (figure 20).
Les jeunes de 16 et 19 ans disent avoir eu recours à des crèmes
pharmaceutiques pendant la durée de leur traitement, puis sont
retournés aux produits de grandes et moyennes surfaces. Seuls les hommes
de 26 et 53 ans ont continué à recourir aux produits
pharmaceutiques.
Aucun
|
Acné Juvénile
|
|
|
Peau sèche
|
|
|
|
Rides
|
32 30
|
45 17 19
|
|
16
|
26
|
53 33 39
|
51
|
|
48 61
|
GSS
|
|
GMS
|
|
|
|
|
Pharmacie
|
|
|
|
Professionnels
|
30
|
33 16 17
19
|
39
|
45
|
48
|
51 26 53
|
61
|
(16)
|
(19) 32
|
Figure 20. Rapport entre les problèmes
de peau et le lieu d'achat des cosmétiques (hors
hygiène)
Les hommes ont une raison bien précise de recourir aux
produits cosmétiques (figure 21). Ils emploient également des
termes bien précis pour illustrer leur utilisation. Lorsque les
cosmétiques sont utilisés de manière « fonctionnelle
» ou « de base », comme c'est le cas pour les hommes de 45 et 16
ans, cela peut s'apparenter à une utilisation qui a l'hygiène
pour seul objectif. Les produits qu'utilisent les hommes sont également
un indice pour identifier l'usage qu'ils en ont. Si l'interrogé
n'utilise que des produits d'hygiène et pas de soin, logiquement l'usage
sera alors l'hygiène. Lorsque le recours au soin est « rare »,
alors les cosmétiques sont utilisés pour l'hygiène. Un
autre cas se présente, lorsque l'individu est à la
frontière entre l'hygiène est le soin, c'est qu'il a recours
à un produit qui n'est pas du registre de l'hygiène,
55
lorsque le besoin de soin se fait sentir, par moment dans
l'année. L'individu n'utilise que « très peu » de
soins.
En revanche, quand un individu utilise un produit autre qu'un
produit d'hygiène, de façon régulière, pour lutter
contre un désagrément, alors l'utilisation est faite pour le
soin, en réponse à un problème. Le mot « soin »
est en clairement mentionné par la majeure partie de ces individus. Le
jeune homme de 17 ans qui se trouve à la frontière entre le soin
et le plaisir, dit utiliser une crème hydratante pour lutter contre une
« peau sèche » mais ce même individu déclare
aimer avoir la « peau douce ». Ce produit a pour lui deux
utilités, le plaisir et le soin. La notion de plaisir peut être
clairement explicitée par les interrogés mais peut aussi se
traduire par des termes comme « pour moi ». De l'hédonisme pur
où le produit est utilisé uniquement pour soi, pour se faire
plaisir. Une dimension sensorielle s'ajoute à la notion de plaisir. Le
toucher est important pour ces hommes, que ce soit pour une huile de barbe qui
rend le poil doux et souple, ou pour la peau du corps, qui semble plus douce
après l'application d'une crème. L'utilisation d'un produit
cosmétique peut-être purement esthétique dans ce cas,
puisque le produit n'apporte pas de solution à un problème.
Hygiène
|
Soin
|
Plaisir/Bien-être
|
45 16 19 33 39 26 53 51 61 48 17 30 32
Figure 21. La raison d'utilisation d'un
produit cosmétique.
On peut néanmoins remarquer que la fréquence
d'utilisation d'un soin du visage à un lien de corrélation avec
la raison d'utilisation d'un produit cosmétique (figure 22). Si un homme
n'utilise pas ou peu de crème hydratante pour le visage, il aura une
utilisation bien plus liée à l'hygiène ou au plaisir. Les
problèmes de peau inexistants ou légers ramènent les
consommateurs à un usage hygiène ou plaisir également. Il
est possible d'en conclure que le soin est perçu comme une
réponse à un problème donné, et non à un
usage plaisir. Prendre soin de sa peau n'est pas perçu comme du
bien-être de la part des hommes. Un homme sans problème de peau ne
prendra pas forcément soin de sa peau, alors qu'à l'inverse, un
homme ayant ou ayant eu de lourds problèmes prêtera d'avantage
attention à la peau de son visage. L'apparition d'imperfection sur la
peau peut être considérée comme un déclencheur de
l'achat de produits cosmétiques. Dans ce cas-ci, c'est l'apparition des
premières rides, ou de zones de sécheresse.
56
L'hédonisme n'est visiblement pas encore répandu
chez les hommes, le bien-être n'est que très peu relié aux
cosmétiques. C'est là que réside la plus grande
différence avec les femmes, qui utilisent des produits
cosmétiques majoritairement pour se faire plaisir, pour se sentir
bien.
Non consommation
|
Occasionnelle
|
Régulière
|
|
Passionnée
|
45 32
|
|
30 16 19 17
|
33 39 48
|
26
|
61 53 51
|
Aucun
|
|
|
Acné Juvénile
|
|
Peau sèche
|
|
|
Rides
|
32 30 45
|
|
17 19 16 26
|
53 33 39 51
|
|
48 61
|
Hygiène
|
|
|
Soin
|
|
|
|
Plaisir/Bien-être
|
45
|
16
|
19 33 39
|
26 53 51 61
|
48
|
17 30 32
|
Figure 22. Rapport entre la fréquence,
la raison d'utilisation des cosmétiques et les problèmes
de peau.
L'analyse verticale des interrogés a permis de mettre
en lumière plusieurs comportements de consommateurs selon plusieurs
critères ; en fonction de l'âge, des problèmes de peaux et
des motivations d'utilisation. L'analyse horizontale va permettre d'approfondir
ces données et surtout de comprendre la perception des hommes sur le
monde des cosmétiques.
2. L'analyse horizontale
Tout d'abord, en ce qui concerne les entretiens semi-directif,
une tendance s'est dégagée dans le discours des jeunes de la
génération Z. Le recours aux trois techniques de relance a
été plus important, étant donné les réponses
courtes des répondants. Les interrogés étaient bien plus
hésitants que les répondants des autres
générations. La conversation était plus fluide, les jeunes
avaient besoin de plus de temps pour répondre. Pour un répondant
de moins de 20 ans, quasiment chaque intervention a démarré par
un « mmmmh » d'hésitation, et ponctuée par des «
euh ». Cette hésitation et ces temps de réflexions peuvent
traduire un manque de connaissance du sujet, malgré les techniques de
relance et le maintien de la fluidité de l'échange.
57
2.1. Consommation
Tous les hommes sans exception font appel aux
cosmétiques dans un souci d'hygiène en premiers lieux. Ils
avouent utiliser du déodorant, du gel douche, du shampoing et du
dentifrice. C'est une pratique ancrée dans leurs moeurs, l'usage de ces
produits est un rituel. En revanche, quelques hommes n'ont pas encore le
réflexe d'utiliser un soin pour la peau de leur visage. Certains ont
essayé, mais ont vite abandonné ou fortement réduit leur
utilisation, pour des motifs différents. Deux hommes n'ont même
jamais eu l'idée d'essayer, car ils n'en voient pas l'utilité ;
« Je ne sais même pas ce que c'est, je vois que c'est pour hydrater
la peau, je n'ai jamais essayé et je n'ai même pas envie
d'essayer. », un homme a même tenté de comprendre « J'ai
déjà vu ça je lui ai demandé ce que c'était.
(É) je leur ai demandé à quoi ça servait ».
Cependant, l'usage de la crème hydratante n'est absolument pas
ancré dans les habitudes de ces hommes, ce sont des non-consommateurs
réfractaires. L'utilisation de ce type de produit passe avant tout par
la compréhension de son utilité.
En revanche, tous les hommes interrogés dans
l'étude estiment qu'ils auraient eu recours au soin s'ils avaient un
réel problème. Le soin de l'homme passe avant tout par une
réponse à un problème connu. Pour corriger des rides, pour
des problèmes d'acné, de peau sèche et sensible. La notion
de plaisir pour un soin du visage n'est en aucun cas nommée. Pour un
homme le soin « soigne » un mal. Si un homme estime que sa peau est
bonne, c'est-à-dire qu'elle n'a pas d'imperfection apparente, il n'ira
pas spontanément utiliser un produit cosmétique. Ces hommes
déclarent également que si un problème de peau survenait,
ils se tourneraient vers un dermatologue. Or, une peau perçue comme
« normale », sans imperfection apparente, est très rare. Elle
est soit sensible, grasse/à imperfection soit sèche (Verschoore,
2016). Par définition, toutes les peaux ont besoin de soin et d'autant
plus la peau de l'homme, car elle est plus épaisse mais plus fragile.
Comme l'a démontré l'étude documentaire,
le rôle de la femme est encore très présent pour plus de la
moitié des hommes (figure 23). Qu'elles soient mères, petites
amies, cousines, ou conjointes, elles ont un rôle de conseillère
et parfois même d'acheteuse. Dans certains cas, elles montrent les gestes
de beauté les plus simples. Les hommes qui ne sont à l'origine ni
de la décision, ni de l'acte d'achat ne sont absolument pas
impliqué dans leur consommation. A tel point que ces hommes ont du mal
à citer la marque du produit qu'ils utilisent. Les hommes sont
dépendants d'une femme. Si la femme en question n'achète pas le
produit, les hommes ne l'utilisent pas, et n'iront pas en acheter. En
particulier chez les jeunes hommes, qui ne font pas
58
les courses. Ils ne s'imaginent pas aller dans un
supermarché acheter de la crème pour le visage. Ils sont
très éloignés de l'acte d'achat. La mère a un
rôle de formateur et de pédagogue. C'est elle qui achète
les premiers produits. Lorsque ce n'est pas la mère qui fait
l'éducation cosmétique d'un homme, un professionnel prend le
relais. Le dermatologue inculque une routine à l'homme, qu'il est
susceptible de garder toute sa vie. Cette routine et ses enjeux sont
expliqués au consommateur qui devient peu à peu acteur de sa
consommation, et gagne en autonomie. Le dermatologue transmet les gestes et les
pratiques. La beauté n'est pas le but, c'est le soin. Cette
différence pourrait être une explication d'un ancrage de la
pratique de soin dans les habitudes de l'homme. Certains hommes ont la
même routine depuis l'adolescence, en raison de rendez-vous
fréquents chez le dermatologue. Les habitudes se prennent à deux
moments clefs de la vie : quand le garçon se construit en tant qu'homme,
à l'adolescence, et quand sa peau change, quand elle commence à
prendre de l'âge. Bien que les premières rides apparaissent
dès 30 ans (Verschoore, 2016), la prise de conscience se fait le plus
souvent entre la quarantaine et l'approche de la cinquantaine. En
réalité, plus un homme est informé à propos des
cosmétiques, plus il sera susceptible d'en consommer.
La non-implication de l'homme dans la décision et
l'acte d'achat rend l'utilisation d'un produit inhabituelle. Comme il ne l'a
pas choisi, il ne comprend souvent pas pourquoi il faut l'utiliser
quotidiennement : « C'est pas une habitude pour moi. », « je
suis pas du genre à me pomponner ». Ce n'est pas dans ses habitudes
et il ne l'utilise pas de façon régulière : « Quand
j'y pense en fait ».
Lorsque la femme achète un produit pour l'homme, c'est
généralement lorsqu'elle fait les courses en grandes et moyennes
surfaces. Cette tâche est encore très féminine, mais il est
visible dans les résultats de l'étude que l'homme devient
autonome avec l'âge pour ce qui est des produits de soin. Tout
dépend de la raison pour laquelle il consomme des cosmétiques. Si
la prise de conscience est personnelle, et non influencée par une femme,
alors l'homme ira l'acheter lui-même. Si l'habitude s'est prise à
l'adolescence, il sera également autonome.
Rôle des femmes dans l'acte d'achat et la consommation
« Ma mère me faisait un gommage de temps en temps
» Lucas, 16
« Vu que c'est ma mère qui fait les courses
(É), c'est elle qui achète tous les produits » Lucas 17
« Ma mère dit que c'est ce qu'il y a de mieux pour la
peau. » Lucas,17
|
59
« Ma mère m'a acheté le Mixa
Bébé y a longtemps et depuis j'ai toujours ça » Yann,
17
« je me vois pas aller les acheter moi-même »
Yann, 17
« généralement quand je sais que ma
mère va faire les courses au supermarché (É) je lui
demande de choisir » Valentin, 19
« Ma copine a essayé de m'en faire mettre plus
souvent » Valentin, 19
« C'est ma copine qui m'a dit de le faire » Olivier
A., 26
« Ma mère me disait de mettre de la crème
(É) quand j'étais petit » Gwenaël C., 30
« Crème hydratante pour le corps (É) je
dois utiliser celle de mon amie d'ailleurs » Nicolas
S., 33
« C'est mon amie qui m'a conseillé de l'utiliser
» Nicolas S., 33
« C'est plus mon amie qui s'occupe de ça »
Nicolas S., 33
« Elle va faire les courses en grande surface, ou chez
Sephora par le biais de ma cousine »
Nicolas S., 33
« Ma femme aussi parfois (achat), mais souvent c'est moi
» Bruno S., 48
« C'est moi et ma femme. Quand on va faire les courses.
» Stéphane C., 51
Figure 23. Le rôle des femmes dans
l'utilisation ou l'acte d'achat.
L'autonomie en matière d'utilisation de
cosmétiques varie d'un homme à l'autre, mais les hommes les plus
autonomes sont généralement ceux qui consomment le plus de
cosmétiques. Bien que les femmes tentent de sensibiliser les hommes
à la beauté, les habitudes ne se prennent pas de cette
manière.
2.2. Attentes
Les hommes ont plusieurs attentes par rapport à un
produit cosmétique. Tout d'abord, la majorité des hommes
attendent de l'efficacité (figure 24). Que ce soit une utilisation pour
le plaisir, pour l'hygiène ou pour le soin, l'efficacité est le
critère commun à tous les produits utilisés par les
hommes. Ils ne conçoivent pas l'utilité d'un produit si elle
n'est pas liée à une efficacité particulière.
Appliquer un produit juste pour le plaisir de l'appliquer ne leur suffit pas.
Ils en attendent un bénéfice visible et rapide.
L'efficacité peut être mentionnée directement par les
interrogés, mais elle peut également se traduire par d'autres
termes, selon les produits dont ils parlent. En ce qui concerne une
crème pour le visage, il est impératif « qu'elle hydrate
bien » et « qu'elle fasse sont effet ». La peau sèche
doit être hydratée, et que ce ne soit pas visible après
l'application. L'hydratation oui, l'aspect gras, surtout pas. Les hommes ont
60
naturellement une peau plus grasse que les femmes, en raison
d'une production de sébum plus importante (Verschoore, 2016). Les
hommes, même s'ils considèrent leur peau comme « normale
» déclarent tout de même avoir des zones plus grasses. Ils
déplorent des zones sèches et grasses sur leur visage. Il faut
donc que la crème hydratante réponde à ces deux
problèmes, qu'elle hydrate correctement les zones sèches, mais
qu'elle ne contribue pas à graisser les zones à tendance grasse.
L'efficacité peut aussi être traduite par les consommateurs par de
la qualité. Lorsqu'ils mentionnent le terme « qualité »
c'est bien souvent pour illustrer le fait que le produit tient ses promesses.
Que le produit vienne de grande surface ou de pharmacie, s'il remplit ses
fonctions, alors il aura un aspect qualitatif pour le consommateur.
L'efficacité est la clef de l'utilisation d'un produit
pour un homme. Un produit perçu comme non efficace sera vite
abandonné par l'homme. Dans un des cas, un jeune homme raconte qu'il n'a
toujours pas trouvé de crème vraiment efficace et qui lui
convenait, et c'est la raison pour laquelle il n'en consomme pas.
Les attentes : efficacité
« Qu'elle hydrate bien la peau (É) tout en
étant pas trop grasse » Lucas, 16
« Bah qu'elle hydrate bien. C'est ce qui se passe avec ma
crème » Yann 17
« Qu'elle ne laisse pas de film gras » Valentin, 19
« Il faut qu'elle soit efficace, c'est primordial »
Olivier, 26
« Si je devais utiliser une crème pour le visage,
j'aimerais qu'elle soit efficace. » Gwenaël,
30
« Vraiment que ça hydrate, que ça joue son
rôle en fait » Nicolas, 33
« ma crème fait plutôt gras au début,
mais après ça reste pas c'est important. » Yoan, 39
« L'efficacité » Gilles, 45
« la sensation qu'elle fait bien son effet » Bruno,
48
« j'en prends une qui est hydratante et matifiante aussi.
Ça évite que ce soit trop gras sur le
visage » Stéphane, 51
« Faut que ça pénètre vite et que
ça ne reste pas en surface » Jean-François, 61
Figure 24. Les attentes masculines en terme
d'efficacité.
Les hommes ont une approche également sensorielle des
produits qu'ils utilisent. L'efficacité va de pair avec une notion de
plaisir. Mais l'un ne va pas sans l'autre. L'odeur est un critère
déterminant pour les consommateurs de cosmétiques (figure 25).
Contrairement à ce qu'a
61
démontré la revue littéraire, les hommes
ne sont pas forcément partants pour une odeur très masculine
lorsque cela touche leur visage. Les produits d'hygiène peuvent sentir
« l'homme » avec des odeurs de « musc » ou «
ambrée ». Mais le visage, c'est une autre histoire. Le soin est
assimilé à la neutralité. Les hommes recherchent les
odeurs neutres, légères, fraîches. Les odeurs dites «
féminines » sont à proscrire. Elles sont du registre du
floral, du fruité, et du sucré. L'absence totale d'odeur est
même préférée par certains hommes, d'autant plus
s'ils achètent leurs produits en pharmacie. Les produits
d'hygiène et les produits de soin font partie de deux catégories
bien distinctes. Les déodorants, les savons ont pratiquement
l'obligation d'avoir une odeur typiquement masculine, en apportant des notes
boisées et marines, mais les produits de soin doivent passer
inaperçu être frais et légers. La texture peut
également avoir son importance, la fluidité remporte plus de
succès chez les hommes. Il faut que la crème « ne colle pas
», « Faut que ce soit léger, onctueux ».
Les attentes : l'aspect sensoriel
« j'aime bien les odeurs pas trop fortes, c'est frais »
Lucas, 16
« Les trucs qui sentent fort, qui sentent le mec quoi »
Yann 17
« J'ai horreur quand ça sent la fille, la fleur, le
fruité » Yann, 17
« j'ai pas aimé du tout (É) c'était une
forte odeur (É) Je préfère un produit avec une odeur
plus neutre » Valentin, 19
« l'odeur, c'est important » Gwenaël, 30
« S'ils sortent une nouvelle crème dans la même
gamme, je vais la sentir » Gwenaël, 30
« c'est plutôt une question d'odeur, la mienne a une
petite odeur de bois ambré » Joseph, 32
« J'aime bien les odeurs légères pour tous les
produits que j'utilise. » Nicolas, 33
« Pour la crème pas trop d'odeur justement, que
ça reste naturel » Yoan, 39
« c'est plutôt l'odeur, je sens le produit avant de
l'acheter. » Gilles, 45
« Et surtout l'odeur. Faut pas que ce soit trop
féminin, ça me dérange, mais pas trop homme
non plus, j'aime bien les odeurs neutres. » Stéphane,
51
« il me faut des gels à raser que ma peau
tolère, pas de parfum » Lionel, 53
« l'odeur j'aime bien quand il n'y en a pas justement
(É) Pour les autres produits ça ne me
dérange pas mais pas sur le visage »
Jean-François, 61
Figure 25. Les attentes des consommateurs en
terme d'odeur
62
Le prix reste malgré tout une préoccupation
importante pour les consommateurs de cosmétiques (figure 26). Qu'ils
soient prêts à mettre une certaine somme dans un cosmétique
ou non, ils mentionnent cet élément dans leur discours. Force est
de constater que seul les jeunes de la génération Z n'ont pas
mentionné le prix dans les attentes qu'ils ont d'un cosmétique.
Il est possible d'expliquer cela par l'intervention de la mère dans
l'achat. Ce sont les mères qui achètent les produits de leur
fils, et ils n'ont donc pas à débourser d'argent pour
acquérir un produit de beauté. Ce sont les mères qui
décident combien elles sont prêtes à dépenser dans
l'achat d'un cosmétique masculin. Ces jeunes ne sont pour la plupart,
pas autonome financièrement, et compte sur leurs parents pour acheter
les produits de première nécessité. Bien que l'un d'entre
eux soit salarié, il compte tout de même sur sa mère pour
lui acheter ses produits.
Les grandes et moyennes surfaces ont une image bon
marché par rapport aux pharmacies. Les hommes sont conscients que la
pharmacie propose des prix plus élevés, mais les produits
pharmaceutiques ont également une image plus qualitative. La notion de
prix reste subjective à chaque homme et dépend de l'utilisation
qu'il a du produit en question. Pour l'un, 8 euros va représenter une
grosse somme, car il n'en voit pas vraiment l'utilité, alors que pour un
autre 30 euros est un investissement sur la durée. Certains hommes sont
convaincus que la qualité passe par un prix élevé. La
santé de leur peau est importante et ils ne sont pas freinés par
les prix élevés. Les hommes qui ne prêtent pas attention au
prix d'un soin hydratant sont, bien évidemment ceux qui ne les
achètent pas. C'est alors à la femme que revient le choix de la
somme à allouer dans ce produit.
Les attentes : le prix
« je sais que c'est de la qualité mais c'est pas trop
cher non plus. Quoi que c'est un peu cher."
Olivier, 26
« Je l'ai pas racheté parce qu'il coûte cher,
il est à 8 euros je crois » Gwenaël, 30
« Je vais pas mettre 30 euros dans une crème sans
connaître le résultat avant » Gwenaël, 30
« Ça coutait 10 euros je crois et j'ai trouvé
ça nul, ça n'a pas tenu, ça n'avait pas grand
intérêt » Joseph, 32
« Je peux mettre le prix si c'est de la qualité
» Joseph, 32
« ça m'a coûté 30 euros (É) je
pense aussi que ça va me tenir plus d'un an » Joseph, 32
« je mets 20 euros et ça me dure plus d'un an »
Joseph, 32
« j'écouterais ce qu'elle (la vendeuse) me dit mais
ça dépend du prix » Nicolas, 33
63
« Le prix c'est important » Yoan, 39
« en pharmacie, c'est souvent plus cher, mais c'est pas
pratique » Yoan, 39
« En grande surface, (É) peut-être par un
souci d'économie » Bruno, 48
« C'est vrai que c'est plus cher en pharmacie »
Bruno, 48
« le prix c'est important aussi quand même. Je vais
pas mettre des mille et des cents dans une
crème pour le visage » Bruno, 48
« les crèmes de jour sont pas données
» Stéphane, 51
« un bon rapport qualité/prix »
Stéphane, 51
« mettre le prix pour avoir de la qualité »
Lionel, 53
« c'est des soins, c'est important, je
préfère mettre le prix » Lionel, 53
« Je préfère largement les produits de
pharmacie que les grandes surfaces » Jean-François,
61
Figure 26. Le rapport des hommes au prix d'un
produit cosmétique.
Peu d'hommes ont mentionné la forme du produit, car
elle n'a pas réellement d'importance pour eux. Deux hommes ont
soulevé le problème du conditionnement en mentionnant sa taille.
Ces hommes se déplacent régulièrement et déplorent
qu'aucun petit conditionnement ne soit disponible pour leurs produits
préférés. « On pense pas aux gens qui sont
itinérants », raconte l'un d'entre eux. Lorsque l'emballage a de
l'importance aux yeux d'un homme, c'est uniquement pour un aspect pratique. Le
format pompe est apprécié, le bouchon un peu moins. Les hommes ne
sont en apparence pas très exigeants en termes de format. En revanche,
certains hommes disent être sensible aux couleurs, qui leur permettent
d'identifier facilement si le produit les concerne ou non. Des couleurs
plutôt foncées, ou qui attirent l'oeil ont plus de succès.
Aucun des hommes ne se tournerait vers un produit rose. Bleu, vert ou beige,
finalement c'est une question de goût. Certains préfèrent
la simplicité, d'autres trouve l'un plus « joli » que l'autre.
Seuls deux hommes ont revendiqué un manque de couleurs vives, de
couleurs « masculines », brutes, foncées,
métallisées. Le vert n'est pas toujours choisi parce qu'il est
bio, mais parce que la couleur les inspire. Chaque homme à ses
goûts, mais aucun d'entre eux ne se tournerait vers un produit rose.
2.3. Familiarité
Lorsque les hommes sont face à des produits vendus dans
différents circuits de distribution, on peut remarquer que les marques
les plus citées sont celles de grandes surfaces ; L'Oréal,
64
Mennen, Nivea For Men. Qu'ils les utilisent ou pas, les hommes
les connaissent dans la grande majorité. La plupart du temps, ils
connaissent ces produits grâce à la publicité et la
notoriété de la marque, preuve que le marketing joue son
rôle. Les produits vendus en pharmacie sont moins connus, car la
majorité des hommes ne se déplacent pas en pharmacie. Seul le
produit vendu exclusivement en grande surface spécialisée n'est
connu par aucun des hommes de l'échantillon. On peut déduire
aisément que les grandes surfaces spécialisées ne sont
fréquentées que par très peu d'hommes, même s'ils
utilisent des soins visage. Selon les lieux qu'ils fréquentent, les
hommes reconnaissent les produits généralement vendus dans ces
lieux. La quasi-totalité des hommes fréquentent les grandes et
moyennes surfaces pour leurs produits d'hygiène, et ils déclarent
avoir déjà vu des produits des marques L'Oréal, Mennen et
Nivea For Men, même s'ils n'utilisent pas les produits qui leur ont
été montrés. Même les produits vendus en pharmacie
et en grande surface spécialisée sont connus par le biais de la
pharmacie. Bien que le magasin Sephora ait été cité par
quelques hommes, ils ne le fréquentent pas. Ils ne sont donc pas
familiers avec le monde de la grande surface spécialisée,
jugée encore féminine, où il est facile de trouver du
maquillage. Même les non-consommateurs de soins visage connaissent les
plus grandes marques de grande distribution, en raison de leur
omniprésence dans les médias. La plupart des hommes
déclare ne pas prêter une grande attention aux publicités,
mais les messages s'ancrent tout de même dans leur esprit. Seulement
trois hommes connaissent les marques vendues en pharmacie, mais aucun d'entre
eux ne connait cette marque grâce à la publicité.
Même s'ils ne prêtent pas attention au marketing, il est possible
d'affirmer que même un intérêt passif à celle-ci
permet de familiariser l'homme au produit. Le fait de connaître une
marque grâce à sa notoriété peut même
être synonyme de qualité ; « La marque (É) c'est un
gage de qualité », « L'Oréal c'est garanti, on sait que
ça marche, on en entend plus parler ». Selon ces hommes, la
qualité fait automatiquement parler d'elle.
3.3. Confiance
Le marketing des cosmétiques masculins a une
très mauvaise image pour la plupart des interrogés. Il s'agit
même parfois d'un sujet sensible, les hommes disent se sentir
manipulés par le marketing « c'est du vent toutes ces pubs
marketing », « pour moi ce n'est que du blabla et je n'y crois pas
», « le publicitaire est chargé de faire son travail ».
Bien qu'ils regardent quelques publicités à la
télévision, sans vraiment les regarder, ils n'y croient pas, et
ne sont pas convaincus. Ils ne se retrouvent pas dans les publicités de
cosmétiques, pour bon nombre d'entre eux (figure 27). Plus les hommes
sont jeunes, moins ils se retrouvent dans les
65
campagnes de publicités mettant en scène des
sportifs ou des acteurs. Ils se sentent très éloignés de
ces hommes à l'allure parfaite, probablement retouchée. Ils
aspirent à voir des hommes comme eux, imparfaits et avec des
problèmes de peau, pour les plus jeunes. Les plus jeunes rejoignent
l'homme de 61 ans et s'accordent à dire qu'ils ne sentent pas
visés, puisque les hommes sur les photos n'ont pas leur âge. Ils
se sentent totalement déconnectés de ces publicités, ces
produits ne sont pas pour eux. Un retour à l'authenticité serait
le bienvenu, plus de naturel, plus de « vrai ».
La crédibilité des campagnes publicitaires
« Ça me concerne pas vraiment. Y en a aucune qui
m'attire. » Lucas, 16
« On sait qu'on est pas comme ça et qu'on sera jamais
comme ça. » Lucas, 16
« J'aimerais voir un mec de mon âge (É) qui en
a vraiment besoin. » Lucas, 16
« C'est des mecs qu'existent pas. Ils font pas vrais. »
Yann, 17
« Je m'y retrouve pas des masses. » Valentin, 19
« Rien nous prouve que les images sont pas
retouchées, trafiquées » Valentin 24
« c'est plus des beaux gosses, des sportifs, c'est plus
vendeur, j'y crois moins » Gwenaël, 30
« je me rase pas donc je me retrouve pas (É) se
maquiller ça ne me ressemble pas » Joseph,
32
« J'aimerais bien lui ressembler mais je m'y retrouve pas
forcément » Yoan, 39
« Le côté mannequin pur et dur... Moi je dis
non. Ça me le fait pas de trop » Bruno, 48
« Je me sens pas concerné par les hommes qui mettent
sur les pubs » Lionel, 51
« Déjà c'est pas ma tranche d'âge
(É) Je me sens pas visé par ces publicités. »
Jean-François,
61
Figure 27. La perception des campagnes
publicitaires de cosmétiques masculins.
L'image sportive fonctionne pour certains hommes qui
pratiquent ou affectionnent le sport. Plusieurs d'entre eux pratiquent ou
regardent le football, et apprécient la référence au
joueur de la coupe du monde 1998, Bixente Lizarazu. Un jeune homme n'a
même pas reconnu le joueur et pensait que c'était un surfeur. Il
est possible d'établir un lien entre le personnage et l'affect des
hommes. Ce joueur a contribué à remporter la coupe du monde de
football en 1998, un grand moment dans les souvenirs des hommes. Les
répondants qui se souviennent de ce moment étaient à
l'adolescence, d'autres avaient la trentaine. C'était un moment heureux
de leur jeunesse, et cela explique l'attachement fort au joueur et donc la
sensibilité à la publicité. Pour les hommes qui ont choisi
cette publicité sans évoquer le football ont
apprécié la nature,
66
et la mer, « c'est plus sympa, ça change. Les
autres c'est toutes les mêmes. ». Dans la quasi-totalité des
cas, le produit est totalement éclipsé par le personnage et la
mise en scène utilisés. Les publicités
télévisées sont mêmes parfois analysées dans
leur construction, et sont tournées en ridicule ; « un
garçon ou une fille qui a un problème, qui met de la crème
et ça va mieux. Je trouve ça drôle ». La relation
entre les hommes les marques semble difficile à établir, sauf si
l'affect rentre en jeu.
L'offre de produits cosmétiques paraît souvent
floue pour les jeunes générations. Ils déclarent «
s'y perdre » dans trop de produits différents. Ils aimeraient plus
de clarté et ne serait pas contre un peu d'aide. Ils ne savent pas
vraiment quoi utiliser et ce qui les concerne vraiment. Contrairement à
ce qu'a démontré la revue littéraire, les hommes
n'adhèrent pas aux produits multi actions 2 en 1, qu'ils ne jugent pas
digne de confiance. Ils se méfient profondément de ces produits
et sont d'avis qu'il ne s'agit que d'une manipulation marketing ; « les
déodorants 5 en 1 (É) Je n'y crois pas une seconde. (É)
c'est du marketing », « Je ne crois absolument pas les produits 2 en
1 », « J'ai un peu de mal avec les produits 2 en 1, j'y crois pas
trop ». Ils ne conçoivent pas qu'un produit puisse avoir plusieurs
actions. Encore une fois, un produit est destiné à corriger un
problème. Un produit pour une solution.
Les hommes des autres générations ne font
confiance qu'à une figure médicale. Il n'y a qu'un dermatologue
qui selon eux peut leur dire s'il y a un réel problème, mais
surtout leur donner une solution. Si un dermatologue leur dit d'utiliser cette
crème, les hommes lui feront confiance et achèteront cette
crème. A l'inverse, les vendeuses n'ont pas beaucoup de
crédibilité auprès des hommes. Pour eux, la «
vendeuse » vend tel ou tel produit pour toucher une commission. Dans un
cas, même le pharmacien est perçu comme un vendeur, qui gagnera
lui aussi une marge sur le produit qu'il vendra. Les hommes ne font confiance
qu'à eux-mêmes et ne valideront un produit que s'ils l'ont
testé et approuvé. Ils sont demandeurs de tests, ils
préfèrent mettre le produit à l'épreuve avant de
débourser une certaine somme. Le test peut représenter une
certaine pédagogie par l'apprentissage autodidacte. Ils désirent
en apprendre plus sur les soins mais n'ont confiance qu'en les dermatologues,
ils se considèrent seuls juges et savent ce dont leur peau a besoin
mieux que quiconque, hormis le dermatologue. L'ignorance et le manque de
confiance freine bon nombre d'hommes et les rendent méfiants face au
monde de la beauté
Les hommes sont tous différents, ils ont tous un
rapport bien particulier à la beauté. Ils proviennent d'univers
différents, ont chacun une histoire, mais il est possible de
dégager des critères communs et des comportements spéciaux
face au cosmétiques. L'utilisation de soins
67
peut être inexistante comme passionnée, tous
semblent méfiants au discours du marketing des cosmétiques
masculins. L'utilisation d'un produit de beauté n'est jamais due au
hasard, l'efficacité passant avant tout. Ils savent ce qu'ils veulent,
et sont seuls juges de ce qui leur convient. Même si bien souvent, la
femme a un rôle prépondérant dans l'utilisation voire
l'achat de cosmétiques, ce sont tout de même les hommes qui les
utilisent et ils restent seuls décideurs. Tous les hommes ont en commun
la fidélité. Une fois qu'ils ont trouvé le produit qui les
satisfait, ils n'en changent que rarement. Les hommes sont difficiles à
séduire, mais une fois qu'ils ont trouvé leur compte dans un
produit, ils y restent fidèles. Ils ne se tourneront vers un autre
produit que s'ils trouvent plus efficace. Si leur produit remplit ses fonctions
et tient ses promesses, alors il sera adopté par l'homme. Une femme sera
bien moins fidèle à un produit qu'un homme. Mais un homme a
besoin d'essayer le produit, de se l'approprier avant de l'adopter totalement.
Les hommes sont globalement plus fidèles à un produit qu'à
une marque. La qualité et l'efficacité le séduiront bien
davantage qu'un discours. A l'inverse, les jeunes générations
sont plus sensibles au discours qu'au produit, et se reconnaitrons plus
aisément dans une marque avec qui ils ont des valeurs communes.
Les hommes sont encore une cible à conquérir,
mais c'est un marché hétérogène, et long à
séduire. L'homme aussi est maintenant soumis à des diktats et
à une course à la jeunesse et à la beauté.
68
PARTIE III. PRECONISATIONS ET RECOMMANDATIONS
I. L'apprentissage
Avant d'envisager une quelconque approche, il est
impératif d'apprendre aux hommes à quoi servent les
cosmétiques. Les produits d'hygiène étant ancrés
depuis bien longtemps dans leurs rituels, il s'agit plutôt de comprendre
en quoi il est important de prendre soin de sa peau. La recherche en
cosmétologie met à disposition bon nombre d'explications sur la
peau masculine, les entreprises sont désormais plus à même
de proposer des produits de mieux en mieux adaptés aux
caractéristiques propres à l'homme. Cependant, tant que le
consommateur final n'est pas conscient des caractéristiques propres
à l'homme, et des besoins que sa peau peut avoir, il ne se tournera pas
vers les produits cosmétiques.
La peau de l'homme est spéciale, c'est
avéré. Elle est fragile, peut être sèche ou grasse,
et c'est normal. L'idée de « problème » doit être
éloignée, et les particularités de la peau masculine
doivent devenir factuelles. L'homme doit être conscient de ce que sa peau
subit chaque jour, de son enfance à sa vieillesse. Une fois que l'homme
aura parfaitement intégré le fait que sa peau a des besoins et
que les produits peuvent répondre à des besoins et non des «
problèmes », l'homme se tournera plus volontiers vers ceux-ci. Le
produit de soin a une connotation de solution à un problème. Or,
même les hommes qui n'ont pas de problème apparent ont besoin de
soin. Le but est de redonner une autre utilité au soin. Pour qu'il fasse
partie de la routine d'un homme, il faut qu'il le décide, et que le
produit soit aussi indispensable qu'un shampoing ou un déodorant. La
peau a besoin d'être hydratée au même titre que les cheveux
ont besoin d'être lavés. La fonction des produits d'hygiène
est comprise de la part des hommes, ils ne se posent plus de question sur leur
utilité. L'utilité d'un produit de soin n'étant pas
comprise, ils vont, par sécurité, s'en éloigner. Les
hommes qui ont eu recours aux soins dermatologiques ont appris l'utilité
d'un soin du visage, et cet apprentissage s'est ancré dans leur
comportement d'adulte. Une figure médicale est plus bienvenue qu'une
figure commerciale. Les jeunes garçons doivent être
accompagnés, et le monde médical les rassure davantage.
Les jeunes filles trouvent leurs conseils auprès de
leur mère et de la communauté internet. Les YouTubeuses
beauté réalisent des tutoriels beauté pour les jeunes
filles et leur apprennent des gestes simples à reproduire chez elle, en
leur donnant des conseils. C'est en reproduisant les gestes qu'elles voient sur
leur écran qu'elles apprennent, et qu'elles découvrent de
nouveaux
69
produits. Cet apprentissage se fait directement à la
maison, dans l'intimité, où elles peuvent faire leurs essais
maquillage sans témoin. Le même principe pourrait être
appliqué aux jeunes hommes, qui suivraient les conseils d'autres jeunes
hommes. Les pères ne jouent pas leur rôle de mentor de la
beauté, parce que les hommes des générations
précédentes ne sont pas plus familiers à ces produits que
leurs enfants. Les hommes ne parlent pas de cosmétiques entre eux, il ne
reste que la mère pour faire l'éducation beauté de leurs
fils. Mais la mère ne connait pas forcément les produits
masculins et les spécificités de la peau masculine. Les femmes,
souvent plus expertes du monde de la beauté que les hommes, ont tendance
à entretenir une dépendance et à enlever toute autonomie
aux hommes en ce qui concerne la beauté. Les hommes se retrouvent
totalement désimpliqués et subissent l'utilisation de soins. Il y
a encore quelques années, les marques de cosmétiques pour hommes
se dirigeaient vers les femmes pour qu'elles achètent un produit
à leurs hommes. Le slogan de L'Oréal « Votre homme aussi le
vaut bien » en est le témoin. Un acteur apprécié de
ces dames y est mis en avant, pour toucher les femmes et les pousser à
l'achat. Il paraît clair que les femmes n'ont pas autant de pouvoir sur
un homme. Même si elles achètent un produit à un homme,
rien ne garantit qu'il va l'utiliser, parce que bien souvent, il n'en voit pas
l'intérêt. Lorsqu'un homme utilise un soin du visage, c'est avant
tout pour se plaire à lui-même, et ainsi plaire aux autres. S'il
n'est pas à l'aise avec le produit, il ne l'utilisera pas.
La publicité n'était pas toujours bien
reçue de la part des jeunes, il serait plutôt
préférable de privilégier la sphère privée,
ou internet. Les jeunes passent de plus en plus de temps sur les
réseaux, et déjà quelques hommes vont chercher conseil sur
la toile. Ils sont capables de faire confiance à des inconnus sur la
toile, bien plus qu'au marketing. Déjà 30 000 hommes suivent les
conseils d'un autre homme sur YouTube pour entretenir leur barbe ou cacher
leurs cernes. Les vidéos réalisées par des jeunes hommes,
plus proches d'eux, avec les mêmes imperfections, dédramatiserait
le recours au soin. Ils ont besoin de savoir que très peu d'hommes ont
une peau parfaite, et qu'utiliser un soin ne veut pas dire qu'il y a un
problème.
La dédramatisation, l'authenticité du discours
et la compréhension de l'utilité du produit sont les clefs pour
rendre l'homme acteur de sa consommation.
II. Le marketing générationnel
Force est de constater que bon nombre d'homme ne s'identifient
pas aux campagnes de publicité qu'ils rencontrent. Les hommes sont tous
différents, certains se rasent, d'autres pas,
70
certains sont sportifs, d'autres pas, certains sont jeunes,
d'autres moins. Il est nécessaire d'adapter le discours à la
cible qu'une entreprise veut atteindre. Cela peut passer par le marketing
générationnel, qui peut être une option pour toucher les
jeunes comme les moins jeunes. Il est cependant impératif de diversifier
sa stratégie marketing pour pouvoir suivre un homme tout au long de sa
vie. Un homme n'a pas 16 ans toute sa vie, ses besoins changent, il grandit, il
vieillit. Ce qui lui plait à 16 ans risque de ne plus lui plaire
à 20 ans ou à 30 ans. Le marketing générationnel a
ses limites et ne peut pas constituer une unique solution pour séduire
les hommes. Une approche générationnelle peut se justifier dans
la conquête du jeune homme, mais pour le fidéliser, d'autres
stratégies seront utiles. Il a cependant été
démontré que le marketing générique ne prend pas
sur les jeunes, puisqu'ils ne se sentent pas concernés. Ils ont besoin
de se reconnaître dans les marques qu'ils utilisent et de partager des
valeurs communes avec celles-ci. Les jeunes d'aujourd'hui n'ont plus rien
à voir avec les jeunes des générations
précédentes, et les entreprises doivent désormais
s'adapter au changement, à la digitalisation de la société
et à un monde en mouvement perpétuel.
Il existe trois dimensions de l'âge d'un individu selon
Katherine Khodorowsky : - L'âge biologique se
caractérise par l'âge qu'il a réellement, ses années
de vie.
- L'âge psychologique est l'âge
qu'un individu croit avoir, l'âge qu'il a « dans sa tête
». Il peut changer en fonction de son vécu, du contexte dans lequel
il évolue, et de ses expériences. L'âge perçu ne
suit pas le même chemin selon le sexe (figure 27). Selon une étude
réalisée sur plus de 15 000 personnes en 2014 par Kantar Media
TGI France, les individus tendent à se voir plus jeunes qu'ils ne le
sont réellement, à partir de 25 ans. Un homme de 50 ans à
la sensation de ne pas avoir passé la quarantaine, et à 70 ans,
l'homme se perçoit comme un cinquantenaire. L'âge psychologique
est déterminant pour comprendre l'état d'esprit d'un homme. Un
homme de cinquante ans qui se voit comme un trentenaire ne comprendra pas
pourquoi on lui propose des produits adaptés à son âge
biologique. Mais étant donné que l'âge psychologique varie
d'un individu à un autre en fonction de ce qu'il a vécu, et du
contexte dans lequel il vit, il peut être très dangereux de
considérer que tous les hommes de 60 ans ont 45 ans dans leur
tête. Cette notion d'âge perçu doit être prise
très au sérieux. Les hommes comme les femmes sont soumis au culte
de la beauté et de la jeunesse éternelle. Ce culte peut expliquer
que les individus ne veulent pas vieillir, et continue de se percevoir comme
jeunes, même à 85 ans. Chez les femmes, le phénomène
est bien plus visible, puisqu'une quadragénaire se voit encore comme
une
71
cinquantenaire. Dans la société actuelle, il
faut être jeune le plus longtemps possible, aussi bien physiquement, que
psychologiquement.
Figure 27. Ecart entre l'âge réel
et l'âge perçu
(Kantar Media TGI France 2014, cité dans
Cosmétique Mag N°159, Galimant, 2015)
- L'âge social est lié à
ce que l'individu est en capacité de faire aux yeux de la
société, en fonction de son âge. La majorité
autorise les jeunes à conduire, à boire, à voter etc. Ils
deviennent ainsi des « adultes » vis-à-vis de la loi.
Ces trois dimensions de l'âge sont primordiales pour
comprendre la cible à laquelle une entreprise veut s'adresser.
Typiquement, l'âge social des jeunes de la génération Z est
capital, puisqu'ils s'approchent de la majorité, de leur vie d'adulte.
Ils sont en devenir, ils se construisent et cherchent leur voie. Les
comportements se façonnent à l'adolescence, et sont le
résultat des événements, heureux et malheureux, que les
individus ont vécu pendant leur jeunesse (Yankelovich, 1974 cité
par Khodorowsky, 2015). Tout se joue à l'adolescence. C'est à ce
moment précis de la vie d'un individu que les habitudes s'ancrent et il
est important de capter le consommateur à ce moment-là. Les
jeunes de la génération Z représentent une cible à
part entière. Ils ont besoin d'être reconnu par la
société, et aimerait être considérés. La
revue littéraire a démontré que les jeunes désirent
être entendus et écoutés, et souhaitent par-dessus tout que
leur avis soit pris en compte et avoir leur place dans la
société.
72
III. Le marketing mix
1. Produit
Bien que les envies de la génération Z en
matière de couleur n'aient pas été clairement
identifiées dans l'étude qualitative, il a été
mentionné une envie de simplicité. Les trois répondants de
la génération Z n'utilisent pas ou plus de soin visage. Seul l'un
d'entre eux s'est tourné vers un soin visage masculin et n'a pas
aimé l'expérience. Ils ne se sentent pas forcément
concernés par les produits hommes de grandes surfaces. Ils ne sont pas
directement concernés par un produit défatiguant, un après
rasage et encore moins un antiride. Ils recherchent avant tout à lutter
contre une peau sèche, sensible, grasse ou à imperfections, en
suivant les observations qu'ils ont pu faire en se regardant dans le miroir, ou
en suivant les dires d'un dermatologue. En revanche, un homme plus mûr
sera plus concerné par ce type de produit et préfèrera les
produits utilisant des codes couleurs connotés masculins. Les produits
masculins doivent être avant tout pratiques et faciles d'utilisation.
Certains hommes ont des déplacements fréquents
et ont évoqué le manque de petits conditionnements dans les
rayonnages. Les produits qui se déclinent en plusieurs formats
séduiraient ces hommes, qui ne souhaitent pas s'encombrer de gros
emballages.
Même si la plupart des hommes savent ce qu'ils veulent,
ils se déclarent tout de même perdus. Lorsqu'ils désirent
une crème hydratante, le produit en question ne doit avoir qu'une seule
utilité. Les produits multifonctions étant souvent très
mal reçus par les hommes, ils ne font confiance qu'à un packaging
clair, et clairement identifiable. Ils doivent saisir dans l'instant où
ils voient le produit, qu'elle est son utilité. Hydratant, matifiant,
nettoyant etc. Une action précise pour un besoin précis. Une
certaine méfiance s'est développée autour des produits
biologiques, en raison d'un manque d'information. En revanche, bien qu'ils y
soient réticents, la plupart des hommes racontent qu'à prix
égal, ils auraient davantage tendance à se tourner vers le bio
« au cas où » il s'avère que le bio soit
réellement meilleur pour la peau. Pour beaucoup d'hommes, le bio ne leur
inspire aucune confiance, et considèrent l'argument bio comme purement
marketing.
Les hommes ne souhaitent pas utiliser un produit qui ait une
odeur dite « de fille », c'est-à-dire une odeur florale,
fruitée et sucrée. Ils penchent plutôt pour une odeur
musquée, ambrée, boisée ou marine. Néanmoins, en ce
qui concerne leur visage, les hommes ont une tendance à
préférer
73
les odeurs légères et neutres. Les odeurs trop
fortes pour le visage ne seront pas les bienvenues puisqu'elles seront
perçues comme factices, non naturelles. Le soin du visage doit
être discret, aussi bien dans le rendu que dans l'odeur. Le produit doit
être léger, frais, non gras, non collant et avec une odeur neutre,
pour plaire à une grande majorité de consommateurs.
2. Prix
Bien qu'ils aient de l'argent de poche, les jeunes
préfèrent l'utiliser à autre chose. Il en est de
même pour les cosmétiques, laissant l'achat réservé
aux parents. Pour séduire un jeune, il faut lui proposer des petits
prix, pour satisfaire une envie immédiate. En ce qui concerne les
produits les plus chers, il se débrouille généralement
pour se le faire offrir aux grandes occasions. Ils ont une sensibilité
particulière au luxe, vecteur de différenciation. Avoir des
produits de luxe permet aux jeunes de se démarquer. Cependant, les
produits de luxe coutent cher, et ils sont particulièrement adeptes des
séries limitées, ou des associations d'enseignes de mass
market avec de grands créateurs. Cette alternative leur permet
d'avoir des produits qui peuvent s'apparenter au luxe sans les obliger à
débourser des sommes faramineuses. Sur le même principe, des
emballages ou des ingrédients luxueux tendent à plus
séduire les jeunes. Le dernier produit de la marque AXE utilise ce
principe. La marque vient tout juste de sortir une gamme de parfum, vendue en
grandes surfaces. Les emballages s'apparentent à des déodorants,
ils se font discrets. La formule des parfums AXE intègre des fragrances
empruntées au luxe comme le bois de oud, la plupart des parfums
masculins de luxe utilisent cette note dans leurs formules. Sauf qu'il est
possible d'acheter un parfum AXE pour un peu plus de 8 euros. Les parfums sont
généralement offerts aux jeunes hommes car bien trop cher pour
eux. Dans ce cas-ci, un jeune homme peut s'offrir un parfum avec des notes
luxueuses sans se ruiner.
La notion de petits conditionnements mentionnée dans
les caractéristiques produit ci-dessus permettrait de proposer des prix
dégressifs. Les jeunes à petits budget pourraient plus facilement
s'offrir la version mini d'un produit, en guise de test, avant de
débourser une plus grosse somme pour l'acheter en plus grand. Les hommes
de tout âge aiment tester les produits et ne se fient qu'à leur
jugement. Les formats voyage pourraient s'apparenter à un usage de test
pour le client.
En vieillissant, les hommes peuvent être susceptibles de
développer un attachement fort au rapport qualité/prix. Mais la
notion de qualité est relative à leur propre perception de
celle-ci. Les consommateurs estiment qu'un produit est de qualité
lorsqu'ils l'ont testé, et que ce produit
74
répond à leurs attentes et tient ses promesses.
Ils seront prêts à mettre le prix si le produit est vraiment
qualitatif.
3. Place
Les jeunes ne sont pas autonomes financièrement, ils ne
vont donc pas faire les courses. La tâche est incombée aux
parents, qui achètent pour leurs enfants tous les produits
nécessaires à son hygiène. Parfois même, ce sont les
parents qui se rendent à la pharmacie chercher les soins
nécessaires à un traitement. Les jeunes n'ont rien à faire
dans les grandes surfaces, et encore moins dans les pharmacies. Les jeunes
hommes ne fréquentent pas les grandes surfaces
spécialisées à l'image de Sephora, encore trop intimidante
pour eux. Les produits masculins ne sont pas forcément mis en avant dans
les grandes surfaces spécialisées, et c'est la raison pour
laquelle les hommes de toutes les générations s'y rendent peu. La
création d'un univers séparé peut être
envisagée, avec des codes couleurs en accord avec la gent masculine, du
noir, du métallisé, du gris, du bois, des matières nobles.
Les jeunes aspirent également à plus de simplicité. Ils
ont tendance à se perdre dans l'offre et les marques. Les hommes ont
besoin d'accompagnement dans leur achat de cosmétiques mais
déclarent ne pas faire confiance aux vendeuses, en raison de l'aspect
commercial. Le personnel de vente doit plus être perçu comme des
professionnels, voire assimilé au monde médical, pour gagner en
crédibilité. Les échantillons sont le meilleur moyen de
convaincre un homme. Même si l'achat se fera en différé, si
l'homme est convaincu par un produit, il l'achètera et il y sera
fidèle. Les échantillons sont le meilleur moyen de faire revenir
un homme dans un lieu de vente. Les échantillons doivent cependant
être adapté au client potentiel, une distribution massive de
miniatures perdra de l'impact. Le personnel de vente doit aider le consommateur
à définir son type de peau, et ses besoins mais doit pour cela le
mettre en confiance.
Les grandes surfaces relookent tour à tour leur coin
beauté féminin. Il a été mentionné lors des
entretiens que la nécessité d'un rayon beauté masculine
séparée se faisait sentir. Les produits se perdent dans les
déodorants et autres produits d'hygiène. Un rayon
séparé permettrait aux hommes de mieux appréhender l'offre
qui leur est faite, et de comprendre plus rapidement l'usage d'un produit selon
s'il se trouve dans le rayon hygiène ou beauté.
4. Promotion
Ayant perdu confiance dans les générations
précédentes, la génération Z a d'autant plus besoin
d'être pris en compte en tant que personnes à part entière.
Il faut les toucher, les
75
surprendre. Plaire aux jeunes n'est pas chose facile, mais la
clef semble résider dans le fait de s'adresser directement à eux.
Bien que les jeunes ne soient pas forcément attachés aux
publicités, ils apprécient les campagnes qui se
démarquent, et qui font appel à leur créativité.
Ils apprécient l'humour, et la nouveauté et fuient le «
déjà-vu ». L'humour pourrait être un très bon
moyen de dédramatiser le recours aux cosmétiques. L'entreprise
qui a su toucher les jeunes appartient à Unilever, et détient
près de 13 % du marché des déodorants masculins (Vallez
D'erceville, 2016). Il s'agit de la marque de déodorants AXE,
lancée en 1983, qui use et abuse de l'humour pour séduire les
jeunes. La marque dédramatise et tourne ses campagnes publicitaires
autour du bénéfice que peut apporter le produit à son
utilisateur. En utilisant un produit AXE, l'individu aura un pouvoir de
séduction décuplé. La transpiration est devenue dans ce
cas un atout séduction. C'est sur ce même principe que doivent
jouer les entreprises de cosmétiques. Il faut que le
bénéfice de l'usage d'un produit cosmétique soit
compréhensible de suite. C'est une des seules marques à
s'adresser directement aux hommes de 18 à 24 ans, en utilisant l'humour
décalé dans des campagnes à gros budget. Les jeunes de la
génération Z sont sensibles à la créativité,
et privilégient l'image au texte. Lorsqu'une série de campagnes
publicitaires leur sont montrées, le produit n'est pas ce qui les
attire, mais plutôt la mise en scène utilisée. La marque
AXE met en scène dans ses campagnes des hommes avec une calvitie
avancée ou un nez proéminant. Plus proche donc des hommes dits
« normaux » et bien éloignés des mannequins
habituellement mis en avant. C'est un retour à l'authentique, au vrai,
tant désiré par les jeunes. La dernière campagne
publicitaire de la marque a touché 39 millions de personnes à la
télévision et au cinéma, et a été
visionnée 15 millions de fois sur internet (Vallez D'erceville, 2016).
Cette stratégie a ses limites puisque les jeunes hommes commencent
à utiliser des produits AXE entre 13 et 20 ans, mais se
détournent de la marque quand ils grandissent. La stratégie
marketing doit être diversifiée et prendre en compte l'âge
et les changements de comportements de l'homme.
Les jeunes ont besoin de créer un lien avec la marque
dont ils consomment les produits (Khodorowsky, 2015). Un esprit communautaire
se créé, sur les réseaux sociaux ou dans les boutiques.
Ils ont besoin d'engagement, de promesses tenues, et aiment par-dessus tout se
démarquer des autres, en usant de leur droit à la
différence. En ce qui concerne les jeunes hommes et les
cosmétiques, ils préfèrent la discrétion, puisque
c'est une pratique qui est encore minoritaire. Ils n'en parlent pas entre eux,
subissent quelques railleries, même s'ils ont l'esprit ouvert. Les
produits cosmétiques sont encore perçus par les moins de 20 ans
comme féminin,
76
et n'y ont pas vraiment recours. Ils ne souhaitent pas
être montré du doigt par le marketing, au même titre que les
filles.
Les jeunes aiment que l'on s'adresse à eux, et
s'identifier aux marques qu'ils utilisent, mais il faut être très
vigilant quant à l'utilisation de leurs codes de langage. A l'image de
la campagne Babybel, qui a utilisé comme slogan « des vacances de
malade mental » pour parler comme les jeunes. Cette campagne a
été victime de bad buzz puisqu'elle a été
jugée comme discriminante et les associations d'handicapés ont
appelé au boycott des fromages de la marque. Parler aux jeunes oui, mais
parler comme les jeunes, non. Chacun sa place. Les jeunes ne sont pas
forcément adeptes des reprises de leur langage dans les campagnes
publicitaires. S'ils parlent d'une façon particulière, c'est bien
souvent pour ne pas être compris des adultes, et ils ne souhaitent donc
pas que les adultes s'adressent à eux de cette façon
(Khodorowsky, 2015).
Concernant les moins jeunes, le marketing n'inspire pas
confiance aux hommes. Ils ne se retrouvent pas dans les campagnes. Un homme de
plus de 60 ans à de grandes difficultés à s'identifier
à un quadragénaire musclé. Il va préférer
une approche plus scientifique du produit et préfèrera voir un
homme de sa tranche d'âge. Il est important qu'un homme puisse
s'identifier à ce qu'il voit pour se sentir concerné par une
campagne. L'image d'un sportif peut fonctionner si le sportif véhicule
un souvenir heureux de l'adolescence. A l'image de Bixente Lizarazu, qui
stimule l'affect des consommateurs, il leur remémore le souvenir de la
dernière victoire française de la coupe du monde de football. Le
produit est totalement éclipsé de l'affiche. A l'inverse, si le
sportif n'est pas apprécié des hommes, ils vont
spontanément boycotter la campagne. Le choix d'une égérie
est primordial. Les modèles des jeunes peuvent les orienter vers une
marque plutôt qu'une autre. Ils ont certains modèles dans la
musique ou dans le cinéma. La redondance des campagnes actuelles a
été mentionnée dans les entretiens.
77
CONCLUSION
Le but de ce mémoire est d'identifier et comprendre les
comportements masculins face aux cosmétiques pour ainsi proposer des
solutions marketing aux entreprises désireuses d'améliorer leurs
stratégies. Les hommes prennent conscience de leur beauté, mais
les entreprises n'investissent que très peu dans l'offre et le marketing
des cosmétiques masculins. Les produits évoluent peu, et l'offre
ne se renouvelle pas. Le marché des cosmétiques en grandes et
moyennes surfaces se dévalorise en raison d'un recours quasi
systématique à la promotion. Les hommes sont de plus en plus
nombreux à utiliser des produits de soin. Le nombre de consommateurs
s'accroît d'année en année, mais l'offre ne se
réinvente que très peu.
L'étude qualitative exploratoire a permis de
modéliser des comportement pérennes et réplicables
à toute la population masculine. En revanche, l'étude comprend
des limites. Tout d'abord, un échantillon de treize personnes ne peut
pas représenter fidèlement la population de tout un pays.
L'échantillon a été construit à partir de
l'âge des répondants, or, une approche sociologique grâce
aux catégories socio professionnelles pourraient permettre
d'établir une corrélation entre les modes de consommation et les
revenus par exemple. Le lieu d'habitation peut avoir un rapport entre la
consommation de cosmétiques. Bien que le terme ne soit plus
utilisé, les métrosexuels habitaient en théorie dans de
grandes métropoles telles que Paris. L'étude qualitative se
limite à une approche visuelle des produits. Des tests sensoriels
pourraient être un moyen d'approfondir l'étude. Il serait
pertinent de placer un produit entre les mains des répondants afin
d'observer si les comportements diffèrent en fonction de l'âge du
consommateur. Chaque homme a des attentes précises face à une
texture, une odeur, un effet, un packaging etc. Les hommes comme les femmes
fonctionnent à l'affect, et ont besoin d'apprécier le produit
qu'ils utilisent. Pour ce nouvel aspect de l'étude, il est important de
soumettre plusieurs produits aux répondants. Ainsi, il sera possible de
déterminer quelles sont les couleurs qu'ils affectionnent pour les
emballages, les formats, les tailles, mais également vers quelle
fonction ils se dirigent. Si les hommes cherchent un hydratant, un anti
fatigue, un anti ride etc.
Même si l'échantillon est réduit, les
réponses récoltées permettent d'établir des profils
de consommateurs et offrent une grande quantité d'informations qui a
permis d'établir des recommandations et des préconisations
marketing. Le premier principe à envisager par les entreprises et le
marketing est l'apprentissage. Les hommes s'avèrent peu
renseignés sur les
78
cosmétiques et sur leur utilité. Leur ignorance
face à ces produits peut entraîner la non-consommation. Certains
hommes n'ont jamais utilisé de soin hydratant de leur vie, mais
d'autres, bien qu'il y ait eu recours, ont cessé toute utilisation. Ces
non consommateurs ne voient pas l'intérêt d'utiliser un produit
cosmétique. La peau masculine a pourtant des besoins spécifiques,
bien souvent méconnu des hommes. La recherche en cosmétologie
permet de mieux comprendre les besoins de la peau des hommes, qui permet
également d'apporter des solutions toujours plus performantes aux
problèmes de peau que peut rencontrer la peau masculine. Seuls les
hommes qui ont eu de lourds problèmes de peau étant jeunes ont
réellement assimilé le bénéfice du soin
apporté à leur peau. Une fois que le produit est compris par
l'homme, il va entrer dans sa routine beauté. Les produits
d'hygiène ont été parfaitement assimilés, ils sont
donc rentrés dans les moeurs et ne sont plus remis en cause
aujourd'hui.
Le marketing générationnel a également
été suggéré dans les préconisation. Les
hommes changent et évoluent avec le temps. Les jeunes d'aujourd'hui
n'ont rien en commun avec les jeunes du XIXe siècle. Le monde est en
mouvement et les changements sont de plus en plus rapides. Tous les hommes ne
peuvent pas s'identifier à des sportifs, même si la moitié
d'entre eux déclarent pratiquer un sport de façon
régulière. Le choix d'une égérie pour
représenter une marque est crucial, en particulier pour la cible des
jeunes. Ils s'identifient aux marques qu'ils utilisent et ont besoin de se
retrouver dans les valeurs véhiculées par la marque. Le marketing
ne doit pas servir à manipuler les jeunes hommes, mais à les
aider à comprendre les cosmétiques.
Un nouveau marketing mix a été soumis à
l'appréciation des entreprises, prenant en compte les observations de la
revue littéraire, mais également les remarques faites lors des
entretiens. Les produits, le prix, la distribution et la communication ont
été abordés lors des entretiens. Il a été
possible d'identifier les notions qui pouvaient conférer aux hommes le
plus de confiance dans les produits cosmétiques, mais également
leurs attentes. La confiance est un élément essentiel dans la
décision d'achat d'un consommateur. Or, la grande majorité des
hommes n'ont aucune confiance dans le marketing, et ne se sentent pas
concernés par les produits et les campagnes. Un produit de soin du
visage n'est utilisé qu'en réponse à un problème et
rarement pour le plaisir et ou le bien-être. Les hommes n'auront pas
recours au soin s'ils ne distinguent pas de problème apparent sur leur
peau. Or, il a été démontré qu'une peau sans
imperfection est très rare, et ne concerne bien souvent que les jeunes
garçons avant la puberté (Verschoore, 2016). Tous les hommes ont
besoin d'hydrater leur peau afin de la protéger des agressions
extérieures, et des ravages du temps. La recherche et l'innovation
permettent de faire des découvertes de
plus en plus précises sur la peau et sa constitution.
Les hommes ont des besoins sans en avoir conscience. Ce mémoire a pour
but de trouver des solutions pour les hommes prennent conscience de leurs
besoins, et utilisent les produits de beauté pour se faire plaisir, pour
leur bien-être, et plus seulement pour traiter un problème.
L'homme doit gagner en autonomie, il doit devenir acteur de sa consommation.
Pour cela, les marques ne doivent désormais plus s'adresser aux femmes
pour atteindre les hommes. Ils sont une cible à part entière, qui
peut se révéler très prometteuse. La France compte plus de
30 millions d'hommes, et à peine 6 % d'entre eux avouent utiliser une
crème pour leur visage. Bien que le nombre d'utilisateurs de soins
hydratant croît d'année en année, leur utilisation n'est
bien souvent que ponctuelle. Il pourrait être très profitable de
capter les jeunes dès l'adolescence, et de les suivre tout au long de
leur vie, et une marque doit s'adapter à l'âge de l'individu, car
en ce qui concerne la peau, de nombreux facteurs entre en compte. Le marketing
générique ne fonctionne plus sur les jeunes. Le principe du
marketing générationnel peut-être une piste pour mieux
capter les jeunes hommes mais doit être utilisé avec vigilance.
Les trois dimensions de l'âge d'un individu peuvent influer sur la
consommation, mais aussi et surtout, ils diffèrent selon l'histoire et
les expériences de chacun. Chaque individu est différent, bien
qu'ils aient des critères communs, ils ont tous une façon de
percevoir la beauté. Des perceptions peuvent être communes en
fonction de l'âge d'un individu, mais de nombreux autres facteurs entrent
en ligne de compte. Un jeune par exemple, peut être étudiant, ou
salarié. L'alternance ou l'apprentissage peut modifier
considérablement l'âge psychologique d'un jeune. Il gagne son
premier salaire, se sociabilise le plus souvent avec des gens plus
âgés que lui, il découvre le monde du travail. Ces jeunes
deviennent de plus en plus autonomes, et ont un plus grand pouvoir d'achat que
leur semblables, restés au lycée. La génération Z
ne ressemble à aucun autre, de nombreuses études ont tenté
d'établir un profil de ces jeunes. Or, comme dans toutes
générations, elle reste hétérogène. Les
jeunes ne sont pas tous sensibles aux mêmes messages, ils
n'apprécient pas les mêmes choses. Prendre la
génération Z comme un tout serait une erreur. Les adolescents se
construisent, et vont devenir des adultes. Ces futurs adultes seront la somme
des événements qu'ils ont vécu, et leur jeunesse
déterminera quelle personne ils seront. La jeunesse est également
un état d'esprit. La plupart des hommes en vieillissant se sentent plus
jeunes qu'ils ne le sont réellement. Tous les hommes peuvent avoir
besoin de prendre soin d'eux a un moment de leur vie. Ils ont juste à en
prendre conscience et le marketing est justement voué à faire
naitre des besoins.à
79
« On plie une jeune branche, mais pas un vieil arbre.
» Proverbe belge
80
BIBLIOGRAPHIE
Albaret, Y., Kinziger, E., Martin-Spelle, K., Morin, L., &
Tebib, H. (2009). Le marché des cosmétiques. Paris,
France: EMLV Léonard de Vinci.
Belloir, M. (2014, Septembre 16). Etam se lance dans la
beauté. Consulté le Avril 20, 2016, sur LSA:
http://www.lsa-conso.fr/etam-se-lance-dans-la-beaute,185154
Belloir, M. (2015, Octobre 1). La beauté s'envisage au
naturel. LSA, 2381, pp. 40-54. Belloir, M. (2015, Juin 4). Les 15-25
ans, une cible de toute beauté. LSA, 2369, pp. 44-45. Belloir,
M. (2015, Août 27). Les soins masculins font grise mine. LSA,
2376, 48-50.
Belloir, M. (2015, Juin 4). L'hygiène-beauté en
campagne de recrutement. LSA, 2369, pp. 3850.
Belloir, M. (2016, Juin 2). Le nouveau visage du rayon
hygiène-beauté. LSA, 2415, pp. 32-42.
Belloir, M. (2016, avril 28). Le Rasage masculin s'active pour
redresser la barre. LSA, 2410, pp. 46-50.
Belloir, M. (2016, Mars 16). Les cosmétiques
français s'exportent bien. LSA.
Belloir, M. (2016, Janvier 28). Une année terne pour
l'hygiène-beauté. LSA, 2397, pp. 38-44.
Biotherm Homme. (2012). L'Héritage Biotherm
Homme. Consulté le Mars 12, 2016, sur Biotherm Homme:
http://www.biotherm.fr/men/services/about_p3.aspx
Boudon, R., Besnard, P., Cherkaoui, M., & Lécuyer,
B.-P. (2012). Dictionnaire de la sociologie (éd. 2). Paris,
France: Larousse.
Boulanger, N., & Desclos, C. (2014). Le marché
mondial des parfums et cosmétiques. Paris: Les Echos Etudes.
Brand Finance. (2016). L'Oréal Paris - Once, Twice,
Three Times a Winner.
Consulté le 28 Mars 2016, sur
http://brandfinance.com/images/upload/press_release_top_cosmetic_brands_2016_rh.
pdf
Catherine, L. (2008). La poudre et le fard: Une histoire
des cosmétiques de la renaissance aux lumières. Seyssel:
Champ Vallon.
Centre national de la recherche scientifique. (1971).
Trésors de la langue française : Dictionnaire de la langue du
XIXe et du XXe siècle (1 789-1960). Paris, France: Editions du
CNRS.
81
Chapuis, D. (2011). Le marché des hommes, nouvelle
cible clef de L'Oréal. Les Echos,
http://www.lesechos.fr/11/04/2011/LesEchos/20909-126-ECH_le-marche-des-hommes--nouvelle-cible-clef-de-l-oreal.htm#.
Chapuis, D. (2013, Septembre 10). Interparfums cède
Nickel, ses soins pour hommes à L'Oréal. Les Echos.
Collin, B., & Delplancke, J.-F. (2015). L'Oréal
la beauté de la stratégie. Paris, France: Dunod.
Colom, S., Giraud, G., & Vicente, R. (2016).
L'industrie des produits d'hygiène corporelle. Paris: Xerfi
France.
Conet, A. (2006). L'homme n'est pas une femme comme les
autres. Paris: Université de Paris IV Sorbonne.
Crouzet, G. (2012). Les sportifs, nouvelles icônes
de la beauté des hommes. Consulté le Mars 12, 2016, sur
L'Express:
http://www.lexpress.fr/tendances/soin-homme/les-sportifs-nouvelles-icones-de-la-beaute-des-hommes_1163829.html
Delaplace, L. (2014). L'impact des stratégies
marketing sur la crédibilité des cosmétiques biologiques
perçues par les consommateurs. Groupe Sup de Co La Rochelle.
Desplats, M., & Pinaud, F. (2015). Manager la
Génération Y (Vol. 2). Paris: Dunod.
Fédération des Entreprises de la Beauté. (2015).
Rapport d'activité 2015. Paris: FEBEA.
G., V. (2016, Mars 22). France Nouveau record pour les
exportations de parfums et cosmétiques. Consulté le Avril
30, 2016, sur Premium Beauty News:
http://www.premiumbeautynews.com/fr/france-nouveau-record-pour-les,9492
Gallon, V. (2012). Cosmétiques pour hommes le
marché progresse vite mais les marques doivent s'adapter.
Consulté le Août 1, 2016, sur Premium Beauty News:
http://www.premiumbeautynews.com/fr/cosmetiques-pour-hommes-le-marche,4456
Gavard, E. (2013, Novembre 21). Y a pas de "mâle"
à se maquiller ! LSA, 2298, pp. 54-55. Jirou-Najou, C. (2004,
Mai 6). Clearasil s'offre une seconde vie en France. LSA, 1859, p.
71.
Jolibert, A., & Jourdan, P. (2011). Marketing Research
Méthodes de recherche et d'études en marketing. Paris:
Dunod.
Jourbert, C. (2015, Avril). Messieurs, cessez de piger dans
les produits cosmétiques de votre conjointe ! Gestion, 40, pp.
82-85.
Kerdellant, C. (2016, Février 02). La
génération Z, ces 15-25 ans qui façonnent le monde
de
demain. Consulté le Avril 20, 2016, sur
L'Express:
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/la-generation-z-ces-15-25-ans-qui-faconnent-le-monde-de-demain_1759548.html
82
Khodorowsky, K. (2015). Marketing & Communications
Jeunes: Vendre aux générations Yet Z. Paris, France:
Dunod.
Lanoë, C. (2013). La poudre et le fard: Une histoire
des cosmétiques de la renaissance aux lumières. Seyssel,
France: Champ Vallon.
Lefret, F. (2014). Le Marché de la Beauté et du
Bien être : Analyse et Perspectives. 9e Mondial Spa &
Beauté. Fédération Française des Ecoles
d'Esthetique Parfumerie.
L'Observatoire des Cosmétiques. (2015, Septembre 2).
Ingrédients controversés : ce qu'en
pensent les consommateurs.
Récupéré sur
http://www.observatoiredescosmetiques.com/pro/actualite/tendances/ingredients-controverses-ce-qu'en-pensent-les-consommateurs-3149
Mannheim, K. (1990). Le problème des
générations. Paris, France: Nathan. Martini, M.-C. (2009).
Cosmétologie Masculine. Paris, France: Lavoisier.
Morio, J. (2007, Mai 22). La cosmétique masculine en
pleine émancipation: Des crèmes anti-âge aux fluides
régénérants, les produits de beauté pour l'homme se
multiplient. Le Monde, p. 29.
Niven, L. (2016, Mai 9). David Beckham For Biotherm
Homme. Consulté le Juin 12, 2016, sur
Vogue:
http://www.vogue.co.uk/beauty/2016/05/09/david-beckham-for-biotherm-
homme
Nomen Research. (2013). Les 18-40 ans: profils, rapport
aux marques et attentes. Nomen.
Nyeck, S., Roux, E., & Dano, F. (2002). Les hommes,
leur apparence et les cosmétiques: approche sémiotique.
Institut d'administration des entreprises, Université d'Aix
Marseille.
Portier, P. (2004). La cosmétique au masculin.
Thèse pour le diplôme d'Etat de Docteur en Pharmacie .
Nantes: Université de Nantes, Faculté de Pharmacie.
Récupéré sur http://www.bu.univ-nantes.fr/
Profils Senior. (2011). Le marché des
Séniors.
Reggiani, P. (2012, Décembre 27). Marché de la
beauté, les hommes aussi ont leurs codes. Le Nouvel Economiste,
1644, pp. 10-11. Consulté le Janvier 30, 2016, sur Le Nouvel
Economiste.
Robin, A. (2005). Une sociologie du "Beau"Sexe Fort""
l'homme et les soins de beauté d'hier à aujourd'hui. Paris,
France: L'Harmattan.
Ruchaud, H., Devanne, M., & Landeau, M. (2012,
Décembre 4). Vers une gamme de produits cosmétiques pour homme ?
Université d'Angers, France.
83
Salzman, M., Matathia, I., & O'Reilly, A. (2006). The
Future of Men: The Rise of the Übersexual and What He Means for Marketing
Today. St. Martin's Press.
Santin, A. (2010, Avril 21). Le rétrosexuel : Les
hommes sont de retour. Consulté le Juin 20, 2016, sur Nouvel Homme:
http://www.nouvelhomme.fr/le-retrosexuel-les-hommes-sont-de-retour/
Signoret, P. (2015, Juin 23). L'homme est une youtubeuse
beauté comme les autres. Consulté
le Juillet 20, 2016, sur L'Obs avec Rue 89:
http://rue89.nouvelobs.com/2016/06/23/barbe-routine-matin-hommes-mettent-tutos-beaute-264443
Simon, N., Elyette, R., & Florence, D. (2002). Les
hommes, leur apparence et les cosmétiques : approche sémiotique.
Institut d'administration des entreprises, Université d'Aix
Marseille.
Tran, N., & Bicard, D. (2006, Octobre 19). Plus ils sont
jeunes, mieux ils assument. LSA, 1971, pp. 56-60.
Usbek & Rica. (2015, Décembre). La
génération Z. Consulté le Juillet 10, 2016, sur
Etudes & Tendance:
http://usbek-et-rica.fr/etudes-tendances-megatrends/
Verschoore, M. (2016). Le guide de la beauté au
masculin : à la point de la recherche et de l'innovation. Paris,
France: Odile Jacob.
Vincent, M. (2016, Avril/Mai). La cosmétique pour
hommes : effet de mode ou changement de mentalité ? Pharma
Beauté Mag(13), pp. 32-37.
84
Annexe 1. La liste des catégories de produits
cosmétiques
L'arrêté du 30 juin 2000 fixe la liste des produits
pouvant être considérés comme des cosmétiques.
L'article R. 5263 du Code de la santé publique établit cette
énumération :
- crèmes, émulsions, lotions, gels et huiles pour
la peau (mains, visage, pieds, notamment) ;
- masques de beauté, à l'exclusion des produits
d'abrasion superficielle de la peau par voie
chimique ;
- fonds de teint (liquides, pâtes, poudres) ;
- poudres pour maquillage, poudres à appliquer
après le bain, poudres pour l'hygiène corporelle
et autres poudres ;
- savons de toilette, savons déodorants et autres savons
;
- parfums, eaux de toilette et eaux de Cologne ;
- préparations pour le bain et la douche (sels, mousses,
huiles, gel et autres préparations) ;
- dépilatoires ;
- déodorants et antisudoraux ;
- produits de soins capillaires :
- teintures capillaires et décolorants ;
- produits pour l'ondulation, le défrisage et la fixation
;
- produits de mise en plis ;
- produits de nettoyage (lotions, poudres, shampooings) ;
- produits d'entretien pour la chevelure (lotions, crèmes,
huiles) ;
- produits de coiffage (lotions, laques, brillantines) ;
- produits pour le rasage (savons, mousses, lotions et autres
produits) ;
- produits de maquillage et démaquillage du visage et des
yeux ;
- produits destinés à être appliqués
sur les lèvres ;
- produits pour soins dentaires et buccaux ;
- produits pour les soins et le maquillage des ongles ;
- produits pour les soins intimes externes ;
- produits solaires ;
- produits de bronzage sans soleil ;
- produits permettant de blanchir la peau ;
- produits antirides.
Annexe 2. Le guide d'entretien semi directif
Introduction
Bonjour,
Tout d'abord, je vous remercie d'avoir accepté de
participer à cet entretien.
Votre témoignage me sera précieux pour
comprendre le comportement des hommes face aux cosmétiques. Nous allons
discuter ensemble de votre perception du monde des cosmétiques, il n'y a
ni bonne ni mauvaise réponse, c'est votre vision qui compte. Pour
être sûre de ne rien oublier de notre échange, je vous
demande la permission de l'enregistrer.
Thèmes à aborder
1. Que vous évoque le terme « cosmétique
» ?
2. Consommez-vous des cosmétiques ?
3. Quand avez-vous commencé à en utiliser ?
4. A quelle fréquence utilisez-vous des
cosmétiques ?
5. Êtes-vous attaché à une marque en
particulier ?
6. Qui achète vos produits ?
7. Où achetez-vous vos cosmétiques ?
8. Quels éléments sont importants pour vous dans
le choix d'un cosmétique ?
9. Qu'attendez-vous d'un soin du visage ?
10. Parmi ces soins hydratants, le(s)quel(s) vous sont
familier(s) ? (Figure 28)
11. Prêtez-vous attention à l'emballage du produit
?
12. Vers quel soin hydratant vous tourneriez-vous
spontanément ? (Figure 29)
13. Prêtez-vous attention aux publicités sur les
cosmétiques ?
14. Laquelle de ces images vous inspire le plus confiance ?
(Figure 30)
15. Estimez-vous avoir besoin d'aide pour choisir vos produits
?
16. Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Profil
85
Prénom-Nom - Age - Profession
86
Figure 28. Echantillons de cosmétiques
Figure 29. Emballage du produit
NM MEND '
L J
·
· 44110 Cow
R/
88
Figure 30. Campagnes publicitaires
89
Annexe 3. La retranscription des entretiens
Répondant 1 : Lucas C., 16 ans, Lycéen
Entretien enregistré le 15 juillet 2016 à
12:00
Bonjour Lucas ! Merci encore de participer à cet
entretien. Es-tu prêt ?
L : Oui, vas-y.
Je vais commencer par te demander ce que t'évoque
le terme « cosmétique » ?
L : Euh... Beauté. Mais plutôt féminin en
fait. Tous les produits de beauté pour filles. D'accord, est-ce
que tu consommes des cosmétiques ?
L : Mmmmh... Oui. Après le terme est vague. J'utilise
des tous les cosmétiques de base, le dentifrice, gel douche,
shampoing... C'est les trois plus gros que j'utilise. Pour ma peau... avant
j'utilisais de la crème pour mon acné, j'ai fait le traitement
Roaccutane, mais là j'en ai plus besoin parce que j'ai plus de boutons.
J'avais une eau micellaire aussi parce que la dermatologiste m'avait dit de
m'en servir.
Quand as-tu commencé à utiliser ces
produits-là ?
L : Mmmh... En septembre dernier. Donc presque un an. Avant
j'utilisais que du savon pour ma peau. Comme j'avais pas mal de boutons,
j'avais pas envie de la bourrer de crème et de boucher mes pores. Ma
mère me faisait un gommage de temps en temps et enlevait mes points
noirs.
Tu utilisais ces produits à quelle
fréquence ?
L : Tous les jours, matin et soir. La dermato m'avait
donné une espèce de routine à suivre. Je devais me
nettoyer avec l'eau micellaire et après mettre la crème.
Es-tu attaché à une marque en particulier
?
L : Mmmh... Pas forcément. Sauf pour l'eau micellaire
et la crème, parce que c'est ma dermato qui me disait d'utiliser
ça. L'eau micellaire c'était Bioderma, et la crème aussi.
Ah si, chez nous, tout le monde se lave avec le savon Dove. C'est celui qui a
une forme de galet. Ma mère dit que c'est ce qu'il y a de mieux pour la
peau.
90
Qui achètes ces produits ?
L : Euh... Maman. C'était ma mère oui. Vu que
c'est ma mère qui fait les courses en rentrant du travail, c'est elle
qui achète tous les produits d'hygiène chez Leclerc pour mon
père, mon frère et moi, on a tous les mêmes. C'est aussi
elle qui va à la pharmacie pour le traitement, vu que c'est elle qui a
ma carte vitale et mon ordonnance.
Quels éléments sont importants pour toi
quand tu choisi tes produits de soin ?
L : MmmmhÉ La marque. Parce que c'est un gage de
qualité. Vu que la mienne venait de pharmacie, elle coûtait plus
chère. C'était plus de la qualité parce que ça
venait de pharmacie, y a plus le côté médical. Si ma
dermato m'a dit d'utiliser celle-là c'est qu'elle était bien.
Et pour la crème hydratante, qu'attends-tu de ce
produit ?
L : Ben... Qu'elle hydrate bien la peau en enlevant toutes les
parties sèches, tout en étant pas trop grasse. J'ai
déjà la peau grasse alors si je rajoute un truc gras par-dessus,
j'aurais encore plus de boutons. Et maintenant que j'en ai plus trop, j'ai pas
envie que ça revienne. J'aime bien l'odeur de vanille, je sais pas
pourquoi. Je sais que c'est pas très masculin, mais au moins c'est
sobre. La vanille c'est plus pour les filles normalement, mais j'aime bien les
odeurs pas trop fortes, c'est frais.
En regardant ces produits (figure 28), peux-tu me dire
parmi ces soins hydrants le ou lesquels te sont familiers ?
L : Euh... Bah je connais le Nivea for Men parce qu'il y a des
pubs et le Mennen aussi pour les mêmes raisons et le L'Oréal
aussi. C'est les trois qui me parlent le plus, je les ai déjà vu.
Mais j'en ai testé aucun.
D'accord, est-ce que tu prêtes attention à
l'emballage d'un produit ?
L : MmmmhÉ Ouais ! Des fois ça aide. C'est plus
facile de voir si c'est un produit pour fille ou pour garçon quand on
voit la couleur. Les trucs roses c'est pour les filles, et les trucs
plutôt noirs, bleu, gris c'est pour les mecs. Pour les crèmes pour
le visage je préfère quand il y a une petite pompe sur le dessus
par exemple, c'est plus pratique que les bouchons.
Très bien, donc parmi ces produits-ci, vers lequel
irais-tu ? (Figure 29)
91
L : Alors... Mmmmh... (20 secondes d'observation) Le beige.
Parce que la couleur me plait. C'est plutôt neutre. Et elle ressemble
plus à un médicament celle-là je sais pas pourquoi.
Ça me fait penser à la crème que j'avais pendant mon
traitement. La mienne était anti rougeur et j'ai souvent des plaques
rouges à cause du traitement.
Est-ce que prête attention aux publicités
pour les cosmétiques ?
L : Mumm... Ouais un peu. Quand ça passe à la
télé je regarde. Je regarde ce qui sort, les trucs nouveaux.
Après je suis pas forcément fan de ces pub-là. C'est
toujours la même chose.
D'accord, donc parmi ces images (figure 30), laquelle
t'inspire le plus confiance ?
L : Mmmmh (10 secondes d'observation) Bah y en a pas une qui
m'inspire plus que l'autre en fait. Ça me concerne pas vraiment. Y en a
aucune qui m'attire. Ils mettent que des hommes beaux de toute manière
alors bon... On sait qu'on est pas comme ça et qu'on sera jamais comme
ça. Et puis ils sont plus vieux que moi. J'aimerais voir un mec de mon
âge pourquoi pas, mais un mec qui en a vraiment besoin. Si c'était
par exemple une crème pour l'acné j'aimerais voir un mec qui a
vraiment de l'acné pas un mec avec deux boutons. Ça serait plus
crédible déjà. J'aimerais voir des choses plus vraies, et
plus de mon âge. Moi j'ai pas de ride encore, alors me montrer un mec
impeccable comme sur la pub L'Oréal, je sais que c'est pas vrai, que le
mec est retouché.
Aimerais-tu être aidé pour choisir tes
produits ?
L : Euh... Bah c'est vrai que ça serait bien un peu
d'aide. C'est pas facile de s'y retrouver, parce que malgré tout y en a
beaucoup, on s'y perd vite. Entre les soins pour les rides, pour le rasage,
pour hydrater tout ça... Moi je m'y perds.
D'accord, aurais-tu quelque chose à ajouter
?
L : Non là je trouve pas. Je te remercie
Lucas.
Répondant 2 : Yann P., 17 ans, Lycéen
Entretien enregistré le 15 juillet 2016 à
13:30
92
Bonjour Yann, tu es prêt à commencer
?
Y : Ok.
On va commencer par parler de ce que t'évoque le
terme « cosmétique »
Y : Bah... Produits de beauté pour hommes et pour femmes.
Pour moi c'est pour tout le monde.
Est-ce que tu en consommes ?
Y : Oui bah oui, j'utilise du gel, du stick à
lèvres, parfum, dentifrice, shampoing, savon... Et je mets du Mixa
Bébé sur mon visage.
Quand as-tu commencé à utiliser ces
produits ?
Y : Depuis toujours. Ma mère m'a acheté le Mixa
Bébé y a longtemps et depuis j'ai toujours ça. Quand
j'étais plus petit j'avais de l'eczéma je mettais de la
crème mais je sais plus ce que c'était, c'était un tube
blanc... Un truc de pharmacie je crois, c'est ma mère qui m'achetait
ça. J'ai pas eu trop de boutons moi comparé aux gens que je
connais. Donc c'est plutôt cool. Sinon le gel ça fait depuis le
collège que j'en mets.
Tu utilises ces produits à quelle fréquence
?
Y : Pour la crème c'est dès que j'ai la peau
sèche, quand il fait chaud, quand je vais me baigner aussi et l'hiver
quand il fait froid. C'est pas tous les jours, mais souvent quand
même.
Tu viens de me parler de la marque Mixa, tu es
attaché à certaines marques ?
Y : Oui Mixa Bébé parce que j'aime bien
celle-ci, j'ai toujours eu ça. Comme je t'ai dit ma mère m'a
acheté ça quand j'étais plus jeune et du coup j'ai
toujours ça. Pour les autres trucs j'utilise ce que ma mère
m'achète. Le gel c'est Vivelle Dop, je trouve qu'il est bien.
Tu me disais que c'est ta mère qui achète
tes produits ?
Y : Oui, c'est ma mère, moi je vais pas aller les
acheter. Je préfère acheter d'autres trucs avec mon argent. C'est
ma mère qui fait les courses donc elle achète tout en même
temps pour mon père et moi. Souvent je leur mets ce que je veux dans la
liste de course. C'est moi qui choisit mais c'est pas moi qui les
achète.
Elle va donc en grande surface pour acheter les produits
?
93
Y : Oui elle va chez Leclerc, sinon c'est pas
l'intermédiaire du travail de mon père pour les parfums. Il a des
prix avec son boulot je crois. Ma mère va en pharmacie peut-être
pour ma soeur mais moi non j'ai besoin de rien là-bas, j'ai pas de
problème particulier.
Qu'est-ce qui est important pour toi concernant les
produits que tu utilises ?
Y : L'odeur. J'aime bien quand ça sent bon comme le
parfum. Les trucs qui sentent fort, qui sentent le mec quoi. J'ai horreur quand
ça sent la fille, la fleur, le fruité tout ça. Comme c'est
ma mère qui achète, je lui dis ce que je veux.
Pour la crème hydratante pour le visage, qu'en
attends-tu ?
Y : Bah qu'elle hydrate bien. C'est ce qui se passe avec ma
crème Mixa Bébé, ça marche bien. J'ai la peau toute
douce après en avoir mis. C'est pas très viril mais bon au moins
j'ai la peau douce. Après qu'elle soit grasse je m'en moque un peu,
c'est pas un problème, tant qu'elle hydrate bien.
D'accord, dans cette série de soins hydratants
(figure 28), peux-tu me dire le ou lesquels te sont familiers ?
Y : Le Men... Euh Mennen je veux dire. Et le Nivea, c'est
tout. Parce que mon père les a. Mais je lui prend jamais parce que c'est
à lui c'est pas à moi. Je pourrais les prendre mais je me vois
pas prendre les produits de mon père, je sais pas vraiment à quoi
ça sert. Je me dis que j'utiliserai ça quand j'aurais son
âge.
Prêtes-tu attention à l'emballage d'un
produit pour le visage ?
Y : Ah pas du tout, non. Vu que j'ai mon Mixa
Bébé, je regarde pas, ça m'intéresse pas vraiment.
Et comme je t'ai dit c'est pas moi qui fait les courses.
Très bien, donc parmi ces quatre produits (figure
29) lequel t'attire le plus ?
Y : MmmmhÉ (10 secondes d'observation) Le vert. Je sais
pas j'ai vu « Rio » ça me plait. Ah mince c'est pas « Rio
» c'est « Bio ». Après si c'est bio je m'en fiche mais
c'est mieux pour la conscience. C'est celui qui est le plus joli. Je sais pas
il est coloré. Mais la couleur je m'en fiche un peu aussi.
D'accord, est-ce que tu prêtes attention aux
publicités sur les cosmétiques ?
94
Y : Pas du tout. Je m'en moque et ça ne
m'intéresse pas. Je suis pas du genre à me pomponner à
mettre 150 000 crèmes. J'ai mon Mixa Bébé, mon gel, mon
déo et c'est bon. Pas besoin de plus de trucs.
Très bien, donc parmi ces publicités
(figure 30), laquelle t'inspire le plus confiance ?
Y : J'aime bien celle-là, avec le surfeur. C'est le
surf, la nature, la mer, c'est plus sympa, ça change. Les autres c'est
toutes les mêmes. Des mannequins, enfin pas mannequins mais quatre mecs
pareils. C'est des mecs qu'existent pas. Ils font pas vrais. Le surf c'est plus
sympa, on voit la mer, ça donne plus l'impression que ça marche.
On a l'impression qu'on nous ment sur les autres, ils sont trafiqués. En
plus ils sont vieux !
D'accord, as-tu reconnu l'homme sur la publicité
?
Y : Non, j'aurais du ? C'est pas un surfeur ? Bah non je le
connais pas alors. Pas de souci Yann, tu aimerais avoir de l'aide pour
choisir tes produits ?
Y : Non pas spécialement parce que moi j'ai toujours
les mêmes produits donc bon. Et je me vois pas aller les acheter
moi-même, choisir, comparer tout ça. Je suis bien avec ma
crème, ma mère l'achète c'est comme ça. Je sais
très bien que j'irais jamais voir les autres produits vu que je vais pas
dans les trucs genre Sephora tout ça.
Aurais-tu quelque chose à ajouter à tout
ça ? Y : Bah non. J'ai tout dis
Merci à toi !
Répondant 3 : Valentin C., 19 ans, serveur dans la
restauration
Entretien enregistré le 14 juillet 2016 à
20:00
Bonsoir Valentin, on peut commencer ?
V : Oui !
Pour commencer, je vais te demander ce que
t'évoque le terme « cosmétique »
95
V : Hum... C'est avant tout le maquillage, on parle d'un
produit très féminin, de ce que vous mettez tous les jours. C'est
ce que ça m'évoque. (j'ai donc expliqué à valentin
ce que sont les cosmétiques)
En consommes-tu ?
V : Du coup oui ! Le parfum, le dentifrice, le savon tout
ça. Et une crème hydratante si j'ai peau très très
très sèche. Je l'utilise quand j'ai la peau sèche à
certains moments de l'année. Ma copine a essayé de m'en faire
mettre plus souvent, mais c'est pas mon genre.
A quelle fréquence tu utilises des
cosmétiques ?
V : Pour l'hygiène tous les jours. Pour le reste c'est
plutôt rare, et puis je suis pas du genre à me pomponner donc bon.
J'utilise pas beaucoup de produits finalement.
Quand as-tu commencé à utiliser de la
crème ?
V : Euh... C'est plus à des périodes de
l'année par exemple l'hiver quand j'ai la peau très sèche.
Je sais pas j'ai dû commencer vers... Bah quand tu commences à
vraiment faire attention à ton physique à ton apparence...
C'est-à-dire... Je sais pas chez les hommes c'est vers 16-17 ans. Mais
ça reste plutôt rare en fait.
Tu es attaché à une marque en particulier
pour cette crème ?
V : Non pas vraiment. Pour moi c'est la même chose. Je
ne suis pas vraiment un client fidèle je sais pas, parce que
peut-être que je ne suis pas tombé par exemple sur LA crème
qui m'a fait me dire « whoa cette crème est vraiment efficace,
c'est pas gras, ça colle pas » tout ça. Au final je suis
tombé sur des crèmes de pas trop mauvaise qualité, mais je
suis pas resté attaché à une crème en
particulier.
Qui achète tes cosmétiques ?
V : Souvent moi. Après généralement quand
je sais que ma mère va faire les courses au supermarché, quand
j'ai pas le temps d'aller faire les courses et que j'ai besoin d'un produit en
particulier, je lui demande de choisir un produit qui, selon elle, sera
adapté à ma peau. C'est juste pour une question pratique, quand
je n'ai pas le temps.
D'accord, quels éléments
éléments sont importants pour toi pour une crème pour le
visage ?
96
V : La simplicité. Si une crème me dit qu'elle
sera antiride, hydratante, régénérante... Des trucs comme
ça, ça va pas m'inspirer. Alors que si une crème est juste
hydratante je vais plus faire confiance à celle-ci qu'à
l'autre.
D'accord donc si je résume, tu
préfères un produit clair et précis ?
V : Oui, c'est un produit pour une seule fonction, une
fonction unique. Je ne crois absolument pas les produits 2 en 1. Et c'est
justement pour nous vendre... Ouais j'y crois absolument pas. Pour moi un
produit n'a qu'une seule fonction.
Qu'attends-tu d'une crème hydratante ?
V : Qu'elle ne laisse pas de film gras. J'ai horreur qu'une
crème fasse briller mon nez au final. Que ça se voit que j'ai mis
de la crème, pas parce que j'ai peur de pas paraître masculin, je
veux que ça reste naturel au final, pas une peau reluisante. Que
ça ne colle pas, ni sur les mains, ni sur le visage.
Je vais te montrer des soins hydratants (figure 28),
lesquels te sont familiers ?
V : Surtout celui en bas à gauche, (Nivea For Men) j'ai
déjà acheté un de cette marque une fois. Après
Mennen en soin hydratant comme ça je n'ai jamais essayé. Biotherm
Homme j'ai jamais vu, Vichy non plus. L'Oréal, cette forme-là me
fait plus penser à un déodorant. Après Clarins ça
me parle pas.
Donc tu as déjà testé Nivea
?
V : Oui mais j'ai pas aimé du tout. Parce que justement
c'était une forte odeur, comme un produit masculin, un déodorant
mais encore plus fort et ça me graissait la peau, j'ai horreur de
ça. Je l'ai utilisé deux fois et le pot est encore plein. J'avais
le nez huileux et l'odeur était trop forte, c'était du grand
n'importe quoi. Je préfère un produit avec une odeur plus neutre,
parce que quand il y a une odeur forte comme ça, on sent que c'est pas
vraiment naturel au final. Quand tu te rases, t'as pas envie de te bourrer la
peau avec des produits chimiques qui sentent fort. Après le rasage on a
tous des problèmes de peau, et j'ai fait de l'acné. J'ai
testé quelques crèmes acnéiques mais ça n'a pas
marché. Je les achetais en supermarché ou en pharmacie, en
fonction du packaging.
Justement c'est ma question, j'imagine que tu
prêtes attention à l'emballage d'un produit ?
97
V : Oui, mais au final, comme ils sont tous un peu pareil,
c'est plus un élément si important. Mais maintenant, avec un peu
plus d'achat, de recul, t'iras plus vers un packaging simple, vraiment plus
épuré, comme le Biotherm que tu m'as montré, beaucoup plus
simple que L'Oréal avec un emballage orange comme ça. Biotherm
t'as plus l'impression que c'est « naturel », y a pas 25 couleurs sur
l'emballage, c'est beaucoup plus épuré. Pour moi le format n'a
pas vraiment d'importance, quoi que par exemple le Nivea, une fois que t'as les
mains pleines de crème, c'est pas facile à refermer, c'est pas
pratique.
D'accord, donc parmi ces soins hydratants, lequel tu
choisirais ? (figure 29)
V : (10 secondes d'observation) Au niveau du packaging, je
préfère le bleu, le simple. C'est plus simple, c'est plus clair.
Les autres m'inspirent pas, ils sont moins neutres, et le bio là j'y
crois pas. Le vert on dirait qu'il essaie de se démarquer, il aura une
fonction particulière.
Est-ce que tu prêtes attention aux
publicités pour les cosmétiques ?
V : Absolument pas. Y en a tellement, c'est toutes les
mêmes avec quasiment toutes le même discours. Même les
déo, 48h, 72h on sait très bien qu'un déo, si tu as eu une
bonne journée, ça durera jamais 72h j'y crois pas. Rien à
voir mais je ne fais pas confiance aux vendeuses non plus, ni au packaging,
c'est du marketing tout ça.
Parmi ces publicités, laquelle t'inspire le plus
confiance ? (figure 30)
V : (15 secondes d'observation) Je vais être en
contradiction avec ce que je t'ai dit au début, parce que je t'ai
parlé de Biotherm Homme, mais là ça serait plus celle du
bas (la publicité Tom Ford), elle a une couleur unie, les autres mettent
en avant des sportifs. Biotherm ça met en avant un ancien footballeur
qui fait du surf, Menenn Sebastien Loeb, que des sportifs. Je m'y retrouve pas
des masses. J'ai dit Tom Ford, mais je ne connais même pas cette marque
au final, il se met une espèce de baume pour enlever les cernes ? Je
sais pas. J'aime bien la couleur, j'aime bien le fait qu'ils mettent un homme
plutôt beau gosse faut l'avouer, mais on ne le connait pas, ni un acteur
ni un sportif. Y a pas de chichi, pas de surf, pas de sport. L'Oréal, je
sais que j'aurais jamais la tête de l'acteur. Je regarde la mise en
scène en premier au final, pas le produit. Je sais que l'acteur est
sur-maquillé sur l'affiche, il est retouché c'est pas sa vraie
peau. Je suis pas trop dans leur délire marketing, je ne me sens pas
concerné du tout. Rien nous prouve que les images sont pas
retouchées, trafiquées donc bon. Sebastien Loeb il a l'air plus
ou moins naturel sur cette photo mais bon, j'y crois pas trop. C'est pas parce
qu'ils ont choisi un sportif que ça va
98
me faire acheter un produit plus qu'un autre. J'aimerais voir
un mec lambda, pas bodybuildé, classique, plus proche des consommateurs
au final, on est pas Lizarazu, plus de simplicité.
Est-ce que tu aimerais être aidé pour
choisir tes cosmétiques ?
V : Non parce que j'aime pas me mettre plein de produits sur
le visage, sur le corps. C'est pas que j'aime pas prendre soin de moi, mais
c'est que je consomme pas ces produits-là. J'ai peut-être pas
trouvé LE produit qu'il me fallait pour la peau. Après je vois
mon père qui utilise des crèmes depuis des années et des
années, il a pas la même depuis des années et des
années. Donc au final il a pas trouvé LE produit qui lui
correspondait. Il essaie toujours de trouver LA crème qui va plus lui
correspondre. Donc oui, peut-être qu'il faudrait plus de conseil, pour me
faire aimer une crème.
D'accord, tu as quelque chose à ajouter
?
V : C'est du vent toutes ces pubs marketing. Pas de 4 en 1
juste un produit pour une fonction, un packaging simple. Faudrait revenir
à de la simplicité à de l'efficacité. Avec trop de
choix on s'y perd, trop de marque, trop de choix, je m'y perds
déjà. Après j'ai aucun problème à utiliser
une crème pour femme, si elle est efficace. Si c'est neutre, si
ça sent pas trop l'homme par exemple le boisé, le musc des choses
comme ça ou la femme, les odeurs florales, le sucré tout
ça. Ça m'arrive parfois d'utiliser la crème de ma
mère, qui ne sent pas la fille, qui est neutre au final.
Répondant 4 : Olivier A., 26 ans, Chef de produit
Entretien enregistré le 20 juillet 2016 à
16:30
Bonjour Olivier, merci d'être là, on y va
?
O : C'est parti.
D'abord je vais te demander ce que t'évoque le
terme « cosmétique » ?
O : Euh... Cosmétique... Pour moi c'est produit de
beauté, tout ce qui est crème, tout ce qui est pour le soin du
corps, du visage, toutes ces choses-là. Pour moi c'est ça.
Ça concerne tout le monde, hommes comme femmes.
D'accord, est-ce que tu en consommes ?
99
O : Oui, de la crème pour le visage, tous les jours. Et
le soir j'ai un petit truc pour nettoyer la peau. C'est ma copine qui m'a dit
de le faire pour le soir. J'ai toujours eu une mauvaise peau, à cause de
l'acné, et du coup j'ai pris l'habitude. J'ai eu des traitements
tellement forts pour l'acné, comme le Roaccutane, que j'avais la peau
très sèche. J'ai fait ce traitement à 13 ans, donc hyper
tôt et du coup j'ai toujours pris l'habitude de mettre une crème
pour hydrater la peau et j'ai continué. Et le soir c'est assez
récent, avant je le faisais de temps en temps pour nettoyer un peu mais
maintenant c'est tous les soirs. Après j'utilise tous les produits
d'hygiène basiques ; savon, shampoing, mousse à raser, gel,
parfum tout ça.
Donc si je résume, tu utilises la crème
depuis longtemps, depuis ton adolescence ?
O : Oui la crème ça fait longtemps. Avant
c'était de temps en temps, et plus vers le lycée j'ai
commencé à en mettre tous les jours. Parce que si j'en mets pas
j'ai la peau sèche, je le sens et ça se voit.
Es-tu attaché à une marque en particulier
pour ta crème hydratante ?
O : Euh oui. Sur la crème hydratante c'est
Avène. Au début je prenais du Mixa Bébé, rien
à voir, mais en fait c'est pas pareil. Et le soir je prends Neutrogena.
Mais c'est plus une notion, euh... Comment dire... C'est transparent, pour
nettoyer. Et Neutrogena, parce que j'ai travaillé pour eux. Enfin dans
le groupe, et j'avais tous les produits gratuits. Je les ai toujours
gratuitement grâce à mes anciens collègues. Par contre,
s'ils ne peuvent pas m'en donner, je vais l'acheter quand même en grande
surface. Parce que je l'aime bien.
Qui achète tes cosmétiques ?
O : C'est moi qui achète. Je vais en pharmacie pour ma
crème Avène. Ma copine m'a dit que ça serait bien que je
me nettoie le visage, mais c'est quand même moi qui achète.
Quels éléments sont vraiment importants
pour toi dans un soin hydratant ?
O : Il faut qu'elle soit efficace, c'est primordial. Le
packaging je m'en fous. Le prix est important, mais je serais prêt
à mettre le prix si vraiment j'avais des gros problèmes.
Là c'est juste pour hydrater donc je vais pas mettre trop d'argent non
plus. Je prends Avène parce que je sais que c'est de la qualité
mais c'est pas trop cher non plus. Quoi que c'est un peu cher. Je l'ai depuis
un moment, donc je sais qu'elle fonctionne.
Parmi ces soins hydratants, lesquels te sont familiers ?
(figure 28)
100
O : Mennen, Nivea, Vichy, L'OréalÉ En fait je
les connais tous sauf Clarins Men. Biotherm aussi un peu moins mais je connais
quand même par rapport à mon ancien boulot. Vichy parce que ma
dermato me prescrivait cette marque au début pour mon traitement, et
après c'était Avène. L'Oréal, Nivea, Mennen
ça parle à tout le monde par contre. On les voit partout à
la télé, et je connais Mennen parce que je l'utilise pour le
rasage.
Tu m'as dit tout à l'heure que tu ne prêtais
pas attention à l'emballage d'un produit, O : Non pas du
tout.
J'aimerais savoir quel produit tu choisirais parmi
ceux-ci (figure 29)
O : (10 secondes d'observation) Spontanément...
Celui-là, le vert. Mais c'est pas parce que c'est bio, je trouve le
packaging plus joli, plus clair. Mais si c'est le même prix pour les 4,
je vais plus me tourner vers le bio. Parce que le bio on sait que c'est mieux,
c'est dans l'ère du temps, mais normalement c'est plus cher.
Et en ce qui concerne les publicités pour les
cosmétiques, est-ce que tu y prêtes attention ? O : Non,
pas du tout. Ça ne m'intéresse absolument pas.
Très bien, parmi ces images, laquelle t'inspire le
plus confiance ? (figure 30)
O : Euh... Ah je dirais soit Mennen soit L'Oréal.
Ça, pas du tout (Olivier me montre la publicité pour Tom Ford).
Qu'est-ce qu'il met là ? C'est de l'anticerne ? Alors là pas du
tout. Je ne mettrais pas. Ça ça me fait plus penser à une
utilisation par rapport au sport (Olivier me montre la publicité pour
Biotherm Homme). On voit Lizarazu, qui fait du surf, le nom du produit «
Aquapower », ça me fait plus penser au sport, alors que je suis
sûr que ça n'a rien à voir. Au premier abord je me dirais
« je ne fais pas de surf » donc ça ne me concerne pas. Donc je
dirais soit Mennen soit L'Oréal. L'Oréal parce que le mannequin a
une chemise, un petit pull... Ça me ressemble plus que les autres. Et
Mennen parce que j'en consomme quasiment tous les jours.
Visiblement, tu ne te sens pas vraiment concerné
par ces images ?
O : Non pas vraiment. Il faut rester sur quelque chose de plus
simple. Personnellement je recherche un truc qui soit efficace. Je vais pas
chercher... Comment dire... Quelque chose qui va révolutionner ma vie.
Par exemple, L'Oréal communique très bien. On voit un homme
simple, et on entend beaucoup parler de la marque, même ma copine a des
produits L'Oréal
101
dans la salle de bain. Et Mennen ça fonctionne
très bien, parce qu'ils n'ont que des produits pour les hommes.
Est-ce que tu aimerais être conseillé pour
choisir tes produits ?
O : Non, franchement je ne pense pas. Ça dépend
peut-être du type de produits. Par exemple, l'anticerne, j'aurais besoin
d'aide si jamais je me décidais à en acheter. Pour les produits
que j'achète et l'utilisation que j'en ai, je me débrouille
très bien tout seul. C'est surement parce que je sais ce dont j'ai
besoin, ma dermato m'a bien aidé. Si j'avais jamais vu de dermato, si
j'avais jamais eu de conseil sur ma peau ou quoi, tu peux demander conseil.
Est-ce que tu aurais quelque chose à ajouter
?
O : Par rapport à tes questions, je t'ai tout dit je
pense.
Répondant 5 : Gwenaël C., 30 ans, Coordinateur
services généraux
Entretien enregistré le 20 juillet 2016 à
15:00
Bonjour Gwenaël, on commence ?
G : Allons-y.
Je vais commencer par te demander ce que t'évoque
le terme « cosmétique »
G : Produits de beauté, bien-être. Du soin. Y a
pas tellement de notion féminin ou masculin selon moi. Tout le monde
peut s'accorder du bien-être, c'est important.
En consommes-tu ?
G : Non pas vraiment. Enfin je sais pas si le shampoing c'est
un cosmétique ? A part les produits de base et le parfum... Ah si je
mets de la crème hydratante pour le corps. Pour pas avoir la peau
blanche. Je suis antillais, j'ai vite la peau sèche, et quand ma peau
est sèche elle blanchit. Quand je n'en mets pas je le sens, je ne suis
pas à l'aise, ça me tire. Si je ne mets pas de crème j'ai
la peau blanche, et mes proches antillais me le font remarquer. Ma mère
me disait de mettre de la crème après la douche quand
j'étais petit, c'est pareil que se brosser les dents. Si tu as la peau
noire, tu ne peux pas te permettre de ne pas mettre de crème, on a la
peau super sèche.
A quelle fréquence utilises-tu ces produits
?
G : J'utilise la crème à chaque fois que je sors
de la douche, deux fois par jour, c'est un rituel. Je mets de la crème
par habitude, mais parfois je me demande quelles cochonneries ils mettent
dedans.
102
Quand as-tu commencé à avoir ce rituel
?
G : Ça fait déjà un an que j'utilise la
même crème. S'ils sortent une nouvelle crème dans la
même gamme, je vais la sentir, et si ça me plait, je vais la
tester. Je trouve que les crèmes hydratantes du Petit Marseillais sont
vraiment bien.
Es-tu attaché à une marque en particulier
?
G : Oui, le Petit Marseillais. Pour la crème. Tout ce
qui va être gel douche et compagnie, pas tellement. Je prends
celle-là parce qu'elle sent bon, elle ne laisse pas de trace, elle
pénètre bien.
Qui achète tes produits ?
G : C'est moi, en grande surface. Parfois je vais chez Yves
Rocher, mais je ne connais pas bien. Je demande aux vendeuses à propos
des odeurs, je suis sensible aux odeurs. J'achète tout en même
temps que je fais les courses. C'est pratique.
Qu'est-ce qui est important dans une crème
hydratante ?
G : (spontanément) L'odeur. Elles ont toutes le
même effet mais l'odeur, c'est important. Une fois tous les deux mois
j'utilise un gommage. J'ai la chance d'avoir une peau plus ou moins clean, je
n'ai pas besoin d'en faire plus. Si je devais utiliser une crème pour le
visage, j'aimerais qu'elle soit efficace. Le reste, je m'en fiche un peu.
Enfin, faut pas qu'elle soit trop chère non plus.
Je vais te montrer quelques photos (figure 28), tu vas
me dire s'il y a des produits qui te sont familiers.
G : (spontanément) Celui là ! Le L'Oréal,
je l'ai eu. Je m'en suis servi un moment. Moi j'avais l'antifatigue, il est
frais. Je l'ai pas racheté parce qu'il coûte cher, il est à
8 euros je crois. Mais il est bien, je le mettais la nuit aussi pour avoir
bonne mine le matin.
Est-ce que tu accordes l'importance à l'emballage
d'un produit ?
G : Non pas forcément, ça ne m'intéresse
pas.
Du coup je vais te demander parmi ces quatre produits
(figure 29), lequel t'attire le plus ?
G : Peut-être le troisième. La couleur est plus
chaude. Le bio je m'en moque, le rose fait fille, et le bleu ne m'inspire pas.
Le beige me plaît plus, la couleur est plus sympa.
Tu prêtes attention aux publicités sur les
cosmétiques ?
G : Oui, je regarde. Je fais attention. Je regarde les
nouveautés, ce qui sort. Même si je n'achète pas je
m'intéresse à ce qui sort.
D'accord, et parmi ces publicités-là,
laquelle te touche le plus ? (Figure 30)
G : Ah celle-là (Gwenaël me montre la
publicité L'Oréal Men Expert). C'est un homme, il a l'air serein,
tu te dis que ça doit fonctionner. Les autres c'est plus des beaux
gosses, des sportifs,
103
c'est plus vendeur, j'y crois moins. Alors que celui-là
nous vend moins de rêve. Et c'est le produit que j'ai utilisé. Je
préfère les choses simples. Je connais Tom Ford, parce que j'ai
des lunettes de cette marque-là, et je ne suis pas fan de leur
publicité, en plus ça coûte trop cher. Je vais pas mettre
30 euros dans une crème sans connaître le résultat avant.
L'Oréal c'est garanti, on sait que ça marche, on en entend plus
parler.
Tu aimerais avoir de l'aide pour choisir tes produits
?
G : Peut-être plus de tests. Qu'on me propose d'essayer
les produis, puisque de moi-même je n'irais pas les tester. Ou alors il
faudrait qu'on me fasse des remarques pour que j'aille tester des produits. Si
on me dit plusieurs fois que j'ai l'air fatigué, j'irais surement
acheter un produit. Il faudrait peut-être un rayon séparé.
Chez les hommes c'est avec les déo, alors que chez les filles c'est bien
défini, bien séparé.
Aurais-tu quelque chose à ajouter ?
G : Pour moi les cosmétiques c'est un plaisir, mais je
suis pas sûr que ça marche réellement. Je pense que c'est
plutôt psychologique. On se dit que ça marche parce qu'on en met
tous les jours, mais rien ne nous prouve que ça fonctionne. Si un de mes
proches me dit que ça fonctionne je vais plus le croire plus que si je
lis un magazine qui me montre un visage jour 1 jour 10, on sait qu'ils nous
mentent. Je n'ai pas vraiment confiance. Je me fierai plus à mes proches
ou à l'avis médical. Un dermato par exemple. Il faut quelque
chose de rassurant.
Merci beaucoup Gwenaël
Répondant 6 : Joseph S., 32 ans, Chargé de
ressources humaines
Entretien enregistré le 20 juillet 2016 à
14:00
Bonjour Joseph, es-tu prêt pour notre entretien
?
J : Je suis prêt.
Dans un premier temps, que t'évoque le terme
« cosmétique » ?
J : Beauté. Je dirais même superficialité,
que ce soit pour les hommes ou pour les femmes.
Est-ce que tu en consommes ?
J : Et ben ça dépend ce qu'on appelle
cosmétique... Euh... Qu'est-ce que je pourrais avoir qui s'apparenterai
à des cosmétiques... ? Donc le dentifrice n'était pas un
cosmétique mais un produit de santé, on est d'accord ? Pourtant
ça touche à ton visage. Euh j'utilise un truc... Le
déodorant n'est pas un cosmétique ? Si. C'est
vrai ? D'accord alors le déodorant tu pourrais mettre. Sinon je viens
d'avoir mon quatrième parfum, de toute ma vie, à 29 ans. Je
prends celui de mon colocataire de temps à autres, voilà
ça m'arrive. J'utilise de l'huile de barbe également,
104
je ne sais pas comment ça s'appelle mais c'est
ça. Quatre petites gouttes tous les matins. Ah si ! De la cire pour les
cheveux c'est vrai je le reconnais.
Pourquoi utilises-tu ces produits ?
J : J'utilise l'huile à barbe pour moi, pour adoucir le
poil et le dresser comme on pourrait dire. Pour l'assouplir en fait. C'est pour
le toucher, pour que ma barbe soit douce et souple, et surtout pas drue. Et
parce que mes cheveux ne tiennent pas tous seuls, je mets de la cire.
Quand as-tu commencé à utiliser ces
produits là ?
J : Après la puberté, vers l'adolescence pour le
gel parce que la barbe ça fait moins longtemps. J'ai commencé le
gel en 1ère, vers 16 ans. J'ai connu le gel en en parlant
avec des amis, on allait l'acheter ensemble parfois. J'ai eu la chance de ne
pas avoir de problèmes de peau quand j'étais jeune, je n'ai
jamais utilisé de crème. Ça fait seulement deux ans que je
ne me rase plus tous les jours, je trouve que ça me va mieux, je fais
plus homme comme ça.
Et à quelle fréquence utilises-tu ces
produits ?
J : L'huile pour la barbe tous les jours, c'est devenu un
rituel. Et la cire je dirais trois ou quatre fois par semaine, quand mes
cheveux sont propres.
D'accord, es-tu attaché à une marque en
particulier ?
J : De cire oui, j'en ai même un pot sur moi, c'est
celle-là (Joseph me montre le produit qu'il utilise : Matière
Texturisante Malléable L'Oréal Professionnel Tecni ART).
Ça doit faire... euh... ça fait bien longtemps, au moins 6-7 ans
que je dois l'avoir. Par contre, ce qui est bien avec ce modèle, c'est
que mes pots, j'en ai trois en tout, me durent plus d'un an. Donc ça, je
mets 20 euros et ça me dure plus d'un an. L'huile de barbe, ça
m'a coûté 30 euros, je l'ai acheté en janvier, et je n'en
suis toujours pas à la moitié de la bouteille. Donc je pense
aussi que ça va me tenir plus d'un an.
Qui achète tes produits ?
J : C'est moi, quand je vais chez le coiffeur ou chez le
barbier. Pour le déo, le savon tout ça, c'est plutôt quand
je fais les courses. Quand j'en ai plus, ça m'arrive d'en piquer
à mes colocs.
Où achètes-tu tes produits ?
J : Le gel c'était chez le coiffeur, et il ne se vend
que chez le coiffeur celui-là. Ou sur internet j'ai vu la
dernière fois mais au final avec les frais de port ça revenait au
même. Et l'huile c'est chez un barbier. Je préfère le
professionnel que le spécialisé type Sephora. J'ai
été chez Sephora y a pas longtemps pour la première fois
de ma vie, c'était pour un baume Sephora pour barbe, c'était
avant que je passe à l'huile. Ça coutait 10 euros je crois et
j'ai trouvé ça nul, ça n'a pas tenu, ça n'avait pas
grand intérêt.
Quels éléments sont importants pour toi
pour choisir un cosmétique ?
105
J : Le rapport qualité/prix est primordial. Je peux
mettre le prix si c'est de la qualité. Je déteste acheter en
plusieurs fois des trucs sans intérêt qui ne vont pas durer car
c'est de la mauvaise qualité. Je préfère mettre un peu
plus et que ça me dure et que ce soit de la qualité.
Sur quoi te bases-tu pour savoir si c'est de la
qualité ?
J : Bah faut le tester. En fait quand je vais chez le
coiffeur, le coiffeur me demande si je veux mettre de la cire à la fin,
je lui dis d'accord et après je demande quelle est la marque, la
référence tout ça. Et du coup après tu gardes la
référence et si c'est bien je rachète et si ce n'est pas
bien je demande à en essayer une autre la fois d'après. J'allais
avant chez le barbier, j'y suis allé trois fois. Mais le rapport
qualité prix pour le coup n'était pas là. Je trouvais que
ce n'était pas super bien fait ça respectait pas forcément
ce que j'avais demandé et c'était cher, 20-25 euros toutes les 3
semaines. Du coup j'ai dit stop et je le fais moi-même. Pour l'huile
à barbe je me suis débrouillé j'ai fait une recherche sur
internet. J'ai été sur des sites qui en parlait. J'ai quand
même été en magasin, j'ai demandé au vendeur quelle
huile il préférait. Mais après c'est plutôt une
question d'odeur, la mienne a une petite odeur de bois ambré.
Si je résume, tu préfères essayer
avant d'acheter ?
J : Je ne crois pas trop ce qu'il y a marqué sur
internet. Je pense que le marketing justement en fait beaucoup. Il est
difficile de vraiment s'appuyer sur ce qu'il y a marqué. Pour moi c'est
que du marketage. Par contre, quand j'ai trouvé le produit que j'aime,
je le rachète en plusieurs fois. Je n'aime pas faire les magasins, quand
j'ai trouvé mon produit, je n'en change pas.
Qu'attendrais-tu d'un soin du visage ?
J : Un antiride. Difficile à dire... Ça serait
plus pour la fatigue, je me dis que j'ai pas mal de cernes, et ça serait
pas mal que je me mette à utiliser quelque chose qui socialement ne me
fasse pas paraître fatigué. L'antiride je pense que ça
viendra un jour mais bon.
Je vais te montrer une série d'images (figure
28), peux-tu me dire parmi ces soins hydratants, le ou lesquels te sont
familiers ?
J : (spontanément) Ah celui là ! (Joseph me
montre le L'Oréal Men Expert), mon coloc l'a. J'ai déjà vu
ça je lui ai demandé ce que c'était. Et je crois que mon
autre coloc a celui-là (Joseph me montre le Nivea Men). Mais je leur ai
demandé à quoi ça servait, ils m'ont dit « à
hydrater la peau », et je leur ai dit « pourquoi vous mettez pas de
la crème hydratante normale ? ». C'est quoi de la «
crème hydratante normale » pour toi ? Bah c'est... C'est
un gros pot orange... (il me montre une crème hydratante Mixa pour le
corps) c'est ça ! Je lui en pique quand on part en vacances, j'aime
mettre ça le soir après le soleil. Je fais des allergies au
soleil, ce qui fait que je suis obligé de mettre un médicament
pour me protéger. Donc ouais j'en connais deux, les autres je ne connais
pas mais je suppose que ce sont tous les mêmes. Biotherm, le nom me parle
mais je ne pensais pas qu'ils avaient une section homme, et Clarins Men et
Vichy je ne connais pas du tout. Après je connais les marques Nivea,
Mennen et L'Oréal.
D'accord, j'aimerais savoir si tu prêtes
attention à l'emballage des produits cosmétiques ?
106
J : MmmmhÉ Bah... Je dirais que pour la cire oui. Parce
que quand je vois mon meilleur ami en voyage à Lisbonne qui a
emmène son pot de gel énorme, je lui ai demandé pourquoi
il avait pris un pot aussi gros, et il m'a dit qu'il n'avait trouvé que
ce format-là. La mienne est bien plus petite. Vu que je bouge beaucoup,
il me faut un truc qui soit assez petit. Pour ce qui est du packaging je dirais
que ce n'est pas le fond, les couleurs, mais c'est plus le côté
petit qui va m'attirer. J'aime les produits qui existe en format voyage. Rien
à voir, mais les déodorants 5 en 1 j'y crois pas du tout. Je n'y
crois pas une seconde. Pour moi c'est du marketing, jusqu'à ce qu'on me
prouve l'efficacité par A+B.
Je vais te montrer une seconde série d'images
(figure 29), dis-moi vers quelle crème hydratante te tournerais-tu
?
J : C'est des trucs de filles ça ! C'est rose ou bleu
clair. C'est pas des couleurs brutes, telles que du noir ou du gris qui font
plus masculin. Après si je devais en utiliser une, je lierai plus
l'étiquette... (Joseph observe attentivement les produits) La couleur
est pas importante, je ne peux pas lire... Mais s'il y en a une qui
protège de soleil je prendrais celle-là.
Est-ce que tu prêtes attention aux
publicités sur les cosmétiques ?
J : Oui, dans leur construction. J'aime bien voir les
schémas, l'histoire. Un garçon ou une fille qui a un
problème, qui met de la crème et ça va mieux. Je trouve
ça drôle, et je me dis « ils sont forts quand même
», bien joué le marketing ! La dernière que j'ai
trouvée pas mal, c'est celle avec une pointe d'humour, je trouvais
qu'elle sortait de l'ordinaire, c'est un mec qui se met du déodorant, et
y a la voix off qui dit « mais qu'est-ce que tu fais » ? J'ai
trouvé ça drôle. Je vais être plus sensible à
ce qui mettent derrière, pas au message qu'ils vont faire passer parce
que pour moi ce n'est que du blabla et je n'y crois pas. Les publicités
sont toutes pareilles.
Je vais te montrer une dernière série
d'images (figure 30), la ou lesquelles de ces affiches t'inspire le plus
?
J : Ah bah Bixente ! 98 ! Coupe du Monde ! (Joseph me montre
la publicité pour Mennen) Parce que lui se rase, et moi je me rase pas
donc je me retrouve pas. (Joseph me montre la publicité Tom Ford) Lui
m'a l'air de se maquiller donc ça ne me ressemble pas. (Joseph me montre
la publicité L'Oréal) L'acteur de Grey's Anatomy est
trop propre sur lui pour que je m'y retrouve. Du coup par élimination...
Bixente ! Je n'ai pas fait le détail entre les produits par contre.
C'est le côté nature, l'océan, il est en action.
Tu aimerais avoir de l'aide pour choisir ton soin
hydratant ?
J : Oui par un dermato. Déjà j'aimerais savoir
s'il y a un réel problème, plutôt que d'utiliser une
crème pour la superficialité ou la mode. Les vendeurs, j'y crois
pas. Dès qu'ils m'accostent je préfère leur dire que c'est
pas parce qu'il me disent que ce produit est bien que je vais les croire, je
sais qu'il touche une commission derrière. Je préfère me
faire mon propre avis. Par contre un dermato qui me dirait que ma peau a besoin
d'être hydratée, je lui demanderais ce qu'il aurait à me
conseiller.
Aurais-tu des questions ? Quelque chose à ajouter
?
107
J : Non. Je crois que j'ai tout dit. Merci à
toi.
Répondant 7 : Nicolas S., 33 ans,
Géomètre
Entretien enregistré le 16 juillet 2016 à
15:00
Bonjour Nicolas, es-tu prêt à commencer ?
N : Oui !
Nous allons commencer par discuter ensemble de ce que
t'évoque le terme « cosmétique » ?
N : Bonne question. « Cosmétique » c'est...
Crèmes. Après, les produits de soin, ça va du gel douche,
shampoing, dentifrice tout ça. Tous les produits qu'on utilise. Quand on
parle de cosmétiques pour moi c'est plus féminin.
En consommes-tu ?
N : J'en utilise très peu. A part du déo, gel
douche, shampoing et du parfum. Crème hydratante pour le corps,
l'été. Je crois que je dois utiliser celle de mon amie
d'ailleurs. Et je dois avoir une crème de visage mais je dois m'en
servir une fois tous les mois quand j'y pense.
Quand as-tu commencé à utiliser la
crème hydratante ?
N : Y a quelques années maintenant, je dirais... Cinq
ans peut-être. C'est mon amie qui m'a conseillé de l'utiliser pour
hydrater la peau parce que j'avais la peau un peu sèche, et de temps en
temps un peu grasse aussi.
Tu me disais que tu utilisais la crème tous les
mois à peu près ?
N : Oui toutes les trois semaines, un mois... Quand j'y pense
en fait. C'est pas une habitude pour moi. Et pour le corps c'est principalement
l'été pour la protection au soleil. Pour le reste c'est tous les
jours par contre.
Es-tu attaché à une marque en
particulier ?
N : Non pas spécialement. C'est plus mon amie qui
s'occupe de ça. J'ai une cousine qui travaille chez Sephora donc de
temps en temps elle me donne des échantillons pour que je teste, que
j'essaie.
108
Si je résume, c'est ton amie qui achète tes
produits ?
N : Oui c'est ça. Moi je m'en occupe pas vraiment. Elle
va faire les courses en grande surface, ou chez Sephora par le biais de ma
cousine.
Quels éléments sont importants dans le
choix d'un cosmétique ?
N : J'aime bien les odeurs légères pour tous les
produits que j'utilise. Même le parfum, j'aime pas vraiment les odeurs
puissantes, ça me convient pas spécialement non plus.
Qu'attends-tu d'une crème hydratante ?
N : Le soin en lui-même. Vraiment que ça hydrate,
que ça joue son rôle en fait. Pas d'odeur trop forte, plutôt
légère pareil.
Très bien. Parmi ces soins hydratants (figure 28),
le ou lesquels te sont familiers ?
N : Principalement ceux qu'on voit en grande surface,
L'Oréal, Nivea. La Nivea c'est pas la mienne mais je la connais
celle-là. C'est des marques qui me parlent, qui reviennent assez
régulièrement. Quand je fais mes courses je passe devant.
Est-ce que tu prêtes attention à l'emballage
d'un produit ?
N : Pas spécialement. Alors c'est vrai que les produits
qui attirent l'oeil, avec de la couleur, sont plus faciles à
repérer, mais après spécialement. Mais comme je te disais
c'est plus spécialement mon amie ou ma cousine qui me conseillent sur
certains produits, je fais un peu le cobaye quoi. Je leur fais confiance. Si
c'est une vendeuse qui vient vers moi, j'écouterais ce qu'elle me dit
mais ça dépend du prix.
Parmi ces 4 emballages (figure 29), vers lequel te
tournerais-tu ?
N : Alors c'est vrai que celui où il y a écrit
bio, aujourd'hui on parle beaucoup de bio, donc ouais je serais peut-être
plus attiré par celui-là. Et puis peut-être parce que le
bio est écrit plus gros que les autres donc ça attire plus
l'oeil. Le bio on croirait que c'est plus naturel, après c'est pas
forcément le cas mais bon. J'ai pas trop confiance.
Est-ce que tu prêtes attention aux
publicités sur les cosmétiques ?
N : Euh... Un petit peu oui principalement à la
télé et les enseignes publicitaires qu'on peut voir dans la rue
ou sur les panneaux. Ça passe devant mes yeux donc je regarde mais sans
plus.
Parmi les images que je vais te montrer (figure 30), la
ou lesquelles t'inspirent le plus ?
109
N : Lizarazu parce que c'est un footballeur. Je fais du foot
en club et je le regarde à la télé. Et Lizarazu c'est ma
génération. Après en dessous c'est le « Docteur
Mamour » c'est ça ? Céline regarde cette série
(Grey's Anatomy), donc je le connais. C'est plus l'image de l'homme qui va
véhiculer la marque que la marque elle-même. C'est vrai que
ça attire parce que c'est des hommes connus. Et Lizarazu c'est la coupe
du monde.
Tu aimerais avoir de l'aide pour choisir ton soin
hydratant ?
N : Pas vraiment. C'est vrai que j'en utilise très peu
donc bon. Ça m'attire pas plus que ça. J'en ai pas
forcément l'utilité, c'est pas rentré dans mes habitudes.
Et le temps aussi, c'est vrai qu'il faut prendre le temps de faire les choses
et je le prends pas. Je suis un homme pressé (rire).
Aurais-tu des questions ? Quelque chose à ajouter
? N : Non pas spécialement.
Et bien merci à toi Nicolas.
Répondant 8 : Yoan H., 39 ans, Agent SNCF
Entretien enregistré le 17 juillet 2016 à 17:
00
Bonjour Yoan, on y va ?
Y : Vas-y.
Nous allons commencer par discuter de ce que
t'évoque le terme « cosmétique » ? Y : Les
produits de beauté et d'entretien. Pour les femmes comme pour les
hommes.
En consommes-tu ?
Y : Oui. Les crèmes pour le visage, les
déodorants, les parfums, le gel entre autres. La crème c'est pour
les plaques sèches, l'été ça peut arriver.
Quand as-tu commencé à utiliser de la
crème hydratante ?
Y : Ça fait une dizaine d'années que j'ai
commencé à mettre de la crème. Parce qu'il y a dix ans
justement j'ai commencé à voir que ma peau séchait
l'été. Et du coup je la mets l'été.
Tu les utilises à quelle fréquence
?
110
Y : J'utilise pas de crème tous les jours. Tous les 2-3
jours. Parce que j'ai pris l'habitude de la mettre tous les deux jours.
Après je regarde le temps avant de partir au boulot, si je sais que ma
peau va sécher je mets un peu de crème avant de partir.
Tu es attaché à une marque en particulier
?
Y : Euh... Oui c'est... La marque c'est... C'est une bonne
question... C'est Nivea c'est ça. Parce que pour moi elle marche. Je
vois pas l'intérêt de changer quand on est content. J'ai plus de
plaques sèches quand j'en mets donc ça me va. Après vu que
j'ai pas essayé les autres, je sais pas si la mienne est mieux. Mais
elle me va.
Qui achète tes produits ?
Y : Soit ma femme, soit moi. Ça dépend qui est
en courses. Vu que tous mes produits viennent de grandes surfaces, c'est plus
pratique et c'est un réflexe.
Quels éléments sont importants dans le
choix d'un cosmétique ?
Y : Le prix c'est important, même si ça me
dérangerait pas d'aller chercher ma crème en pharmacie, c'est
souvent plus cher, mais c'est pas pratique. La pharmacie on y va pas tout le
temps, c'est vraiment quand on a besoin d'un truc particulier, des
médicaments par exemple.
Qu'attends-tu d'un soin du visage ?
Y : L'odeur c'est important. Pour la crème pas trop
d'odeur justement, que ça reste naturel, pas trop fort. Ou alors une
petite d'odeur comme le déo mais légère. Après ma
crème fait plutôt gras au début, mais après
ça reste pas c'est important.
D'accord. Parmi ces soins hydratants (figure 28), le ou
lesquels te sont familiers ?
Y : Nivea forcément. Même si c'est pas celle que
j'utilise je la connais, je suis passé devant en faisant les courses. Le
Biotherm je connais aussi mais je ne me rappelle pas où je l'ai vu. Je
sais que ça m'est arrivé de l'utiliser.
Est-ce que tu prêtes attention à l'emballage
d'un produit ? Y : Non pas spécialement non.
Du coup, parmi ces 4 emballages (figure 29), vers lequel
te tournerais-tu ?
Y : Bah le premier (le bleu). Je sais pas pourquoi. Il est
bleu, il me plait bien. C'est peut-être le plus masculin des quatre.
111
Est-ce que tu prêtes attention aux
publicités sur les cosmétiques ?
Y : Pas plus que ça, mais ça peut arriver. Pour
le gel par exemple. Je regarde ce qui sort, ce qu'il y a de nouveau.
Parmi les images que je vais te montrer (figure 30), la
ou lesquelles t'inspirent le plus ?
Y : Ah la y a un footballeur, c'est Lizarazu. J'adore le foot
et j'en pratique régulièrement. Donc ça serait Lizarazu.
Après le produit j'ai même pas regardé, c'est plus le
joueur qui me plait là. J'aimerais bien lui ressembler mais je m'y
retrouve pas forcément. Après je me dis qu'il faut s'entretenir,
comme eux sur les photos.
Tu aimerais avoir de l'aide pour choisir ton soin
hydratant ?
Y : C'est vrai que j'ai jamais eu trop d'explication sur
ça. C'est ma femme qui m'a choisi ma crème, je lui ai dit que
j'avais la peau sèche et elle m'a acheté la Nivea. Tout seul
j'aurais surement pas réussi à choisir. Ça serait bien un
peu d'aide pour les hommes.
Aurais-tu des questions ? Quelque chose à ajouter
? Y : Non, c'est bon.
Et bien Yoan, je te remercie pour ta
contribution.
Répondant 9 : Gilles G., 45 ans, Responsable de pôle
digital
Entretien enregistré le 20 juillet 2016 à
11:00
Bonjour Gilles, es-tu prêt à commencer
?
G : Oui !
Je vais commencer par te demande ce que t'évoques
le terme « cosmétiques »
G : (spontanément) Maquillage. Je pense maquillage,
féminin.
En consommes-tu ?
G : Non, pas du tout. (J'ai dû expliquer à
l'interrogé ce que sont réellement les cosmétiques) Alors
oui dans ce cas-là je consomme du gel douche, du shampoing, du
déodorant, du dentifrice, et c'est tout. Je ne me coiffe pas, et j'ai un
rasoir électrique, donc même pas de mousse à raser ou
d'après rasage. Mon gel douche et mon shampoing ne sont même pas
spécifique « Homme », c'est le Petit Marseillais.
112
Quand as-tu commencé à utiliser ces
produits ?
G : Depuis toujours. Enfin non, quand j'étais plus jeune,
j'utilisais plutôt du savon solide.
Tu les utilises tous les jours ?
G : Oui comme c'est du basique et de l'hygiène, tous les
jours.
Tu es attaché à une marque en particulier
?
G : C'est plus par habitude qu'autre chose. C'est pas de
l'attachement dans le sens « j'aime cette marque-là », je
prends un produit parce qu'il me va, donc je prends toujours le même par
habitude. Il me faut longtemps pour en avoir marre, donc quand il m'arrive d'en
avoir marre, je vais choisir une autre odeur. C'est vraiment du fonctionnel
pur. C'est pas un plaisir, c'est de l'hygiène. Ça pourrait
être vendu dans des packagings sans marque, ça m'irait très
bien.
Qui achète tes produits ?
G : C'est moi, vu que je vis seul c'est moi. J'achète
tout moi-même puisque je sais ce qui me convient.
Où les achètes-tu ?
G : En grande surface, avec le reste des courses. Ça
m'arrive d'aller en pharmacie pour le dentifrice, parce que la marque que
j'apprécie, Flocaril, ne se trouve qu'en Pharmacie. Et souvent je vais
à la pharmacie, et comme j'y suis, j'achète le dentifrice. Je ne
vais jamais spécialement en pharmacie pour l'acheter.
Quels éléments sont importants dans le
choix d'un cosmétique ?
G : Comme je t'ai dit, c'est pas l'emballage. Pour moi c'est
plutôt l'odeur, je sens le produit avant de l'acheter.
L'efficacité, mais comme je suis sur des produits de base je ne fais pas
trop attention. Pour le dentifrice je fais attention au goût. Quand je
vais à l'hôtel, je vais utiliser les produits de l'hôtel,
tant que je suis propre, ça me va. J'aime les choses fonctionnelles,
claires, et précises.
D'accord. Parmi ces produits-là (figure 28), le ou
lesquels te sont familiers ?
G : Le Mennen, parce que la marque m'interpelle et j'ai
déjà vu ce produit, il me dit quelque chose. Je connais la marque
Nivea mais ce produit en l'occurrence je ne le connais pas. Le L'Oréal
aussi je l'ai déjà vu. Mais je n'en utilise aucun. Je ne sais
même pas ce que c'est, je vois que c'est pour hydrater la peau, je n'ai
jamais essayé et je n'ai même pas envie d'essayer. Je suis pas
dans la course à la beauté. Si j'avais des problèmes de
peau j'irais consulter un dermato, mais je n'en ai pas, je n'ai aucune
coquetterie.
Tu m'as dit tout à l'heure que tu ne
prêtais pas plus que ça attention à l'emballage des
cosmétiques ?
113
G : Non pas plus que ça. Mais je peux te dire
spontanément que je n'y prête pas attention alors
qu'inconsciemment j'y fais gaffe.
Du coup, parmi ces 4 emballages (figure 29), vers lequel
te tournerais-tu ?
G : Spontanément, j'hésite entre le premier ou
le quatrième, parce qu'ils sont plus masculins. Le bleu ou le vert.
Spontanément c'était le bleu mais le vert est plus joli. Il y a
plus d'info sur l'emballage, il fait plus moderne, mieux conçu. Mais pas
parce qu'il est bio, je m'en moque. Mais après je ne suis pas contre
quelque chose de plus sobre, moins tape à l'oeil, comme le bleu. Je ne
suis pas fan des trucs où on voit des sportifs, des mecs musclés
ou les trucs énergisants... Pour moi c'est plus caricatural et c'est un
repoussoir. Pour moi c'est complètement du gadget, du superflu. Alors
qu'avec le bleu on est pas sur les codes d'un médicament mais
presque.
Justement en parlant de sportif, je vais te montrer
des affiches (figure 30) dis-moi laquelle t'inspire le plus ?
G : J'en ai vu aucun de celle-là. Ah si celle avec
Sébastien Loeb est passée à la télé.
Biotherm pas du tout. Je comprends le concept de l'eau mais elle ne me plait
pas. Tom Ford je la trouve vraiment bizarre, le mec bien apprêté,
bien coiffé, bien rasé, qui se maquille... J'aime pas du tout du
tout. Très peu pour moi les codes gays. Je dirais L'Oréal Men
Expert parce que c'est facile de s'identifier. Et Sébastien Loeb parce
que j'aime la course automobile, et je retrouve le produit Mennen. De toute
façon je ne suis intéressé par aucun de ces produits, donc
je ne regarde pas les publicités.
Tu aimerais être aidé pour choisir tes
produits ?
G : Non. A part une femme qui m'obligerait à en
utiliser, et encore. Ça serait sous la contrainte. Je ne vois pas
l'utilité, ça reste dans le domaine du superficiel. Si d'un seul
coup je ne sais pas ce qui se passe, j'ai la peau qui commence à faire
des rougeurs, ou qui me fait mal, j'utiliserais peut-être un produit.
Tu aurais des questions, quelque chose à ajouter
?
G : Non je ne pense pas. Quoi qu'en regardant les
publicité une nouvelle fois, je suis plutôt à
l'opposé de ces hommes sur les photos, ça me fait penser que ce
qui pourrait m'attirer ça serait le faux rétro. Avec du vintage,
des packagings qui viennent tout droit des années 50. A la limite je
serais plus sensible à des codes vieillots, traditionnels. De la
simplicité. J'aime aussi les packagings qui te simplifie la vie. Les
pompes qui te permettent de finir le produit jusqu'à ce qu'il n'y en ait
plus. Mon déodorant n'a plus de bouchon, il suffit de tourner le haut
pour l'ouvrir ou le refermer, tu n'as plus de bouchon qui traîne.
Toujours le côté fonctionnel et pratique.
Je te remercie pour toutes tes réponses
Gilles.
114
Répondant 10 : Bruno S., 48 ans, Chef d'équipe dans
l'imprimerie
Entretien enregistré le 17 juillet 2016 à
18:00
Bruno, es-tu prêt à commencer ?
B : C'est parti.
Alors je vais commencer par te demander ce que
t'évoque le terme « cosmétique » ?
B : Euh... « Cosmétique » É Et bien
écoute euh... C'est tout ce qui englobe les soins de corps, et euh...
Les parfums. Mais tu vois avant je voyais plus ça comme féminin,
mais je dirais plus maintenant. Par rapport à la
génération de nos parents par exemple où les hommes s'en
souciait très peu, je pense que les hommes de maintenant s'en soucient
un peu plus. Sur leur bien-être et tout ce qui va avec quoi.
En consommes-tu ?
B : Euh... oui. Alors on va dire, bien sur le shampoing, le
savon, euh... Des crèmes on va dire hydratantes de visage principalement
et des protections solaires ainsi que... Parfois du parfum ainsi que du
déodorant.
Quand as-tu commencé à utiliser ces
produits ?
B : Euh je dirais... Vu mon âge... Ça fait entre
5 et 10 ans on va dire. J'ai vu quelques rides apparaitre sur mon visage, je me
suis dit que peut-être mon visage manquait un tout petit peu
d'hydratation. Avant je mettais pas grand-chose je l'avoue.
A quelle fréquence les utilises-tu ?
B : Tous les jours, la crème de visage hydratante et
après rasage. Et bien sur les produits d'hygiène.
Es-tu attaché à une marque en particulier
?
B : Euh... J'aurais tendance à dire oui... Nivea. Parce
que c'est celle qui me paraît le plus naturelle. J'utilise cette
crème depuis longtemps.
Qui achète tes produits ?
B : Moi. Ma femme aussi parfois, mais souvent c'est moi.
Où les achètes-tu ?
B : En grande surface, quand on va faire les courses, c'est
pratique et peut-être par un souci d'économie aussi. C'est vrai
que c'est plus cher en pharmacie.
Quels éléments sont importants pour toi
dans le choix d'une crème comme celle-ci ?
115
B : Facilité d'utilisation. Et euh... je dirais la
sensation qu'elle fait bien son effet. Après le prix c'est important
aussi quand même. Je vais pas mettre des mille et des cents dans une
crème pour le visage, ma crème Nivea fonctionne bien.
Qu'attends-tu de cette crème ?
B : Ça va tourner un petit peu autour de ce que je t'ai
dit, c'est-à-dire euh... Qu'elle soit efficace, et qu'elle soit pas
contraignante. La simplicité et l'efficacité quoi.
Très bien, parmi ces soins hydratants (figure
28), peux-tu me dire le ou lesquels te sont familiers ?
B : Evidemment, Nivea. J'utilise celle-ci. Ensuite je dirais
Mennen, parce que j'ai déjà vu ce produit sur une pub, et pour
les mêmes raisons je dirais L'Oréal, par la communication qu'on
peut voir un petit peu partout.
Est-ce que tu prêtes attention à
l'emballage d'un cosmétique ? B : Pas du tout. Je m'en
moque.
Très bien, donc si tu devais choisir parmi ces
quatre soins (figure 29), lequel prendrais-tu ?
B : Alors ce sont toutes les mêmes ? Ah oui... Alors moi
ce qui m'a attiré l'oeil en premier je dirais celle-là, la bleue.
Pourquoi la bleue ? C'est une bonne question ça... Ça rejoint ce
que je te disais tout à l'heure, le bleu ça me fait penser au
côté naturel. Après c'est vrai que j'aurais pu prendre le
vert, c'est bio, mais c'est plus le bleu qui m'a attiré en premier, je
sais pas.
Ok, ensuite je vais te demander si tu prêtes
attention aux publicités sur les cosmétiques pour hommes
?
B : Est-ce que je prête attention... Pas
spécialement non. Après quand ça passe à la
télé je regarde sans regarder.
Très bien, donc parmi ces campagnes-là
(figure 30), laquelle t'inspire le plus confiance ?
B : Je dirais celle où il y a... Euh... Lizarazu. Parce
qu'il y a un côté sportif qui correspond un petit peu à mon
état d'esprit. J'aime le sport, la nature aussi, ça me parle. Je
préfère ça à un acteur qui pose. Le
côté mannequin pur et dur... Moi je dis non. Ça me le fait
pas de trop. Je préfère le côté actif de Lizarazu
sur l'affiche.
Est-ce que tu aimerais être aidé pour
choisir ton soin hydratant ?
116
B : Non. Je suis bien avec ma petite crème Nivea. Disons
qu'après je teste, j'ai mes petits critères qui sont assez
simples, je penses pas avoir trop besoin d'aide. Si j'avais plus de
problèmes de peau oui surement, mais bon là c'est juste pour
m'hydrater un peu.
Très bien, aurais-tu quelque chose à
ajouter ? B : MmmmhÉ Non rien de particulier
D'accord, je te remercie !
Répondant 11 : Stéphane C., 51 ans, Lieutenant
sapeur-pompier
Entretien enregistré le 17 juillet 2016 à
15:00
Bonjour Stéphane, es-tu prêt à
commencer ?
S : Oui vas-y.
Tout d'abord, je vais te demander ce que t'évoque
le terme « cosmétique » ?
S : Hygiène. L'hygiène du corps, le soin. Pour les
hommes et les femmes.
En consommes-tu ?
S : Oui. Parfum, dentifrice, shampoing, gel douche et
crème de jour, tous les jours. C'est simplement pour l'hygiène.
Et la crème c'est pour le soin de ma peau, pour pas avoir la peau trop
sèche.
Quand as-tu commencé à utiliser ces
produits ?
S : Oh y a longtemps. Je dirais vers 15-16 ans. Sinon je fais
du sport tous les jours, avec mon métier (lieutenant sapeur-pompier)
donc je prends des douches plusieurs fois par jour. Donc forcément je
mets de la crème pour hydrater mon visage parce que la douche ça
a tendance à assécher mon visage.
A quelle fréquence utilises-tu ces produits
?
S : Plusieurs fois par jour. Je me lave tous les jours, je me
lave les dents deux fois par jour et je mets de la crème tous les jours.
Je mets pas de maquillage par contre (rire)
Es-tu attaché à une marque en particulier
?
S : Non pas vraiment. La crème hydratante j'alterne
entre deux marques, L'Oréal et Nivea. Le dentifrice par contre c'est
toujours le même, c'est le fameux « Signal ». A la maison, tout
le monde a ce dentifrice. Après c'est pas vraiment la marque qui
m'intéresse, c'est plutôt
117
l'efficacité et le prix que je regarde, surtout pour la
crème de jour, parce que les crèmes de jour sont pas
données. Moi j'en prends une qui est hydratante et matifiante aussi.
Ça évite que ce soit trop gras sur le visage.
Qui achète tes produits ?
S : C'est moi et ma femme. Quand on va faire les courses.
Où achètes-tu ces produits ?
S : C'est généralement quand on fait les courses
donc en grande surface. Peut-être parfois en parapharmacie parce qu'il y
a un coin parapharmacie là où on fait les courses.
Donc si je résume tu n'aimes pas que ce soit
gras sur ton visage, y a-t-il d'autres éléments qui sont
importants pour toi dans le choix d'un cosmétique ?
S : Comme je t'ai dit c'est l'efficacité et le prix.
Faut que ça aille ensemble. Après avoir essayé plusieurs
crèmes je me suis arrêté sur deux marques, parce qu'elles
avaient un bon rapport qualité/prix. J'ai un peu de mal avec les
produits 2 en 1, j'y crois pas trop. J'ai du mal à croire que ce soit
hydratant ET antiride par exemple. Mais je peux pas aller vérifier
vraiment. Je mets pas tellement d'antiride en fait.
Qu'attends-tu d'un soin du visage ?
S : La texture c'est important. Faut que ce soit léger,
onctueux. Le prix forcément, parce que les crèmes hydratantes
ça a un coup malgré tout. Et surtout l'odeur. Faut pas que ce
soit trop féminin, ça me dérange, mais pas trop homme non
plus, j'aime bien les odeurs neutres. Sur les déo ou les gels douche, le
boisé me dérange pas, mais pas sur la crème. Faut que ce
soit léger. J'aime bien les crèmes neutres. Après que la
crème soit en tube ou en boite je m'en moque.
Très bien, donc parmi ces soins hydratants (figure
28), lesquels te sont familiers ?
S : Bah... Je connais les soins Mennen, L'Oréal et
Nivea For Men. Les autres je les connais de nom mais j'ai utilisé
L'Oréal et Nivea. Je connais les marques mais surtout les packagings, je
les vois souvent, dans les pubs ou en grande surface
Tu m'as dit tout à l'heure que l'emballage
t'importait peu, mais parmi ces produits, lequel t'attire le plus ? (Figure
30)
S : D'instinct ? (10 secondes d'observation) Euh... Je sais
pas je me méfie toujours de ce qui est bio donc... Parce qu'on dit que
le bio c'est plus naturel mais bon... J'y crois pas trop. Après
ça dépend du prix mais j'irais quand même peut-être
plus sur le bio. Parce qu'on se dit que c'est peut-être plus naturel,
avec moins de produits dedans, plus bio quoi. Même si c'est pas plus
naturel j'aurais au moins essayé.
Prêtes-tu attention aux publicités sur les
cosmétiques ?
118
S : Oui. Ça m'arrive d'y faire attention quand elle
passe à la télé ou dans la presse. Après c'est des
marques et des produits connus que j'ai déjà plus ou moins
essayé donc je connais. Si je vois un truc que j'ai peut-être pas
essayé, je vais parfois aller l'acheter.
Très bien, et parmi ces publicités (figure
30), laquelle t'inspire le plus confiance ?
S : (10 secondes d'observation) Euh... Le plus de confiance...
C'est quoi comme marque ça ? Biotherm ? Je connais, L'Oréal
aussi, Mennen aussi, et Nivea aussi. Tom Ford je connais pas... Il fait quoi
là ? Il se maquille ? ... J'aime bien l'Aqua Power (Biotherm), mais
parce qu'il y a la mer, la nature, la vague, le soleil, le sport. Et puis...
Peut-être L'Oréal parce que c'est quelqu'un que je connais, que
j'apprécie, c'est la personnalité de l'acteur. Il a une certaine
maturité, il doit avoir mon âge, ça me parle.
Tu aimerais être plus aidé pour choisir tes
produits ?
S : Non, non. J'ai ma propre opinion, j'ai besoin de personne.
Parce que comme tout produit je sais ce que j'ai envie d'acheter. Si je sais
pas je vais tester et je verrais. Après pourquoi pas quelques
renseignements sur l'efficacité d'un produit. Si on me dit que c'est
efficace pourquoi pas. Mais globalement je me débrouille tout seul.
Très bien, aurais-tu quelque chose à
ajouter ? S : Non, je pense qu'on a tout dit.
Merci à toi.
Répondant 12 : Lionel C., 52 ans, Commercial Grands
Comptes
Entretien enregistré le 14 juillet 2016 à
20:30
Bonsoir Lionel, es-tu prêt ?
L : Oui, je t'écoute.
Tout d'abord que t'évoque le terme «
cosmétique » ?
L : Euh... Alors « cosmétique » pour moi
c'est euh... C'est des soins, du bien-être, euh... Voilà. Et puis
de la beauté mais plus féminin.
Consommes-tu des cosmétiques ?
L : Ah bah oui ! Du dentifrice, du shampoing, des soins pour
ma peau, parce que j'ai une peau fragile. Pour moi c'est plus de la pharma que
du cosmétique ce que je prends. J'ai une peau qui est très
mauvaise et depuis que je suis petit je vais chez la derma. J'ai toujours eu
des soins
119
dermatologiques et finalement des produits qui sont plus des
produits que j'ai acheté en pharmacie que m'a recommandé ma derma
quand j'étais jeune. Ah et du parfum aussi.
Donc tu as commencé à utiliser ces produits
quand tu étais jeune ? C'est-à-dire ?
L : A l'adolescence, vers 14 ans. J'avais beaucoup beaucoup
d'acné, j'ai dû prendre Roaccutane. Je vais voir des derma depuis
que je suis très jeune.
A quelle fréquence utilises-tu ces produits ?
L : Tous les jours, sans exception.
Es-tu attaché à une marque en
particulier ?
L : Oui, c'est Aderma. C'est la derma qui me l'avait
recommandé quand j'étais jeune comme je t'ai dit. C'est une
professionnelle qui me l'a recommandé, je lui fais entièrement
confiance. J'utilise un gel nettoyant et une crème hydratante de cette
marque.
Qui achètes tes cosmétiques ?
L : Moi. Je vais en pharmacie pour ma peau, et pour le
déo c'est chez Auchan. Mon gel douche, mon shampoing et ma crème
viennent de pharmacie.
Quels éléments sont importants pour toi
dans une crème pour le visage ?
L : Euh... Le conseil. Je fais pas confiance aux pharmaciens,
parce que ce sont des commerçants, et qu'ils vont te vendre là
où ils ont le plus de marge. Moi je fais confiance à ce que me
dis mon derma, alors peut-être que le derma n'a pas bon non plus parce
qu'il a des visiteurs médicaux je sais pas mais euh... Le derma, moi ce
qu'il me dit je m'y fie, c'est un professionnel.
Qu'attends-tu d'un soin du visage ?
L : Le prix n'est pas vraiment important. Mes problèmes
de peau m'ont appris qu'il fallait souvent mettre le prix pour avoir de la
qualité. Et comme c'est des soins, c'est important, je
préfère mettre le prix. A part ça, le packaging est
important tu vois, parce qu'avec mon travail, j'ai besoin d'avoir des
conditionnements qui sont adaptés à pouvoir les transporter
facilement, car je me déplace beaucoup. J'aime bien les produits qui
existent en plusieurs formats, un grand pour la maison, et un petit pour mes
déplacements. Je te prends un exemple tiens ; la mousse à raser.
Les gels à raser par exemple. Déjà je peux pas me raser
avec n'importe quelle mousse à
120
raser, il me faut des gels à raser que ma peau
tolère, pas de parfum, pas de produit, faut que ce soit
hypoallergénique, parce que j'ai la peau fragile et je me rase tous les
jours. Et puis faut que ce soit des petits conditionnements, or tu trouves pas
de petits conditionnements, t'es obligé de te trimballer le gros flacon.
On pense pas aux gens qui sont itinérants.
Parmi ces soins hydratants (figure 28), lesquels te sont
familiers ?
L : Bon, alors. Le Nivea et le Vichy. Le Nivea c'est la marque
que je prends pour le déo. C'est une marque de confiance parce que ce
sont de bons produits. Mennen surtout pas pour ma peau. Et puis Vichy parce que
j'ai déjà utilisé des produits Vichy.
Tu as mentionné l'importance de l'emballage au
niveau de la taille, mais y a-t-il d'autres éléments qui sont
importants pour toi en terme de packaging ?
L : Non pour moi c'est vraiment la taille qui compte.
Très bien, parmi ces quatre produits (figure 29)
lequel t'attire le plus ?
L : Bah c'est les mêmes ! Enfin je vois bien que la
couleur est différente mais bon. Peut-être le troisième (le
beige). Parce que je sais pas... La couleur est jolie. Après y a bio, je
me méfie toujours quand y a marqué bio dessus. J'ai pas confiance
dans le bio, à mon avis c'est pas plus naturel que les autres produits.
Donc non, je prendrais le jaune, il me plait bien. C'est plutôt neutre,
c'est ni rose, ni bleu.
Est-ce que tu prêtes attention aux
publicités pour les cosmétiques ?
L : Euh... Non, pas du tout. Vu que j'utilise pratiquement que
des trucs de pharmacie, ce qui passe à la télé ne me
concerne pas.
Très bien, et parmi ces campagnes (figure 30),
laquelle t'inspire le plus confiance ?
L : La première. J'ai pas mes lunettes, c'est Biotherm
? Ah oui. Celle-ci parce que tu vois bien le produit. Moi je
préfère voir le produit plutôt qu'un homme torse nu. Je me
sens pas concerné par les hommes qui mettent sur les pubs, je
préfère voir ce qu'on me vend, le produit en fait.
D'accord, aimerais-tu être plus aidé pour
choisir tes produits ?
L : Ah oui complètement. Moi je n'ai confiance que dans
les professionnels, mais dans le médical seulement. Les vendeuses et les
pharmaciens pour moi c'est juste pour toucher la marge derrière. Il n'y
a que ma derma qui peut me faire changer de produit.
121
Aurais-tu quelque chose à ajouter ?
L : Bah euh oui... Moi je suis pas d'une
génération à aller vers ce type de produits tu vois
là en vacances j'ai brûlé, parce que si ma femme ne me dit
pas de mettre de la crème j'en mets pas. Naturellement je ne suis pas
d'une génération où on a vécu avec ça, on
n'a pas appris à en mettre, à prendre soin de notre peau, et on a
appris à vivre comme ça. C'est une question d'habitude. On a pas
été habitué à en utiliser.
Ok, je te remercie pour cet entretien.
Répondant 13 : Jean-François G., 61 ans,
Pharmacien
Entretien enregistré le 17 juillet 2016 à
10:30
Bonjour Jean-François, merci encore de participer
à l'étude. Es-tu prêt à commencer ? J.-F. :
Oui, allons-y.
Très bien, tout d'abord, que t'évoques le
terme « cosmétique » ?
J.-F. : L'entretien de soi, aussi bien au féminin qu'au
masculin. Oui, l'entretien de soi. Après moi je travaille
là-dedans (pharmacien), donc pour moi c'est pour tout le monde.
D'accord, en consommes-tu ?
J.-F. : J'en utilise, je les consomme pas mais j'en utilise.
J'ai une crème pour le visage pour m'hydrater la peau, j'ai des
exfoliants pour les pieds et puis bah des déodorants, des anti
transpirants, parfum, gel douche, voilà.
Ok, quand as-tu commencé à en utiliser
à peu près ?
J.-F. : Euh... Ya facilement une vingtaine d'années
oui. Quand j'ai vu mes premières petites rides apparaître.
Et à quelle fréquence utilises-tu ces
produits ?
J.-F. : J'utilise ma crème quotidiennement. Les
produits d'hygiène c'est pareil. L'exfoliant c'est deux fois par mois
à peu près.
Es-tu attaché à une marque en particulier
?
J.-F. : Oui, la marque Avène. Parce que je la connais
bien et qu'elle est vendue en pharmacie en plus. Je préfère
largement les produits de pharmacie que les grandes surfaces. Disons que «
, c'est surtout ça.
122
Qui achète tes produits ?
J.-F. : Je me fournis dans ma pharmacie. J'ai tous les
produits à disposition, et comme je te disais, je les connais bien. Les
shampoings et les gels douche par contre c'est en grande surface quand
même.
Très bien, et quels éléments sont
importants pour toi dans un cosmétique ?
J.-F. : Pour la crème c'est la tolérance que ma
peau peut en avoir. J'ai la peau un peu sensible du fait du rasage. Je me rase
tous les jours donc forcément ça fragilise ma peau.
Et à part la tolérance, qu'attends-tu d'un
soin du visage ?
J.-F. : L'odeur, la texture et puis le rendu une fois
appliqué quoi. Faut que ça pénètre vite et que
ça ne reste pas en surface. Pour l'odeur j'aime bien quand il n'y en a
pas justement. Je n'aime pas les odeurs de musc sur une crème
hydratante. Pour les autres produits ça ne me dérange pas mais
pas sur le visage. D'ailleurs les parfums peuvent entraîner des
intolérances.
D'après cette série de soins hydratants
(figure 28), lesquels te sont familiers ?
J.-F. : (10 secondes d'observation) Eh ben la Vichy et la
L'Oréal par la publicité. Vichy j'ai l'habitude de la voir dans
ma pharmacie et je l'ai déjà utilisée. Mais les autres je
les connais moins
Prêtes-tu attention aux emballages ?
J.-F. : Je vais pas te dire non parce que c'est pas vrai, je
vais dire oui, un peu quand même. C'est important. J'ai besoin qu'un
produit m'attire l'oeil, qu'il me plaise visuellement.
D'accord, et donc parmi ces quatre soins hydratants
(figure 29), lequel t'attire le plus ?
J.-F. : Aucune. Ouais aucune. Elles sont fades, elles
n'attirent pas l'oeil. Tu vois par exemple par rapport au packaging de
L'Oréal, l'orange t'attire plus l'oeil quoi. Là c'est fade, y a
aucune couleur. Je préfère les couleurs vives.
Est-ce que tu fais attention aux publicités sur
les cosmétiques ?
J.-F. : Pas du tout non. Ça m'intéresse pas.
C'est-à-dire que la publicité c'est pas quelque chose auquel je
crois beaucoup donc non. Le publicitaire est chargé de faire son travail
et c'est le produit. Je crois beaucoup plus aux échantillons qu'à
la publicité. C'est le produit qui parle.
Parmi ces campagnes (figure 30), laquelle t'inspire le
plus confiance ?
J.-F. : Pour moi aucune. Déjà c'est pas ma
tranche d'âge, et je suis pas trop attiré par les hommes en plus
(rire). Je me sens pas visé par ces publicités. Je
préfèrerai plus quelque chose en rapport avec mon âge, avec
un côté plus scientifique peut-être.
Aimerais-tu être plus aidé pour choisir tes
produits ?
123
J.-F. : C'est difficile si tu veux parce que je vais vers un
produit que je connais donc bon. J'ai pas besoin d'aide pour acheter mon
produit. Une fois que j'ai trouvé un produit qui me convient, j'en
change pas ou peu. Mais pour savoir que celui-là me convenait je l'ai
testé avant. Pour en changer, faudrait déjà me donner
l'échantillon et après que je l'essai et que je vois le
résultat. Je ne me fie qu'à mon avis.
D'accord, aurais-tu quelque chose à ajouter ?
J.-F. : Non je t'ai tout dis !
Merci beaucoup à toi en tout cas.
124
Annexe 4. Grille d'analyses de la consommation
125
Annexe 5. Grille d'analyse du rôle des femmes
126
Annexe 6. Grille d'analyse des attentes des
consommateurs
127
Annexe 7. Exemples de campagnes publicitaires AXE
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS 3
RESUME 4
ABSTRACT 5
INTRODUCTION 1
PARTIE 1 : LES COSMETIQUES 5
I. LE SECTEUR DES COSMETIQUES 6
1. L'UNIVERS DES COSMETIQUES 6
1.1. L'origine et l'étymologie 6
1.2. La définition 6
1.3. La règlementation 8
2. LE MARCHE DES COSMETIQUES 9
2.1. Le marché mondial des cosmétiques
9
2.2. Le marché français des cosmétiques
12
2.3. Les cosmétiques naturels et biologiques
16
3. LA GENT MASCULINE 18
3.1. Les caractéristiques physiologiques 18
3.2. Les typologies masculines 21
3.2.1. L'homme métrosexuel 21
3.2.2. Lhomme übersexuel 22
3.2.3. L'homme lumbersexuel 22
3.2.4. L'homme rétrosexuel 23
4. LES COSMETIQUES MASCULINS 23
4.1. Le marché 23
4.2. Les tendances 26
4.3. Le rapport de l'homme aux cosmétiques 28
4.4. Les attentes des consommateurs 29
4.5. Le marketing des cosmétiques masculins 30
4.6. Le rôle des femmes 31
II. LA GENERATION Z
32
1. LEURS AINES 32
1.1. La génération X 33
1.2. La génération Y 34
2. LEUR PORTRAIT 35
3. LEURS INFLUENCES ET CENTRES D'INTERET 37
4. LEURS HABITUDES DE CONSOMMATION 38
PARTIE II : LA METHODOLOGIE ET LES RESULTATS DE L'ETUDE
41
I. LA METHODOLOGIE 41
1. LES AXES DE RECHERCHE 41
2. L'ETUDE QUALITATIVE 41
3. LE GUIDE D'ENTRETIEN 42
3.1. Consommation 43
3.2. Attentes 43
3.3. Familiarité 44
3.4. Confiance 46
4. LES ENTRETIENS 47
5. L'ECHANTILLON 48
6. LES LIMITES DE L'ETUDE 49
II. LES RESULTATS 50
1. L'ANALYSE VERTICALE 50
2. L'ANALYSE HORIZONTALE 56
2.1. Consommation 57
2.2. Attentes 59
2.3. Familiarité 63
3.3. Confiance 64
PARTIE III. PRECONISATIONS ET RECOMMANDATIONS
68
I. L'APPRENTISSAGE 68
II. LE MARKETING GENERATIONNEL 69
III. LE MARKETING MIX 72
1. PRODUIT 72
2. PRIX 73
3. PLACE 74
4. PROMOTION 74
CONCLUSION 77
BIBLIOGRAPHIE 80
ANNEXE 1. LA LISTE DES CATEGORIES DE PRODUITS
COSMETIQUES 84
ANNEXE 2. LE GUIDE D'ENTRETIEN SEMI DIRECTIF
85
ANNEXE 3. LA RETRANSCRIPTION DES ENTRETIENS
89
REPONDANT 1 : LUCAS C., 16 ANS, LYCEEN 89
REPONDANT 2 : YANN P., 17 ANS, LYCEEN 91
REPONDANT 3 : VALENTIN C., 19 ANS, SERVEUR DANS LA
RESTAURATION 94
REPONDANT 4 : OLIVIER A., 26 ANS, CHEF DE PRODUIT 98
REPONDANT 5 : GWENAèL C., 30 ANS, COORDINATEUR SERVICES
GENERAUX 101
REPONDANT 6 : JOSEPH S., 32 ANS, CHARGE DE RESSOURCES HUMAINES
103
REPONDANT 7 : NICOLAS S., 33 ANS, GEOMETRE 107
REPONDANT 8 : YOAN H., 39 ANS, AGENT SNCF 109
REPONDANT 9 : GILLES G., 45 ANS, RESPONSABLE DE POLE DIGITAL
111
REPONDANT 10 : BRUNO S., 48 ANS, CHEF D'EQUIPE DANS
L'IMPRIMERIE 114
REPONDANT 11 : STEPHANE C., 51 ANS, LIEUTENANT SAPEUR-POMPIER
116
REPONDANT 12 : LIONEL C., 52 ANS, COMMERCIAL GRANDS COMPTES
118
REPONDANT 13 : JEAN-FRANÇOIS G., 61 ANS, PHARMACIEN
121
ANNEXE 4. GRILLE D'ANALYSES DE LA CONSOMMATION 124
ANNEXE 5. GRILLE D'ANALYSE DU ROLE DES FEMMES 125
ANNEXE 6. GRILLE D'ANALYSE DES ATTENTES DES CONSOMMATEURS
126
ANNEXE 7. EXEMPLES DE CAMPAGNES PUBLICITAIRES AXE 127
TABLE DES MATIERES 128