4.2.2. Les conséquences
des actions anthropiques
Le couvert végétal joue un rôle important
dans la fertilisation des sols par l'apport de matières organiques. La
matière organique permet de maintenir et/ou d'accroître le niveau
de fertilisation des sols. Elle favorise le développement des plantes et
améliore les propriétés physico-chimiques, biologiques et
biochimiques des sols(BONZI M., 1995).Or, la superficie occupée par les
formations végétales a connu une baisse de 14242,983 ha entre
1998 et 2018 soit 712,14915 ha/an. Cette dynamique régressive du couvert
végétal réduit donc la capacité de renouvellement
de la matière organique du sol. Ce processus entraîne une baisse
permanente des éléments nutritifs nécessaires à la
production notamment céréalière. Les conséquences
de ce phénomène sont l'insécurité alimentaire, la
vulnérabilité de la population car la production
céréalière est compromise.
Ce qui est encore plus grave dans cette situation, est que la
superficie des champs diminue au profit de l'espace occupé par les zones
nues et les affleurements rocheux. L'augmentation des superficies des zones
nues et des affleurements rocheux est due à la pression des
activités agricoles dans les champs. La végétation
étant absente dans les champs, les rend vulnérable à
l'action des agents érosifs qui déblaient l'horizon Adu sol. Or,
la mise à nu de la roche-mère entraîne logiquement la
stérilisation du sol. Et la reconquête est très lente
puisqu'il ne se forme qu'environ deux centimètres de sol par
millénaire (PAUTROT C., 2012). Les agronomes considèrent qu'une
perte supérieure à 1 t/ha/an est irréversible
au-delà d'une cinquantaine d'années. Le problème est donc
hautement préoccupant pour des surfaces considérables et pour une
population rurale vivant d'une agriculture de subsistance.Cela compromet
davantage la production céréalière. En plus dans un
contexte de forte croissance démographique et une situation où la
superficie des champs diminue dans une agriculture peu modernisée, la
commune sera confrontée à de sérieux problèmes pour
nourrir sa population. Pourtant les stratégies d'adaptation des paysans
ont des limites face à l'ampleur du phénomène car
insuffisantes et inadaptées. En effet, peu de chef de ménage
utilise les techniques de fertilisation et de restauration des sols. Le
graphique n°16 montre la proportion des chefs de ménage qui
utilisent les techniques de CES.
Graphique n°17 :
proportion de chefs de ménage utilisant les CES
Source des données : données terrain,
mars 2018
Ces techniques ne sont pas bien pratiquées par les
agriculteurs dans la commune rurale de Kouka. Parmi toutes ces techniques,
c'est la technique des demi-lunes qui n'est pas bien connue. Selon eux, cette
faible utilisation des CES est due à un manque de formation, à la
vulgarisation de ces techniques. Par contre, l'engrais chimique est très
bien utilisé, car disent-ils, « il faut mettre de l'engrais
pour espérer récolter quelque chose ».
Que faut-il donc faire pour aider la population à
restaurer ou à fertiliser les champs afin de lutter contre la
dégradation des sols ? quels préventions et remèdes
faudrait-il ?La prévention peut être orientée dans
deux directions : il s'agit avant tout de laisser le moins de surface de sol nu
le moins longtemps possible d'une part et d'autre part de ralentir la vitesse
des agents érosifs que sont l'eau et le vent. En ce qui concerne la
réduction du temps de dénudation des sols cultivés, le
mélange de cultures à cycles végétatifs
différents est une solution que l'on peut utiliser traditionnellement
sur les petites parcelles. Cette technique consisteà conduire des
cultures de telle sorte que les plantes cultivées exercent une
protection efficace contre l'érosion, en assurant une occupation du
sol aussi étendue que possible dans l'espace et dans le temps. Elle
permet également d'entretenir et d'améliorer les réserves
organiques du sol et par là d'améliorer la structure du sol, donc
la résistance à l'érosion. Il existequelques
procédés biologiques allant dans ce sens :
ü Assolement et rotation des cultures ;
ü Fertilisation du sol à l'aide de la fumure
organique sous forme de paillage car cela permet de rendre le sol poreux tout
en favorisant son infiltration ;
ü Cultures associées come mil/arachide ;
sorgho/haricot, maïs/gombo.
Pour le ralentissement de l'écoulement des agents
érosifs, le maintien permanent d'une couverture végétale
est le moyen le plus efficace, mais il est impossible dans les champs
cultivés. Toutefois, diverses pratiques permettent une limitation de la
vitesse d'écoulement des eaux de ruissellement.Tout d'abord, le sens du
labour parallèle aux courbes de niveau et un hersage tardif,
après la saison hivernale. Cela permet de retenir deux techniques
essentielles que sont :
- Le labour à plat selon les courbes de niveau (qui
est efficace pour une faible pente)
- La culture en billon (qui remplace la culture à
plat lorsque la pente est trop forte toujours selon les courbes de niveau.
Il est aussi important de souligner la
nécessité des aménagements des bas-fonds. Dans la commune
rurale de Kouka, il n'y a que deux villages sur les dix-huit que l'on retrouve
des bas-fonds aménagés. Il s'agit du village de Sallé avec
300 ha aménagés et de Bankouma avec 150 ha. Hors, la commune
dispose au moins six bas-fonds aménageables d'environ 1300 ha dans les
villages de Houna, Siwi, Kelworo, Selenkoro, Mollé, Sallé et
Bankouma (ZATA de Kouka, 2014). Cela constitue une potentialité non
négligeable pour les activités agricoles.La valorisation de ce
potentiel passe par le développement des aménagements
hydro-agricoles, le renforcement des capacités des producteurs et la
modernisation des outils de production. Le défi auquel la commune doit
faire face, est de non seulement s'adapter aux effets des variabilités
climatiques pénalisant énormément la production, mais
aussi, de lutter contre l'appauvrissement de la qualité des sols. Pour
ce faire, l'aménagement des bas-fonds pour l'irrigation constitue un axe
stratégique en matière de développement agricole.
Toutefois, pour protéger et restaurer les sols, il
faut donc l'intervention de tout le monde. Les mesures à prendre doivent
viser aussi bien les composantes naturelles que les facteurs humains car
l'homme est censé se plier aux dures lois de l'écologie.Savoir
protéger un sol, c'est savoir mettre en oeuvre des moyens
destinés à prévenir les causes de la dégradation de
ce sol. Savoir restaurer les sols, c'est savoir mettre un terme à la
dégradation des sols en améliorant la gestion de ces sols.
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