3.4. Stratégies
d'adaptation des agriculteurs face aux variabilités
pluviométriques
Le changement climatique représente une menace sans
précédent pour les populations des pays en développement
qui luttent déjà pour maintenir leur sécurité
alimentaire et leurs conditions de vie.L'augmentation de la fréquence et
de l'intensité de phénomènes météorologiques
extrêmestels que les inondations, les sécheresses, sont des
conséquences du changement climatique (DE FELICE P., 1999). Des
changements moins dramatiques tels que la hausse des températures et les
variations dans le volume et les périodes des pluies annuelles ont
autant d'importance car ils affectent sérieusement les moyens de
subsistance et la sécurité alimentaire d'un très grand
nombre de personnes (DURAND F., 2007).L'adaptation est un processus qui
nécessite l'engagement d'un grand nombre de parties prenantes qui
agissent à différents niveaux.
En effet, pour SOME L., DEMBELE Y.et OUEDRAOGO M.,
2010 ; l'adaptation aux changements des précipitations rencontre
des contraintes qui résident dans la capacité des agriculteurs
à mettre en oeuvre des solutions appropriées. Cette
capacité est conditionnée par des facteurs comme les moyens
financiers et techniques dont dispose l'agriculteur, son niveau
d'éducation, les informations qu'il reçoit, ses
compétences et son accès aux ressources. Les différentes
stratégies d'adaptation recensées au Burkina Faso demandent des
intrants spécifiques pour leur mise en oeuvre.
Les paysans ont adopté une gamme variée de
stratégies d'adaptation aux changements des précipitations dont
les plus répandues sont : l'adaptation variétale, l'utilisation
des techniques de CES, l'utilisationde la fumure organique, la modification des
dates de semis, l'association des cultures (KONKOBO J., 2013). Les
stratégies d'adaptation sont plus adoptées dans les zones les
plus vulnérables particulièrement dans la zone sahélienne
et soudano-sahélienne. La nature de l'adaptation diffère
également selon les zones : l'adaptation variétale est plus
utilisée en zone soudano-sahélienne, le zaï en zone
sahélienne et l'exploitation des bas-fonds en zone soudanienne. Les
principaux déterminants de l'adoption des stratégies sont les
variables de perception (baisse des hauteurs d'eau, raccourcissement de la
saison, les poches de sècheresse).Par exemple, le choix des technologies
et des variétés de cultures peut modifier considérablement
l'impact de l'insuffisance d'eau sur l'activité agricole. L'adaptation
se rapporte aux stratégies adoptées par les agriculteurs, dans le
cadre de leurs activités, pour faire face aux variabilités
climatiques.C'est le cas des agriculteurs dans la commune rurale de Kouka. Pour
faire face aux incidences des variabilités sur la production
céréalière, certains ont optés pour l'utilisation
des semences améliorées, d'autres pour les labours à plat
ou billons.
3.4.1. Adaptation
variétale
La recherche agronomique a créé des
variétés à haut potentiel de production et à cycle
court et moyen au Burkina Faso. On observe cependant que cette technologie
n'est pas toujours utilisée par les principaux acteurs de la production
agricole pour la culture des céréales. Cela peut être
synonyme d'inadéquation entre ce qui est proposé et le
système de production des paysans. Pratiquée par 65,33 % des
exploitants de l'échantillon considéré dans la commune
rurale de Kouka, l'adaptation variétale consiste en l'utilisation de
variétés nouvelles ou
amélioréesgénéralement précoces et à
potentiel de rendement acceptable. Les variétés à cycle
court s'adaptent au raccourcissement de la saison des pluies et aux poches de
sécheresse. Ces variétés sont plus adoptées en zone
soudano-sahélienne du fait de la plus grande vulnérabilité
de cette zone aux facteurs climatiques. L'importance de l'adaptation
variétale en zone soudano-sahélienne s'explique aussi par des
facteurs non climatiques, telles que la pression démographique et/ou
pression foncière, qui a imposé la nécessité
d'intensifier la production agricole dans cette zone afin de pouvoir nourrir
une famille nombreuse.Il est important desouligner que presque tous les chefs
de ménage (96,66%) interrogés sur la question des semences
améliorées, connaissent l'existence de celles-ci. Seulement,
plusieurs d'entre eux déplorent le manque de moyen et le problème
d'accessibilité de cette technologie.
En effet, le manque de moyen constitue un obstacle pour
l'appropriation de cet intrant agricole.Pour les particuliers, par exemple pour
la variété du maïs, 1kg coûte 550 FCFA et il faut
environ 20kg pour un hectare soit 11000 F pour un hectare. Pour le sorgho, 1kg
coûte 700 FCFA et il faut environ 15kg pour un hectare soit 10500 F.
Alors, avec la superficie des champs que possèdent ces agriculteurs, il
serait effectivement difficile pour eux d'adopter efficacement les semences
améliorées. Ceux qui les adoptent se contentent de payer 2
à 5 kg pour un essai. Ces derniers, témoignent d'engranger de
bons résultats.Un autre obstacle à relever est lecoût
élevé des semences et la non maîtrise des techniques
culturales qui accompagnent ces variétés. Une fiche technique
accompagne chaque type de variété améliorée que les
agriculteurs ne maitrisent pas à cause de leur niveau d'instruction.
Parmi les enquêtés, il y a 54 % qui n'ont pas un niveau
d'instruction, 30% ont été alphabétisé, 9 % ont
connu le niveau primaire.
Il y a également un problème
d'accessibilité physique des semences améliorées dû
au manque et/ou insuffisance de communication sur l'arrivée et/ou la
distribution des semences dans la commune. Comme le témoigne un chef de
ménage : « lorsque j'ai appris l'arrivée des
semences à Kouka, je suis allé pour m'en procurer et je n'ai
même pas eu 1kg ». Cette situation s'explique par le fait que
la quantité de semences améliorées qui rentre dans la
commune est insuffisante pour la demande. Par exemple pour la saison agricole
2016-2017, la ZAT a reçu 216 sacs de 50kg de semences de maïs, 16
pour le sorgho et 4 pour le mil pour toute la commune. Alors, la politique du
ministère en charge de l'agriculture est de diviser chaque commune en
trois groupes de village. Et les semences qui arrivent dans chaque commune sont
distribuées de façon cyclique pour une durée de trois ans
renouvelable. Aussi, le fait que ces semences sont subventionnées par
l'Etat sont moins onéreuses. Pour le maïs de même que le mil,
le sorgho il en faut 15kg pour 1ha en raison de 1000 FCFA.
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