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Impacts socioéconomique de la conservation et gestion des ressources naturelles dans la réserve de faunes à  okapis auprès de la communauté locale, Ituri/Mambasa


par Fidèle Manatshitu
IFA/Yangambi - ingénieur en Eaux et Forêts 2020
  

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INTRODUCTION

0.1. PROBLEMATIQUE

Les Aires Protégées constituent, depuis de nombreuses décennies, l'approche prédominante en matière de conservation de la biodiversité (Saout et al. 2013). Malgré qu'elles diffèrent les unes des autres par la forme, la taille, la faune et le type d'habitat, en Afrique elles ont toutes l'objectif principal de maintenir la biodiversité (Coad et al. 2008).

La conservation dans les Aires Protégées est une approche qui s'inspire du concept de « préservation de la vie sauvage » né aux Etats-Unis à la fin du 19ième siècle. Ce concept a été à la base du mouvement de création de Parcs Nationaux dans le but de préserver de l'exploitation humaine des sites d'importance paysagère, culturelle, floristique et faunique avérée. (Brockington et al. 2008).

Le modèle nord-américain de conservation s'est rapidement propagé dans le monde, entrainant avec elle la dichotomie « peuple-parc » qui a eu des effets dévastateurs sur les Populations Locales dont la relation à la nature diffère de celle des premiers « idéologues » de Parcs Nationaux nord-américains (Brockington et al. 2008).

Mais cette dichotomie n'a pas pu arrêter l'explosion des Aires Protégées. De plus en plus d'efforts sont faits par les gouvernements à travers le monde pour la conservation de la biodiversité dans ces espaces. Durant les trois dernières décennies, on a observé une augmentation de 500 % de la surface des Aires Protégées à l'échelle mondiale (Wittemyer et al. 2008). Durant la décennie 1990-2000 uniquement, le nombre d'Aires Protégées reconnues par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a été multiplié par 4 (Robbins et al. 2006).

Le continent Africain n'est pas resté en marge de ce mouvement. L'intérêt grandissant accordé à la protection de l'environnement en général et aux écosystèmes en particulier a amené plusieurs Etats africains à créer des Aires Protégées sur leur territoire (UICN, 1994). C'est le cas de la République Démocratique du Congo (RDC). Le pays a créé son premier parc, le Parc National de Virunga, en 1925 et se propose d'étendre son réseau d'Aires Protégées à 15% du territoire national.

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Du nom de son espèce emblématique, l'Okapi (Okapia johnstoni), la Réserve de Faune à Okapis (RFO) est l'une de ces Aires Protégées créées dans l'objectif de conserver cette espèce emblématique et son habitat. Aujourd'hui, la protection au sein de cette aire s'étend sur plusieurs autres ressources animales que végétales.

Les forêts denses tropicales humides du bassin du Congo couvrent 1,6 million de km2 et constituent le second poumon vert de la planète après l'Amazonie. Elles chevauchent principalement six pays d'Afrique centrale : le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République Centrafricaine (RCA) et la RDC (Eba'a Atyi et al. 2008). Dans le cas de cette dernière, son immense massif forestier abrite plus de 50 millions d'hommes et femmes qui dépendent de près ou de loin de la faune sauvage pour leur survie (Van Vliet et al. 2018).

Pour de nombreuses familles vivant dans ces forêts, la vente de gibier est la principale source de revenu et permet l'accès à des services et des produits de première nécessité (Abernethy et al. 2016). L'exploitation de la faune sauvage est non seulement utile pour la sécurité alimentaire de ces populations, mais également pour leur développement économique.

Malgré cette importance cruciale de la faune sauvage pour les ménages ruraux, les pressions de plus en plus accrues sur ces ressources obligent la création d'Aires Protégées pour la protection d'espèces et leurs habitats (Mbayngone & Thiombiano, 2011). Mais puisque les Aires Protégées représentent un immense réservoir de ressources biologiques dont dépendent fortement les Populations Riveraines, leur création entre souvent en conflit avec des intérêts sociaux ou économiques des populations qui y vivent (Nepal, 2002).

En effet, la création de ces zones de protection a souvent conduit à l'expropriation des populations préétablies. Cette situation a provoqué beaucoup d'incompréhension, de révolte et de comportements prédateurs liés à un très fort sentiment de confiscation de la ressource (Yelkouni, 2004). Les Communautés Locales établies dans les villages riverains de ces Aires Protégées n'ont presque pas les alternatives à l'agriculture et l'exploitation des ressources naturelles comme moyen de substance (Yelkouni, 2004).

Il se pose donc une question fondamentale (Mbayngone & Thiombiano, 2011) : « pourquoi les populations respecteraient-elles les limites d'une zone protégée qui leur supprime l'accès aux ressources ? » Il ressort de cette réflexion que les populations ne soutiendraient les mesures de conservation que si elles n'ont pas d'impacts socioéconomiques négatifs sur leur

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vie quotidienne. Comme le soulignent Milligan et al. (2009), la conservation ne peut plus être dissociée de la lutte contre la pauvreté et du développement rural, et elle doit donc s'insérer dans les politiques nationales environnementales et de développement.

C'est dans cette optique que la présente étude vise à déterminer les impacts socioéconomiques de la conservation et gestion des ressources naturelles dans la Réserve de Faune à Okapis auprès de la Communauté Locale vivant dans la Réserve. Elle se propose de répondre aux questions suivantes :

? Quels sont les changements sociaux provoqués par la conservation des ressources naturelles dans la RFO ?

? Cette conservation entre-t-elle en conflit avec les activités économiques des communautés concernées ?

? Les droits d'usages reconnus aux populations locales permettent-ils d'assurer leur sécurité alimentaire et leur développement économique ?

0.2. OBJECTIFS

0.2.1. OBJECTIF GENERAL

Comme dans toutes les Aires Protégées, la RFO abrite une importante population humaine. Ainsi, l'objectif principal poursuivit dans cette étude est d'évaluer l'impact socioéconomique, sur cette population, de la conservation des ressources naturelles au sein de cette Aire Protégée.

0.2.2. OBJECTIFS SPECIFIQUES

Pour atteindre l'objectif général ci-haut énoncé, l'étude cherchera à déterminer :

? Les changements sociaux potentiels provoqués par la conservation des ressources naturelles au sein de la RFO ;

? Les conflits potentiels avec les activités économiques des communautés concernées.

0.3. INTERET DE L'ETUDE

Cette étude s'inscrit dans la logique des efforts fournis pour la mise en place du développement durable. Pour un développement écologique durable, économique viable et socialement équitable, l'étude des impacts socioéconomiques de la conservation constitue un

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bon thermomètre. Ainsi, cette étude permettra de déterminer la compatibilité de la conservation des ressources naturelles au sein de la RFO avec les objectifs de développement durable.

0.4. DIFFICULTES RENCONTREES

Comme dans tout travail de recherche, le présent est le fruit d'énormes sacrifices, car nous avons été buté à certaines contraintes, telles que ;

· Etat impraticable de la route (RN4) ;

· L'insuffisance des moyens financiers ;

· La carence d'outils (Documentations ou ouvrages) relatifs à notre problématique ;

· Difficulté de la langue locale du milieu d'étude;

· Éloignement des villages des enquêtés ;

· État sanitaire personnel.

0.5. SUBDIVISION DU TRAVAIL

Il y a lieu de noter pour le présent travail, hormis l'introduction et la conclusion, nous l'avons subdivisé en quatre chapitres :

Le premier porte sur les généralités des quelques concepts ; Le deuxième portera sur milieu, matériels et méthodologie ; La présentation des résultats fera l'objet du troisième et Le quatrième exposera la discussion.

0.6. DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE

Cette étude s'est réalisée sur une durée de 11 mois, allant du mois de Janvier au mois de novembre 2020. Durant ce temps, les enquêtes ont été menées dans les villages se trouvant dans la Réserve à l'issue desquelles le dépouillement des données, leurs traitements, leurs présentations et interprétations ont été effectives en attendant la soutenance solennelle du présent.

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite