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Les changements climatiques et insécurité.


par Mohamed Assaleh Ag Mohamed Alkhamis
Université de Bamako  - Maîtrise de sociologie 2017
  

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2ème Partie : Cadre pratique

Chapitre 3 : Collecte et interprétation des données

Question N°1

Que pensez-vous être à l'origine des changements climatiques ?

Genre

Nbre Enquêtés

Pourcentage

Hommes de 35 ans et plus

45

45 %

Femmes de 35 ans et plus

18

18 %

Jeunes de 18 à 34 ans

37

37 %

Total

100

100 %

Commentaire : Dans cet échantillon de 100 personnes, environ 95 % des personnes interviewées affirment n'attribuer aux changements climatiques que des causes dites « naturelles » c'est-à-dire que les mutations de la nature sont exclusivement l'apanage de la divinité autrement dit d'Allah l'exalté.

Question N°2

Quelle sont selon vous, les conséquences de ces changements climatiques ?

Genre

Nbre Enquêtés

Pourcentage

hommes de 35 ans et plus

45

45 %

Femmes de 35 ans et plus

18

18 %

Jeunes de 18 à 34 ans

37

37 %

Total

100

100 %

Commentaire : Selon 90 % de nos enquêtés, la sécheresse, les épidémies, l'insécurité alimentaire, les fortes chaleurs, baisse des précipitations, sous-production fourragère, la transhumance intense de bétails vers des zones humides sont parmi les nombreuses conséquences des changements climatiques.

Question N°3

Que croyez-vous être à l'origine des conflits armés ?

Genre

Nbre Enquêtés

Pourcentage

Hommes de 35 ans et plus

45

45 %

Femmes de 35 ans et plus

18

18 %

Jeunes de 18 à 34 ans

37

37 %

Total

100

100 %

Commentaire : Près de 75 % de nos interlocuteurs imputent aux conflits armés et les violences inter et intracommunautaires à la mal gouvernance, à l'absence de l'Etat ou à sa gestion clanique du local basée sur la discrimination ethnique, à l'injustice sociale, à la pauvreté et aux contentieux sociaux.

Question N°4

Quelles sont les conséquences des conflits armés ?

Genre

Nbre Enquêtés

Pourcentage

Hommes de 35 ans et plus

37

37 %

Femmes de 35 ans et plus

18

18 %

Jeunes de 18 à 34 ans

45

45 %

Total

100

100 %

Commentaire : Selon 65 % de nos enquêtés, les exécutions extrajudiciaires, les représailles, l'amalgame, la restriction des mouvements de bétails, l'exil ou la précarité des conditions de vie, et le vol de bétails sont parmi les nombreuses conséquences des conflits armés.

Question N°5

Y-aurait-il selon vous un rapport entre les changements climatiques et l'insécurité ?

Genre

Nbre Enquêtés

Pourcentage

hommes plus 35 ans

33

33 %

Femmes plus 35 ans

7

7 %

Jeunes de 18 à 34 ans

60

60 %

Total

100

100 %

Commentaire : A la question de savoir quel est le rapport entre les changements climatiques et l'insécurité, 75 % de nos interviewés estiment que ces changements climatiques ont un rôle de multiplicateur et d'intensificateur des conflits à cause des grandes pressions exercées sur les ressources naturelles qui se raréfient. Nos enquêtés affirment que ces changements climatiques provoquent des mutations sociales profondes qui facilitent l'allégeance des couches sociales les plus pauvres aux groupes armés de tout bord. Ce qui veut évidemment dire que les changements climatiques ne sont pas dans ce contexte une cause de 1er ordre de l'insécurité ou des conflits.

40

Chapitre 4 : Causes du phénomène et sa manifestation

4.1 Les causes de changements climatiques au Mali

Il faut certainement décrire ces causes à travers la caractérisation. La caractérisation des pays du sahel par la sécheresse est une étape essentielle de la problématique d'interface nature-sociétés. Mais dans cet esprit, notre analyse est centrée sur les peuplements et les données sur précipitations, qui constituent la ressource immédiatement perçue par les populations. Cette caractérisation passe aussi par la description de l'impact des changements climatiques dans les pays du Sahel et des mesures d'adaptions et d'accompagnement préconisées.

Les différentes problématiques climatiques au Mali peuvent se traduire par :

V' Une décroissance régulière de la quantité de pluie, et une grande variation spatiotemporelle visible le long des lignes de grain caractéristiques du Sahel axées du Nord au Sud sur une distance de 500 à 750 Km s'accompagnant souvent de vents forts et de pluies abondantes parfois catastrophiques. Durant toute l'année, un rayonnement très fort avec des températures moyennes peu différenciées, s'accompagnant d'une augmentation des températures du Sud-Ouest vers le Nord-Est avec des maximales relevées au cours de l'année pouvant atteindre ou dépasser les 45°C tandis que les minimales sont rarement en dessous de 10°C.

V' De fortes valeurs de l'évapotranspiration potentielle (ETP) en raison des températures élevées, des humidités relatives faibles et des vents forts. La persistance des sécheresses à partir des années 1970 entraînant des déficits pluviométriques assez importants et une évolution des isohyètes vers le sud, ce qui fait que la migration est devenue de plus en plus une stratégie face à ces nouvelles conditions climatiques et environnementales précaires.

Les ressources forestières :

Le secteur forestier joue un rôle déterminant dans la vie socio-économique et culturelle des populations maliennes. Il fournit à la société des biens et services que nul autre secteur ne peut offrir (environ 93 % des besoins énergétiques, les produits alimentaires et pharmaceutiques, l'écotourisme, la conservation de la diversité biologique, l'amélioration du cadre de vie, etc.). Les formations naturelles ont subi de profondes modifications, dues essentiellement à l'aridité du climat, aux sécheresses successives et surtout aux activités anthropiques (défrichements agricoles, exploitation du bois de chauffe, surpâturage et émondage, feux de brousse, ...).

Selon la DNRFFH, plus de 100.000 ha de forêts disparaissent chaque année.

Les seuls prélèvements pour le bois de chauffe et le charbon de bois (qui constituent la principale source de l'énergie domestique) sont estimés globalement à 5 millions de tonnes par an, ce qui correspond à l'exploitation de 400.000 ha et devraient atteindre ou dépasser 7 millions de tonnes dans les années 2000 (Stratégie Energie Domestique). Le potentiel de régénération est quant à lui estimé à 7 millions de tonnes par an.

Concernant la biodiversité, on peut affirmer que le patrimoine en ressources biologiques du Mali, riche et varié, est malheureusement menacé de disparition. Cette perte de la biodiversité est liée à un ensemble de facteurs complexes, dont les principaux sont d'ordre climatique, notamment les sécheresses récurrentes et d'ordre anthropique tels que le défrichement, l'exploitation anarchique du bois comme source d'énergie, les feux de brousse, la cueillette abusive de produits ligneux et herbacés (fruits verts, jeunes pousses, mutilation des arbres), le surpâturage, le braconnage, la pêche illicite, l'exploitation minière, la pauvreté, l'utilisation abusive des produits chimiques, l'introduction d'espèces exotiques, etc.

4.1.1 Cadre physique et climat

Je limiterais ici l'étude du cadre physique au climat et à l'hydrographie qui sont directement liés à la vie économique des populations du Sahel. La zone sahélienne étudiée connaît un climat tropical à deux saisons contrastées: une courte saison14 des pluies irrégulières dans l'espace et dans le temps et une longue saison sèche de 10 à 11 mois (au-dessous du seuil de 100mm). Les pluies conditionnent la vie des populations et du bétail, la survie du nomadisme.

Selon (CILSS, 2012), ces dernières années les pluies sont moins nombreuses, moins abondantes unitairement, mais proportionnellement plus agressives, avec des coefficients de ruissellement d'autant plus imposants que le couvert végétal protecteur se raréfie. Les ressources en eau au Sahel sont constituées par les grands cours d'eau permanents (fleuves Niger, Sénégal, Gambie, Chari, etc.), les cours d'eau non permanents actifs pendant la saison des pluies et les eaux souterraines renouvelables. Le bilan hydrique, est alors variable suivant les types de sols (CILSS, 2008). Il est défavorable, d'autant que l'évaporation est exacerbée par les températures élevées et le vent. 4.1.1.2 La pluviométrie: variable déterminante au Sahel

Le climat d'une zone dans une période donnée peut se référer à l'étude et à la situation de certaines variables naturelles comme la température, la pluie et le vent. L'importance relative accordée à chacune de ces variables dépend de chaque zone.

41

14 Les caractères de la pluviométrie de ces dernières années au sahel selon le CILSS

Mais au Sahel, selon (Abdou Ali, 2010) la pluie15 reste véritablement la variable climatique la plus déterminante pour la vie des populations. L'étude de la pluviométrie peut donc être considérée comme le paramètre le plus indiqué pour caractériser ou analyser l'évolution du climat au Sahel.

Aussi selon la (CEDEAO-CSAO/OCDE/ CILSS, 2008), il existe une rapide évolution des températures dans le Sahel, par rapport à la tendance mondiale, avec des augmentations allant de 0,2°C à 0,8°C par décennie depuis la fin des années 1970 dans les zones sahélo-saharienne, sahélienne et soudanienne. Ce qui a une incidence certaine sur les précipitations. Selon le centre AGRHYMET (CILSS), on utilise couramment l'indice pluviométrique standardisé (IPS) pour déterminer le caractère humide ou sec de la saison des pluies. Pour une année donnée, cet indice fait la moyenne des cumuls pluviométriques saisonniers des stations pluviométriques disponibles.

Fig. n°: Indice de variation annuelle des précipitations au Sahel entre 1900 et 2010 (sources: I. Garba, I. Touré, A. Ickowicz, JD. Cesaro)

Ainsi, si l'IPS est positif la saison peut être qualifiée d'excédentaire et de déficitaire (s'il est négatif). Les variations pluviométriques 16 au Sahel de 1900 à 2010 (fig. n°3) oscillent en dents de scie, alternant des périodes humides et des périodes sèches. La période allant de 1900 à 1950 est marquée par une alternance de 3 à 4 années humides suivies d'une année sèche. De 1951 à 1969, on observe une persistance d'années humides. De 1970 à 1993, on note une succession d'années sèches. En revanche, la période allant de 1994 à 2011est caractérisée par une alternance d'une année humide suivie de 3 à 4 années sèches.

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15 Les études on été réalisées par le centre régional Agrhymet qui est une institution spécialisée du CILSS. Il assure l'information et la formation des acteurs dans les domaines de l'agroclimatologie, l'hydrologie, la protection des végétaux dans les pays du CILSS.

16 Les séries pluviométriques utilisées dans figure ci-dessus proviennent de données mesurées (bases de données AGRHYMET) mais certaines sont estimées à partir de données satellitaires (NOAA, NCDC, GPCC).

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Au cours des quatre dernières décennies, le Sahel a connu plusieurs déficits de pluviosité à l'origine des crises majeures de sécheresse (1968-1974,1983-1984, 2002-2003, 2005, 2009) qui ont lourdement affecté les populations humaines et animales. D'autre part l'analyse de la moyenne des précipitations estimées entre 2000 et 2010 au Sahel (carte. n°2) montre une répartition suivant 4 zones :

Carte n°2: Moyenne des précipitations (mm) entre 2000 et 2010 (données estimées): (sources: Data Global Precipitation Climatology Centre (GPCC), 2011)

? La zone de transition sahélo-saharienne avec moins de 150 mm de pluviosité annuelle, permet le développement de plantes à cycle court et des herbacées pérennes éparses que les troupeaux (essentiellement de camelins et caprins) des nomades exploitent dans leur déplacements selon la disponibilité des points d'eau.

? La sous-zone nord-sahélienne (150-300 mm) dispose d'un couvert ligneux ne dépassant guère

2% et une production de biomasse allant jusqu'à 400 kg de MS/ha (Boudet, 1977). Cette zone est généralement la plus convoitée par les éleveurs nomades et transhumants.

? La sous-zone sahélienne typique (300-450 mm) est caractérisée par une végétation très différenciée suivant les principales unités géomorphologiques. Sur les terrains sablonneux, le couvert ligneux ne dépasse guère 5%. La biomasse herbacée annuelle, varie de 500 à 2000 kg MS/ha, en moyenne du nord vers le sud.

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? La sous-zone sud-sahélienne plus arrosée (450-600 mm) avec un taux de recouvrement ligneux variant du nord vers le sud de 5 à 30%.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire