2ème Partie : Cadre pratique
Chapitre 3 : Collecte et interprétation des
données
Question N°1
Que pensez-vous être à l'origine des
changements climatiques ?
Genre
|
Nbre Enquêtés
|
Pourcentage
|
Hommes de 35 ans et plus
|
45
|
45 %
|
Femmes de 35 ans et plus
|
18
|
18 %
|
Jeunes de 18 à 34 ans
|
37
|
37 %
|
Total
|
100
|
100 %
|
Commentaire : Dans cet
échantillon de 100 personnes, environ 95 % des personnes
interviewées affirment n'attribuer aux changements climatiques que des
causes dites « naturelles » c'est-à-dire que les mutations de
la nature sont exclusivement l'apanage de la divinité autrement dit
d'Allah l'exalté.
Question N°2
Quelle sont selon vous, les conséquences de ces
changements climatiques ?
Genre
|
Nbre Enquêtés
|
Pourcentage
|
hommes de 35 ans et plus
|
45
|
45 %
|
Femmes de 35 ans et plus
|
18
|
18 %
|
Jeunes de 18 à 34 ans
|
37
|
37 %
|
Total
|
100
|
100 %
|
Commentaire : Selon 90 % de nos
enquêtés, la sécheresse, les épidémies,
l'insécurité alimentaire, les fortes chaleurs, baisse des
précipitations, sous-production fourragère, la transhumance
intense de bétails vers des zones humides sont parmi les nombreuses
conséquences des changements climatiques.
Question N°3
Que croyez-vous être à l'origine des
conflits armés ?
Genre
|
Nbre Enquêtés
|
Pourcentage
|
Hommes de 35 ans et plus
|
45
|
45 %
|
Femmes de 35 ans et plus
|
18
|
18 %
|
Jeunes de 18 à 34 ans
|
37
|
37 %
|
Total
|
100
|
100 %
|
Commentaire : Près de 75 % de
nos interlocuteurs imputent aux conflits armés et les violences inter et
intracommunautaires à la mal gouvernance, à l'absence de l'Etat
ou à sa gestion clanique du local basée sur la discrimination
ethnique, à l'injustice sociale, à la pauvreté et aux
contentieux sociaux.
Question N°4
Quelles sont les conséquences des conflits
armés ?
Genre
|
Nbre Enquêtés
|
Pourcentage
|
Hommes de 35 ans et plus
|
37
|
37 %
|
Femmes de 35 ans et plus
|
18
|
18 %
|
Jeunes de 18 à 34 ans
|
45
|
45 %
|
Total
|
100
|
100 %
|
Commentaire : Selon 65 % de nos
enquêtés, les exécutions extrajudiciaires, les
représailles, l'amalgame, la restriction des mouvements de
bétails, l'exil ou la précarité des conditions de vie, et
le vol de bétails sont parmi les nombreuses conséquences des
conflits armés.
Question N°5
Y-aurait-il selon vous un rapport entre les changements
climatiques et l'insécurité ?
Genre
|
Nbre Enquêtés
|
Pourcentage
|
hommes plus 35 ans
|
33
|
33 %
|
Femmes plus 35 ans
|
7
|
7 %
|
Jeunes de 18 à 34 ans
|
60
|
60 %
|
Total
|
100
|
100 %
|
Commentaire : A la question de savoir
quel est le rapport entre les changements climatiques et
l'insécurité, 75 % de nos interviewés estiment que ces
changements climatiques ont un rôle de multiplicateur et
d'intensificateur des conflits à cause des grandes pressions
exercées sur les ressources naturelles qui se raréfient. Nos
enquêtés affirment que ces changements climatiques provoquent des
mutations sociales profondes qui facilitent l'allégeance des couches
sociales les plus pauvres aux groupes armés de tout bord. Ce qui veut
évidemment dire que les changements climatiques ne sont pas dans ce
contexte une cause de 1er ordre de l'insécurité ou des
conflits.
40
Chapitre 4 : Causes du phénomène et sa
manifestation
4.1 Les causes de changements climatiques au Mali
Il faut certainement décrire ces causes à
travers la caractérisation. La caractérisation des pays du sahel
par la sécheresse est une étape essentielle de la
problématique d'interface nature-sociétés. Mais dans cet
esprit, notre analyse est centrée sur les peuplements et les
données sur précipitations, qui constituent la ressource
immédiatement perçue par les populations. Cette
caractérisation passe aussi par la description de l'impact des
changements climatiques dans les pays du Sahel et des mesures d'adaptions et
d'accompagnement préconisées.
Les différentes problématiques
climatiques au Mali peuvent se traduire par :
V' Une décroissance régulière de
la quantité de pluie, et une grande variation spatiotemporelle visible
le long des lignes de grain caractéristiques du Sahel axées du
Nord au Sud sur une distance de 500 à 750 Km s'accompagnant souvent de
vents forts et de pluies abondantes parfois catastrophiques. Durant toute
l'année, un rayonnement très fort avec des températures
moyennes peu différenciées, s'accompagnant d'une augmentation des
températures du Sud-Ouest vers le Nord-Est avec des maximales
relevées au cours de l'année pouvant atteindre ou dépasser
les 45°C tandis que les minimales sont rarement en dessous de
10°C.
V' De fortes valeurs de l'évapotranspiration
potentielle (ETP) en raison des températures élevées, des
humidités relatives faibles et des vents forts. La persistance des
sécheresses à partir des années 1970 entraînant des
déficits pluviométriques assez importants et une évolution
des isohyètes vers le sud, ce qui fait que la migration est devenue de
plus en plus une stratégie face à ces nouvelles conditions
climatiques et environnementales précaires.
Les ressources forestières :
Le secteur forestier joue un rôle déterminant
dans la vie socio-économique et culturelle des populations maliennes. Il
fournit à la société des biens et services que nul autre
secteur ne peut offrir (environ 93 % des besoins énergétiques,
les produits alimentaires et pharmaceutiques, l'écotourisme, la
conservation de la diversité biologique, l'amélioration du cadre
de vie, etc.). Les formations naturelles ont subi de profondes modifications,
dues essentiellement à l'aridité du climat, aux
sécheresses successives et surtout aux activités anthropiques
(défrichements agricoles, exploitation du bois de chauffe,
surpâturage et émondage, feux de brousse, ...).
Selon la DNRFFH, plus de 100.000 ha de forêts disparaissent
chaque année.
Les seuls prélèvements pour le bois de chauffe
et le charbon de bois (qui constituent la principale source de l'énergie
domestique) sont estimés globalement à 5 millions de tonnes par
an, ce qui correspond à l'exploitation de 400.000 ha et devraient
atteindre ou dépasser 7 millions de tonnes dans les années 2000
(Stratégie Energie Domestique). Le potentiel de
régénération est quant à lui estimé à
7 millions de tonnes par an.
Concernant la biodiversité, on peut affirmer que le
patrimoine en ressources biologiques du Mali, riche et varié, est
malheureusement menacé de disparition. Cette perte de la
biodiversité est liée à un ensemble de facteurs complexes,
dont les principaux sont d'ordre climatique, notamment les sécheresses
récurrentes et d'ordre anthropique tels que le défrichement,
l'exploitation anarchique du bois comme source d'énergie, les feux de
brousse, la cueillette abusive de produits ligneux et herbacés (fruits
verts, jeunes pousses, mutilation des arbres), le surpâturage, le
braconnage, la pêche illicite, l'exploitation minière, la
pauvreté, l'utilisation abusive des produits chimiques, l'introduction
d'espèces exotiques, etc.
4.1.1 Cadre physique et climat
Je limiterais ici l'étude du cadre physique au climat
et à l'hydrographie qui sont directement liés à la vie
économique des populations du Sahel. La zone sahélienne
étudiée connaît un climat tropical à deux saisons
contrastées: une courte saison14 des pluies
irrégulières dans l'espace et dans le temps et une longue saison
sèche de 10 à 11 mois (au-dessous du seuil de 100mm). Les pluies
conditionnent la vie des populations et du bétail, la survie du
nomadisme.
Selon (CILSS, 2012), ces dernières années les
pluies sont moins nombreuses, moins abondantes unitairement, mais
proportionnellement plus agressives, avec des coefficients de ruissellement
d'autant plus imposants que le couvert végétal protecteur se
raréfie. Les ressources en eau au Sahel sont constituées par les
grands cours d'eau permanents (fleuves Niger, Sénégal, Gambie,
Chari, etc.), les cours d'eau non permanents actifs pendant la saison des
pluies et les eaux souterraines renouvelables. Le bilan hydrique, est alors
variable suivant les types de sols (CILSS, 2008). Il est défavorable,
d'autant que l'évaporation est exacerbée par les
températures élevées et le vent. 4.1.1.2 La
pluviométrie: variable déterminante au Sahel
Le climat d'une zone dans une période donnée
peut se référer à l'étude et à la situation
de certaines variables naturelles comme la température, la pluie et le
vent. L'importance relative accordée à chacune de ces variables
dépend de chaque zone.
41
14 Les caractères de la pluviométrie de
ces dernières années au sahel selon le CILSS
Mais au Sahel, selon (Abdou Ali, 2010) la pluie15
reste véritablement la variable climatique la plus déterminante
pour la vie des populations. L'étude de la pluviométrie peut donc
être considérée comme le paramètre le plus
indiqué pour caractériser ou analyser l'évolution du
climat au Sahel.
Aussi selon la (CEDEAO-CSAO/OCDE/ CILSS, 2008), il existe une
rapide évolution des températures dans le Sahel, par rapport
à la tendance mondiale, avec des augmentations allant de 0,2°C
à 0,8°C par décennie depuis la fin des années 1970
dans les zones sahélo-saharienne, sahélienne et soudanienne. Ce
qui a une incidence certaine sur les précipitations. Selon le centre
AGRHYMET (CILSS), on utilise couramment l'indice pluviométrique
standardisé (IPS) pour déterminer le caractère humide ou
sec de la saison des pluies. Pour une année donnée, cet indice
fait la moyenne des cumuls pluviométriques saisonniers des stations
pluviométriques disponibles.
Fig. n°: Indice de variation annuelle
des précipitations au Sahel entre 1900 et 2010 (sources:
I. Garba, I. Touré, A. Ickowicz, JD. Cesaro)
Ainsi, si l'IPS est positif la saison peut être
qualifiée d'excédentaire et de déficitaire (s'il est
négatif). Les variations pluviométriques 16 au Sahel
de 1900 à 2010 (fig. n°3) oscillent en dents de scie, alternant des
périodes humides et des périodes sèches. La période
allant de 1900 à 1950 est marquée par une alternance de 3
à 4 années humides suivies d'une année sèche. De
1951 à 1969, on observe une persistance d'années humides. De 1970
à 1993, on note une succession d'années sèches. En
revanche, la période allant de 1994 à 2011est
caractérisée par une alternance d'une année humide suivie
de 3 à 4 années sèches.
42
15 Les études on été
réalisées par le centre régional Agrhymet
qui est une institution spécialisée du CILSS. Il assure
l'information et la formation des acteurs dans les domaines de
l'agroclimatologie, l'hydrologie, la protection des végétaux dans
les pays du CILSS.
16 Les séries pluviométriques utilisées
dans figure ci-dessus proviennent de données mesurées (bases de
données AGRHYMET) mais certaines sont estimées à partir de
données satellitaires (NOAA, NCDC, GPCC).
43
Au cours des quatre dernières décennies, le
Sahel a connu plusieurs déficits de pluviosité à l'origine
des crises majeures de sécheresse (1968-1974,1983-1984, 2002-2003, 2005,
2009) qui ont lourdement affecté les populations humaines et animales.
D'autre part l'analyse de la moyenne des précipitations estimées
entre 2000 et 2010 au Sahel (carte. n°2) montre une répartition
suivant 4 zones :
Carte n°2: Moyenne des
précipitations (mm) entre 2000 et 2010 (données estimées):
(sources: Data Global Precipitation Climatology Centre (GPCC), 2011)
? La zone de transition sahélo-saharienne avec moins de
150 mm de pluviosité annuelle, permet le développement de plantes
à cycle court et des herbacées pérennes éparses que
les troupeaux (essentiellement de camelins et caprins) des nomades exploitent
dans leur déplacements selon la disponibilité des points
d'eau.
? La sous-zone nord-sahélienne (150-300 mm) dispose d'un
couvert ligneux ne dépassant guère
2% et une production de biomasse allant jusqu'à 400 kg
de MS/ha (Boudet, 1977). Cette zone est généralement la plus
convoitée par les éleveurs nomades et transhumants.
? La sous-zone sahélienne typique (300-450 mm) est
caractérisée par une végétation très
différenciée suivant les principales unités
géomorphologiques. Sur les terrains sablonneux, le couvert ligneux ne
dépasse guère 5%. La biomasse herbacée annuelle, varie de
500 à 2000 kg MS/ha, en moyenne du nord vers le sud.
44
? La sous-zone sud-sahélienne plus arrosée (450-600
mm) avec un taux de recouvrement ligneux variant du nord vers le sud de 5
à 30%.
|