1ère Partie : Cadre théorique
Chapitre 1 : Définition des concepts et Revue de
la littérature
Qu'est-ce que le réchauffement climatique
?
Le réchauffement climatique désigne l'ensemble
des variations des caractéristiques climatiques en un endroit
donné, au cours du temps : réchauffement ou refroidissement.
Certaines formes
de pollution de l'air, résultant d'activités
humaines, menacent de modifier sensiblement le climat, dans le sens d'un
réchauffement global. Ce phénomène peut entraîner
des dommages importants : élévation du niveau des mers,
accentuation des événements climatiques extrêmes
(sécheresses, inondations, cyclones, ...), déstabilisation des
forêts, menaces sur les ressources d'eau douce, difficultés
agricoles, désertification, réduction de la biodiversité,
extension des maladies tropicales, etc.(Actu-Environnement).
Il se caractérise aussi par un phénomène
global de transformation du climat caractérisé par une
augmentation générale des températures moyennes (notamment
liée aux activités humaines), et qui modifie durablement les
équilibres météorologiques et les
écosystèmes. Lorsque l'on parle du réchauffement
climatique aujourd'hui, il s'agit du phénomène d'augmentation des
températures qui se produit sur la terre depuis 100 à 150 ans.
Depuis le début de la Révolution Industrielle, les
températures moyennes sur terre ont en effet augmenté plus ou
moins régulièrement. En 2016, la température moyenne sur
la planète terre était environ 1 à 1.5 degrés
au-dessus des températures moyennes de l'ère
préindustrielle (avant 1850).
De façon plus précise, lorsque l'on parle du
réchauffement climatique, on parle de l'augmentation des
températures liées à l'activité industrielle et
notamment à l'effet de serre : on parle donc parfois du
réchauffement climatique dit « d'origine anthropique »
(d'origine humaine). Il s'agit donc d'une forme de réchauffement
climatique dont les causes ne sont pas naturelles mais économiques et
industrielles.
De nombreux scientifiques étudient ce
phénomène et tentent de comprendre comment les activités
des sociétés humaines provoquent ce réchauffement.
(Annuaire des Démarches RSE et Développement durable).
Ces scientifiques sont regroupés au sein du GIEC
(Groupe International d'Experts sur le Climat), et ils publient
régulièrement des rapports étudiant l'évolution du
réchauffement climatique.
Selon le GIEC (1995), ce changement climatique s'accompagnerait
:
- d'une perturbation du cycle de l'eau,
- d'une augmentation de la fréquence et de
l'intensité des catastrophes naturelles d'origine climatique
(sécheresses, inondations, tempêtes, cyclones),
- d'une menace de disparition de certains espaces
côtiers, en particulier les deltas, les mangroves, les récifs
coralliens, les plages d'Aquitaine, etc.
- d'une diminution de 17,5 % de la superficie
émergée du Bangladesh, de 1 % de celle de l'Egypte,
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- favoriserait la recrudescence du paludisme, et l'extension
de maladies infectieuses comme la salmonellose ou le choléra,
- accélérerait la baisse de la biodiversité
: disparition d'espèces animales ou végétales,
Pour la France, les simulations réalisées par
les experts de Météo France suggèrent que le changement
climatique :
- réduirait le caractère tempéré du
climat avec un réchauffement moyen de l'ordre de 2° C,
Insécurité
Avant d'expliquer le concept « insécurité
» nous avions voulu tout d'abord comprendre ce qui signifie son contraire
à savoir la sécurité ; La
sécurité.
La sécurité est l'absence de danger, mais plus
généralement, il s'agit de l'impression subjective ressentie par
celui qui ne perçoit pas de danger. La sécurité et son
antonyme l'insécurité sont donc des notions subjectives.
Le besoin de la sécurité est un besoin
psychologique fondamental de l'homme. De nombreuses activités humaines
sont perturbées voire rendues impossible lorsque règne un climat
d'insécurité.
Pour nous, la sécurité est un sentiment de paix,
de quiétude, de sérénité de calme, que l'on
récent en nous et au lieu où nous sommes installé.
S'agissant de l'insécurité, nous pensons que le sentiment
d'insécurité peut être individuel ou collectif, il combine
le danger et la perception de sa gravité. Les éléments
perçus collectivement comme angoissants peuvent varier d'un pays
à l'autre d'une période à une autre, d'un segment de
population à l'autre.
Certains acteurs politiques n'hésitent pas à
jouer sur la peur collective, voire à la susciter, dans l'optique
d'assurer un pouvoir sur les populations sensibles à ce discours. Parmi
les éléments perçus comme cause
d'insécurité, et faisant fréquemment débat, les
questions de l'emploi, de retraites, de logement, de délinquance,
d'instabilité politico juridique, les problèmes de la
santé et, du terrorisme, ...
Dans notre contexte, l'insécurité ou le
sentiment d'insécurité peuvent être considères comme
des risques au même titre que le risque naturel ou technologique, les
conflits armés, à ce titre, certaines études vont tenter
de réaliser une cartographie de l'insécurité. Cette
approche s'entend surtout dans le cadre de l'insécurité en milieu
urbain et confirmé au recensement des lieux ou le sentiment
d'insécurité et, ou les «incivilités » ont soit
le plus de chance d'arriver soit arrivé le plus souvent.
Insécurité alimentaire
L'insécurité alimentaire désigne la
situation des populations qui sont en deçà du seuil requis pour
s'alimenter à partir de leur propre production et/ou de leur revenu
annuel et qui sont obligées de consommer leur épargne, parfois de
vendre leurs moyens de production ou de solliciter la solidarité (CILSS,
2004). Elle regroupe donc l'ensemble des situations où les populations
souffrent ou risquent de souffrir des manifestations de la faim. Il existe deux
types d'insécurité alimentaire, l'une chronique et l'autre
temporaire. Le premier type caractérise les individus et les groupes qui
souffrent en permanence d'une alimentation déficiente. Ils ne peuvent
satisfaire leurs besoins nutritionnels de manière continue. Ces
individus et ces groupes ne peuvent produire ou acheter les denrées dont
ils ont besoin, ni en quantité ni en qualité suffisante.
L'insécurité temporaire traduit une impossibilité pour les
individus et les groupes de satisfaire momentanément leurs besoins
nutritionnels. L'instabilité de leur production ou des prix en est
très souvent la cause principale.
Nomadisme
Le nomadisme est un mode de vie fondé sur le
déplacement ; il est par conséquent un mode peuplement.
La quête de nourriture motive les déplacements
des hommes : une économie de cueillette de chasse et de pêche peut
en être à l'origine, mais les plus grandes sociétés
nomades pratiquent l'élevage pastoral, où la recherche des
pâturages et le déplacement des animaux fondent la mobilité
des hommes.
Le nomadisme dans notre cas est associé à une
organisation sociale de type tribal ou à ce que les anthropologues
appellent « une société segmentaire »,
c'est-à-dire une société structurée en lignage,
clans, tribus et éventuellement confédérations tribales :
de nos jours, seul ce type de société pratique une
économie nomade ou semi-nomade chez nous.
Pastoralisme :
Le pastoralisme est un mode d'exploitation fondé sur
l'élevage extensif intégrant les systèmes où les
déplacements d'animaux et/ou d'hommes sont importants : nomadisme,
transhumance, semi-transhumance.
Semi-transhumance :
La semi-transhumance est un système de production dans
lequel une partie de la famille et/ou du bétail est mobile de
façon saisonnière et l'autre partie, sédentaire, cultive
dans une des bases saisonnières.
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Transhumance :
La transhumance est un mode d'élevage avec migration
saisonnière des troupeaux. Le système est très mobile et
il y a retour à des bases saisonnières chaque année. Les
éleveurs ont une résidence permanente. Le calendrier et les
itinéraires sont réguliers. Les déplacements, le plus
souvent prévisibles dans leurs grandes lignes, sont calqués sur
les saisons et se font vers des pâturages connus.
Agro-éleveur :
L'agro-éleveur est un agriculteur qui pratique aussi
l'élevage.
Agropasteur :
L'agropasteur est un agriculteur qui élève du
bétail par tradition et dont les pratiques, dans le domaine des animaux,
s'apparentent à celles des pasteurs, comme pour la transhumance.
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Revue de la littérature :
De nombreuses études ont produit des grilles des
menaces sécuritaires potentielles liées aux changements
climatiques ; d'où parfois la difficulté de se retrouver dans ces
études. Leur diversité tant dans l'approche que dans les chaines
de causalité mises en avant illustrent à elle-seule la
difficulté et l'ambigüité de l'exercice. Comme le soulignent
d'ailleurs H. Buhaug, N.P. Gleditsch et O.M. Theisen (2008), la nature
subjective du jugement d'un État sur les atteintes à sa
sécurité nationale ouvre la voie à diverses
interprétations.
Selon une étude du GIZ (???), l'économie du Mali
repose essentiellement sur l'exploitation des ressources naturelles. La
croissance démographique et les contraintes climatiques, au premier rang
desquelles les sécheresses à répétition, ont
entraînés une surexploitation et une dégradation de ces
ressources, surtout au niveau local. Fait aggravant, le Mali figure parmi les
pays les plus vulnérables aux changements climatiques, dont les effets
accélèrent ce phénomène de dégradation.
Aussi, selon toujours cette étude du GIZ les effets des changements
climatiques se manifestent surtout au plan local, étant donné que
la population malienne dépend fortement du secteur agricole et de
l'exploitation des ressources naturelles pour assurer sa subsistance. Elles
affectent ainsi les activités de subsistance et l'économie locale
et par conséquent, l'adaptation aux changements climatiques au niveau
local et communal est d'une importance cruciale.
Et de ce fait, selon plusieurs spécialistes des
questions climatiques et sécuritaires, l'intégration des enjeux
climatiques ainsi que des mesures d'adaptation dans le processus de
planification permet de réduire la vulnérabilité de la
population locale aux changements climatiques et contribue en même temps
à un développement durable qui apporte souvent la
sécurité des personnes contre la faim et la malnutrition et
permettra la stabilité et la cohésion sociale entre les
communautés.
Selon plusieurs études, les modes d'exploitation non
durable des ressources naturelles au Mali et la pression démographique
accrue ont entrainé leur dégradation à grande
échelle. Par exemple, la perte annuelle de superficies
forestières est estimée à environ 100 000 hectares par le
ministère malien de l'Environnement et de l'Assainissement (MEA). La
dégradation des terres constitue également un grand
problème pour l'écologie et l'économie du pays. Les
coûts en résultant se situeraient entre 20,9 et 26,5 % du PIB (MEA
s.d.).
Le Mali étant un pays sahélien, les contraintes
climatiques y constituent une préoccupation majeure pour le
développement socio-économique, surtout en milieu rural.
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En effet, le Mali est caractérisée par une forte
variabilité aussi bien spatiale que temporelle des paramètres
climatiques, notamment des précipitations.
Selon toujours l'étude du GIZ, cette situation
entraîne fréquemment des déficits pluviométriques
récurrents, qui se traduisent souvent par des sécheresses.
Le Mali a connu cinq épisodes majeurs de
sécheresse de 1970 à nos jours et se caractérise depuis
par des conditions climatiques sévères.
Selon une étude du MEA datant de 2011, le
déficit pluviométrique et l'augmentation de la température
constituent des facteurs supplémentaires de stress pour les
écosystèmes et les systèmes socio-économiques qui
entrainent la dégradation des ressources naturelles, comme les terres
agricoles et les ressources pastorales. L'insécurité alimentaire,
qui concerne aujourd'hui environ 15 % de la population, risque ainsi de
s'accentuer.
De ce fait, selon l'Agence de l'environnement et du
développement durable (AEDD) et la coopération allemande (GIZ),
le Mali figure ainsi parmi les pays particulièrement vulnérables
aux changements et à la variabilité climatiques. Cela concerne
surtout le niveau rural, où la dégradation des terres et des
ressources naturelles ainsi que la pauvreté figurent parmi les facteurs
qui font que la population est particulièrement touchée par ces
phénomènes.
Le changement climatique pourrait affecter l'agriculture dans
certaines régions compte tenu de sa dépendance du climat et des
conditions naturelles (FAQ, 1997). C'est ainsi que l'accélération
des changements climatiques qui pourrait se traduire en un nombre croissant
d'inondations, de sécheresses ou d'ouragans conduirait à
d'énormes pertes de terres cultivables (Swarup, 2009. En Afrique,
l'agriculture sera affectée par des changements de température et
l'augmentation de CO2 (Bals et al, 2009) ainsi que par la grande
variabilité intra-annuelle de la répartition des pluies (Janin,
2010).
La plus grande inquiétude, c'est l'ampleur et le rythme
auxquels ces changements se produisent (GIEC, 2007).
Par ailleurs, selon certaines prévisions, d'ici
à 2020, les récoltes issues de cultures pluviales pourraient
diminuer de 50% dans certains pays (Lung'ahi et al., 2009).
D'autres prévoient pour la deuxième
moitié du 21ème siècle, des rendements en déclin
à cause de températures trop élevées (Esther et
al., 2009). Cela causera dans le même temps une baisse de la production
mondiale de céréales de 1 à 7% d'ici 2060 (Care, 2011).
Cette baisse sera encore plus sévère si le réchauffement
de la planète dépasse 2 °C (PNUD, 2010). Dans leur
étude, R. Kaplan (1994) parle de migrations massives
dégénérant en conflits le plus souvent en conflit en
raison de la déforestation et de l'érosion,
d'épidémies ou encore de réduction d'eau.
19
Thomas Homer-Dixon quant à lui, énumère
les impacts sécuritaires du changement climatique : génocide,
guérillas, insurrections, terrorisme. Les thèses de GIEC, AR4
sont plus modérées dans leurs analyses ; elles insistent
seulement sur les relations du changement climatique avec les composantes
sociétales et les retombés sécuritaires. Parmi les
résultats du GIEC, H. Buhaug et al. s'attardent sur trois processus au
travers desquels le changement climatique peut conduire à
l'instabilité sociale et au conflit :
- augmentation du niveau des océans,
- rareté des ressources et désastres naturels, et
ce par le biais de trois risques que sont :
- destruction d'infrastructures, risques sanitaires et perte des
moyens de subsistance.
Cependant, H. Buhaug et al. mettent en avant l'échelle
d'adaptabilité, fonction de la soudaineté de
l'événement climatique et du contexte des pays affectés,
un critère majeur dans la capacité de réponse à une
situation conflictuelle. Cet argument est notamment développé par
Homer-Dixon et est repris dans notre développement.
Les travaux de H. Buhaug et al. s'intéressent plus
particulièrement aux conflits armés et leurs conclusions
appellent à une grande précaution dans l'établissement de
liens entre ces derniers et le changement climatique notamment par manque de
recul et de données statistiques allant dans ce sens. Par exemple, un
graphique mettant en parallèle la température et le nombre de
conflits armés montre depuis les années 90, une montée de
la première variable et une baisse de la seconde. L'analyse
proposée sur la zone sahélienne étudie des
événements sécuritaires autres que les conflits
armés tels que les tensions entre agropasteurs, les tensions
frontalières, les coups d'Etat, les crises humanitaires et
alimentaires.
H. Buhaug et al. mentionnent trois processus intervenant dans
les mécanismes des relations entre changement climatique et conflit : la
montée des océans, aggravation de rareté des ressources et
l'intensification des désastres naturels. Les risques associés
à ces processus sont la destruction des infrastructures, l'augmentation
du risque sanitaire et la perte des moyens de subsistance. Nous retenons
également ces trois risques dans notre analyse en faisant
l'hypothèse qu'ils puissent mener à des tensions sans toutefois
dégénérer en conflit armé.
Le rapport Solana de mars 2008 établi à
l'attention du Conseil européen aborde les menaces liées au
changement climatique en termes de sécurité internationale et non
plus seulement nationale (avec des incidences directes sur les
intérêts européens). Il détermine sept menaces
liées au changement climatique, en précisant qu'elles ne
dégénèrent pas nécessairement en conflit
armé : Conflit lié aux ressources ; Préjudice
économique et risque pour les villes côtières et les
infrastructures essentielles ; Perte de territoire et litiges frontaliers ;
Migrations dues à des
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facteurs environnementaux ; Situations de fragilité et
radicalisation ; Tensions liées à l'approvisionnement
énergétique ; Pression sur la gouvernance internationale. Le
changement climatique est posé comme un multiplicateur de menaces qui
« renforce les tendances, tensions et instabilités existantes
».
Ces menaces ou « formes de conflit » couvrent
l'ensemble des pays. Les enchainements proposés pour expliquer les
impacts du changement climatique sur les menaces, s'articulent autour de trois
paramètres : la montée des océans,
l'élévation des températures et les désastres
naturels. Dans de nombreux cas, des variables environnementales
dépendantes du changement climatique sont mis en avant comme facteurs
d'influence sur les menaces (désertification, baisse des réserves
en eau..). Une première lecture du rapport Solana ne renseigne pas sur
les études prospectives ou rétrospectives, études de cas
ou statistiques qui auraient conduit à l'identification des menaces.
Bien que le changement climatique soit un vecteur récent, un certain
nombre des paramètres climatiques et/ou environnementaux mis en avant
comme conséquences du changement existent déjà depuis un
moment.
L'Afrique est mise en avant comme l'un des continents les plus
vulnérables et donc susceptibles de provoquer une
insécurité grandissante à l'échelle internationale,
avec le changement climatique. Les réponses proposées par le
rapport Solana abondent donc dans ce sens. Buhaug et al. décryptent
également à travers une grille de facteurs socio-politiques
communément reconnus comme facteurs déclencheurs de conflits, les
trois principaux effets du changement climatique seuls ou combinés. Les
auteurs s'appuient sur de nombreuses sources dans leurs démonstrations
qui restent essentiellement théoriques et peu illustrées, et font
apparaître les mécanismes intermédiaires à travers
lesquels les variables environnementales ont un impact sur la
sécurité. Ainsi le facteur socio-politique désigné
par `pauvreté et instabilité politique' est affecté
à travers l'insécurité alimentaire et la perte des moyens
de subsistance.
La multitude de dynamiques intervenant dans le lien entre
changement climatique et sécurité et la nature de leurs relations
(causales, réciproques, associées, etc..) compliquent toutes
projections et scénarios. De plus, la menace sécuritaire
liée au changement climatique dépend fortement des
spécificités propres à chaque pays et d'autres facteurs
contextuels. Les relations particulières entre ces variables constituent
autant de catalyseurs de crises possibles qu'il existe d'environnements
climatiques et socio-économiques différents. En analysant les
mécanismes de certains événements sécuritaires de
la zone sahélienne et leur correspondance avec des chocs climatiques
tels qu'une sécheresse, notre analyse tente de proposer un moyen
d'élargir le spectre
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des recommandations prenant en compte des
préoccupations aussi bien sécuritaires qu'environnementales aux
pays de l'UE, au-delà de celles contenues dans le rapport Solana.
L'objet de la prochaine partie est d'identifier à
partir d'exemples sahéliens si l'on parvient à des conclusions
autres que celles des théories de la sécurité
environnementale qui bien que mettant en avant des interactions relativisent
ces dernières et leur degré. Dans leur étude, R. Kaplan
(1994) parle de migrations massives dégénérant en conflits
en raison de la déforestation et de l'érosion,
d'épidémies ou encore de réduction d'eau. Thomas
Homer-Dixon énumère les impacts sécuritaires du changement
climatique : génocide, guérillas, insurrections, terrorisme. Les
thèses de GIEC, AR4 sont plus modérées ; elles insistent
sur les relations du changement climatique avec les composantes
sociétales et les retombés sécuritaires.
Parmi les résultats du GIEC, H. Buhaug et al.
s'attardent sur trois processus au travers desquels le changement climatique
peut conduire à l'instabilité sociale et au conflit :
augmentation du niveau des océans, rareté des ressources et
désastres naturels, et ce par le biais de trois risques (destruction
d'infrastructures, risques sanitaires et perte des moyens de subsistance).
Cependant, H. Buhaug et al. mettent en avant l'échelle
d'adaptabilité, fonction de la soudaineté de
l'événement climatique et du contexte des pays affectés,
un critère majeur dans la capacité de réponse à une
situation conflictuelle.
Cet argument est notamment développé par
Homer-Dixon et est repris dans notre développement. Les travaux de H.
Buhaug et al. s'intéressent plus particulièrement aux conflits
armés. Leurs conclusions appellent à une grande précaution
dans l'établissement de liens entre ces derniers et le changement
climatique notamment par manque de recul et de données statistiques
allant dans ce sens. Par exemple, un graphique mettant en parallèle la
température et le nombre de conflits armés montre depuis les
années 90, une montée de la première variable et une
baisse de la seconde.
L'analyse proposée sur la zone sahélienne
étudie des événements sécuritaires autres que les
conflits armés tels que les tensions entre agropasteurs, les tensions
frontalières, les coups d'Etat, les crises humanitaires et alimentaires.
H. Buhaug et al. mentionnent trois processus intervenant dans les
mécanismes des relations entre changement climatique et conflit : la
montée des océans, aggravation de rareté des ressources et
l'intensification des désastres naturels. Les risques associés
à ces processus sont la destruction des infrastructures, l'augmentation
du risque sanitaire et la perte des moyens de subsistance.
Nous retenons également ces trois risques dans notre
analyse en faisant l'hypothèse qu'ils puissent mener à des
tensions sans toutefois dégénérer en conflit
armé.
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