II. LES REPERCUSSIONS SUR LES CULTURES
La baisse de la quantité d'eau dans la retenue
conjuguée avec la demande croissante en eau sur le
périmètre irrigué est à l'origine des perturbations
enregistrées dans la production des différentes cultures. Elle
occasionne des dégâts de plusieurs cultures dont l'ampleur varie
selon qu'on soit en amont ou en aval du barrage.
1. SUR L'AMONT DU BARRAGE
Le manque d'eau en amont du barrage est moins vécu par
les exploitants qui y sont installés. En effet, toutes les parcelles
exploitées sont situées à proximité du point d'eau.
On trouve rarement des parcelles d'exploitation situées à plus
100 m du point d'eau. Ce qui facilite la prise d'eau grâce aux
motopompes. Mais quand l'eau vient à diminuer dans le lac, les
propriétaires des plantations doivent faire face à d'autres
exigences. Cela demande des efforts supplémentaires de la part de ces
exploitants.
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Les motopompes étant le moyen d'exhaure dominant, les
pannes et l'approvisionnement en carburant deviennent leurs difficultés
majeures. Il faut avoir les moyens financiers afin de s'approvisionner
régulièrement en carburant et être apte à
réparer les motopompes en cas de panne. C'est justement à cette
étape que certains exploitants trouvent des difficultés pour
assurer les charges financières. Or sans eau les cultures
sèchent, et on aboutit à des pertes considérables qui
peuvent dans des cas extrêmes toucher toute la plantation. C'est dans
cette situation que s'est retrouvé M. Y, propriétaire d'une
bananerais située sur la rive gauche en amont du barrage. Suite à
une panne prolongée de sa motopompe, sa plantation a été
complètement endommagée. Faire fonctionner sa motopompe de
façon permanente et régulière se présente comme un
défi pour les exploitants parce que cela engendre des coûts
financiers lourds à supporter. En période de décrue, ces
exploitants subissent énormément les effets du manque d'eau dans
la retenue et des efforts (temps et dépenses supplémentaires,)
sont déployés pour surmonter le problème. Les exploitants
de l'aval du barrage vivent des conditions pareilles.
2. SUR L'AVAL DU BARRAGE
Les exploitants de l'aval du barrage sont confrontés
à deux problèmes majeurs. Il s'agit des inondations des parcelles
situées dans les zones basses et du manque d'eau. Les observations sur
le terrain et les entretiens avec les exploitants laissent comprendre que cette
partie du périmètre irrigué de la Tapoa se retrouve
à chaque campagne dans l'une ou l'autre difficulté.
Les inondations sont constatées durant les
périodes de forte pluviométrie. La digue de protection des
cultures irriguées est aujourd'hui devenue une préoccupation pour
les exploitants. En effet, sur la partie aménagée le
système d'évacuation des eaux est devenu défaillant de
telle sorte que plusieurs lacs se sont formés. Ils occupent
temporairement ou permanemment de nombreuses parcelles d'exploitation. Certains
exploitants sont obligés de démarrer tardivement la
préparation de leurs parcelles. Ces lacs rendent aussi compliquer
l'exploitation des parties basses en saison pluvieuse. Dès les
premières pluies l'eau se stagne et occupent les parcelles. C'est la
raison pour laquelle certains exploitants abandonnent le
périmètre en saison de pluies et se consacrent aux champs hors
périmètres. Les inondations répétées ont
été à l'origine du retrait de plusieurs exploitants du
périmètre après des campagnes infructueuses. D'où
la baisse de la production des cultures de saison pluvieuse sur le
périmètre.
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Le déficit d'eau est surtout constaté sur les
parcelles situées au-delà du bloc N°2. Dans les deux
premiers, la proximité évite le risque de manque d'eau, mais la
répartition des jours d'ouverture des vannes entre exploitants des blocs
limitent la liberté des exploitants dans l'utilisation de l'eau. Ce qui
peut influencer les rendements des certaines cultures aux exigences hydriques
élevées, surtout le riz. Le manque d'eau dans les blocs
supérieurs est à l'origine de nombreux abandons de parcelles par
les exploitants du périmètre. Seulement 1/5 des parcelles est
aujourd'hui exploitée dans cette partie. Les cultures qui y sont
pratiquées ont souvent de la peine à achever leur cycle de
maturation. C'est une perte pour les exploitants qui sont installés dans
ces parcelles. Il arrive même que des exploitants du bloc 3 et 4 vendent
ou abandonnent leurs cultures vertes par insuffisance d'eau pour attendre la
campagne suivante. Certains exploitants affirment que ce problème d'eau
est l'une des causes principales qui limitent les rendements ou l'occupation
des parcelles dans ces blocs.
Il est donc impératif d'envisager des solutions pour
résoudre ce problème d'eau si l'on veut que l'aménagement
hydro-agricole de la Tapoa participe efficacement à
l'amélioration des conditions de vie des populations de la zone, partant
de la région.
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