P our la pêche artisanale, au niveau
du quai de pêche de Hann, 113 espèces de poissons ont
été débarquées. Plusieurs auteurs ont
travaillés dans ce domaine : Lenfant et al. (2011) avec 106
espèces de Leucate à Port-Vendres en France ; Najih et al.
(2015) avec 34 taxons dans la lagune de Nador, au Maroc et Hounsounou
et al. (2013) avec 257 espèces au Bénin.
Concernant les 51 familles, Sparidae et Carangidae comptent
10 représentants au moins. La grande diversité de ces familles a
été rapportée par des auteurs comme Ayissi et al.
(2015) dans le Golfe de Guinée, au Cameroun (11 familles), Najih
et al. (2015) au Maroc et Hounsounou et al. (2013) au
Bénin. La biodiversité est grande et les raisons seraient dues
à la transition des saisons marines froide et chaude du mois mai
caractérisée par l'apparition des eaux tropicales chaudes
(Rossignol et al., 1965). Selon Stéquert et al.
(1979), ces eaux refoulent vers le nord les eaux d'upwellings ainsi que
les espèces qui leur sont liées. Elles amèneront avec
elles les espèces à affinité guinéenne comme par
exemple la grande carangue (Caranx hippos) et le barracuda
(Sphyraena spp.).
28
L a position nord de Dakar regorge plus
d'espèces que la position sud, d'une part, et la position centre,
d'autre part. Ceci pourrait s'expliquer par la structuration sous-marine de la
zone nord qui lui conférerait de nombreux habitats faunistiques. Il
existe, dans cette zone, des bancs rocheux et des falaises sous-marines
bordées soit par un éboulis chaotique sous-marin, soit par une
plateforme d'abrasion marine telle la chaussée des Almadies (Domain,
1976).
On y note, aussi, de récifs artificiels de l'île
de la Madeleine. La pêche est interdite sur un rayon de 500 m des
récifs artificiels. On considère que le récif va restaurer
les habitats dégradés par l'homme et augmenter la
biodiversité et la diversification des ressources (Sène &
Sané, 2008).
L e nombre total d'espèces diminue de
l'aube au soir ((93 entre 6h30-10h à 04 entre 16-19h). Ce
phénomène pourrait s'expliquer par le phototropisme positif ou le
phototropisme négatif.
D'après le Catalogue et Index des Sites
Médicaux de langue Française (CISMEF), le phototropisme est une
réaction d'orientation d'un animal fixé, s'effectuant soit dans
la direction de la lumière solaire (héliotropisme positif), soit
dans la direction opposée (héliotropisme négatif). Les
espèces présentant un héliotropisme positif sont actives
la journée mais vers 17-18 h, elles s'installent sur la vase. Au fur et
à mesure que l'on chalute, le nombre d'espèces diminue
pratiquement. Vers 19h, on ne pêche que de petits pélagiques et
ceux-ci sont pris lors de la remontée du chalut (Communication
Personnelle Dr Ndiaga Thiam, le 22 février 2017).
Les travaux au Congo de Fontana (1981) sur l'activité
de la crevette rose du large (La) ou Parapenaeus longirostris
confirment nos résultats. Ceux de Pham (2011) en
Nouvelle-Calédonie sur la crevette bleue (Litopenaeus stylirostris
au stade nauplius) et ceux de Kurc & Blancheteau (1966) en France sur
la pêche à la lumière s'en rapprochent, aussi.
L e nombre d'espèces de poissons
diminue de la côte vers le large. Ceci pourrait s'expliquer par une
grande disponibilité de la nourriture et de l'oxygène dissout
à la surface.
Premièrement, selon Nzayisenga (2007),
l'oxygène dissous diminue progressivement avec la profondeur.
D'après Legendre (2012), au niveau des premiers mètres de la
colonne d'eau, la teneur en O2 est généralement abondante par
suite de la dissolution dans l'eau de mer des gaz de l'atmosphère qui
contient 20 % d'O2. De plus, à certaines saisons, la
photosynthèse du phytoplancton marin produit beaucoup d'oxygène
dans les eaux de surface. Les organismes qui vivent dans la colonne d'eau
consomment de la matière organique pour vivre, croître et se
reproduire ; ce faisant, ils utilisent de l'oxygène.
Deuxièmement, la période d'upwelling en saison
froide (Fall, 2009) joue, aussi, un rôle dans la grande diversité
ichtyologique observée au large des côtes. Lorsqu'il se produit,
un vent fort souffle à la surface de l'océan, poussant les eaux
chaudes de surface vers le large. Pour combler le vide, les eaux froides du
fond (Anonyme, 2012) de la mer remontent chargées d'oxygène et de
nutriments.
L es résultats ont montrés
qu'il y a plus et autant d'espèces (58) dans les trémails et FDF
que dans les autres engins de pêche artisanale. Cette
égalité de taxons entre ces 2 engins n'est peut-être pas
étonnante. En effet, d'après Thiao (2009), « le
trémail est une variante du filet dormant et est posé de la
même manière ce celui-ci ».
Les filets dormants à «poissons» sont les
plus répandus sur le fleuve Sénégal. En Casamance, leur
fonction varie selon le type et l'éventail d'espèce
recherchée (Bousso, 2000).
Concernant le trémail, il réputé pour
son efficacité et est très répandu dans le monde. Au
Sénégal, dans certains villages, il est devenu l'engin dominant
parmi les pêcheurs utilisant des filets
29
maillants ou des casiers. Les seiches ou les soles seraient
capturées avec une efficacité particulière, et que, le
trémail assurerait par ailleurs des prises régulières et
diversifiées de différentes espèces (Charles-Dominique
& Diallo, 1997).
Les engins de pêche ont été cités
par : Saint-Felix (1979) sur la bordure caraïbe de la Martinique, Le
Douguet (2009) dans les AMP d'Afrique de l'ouest, Bousso (1994), Bakhayokho
et al. (1997), Charles-Dominique & Diallo (1997), Bousso (2000) et
Thiao (2009) au Sénégal.
L `espèce la plus occurrente est la
Sardinella aurita assimilée à un taxon «
Occasionnelle ». Les autres taxons sont des espèces «
Rares » avec Sardinella maderensis et Sarda sarda qui
sont les plus occurrentes de ce lot. Ceci valide le constat de Dème
et al. (2012) selon lequel les espèces pélagiques
côtières représentent en moyenne 70% des captures (les 2
sardinelles principalement) de la pêche artisanale
sénégalaise.
Au Sénégal, les pêcheries ciblent la
sardinelle avec une préférence pour la sardinelle ronde. Elle a
été intensivement pêchée, surtout en 2011-2012, et
les efforts sont en nette augmentation. En outre, les juvéniles sont
également capturés (Munroe et al., 2015). Thiam &
Sarré (2015) considère S. aurita comme un taxon
d'occurrence « rare ».
En ce qui concerne Sarda sarda ou thon blanc, les
premières captures importantes se situent en général au
mois de mai lorsque commence le rassemblement des reproducteurs près de
la côte. C'est un poisson d'alimentation important, abondant dans de
très nombreuses localités et est ciblé par un certain
nombre de pêcheries dans toute son aire de répartition. Elle a,
donc, un fort intérêt commercial. (Dardignac, 1962 ; Maigret &
Ly, 1986 ; Collette et al., 2011).
L es indices de Jaccard et de Sorensen
montrent que le duo des positions nord et sud renferme beaucoup plus
d'espèces communes que les croisements positions centre et nord ainsi
que les positions centre et sud. Les indices excèdent les 25 % de
similitude, uniquement, entre le croisement des positions nord et sud. On
suppose que les conditions environnementales sont beaucoup plus identiques
entre ces 2 positons alors qu'elles le sont un peu moins au niveau des autres
positions croisées.
Le croisement des positions sud et centre présentent
moins de taxons en communs que les positions croisées. En effet, le
centre est représenté, principalement, par la baie de Hann.
Connaissant l'état actuel très pollué cette baie
(Kandé, 2017 ; Sonko, 2017), on suppose que la diversité
taxonomique y est faible. Par conséquent, tout croisement de site avec
la position centre présentera moins d'espèces de poissons que si
on croisait les positions nord et sud.
On comprend pourquoi l'indice de Whittaker est de 0.66 et que
la diversité taxonomique spécifique est plus grande au nord (37
taxons) et au sud (10 taxons).
La valeur de â supérieure à la moyenne,
le nombre d'espèces similaires entre sites est assez grand et la
dissimilitude de taxons entre les sites est peu grande.
L 'indice de liste rouge a
révélé 04 espèces en danger (EN,
exemple Merluccius senegalensis), 06 vulnérables
(VU, exemple Sardinella maderensis) et 04
quasi-menacés (NT, exemple. Epinephelus
aeneus). Ces espèces précitées sont celles qui ont la
plus grande valeur commerciale dans chaque catégorie selon UICN
(2017).
Pour Merluccius senegalensis (Merlu
sénégalais), les menaces sont, principalement, leur exploitation
commerciale par les Espagnols, les chaluts de fond, les petits palangriers,
les
30
pêcheurs aux filets maillants et la pêche
accessoire des pêcheries céphalopodières et
crevettières, (Iwamoto, 2015).
Concernant Sardinella maderensis
(Sardinelle plate), elle est menacée par les
pêcheurs de canot : filets annulaires, filets maillants, sennes de plage
; les senneurs locaux ; les chalutiers industriels (Tous et al.,
2015).
Enfin, pour Epinephelus aeneus
(`Thiof' ou Mérou), la principale menace est la
surpêche. Elle a une importance économique considérable,
important sur le marché du poisson au Sénégal par la
pêche artisanale ; c'est un produit frais à l'échelle
industrielle et pour l'exportation (Thierry et al., 2008).
Ensuite, 12 et 16 taxons relèvent de la
catégorie Données insuffisantes (DD) et
Non Evalués (NE), respectivement. Ces catégories
ne signifient pas que l'espèce n'est pas menacée mais que les
données sont insuffisantes ou n'ont pas pu être quantifiées
pour mesurer l'impact des menaces potentielles ou réelles
(Sidibé, 2010 ; Abdul Malak et al., 2011).
Sur une note plus positive, plus de la moitié (71
espèces) des poissons sont catalogués
préoccupation mineure, ce qui signifie qu'ils ne sont
pas confrontés à un risque d'extinction imminent (exemple
Dentex macrophthalmus et Pagellus bellottii).
Nos travaux sont confrontés à ceux de
Sidibé (2010), en Afrique de l'Ouest, qui a étudié le
statut UICN de 12 espèces de poissons (1 VU, 2 NT, 4 LC et 5 DD).
P our la pêche scientifique, les
nombreuses campagnes scientifiques démersales côtières
menées au large des côtes du Sénégal montrent des
résultats cohérents entre elles : la diversité est
très grande. Au total, 405 espèces ou groupes d'espèces de
poissons, répartis en 109 familles, ont été
rencontrées. Des études locales y ont bien été
menées, aussi, par des auteurs comme Domalain et al. (2002) qui
ont trouvé 291 espèces. Dans d'autres pays, Domalain et al.
(2002) ont rencontré 300 espèces en Guinée, Amorim
et al. (2002) 316 espèces en Guinée Bissau, Gascuel
et al. (2012) 211 en Mauritanie, Taï et al. (2013) 243
espèces au Maroc et Tamdrari (2007) 117 espèces dans le nord du
Golfe du Saint-Laurent à Québec au Canada.
Au Sénégal, les 405 espèces sont
réparties en 353 poissons osseux (87 %) et 52 poissons cartilagineux (13
%). Ce taux est assez proche de celui de Thiam & Sarré (2015) ayant
identifié 92 % d'espèces de poissons sur 158 espèces
rencontrées. Il dépasse même celui de Taï et al.
(2013) au Maroc qui ont trouvé 204 Ostéichtyens (63%) et 39
Chondrichtyens (13%). De tels pourcentages s'expliquent aisément par le
fait que l'engin de pêche utilisé est un chalut standard à
poisson.
Les 109 familles notées au Sénégal sont
à dominante de Soleidae, Serranidae, Carangidae, Sparidae, Scorpaenidae
et Haemullidae comptant chacune 10 représentants au moins. Au Maroc,
Taï et al. (2013) ont rencontrés 96 familles dont les plus
représentées sont les Soleidae, les Sparidae et les Rajidae
(raies). La grande diversité de ces familles, au Sénégal,
a été rapportée par plusieurs auteurs comme Ndiaye et
al. (1982), Fall & Niass (2014), Thiam & Sarré (2015) et
UEMOA (2015). Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette diversité
ichthyologique locale.
D 'après l'ANOVA-1 mise en oeuvre
ici, le nombre d'espèces de poissons augmenterait de manière
très hautement significative du sud vers le nord en passant par le
centre. Les raisons qui pourraient expliquer que la zone influe sur la
biodiversité sont plurielles.
Premièrement, le traitement de données montre
que la pression d'échantillonnage est beaucoup plus forte au sud (507
stations) qu'au centre (364 stations) et au nord (382 stations). De plus, la
31
ZMC entre le Sénégal et la Guinée Bissau
confère au sud une côte d'une grande superficie, à
même de renfermer d'avantage de taxons.
Deuxièmement, au sud, le plateau continental atteint
sa largeur maximale (Fall, 2009). Domain (1977) confirme ce fait : la largeur
de celui-ci ne fait qu'augmenter jusqu'en Guinée Bissau contrairement au
Nord ou le plateau est plus ou moins étroit. Dans le sud, on note aussi
une pente faible jusqu'à 100 m (Diop, 1990).
Troisièmement, le sud présente un ensemble
d'estuaires comme le Saloum, la Gambie, la Casamance, l'extrême
nord-ouest de la Guinée-Bissau et les archipels Bissagos. Ces
systèmes estuariens génèrent les mangroves des «
Rivières du Sud » zones qui occupent une place
particulièrement importante pour les communautés ichtyologiques
(Barusseau et al., 1999), sont, également, des lieux de
nourriceries pour leurs stades juvéniles (Johannes, 1978 ; Beckley, 1984
; Day et al., 1989 in Guiral et al., 1999 ; Fall, 2009).
Notons que la zone des Rivières du Sud est le siège d'une forte
activité minéralisatrice incluant des bactéries libres et
fixées (Ducklow et al., 1982) et des
micro-hétérotrophes (Day et al., 1989), toutes choses
qui concourent à enrichir les eaux en nutriments. Ainsi, les post-larves
et les juvéniles de poissons y trouvent des conditions trophiques
favorables (phytoplanctons et zooplanctons) (Miller & Dunn, 1980 ; Mann,
1982 ; Legett, 1986) in (Guiral et al., 1999).
Enfin, la variété morpho-édaphique et
hydrologique des estuaires des Rivières du Sud a pour conséquence
une grande diversité des conditions environnementales, et donc des
habitats disponibles pour les communautés ichtyologiques (Barusseau
et al., 1999).
A u Sénégal, la
diversité des poissons est plus importante en saison chaude (340
espèces) qu'en saison froide (323 espèces). Ceci pourrait
s'expliquer de différentes manières :
D'abord, le nombre d'espèce observé,
spécifiquement/uniquement, durant la saison chaude est plus
élevé que durant la saison froide. Donc, on suppose que les
côtes sénégalaises possèdent beaucoup plus
d'espèces de saison chaude (par exemple Ophisurus serpens ou
l'anguille de sable) que d'espèces de saison froide (par exemple
Scomber japonicus ou maquereau espagnol).
Ensuite, durant la saison chaude (Fall, 2009), on note une
manifestation de la mousson et une apparition des pluies entrainant des
périodes de hautes eaux annuelles des 4 systèmes pluviaux du pays
(Lopez, 1979 in Fall, 2009 ; Domain, 2000). D'après Domain (2000),
celles-ci transportent, à la mer, des apports terrigènes qui
favorisent une forte productivité primaire et donc une importante source
d'enrichissement (e.g. sels minéraux - matières organiques,
Anonyme, 2014) des milieux littoraux (Diop, Fabres & Pravettoni, 2012) et
du plateau continentale de la Sénégambie (Fall, 2009) et,
également, le recrutement de certaines espèces
(Sciaenidés, par exemple) des grands fleuves (Domain, 2000).
Enfin, durant la saison chaude, on note un contre-courant
équatorial qui est dévié de la Guinée à la
Mauritanie en passant par le Sénégal. Ce courant véhicule
2 types de masses d'eaux chaudes sur le plateau continental : eau tropicale
chaude et salée, fin mai à août, eaux guinéennes
chaudes, dessalées, turbides, riche en nourriture, août à
décembre (Domain, 2000 ; Fall, 2009).
Les résultats de cette étude confirment ceux de
Domain (2000) sur la communauté des Sciénidés entre 1985
et 1986. En termes d'abondance, les valeurs obtenues en fin de saison humide
étaient en effet largement supérieures aux valeurs de saison
sèche.
L e grondin du Gabon ou Trigla
gabonensis présente 53 % d'occurrence : ce qui en fait une
espèce fréquente. En effet, elle fréquente le littorale
des côtes occidentales d'Afrique (Séret,
32
2011) de même que le plateau continental (Schneider,
1992). Elle est pêchée à la ligne ou au chalut comme prise
accessoire, et consommée à des niveaux artisanaux (Russell et
al., 2015). Le statut fréquent du grondin du Gabon a
été évoqué par Thiam & Sarré (2015) au
Sénégal qui confirment nos résultats. Quartey & Ekuban
(2015) du Ghana ont trouvés que cette espèce est rare ; ce qui
s'expliquerait par la diversité des biotopes marins entre le
Sénégal et le Ghana. Dans cette étude, 15 espèces
sont considérées comme occasionnelles : Pagellus bellottii,
Trachurus trecae, Zeus faber mauritanicus, Pseudupeneus prayensis, Raja
miraletus, Brachydeuterus auritus, Trichiurus lepturus, Arnoglossus imperialis,
Dentex angolensis, Boops boops, Syacium micrurum, Decapterus rhonchus,
Sphoeroides pachygaster, Priacanthus arenatus et Sphoeroides
spengleri.
Nos résultats confrontés à ceux de
Jouffre et al. (2002) en Guinée, au Sénégal et en
Mauritanie, montrent que Pagellus bellottii, Trachurus trecae et
Raja miraletus sont des espèces fréquentes. Zeus
faber mauritanicus (absent au Sénégal), Pseudupeneus
prayensis (fréquente au Sénégal et rare en
Guinée), Syacium micrurum et Decapterus rhonchus sont
des espèces occasionnelles tandis que Brachydeuterus auritus,
Trichiurus lepturus, Boops boops et Sphoeroides spengleri sont
des espèces rares.
Les études de Thiam & Sarré (2015) au
Sénégal montrent que Pagellus bellottii, Trachurus trecae
et Pseudupeneus prayensis sont des espèces permanentes.
Raja miraletus et Brachydeuterus auritus sont des taxons
fréquents. Zeus faber mauritanicus, Trichiurus lepturus,
Boops boops, Syacium micrurum, Decapterus rhonchus et Sphoeroides
spengleri sont des espèces occasionnelles. Arnoglossus
imperialis, Dentex angolensis, Sphoeroides pachygaster et Priacanthus
arenatus sont des taxons rares.
Les 389 taxons restant sont rares. Les causes sont
variées : forte exploitation commerciale par la pêcherie,
pêche accessoire, destruction de l'habitat, profondeurs reculées
avec par exemple Sphyraena guanchancho (barracuda), Sardinella
aurita (sardinelle ronde), Sarda sarda (bonite à dos
rayé) et Epinephelus caninus (Mérou de chien).
D'après Froese & Pauly (2016), ces espèces
précitées appartiennent à la pêcherie hautement
commerciale et voire même sportive pour le Sarda sarda.
Les travaux de Jouffre et al. (2002) et ceux de
Thiam & Sarré (2015) confirment le statut rare de Sardinella
aurita et de Sphyraena guachancho ; ce qui est normal, ces
espèces étant strictement pélagiques, tandis que le chalut
utilisé est de type bentho-démersal.
L es indices de Jaccard et de Sorensen
montrent que le centre et le sud renferment plus de taxons communs entre eux,
qu'entre le sud et le nord d'une part, le centre et le nord d'autre part.
D'abord, les indices excèdent 25 % de similitude et on
suppose que les conditions environnementales sont assez identiques entre les
sites croisés.
Le sud et le centre présentent plus de taxons en
communs que les autres sites croisés en raison de la présence en
ces lieux des « Rivières du Sud » et d'un plateau continental
large avec plusieurs habitats.
On comprend alors pourquoi l'indice de Whittaker est de 0.38
et que la diversité taxonomique spécifique est plus grande au sud
(53 espèces) et au centre (42 espèces). La valeur de â
étant faible, le nombre d'espèces similaires entre sites est
élevé et la dissimilitude de taxons entre les sites est
faible.
33
Ensuite, le sud et le nord sont les 2èmes sites
croisés ayant le plus d'espèces communes, sachant qu'au nord
aussi on note la présence du fleuve Sénégal (Domain, 1977
; Fall, 2009) et, donc, implicitement des hydro systèmes, apports
terrigènes et donc une grande biodiversité.
Le nord est caractérisé, aussi, par la
présence d'un canyon sous-marin : la fosse océanique de Kayar. De
nombreuses espèces démersales et pélagiques y sont
présents en saison froide (Diarra, 2006).
D eux grandes espèces de requin-ange
trapue (Squatina aculeata et S. oculata) sont en
danger critique d'extinction. Des évaluations en 2007, 2011 et
2015 montrent que leur catégorie n'a pas changé (Morey et
al., 2007). Leur effondrement est dû aux pressions intenses de la
pêche démersale. Le faible pourcentage d'échange entre les
populations isolées indique qu'elles sont prédisposées
à décroître localement, et au moins une espèce,
l'Ange de mer épineux, Squatina aculeata, a été
exterminée de la Méditerranée et est
considérée comme éteinte du point de vue commercial
(Cavanagh & Gibson, 2007).
Concernant les taxons en danger (exemple
Pseudotolithus senegalensis), vulnérables
(exemple Galeoides decadactylus) et
quasi-menacés (exemple Albula vulpes) qui
sont, respectivement, au nombre de 7, 13 et 14, les menaces sont diverses :
pêche industrielle, artisanale et étrangère dans la
sous-région (Sidibé, 2003 ; Sidibé, 2010), pollution
marine ; exploitations pétrolières (Nunoo & Nascimento,
2015), pollution hydrocarbures; destruction des mangroves (Carpenter et
al., 2015), pêche accessoire, filets non autorisés,
influences climatiques, anthropiques (Adams et al., 2012). Nos travaux
sont confrontés à ceux de Abdul Malak et al., (2011), sur la mer
Méditerranée, qui ont montrés que sur 519 taxons de
poissons marins, plus de la moitié des espèces sont
menacées par la pêche ciblée ou par les prises
accessoires.
34