2. Problématique
Chez les enfants de 6 à 59 mois, l'OMS définit
la malnutrition aigue sévère (MAS) comme un indice poids/ taille
inférieur de 3 écarts - type aux normes OMS ou un
périmètre brachial inférieur à 115 mm, et/ ou la
présence d'un oedème bilatéral (gonflement des deux
pieds). La malnutrition aigue sévère touche environ 20 millions
d'enfants de moins de cinq ans et est associée à 1 à 2
millions de décès qui pourraient être évités
chaque année. (OMS, 2016).
Les enfants souffrant de la malnutrition aigue
sévère présentent un risque de décès accru
(neuf fois supérieur) par rapport aux enfants normaux ou souffrant d'une
malnutrition modérée (OMS, 2016). Dans la plus part des pays en
développement, les taux de létalité restent
élevés et sont compris entre 20 et 60%.
Les enfants présentant une malnutrition aigue
sévère s'accompagnant de complications (ceux qui souffrent de
manque d'appétit, de fièvre, de pneumonie, de
déshydratation, d'oedèmes sévère ou les
nourrissons de moins de mois) sont hospitaliser jusqu'à ce que les
complications disparaissent, et leur prise en charge repose sur les dix
étapes du protocole de l'OMS pour la prise en charge de la malnutrition
aigue sévère. Ces étapes sont regroupées en deux
phases : Stabilisation et réhabilitation. (OMS, 2000).
La mise en oeuvre des directives de l'OMS permettrait de
réduire significativement la mortalité hospitalière due
à la malnutrition aigue sévère. Cependant, elle n'est pas
effective et la pénurie en aliment thérapeutiques est l'une des
principales causes. L'étude faite par Félicitée NGNEFACK
à l'hôpital général de référence de
Yaoundé au Cameroun sur un effectif de 41 sujets, âgés de
6 à 59 mois. Au total, 73,2% avaient le Kwashiorkor marasmique, 17, 0%
le Kwashiorkor, 9,8% le marasme et 41,5% étaient infectés par
les VIH. Il a noté une prise progressive de poids d'environ
10g/kg/jour vers le 7ème jour et de 15 à 20g/kg/jour
en fin d'hospitalisation. Le taux de mortalité était de 21, 9%
soit une réduction de 8,4% des chiffres antérieurs.
(Félicité NGNEFACK, 2015).
En Afrique de l'Ouest, notamment au Burkina-Faso, les
prévalences de la malnutrition aigue, de la malnutrition chronique et de
l'insuffisance pondérale étaient respectivement de 11,1% ;
35, 0% et 25,7% en 2010 (UNICEF, 2017).
Dans la province du Haut Katanga, L'Agence Adventiste d'Aide
et de Développement (ONG ADRA) a démarré, le 01 juin
dernier, un projet de lutte contre la malnutrition aigüe
sévère via un financement du Fonds des Nations Unies pour
l'enfance (UNICEF). De juin à novembre 2018, environ 1 767 enfants de
moins de 5 ans répartis dans la zone de santé de Pweto
présenté la malnutrition aigue sévère. Ce projet
vient compléter celui financé, depuis avril 2018, par le
Programme alimentaire mondial (PAM) et mis en oeuvre par l'ONG nationale Amis
des personnes en détresse (APEDE) pour la malnutrition aigüe
modérée, dans les zones de santé de Kilwa et Pweto,
ciblant plus de 513 000 enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes et
allaitantes. (OCHA, 2018).
Plusieurs évaluations multisectorielles, à
Pweto, ont démontré que dans des nombreux villages abritant des
personnes déplacées internes et retournées, plusieurs
enfants présentent des signes de la malnutrition. Selon le Programme
national de nutrition (Pronanut), en moyenne 520 enfants de moins de 5 ans
souffraient de la malnutrition aigüe sévère par mois
à Pweto en 2017. (PRONANUT 2017)
La forte prévalence de la malnutrition aigue, à
laquelle sont confrontés les jeunes enfants en RDC, représente
une urgence silencieuse. Selon les statistiques d'enquête faite par
l'UNICEF un enfant sur 10 souffre de la malnutrition aigue sévère
au Kasaï Oriental. La directrice Générale adjointe de
l'UNICEF Fatoumata Ndiaye souligne dans cette étude que les conflits et
les déplacements continents d'avoir des conséquences
déviatrices pour les enfants du Kasaï Oriental (Fatoumata Ndiaye,
2018).
Selon les enquêtes faites par PRONANUT pour les 12
provinces qui ont transmis au niveau national les données de prise en
charge de la malnutrition aiguë, au premier trimestre 2018, au total 38993
nouvelles admissions ont été enregistrées et pris en
charge pour la MAS dans les UNTI et UNTA. Trois provinces de l'Est du pays
(Nord Kivu, Tanganyika et Haut Lomami viennent en tête avec 55% de
nouvelles admissions. Il est à noter que trois provinces en urgence de
l'Espace Kasaï (Kasaï central, Kasaï Oriental, Lomami) ont pris
en charge un quart de l'ensemble des cas rapportés, soit 25% (PRONANUT,
2018)
La province de Lomami qui est issue du démembrement de
l'ancienne Province du Kasaï Oriental n'est pas aussi
épargnée dans cette catastrophe car dans chaque année il
ne manque pas les cas de décès dus à la malnutrition aigue
sévère. Selon l'enquête Démographique et de
Santé (EDS II 2015 - 2016) 51,1% des enfants de moins de 5 ans
souffrent de la malnutrition aigue sévère. (EDS, 2016). Vu la
fréquence de cette pathologie, le ombre de cas de décès,
elle reste en effet un grand problème majeur de santé publique
dans notre milieu.
|