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Villes de la Peur, Pratiques et Discours Sécuritaires au Brésil

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par Alix Macadré
Université de Bretagne Occidentale (UBO) - Master 2 Anthropologie 2018
  

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IV/ Construction du crime

« Le système ne participe pas à la liquidation ni à la diminution de la délinquance, mais, au contraire, à sa reproduction et à son augmentation. »128 José Ricardo Ramalho, O mundo do Crime, 2002.

La gestion de la criminalité urbaine au travers de l'incarcération de masse et de pratiques hautement violentes et répressives ne semble pas freiner l'augmentation des actes criminels enregistrée au Brésil pendant ces dernières décennies. Au contraire, les violentes pratiques de la police, concourent à l'entretien d'une véritable « haine du flic » de la part des agents du crime et à une escalade de l'armement de la part des groupes criminels. Groupes que la police ne s'étonne plus d'appréhender en possession d'armes lourdes telles que bazookas, mines anti-chars ou fusils d'assaut de dernière génération. Qu'il s'agisse du point de vue de ces organisations ou de celui des forces de police, l'impression ressentie est celle d'une guerre interne dans laquelle d'un côté les assassinats de policiers sont des actes grassement rémunérés et où de l'autre se développe une « militarisation du contrôle du

129

crime » (Minhoto, 2002) légitimant des actions qui mettent gravement en danger les populations des favelas et des périphéries : mitraillage approximatif depuis un hélicoptère en pleine zone urbaine, utilisation de munitions capables de transpercer les fragiles murs des

128 Traduction de l'auteur

129 Selon le Colonel Major Correia Lima, « aujourd'hui à Rio par exemple, la prime pour qui tue un policier est de 20.000 reais [environ 5000€]. Il y a des primes... Ici aussi, dans le Rio Grande do Norte il y a des primes. En conséquence, il faut évidemment que je fasse attention. Malheureusement, fort malheureusement - je ne voudrais pas qu'il en soit ainsi - mais partout où je sors, je sors armé. Même pour aller en cours je sors armé. » (Entretien avec le Major Colonel Correia Lima, novembre 2017)

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habitations,... Paradoxalement, ces pratiques censées participer à la réduction de la criminalité, causent le décès de milliers d'innocents chaque année et offrent par là un terreau fertile au recrutement par les organisations criminelles de nouveaux « soldats », prêts à venger la mort de leurs proches.

En outre, l'espace carcéral - et ce n'est pas une nouveauté - favorise tout bonnement et simplement le développement de la criminalité.

« Selon Foucault, au XIXème siècle déjà, étaient faites des critiques à la prison qui se résumaient autour de ces différents points : les prisons ne diminuent pas les taux de criminalité ; la détention provoque la récidive ; la prison ne cesse de fabriquer des délinquants ; la prison rend possible, ou mieux, favorise l'organisation d'un réseau de délinquants, solidaires entre eux, hiérarchisés, prêts à toutes les futures complicités ; les conditions offertes aux détenus libérés les condamnent fatalement à la récidive ; la prison fabrique indirectement des délinquants, en faisant tomber la misère sur les familles de détenus. » (Ramalho, 2002)

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La pertinence de ces critiques ne pourraient être mieux illustrées que par la naissance au sein de l'environnement carcéral des principales organisations criminelles brésiliennes. Le Primeiro Comando da Capital, qui surgit en 1993 dans la prison de Taubaté, constitue un exemple symptomatique. Si les raisons qui ont favorisé son apparition sont nombreuses, ses premières et principales revendications furent justement tournées vers l'union des prisonniers contre les violences du système carcéral. Son règlement stipule par exemple :

« 13. Nous devons rester unis et organisés pour que nous puissions éviter que se produise de nouveau un massacre similaire ou pire à celui ayant eu lieu au sein de la Casa de Detenção le 2 octobre 1992 où 111 détenus furent lâchement assassinés, massacre qui ne sera jamais oublié dans la conscience de la société brésilienne. Parce que nous, du Comando, nous allons changer la pratique carcérale, inhumaine, pleine d'injustices, d'oppressions, de tortures et de massacres dans les prisons. [...]

130 Traduction de l'auteur

142

17. En liaison avec le Comando Vermelho - CV et PCC, nous allons révolutionner le pays à partir des prisons et notre bras armé sera la Terreur contre «les puissants», les oppresseurs et les tyrans qui utilisent l'annexe de Taubaté et de Bangu I à Rio de Janeiro, comme des instruments de vengeance de la société en vue de la fabrication de monstres. »131

(Extrait du Règlement du PCC)

Aujourd'hui, 25 ans plus tard, le Primeiro Comando da Capital est une des plus puissantes organisations criminelles d'Amérique du Sud, avec une présence dans tous les États Brésiliens et dans plusieurs pays voisins et avec un effectif d'au moins 30.000 membres recensés par les autorités.

Ainsi, « la police, la prison, la justice produisent la délinquance » (Ramalho, 2002). En sélectionnant une certaine catégorie d'individus par le biais de la criminalisation de certains illégalismes (tels que la possession de produits stupéfiants) et en regroupant ces personnes dans des espaces clos et déshumanisants, la police, la prison et la justice favorisent le développement de sociabilités criminelles chez les détenus qui s'organisent pour préparer des actions, soit directement à partir de la prison, soit à leur sortie. De plus, en marquant socialement ceux qui passent entre ses murs, la prison rend impossible la réinsertion sur le marché du travail et promeut ainsi l'insertion dans des carrières délinquantes.

Pourtant, comme le note Ramalho,

« Malgré la gravité des critiques faites à la prison, malgré la constatation de la non réalisation des finalités basiques selon lesquelles son existence est justifiée - la punition de l'infracteur et sa «récupération» pour la société -, malgré la conclusion qu'elle punit en excès et rend à la société un homme marqué pour toujours, exactement pour être passé par la prison, les auteurs de ces critiques, eux-mêmes, restent irrémédiablement prisonniers de l'idée que l'institution carcérale est vitale pour l'existence de la société. » (Ramalho, 2002).

132

131 Traduction de l'auteur

132 Traduction de l'auteur

Le sociologue Michel Misse, constate quant à lui que « le système pénitentiaire est utilisé pour incarcérer n'importe quelle personne qui participe à des marchés illégaux. Ainsi ça ne s'arrête jamais. On construit des prisons et elles se remplissent. On construit et elles se remplissent... ».133

En persistant sur le chemin de l'incarcération de masse, la société brésilienne semble vouée à produire toujours plus de criminalité urbaine au nom pourtant... de la lutte contre celle-ci.

143

133 El Pais, edição brasileira - Prisões em massa, o motor das facções que afetam a vida de metade dos brasileiros - 31 janvier 2018. Traduction de l'auteur

144

Considérations finales

La société brésilienne est enlisée dans un cycle de la peur et de la violence. Depuis sa fondation initiée avec le massacre des populations indigènes, le Brésil n'a pas encore été capable de pacifier une société dont les fondations ont longtemps reposé sur l'exploitation violente des populations vulnérables. Cent trente ans après sa promulgation, l'abolition de l'esclavage n'a pas permis aux afro-descendants de se libérer entièrement de la domination des classes blanches privilégiées. Pire, les régimes politiques successifs ont, à chaque fois, fait usage d'une force disproportionnée et meurtrière pour assurer le maintien des privilèges d'une frange réduite de la population.

« Les régimes autoritaires s'effondrent, les démocraties s'installent, les constitutions se perfectionnent mais la répression reste toujours aussi meurtrière, la Justice est toujours aussi inaccessible, les prisons restent inhumaines, la défense des pauvres inexistante, les autorités ne sont pas contrôlées dans leurs actions. Les violations traditionnelles des droits civils (bien que garantis par la Constitution) continuent à être pratiquées par les autorités et s'articulent avec le manque de respect pour les droits civils

dans le cadre des relations interpersonnelles. » (Pinheiro, Almeida,

134

2008)

Les reconfigurations de la globalisation néo-libérale et l'explosion démographique urbaine ont précipité le développement de marchés parallèles et l'augmentation de pratiques criminelles qui terrorisent les populations des métropoles brésiliennes. Cette peur, se traduit dans l'espace par l'érection croissante de murs et de frontières qui tiennent à distance les différents groupes sociaux et réduisent les espaces de contact entre les différentes classes sociales. D'autre part, le besoin sécuritaire et les tentatives de contrôle de la criminalité provoquent la criminalisation des populations paupérisées qui pour échapper à la répression policière se voient contraintes d'occuper sagement leur place de main d'oeuvre docile et bon marché. Contre cette sujétion post-colonialiste et capitaliste ingrate, certains jeunes choisissent des chemins divergents et s'érigent en outsiders de la mondialisation. La majorité d'entre eux périra avant 25 ans sous les balles de leurs « semblables-différents »

134 Traduction de l'auteur

145

des gangs ennemis. D'autres, succomberont aux assauts de l'armée dans la favela. Et certains iront voler dans les quartiers riches d'un des pays les plus inégalitaires du monde. Côté criminel, ce sont majoritairement eux qui perpétuent le cycle de la peur et de la violence et qui, à leur échelle, alimentent le marché de la sécurité, l'idéologie sécuritaire, le développement d'un État carcéral et l'inquiétante ségrégation urbaine des villes brésiliennes. Mais une analyse plus fine montre que si les actes de criminalité profitent parfois à ceux qui les pratiquent, ils sont également le fonds de commerce d'un nombre considérable d'individus. Et pour cause, les intérêts économiques derrière la criminalité sont énormes : 243 milliards de dollars générés par le marché de la drogue, un marché des armes estimé à 1650 milliards dollars, des bénéfices aussi exorbitants qu'incalculables du côté du marché de la sécurité,... Ces profits ne sauraient évidemment revenir qu'aux seuls petits délinquants des favelas de Natal. La criminalité engraisse les policiers corrompus, les promoteurs immobiliers, les politiciens, les juges, les avocats, les nombreuses chaînes de télé spécialisées en faits divers, les entreprises tournées vers le secteur de la sécurité, celles qui se spécialisent dans la construction et l'administration des prisons, celles qui vendent des hélicoptères de guerre et des chars d'assaut (de plus en plus présents dans le contexte urbain brésilien),...

D'autre part, « le crime retire du marché du travail une part de la population en surnombre et réduit ainsi la concurrence entre travailleurs et contribue à empêcher les salaires de tomber au-dessous du minimum. » (Marx, 1978). Loïc Wacquant, notait à ce propos que l'augmentation presque exponentielle de la population carcérale nord-américaine aurait permis de dissimuler deux points de chômage aux États-Unis pendant la décennie de 90 (Wacquant, 1998).

« En somme, l'importance qu'assume la délinquance dans la société actuelle extrapole de beaucoup ses limites. Outre le fait de servir à l'exercice d'un contrôle plus rigide sur les groupes sociaux les plus pauvres, elle favorise la croissance de l'industrie et décompresse le marché du travail, facteurs qui pointent leur complexité dans l'ensemble des phénomènes sociaux. Le crime et le criminel jouent un rôle social utile dans la préservation du système social. » (Ramalho, 2002).

135

135 Traduction de l'auteur

146

On comprendra que certains ont tout intérêt à maintenir en place un système qui génère des profits colossaux. Certains politiciens les premiers. Si leurs intrications avec les organisations criminelles sont difficiles à mettre en évidence, il ne fait aucun doute que certains d'entre eux ayant hypocritement remporté leur élection en surfant sur le discours sécuritaire, engrangent cependant des bénéfices issus du narcotrafic, du blanchiment d'argent ou du trafic d'arme.

Prenant leur force dans un « autoritarisme socialement implanté » (Pinheiro, 1994) et dans un racisme encore prégnant, les gouvernements successifs ont plongé le Brésil dans une « guerre aux drogues » et dans une incarcération de masse qui dans un paradoxe effroyable augmentent la criminalité au nom de la sécurité.

Tout aussi effroyables, leurs résultats sont l'augmentation drastique de toutes les formes de ségrégations, le repliement des individus sur eux-mêmes ou sur leur communauté, la monopolisation du discours sécuritaire dans la sphère politique, la criminalisation de la pauvreté, la peur de l'Autre et, en haut de ce triste tableau, la mort d'au moins 300.000 jeunes, dont plus de 250.000 jeunes Noirs, rien que sur ces 10 dernières années.136

Concernant ces homicides, la Commission d'Enquête Parlementaire du Sénat sur les Assassinats de Jeunes le reconnaît :

« les morts par assassinat de la jeunesse Noire sont à mettre en directe relation avec l'action ou l'inaction de l'État. D'une part, la prolifération du trafic de drogues dans les communautés à faibles revenus, notamment dans les favelas, est le résultat, en dernière analyse, du manque de sécurité et de l'absence des organes étatiques. Dans un milieu où l'absence du Pouvoir Public suscite l'apparition de groupes organisés de trafiquants, ainsi que de milices, les indices de violences contre la jeunesse Noire atteignent leur paroxysme. D'autre part, l'augmentation de la violence policière contre ces jeunes est également une réalité »

Le rapport de la Commission d'enquête Parlementaire se poursuit par le témoignage de la chercheuse et militante Maria Aparecida Bento auditionnée pour l'occasion :

136 Calcul basé sur les données du Forum Brasileiro de Segurança Pública

147

« Je voudrais juste rappeler que le massacre de Srebrenica, où 8.500 Musulmans furent assassinés, fut considéré comme un génocide par la

137

Communauté Internationale. Ici nous avons eu 23.000 jeunes Noirs assassinés par an, autrement dit, trois fois plus que ce qui a été considéré comme un génocide par la Communauté Internationale. »

À la Suite à ce témoignage, le rapport indique, en faisant usage des majuscules,

« Cette Commission d'enquête parlementaire, dans la même ligne que le Mouvement Noir et en accord avec les conclusions des chercheurs et des spécialistes sur le sujet, assume ici l'expression GÉNOCIDE DE LA POPULATION NOIRE comme étant la plus appropriée pour décrire la réalité actuelle de notre pays concernant l'assassinat des jeunes Noirs. »138 (CPI do Assassinato de Jovens, 2016).

En effet, le maintien dans le temps d'un racisme structurel et l'éloignement des groupes sociaux au travers des processus ségrégationnistes, notamment renforcés par la peur de la criminalité, empêchent la société brésilienne de se concevoir comme unifiée et fonctionnent comme des mécanismes d'inhibition de la compassion. Le fossé social, culturel, ethnique, économique et spatial entre les classes privilégiées et les classes paupérisées rend impossible l'identification à l'Autre et freine la reconnaissance d'une égalité de statuts entre les être humains. Pire, à mesure que croît le sentiment d'insécurité, croît en parallèle la systématisation d'une suspicion criminelle, généralisée à l'ensemble des populations vulnérables, qu'il devient alors acceptable de « laisser mourir » ou de « faire mourir ». Le racisme, la ségrégation et les différentes inégalités servent ainsi de terreau fertile au maintien d'une situation caractérisée par les meurtres de 60.000 personnes chaque année. La relégation de ces homicides dans des « zones d'ombres » éloignées, le repli sur soi des populations privilégiées dans des enclos fermés et sécurisés et le profit international généré par le crime, nuisent à la prise en compte de l'urgente nécessité de repenser le fonctionnement de l'ordre social. D'autre part, ces processus freinent la production de politiques de réconciliation culturelle et la mise en place de mesures de réduction des différentes formes d'inégalités, de contrôle judiciaire effectif des autorités répressives, de

137 Le terme « Musulman » fait ici référence au nom attribué à certaines nationalités slaves du sud de l'ancienne Yougoslavie.

138 Traductions de l'auteur

148

décroissance de la population carcérale et de promotion de citoyennetés égalitaires, seules mesures véritablement à même d'éloigner efficacement du paysage brésilien le spectre de la criminalité urbaine. La jeune militante et conseillère municipale Marielle Francisco da Silva a été assassinée dans les rues de Rio de Janeiro le 14 mars 2018, pour avoir osé essayer de porter ce genre d'idées dans les sphères politiques. Le lendemain, plusieurs millions de personnes se réunissaient dans les rues du pays pour lui rendre hommage. Certains brandissaient des pancartes où on pouvait lire une phrase que la jeune femme avait partagé sur les réseaux sociaux quelques heures avant sa mort : « Combien d'autres devront encore mourir ? », « Quantos mais vão precisar morrer ? ».

149

Liste des images, cartes, graphiques et tableaux

Image 1 : Photo Marco Vitale 1

Carte 1 : Carte politique du Brésil 17

Carte 2 : Carte administrative de Natal 22

Tableau 1 : Nombre d'homicides dans les États brésiliens entre 2002 et 2012 39

Tableau 2 : Taux d'homicides dans les États brésiliens entre 2002 et 2012 40

Graphique 1 : Nombre d'homicides dans le Rio Grande do Norte entre 2007 et 2016 41

Graphique 2 : Nombre d'homicides à Natal entre 2007 et 2016 42

Graphique 3 :Taux d'homicides à Natal entre 2007 et 2016 43

Graphique 4 : Taux d'homicides dans les capitales brésiliennes 44

Carte 3 : Carte des homicides à Natal selon les Aires Intégrées de Sécurité Publique (AISP) 45

Graphique 5 : Pourcentages d'homicides selon les Zones Administratives de Natal 46

Graphique 6 : Taux de vols dans les capitales brésiliennes en 2014 47

Graphique 7 : Taux de vols dans les capitales brésiliennes en 2016 48

Carte 4 : Carte des vols de véhicules à Natal en 2017 49

Graphique 8 : Répartition des vols de véhicules selon les Zones Administratives de Natal 50

Carte 5 : Carte des homicides à Natal selon les Aires Intégrées de Sécurité Publique (AISP) .103 Tableaux 3, 4, 5 et 6 : Tableaux des salaires nominaux moyens mensuels dans les

quartiers de Natal, calculés en nombre de salaires minimums 104

Graphique 9 : Genre des victimes d'homicides dans le Rio Grande do Norte en 2017 105

Graphique 10 : Âge des victimes d'homicides dans le Rio Grande do Norte en 2017 106

Graphique 11 : Couleur de peau des victimes d'homicides au Brésil 107

Image 2 : Écusson du Batalhão de Operações especiais (BOPE) 126

Graphique 12 : Augmentation de la population carcérale brésilienne entre 1990 et 2015 134

Graphique 13 : Niveau de scolarité des personnes privées de liberté 136

Graphique 14 : Identification des détenus selon leur couleur de peau 137

150

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