Isolationnisme et la géoéconomie des états-Unis d'Amérique sous Donald Trump. Enjeux et perspectives.par Raphael Mbumba Muamba Université de Lubumbashi(UNILU) /RDC - Licence en Relations Internationales 2018 |
CHAPITRE IV : L'ISOLATIONNISME DANS LA GEOECONOMIE AMERICAINE SOUS L'ADMINISTRATION DONALD TRUMPL'isolationnisme est une vieille doctrine qui s'inscrit dans la politique étrangère américaine. Il remonte de Georges Washington, Jefferson et certifié comme la véritable doctrine par James Monroe jusqu'à être innové aujourd'hui par l'actuel président américain Donald Trump. Aujourd'hui l'isolationnisme nourri la politique géoéconomique américaine et offre de nombreux atouts, mais des revers sur l'économie américaine. Toutefois, cet isolationnisme s'inscrit dans le cadre de dénonciation de multilatéralisme. D'où nous avons voulu déceler les résultats de cette vieille doctrine de la politique américaine dans la géoéconomie américaine. Tel est le mérite de ce chapitre consacré à l'isolationnisme dans la géoéconomie américaine. Ceci étant, ce chapitre se propose de faire un état de lieu de l'isolationnisme et la géoéconomie d'une part, circonscrire l'impact du premier sur la deuxième, d'autre part. Section I. L'ETAT DE LIEU DE L'ISOLATIONNISMEL'isolationnisme trumpien est synonyme de retrait d'une large série d'accords internationaux. Il nous revient ici dans cette section, de faire une cartographie de différents retraits des Etats-Unis d'Amérique sous l'administration Trump. Il est nous est aussi important de clarifier que l'isolationnisme trumpien innove le débat, dans ce sens qu'il revêtu d'une connotation très économique que politique. §1. L'isolationnisme des USA face à l'accord de Paris de la lutte contre le réchauffement climatiqueLe président américain Donald Trump a annoncé jeudi février 2017 le retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris sur le climat. Ce traité avait été signé fin 2015 pendant la COP21.Après plusieurs jours à entretenir le suspense, Donald Trump a annoncé jeudi soir le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris signé au terme de la COP21, en décembre 2015. Après un G7 marqué par de fortes dissensions sur le sujet de la lutte contre le réchauffement climatique, le verdict du président américain est motivé par des questions économiques, malgré les pressions internationales155(*).Les effets du retrait du deuxième émetteur de gaz à effet de serre de la planète de cet engagement historique se font sentir. Signé le 12 décembre 2015 à Paris, dans le cadre de la COP21, par 195 pays, et ratifié depuis par 147, l'accord prévoit notamment de contenir le réchauffement climatique en dessous des 2 degrés par rapport aux niveaux préindustriels. Toutefois, la portée réelle de cet accord reste relative, étant donné qu'il est non contraignant et que chaque pays s'est fixé ses propres objectifs.Donald Trump avait fait du retrait de son pays de l'Accord de Paris l'un des thèmes phares de sa campagne pour la présidentielle américaine de 2016. Après sa victoire, il avait rapidement donné le ton de sa politique environnementale, en nommant Scott Pruitt, un climato-sceptique convaincu, à la tête de l'Agence de protection de l'environnement (EPA). En retirant les Etats-Unis de ce premier accord universel sur le climat, Donald Trump revient sur l'une des avancées majeures de l'ère Obama en matière de politique climatique. Dans le cadre de l'accord de Paris, son prédécesseur s'était en effet engagé à ce que les Etats-Unis réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre de 26 à 28% d'ici à 2025, par rapport aux taux de 2005. Très peu sensible à la question et fervent défenseur des énergies fossiles, Donald Trump a, lui, entrepris de relancer la politique du charbon, et a d'ailleurs signé un décret en ce sens le 28 mars dernier. Jusqu'à 0,3 degré de réchauffement imputable aux Etats-Unis. Dans les faits, le retrait des Etats-Unis de l'accord aura des effets concrets sur le réchauffement climatique. Comme l'explique Europe 1, une simulation pour tenter de mesurer ces effets a été réalisée par des chercheurs de l'organisation Climate Interactive, et selon leurs projections, la quantité de gaz à effet de serre pourrait augmenter de 3 milliards de tonnes d'équivalent C02 par an, d'ici à 2030. Ce qui aurait pour conséquence un réchauffement de 0,3 degré imputable aux Etats-Unis, sur les 3 degrés globalement prévus par les scientifiques156(*). Une autre projection, réalisée cette fois-ci par l'organisation Climate Action Tracker, table elle sur un réchauffement de 0,1 à 0,2 degré lié aux Etats-Unis.Autrement dit, le départ des Etats-Unis rend l'objectif de limitation du réchauffement encore plus difficile à atteindre. Il y a donc un risque d'effet boule de neige. En outre, le retrait des Etats-Unis pourrait faire effet boule de neige. "L'accord va continuer d'exister, que les Etats-Unis restent ou non. Mais ce serait de très mauvaise augure, cela pourrait donner des idées à d'autres pays qui se poseraient la question de maintenir leurs engagements", faisait ainsi valoir avant l'annonce Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France157(*)."Et surtout il faut rappeler que les Etats-Unis sont parmi les deux plus gros émetteurs de gaz à effet de serre de la planète, donc si les Etats-Unis ne font pas d'effort pour réduire leurs émissions de CO2 et lutter contre le dérèglement climatique, cela va demander aux autres pays de faire encore plus d'efforts. Les autres pays vont devoir faire tous les efforts que les Etats-Unis ne feront pas", insistait-t-il158(*). De leur côté, la Chine et l'Union européenne, deux piliers parmi les signataires, se sont dites prêtes à défendre l'Accord de Paris, et ce quelle que soit la décision de Donald Trump.Un départ des Etats-Unis a également pour conséquence une augmentation de la facture des autres poids lourds faisant partie des signataires, comme la Chine, la Russie, et les pays de l'Union européenne. En effet, l'accord de Paris prévoit un soutien économique des pays riches aux pays en voie de développement, en l'occurrence une aide de 100 milliards de dollars par an (soit 89 milliards d'euros), à partir de 2020. Ce retrait des USA de l'accord du Paris sur le réchauffement climatique, annonce donc le souci imminent du pays à se désengager des affaires du monde et par conséquent traduit la reprise du pays de sa vieille doctrine qui est l'isolationnisme. Les lignes qui suivent font une cartographie de l'isolationnisme. * 155 https://www.bfmtv.com/international/accord-de-paris-quelles-seraient-les-consequences-d-un-retrait-des-etats-unis-1176569.html consulté le 17/12/2018 à 04h25. * 156 https://www.bfmtv.com/international/accord-de-paris-quelles-seraient-les-consequences-d-un-retrait-des-etats-unis-1176569.html consulté le 17/12/2018 à 04h25 artcit. * 157Idem. * 158 https://www.bfmtv.com/international/accord-de-paris-quelles-seraient-les-consequences-d-un-retrait-des-etats-unis-1176569.html consulté le 17/12/2018 à 04h25 artcit. |
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