Isolationnisme et la géoéconomie des états-Unis d'Amérique sous Donald Trump. Enjeux et perspectives.par Raphael Mbumba Muamba Université de Lubumbashi(UNILU) /RDC - Licence en Relations Internationales 2018 |
3.1.2. Les conséquences et justifications du protectionnismea. Les aspects positifsLes activités économiques protégées peuvent s'abstraire au moins en partie des pressions et contraintes de toutes natures en provenance du contexte concurrentiel. Elles bénéficient de ce fait d'une plus grande liberté de manoeuvre et d'une plus grande certitude concernant leur rentabilité et développement futur.Le protectionnisme apparaît comme le moyen nécessaire pour protéger en particulier les activités ou industries naissantes : L'économiste Friedrich List auXIXe siècle a défendu les bienfaits d'un « protectionnisme éducateur ». Les États (même libéraux) ayant recours au protectionnisme (États-Unis, Japon, Angleterre du XVième au XVIIIièmesiècle) invoquent une concurrence déloyale ou des pratiques de dumping.« Dumping environnemental» lorsque la réglementation environnementale est moins contraignante qu'ailleurs. C'est en partie, pour cela que de nombreuses entreprises occidentales implantent leurs activités polluantes dans les pays émergents. « Dumping fiscal » qui consiste, pour un État, à imposer faiblement (c'est-à-dire plus faiblement que ce que font les autres pays), les sociétés et les personnes présentes sur son territoire. Exemples : Le taux d'imposition des entreprises est de zéro en Estonie et de 12 % en Irlande. En 2006, la moyenne du taux d'imposition des entreprises dans les pays de l'OCDE était de 28,6 %. Les paradis fiscaux profitent de leurs politiques de dumping fiscal66(*). Le « Dumping social », c'est lorsqu'un gouvernement réduit (ou supprime) les cotisations sociales, ou bien que les autorités d'un pays conservent des normes sociales très basses (par exemple, en Chine, la réglementation du travail est moins contraignante pour les employeurs que des réglementations en vigueur ailleurs)67(*). Certains États en position conjoncturelle ou structurelle fortement défavorable revendiquent clairement le protectionnisme pour limiter les effets de la mondialisation : délocalisation, tassement des salaires. Selon Henry Charles Carey, il s'agit de créer ou de développer les industries par le protectionnisme, afin de protéger ses matières premières de l'export, pour empêcher l'esclavagisme par le manque d'industries en créant alors plus de nourriture de meilleure qualité, parce que les industries permettent de favoriser la créativité humaine par l'économie de travail. Ainsi le salarié devient un producteur68(*). D'après l'économiste coréen Ha-joon Chang, le protectionnisme a fait la démonstration de son efficacité dans l'histoire. Pendant les années 1960 et 1970, quand il existait bien davantage de protections et autres régulations, le revenu par tête dans les pays développés croissait d'environ 3 % par an, contre 2,3 % au cours des décennies 1980 et 1990. En Amérique latine, cette croissance est devenue pratiquement nulle : 0,6 %, contre 3,1 % de 1960 à 1980. Au Proche-Orient et en Afrique du Nord, elle est tombée de 2,5 % à - 0,2 %, et en Afrique subsaharienne de 2 % à - 0,7 %69(*). * 66 Le Monde diplomatique, mars 2009, Dossier : Le protectionnisme et ses ennemis, « Mille et une manières », p.9. * 67 Idem, p.3. * 68 Carey, C.-H., «The Slave Trade», in Etude de Budziszewski, A Whig View of Slavery, pp. 199-213 * 69 Ha-Joon Chang, « Du protectionnisme au libre-échangisme, une conversion opportuniste », In Le Monde diplomatique, 1 er juin 2003, pp.4-5. |
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