Isolationnisme et la géoéconomie des états-Unis d'Amérique sous Donald Trump. Enjeux et perspectives.par Raphael Mbumba Muamba Université de Lubumbashi(UNILU) /RDC - Licence en Relations Internationales 2018 |
SIGLES ET ABREVIATIONSü ALENA : Accord de libre-échange Nord-Américain ü BCS : Boston consulting group ü COP : Conference de Paris ü EPA : Agence de protection de l'environnement ü GATT : Accord général sur le tarif douanier ü NPF : Nation la plus favorisée ü OCDE : Organisation pour la coopération et le développement économique ü OEA : Organisation des Etats américains ü OMC : Organisation mondiale du commerce ü ONU: Organisation des Nations Unies ü OTAN : Organisation du Traité de l'Atlantique Nord ü PTCI : Partenariat transatlantique du commerce et de l'investissement ü PUF : Presses Universitaires de France ü SDN : Société des Nations ü TPP : Trans-Pacific partenership ü UE : Union Européenne ü Unesco : Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et culture ü USA : United States Of America INTRODUTION1. Construction de l'objet d'étudeCe début du 21ième siècle constitue un risqueimportant pour la principale et actuelle grande puissance du monde qui sont les Etats-Unisd'Amérique. La conceptualisation de la puissance s`est déplacée de son champ traditionnel qui était essentiellement basé sur l'emploi de la force, symbolisant ainsi la primauté du politique comme moyen de survie d'un Etat, pour s'incliner aujourd'hui sur une domination douce(le soft power). C'est ainsi que, dans le cadre de cette étude, nous avons voulu nous focaliser beaucoup plus sur l'économie internationale. Le nouveau contexte mondial se caractérise par des situations pluscomplexes que par le passé. Dans ces conditions à l'évidence, la puissance américaine est confrontée au problème de penser une nouvelle stratégie « intégrale » en ayant déjà réellement identifié ses nouveaux adversaires et sans courir le risque de provoquer les autres puissances du globe. C'est dans ces circonstances, comme le rappelle A., Del valle. Que « pour atteindre les buts de leur concept, les chefs politiques ont besoin d'une méthode et des moyens, c'est la stratégie ». Cette dernière est « l'ensemble des méthodes et moyens permettant d'atteindre les fins exigées par le politique »1(*). En reprenant l'analyse de C. Layne, la grande stratégie serait alors un processus en trois temps: 1. la détermination des intérêts vitaux d'un Etat ; 2. l'identification des menaces envers ces intérêts et ; 3. la décision de comment employer au mieux les ressources politiques, militaires et économiques de l'Etat afin de protéger ces intérêts2(*). La stratégie chère des Etats-Unis de Donald Trump face aux puissances émergentes et autres puissances voire le reste du mondes'articule ainsi sur la sécurité extérieure aux facteurs d'ordre interne que sont tant les ressources économiques et la capacité de production des acteurs nationaux que leur culture ou idéologie et les institutions politiques qui les expriment. La grande stratégie des Etats-Unis d'Amérique de Donald Trump qui représente une feuille de route délimitant les grands objectifs de la politique étrangère américaine serait navigante entre l'isolationnisme et la géoéconomie. Bien que cela ne soit pas officiellement déclarée, il est fondamental de lire le mariage de ces deux stratégies dans le pragmatisme du 45ième président américain. L'actuel locataire de la maison blanche s'incline partiellement au-devant de la lecture isolationniste dès lors que beaucoup de ses actions font sentir cette odeur ; c'est notamment les différents retraits des USA des accords multilatéraux en l'occurrence l'accord de Paris sur le réchauffement climatique, l'accord de libre-échange nord-américain (ALENA), le retrait des financements étatsuniens à l'organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, le retrait des USA au traité du partenariat transpacifique (...). Trump s'est montré constant dans sa critique du libre-échange qu'il accuse d'avoir porté préjudice aux ouvriers américains. Il a insisté pendant sa campagne sur le fait que son objectif de placer « l'Amériqued'abord »impliquerait la renégociation des accords avec les partenaires commerciaux des USA, afin d'obtenir des termes plus favorables aux intérêts économiques américains. Trump a affirmé que l'« américanisme », et non le « mondialisme » sera son crédo, exprimant ainsi qu'il est favorable à une certaine forme de protectionnisme3(*). Il est intéressant de noter que la campagne de Trump a même réussi à changer l'opinion des électeurs républicains au sujet du libre-échange : En 2016, 61% d'entre eux pensent que le libre-échange est une « mauvaise » chose contre seulement 32%en 20144(*). Durant sa campagne, Trump s'est engagé à remettre en cause le fondement même de la politique commerciale des USA en renégociant ou, au besoin, en se retirant d'une large série d'accords, comme l'ALENA, le partenariat transpacifique (TPP en anglais), et même de l'organisation mondiale du commerce(OMC). Tout ceci dessine la cartographie isolationniste de l'Administration trumpienne. Par ailleurs, l'Administration Trump est aussi émaillée d'une certaine dose de la géoéconomie, dont nous avons eu à constater les effets dans le déroulement de ladite Administration. Dans cet ordre d'idées, nous avons eu à le remarquer lors de la récente guerre commerciale déclarée contre l'acier Chinois, contre le Mexique avec la problématique de la construction du fameux mur entre leurs deux frontières. Nos recherches renseignent que Donald Trump avec son protectionnisme accru a déclaré une guerre commerciale contre le monde entier5(*). L'heure est au changement du champ traditionnel de la guerre internationale pour le placer dans le vocable commercial. Ainsi, l'Administration Trump table sur cette politique et faitintervenirla vieille doctrine de la politique étrangère qui est l'isolationnisme donnant ainsi une feuille de route au nationalisme économique. C'est pour cette raison que nous avons voulu jeter notre dévolu sur l'isolationnisme et la géoéconomie des USA sous Donald Trump. L'honneur est aux USAd'établir une stratégie navigante entre l'isolationnisme et la géoéconomie, une grille de lecture sur le long terme qui leur permettra de définir ou de redéfinir leurs priorités par rapport au monde. En l'absence d'un tel cadre conceptuel structurant, les réponses aux faits sont incohérentes et réactives et les ressources allouées à ces mêmes réponses les sont en général à court terme. Mais, la façon de déterminer la grande stratégie dépend de la puissance militaro-géoéconomique américaine.D'où la nécessité de problématiser cette question de l'isolationnisme et la géoéconomie des Etats-Unis d'Amérique dans les lignes suivantes. * 1Del Valle, A., « De la stratégie à la géopolitique, quelques éléments d'une approche pluridisciplinaire », in Géostratégiques, Paris, n° 4, 2001, pp.8-9. * 2Layne, C., « From Preponderance to Offshore Balancing », in International Security, Vol. 22, n° 1, Summer 1997, p.88. * 3 Blake A., « Donald trump's strategy in three: amercanism, not globalism », in Washington post, 22/07/2016 sur https://www.washingtonpost.com/news/the/fix/wp/2016/07/22/donald-trump-just-put-his-border-wall-around-the-entire-united-states/?utm_term=.6318fe62B549. Consulté le 04/11/2018 à 22h55. * 4Arnault Barichella, « la présidence Trump : quelles conséquences pour l'Europe ? » Fondation Robert Schuman, in question d'Europe, N°417, janvier, pp.2-3. * 5 Bart Hart, « « Les six fronts de la guerre commerciale de Donald Trump », in actu économie et politique internationale, 2018. In thttps://wwwi.lecho.be/economie-politique/international/usa/ les-six-fronts-de-la- guerre-commerciale-de-Donald-Trump/10050583.html. Consulté le 05/11/2018 à 08h53. |
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