RÉORGANISER L'OFFRE INSTITUTIONNELLE D'UNE MECS
POUR RÉPONDRE À LA SITUATION DES ENFANTS EN DIFFICULTÉS
MULTIPLES
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Chrysalde MORIN
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2019
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1 Remerciements
Je souhaite remercier les personnes qui ont contribué
à ma formation et à l'élaboration de ce mémoire:
· Les enfants de Plein soleil, pour tout ce qu'ils m'ont
appris de leur courage ; les équipes pour leur engagement de tous
les jours ;monsieur Larvaron qui a su me transmettre le sens du
métier de Directeur après une longue carrière ; et
monsieur Piras son Directeur Général qui s'est joint à
lui.
· Mon employeur qui a facilité mes conditions de
travail tout au long de la formation.
· L'organisme de formationet les intervenants,pour leur
pertinence, et la posture de Directrice qu'ils ont ainsi sue mettre au
travail.
· Mon tuteur de mémoire, monsieur Chantre, pour sa
disponibilité et la qualité de son accompagnement.
· Aux collègues et amis, pourla richesse de nos
échanges.
· Mon compagnonet mes enfants,pour leur patience, leur
soutien indéfectible, et cette
« détermination » qu'ils ont eueà me voir
réussir.
· A ceux qui de près ou de loin se
reconnaitront.
2 Sommaire
Introduction
1
1 Le défi de la Mecs Plein
soleil pour l'accompagnement des enfants en situation de difficultés
multiples
3
1.1 La Mecs Plein soleil : du
fonctionnement traditionnel au devenir collectif
3
1.1.1 Association et Mecs Plein soleil : de leurs
fondements culturels à un projet stratégique en transformation
3
1.1.2 Les axes stratégiques d'un plan de
développement crucial pour une petite association
5
1.1.3 Passer d'une culture centrée sur le quotidien
à une culture des besoins individuels de l'enfant
9
1.2 Les orientations de politiques
publiques dans lesquelles s'inscrit Plein soleil
12
1.2.1 Protection de l'enfance et son contexte légal
12
1.2.2 Un cheminement long et complexe de la loi du 5 mars 2007
réformant la protection de l'enfance à la loi du 14 mars 2016
réformant la protection de l'enfant
16
1.2.3 La déclinaison technique et territoriale des
orientations en protection de l'enfance
18
1.3 La situation des enfants en
difficultés multiples accueillis à la Mecs Plein soleil
20
1.3.1 Les problématiques des enfants accueillis
20
1.3.2 Les troubles des apprentissages versus handicap
23
1.3.3 Assurer la prise en compte de la
spécificité des problématiques des enfants
25
2 Du traumatisme à la
résilience assistée
29
2.1 Se situer dans une nouvelle
lecture des besoins de l'enfant
29
2.1.1 Les concepts d'intérêt supérieur et
des besoins de l'enfant comme fondements des pratiques en protection de
l'enfance
29
2.1.2 La résonance des troubles du comportement et des
déficiences dans les situations de protection de l'enfance
32
2.1.3 Hypothèses concernant les causes des troubles
observés et les méthodologies alternatives pour y faire face
36
2.2 Les courants mobilisables
38
2.2.1 De la résilience à la résilience
assistée
38
2.2.2 L'école Palo Alto, la notion de changement et de
résolution de problèmes appliquée à Plein soleil
41
2.3 Manager vers un changement de
culture institutionnelle
45
2.3.1 S'adapter aux changements de notre environnement par le
décloisonnement
45
2.3.2 Les notions du sens et de la culture
46
2.3.3 L'accompagnement au changement
48
3 Réorganiser l'offre
institutionnelle d'une Mecs pour répondre à la situation des
enfants en difficultés multiples
53
3.1 Refonder le projet
d'établissement
53
3.1.1 La méthode d'élaboration retenue
53
3.1.2 Plan d'action et mise en oeuvre de la démarche
56
3.1.3 Place de chacun, évaluation et communication
58
3.2 Ouvrir l'établissement sur
son environnement
60
3.2.1 Impulsion de la démarche.
61
3.2.2 Prendre en compte les difficultés du partenariat.
63
3.2.3 Engager de nouvelles pratiques en soutenant les
coopérations médico-sociales et sanitaires.
66
3.3 Penser une équipe mobile
pour la prise en compte des enfants en situation de difficultés
multiples
68
3.3.1 Le travail en Comité de Direction comme principe
de base
69
3.3.2 Concevoir une fonction pivot de coordination
71
3.3.3 La préfiguration du projet :
74
Conclusion
77
Bibliographie
79
Liste des annexes
I
3 Liste des sigles
utilisés
· ANAP : Agence Nationale d'Appui à la
Performance ;
· ANESM : Agence Nationale de l'Evaluation et de la
qualité des établissements et services Sociaux et
Médico-sociaux ;
· ASE : Aide Sociale à l'Enfance ;
· CA : Conseil d'Administration ;
· CASF : code de l'action sociale et des
familles ;
· Copil : Comité de pilotage ;
· CSE : Comité Social
Économique ;
· CPOM : Contrats Pluriannuels d'Objectifs et de
Moyens ;
· CREAI : Centre Régional d'Études,
d'Actions et d'Informations en faveur des personnes en situation de
vulnérabilité ;
· DG : Directeur Général ;
· DITEP : Dispositif intégré
d'Institut Thérapeutique Educatif Pédagogique ;
· DREES : Direction de la Recherche, des
Études, de l'Évaluation et des Statistiques ;
· ETP : Equivalent Temps Plein ;
· GPEC : Gestion Prévisionnelle des Emplois
et des Compétences ;
· HAS : Haute Autorité de Santé
(HAS) ;
· HDJ : Hôpital De Jour ;
· IME : Institut Médico-Educatif ;
· IRP : Instances Représentatives du
Personnel ;
· MDMPH : Maison Départementale et
Métropolitaine des Personnes Handicapées ;
· Mecs : Maisons d'enfants à caractère
social ;
· ONPE : Observatoire National de la Protection de
l'Enfance ;
· ONED : Observatoire National de l'Enfance en
Danger ;
· PCP : Prises en Charge Partagées ;
· PJJ : Protection Judiciaire de la
Jeunesse ;
· PMI : Protection Maternelle Infantile ;
· PMS : Projet métropolitain des
solidarités ;
· RESEG : Certificat de Responsable de Service
Généraux ;
· RBPP : Recommandations de bonnes pratiques
professionnelles ;
· TDA : Troubles de l'attention
· TSLA :Troubles Spécifiques du langage et
des Apprentissage
4 Introduction
Le secteur de la protection de l'enfance est pour moi une
découverte. Pour l'exercice du mémoire, je me positionne en tant
que Directrice de laMaison d'Enfants à Caractère Social (Mecs)
Plein soleil.En tant quetelle, j'anticipe le départ en retraite de
l'actuel directeur. La Mecs est gérée par l'association des
Rayons de soleil de l'enfance du Lyonnais, elle-même affiliée
à la Fédération des Rayons de soleil de l'enfance. Plein
soleil se situe dans l'ouest lyonnais, sur le territoire de la Métropole
du « Grand Lyon». Elle accueille 36 enfants,
âgés de 6 à 18 ans.
La mise en oeuvre de la mission de protection et d'accueil,
conforme à la réglementation et en lien avec les partenaires et
familles,incombe à ma fonction. La petite taille de l'association avec
trois établissements donne à mon poste de directrice une
dimension stratégique.
À Plein soleil, certains enfants accueillis
répondent aux traumatismes et adversités chroniques par un retard
ou un développement désorganisé, menant à un
handicap suffisamment sévèrepour être reconnu(ou en cours
de reconnaissance).
Le propos de ce mémoire a été
pensé pour mieux répondre aux besoins, aux difficultés des
enfants accueillis, qui connaissent des troubles psycho-pathologique et dont
l'expression compromet leur développement et impacte leur devenir.
L'institution souffre desenfants en souffrance. Cet état de fait est une
situation problème exprimant des besoins particuliers. Il appelle
à y répondre et à faire évoluer
l'établissement ; Plein soleil doit adapter ses logiques
d'intervention.
Actuellement, les ressources utilisées pour faire face
aux situationshandicap des enfants accueillis sont essentiellement
mobilisées pour gérer et contenir les situations de crise et
aménager ponctuellement la prise en charge. Or, l'abord de l'enfant et
les particularités de son handicap ne sont pas pensés en amont,
et collectivement réfléchis. Ainsi en créant une culture
commune autour des spécificités repérées, leur
charge et leurs perturbations s'amenuiseront, au profit d'une meilleure prise
en compte de chaque enfant, qui mènera à son développement
plus résilient,et sur un fonctionnement plus fluide de
l'établissement.Le parti pris développé dans ce
mémoire sera donc de se recentrer sur les besoins spécifiques de
chaque enfant, en redéfinissant le projet d'établissement, et en
allant chercher des synergies auprès des autres acteurs et institutions
spécialisées du territoire, et des établissements de
l'association.
Comment améliorer la qualité de l'accueil des
enfants en situation de handicap à Plein soleil pour qu'elle soutienne
leur développement?
Je fais l'hypothèse que si les prises en charge du
secteur médico-socialet sanitaire sont individualisées, elles
doivent être à Plein soleil également
complétéespar un accompagnement davantage personnalisé.
Ceci suppose une recherche préalable, et une connaissance plus finedu
handicap de chaque enfant, et notamment de ses modalités d'acquisition,
ce qui mène aux troubles d'apprentissage et de comportement. De cette
façon, Plein soleil se situera dans unevraie continuité avec ses
partenaires.
Il s'agit d'être proactif en la matière,pour agir
sur le développement des enfants,et ainsiralentirla
déscolarisation et lesdifficultés de socialisation.
La qualité de l'accompagnement de Plein soleildevradonc
s'inscrire au-delà de la gestion quotidienne, pour s'harmoniser avec les
différentes interventions (orthophoniste),et l'ensemble des prises en
charges sanitaires et médico-sociales(Dispositifs Intégrés
d'Institut Thérapeutique, Educatif et Pédagogique (DITEP), etc.).
S'adapter aux spécificités des enfants et soutenir avec
pertinence leurs situations de difficultés multiples n'est pas se
substituer, mais devenir complémentaire des acteurs concernés.
Aussi, je propose de réorganiser l'offre
institutionnelle de la Mecs Plein soleil, pour répondre à la
situation des enfants en difficultés multiples.
Dans la première partie de ce mémoire, je
réalise un diagnostic de l'établissement.
En premierlieu, il s'agit d'une analyse stratégique de
Plein soleil dans son environnement interne et externe.
En second lieu, je décris les cadres, législatif
et réglementaire, dans lesquels s'inscrit la protection de l'enfance,
car d'hier à aujourd'hui leurs influences, nos perceptions, et nos
pratiques interagissent.
Pour finir, j'étudiela spécificité des
enfants accueillis à Plein soleil, avec une attention
particulière sur leurs besoins.
Dans la deuxième partie, j'éclaire cette analyse
par des concepts liés à la protection de l'enfance, puis par des
courants de pensée mobilisés, plus spécifiquement par les
équipes de Plein soleil. Ensuite, j'aborde des notions de management,
directement liées à ma fonction de directrice.
En dernière partie, j'expose un plan d'action, avec sa
mise en oeuvre et son évaluation. Celui-ci porte sur la refonte du
projet d'établissement, l'ouverture de la Mecs à son
environnement, et la conception d'une d'équipe mobile
inter-établissements pour la prise en compte des enfants en situations
de difficultés multiples.
5 Le défi de la MecsPlein soleil pour l'accompagnement
des enfants en situation de difficultés multiples
41,6% des enfants accueillis à Plein soleil sont
reconnus (ou en cours de reconnaissance) en situation de handicap.Le
défi à relever est de les accompagner dans leur parcours de vie
avec suffisamment de pertinence pour favoriser au mieux leur
développement.
Les fonctionnements internes et externes de Plein soleil, les
interactions législatives dans lesquelles elle se meut, et la
spécificité des besoins des enfants1(*) en situation de difficultés multiples
intimement liés aux handicaps, me renseignent sur les orientations
à donner pour répondre à ce défi.
5.1 La MecsPlein
soleil : du fonctionnement traditionnel au devenir collectif
5.1.1 Association et MecsPlein soleil : de leurs
fondements culturels à un projet stratégique en
transformation
A) Présentation, missions et valeurs
La MecsPlein soleil, dans son cadre de protection de
l'enfance, est habilitée à accueillir trente-six enfants et
adolescents,de six à dix-huit ans,qui relèvent de la Direction de
la Prévention et Protection de l'enfance de la Métropole du
« Grand Lyon » ou de la Protection Judiciaire de
la Jeunesse. Les difficultés sociales ou le danger moral auxquels ces
enfants sont exposés, imposent leur retrait du milieu familial. La
mission de Plein soleil est de leur apporter un soutien matériel,
éducatif, psychologique. Les valeurs associatives sont :
· La bientraitance, « tout enfant a besoin
d'être accompagné et encouragé à grandir grâce
à une parole partagée et à un tissu de relation
sécurisantes et affectueuses »2(*) ;
· La famille, valeur fondamentale « tout
enfant a droit à une famille, d'abord la sienne, quitte à ce que
pour son bien, elle ait besoin d'être accompagnée, soutenue,
parfois relayée ou même remplacée »3(*).
Mis en place par dérogation en2006, l'accompagnement
externalisé de la structurea pris fin en 2018. Destiné aux
enfants qui retournent dans leur famille, ila été
développé dans le cade de la coéducation
famille/institution. La Métropole du Grand Lyon n'a pas renouvelé
la dérogation, souhaitant privilégier la fluidité des
entrées. Un groupe pour les enfants de « 6-10
ans » a été créé en ce
sens.L'accueil s'organise autour d'une modalité d'internat
répartieen quatre groupes mixtes. Ladurée moyenne de placements
est de 3,26 ans.
La maison d'enfants est implantée dans une zone
boisée classéede la commune d'Albigny-sur-Saône. Ce secteur
en proximité de Lyonest recherché ; sa population
estaisée. La pression foncière est forte et
réglementairementcontrainte.
Plein soleil estouverte 365 jours sur 365 et 24 heures sur 24,
etson prix de journée s'élève à 157 euros par
enfant. L'internat a enregistré 11 695 journées d'accueil. Son
taux d'occupation réel est de 93,06 % pour un taux d'occupation
retenu de 89%. Cette suractivité participe à
l'équilibre budgétaire.
Deux jeunes ont bénéficié d'un renfort
éducatif dans le cadre des Prises en charge partagées (PCP). Cela
représente 1,2 Équivalent Temps Plein (ETP).En 2018, les
ressources humaines de l'établissement (1,2 ETP inclus), ont
été les suivantes :
|
Poste
|
Effectif
|
ETP
|
Ancienneté
|
Direction
|
- Directeur
-Cheffe de service
- Psychologue
|
1
1
1
|
1
1
0,5
|
23,36
4,45
5,33
|
Administratif
|
-Secrétaire de direction
-Aide comptable
|
1
1
|
0,5
0,5
|
2,55
19,32
|
Educatif
(inclus 1,2 ETP de renfort éducatif)
|
-Moniteurs éducateurs
-Éducateurs spécialisés
-Non diplômé
|
2
11
1
|
14
|
10,62
|
Services généraux
|
- Maîtresses de maison
- Veilleurs de nuit
-Cuisinière
-Agent de service
-Agent d'entretien
|
3
2
1
1
1
|
3
2
1
1
1
|
10,72
9,19
0,73
14,42
1,76
|
Total
|
|
27
|
25,5
|
9,31
|
Le Directeur Général (DG) prendra sa retraite
dans quelques mois tandis que le Directeur de Plein soleil,que je remplace,
vient de lefaire. Ces changements pourraient mener à une restructuration
interne et une évolution associative.AussiPlein soleil se consolide, et
cherche des ancrages (bonnes pratiques, organisation, gestion). Cette
quête doit répondre à un objectif essentiel de changement
de culture, pour s'adapter aux évolutions des enfants et à leur
prise en compte dans notre société.
B) Éléments d'historicité et fondements
culturels
L'histoire de la maison d'enfantsPlein soleil est
marquée par une désolidarisation de l'association dont elle est
issue, puis un retour vers celle-ci avec fusion-création.Ses fondements
culturels sontcaritatifs et religieux.
En 1948, Mademoiselle Jeannot ouvrit une famille d'accueil sur
le modèle anglo-saxon. Cette infirmière oeuvrait avec peu de
moyens, aidée par la fédération nationale des Rayons de
soleil de l'enfance, de sa mère et de bénévoles, et
financièrement soutenuepar desdons,protestants et catholiques. Ainsi
naîtra la maison d'enfants Clair matin. C'est son adjoint, René
Resch qui en 1955 fonda la seconde maison d'enfantsde l'association,
nommée Plein soleil.
Deux décennies plus tard, les différences de
management et de gestion de Melle Jeannot et M. Resch
générèrent des désaccords profonds. La
fédération dut scinder l'association en deux entités: les
Rayons de soleil Clair matin et les Rayons de soleil Plein soleil. M. Resch
conserva la Direction de Plein soleil jusqu'en 1993, où les enfants se
soulevèrent et incendièrentune partie de l'établissement.
Suite à quoi, la préfecture et les services de l'enfance
procédèrent à un diagnostic. L'établissement,
régi de façon trop patriarcale (directeur résidant sur
place), manquait de professionnalisation (pas de formalisation des pratiques,
de réunions d'équipe, de tenue des dossiers). L'état
budgétaire était dégradé.
C) Le redressement de l'établissement par sa
professionnalisation
Plein soleil chercha appui auprès de Clair matin pour
éviter une fermeture.Une fusion création fût imposée
par les autorités de tarification ;en 1993, les deux
associationsredevinrentune seule et même
association« Association des Rayons de soleil de l'enfance du
Lyonnais ». Mon prédécesseur, ancien chef de
service de Clair matin,fût nommé pour professionnaliser et
redresser Plein soleil. Il pensa son organisation et ses régulations
durant 25 ans. Il mena une vision stratégique en lien avec les
changements de paradigme. Il mit un point d'honneur à abandonner le
modèle de suppléance familiale au profit du soutien à la
parentalité (café de parents, accueil modulé, visite
à domicile des éducateurs). Ceci demeure un axe fort ancré
dans les pratiques, vécu comme quelque chose d'acquis ou
intrinsèquement lié au fonctionnement de Plein soleil.Dans ce
contexte, où la logique est devenue publique et laïque, sa
méthodologie participative a donné du sens à la mise en
oeuvre des outils de la loi 2002_2rénovant l'action sociale et
médico-sociale. Le fonctionnement de l'établissement est
plutôt familial, tandis qu'il est pyramidal au niveau associatif.
Cette perspective historique montre un établissement
qui a su se professionnaliser, en évoluant d'une logique privée
religieuse vers une logique subséquente publique laïque.
5.1.2 Les axes stratégiques d'un plan de
développement crucial pour une petite association
A) Une stratégie de consolidation interne pour
répondre à une position précaire via le soutien de la
fédération
Pour répondre à une position précaire sur
le territoire, l'Association et Plein soleil sont soutenues par la
Fédération et mènent une stratégie de consolidation
interne.
L'association desRayons de soleil de l'enfance du Lyonnaisse
situe sur le territoire de la Métropole de Lyon, hautement dynamique et
dont la concurrence en protection de l'enfancey est forteet
concentrée.Petite interlocutrice pour la Métropole de Lyon, ses
négociations budgétaires annuelles sont délicates (pas de
Contrat Pluriannuel d'Objectif et de Moyens, retard de versement de fonds
accordés pour la mise aux normes incendie, réponse tardive aux
plans d'investissement).Sa faible part de marché lui offre une position
précaire.Ses bâtiments sont extérieurement vétustes,
tandis que l'intérieur est rénové. Lors d'appels à
projet, le DG relève : « malgré notre
engagement, face aux moyens organisationnels des grosses associations, le
système est en notre défaveur». Les autorités
choisissent les associations plus présentes sur le territoire,celles
dotées de services supports importants, et de finances solides, ceci
renforce les écarts. En effet, selon Joule R-V, un engagement, en
l'occurrencefinancier, enclenche un processus décisionnel
quiprivilégiele partenaire initialement choisi. « Cet effet de
préservation d'une première décision »4(*) censure d'autres
orientations,qui reviendraient à un financeur dese dédire de ses
choix précédents.
Dans ce contexte,la force de l'association est son
adhésion à la fédération des Rayons de soleil de
l'enfance. Cette dernière est reconnue d'utilité publique depuis
1975, et compte quatorze Mecs réparties sur le territoire
français. En dépit de cemodestenombre, cela lui confère un
ancrage associatif national. Elle a su se recomposer en trois collèges,
pour gagner en pertinence dans ses échanges. Elle continue à
organiser un colloque annuel et alloue à ses associations un fond
dédié à la formation. Néanmoins, cette force est
relative. La modestie de ses moyens a nécessité la suppression
d'un poste de veille et d'animation de la fédération. Ainsi elle
a perdu en représentativité, et ne participe plus à
l'Union nationale interfédérale desoeuvres et organismes
privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss).Quant aux
associations qu'elle fédère, la plupart ne sont pas dotées
de siège et sont principalement mono-établissement. L'association
des Rayons de soleil de l'enfance du Lyonnais, dont dépend Plein soleil,
fait presque exception. Elle possède plusieurs établissements et
un siège, dont l'autorisation vient d'être prononcée
officiellement. Cette nouvelle autorisation assoit enfin son financement.
Pour répondre à la modestie des moyens
généraux et de la fédération, et pour conserver un
avantage concurrentiel, la Présidence de l'Association et la Direction
générale ont choisi de renforcer la démarche
qualité autonome menée par une direction in situe, moi-même
en tant que Directrice et une cheffe de service. En consolidant les
établissements ainsi, cette organisation managériale ne suit pas
la tendance de direction par pôle.
B) Analyse stratégique de l'environnement de Plein
soleil, reposant sur la matrice de McKinsey
La matrice de McKinsey5(*) modélise les éléments de
concurrence d'un secteur. En référence à celle-ci, la
protection de l'enfance se situe sur un secteur concurrentiel dont
« l'attrait »
est « partiel ». Cela signifie que les
contraintes pour s'y implanter et croître sont fortes. Effectivement, le
secteur des Mecsest soumis à différents types de
contraintes :
- De taille par le système des habilitations ;
- De rentabilité avec des prix de journée
fixés par les autorités de tarification ;
- De croissance interne, que laloi de l'hôpital,
relative aux patients, à la santé et territoires, du 21 juillet
2019a renforcée avec la régulation par appel à projet.
Ces spécificités du secteur empêchent
Plein soleil et l'association de se développer alors que sur le
territoire elles sont stratégiquement en « zone
défensive ». En effet, en Rhône-Alpes, le secteur
de la protection de l'enfance s'est principalement construit au sortir de la
seconde Guerre Mondiale. Sur le territoire, deux acteurs
« occupaient une position de
quasi-monopole »6(*). Cette concentration perdure. Sur la base des
quarante-sixMecs du département du Rhône7(*), Accolade, comprenant dix-huit
établissements et services, fusionne avec la Slea. Elles comptent
ensemble plus de 1200 salariés.
Dans ce contexte, le projet associatif tend vers la
« zone d'optimisation et de maintien » avec
quelques réussites qui ont préservé l'existant. Ainsi, une
annexe de Clair matin s'est développée en un établissement
et un service de famille d'accueil. De plus, l'association, qui compte donc un
service de familles d'accueil et trois Mecs, saisit l'opportunité d'un
mandat de gestion avec la Mecs des Rayons de soleil de l'enfance de Bourdeaux
et l'absorbe. Cette dernière est mono-établissement, et se situe
hors département, dans la Drôme. L'intérêt est de
s'engager dans un plan de développement avec deux axes : se
consolider (financement du siège, mutualisation des moyens), et se
prémunir des risques liés à la concurrence (absorption ou
absorption subie). Avec ce quatrième établissement, le budget
global évolue de 5 à 6,4 millions d'euros.
Lesprochainsdépartsà la retraite, celuidu DG
etdu Directeur de Bourdeaux, et le récent du Directeur de Plein soleil,
offrentau Président de l'association, aux membres du Bureau et au
prochain DG la possibilité de revoir l'organigramme associatif. La Mecs
Jules Verne est pourvue de deux chefs de service et n'a pas de directeur. Je
trouverais cohérent d'avoir un poste de directeur pour deux
établissements : l'un à la direction de Plein soleil et
Jules Verne, le second à celle de Clair matin et le Rayon de soleil de
l'enfance de Bourdeaux.Cette configuration libérerait deux postes. De
plus, suite aux moyens liés à l'absorbation et un départ
en retraite de la responsable administrative, je renforcerais les
compétences du siège par le recrutement d'un titulaire du
certificat de Responsable de Service Généraux (RESEG). Enfin,
l'allégement du budget alloué à la direction de Plein
soleilpourrait être pensé avec accord des autorités de
tarificationde la manière suivante :
· Unrenforcement des équipes éducatives par
la pérennisation des renforts éducatifs (le taux d'encadrement
éducatif est de 0,38 renforts PCP inclus; la moyenne en Rhône
Alpes se situe à 0,408(*)) ;
· Et une affectation du différentiel au projet
transversal présenté en partie 3-3 qui permettra une mise en
oeuvre à budget quasi constant.
C) Une complémentarité entre le Directeur
Général et mon prédécesseur
Le DGactuel est un homme d'expérience et de terrain. Il
a réalisé de nombreux projets, c'est un
« Défricheur »9(*), c'est à dire qu'il a une
vision dynamique de développement. C'est d'ailleurs en ce sens qu'il a
été recruté. A ses côtés en comité de
direction, mon prédécesseur avait une vision
stratégique,et a renforcé la base de Plein soleil
(opérationnelle, financière). Leur conception partagée,
leur « monde commun »10(*) relevait d'une logique
mixte, une domestique soutenue par unelogique participative.
La logique domestique est dominante sur Plein soleil ;
elle est liée à mon prédécesseur, figure
d'autorité et d'identification. Il a représenté une figure
de leader : responsable par son statut, effectif par sa connaissance
éclairée des situations, psychologique en cas de
difficulté relationnelle, individuelle ou collective. Dans la
lignée de cette logique, le personnel s'est construit un réseau
d'appartenance (groupe Facebook fermé, invitations, unions) qui sert
d'exutoire au travail. Ce réseau est une représentation des
intimités et affinités dans les équipes.
La logique participative secondaire se manifeste par la mise
en oeuvre du dispositif de régulation. Il s'appuie sur les outils de la
loi 2002-2, les évaluations internes, les instances de participation des
enfants. De plus, la construction des canaux d'informations (road book, journal
de bord) rend la transmission d'informations fluide, que ce soit au niveau
descendant ou ascendant.
5.1.3 Passer d'une culture centrée sur le quotidien
à une culture des besoins individuels de l'enfant
A) La pédagogie des équipes éducatives en
adéquation avec leur coeur de métier
Malgré des nécessités budgétaires,
Il a été choisi de ne presque pas recourir àdes
glissements de métiers, c'est à dire l'emploi de moniteurs
éducateurs, de personnes non diplômées en lieu et place
d'éducateurs spécialisés ( Composition des équipes
confère tableau 1.1.1 A). Ce choix s'est imposé pour
préserver la qualité des prises en charge, au regard des
situations des enfants en difficultés multiples. Pour fonctionner au
quotidien et pallier au manque d'effectifs, le recours aux glissements de
tâches reste récurrent. Les trois maîtresses de maison
peuvent être sollicitées pour surveiller les enfants,notamment
lorsque les éducateurs sont en audience ou instances partenariales.
L'homme d'entretien participe aux accompagnements lorsque les éducateurs
manquent.
Il ressort des rapports d'évaluation externe de 2016 et
interne de 2013que les éducateurs s'appuient sur « une
pédagogie de l'expérience positive (soirée à
thème, camps) pour aider l'enfant à créer du
lien »11(*). Ils travaillent autour de la participation des
familles, l'autonomie de l'enfant, le maintien du lien d'attachement
noué par l'enfant avec d'autres personnes que ses parents. Leurs
pratiques s'inscrivent dans le quotidien de l'enfant, et dans son projet
personnalisé qui se décline autour des soins, de
l'éducation à la santé, de la scolarité, de
l'orientation professionnelle et des loisirs. Y sont étroitement
associés familles, partenaires de la protection de l'enfance de la
Métropole du « Grand Lyon », Juges pour
enfants, et Maisons Départementaleset Métropolitainesdes
Personnes Handicapées (MDMPH). En sus du quotidien, les réunions,
les visites à domicile rythment et régulent la prise en charge de
chaque enfant. Le respect deses souhaits,quant à sa participation
à une activité sportive ou culturelle, favorise une ouverture sur
l'extérieur. Ouverture dont l'école,véritable clé
de voûte, complète l'accompagnement pour développer ses
apprentissages, sa socialisation, son sens de la citoyenneté, et
préparer son avenir. Selon le rapport d'activité2017,en
journée, deux enfants vont en école de la seconde chance ;
cinq enDITEP ; un en Institut Médico Éducatif (IME) ;un
en Section d'enseignement général et professionnel adapté
(Segpa) ;un enUnité Localisée pour l'Inclusion Scolaire
(ULIS) ; un en Etablissement expérimental pour enfants
handicapés sans solution, en alternance avec l'Hôpital De Jour
(HDJ) et des accueils séquentiels en unité hospitalière de
pédopsychiatrie pour les 6_13 ans. Par ailleurs, douzeenfants
étaient suivis en orthophonie, quinze en Centre Médico
Psychologique Pédagogique. Cecimontre dans quelle mesure le relai
éducatif ne peut se situer que sur le quotidien. En 2018, les chiffres
sont semblables, douze enfants sont déscolarisés de façon
complète ou partielle, et dixsont en situation d'absentéisme ou
de multiples renvois temporaires.
B) De nouvelles compétences à
développer
Les enfants accueillisdans leur ensemble et leur
« conduites déconcertantes dans l'agir 12(*)» mobilisent les
équipes. Celles-ci s'appuient sur une « approche
pédagogique différenciée qui prend en compte les
particularités individuelles »13(*) qu'elles essayent de mieux
situer, par des formations spécifiques (Palo Alto, contention), une
analyse de la pratique mensuelle, les réunions d'équipe et de
synthèse. Poussées par la complexité des situations, elles
travaillenten collaboration avec les partenaires dans une
« pédagogie itérative »14(*), c'est à dire de
« répétition »15(*). Au sein de l'équipe et
de la Direction, le « principe
d'éducabilité »16(*) n'est jamais suspendu. Ce type d'accompagnement
impose une fluidité de l'information, et des étapes de
décisions qui s'appuient sur la qualité des relations. En
instances partenariales, le travail de Plein soleil est reconnu et
apprécié, voire salué,par le secteur de la protection de
l'enfance, l'éducation nationale et le médico-social.
Néanmoins, les enfants errent souvent dans l'établissement sans
projet contenant. Les écrans occupent leur attention, mais en même
temps ils laissent un répit à l'unique éducateur de
permanence.
Les difficultés multiples des enfants engendrent des
exclusions récurrentes quelque soit le lieu, ordinaire,
spécialisé ou médicalisé. Cela se traduit par des
pertes de chance. Plein soleil communique sans relâche avec ses
partenaires pour que les règles des dispositifs ne restreignent pas les
droits et opportunités des enfants. Les équipes et moi-même
sommes réactives et restons disponibles. Les copains de classe et
enseignants sont conviés à des temps forts (théâtre,
fêtes).
Les éducateurs mettent en place les accompagnements
scolaires, médicaux et paramédicaux. Ils veillent à
la gestion de la collectivité dans le respect des individualités,
où la notion de parcours de l'enfant prend sens. L'engagement dans la
relation à l'enfant se tisse dans la vie quotidienne avec bienveillance.
Cette intervention centrée sur les temps de vie quotidiens convient pour
moitié. Pour les enfants aux difficultés spécifiques, tels
un retard de langage, troubles de la concentration ou du comportement,
l'accompagnement nécessiterait une coopération plus
poussée, essentiellement mise en oeuvre aujourd'hui par les
réseaux informels.
C) Des difficultés d'équipe en miroir de celles
des enfants
Deux groupes vont assez bien, ainsi que leurs équipes.
Dans le nouveau groupe des jeunes (5/12 ans, 9 garçons, 4
éducateurs et 1 ETP de maîtresse de maison), il y a un bel esprit
et une belle énergie. Dans celui des grands (15/18 ans, 4
garçons, 4 filles, 2 éducateurs, ½ maîtresse de
maison), l'équipe est complémentaire et sans tension. Les jeunes
cherchent un équilibre avant le départ. Ils s'autonomisent et
préparent leur avenir (choix de lieu de vie...). Ils sont dans une phase
de construction et s'appuient sur leur capacité de résilience.
Par rapport au chemin parcouru, ils sont déjà matures. Les
professionnels se concentrent sur les derniers ajustements (finalisation de
partenariats, transferts en contrats jeunes majeurs). Les difficultés
d'apprentissage repérées et reconnues ont impactées le
parcours scolaire, laissant ces jeunes avec peu ou pas de diplômes. Cette
perte de chance leur promet un avenir plutôtmodeste, sachant qu'en
protection de l'enfance 70%17(*) sortent sans diplôme. Rappelons
également que 25% des jeunes sans domicile fixe sont issus de la
protection de l'enfance18(*).
Les enfants en situation de difficultés multiples et
ceux inclus dans les dispositifs médico-sociaux sont majoritairement sur
les deux groupes des 12_15 ans. L'effectif de chaque groupe est de dix enfants,
encadrés parquatre éducateurs etune ½ ETP maîtresse de
maison. La logique familiale et les positionnements personnels complexifient
les relations professionnelles. Les conflits concernent des personnes qui
travaillent ensemble depuis des années19(*). Ils perturbent le fonctionnement institutionnel.
Dans ce climat les tensions rejaillissent sur les enfants et s'expriment par
des crispations autour des valeurs et des pratiques éducatives
(sanction, écrans, sorties).
En conséquence,les jeunes professionnels se trouvent en
pleindésarroi et perte de confiance (arrêts en cascade
malgré une bienveillance de la direction, démissions). Le recours
à l'intérim ne pallie plus aux absences. Le taux
d'absentéisme (hors formation) dans le secteur médico-social se
situait à 8,8 %20(*) en 2016, celui de Plein soleil en 2018
s'élève à 20,57%21(*).Deux personnes sont en arrêt de longue maladie,
de plus de neuf mois ; deux sont en arrêts de plus quatre
mois , et une personne en accident de travail depuis le 7 février
2018.?Au niveau associatif, les directions des trois établissements
Lyonnais rencontrent des difficultésde recrutement.?Cette année,
nous avons travaillé avec MEDICOOP société de travail
intérimaire solidaire, afin d'optimiser nos remplacements sans
coût supplémentaire, puisque cette société facture
au taux horaire sans majoration ni taxe sur la valeur ajoutée.
L'évolution du taux d'absentéisme est le
suivant22(*) :
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
9.11%
|
11.43%
|
12.51%
|
16.99%
|
13.03%
|
12.96%
|
20.57%
|
Cet absentéisme génère une
discontinuité préjudiciable à la construction du projet de
l'enfant. En un mois un enfant a changé trois fois de
référent, cinq fois en un an. Certains enfants affichent des
mines blasées à l'arrivée des remplaçants.
Ainsi, laMecsPlein soleil a été longtemps une
maison à dominante familiale. Elle a su se professionnaliser et est
aujourd'hui centrée sur une démarche qualité visant
à offrir un chez soi à l'enfant. Les modifications de direction
annoncent un tournant organisationnel auquel l'association et Plein soleil
doivent se préparer pour devenir sans subir.
L'hétérogénéité de son public et les
continuités entre le social et médico-social appellent les
équipes de Plein soleil à développer leur savoir-faire,
pour pouvoir construire une prise en charge complémentaire aux
dimensions médico-sociales. Ceci est un enjeu qui participera à
renforcer la réorganisation associative, quelque sera son avenir.
5.2 Les orientations
de politiques publiques dans lesquelles s'inscrit Plein soleil
5.2.1 Protection de l'enfance et son contexte légal
A) Définition et mission de la protection de
l'enfance.
Selon l'art 112_3 du code de l'action sociale et des familles
(CASF), la protection de l'enfance :
· « prévient » les
difficultés parentales dans l'exercice de leur
« responsabilité éducatives » ;
· « Accompagne les
familles » ;
· Avec une « prise en charge partielle ou
totale des mineurs »dans des « modalités
adaptées » à leurs besoins ;
· Ainsi que les majeurs de moins de 21 ans avec des
« difficultés susceptibles de compromettre gravement leur
équilibre».
Les interventions sont guidées par «
l'intérêt de l'enfant», « la prise en compte de
ses besoins fondamentaux physiques, intellectuels, sociaux et affectifs
» et le « respect de ses droits».La prise en compte
« suppose la reconnaissance d'une interactivité des
capacités et des pouvoirs entre les parties en
présence »23(*), en l'occurrence l'enfant. Au delà de l'enfant
maltraité, c'est le mineur « en danger» et «
en risque» de l'être qui est considéré.
Le dispositif privilégie le maintien en famille
siseulementla santé, la moralité, les conditions
d'éducation sont suffisantes, sans quoi la séparation
serafavorisée selon des modalités adaptées. Plein soleil
est donc une modalité de la protection de l'enfance qui s'adresse aux
enfants dont le maintien en famille n'offrait pas ces garanties.
Le placement peut prendre deux formes :
· Administrative, sous la responsabilité du
Président du Conseil Départemental de la Métropole du
Grand Lyon, qui l'assure par la voix de l'Aide Sociale à l'Enfance
(ASE) ;
· Judiciaire, mise en oeuvre par un juge
spécialisé, le juge pour enfant.
En 2014, l'Observatoire National de la Protection de l'Enfance
(ONPE) estime que 290000 mineurs bénéficient d'une mesure en
protection de l'enfance. Ils représentent 19,8%o des moins de 18
ans24(*). Parmi les
enfants faisant l'objet d'une mesure de placement, 90%25(*) sont confiés à
ASE.
Lors d'une mission d'information à l'Assemblée
Nationale, Hiroux O indiquait« On a de belles lois en protection
de l'enfance, et on a des acquis imprégnésd'expérience. La
particularité, c'est le paradigme de la contrainte, tout le processus
décisionnelà l'ASE est sous tendu par ce paradigme de contrainte,
(...). C'est d'abord et avant tout un diagnostic établi sur des mauvais
traitements, sur des atteintes au développement intellectuel, physique,
social et affectif de l'enfant, mais on le fait dans une contrainte. Il
n'existe pas d'aide contrainte, il existe une contrainte acceptée et une
contrainte imposée. Cela va impacter le processus d'exercice de la
protection de l'enfant »26(*).
B) Contexte sociologique et rappel de certaines lois,
fondatrices en leur temps:
« Enfant », en latin
« infans » signifie « celui qui ne
parle pas », selon l'adage « sois sage et
tais-toi »27(*) ; les pères avaient droit de vie et de
mort sur l'enfant. Au 17ième, les philosophes furent précurseurs
sur l'éducation et l'épanouissement des enfants.
La protection de l'enfance est devenue un enjeu de
société à mesure de l'évolution de la place de
l'enfant et de l'autorité parentale.
La question portée à l'article 1 titre V du Code
Pénal de 1791 est celle du « discernement »
des enfants auteurs de violence. Leslourdes condamnationsmontrent une justice
qui ne considère nullement les mineurs comme possiblement victimes.
La loi du 24 juillet 1889 relative à la protection des
enfants maltraités ou moralement abandonnés initie au civil la
possibilité de prononcer la déchéance de la puissance
paternelle. Elle s'inscrit comme l'un des textes fondateur du droit
contemporain de la protection de l'enfance, car l'enfant y est sujet de droit
tout en conciliant son besoin spécifique de protection lié
à sa vulnérabilité.
L'ordonnance du 02 février 1945,relative à
l'enfance délinquante, instaure la
« prééminence de l'éducatif sur le
répressif » car elle revient sur la notion de
« discernement » en faveur de la minorité.
Son avancée majeure est d'avoir créé les tribunaux pour
enfants en matière pénale avec une nouvelle fonction, celle des
juges pour enfants.
L'ordonnance du 23 décembre 1958,relatives à la
protection de l'enfance et de l'adolescence en danger,étend les
compétences du juge pour enfants àl'assistance éducative
(matière civile),ce qui confère une dimension préventive
à la protection de l'enfant.
En parallèle, les évolutions sociologiques
dissocient progressivement la conjugalité de la parentalité,
préservant la coparentalité. La loi du 04 juin 1970 substitue la
notion de « puissance paternelle » et de
« chef de famille » par
« l'autorité parentale conjointe ».
La loi du 30 juin 1975, relative aux institutions sociales et
médico-sociale, est issue du constat28(*) que les personnes peuvent être accueillies ou
accompagnées pendant des années. Cette durée amène
à des prises en charges globales différentiées du
sanitaire,car avec le temps, elles se sont adaptées aux pathologies ou
déficiences. Elle reconnaît les savoir-faire spécifiques
des professionnels. C'est pourquoi la loi recentre les hôpitaux sur les
activités sanitaires, et de fait autonomise le champ du social, mais
également du « médico-social ». Cette
dernière est une notion introduite par la loi de 1975, qui permet de
médicaliser les établissements pour personnes vulnérables,
telles que les personnes âgées et handicapées. Les
établissements médico-sociaux bénéficient à
minima de deux sources de financements publics, notamment la Métropole
et la Caisse Primaire d'Assurance Maladie.
Les lois de décentralisation redéfinissent les
compétences en matière de protection de l'enfance. Celle du 06
janvier 1986 adaptant la législation sanitaire et sociale aux transferts
de compétences en matière d'aide social, rend le Conseil
général (devenu Conseil départemental du
« Nouveau Rhône » et Conseil de la
métropole de Lyon) compétent en matière d'ASE. Deux axes
lui sont assignés : rechercher l'autonomie des familles, et
l'importance de la prévention. La loi du 10 juillet 1989 fait suite
à un rapport de l'InspectionGénérale des Affaires Sociales
portant sur l'enfance maltraitée. Celui-ci comptait des
dysfonctionnements auxquels cette loi, relative à la prévention
des mauvais traitements à l'égard des mineurs et à la
protection de l'enfance, entendait répondre. En droit français,
la protection des enfants est double : l'une, administrative,
relève de l'ASE ;l'autre, judiciaire, relève de la
compétence du juge des enfants. La loi est venue préciser la
répartition de leurs compétences. L'ASE, sous la
présidence du Conseil de la métropole (ou Conseil
départemental selon les territoires), en est le principal acteur. Le
rôle de ce dernier est clarifié et renforcé,notamment dans
le dispositif de recueil et de signalement et dans la prévention des
mauvais traitements.
C) Des pratiques mettant l'usager au coeur, par la loi
2002_ 2rénovant l'action sociale et médico-sociale
La loi 2 janvier 2002 balise nos pratiques et met l'usager au
coeur de nos dispositifs dont il devient véritable partie
prenante.
Selon l'art L 116_1 du CASF, « L'action
sociale et médico-sociale tend à promouvoir l'autonomie et la
protection des personnes, la cohésion sociale, l'exercice de la
citoyenneté,à prévenir les exclusions et à en
corriger les effets ». Sous cet angle, laMecsPlein soleil se
veut un « moyen de développer les opportunités,
l'autonomie et la participation sociale »29(*) des enfants afin qu'ils aient
les « mêmes chances d'appartenir et de participer à
la vie collective de notre société, indépendamment de ses
particularités sociales ou de ses
incapacité »30(*). Rénovant l'action sociale et
médico-sociale et son inscription au CASF, elle définit les
droits des usagers pour tous les secteurs de l'action sociale et
médico-sociale. Elle structure les pratiques autour des projets
individualisés, en réponse aux choix et attentes des personnes,
avec une approche individuelle de leurs besoins. Elle en garantit le respect
effectif, par la création d'outils, déclinés de sept
principes fondamentaux mentionnés à l'article L311-3 du CASF,
adaptables selon la nature de la prise en charge.
Par ailleurs, elle participe à la planification du
secteur en prévoyant les schémas d'organisation sociale et
médico-sociale qui définissent les besoins du territoire et les
perspectives de développement de l'offre.
5.2.2 Un cheminement long et complexe de
la loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l'enfance à la
loi du 14 mars 2016 réformant la protection de l'enfant
A) Le principe de la subsidiarité de la protection
judiciaire posé par la loi du 2007_293
La loi du 05 mars 2007 renforce les dispositifs de
prévention et le rôle du Conseil Départemental. Si la loi
du 10 juillet 1989 oblige à signaler les enfants maltraités, les
affaires médiatiques (Outreau, Anger) placent la protection de l'enfance
au coeur des débats. L'Observatoire National de l'Enfance en Danger
(ONED), créé en janvier 2004 à l'initiative du Ministre
Christian Jacob, indique une augmentation des enfants en danger due à
des carences affectives, isolement, précarité, violences
conjugales et intrafamiliales.
En 2005, au niveau national, le président du tribunal
de Bobigny était à l'initiative de « l'appel des
100 »31(*) , un groupe formé par des élus et
diverses personnalités qui appelle à débattre pour un
renouveau de la protection de l'enfance.Ce groupe relève des failles
dans le dispositif de protection de l'enfance, tels le manque de coordination
des acteurs et la faiblesse de l'évaluation. Ce contexte (Outreau,
l'ONED et l'appel des 100) est favorable à une nouvelle loi. C'est ainsi
que nait la loi du 05 mars 2007 réformant la protection de l'enfance. Il
est inscrit au CASF art 112_4 que « l'intérêt de
l'enfant, la prise en compte de ses besoins fondamentaux, physiques,
intellectuels, sociaux et affectifs, ainsi que le respect de ses droits doivent
guider toute décision le concernant ».
L'intérêt de l'enfant ainsi placé au coeur du dispositif
devient le « principe directeur »32(*), « le critère
d'intervention des personnes publiques dans la vie de
l'enfant »33(*).
Cette loi « substitue la notion d'enfant en danger à celle
d'enfant maltraité issue de la loi 1989, s'attachant à la
protection de l'enfant en général »34(*). Elle fait de la
prévention un axe majeur de la protection, et elle implique les services
de la protection maternelle et infantile, ainsi que ceux de la médecine
scolaire. Elle pose la primauté de la protection administrative sur
la protection judiciaire. Le parquet peut être saisi sur certains
critères, tels que le refus de la famille, l'échec des mesures
mises en place dans le cas de la protection administrative, ou
l'impossibilité à évaluer la situation.
B) La loi 2016-297 du 14 mars 2016 relative à la
Protection de l'Enfant
En 2010, une circulaire du Ministre de la Justice35(*) encourage le parquet à
conclure des protocoles avec les conseils départementaux, pour
privilégier le recours à la judiciarisation lors des cas de
maltraitance. L'enjeu est de renforcer la protection des mineurs
maltraités par une accélération de la saisine du Juge, et
de l'ouverture d'une procédure pénale. C'est pourquoi la loi du
14 mars 2016, relative à la protection de l'enfant,crée un
nouveau cas de saisine du juge pour enfants obligatoire dans les situations de
« danger grave et imminent, notamment dans les situations de
maltraitance »36(*). Sa formulation n'est pas sans rappeler celle de
1989, demandant une réadaptation des conseils départementaux
qui,depuis la loi de 2007, privilégiaient toute contractualisation avec
les familles.
La loi de 2016 crée également un
« Conseil National de la Protection de
l'Enfance », renforce la prise en compte des besoins des
enfants, et sécurise leur parcours.
C) Actualité juridique européenne
La Convention Internationale des Droits de l'Enfant
(CIDE)adoptée en 1989, fait référence au niveau
international. Elle s'inspire d'une déclaration des droits de l'enfant
rédigée à l'initiative de la Pologne en 1978, à
partir des travaux du Dr Korczak J.. Elle élargit la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme aux enfants, et pose le principe de son
intérêt supérieur.
La politique menée a une envergure Européenne,
notamment avec la troisième stratégie pour les droits de l'enfant
(2016-2021) du Conseil de l'Europe qui reprend 5 axes :
« l'égalité des chances, la participation des
enfants (élaboration des lois qui les concernent), une vie sans
violence, une justice adaptée aux besoins des enfants, les droits de
l'enfant dans l'environnement numérique (par rapport au
harcèlement) »37(*).La recommandation de la Commission Européenne,
du 20 février 2013, intitulée « Investir dans l'enfance
pour briser le cercle vicieux de
l'inégalité »38(*),réserve une place toute particulière
aux enfants, aux fins de prévenir « le handicap
éducatif, et soutenir les enfants dans la réalisation de leurs
potentialités. Ses dispositions rappellent l'importance de promouvoir le
bien-être des enfants dans tous les secteurs de la société,
et recommandent l'importance de politiques publiques multidimensionnelles
intégrées, et transversales»39(*).
5.2.3 La déclinaison technique et
territoriale des orientations en protection de l'enfance
A) Les rapportset études des différents
organismes français
Différents rapports,de source multiples, sont rendus
publics chaque année. Le treizième rapport de l'ONPE a
été remis au gouvernement et à l'assemblée. La
déclinaison départementale de cet organisme, l'ODPE, a un
rôle de collecte de données et de transmission d'analyses. Par ses
rapports, le Défenseur des Droits oeuvre également à faire
valoir les Droits de l'enfant. Il s'agit de droits fondamentaux tels que,
soins, éducation, justice, protection sociale. Le Centre Régional
d'Études, d'Actions et d'Informations en faveur des personnes en
situation de vulnérabilité (CREAI) est une entité
territoriale régionale. Sa mission consiste à repérer,
à analyser des besoins, à étudier des réponses. Il
produit régulièrement des dossiers concernant la protection de
l'enfance. Celui-ci constitue un appui technique.
Je me fonde sur ces rapports pour comprendre les
problématiques, et orienter ma stratégie. Celui de la
DrMartin-Blachais M-P. approfonditen quoi « la centration sur
l'enfant, au regard de son intérêt supérieur, de la
réponse à ses besoins fondamentaux au service de son
développement physique, affectif, intellectuel et social, la
préservation de sa santé, de sa sécurité, de sa
moralité et de son éducation, ainsi que le respect de ses droits,
constituent aujourd'hui les références théoriques,
juridiques et de doctrine de la protection de
l'enfance »40(*). La préservation du développement de
l'enfant est un enjeu de responsabilité partagée.
B) Recommandations de Bonnes Pratiques Professionnelles
(RBPP)
C'est la Haute Autorité de Santé (HAS) qui
produit aujourd'hui les RBPP, guides méthodologiques pour
déployer une stratégie au sein des établissements.
Certaines sont transversales, c'est à dire sur plusieurs secteurs. On
notera par exemple, « La bientraitance : définition et
repères pour la mise en oeuvre », « l'ouverture de
l'établissement », etc. D'autres sectorielles portent
sur:
· la prise en charge de la santé des mineurs dans
le cadre des établissements de protection de l'enfance ;
· L`expression et la participation du mineur, de ses
parents, et du jeune majeur dans le champ de la protection de
l'enfance ;
· La prévention de la violence entre les mineurs
adolescents au sein des établissements d'accueil.
L'HAS vient de publier une note de cadrage pour la prochaine
RBPP intitulée « Concevoir et soutenir la réussite
scolaire et éducative des enfants en situation de handicap, et des
enfants accompagnés par le dispositif de l'aide sociale à
l'enfance ». L'abord de cette RBBP, croisant handicap et
protection de l'enfance, aura toute mon attention.
C) Le Projet métropolitain des solidarités
« Prévention et Protection de l'enfance »
2017-2022
La loi du 27 janvier 2014 de modernisation de l'action
publique territoriale et d'affirmation des métropoles, dite
« loi MAPTAM »a créé une nouvelle
collectivité : la Métropole du « Grand
Lyon ». Sur son territoire, les compétences du
département lui ont été déléguées.
Elle est devenue l'autorité de tarification de Plein soleil.
Précédemment à cette restructuration
territoriale, l'ancien schéma départemental en protection de
l'enfance du Rhône 2011_201541(*)mentionne le recul des moyens causé par la
réduction de ceux de la pédopsychiatrie, et par le retrait de la
Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ). Le secteur en est impacté.
La réorganisation de la PJJ, dans le cadre de la révision
générale des politiques publiques (RGPP) engagée en 2007,
a conduit à une « diminution de ses moyens, concomitamment
au recentrage, de ses missions de prise en charge pénale des mineurs
délinquants, confiant les mesures d'assistance éducative aux
services départementaux d'ASE. En parallèle, les moyens de
pédopsychiatrie ont été restreints. Ceci retire des moyens
d'action spécialisés ». Bien que ces mutations
réaffirment la « volonté de répondre aux
besoins de l'enfant sous l'angle de la protection », elles
accentuent
« l'hétérogénéité »des
situations et besoins des enfants accueillis en Mecs.
En qualité de directrice, je veille à ce qu'il y
ait toujours un fil conducteur entre mon plan d'action et les orientations du
territoire actueldu Projet métropolitain des solidarités (PMS)
« Prévention et Protection de l'enfance »
2017-202042(*). La
collaboration des différents acteurs du territoire et des
autorités de tutelle à son écriture apporte pertinenceau
PMS. En véritable ressource, il comprend quatre axes
stratégiques,et soixante treize fiches action. En matière de
prévention et protection de l'enfance, il lui est essentiel de :
· (Axe N°1) « Développer la
prévention à destination de tous » ;
· (Axe N°2) « Offrir un parcours
adapté et continu à l'usager » ;
· (Axe N°3) « Renforcer les partenariats
pour gagner en cohérence » ;
· (Axe N°4°) « favoriser
l'inclusion sociale urbaine ».
Je vais ici vérifier la cohérence de ma
problématique avec les orientations de la Métropole. Je relie ma
problématique à la santé des enfants ; la fiche
action 36propose « d'organiser la mise en oeuvre et la
transmission des informations relatives à la santé des enfants
confiés à l'ASE »43(*) . Les enfants sans solution ou en rupture de
parcours forment le point initial de mon constat de départ ; la
fiche action 40 s'intéresse à la « fluidité
et au parcours sans rupture des enfants accompagnés », de
plus le PMS affirme qu'un de ses enjeux clés concerne les enfants sans
solution en protection enfance. La fiche action 41 prévoit de
« structurer les interventions territoriales partenariales pour
améliorer la prise en charge des enfants à difficultés
multiples et/ ou présentant un handicap » 44(*). Nous verrons que mon recueil
sur la situation des enfants est en faveur de ce lien. La fiche action
numéro 46 « diversifier les modalités d'accueil et
d'accompagnement »45(*) aurait intéressé le projet de lieu
ressource de l'association.
La Métropole du « Grand Lyon » et
le Département du « Nouveau Rhône »
dénombrent, chacun, 60 et 40 enfants en situation complexe, exclus des
Mecs. En tant qu'Autorité, ils orientent les Mecs vers la
création de séjours de rupture (fiche action 40). Les tentatives
de renforts éducatifs individualisés, d'unités de vie
renforcées au sein des structures, de séjour de répit en
famille d'accueil spécialisée, n'ont pas réussi à
enrayer les passages à l'acte des enfants et l'épuisement des
Mecs.
5.3 La situation
des enfants en difficultés multiples accueillis à la MecsPlein
soleil
5.3.1 Les problématiques des
enfants accueillis
A) Présentation des enfants
Cinquante-huit enfants ont été accueillis dans
l'année:
- Quarante-trois en garde administrative avec l'ASE ;
- Onze en garde sur décision du juge ;
- Quatreen accueil provisoire.
Deux jeunes ont bénéficié d'un renfort
éducatif dans le cadre desPrises en Charge Partagées (PCP) de la
Métropole.
Au niveau national, la moyenne d'âge des enfants
confiés à l'ASE est de 12 ans. Les garçons sont plus
représentés (57%) que les filles (43%). ÀPlein soleil, la
moyenne d'âge en 2017 était de 13,58 ans, ce qui est sensiblement
identique à celle de 2016, avec 14,07 pour les filles et 13,33 pour les
garçons. Cependant plus de la moitié de l'effectif a entre 14 et
18 ans, avec une proportion croissante de garçons (65%).
La durée moyenne de placement est de 3,86 ans. Vingt
jeunes se situent au-delà de cette moyenne, 9,5 ans pour les anciens.
Les problématiques à l'origine du placement se
schématisent ainsi :
![](Rorganiser-l-offre-institutionnelle-d-une-MECS-pour-rpondre--la-situation-des-enfants-en1.png)
B) Problématiques des enfants au sein de
l'institution
41,6% des enfants de Plein soleil sont en situation de
handicap avec dossier MDMPH (reconnu ou en cours).
Les difficultés scolaires vont de paire avec les
problèmes de comportement. 70% sont en établissements ordinaires,
avec des absences non justifiées improvisées ; 14% en
établissements spécialisés ; 12sont en
déscolarisés partielle ou totale.
En 2017, trente-cinq évènements ont fait l'objet
d'une note d'incident. Ce chiffre est en croissante évolution depuis
quelques années,et ne prend pas en compte les fugues,
déclenchements d'incendie, incidents scolaires.
Le rapport d'activité 2017 constate une
« recrudescence des violences entre jeunes et à
l'égard des personnels »46(*). Les professionnels s'interposent et reçoivent
des coups, d'autres enfants sont parfois blessés, ce qui amène
à exercer des contentions, pour protéger le jeune de
lui-même, les autres jeunes, et leurs collègues. Les violences
à la personne se poursuivent par des atteintes aux biens
(télévision, ordinateurs, mobilier), aux locaux (saccages de
chambres et pièces de vie, portes, fenêtres) et celle de
prédilection : les voitures. Les troubles du comportement se manifestent
aussi par un rapport complexe à l'intimité (gestes
déplacés, agressions ou jeux sexuels). Ces premiers
éléments de recueil sur les passages à l'acte et conflits
entre jeunes et vis à vis des professionnels concernent toute
l'institution.
Le Dr BourgeauxI, médecin de Protection Maternelle
Infantile (PMI)a fait état de ses recherches sur la santé des
enfants placés en protection de l'enfance, lors de la journée du
CREAI47(*) d'Auvergne-Rhône-Alpes. Son intervention,
intitulée « Une souffrance maltraitée, la
santé des enfants accueillis au titre de la protection de
l'enfance : quelle organisation sur les territoires»48(*), fait état d'un suivi
en psychiatrie pour 1/3 des enfants des Mecs, avec une prise
élevée de neuroleptiques à 11% contre 0,3% des enfants de
la population nationale.
C) Un contexte de passages à l'acte des enfants
La récurrence des passages à l'acte des enfants
met à mal les Mecs dans leur mission première qui est d'assurer
la sécurité (affective et effective) nécessaire à
leur construction. Plein soleil repère une évolution de l'agir
impulsif des enfants (nature et croissance du nombre), l'obligeant à des
moyens et modalités de prise en charge différentes des pratiques
habituelles (Palo Alto, contentions, projet de salle snoezelen). Les
évènements graves sont suivis, et retracent les interventions des
forces de l'ordre, hospitalisations en psychiatrie pour apaisement, blessures,
plaintes. Les chiffres montrent 20% d'arrêt de travail, dont celui de la
précédente cheffe de service, en invalidité après
avoir perdu son contrôle lors d'un évènement grave. Il y a
un contraste entre le constat partagé des acteurs du secteur lors de
colloques, réunions partenariales, commission des cas complexes, et leur
perception de cette violence, dont la récurrence au quotidien rend
ordinaire. Plein soleil a comptabilisé dix-neuf évènements
en 2014, trente-cinq en 2017 avec six exclusions, et vingt en 2018avec deux
exclusions. Fort de l'expérience associative, le DG a travaillé
sur l'écriture d'un projet de lieu ressource dans le Jura. Son
innovation aurait dû être un séjour spécialisé
Palo Alto, avec un taux d'encadrement de un pour un. Cet accueil aurait
duré dix semaines, renouvelables, en alternance avec les Mecs,
même pour des enfants de moins de 12 ans. Cette stratégie,
centrée sur ce mode de prise en charge pointu, aurait été
un moyen de développer l'association, d'acquérirune taille
critique suffisante face à la concurrence et d'atteindre un budget de
sept millions d'euros. Les dimensions financières, politiques et
territoriales ont bloqué ce projet.
5.3.2 Les troubles des apprentissages
versus handicap
A) Des besoins spécifiques des enfants liés au
handicap
Dans son rapport,la Dr Martin-Blachais M-P.souligne la
spécificité des besoins liés au handicap du fait d'une
« double vulnérabilité à effet
cumulatif »49(*). Ces besoins selon elle sont particuliers du fait de
cette vulnérabilité, et seront à prendre en compte dans le
plan de compensation personnalisé. Elle explique la prévalence
nationale de handicap au sein des Mecs de 25% en ces termes : « les
mineurs pris en charge en protection de l'enfance voient leur
développement compromis du fait des situations adverses auxquelles ils
ont été confrontés»50(*).Parmi les enfants pris en
charge à Plein soleil, la prévalence de handicap associé
à leur parcours enfance (dossier MDMPH reconnu ou en cours) est de
41,6%.Mon recueil quantitatif concernant les enfants de Plein soleil le
précise. Je n'ai retenu que des éléments issus de
professionnels compétents à poser un diagnostic. Je m'appuie sur
les différents dossiers MDMPH..., et les bilans. Les bilans cognitifs
testent le QI (WPPS-V, WISC-V, WAIS-IV) ; les bilans neuropsychologiques
évaluent l'attention, la mémoire, les inhibitions
(hyperactivité) ; les bilans orthophoniques recherchent les causes
des troubles langagiers ou écrits et confirment les troubles
d'apprentissage.
Troubles du comportement
|
27,7%
|
Enfants sous neuroleptiques
|
13,8%
|
Suivisen CMP ou en privé
|
55,5%
|
Dossiers MDPH (reconnu ou en cours)
|
41,6%
|
Trouble de l'attention (TDA)
|
19,4%
|
Enfants présentant inhibition et retrait social
|
16,6%
|
Bilans non évaluables51(*)
|
11,1%
|
Enfants perméables à l'excitation
|
16,6%
|
Troubles du langage oral
Dont retard de langage 42%
|
19,4%
|
Troubles du langage écrit
|
19,4%
|
Retard de langage
|
8,3%
|
Déficience intellectuelle
|
5,5%
|
Suivis en orthophonie
|
33,3%
|
Enfants en nécessité d'adaptation ou
enseignement spécialisé
|
35,6%
|
Certains résultats sont dits non évaluables
lorsque les troubles trop sévères gênent la passation du
bilan.
B) Des troubles divers et parfois cumulés.
Les troubles que repère mon recueil sont multiples et
diversifiés ; certains enfants cumulent plusieurs troubles.
Les troubles du comportement s'accompagnent
systématiquement de TDA (troubles de l'attention), avec ou sans
hyperactivité (TDAH), alors que les TDA n'entrainent pas
forcément de troubles du comportement. Au retrait social s'ajoutent
invariablement des troubles du langage ou des retards de langage. Ce dernier
est une incapacité de l'enfant à s'exprimer à l'oral,
alors que le trouble se manifeste par des difficultés dans le
découpage des mots, des inversions de syllabes. Tout enfant ayant des
troubles à l'oral présente des troubles du langage écrit.
Si on observe les bilans dans le détail, la faiblesse
du « stock lexical »51(*) et de
« mémoire au travail »52(*) est massive. Les TDA et ceux
du comportement perturbent le passage à l'écrit et la
scolarité des enfants. En effet, plusieurs bilans relèvent que
les « conflits psychiques liés aux parcours familiaux sont
corrélés aux troubles de l'attention (TDA) ». Les
41,6% de handicap sont uniquement causés par des troubles de
comportement et troubles de l'apprentissage. On comprend la forte proportion de
35,6% d'enfants nécessitant une scolarité adaptée ou
spécialisé (AVS, ULIS,DITEP, IME, etc.).
Les enfants bénéficient de soins ou de prises en
charges spécifiques. En 2017, onze avaient une prise en charge
adaptée due à des troubles du comportement (DITEP, Hôpital
de jour, Centre de jour, Ecole spécialisée), et deux jeunes
bénéficiaient d'un renfort éducatif (PCP).
C) Les troubles d'apprentissage puis de l'attention,
avant-coureurs des troubles de comportement.
Les dossiers des enfants en situation complexe retracent leur
parcours au sein de l'institution, et montrent que tous ont initialement
présenté des troubles de l'apprentissage, suivis quelques
années après de TDA, et enfin de troubles du comportement.
En primaire, les apprentissages sont fondamentaux, les
matières socles, notamment les mathématiques et le
français ne changent pas du CP au CM2. L'enseignant accompagne
véritablement l'enfant au cours de l'année entière.
Dès le primaire, la vie quotidienne des enfants placés est
marquée par une temporalité spécifique (audiences
auprès du juge, visites médiatisées) et des absences
fréquentesqui les désavantagent. A leur admission, certains
paraissent en état de choc, avec parfois des retards de croissance,
incompatible avec l'accessibilité aux apprentissages. Pour certains, la
réponse à leurs besoins fondamentaux sera suffisante
àréinitialiser un parcours d'apprentissage déficitaire
ayant entrainé des retards de développement, des inhibitions
sociales, aphasie, incompréhension, troubles du comportement. Cependant,
demeurent certaines difficultés d'apprentissage figées,
nécessitant progressivement des prises en charge
spécialisées.
A l'entrée au collège, le mode d'apprentissage
change radicalement. Le morcellement des connaissances, la
différenciation et l'approfondissement des matières sollicitent
des aptitudes en alternance. Au quotidien, l'enfant devra être
suffisamment structuré pour trouver des repères, et avoir une
capacité de compréhension plus développée qu'en
primaire. C'est souvent à cette période de transition que les
enfants n'ayant pas encore été orientés vers le handicap
montrent des difficultés prégnantes. En effet, leurs troubles
d'attention et leurs difficultés d'apprentissage ne leur permettent pas
de répondre aux exigences du collège. Cette sensation
d'échec exacerbe leurs troubles du comportement avec des conduites
à risque démultipliées. L'enfant se referme cognitivement
et n'est plus accessible à l'apprentissage. Il décroche, et est
déscolarisé pour le mettre à l'abri et en attente d'une
prise en charge adéquate.
Envahis de ces troubles, leur parcours devient plus complexe,
parsemé d'exclusions, de déscolarisation, de retards scolaires,
et d'adaptation (DITEP, École de la deuxième chance, HDJ...). Si
pour certains, les troubles des apprentissages n'avaient pas encore
nécessité de prise en charge MDMPH, c'est fréquemment
à l'entrée en 6ième que les choses se crispent, les
troubles du comportement justifient alors de passer par un parcours de
handicap. Ces derniersprédominent et occultent les troubles des
apprentissages préexistants. Cela signifie que même si on venait
à canaliser les troubles de comportement, le décrochage scolaire
et les troubles des apprentissages, qui n'ont pas pu être soutenus, ne
permettraient pas à l'enfant de récupérer pleinement ses
chances. Les pertes de chances sont cumulatives : parcours enfance,
handicap (troubles des apprentissages, troubles du comportement) et favorisent
des décrochages scolaires, précurseurs des parcours d'exclusion
repérés en protection de l'enfance. Les enjeux pour ces enfants
dépassent donc le présent, il s'agit de préserver leurs
chances de devenir.
5.3.3 Assurer la prise en compte de la
spécificité des problématiques des enfants
A) Articulation entre le parcours enfance et le diagnostic du
handicap à améliorer
APlein soleil, les professionnels attendent une demande de la
part des écoles, souvent orientée vers les bilans orthophoniques.
Le cas échéant, les bilans cognitifs, neuropsychologiques et
orthophoniquessont essentiellement demandés pour confirmer les troubles
d'attention ou les retards. Le temps de construction d'un enfant placé
est particulier, à son accueil, les retards d'acquisition sont majeurs,
et son parcours traumatique oblige à une période de latence
propice à sa récupération. C'est un temps de
sécurisation, besoin fondamental préalable à tout autre,
puis concomitant aux autres besoins fondamentaux. Cette sécurisation lui
accorde la possibilité de mobiliser ses apprentissages.
Nécessaire, elle lui laisse une possibilité de
récupérer des acquisitions. L'équilibre en la
matière est important, pour donner assez de temps à l'enfant afin
que l'orientation soit à bon escient ; il ne s'agirait pas de poser
un diagnostic trop tôt, ni de trop médicaliser la prise en charge.
La Dr Bourgeaux I.53(*)
dans son étude relève que les enfants s'inquiètent de leur
situation et sont rassurés lorsque les bilans précisent ou
infirment la nature de leurs difficultés. Quant aux professionnels,
craignant d'étiqueter l'enfant, sont réfractaires aux bilans.
Après leur arrivée dans l'établissement, certains enfants
se remobilisent, d'autres peinent à récupérer ou restent
figés dans leurs apprentissages et leur retard de développement,
ceci est impossible à déterminer à priori. Je constate
trois situations récurrentes.
Premièrement, au regard des attentes de l'école
basées sur l'évolution scolaire d'enfants ordinaires, les enfants
de Plein soleil amorcent un différentiel de niveau, qu'ils ne rattrapent
pas suffisamment. Les difficultés des parcours enfance (période
de jugement, modification de garde) accroissent ce différentiel à
mesure qu'elles mobilisent l'enfant. L'apprentissage comme gage d'avenir ne
peut être une priorité en ces moments. Ceci est un terrain
favorable aux décrochages à venir.
Deuxièmement, si les apprentissages ont pu être
partiellement récupérés, ils restent fragiles.
Enfin, je remarque une difficulté supplémentaire
pour les enfants à troubles de comportement associés. Leurs
troubles focalisent l'attention et l'orientation, au détriment d'une
vision fine des difficultés de l'enfant. Je noterais la situation d'un
enfant orienté à mauvais escient en DITEP en lieu et place d'un
IME. Lorsque le WISC fût réalisé les capacités de
l'enfant étaient trop faibles pour être évaluables.
L'enfant est resté déscolarisé durant trois ans faute de
place en IME. Les autorités ont tenté de palier ce manque par un
renfort éducatif, et la pédopsychiatrie a soutenu avec un jour de
DEAT par semaine. Les exclusions temporaires des enfants à troubles du
comportement sont massives et ne peuvent que renforcer leur décrochage,
puis leur déscolarisation. Et ces troubles se manifestent aussi par leur
absence volontaire non programmée au cours qui aboutit aux mêmes
conséquences scolaires.
B) Passages à l'acte et faiblesse du stock lexical
En me référant aux éléments des
bilans, j'ai indiqué que les enfants présentant un trouble de
comportement ont aussi un trouble de l'attention. A ceci s'ajoute à
chaque fois des difficultés dans les épreuves convoquant le
langage avec faiblesse du stock lexical. Le passage à l'acte y est
décrit comme un moyen d'expression quand il leur est plus facile d'agir
pour se faire comprendre que de verbaliser. Les bilans relèvent que
« les enfants se sentent en insécurité »
qu'ils relient aux « manques de moyens efficaces de
communication » (confusion des sons, du sens des mots).
« L'enfant externalise toute l'agressivité que le milieu
scolaire lui fait ressentir ».Ces situations sont
décrites comme un « blocage, des répétitions
et manquements liés au conflits psychiques internes créant des
troubles d'attention sans hyperactivité rendant l'enfant peu
accessible scolairement ».
Une autre situation est celle des enfants dont les bilans
mentionnent un retard de langage oral avec séquelle de la parole et une
inhibition de la pensée. Ceci est compris comme le
« résultat du manque de stimulation dans la petite
enfance ». La notion de seuil lexical ou de stock lexical
pathologique, par rapport à leur tranche d'âge, est
récurrente. Pour expliquer les absences décrites, des bilans plus
approfondis en pédiatrie ont montré que les enfants ne
présentent pas de particularitésexplicatives neurologiquesou
somatiques, telle que l'épilepsie. Effectivement certains enfants
présentent des moments d'absence.
Je relève également la récurrence des
troubles du sommeil dont trois nécessitent un suivi plus poussé
avec un tableau de grande fatigue, en sus de leur trouble d'apprentissage.
Pour finir, alors que les dossiers évoquent le retrait
social des enfants ; ils mentionnent que « certains professeur
ont pu avouer ne pas savoir qui était l'élève B».
Je déplore qu'aucun projet pour l'enfant ne reprenne
ces éléments de bilans, interrogés les professionnels
répondront « on n'apporte pas de soutien, on s'appuie sur les
orthophonistes et le professeur de soutien scolaire ». Je remarque
que certains bilans sont trop techniques pour que leur sens soit accessible et
leurs éléments ne sont pas synthétisés. Il y a
là des marges de manoeuvre significatives à inclure dans le plan
d'action et qui traversent la Gestion Prévisionnelle des Emplois et des
Compétences (GPEC).
L'étude du Dr Bourgeaux I54(*) auprès des enfants
mentionne qu'ils se sentent rassurés par des bilans à même
de qualifier leurs difficultés d'apprentissage. Les enfants
évoquent leur peur face aux incertitudes de leur avenir. J'y
perçois là une demande d'améliorer nos prise en charge
afin qu'ils aient plus de moyens de s'insérer à l'âge
adulte? Les freins ici décrits ont une conséquence majeure sur
les possibilités d'insertion des enfants à l'âge adulte,
ils sont une perte de chance par rapport à des enfants sans parcours
enfance.
C) Vers une amélioration de nos pratiques
d'accompagnement
Les avancées techniquesapportent de nouvelles
connaissances et éléments de compréhension. Elles
précisent et caractérisent les Troubles Spécifiques du
langage et des Apprentissage (TSLA),communément nommés DYS, ainsi
que les TDA avec ou sans hyperactivité. Le repérage et le suivi
sont de plus en plus précoces avec un savoir-faire du
médico-social qui s'est développé vers des
méthodologies de soutien aux difficultés d'apprentissage. Alors
que les parents sont d'ordinaires proactifs, les modalités
d'accompagnement des enfants de Plein soleiln'ont pas encore pris ce tournant,
tandis que les schémas, en l'occurrence celui de la métropole,
nous y invitent. Je me réfère ici à sa fiche action 73
« développer les actions de lutte contre le décrochage
scolaire »55(*) . Deux objectifs opérationnels y sont
indiqués: « développer une logique de
prévention, et de favoriser la cohérence des différentes
interventions et la synergie des actions menées auprès des
jeunes » 56(*) en matière de scolarité. Leur mise en
oeuvre s'y entend comme « la prise en compte des questions de
santé concernant les enfants DYS57(*)... » ainsi que
« l'accroissement de la connaissance » que les
enseignants peuvent avoir de la protection de l'enfance. Le
médico-social est sollicité pour des enfants qui autrefois
n'auraient pas eu de prise en charge. On remarque une
hétérogénéité du public et un glissement des
populations entre le médico-social et le social ; pour les plus en
difficultés le handicap est reconnu par la MDMPH. Au niveau national,
25% des enfants accueillis en Mecs sont ainsi reconnus, alors que le
pourcentage est de 41,6 àPlein soleil. Ce handicap est lié, soit
aux troubles du comportement, soit aux retards massifs des enfants notamment
dans leurs apprentissages. Je remarque que les enfants en situation complexe
sont en difficulté d'intégration (scolaire, sociale), notamment
ceux ayant des troubles de l'acquisition.
Comment améliorer la réponse aux besoins des
enfants qui ont une double vulnérabilité, handicap et protection
de l'enfance, au sein de la MecsPlein soleil ?
La problématique du mémoire porte sur une
réorganisation de l'offre institutionnelle d'une Mecs, pour
répondre à la situation des enfants en difficultés
multiples.
5.4 Du traumatisme à la
résilience assistée
L'enjeu est d'améliorer la trajectoire de vie des
enfants. C'est pourquoi, je développe dans cette deuxième partie
les concepts clés du secteur centrés sur eux. Puis
j'approfondirailes thématiques qui font référence dans
lesaccompagnementsproposés par l'établissement, pour
répondre aux besoins des enfants en situation de difficultés
multiples. Enfin j'exposerai des notions de Management et de la conduite du
changement, qui passent par la culture et son sens en institution.
5.5 Se situer dans
une nouvelle lecture des besoins de l'enfant
5.5.1 Les concepts
d'intérêt supérieur et des besoins de l'enfant comme
fondements des pratiques en protection de l'enfance
A) Intérêts supérieurs et besoins
fondamentaux de l'enfant, principes directeurs de la protection de
l'enfance
La notion d'intérêt de l'enfant s'est construite
en référence au droit international : conférence de
La Haye en 1902, la Convention internationale des droits de l'enfant en
1989...« Replacer l'intérêt supérieur de
l'enfant au coeur de tous les dispositifs de l'aide sociale à
l'enfance »58(*) est présenté comme le premier enjeu de
la politique métropolitaine de protection de l'enfance du «Grand
Lyon ». Il préconise une mise en oeuvre basée sur
«la démarche de consensus autour des besoins fondamentaux de
l'enfant en protection de l'enfance » 59(*).
Principe Directeur dans la loi du 14 mars 2016 relative
à la protection de l'enfance : les besoins de l'enfant font l'objet
de rapports récents comme celui de l'ONPE60(*). En février 2017, dans
un rapport remis à Mme Rossignol L, Ministre des familles, de l'enfance
et des droits des femmes, la Dr Martin-Blachais M-Papprofondit les sept besoins
fondamentaux de l'enfant nécessaires à son développement.
Les besoins peuvent être classifiés en ensemble de besoins, des
« méta-besoins »61(*) qui sont au nombre de trois,
sans lesquels les autres besoins ne peuvent être satisfaits.
· Le besoin physiologique,
· Le besoin de protection,
· Le besoin de construction d'une relation affective avec
l'adulte.
A partir de ces méta-besoins, la Dr Martin-Blachais M-P
observe quatre autres besoins :
· D'explorer et expérimenter le monde, qui est
directement lié au besoin d'apprentissage, et à
l'émergence d'un processus de mentalisation ;
· De cadre et de limites, il sert à l'enfant
à intégrer les codes sociaux, les lois, et à
réguler ses émotions ;
· D'identité, il permet l'insertion dans une
filiation, et l'appartenance à un groupe (une famille ou des
pairs) ;
· D'estime et de valorisation, l'enfant se perçoit
capable de compétences et de relations avec l'autre.
B) Trois besoins constitutifs du méta-besoin de
sécurité
En premier lieu, un enfant nécessite une alimentation
suffisante en quantité (calories journalières) et qualité
(variété des produits). Le sommeil est également une
condition indispensable au bon développement de ses capacités
intellectuelles. Des conditions de température adéquates doivent
être fournies à l'environnement de l'enfant, ainsi qu'une
hygiène irréprochable, afin de lui éviter des
problèmes sanitaires. De manière globale, l'enjeu des besoins
physiologiques de l'enfant est celui du maintien du corps en vie et en bonne
santé. Je relève ici la vulnérabilité des enfants,
en l'occurrence Zibri62(*)
accueilli amaigri, aux traits émaciés, tenaillé par la
faim, et le petit Mathias, 7 ans, nourri exclusivement de sucreries auxdents
gâtées, laissant apparaître un sourire
édenté.
Ensuite l'enfant requiert deux types de protection
majeure : la protection contre les violences physiques, sexuelles,
psychologiques, et l'exposition à la violence conjugale et
négligence. La protection liée à l'environnement, qu'il
soit extérieur ou domestique, peut représenter un danger causant
des blessures ou préjudices. La fresque des maltraitances
infligées aux enfants de Plein soleil m'a renvoyée à leur
vulnérabilité. Approfondir certaines questions a
été une démarche préalable, pour saisir les
spécificités d'une Mecs et situer mon rôle de Directrice de
Plein soleil.
« Comprendre comment on peut souffrir dans une
famille, nous éclaire sur les liens puissants qui nous attachent
à nos parents, à nos grands parents, à nos frères
et soeurs »63(*). La théorie de l'attachement64(*) explique la
nécessité pour un enfant d'être entouré par un
« caregiver », c'est à dire une personne
adulte qui a le sentiment d'être responsable de son bien-être et de
son éducation. Il s'agit de quelqu'un dont les soins ne sont pas
uniquement portés sur les aspects physiques. Le corps de l'enfant est en
effet un corps sensible, dont l'attention du «
caregiver » génère la conscience de
lui-même et son autonomisation. Selon Bowlby, l'attachement donne
à l'enfant un sentiment interne qui l'autorise à
s'éloigner et à explorer son environnement ; c'est ainsi
qu'attachement et développement de l'enfant sont directement
liés. Selon Winnicott65(*), le« holding » (portage)
et le « handling » (maniement, touché) de
l'adulte soutiennent le bébé physiquement, il ne peut ni tomber
ni être écrasé par la gravité, et psychiquement au
sens où« porté, le bébé peut
évoluer à hauteur d'homme », et donc
développer ses compétences. C'est ce cadre qui permet à
l'enfant de s'organiser psychiquement.
Ces trois besoins précités sont
repérés par la Dr Martin-Blachais M-P.comme constitutifs du
méta-besoin de sécurité. Ils forment un prérequis
à la satisfaction des besoins suivants.
C) La satisfaction des besoins inféodés
à la sécurité
L'expérimentation du monde et son exploration
permettent à l'enfant de se développer au niveau moteur,
créatif, verbal, et cognitif. L'activité physique
développe la masse musculaire, et la coordination des mouvements. La
manipulation, l'assemblage sur différents supports développent la
créativité. L'immersion dans un environnement verbalement
stimulant permet d'acquérir le sens des mots et la capacité
à les restituer. Enfin les capacités spatio-temporelles, le sens
des couleurs et des formes, le calcul, le raisonnement et la
catégorisation sont développées par une stimulation
cognitive adéquate. Le manque de stimulation de Mathias, pour reprendre
sa situation, le laisse sans voix, mutique. La parole lui était
étrangère et ce n'est qu'après quelques mois à
Plein soleil qu'il commence à verbaliser.
L'enjeu du besoin de cadre et de limites est celui de
l'acquisition de codes et de valeurs sociales, qui permettent l'adaptation et
l'insertion sociale de l'enfant. Il concerne aussi la capacité de
l'enfant à s'autoréguler sur le plan émotionnel et
comportemental. Ce besoin de cadre est donc fondamental au devenir de l'enfant
dans la société.
Le sentiment d'identité permet à l'enfant de
ressentir une filiation, une appartenance à un groupe (une famille ou
des pairs). De plus, il développe la conscience de soi et des autres,
ainsi que l'adhésion à des valeurs.
Un enfant, pris en charge par la protection de l'enfance, vit
des choses spécifiques dues aux traumatismes, au besoin de
sécurité qui peut être compromis, à la
séparation et au placement. Lorsqu'y est associé un handicap, la
« vulnérabilité » est
« double » et requiert « une
approche multidimensionnelle intégrant les acteurs du secteur
médico-social pour une complémentarité, une
cohérence et une coopération »66(*).
5.5.2 La résonance des troubles
du comportement et des déficiences dans les situations de protection de
l'enfance
A) La classification des TC
La classification internationale des maladies
révisée pour la dixième fois, CIM10 code l'ensemble des
maladies, signes et symptômes....Publiée par l'organisation
mondiale de la santé, elle classifie les troubles émotionnels, et
mentionne « que la dyslexie accompagne souvent les troubles
émotionnels et les perturbations du comportement pendant l'âge
scolaire ». Cette notion d'accompagnement suppose une
hiérarchie entre eux. Quant à la classification française
des troubles mentaux de l'enfant et de l'adolescent, la CFTMEA-R-2000, elle,
les « associe », et « suggère
davantage un complexe dans lequel l'un ne serait pas nécessairement la
cause de l'autre »67(*). Selon le rapport « Dyslexie,
dysorthographie, dyscalculie, Bilan des données
scientifiques » de l'INSERM (2007)68(*), il existerait une relation
entre les troubles spécifiques d'apprentissage et les troubles
émotionnels. Ces derniers s'externalisent le plus fréquemment par
une hyperactivité et un déficit de l'attention. Il y a une
logique cohérente entre ces troubles, avec la coprésence
symptomatique de troubles émotionnels et d'apprentissage.
La CIM 10 définit précisément les
troubles mentaux. Ils comprennent à la fois les troubles
émotionnels et comportementaux. Dans cette classification, F 92
correspond aux « troubles mixtes des conduites et troubles
obsessionnels ». F 93, « les troubles
émotionnels apparaissant spécifiquement dans
l'enfance », est en lien avec des troubles du
développement, où l'anxiété, voire la phobie, sont
prégnantes. On y retrouve « l'angoisse de
séparation », « les troubles anxieux
phobiques », « l'anxiété
sociale » concernant les « situations nouvelles,
inhabituelles ou inquiétantes ». F 94,
« les troubles du fonctionnement social apparaissant
spécifiquement dans l'enfance et l'adolescence », est en
lien avec les troubles de l'attachement. Dans celui-ci « les
troubles réactionnels de l'attachement de l'enfant
(...), caractérisés par la présence d'anomalies
persistantes du mode de relation sociale de l'enfant, sont associés
à des perturbations émotionnelles, et se manifestent à
l'occasion de changements dans l'environnement (exemple :
inquiétude et hyper vigilance, réduction des interactions
sociales avec les autres enfants, auto ou hétéro
agressivité, tristesse, et dans certains cas, retard de
croissance) ». F 94 intègre aussi « les
troubles de l'attachement de l'enfant avec
désinhibition ». F 95 concerne les enfants
présentant des « tics ». La CIM 10
précise également l'expression somatique et/ou comportementale
des troubles émotionnels notamment par
« l'énurésie »,
« l'encoprésie »,
« l'angoisse de séparation »,
« les troubles du sommeil », « les
troubles des conduites alimentaires »...
B) La question des traumatismes
Plusieurs enfants accueillis, présentant des troubles
du comportement,ont un parcours particulièrement traumatique. Plein
soleil est une petite structure historiquement chaleureuse et accueillante
à l'égard des enfants, dont les orientations de travail avec les
parents sontconnues des partenaires. C'est pourquoi les services de l'enfance
orientent à dessein certains enfants69(*). Ainsi on peut noter l'état des enfants au
regard d'un parcours de vie particulièrement traumatique.
L'effroi et l'angoisse vécus par certains enfants
restent majeurs, à tel point que leur plasticité relationnelle ne
leur permet pas de se projeter dans un ailleurs plus serein. Ils semblent
figésparleur histoire. Par le stress qu'elle a
généré en eux, ils vivent un réel
empêchement. Kevin, complétement déscolarisé depuis
ses huit ans, est cependant instruit et vif d'esprit. Il sait parfaitement lire
et écrire, totalement autodidacte, et sait être observateur de
l'homme d'entretien, alors qu'il a un contact froid et sauvage. Il a
survécu à une tentative de noyade de la part de son père,
et à d'autres atrocités. Il présente des troubles du
comportement majeurs (pousse les adultes dans le dos devant un escalier, se
présente à l'école avec un couteau pour faire Allah Akbar,
tend ses mains vers les guêpes avec fascination et insistance). L'effroi
qu'a pu générer son milieu lui vaut à juste titre au sein
de l'institution un statut de victime. Mais si l'on reprend les propos de
Cyrulnik B, positionner en tant que victime prive l'enfant de la
possibilité (très coûteuse) de tisser du lien par la
culpabilité « Souffrir de culpabilité, c'est se
donner la preuve que l'on est pas un monstre. C'est planter en soi l'intime
conviction d'être profondément moral »70(*)... Les enfants privés
de responsabilité développent difficilement un sentiment
éthique. À mon sens, pour cet enfant (comme pour d'autres), la
violence traumatique est si inexorable qu'elle peine à être
repensée pour lui et pour l'institution. Je pense ici notamment aux
violences sexuelles. A 12 ans, il a déjà été de
nombreux mois en hôpital psychiatrique, la prise en charge
renforcée avait été prévue en amont de son accueil,
sous réserve d'un adossement à un hôpital de jour. Les
violences de Kevin à l'égard du personnel de l'hôpital de
jour n'ont pas permis le maintien de cet étayage. Chaque semaine, les
dégradations sont financièrement coûteuses. Kevin alterne
dans la même journée froideur relationnelle, collage affectif et
explosion. Après plusieurs mois de recherche de solutions, le retrait
des partenaires a précipité la décision d'arrêter
l'accueil de Kevin à Plein soleil.
Pour la jeune Mathilde, un expert des tribunaux a initialement
décrit un tableau clinique de déficience intellectuelle, avec
retard du langage. Cette enfant a échappé à la mort, suite
à un délire de sa maman atteinte d'une schizophrénie non
stabilisée par les traitements. Leparcours de cette jeune montre des
troubles du comportement particulièrement dangereux
(pulvérisation de javel au visage d'une éducatrice), mais
également comportements autodestructeurs avec tentative de suicide. Il
est remarquable de voir l'évolution de cette jeune fille au fil des
années. Mathilde a bénéficié d'un suivi
orthophonique, mais son effroi empêchait sa mise au travail. Tenant
compte de cela, la professionnelle dut faire précéder chaque
séance d'un temps de relaxation, pendant plusieurs années. D'une
enfant diagnostiquée « déficiente
intellectuelle », elle a repris un développement
intellectuel progressivement suffisant pour présenter un Bac
professionnel. Son potentiel personnel l'a poussée à voyager.
À ses dix-sept ans, le juge a levé le placement pendant un mois,
lui permettant de faire un long courrier, financé par son père.
Néanmoins, elle garde des séquelles profondes, notamment au
niveau de ses troubles.
Quant à Emilio, il est décrit comme
éloquent. Son contact très vif, très intelligent, peut
parfois mettre les équipes en difficultés. De plus en plus envahi
par ses pensées et sa logorrhée, il peine véritablement
à trouver sa place et passe par des actes impulsifs. Il laisse perplexe
par sa grande intelligence et son instabilité. Les responsables du
collège et les éducateurs se questionnent sur un
allègement de sa scolarité, tandis que les professeurs s'y
opposent au motif de ses capacités.
C) Le développement contrarié des enfants
Si l'on reprend ces situations et que l'on étudie les
évènements au sein de l'institution, le changement d'attitudes
brutal, radical des enfants ayant un trouble du comportement, cueille les
équipes, les déstabilise, rendant les situations
« déconcertantes »71(*), excessivement difficiles
à gérer, car imprévisibles, et parfois non
décodables même avec l'appui de l'analyse de la pratique et les
réunions d'équipes. Ce qui ressort des entretiens avec les
professionnels, ce n'est pas tant leur difficulté à gérer
la récurrence ou l'ampleur des passages à l'acte, mais leur
caractère d'imprévisibilité. Les équipes s'en
disent déconcertées malgré leur engagement.
Une professionnelle indique que les enfants à troubles
du comportement « sont parlants d'intelligence, et de
compréhension de choses qui dénotent au sein du
groupe ».
Avec le passage à l'acte et les troubles de
l'attachement, les enfants manifestent aussi une sorte d'envahissement des
pensées. Ils sont toujours sur le qui-vive, parfois hyperactifs, avec
difficultés voire TDA. Ces enfants là sont précoces, c'est
à dire avec des domaines où leurs capacités sont nettement
supérieures à la moyenne, pourtant sans haut potentiel (le haut
potentiel implique une homogénéité des aptitudes dans tous
les domaines). La psychologue relève cette contradiction, et me rejoint
dans mes deux hypothèses, à savoir que certains enfants
présentent des troubles du comportement en réaction à leur
haut potentiel contrarié par leur parcours, et que d'autres enfants
voient leur développement et capacités d'apprentissage
atrophiés.
Depuis 1989, les travaux scientifiques de Ashman, Bremer et
Calder72(*), portant sur
les conséquences cérébrales des dysfonctionnements
parentaux importants et durables, révèlent pour l'enfant une
élévation anormale et chronique de son taux de cortisol sanguin,
entraînant une atrophie du système limbique dont l'hippocampe. En
perpétuel stress, cette atrophie se traduit par une diminution de 10
à 15% de neurones. Cyrulnik B.parle de « perte des
apprentissages »73(*) due au trauma. Les déficiences intellectuelles
retrouve un coefficient intellectuel significativement inférieur
à la moyenne, en ceci elles se distinguent des troubles des
apprentissages et de la communication. Hodapp et Dykens appuient l'idée
de l'importance du contexte social avec une
« surreprésentation de la déficience intellectuelle
associée à un manque de stimulation » et
« un dépistage tardif dans les milieux
défavorisé »74(*). Si le QI des enfants est stable toute la vie,
ceux-ci peuvent développer des compétences adaptatives en faveur
d'une vie autonome.Bien entendu, pour certainsles déficiences et
troubles peuvent être préexistants à leur
vulnérabilité d'enfant à protéger, et
réclament donc finesse et délicatesse dans toutes observations.
On vient donc de voir que les diagnostics montrent que certains jeunes
concernés par les troubles du comportement et d'attention étaient
potentiellement précoces, alors que d'autres dont l'évolution du
développement aurait dû être ordinaire présentent une
déficience. Quelle réponse apporter à ces deux
développements contrariés ?
5.5.3 Hypothèses concernant les
causes des troubles observés et les méthodologies alternatives
pour y faire face
A) Effets du manque de stimulation et pistes d'action
39 % des enfants de Plein soleil présentent des
difficultés scolaires. Un mémoire d'une élève
éducatrice spécialisée observe que « cet
échec est le résultat d'un manque de stimulations précoces
et d'un esprit tant encombré par leurs histoires personnelles tel qu'il
ne leur reste que peu de place pour les apprentissages. Cela
génère chez eux des problèmes de
concentration »75(*). Cette observation, qui relie les difficultés
des enfants à un manque de stimulation précoce, est
partagée par les professionnels avec lesquels je me suis entretenue.
Ainsi ils s'expliquent, pour partie, la « difficulté des
enfants à entrer en lien », « leur
socialisation ordinaire mise à mal »,
« leurs comportements sociaux inadaptés lorsqu'ils entrent
en relation avec leurs pairs ». Les projets personnalisés
relèvent les « difficultés des enfants à
jouer », « leur
isolement », « leur errance »,
« des comportements d'auto éviction ». Ces
enfants, dont les stimulations n'ont pas été suffisantes ou ont
été inadéquates, grandissent avec une difficulté
à jouer, étant reliés à leur ressenti. Spectateurs
du plaisir que devrait leur procurer le jeu, ils éprouvent de la
tristesse, de la frustration, de la colère, jusqu'au passage à
l'acte qui devient un moyen d'exprimer leur décalage. C'est ainsi que je
comprends (pour partie) les multiples exclusions scolaires issues de
comportements trop violents sur les temps d'intercours, mais aussi certains
événements graves àPlein soleil. Outre les troubles du
comportement énoncés ci-dessus, les effets
délétèresdu manque de stimulation concernent
également les enfants en retrait social et ayant des retards de langage.
Un travail de réflexion, autour d'une stimulation active par le jeu et
la créativité, demande actuellement beaucoup plus
d'investissement de la part des équipes.
B) Repérer les fonctionnements particuliers des
enfants
La Dr Bourgeaux I. relève que « la
protection de l'enfance connaît la protection de l'enfance, le handicap
connaît le handicap, l'éducation nationale connaît surtout
l'éducation nationale »76(*). Selon le CREAI Auvergne-Rhône-Alpes, en
situation de handicap il faut articuler les interventions professionnelles,
pour les adapter aux stratégies développées autour de
l'enfant par les parents. Sans cela, nous « participons à
l'adversité et condamnons à
l'inefficacité »77(*). Il faut donc renforcer notre identification des
logiques en présence et des besoins de chacun, afin que les parents
puissent solliciter, de façon
« ciblée » et adaptée, les bons
dispositifs. Cette démarche de « diagnostic des
stratégies familiales d'ajustement aux situations
handicapantes »78(*) pourrait s'étendre à une
démarche de diagnostic et d'ajustement des stratégies de
l'ensemble des acteurs autour de la situation de l'enfant.
Les apprentissages des enfants àPlein soleil doivent
être entretenus et élaborés avec une connaissance fine du
fonctionnement de chaque enfant, et des dispositifs dans lesquels ils sont
intégrés. Ce saut qualitatif ne permet plus à la Mecs de
rester sur son prérequis : offrir un chez soi. La réflexion
autour des espaces privés, de respect de l'intimité et de la
sécurité, celle autour de l'accompagnement doit s'ouvrir, afin
d'assurer une continuité à l'enfant. C'est là un
changement de culture. Pour se faire, il faudra développer des
compétences d'équipe à la vision pédagogique
transversale du médico-social (formations, rencontres). Les
compétences recherchées seront en fonction des enfants : de
leurs troubles cognitifs spécifiques et des troubles d'apprentissages
qu'ils induisent (dyslexie et dysorthographie, dysphasie, dyspraxie, TDA avec
ou sans hyperactivité, troubles spécifiques du
développement mnésique, dyscalculie). Les objectifs seront de
comprendre les troubles et les méthodologies à mettre en place,
de connaître les champs d'actions sur lesquels on peut travailler au
quotidien, savoir quelles activités privilégier, se créer
des outils concrets, trouver des jeux adaptés. Cette démarche
sera à réitérer pour les enfants intellectuellement
précoces, ceux en retrait social ou aux troubles du comportement. Elle
ne peut se faire seule, cela nécessite une grande ouverture aux
partenaires avec du Benchmark, et de trouver des personnes ressources
(orthophonistes...) et des associations spécialisées (centre
ressource, PSYRENE79(*)).
C) Construire un lien avec l'enfant en s'appuyant sur des
ressources, internes mais aussi externes
Il nous faut apaiser le lien en conjuguant le soutien aux
équipes, et en les recentrant plus encore autour de l'enfant. Pour
compenser le manque de moyens, la vie des enfants en établissement doit
être pacifiée par les liens qui s'y construisent. Il y a en la
matière un possible inexploré : le bénévolat,
celui des enfants et celui à l'intention des enfants. Aller les
chercher, les formaliser, les animer est une démarche constructible. La
complexité des situations évoquées ne saurait se contenter
de se centrer sur les jeunes. En guise de réponse, je dirais qu'il faut
impliquer familles, professionnels institutions, partenaires, autorité
de financement. Tout ce qui est de l'ordre de l'interaction concernant la
situation des jeunes est à discuter.
Renforcer les plans de compensation personnalisés:
Il s'agit de prendre en compte la « double
vulnérabilité à effet cumulatif »80(*). Ceci implique une meilleure
connaissance de la spécificité des besoins des enfants du fait de
cette vulnérabilité,afin de construire ce plan de compensation
personnalisé. Deux des fiches actions présentées dans le
rapport de laDr Martin-Blachais M-P vont en ce sens :
-« Améliorer les connaissances sur les
déterminants de santé des enfants en protection de
l'enfance »81(*)
-« Mettre en place un partenariat auprès
d'un organisme de recherche rattaché à un établissement
d'enseignement supérieur pour guider les
équipes »82(*)
-Il est également possible de s'appuyer sur la PMI, sur
le modèle de la recherche action menée en Haute Savoie par la Dr
Bourgeaux I.
Concernant les troubles du comportement liés à
la sexualité :
Il y ceux qui ne relèvent pas de la justice, qui sont
le fait de la découverte de soi-même ou d'autrui, alors que le
parcours de vie a pu modifier les repères des enfants.
D'autres relèvent de la justice, un seul suffirait
à percuter le parcours des enfants, auteurs et victimes,ainsi que
l'institution à tous ses échelons, avec une résonance
particulière pour les enfants, les professionnels éducatifs, les
cadres, les familles et les autorités de tarification. Sur ces troubles,
un travail de prévention me semble indispensable. Il serait souhaitable
de solliciter des interventions de la PMI et des CPEF, ou des collectifs
d'éducation, qui interviennent dans les collègesdeux fois par an,
et avec la possibilité pour les enfants de s'entretenir sur leurs
situations avec ces interlocuteurs. Il existe également des formations
(DU) qui pourraient intéresser nos professionnels. Notons que certains
élèves de sections adaptées (CLIS) ou
d'établissements spécialisés (DITEP) ne
bénéficient d'aucunenseignement sur l'intimité et la
sexualité,contrairement au collège.
5.6 Les courants
mobilisables
5.6.1 De la résilience à
la résilience assistée
A) Concept de résilience
« Il faut frapper deux fois pour faire un
traumatisme »83(*). D'après Cyrulnik B84(*), une blessure s'inscrit dans
l'histoire d'un enfant en deux temps. Le premier, dans le réel, et le
second dans la représentation du réel. C'est à dire que le
premier temps est celui de la douleur de la blessure, le second temps est celui
de l'abandon et de l'humiliation dans la représentation du réel.
L'auteur ajoute que c'est le second temps qui est « une
brèche dans le développement de la
personnalité »85(*). Ainsi, le travail éducatif consiste à
modifier la représentation que l'enfant se fait de sa blessure,
notamment par des techniques de médiation artistique ou par la parole.
Selon Ionescu S., la résilience se définit comme
un « processus qui fait que, face à l'adversité,
face au traumatisme, des individus, des familles, des groupes humains s'en
sortent et ne présentent pas de troubles
psychiques »86(*). Pour O'Dougherty, Wright et Masten, le concept de
résilience aux enfants ayant vécu un traumatisme se
réfère également aux situations
« d'adversité chronique »87(*), telles que l'absence de
domicile fixe, maltraitance infantile ou carence affective, violence politique
et sociale, situation de grande pauvreté, etc. L'un des enfants de Plein
soleil a, par exemple, été accueilli, car sa situation de vie
dans une voiture avec son père dépendant à l'alcool
altérait son développement, physique et intellectuel.
Globalement, une personne non résiliente reste
enfermée dans sa blessure, développe des troubles psychiatriques,
ou des retards de développement. Tandis qu'un enfant résilient
modifie son parcours de vie, sans que la blessure le détermine.
« Il n'y a pas de réversibilité possible
après un trauma »88(*), mais l'enjeu véritable est de transformer ce
trauma pour aboutir à une reconstruction de soi.
Pour Cyrulnik B, un enfant ne peut être résilient
tout seul, il nécessite un tuteur de développement, par lequel il
découvre une autre manière de s'attacher et reprend son
évolution. Pour cela, l'existence d'un triangle affectif est
indispensable, d'où l'importance de la place des pères dans les
familles ordinaires. Cependant, le tuteur peut se situer en dehors de la
famille, à condition que son monde intime s'articule avec le mode
d'attachement de l'enfant en difficulté. Ainsi le rôle des
éducateurs est légitime car « des attachements
multiples pourraient donc augmenter les possibilités de
résilience. »89(*)
Également, il est important de souligner la
variabilité des traumatismes. En effet, aucune prévision ne peut
être faite des effets d'un traumatisme particulier sur un individu.
« Trois plans entourent la possibilité de
résilience :
· L'acquisition des ressources internes dès
les premières années, au cours des interactions précoces
préverbales ;
· La signification apportée au premier coup
expliquant les effets du second coup ;
· La possibilité de rencontrer des tuteurs de
résilience, des lieux d'affectivité et de
parole»90(*).
« Sur cette notion de parole, l'accompagnement
éducatif, envers des jeunes aux problématiques comportementales
et émotionnelles qui démontrent une difficulté de parler
de soi, révèle un paradoxe qui voudrait que les éducateurs
encouragent verbalement l'expression de soi aux enfants dont l'estime desoi et
la relation à l'autre dysfonctionnent »91(*). Antonio DAMASIO explique que
« les émotions se manifestent sur le théâtre
du corps, les sentiments sur celui de l'esprit, ajoutant que le langage,
apanage du « cerveau rationnel » n'est pas la
meilleure voie d'accès au « cerveau
émotionnel »92(*). La résilience ne doit pas, par
conséquent, se penser uniquement autour de la parole, mais aussi du
corps. Les médiations proposées doivent ainsi s'articuler autour
de plusieurs axes : corporel, artistique, langagier.
B) Concept de résilience assistée mis en
pratique
L'évolution des connaissances, du neuro
développement et de la plasticité cérébrale,accroit
la responsabilité des Mecs en matière de développement des
enfants. La première étape pour assister la résilience des
enfants notamment liée aux apprentissages est d'identifier les
défis et les soutiens nécessaires, pour instaurer des facteurs de
protection à son égard.
· Les « défis personnels et
environnementaux »93(*) sont initialement concernés. Les défis
personnels comprennent la qualité des interactions sociales (ici
prioritairement marquées par des inhibitions ou par des passages
à l'acte) et de la communication (ici freinée par la faiblesse du
stock lexical..). Constitués de facteurs externes, les défis
environnementaux se composent de ce qui fait frein à l'apprentissage et
l'évolution des compétences de l'enfant. On peut y trouver
l'environnement bruyant de la Mecs, des supports de communication scolaires
centrés sur des apprentissages écrits, accès réduit
à des pairs extérieurs à la Mecs, le turnover des
intervenants au sein de la Mecs.
· Les « soutiens »94(*) sont des ressources
personnelles (goûts, aspirations, forces) environnementales, utilisables
en faveur des apprentissages. Parmi les « ressources
environnementales », on trouvera les modifications et adaptation
éducationnelles nécessaires à assurer la réussite
de l'enfant.
S'ensuit « une hiérarchisation des
objectifs d'enseignement »95(*), partant de ce qui pourrait être une balance
entre facteurs de risques et de protection, il s'agit de réaliser un
plan d'action déterminé visant à instaurer une dynamique
de réduction des risques, et favoriser un processus de protection. Il
s'agit là d'une intervention dite de résilience
assistée96(*).
C) Les fondements de la résilience assistée
chez un enfant dont le développement a été
désorganisé, ou retardé
Lorsque le développement de l'enfant est mis à
mal, l'intervention précoce est la « première
clé de résilience assistée »97(*). La stimulation de l'enfant
est un travail de prévention d'un retard ou d'une désorganisation
plus grave. Construire un ensemble d'interventions, les réajuster aux
besoins de l'enfant, engager les compétences parentales,facilite la
résilience. Pour se faire, les professionnels doivent être
sensibles aux caractéristiques cognitives et expressives des enfants,
afin que l'environnement que représente Plein soleil soit source
d'interactions en faveur du développement de l'enfant. Il peut s'agir
aussi d'imbriquer les apprentissages dans des séances de jeux, de
partage, de s'appuyer sur le rapport à la nature ou l'animal.
L'organisation de randonnées confronte à la notion d'effort
où il faut persévérer pour évoluer. Les sports
d'équipes travaillent la complémentarité. L'animal
sensibilise à l'écoute et l'adaptation à l'autre. L'emploi
de l'humour a fait l'objet d'un programme d'étude en 2010 par IONESCU S.
Celui-ci a pu vérifier « l'impact sur l'acquisition
d'habileté interpersonnelle, telles que la communication, la
résolution de problèmes, et l'expression adéquate des
émotions »98(*).
5.6.2 L'école Palo Alto, la
notion de changement et de résolution de problèmes
appliquée à Plein soleil
J'ai tenté d'examiner les problématiques de
l'établissement Plein soleil, guidée par les théories
développées par l'École de Palo Alto, avec les
écrits de Watzlawik P99(*).
A) « Changement » et
« homéostasie »100(*) de Plein soleil
Les problématiques que j'aborde laissent
apparaître « un phénomène de permanence
» qui se retrouve dans « les systèmes
circulaires », fonctionnant par
« éléments en interaction ». Et
être en interactionest le coeur même d'une institution commePlein
soleil. Cependant ces systèmes en interaction favorisent le risque d'une
« homéostasie» où les changements
génèrent un « résultat
identique »101(*) avec une
« rémanence » ou
« permanence » des problématiques. Ils
sont classifiés : changements de type 1.
Une institution est un espace sectorisé, oùles
réponses des équipes aux problématiques des enfants sont
le plus souvent un changement « des conduites diverses, issues d'un
répertoire limité de comportements possibles, composées
selon des séquences différentes, pour aboutir à des
résultats identiques»102(*).La répétition évidente des
comportements entre professionnels et enfants s'apparente à une danse
où chaque pas de l'un appelle le pas de l'autre. Ce cercleentourant les
enfants peut être élargi,incluant parents et partenaires. Le
mouvement sur la piste est « un modèle
général qui ne se modifie jamais »103(*). Dés lors, il ne
donne pas à l'enfant la possibilité de changer, car dans ce
modèle, la « logique initiale perdure ».
Voyons quelques illustrations des changements de type 1. Au
sein de Plein soleil, lorsque un professionnel, dont l'équipe se plaint,
démissionne ou s'arrête pour maladie, on pourrait croire que son
absence participerait à apaiser des tensions. Finalement non, car
l'insatisfaction se reporte sur un autre collègue, qui devient à
son tour « porteur problème ». De
même lorsqu'un enfant est amené à quitter l'institution, le
malaise ressenti est exprimé par un autre enfant.
Ce qui est mis en oeuvre, pour améliorer le bien
être de chacun et de tous, n'empêche pas l'émergence des
situations problématiques. Ces phénomènes issus de
changement de type 1 sont fédérateurs de l'ensemble.
Watzlawick évoque un autre changement, celui de type 2,
qui permet le passage d'une logique à une autre et « se compare
à une mutation, un saut, une discontinuité, une transformation
»104(*). En
qualité de directrice, il me semble utile de savoir situer ce qui, au
sein de l'institution ou de l'association, relève d'un changement de
type 1 ou 2.
Améliorer la prise en compte de la
spécificité des enfants relève d'un changement de type 1.
Travailler autour du projet d'établissement est également un
changement de type 1, il aura la particularité d'améliorer la
qualité de l'accueil et de créer un terrain favorable aux
évolutions de l'institution de type 2.
Décloisonner lessecteurs, social et
médico-social, requiert un travail de déplacement dans le
positionnement des équipes, et dans celui de l'institution qui
relève d'un changement de type 2. La stratégie de
développement associatifaboutira à un changement de type 2.
B) La démarche de « résolution de
problème »
Palo Alto mène aussi une réflexion sur la
démarche de « résolution de
problèmes » 105(*). Celle-ci est cherchée au coeur d'un
changement de types 1, qui comme je l'ai explicité,ne changera pas le
problème général ou risquerade l'aggraver. Ainsi,lors de
réponses aux passages à l'acte par une contention, l'enfant
contenu est protégé de son excès de violence, mais peut se
marquer ou marquer l'éducateur. En l'absence de reprise fine par
l'éducateur, le lien à l'enfant peut être interrompu.
L'idée est qu'au lieu d'apaiser l'enfant, l'apaisement ne sera que
temporaire, et cette réponse n'en sera que source de conflit propre
à faire émerger d'autres passages à l'acte. Je dois donc
veiller au sens de cette pratique, et à son utilisation judicieuse,
notamment par des formations spécifiques... Un autre modèle de
réponse, en cas de conflit d'équipe ou de conflit entre enfants,
est celui de « l'évitement mutuel »ou de
« l'éloignement » par des changements de
groupe. Cet apaisement ne génère aucun processus de changement de
la situation. Issu d'un changement de type 1, ces modèles ne sont que
préparatoires au changement de type 2 qui permettra de faire
évoluer les logiques du système relationnel.
Voyant que les réponses institutionnelles n'apportaient
pas le changement escompté, les équipes, éducatives et
cadres, ont été formées au premier niveau de
l'école Palo Alto. Quelques éléments de
compréhension des situations commencent à émerger dans la
perception des situations. Néanmoins, l'absence de niveau deux et
l'arrêt d'analyse de situations, avec un consultant
référent Palo Alto, n'ont pas permis aux équipes une mise
en oeuvre suffisante. Elles n'ont pu trouver des changements de type deux pour
modifier l'interrelation avec les enfants en situation de difficultés
multiples.
L'éloignement du domicile familial par le placement de
l'enfant est une réponse qui est de nature à modifier
l'interaction familiale (changement 2). À mesure de l'avancée du
placement, une partie des enfants vont de mieux en mieux. L'éloignement
et le travail avec les parents améliorent la relation des enfants, et
favorisent leur mieux être. Le café des parents, les visites
à domicile, les liens dans le cadre de l'exercice de l'autorité
parentale sont des supports pour de nouvelles interactions. Pour une autre
partie des enfants, l'éloignement n'a pas apporté le changement
attendu. Les modalités de relation parents enfants sont restées
sur les mêmes logiques, et l'enfant demeure au coeur des
problématiques parentales. L'éloignement n'a pas
été support à une modification de l'exercice de la
parentalité. La fonction de la Mecs est alors plus limitée
à une mise à l'abri physique. Pour Tahil et Medior,
l'hospitalisation du papa ne connaitra pas de fin heureuse et la maman restera
à l'étranger. Cette fratrie, bien que mise à l'abri,
gardera ces émotions et ce qu'elles génèrent. Parfois,
l'étreinte pathologique se joue à distance de façon aussi
soutenue qu'auparavant. Le changement 1 rend la situation supportable
alors que « seul un changement deux peut apporter une
solution » 106(*).
C) « Double contrainte » et
« recadrage »107(*)
Parfois, l'enfant placé en Mecs se trouve au coeur de
« double contrainte », interne à
l'institution et à la relation institution/parents. À Plein
soleil, les divergences éducatives et le contexte de turnover produisent
des discontinuités éducatives, voire des paradoxes
éducationnels, notamment sur la sanction. Il est fréquent
qu'éducateurs et parents n'aient pas les mêmes repères,
laissant l'enfant dans un entre-deux fait de représentations
différentes de ce que l'on attend de lui. Cette « double
contrainte » dans « l'enchevêtrement des
règles et des habitudes »108(*),développée par Bateson, est
particulièrement inconfortable, au point de pénaliser la
sérénité et le développement de l'enfant. Les
difficultés entre école et institution peuvent aussi
générer des « doubles contraintes ».
L'institution, bénéficiant d'une connaissance de l'enfant, de son
parcours et des incidences de la protection de l'enfance (régulée
par des jugements, vie institutionnelle),est en mesure d'adapter son
accompagnement. De son côté, l'écoleayantune vision
partielle de ces éléments module ses attentes d'une façon
globale, parfois à contre temps du vécu de l'enfant. L'accord,
avec les établissements scolaires, n'est pas toujours à l'unisson
des possibilités des enfants et de la Mecs.
L'école Palo Alto suggère qu'un problème
puisse,par un changement de perspective, trouver une
solutionnommée« recadrage», appuyéepar
l'idée du Philosophe Epictète : « ce ne sont
pas les choses qui troublent les hommes, mais l'opinion qu'ils en
ont »109(*). La démarche consiste
à « modifier le point de vue selon lequel une
situation est vécue, en la plaçant dans un autre cadre, qui
correspond aussi bien, ou même mieux, au fait de cette situation
concrète, dont le sens, par conséquent, change
complètement »110(*). J'effectue un recadrage conceptuel lorsque j'aborde
les enfants en situation de difficultés multiples sous l'angle d'enfants
précoces au développement contrarié, et celui d'enfants au
potentiel ordinaire empêché jusqu'à la déficience.
Concrètement, leur situation reste inchangée, mais le
mécanisme du recadrage modifie le sens accordé par les
équipes éducatives et donc la réponse apportée
à leurs besoins, notamment la recherche des potentialités des
enfants. Cettemanière de concevoir les troubles de comportement et
troubles d'apprentissage par rapport aux caractéristiques cognitives des
enfants réclamele renforcement d'un étayage
qualitatifétendu aux difficultés d'apprentissage. Elle appuie la
recherche de méthodologie ayant pour corolaire de ressourcer les
pratiques. Elle renouvèle la compréhension des situations et le
lien avec les enfants. Elle oriente également vers un travail
collaboratif et pluridisciplinaire àl'intention des partenaires, de
l'éducation nationale et de tout le secteur médico-social.
5.7 Manager vers un
changement de culture institutionnelle
5.7.1 S'adapter aux changements de notre
environnementparle décloisonnement
A) Les évolutions du secteur du handicap
La désinstitutionalisation et les plateformes de
service définissent de nouvelles méthodes d'appréhension
du travail social. Initiées dans le secteur du handicap pour
répondre aux défis de croissance des associations, elles sont
largement diffusées par Loubat J-R. Les changements de taille des
associations ont mené à des transformations intrinsèques.
Selon lui, sans attention préalable avec une réingénierie
profonde, les effets de seuil auraient influencé la qualité du
service rendu. Pour ne pas perdre le sens de leur mission, les associations ont
dû se repenser, innover, réinterroger leurs fondamentaux, et
prendre en compte les évolutions de leur environnements. Cela a
obligé à des changements de pratique dans la façon
d'appréhender le travail (moins en silos). C'est aussi la force d'un
secteur qui cherche à utiliser tout son potentiel. La notion de place
tend vers celle de parcours et de dispositifs (confère les ITEP devenant
DITEP). La désinstitutionalisation, les plateformes de services, la mise
en place d'une Réponse Accompagnée Pour Tous (RAPT), et de Plan
d'accompagnement Global (PAG)111(*), sont l'expression d'un changement de paradigme.
Pour Plein soleil, cela signifie une transformation majeure des logiques des
partenaires et de l'environnement. L'articulation face à ces
évolutions est à mettre en réflexion. En qualité de
Directrice, être en veille sur ceci donne des informations
précieuses sur les orientations, récentes etprobables, notamment
des autorités de tarification. Cette dynamique des partenaires
m'amène à penser que Plein soleil peut aussi chercher et
construire plus de synergie interneavec les établissements de
l'association, et externe sur le territoire.
B) Des pratiques en silos à l'image des
financements
Le décloisonnement de nos pratiques entend
équilibrer le fonctionnement compartimenté des acteurs de la
protection de l'enfance et le handicap. Nos logiques individuelles sont
impulsées par nos financeurs respectifs. Toutes les instances sont
pensées de façons verticales. Par exemple, pour un enfant ayant
un trouble du comportement, la commission en charge de statuer sur le renfort
éducatif (PCP) va se situer dans les locaux de la métropole. Y
seront conviés, de façon pluridisciplinaire et transversale, les
acteurs autour de la situation de l'enfant (CMP, HDJ, service ASE). Dans cette
commission, il n'existe pas de financement croisé, limitant les
possibilités de prise en charge globale et adaptée. Elle va
statuer sur l'obtention du financement pour un renfort éducatif. Les
échanges entre les professionnels vont moduler la temporalité de
chacune des prises en charge, et apporter des éclairages. En ceci, il y
a bien transversalité. Mais ces commissions utilisent essentiellement
des outils enrestant en silos. Ellesne pourraient pas proposer
d'ergothérapie, pourtant importante dans les troubles d'apprentissage.
Hormis pour ceux des orthophonistes, les bilans demandent à être
budgétés et soumis à accord du financeur, un an à
l'avance. Les méthodologies d'apprentissage, telles que celles des
« cartes graphiques » préconisées en sciences
cognitives pour les troubles d'attention, réclament des intervenants
dont le financement est refusé par les autorités de tarification.
C) Sortir des pratiques en silos par une démarche de
connaissances croisées
Pour sortir des pratiques en silos, mener une démarche
de connaissance croisée approfondie est ambitieux. Des professionnels
d'autres services et structures seraient invités en observation sur
notre établissement, et réciproquement, les éducateurs de
Plein Soleil se rendraient dans leurs structures. Cela permettrait aux
professionnels de s'imprégner et de comprendre les enjeux de chacun. Ils
pourraient ainsi mieux appréhender ce qui rend les collaborations
compliquées et en lever les freins. Libre aux équipes de
choisir(DITEP, IME, HDJ) en privilégiant les partenaires avec lesquels
Plein soleil a des prises en charge conjointes. Il s'agit de pousser les
synergies en faveur d'un décloisonnement, inter-associatif et vis
à vis des partenaires. Lorsqu'un « problème
dépasse les compétences techniques
individuelles », on tend vers la pluridisciplinarité,
répondant par « addition de contributions
spécifiques qui opèrent en
parallèle »112(*) . Je cherche plutôt une
interdisciplinarité qui requiert des interactions et une
élaboration dont « l'effet global dépasse le somme des
résultats de chacun »113(*).
5.7.2 Les notions du sens et de la
culture
Le sens et la culture sont aucoeur de notre engagement,
d'autant que pour Durkheim E.« les phénomènes
sociaux ont nécessairement une dimension culturelle puisque ce sont
aussi des phénomènes symboliques »114(*).
A) Manager par le sens
J'ai posé des constats qualifiant la nature du handicap
des enfants accueillis. Une approche préventive de réduction des
troubles des apprentissages par une meilleure prise en compte des
spécificité des enfants (TDA, de concentration, de constitution
d'un stock lexical et d'expression orale et écrite) serait à
même de diminuer l'apparition de troubles du comportement, ou leur
ampleur. Aussi travailler sur les troubles du comportement en ciblant les
troubles d'apprentissage maximiserait les chances, et serait un levier
possible. Il ne s'agit pas de développer seulement une attention
à la santé et au médico-social, mais de créer une
nouvelle culture au sein de la Mecs, passant de l'attention à
l'intention.
La maison d'enfants est une organisation administrative
reliée aux objectifs des politiques publiques. En qualité de
directrice, je dois savoir mobiliser et orienter l'ensemble des professionnels,
leur intelligence individuelle et collective, et leur engagement. Ma
visée stratégique formalise le sens et le cadre transmis aux
équipes. Mais pour qu'elle soit cohérente, je dois sans cesse
approfondir mes domaines d'expertise, rester en veille, connaître les
différents acteurs du territoire avec leurs jeux et rapport de force,
anticiper et prévenir en ayant conscience des enjeux
stratégiques, sociaux, environnementaux. Je n'oublie pas que la
démarche d'évaluation est en corrélation avec le
management par le sens, car objective, elle ouvre à la réflexion
et à la concertation propice au recul à prendre, C'est un
« outils d'intelligence collective »115(*).
B) La culture pour penser l'unité et l'adaptation de
la maison d'enfants
Dans l'humanité, la culture répond à la
question de la différence entre les peuples. Selon Cuche D.116(*), cette notion est
intrinsèquement liée à la régression de nos
instincts rendue nécessaire pour nous adapter à notre milieu. Il
avance des choix culturels venus en réponse aux problèmes qui se
sont posés, source de la variété culturelle.
La culture est un phénomène dynamique avec des
phases de construction et de déconstruction. Certains changements
d'acculturation se font naturellement lorsque deux cultures sont en
présence. Pour illustrer le propos, je reprendrais un dossier des
cahiers de l'actif intitulé « L'inexorable convergence du
sanitaire et médico-sociale : perspectives pour les
associations »117(*). Il souligne les évolutions et glissements
à l'oeuvre, notamment de prise charge et de population. Ce constat
m'amène à comprendre la pression du médico-social sur le
social pour la continuité de l'ensemble. La prégnance de cette
pression s'exprimepar les besoins de prises en charge mixtes des enfants
relevant du handicap (36% des enfants en DITEP sont suivis en protection de
l'enfance)118(*). Ce
processus d'acculturation se manifeste également par la relative
homogénéité de nos culturesreprésentée par
la fusion entre l'HAS et l'ANESM. Dés lors, conserver des
frontières fermées et des fonctionnements en silosen se
cloisonnant, en s'ancrant dans nos pratiques, en passant d'un dispositif
à un autreplutôt que de s'ouvrir à une réelle
dynamique de parcours,préserve l'identité collective de chaque
secteur. Ce processus « inconscient »119(*)est susceptible de
générer des résistances.
La culture d'un groupe social en protection de l'enfance, dans
le handicap, ou le système scolaire, renvoie à son
identité collective. « Défendre l'autonomie
culturelle est très liée à la préservation de
l'identité collective »120(*) .
C) Manager sens et culture
S'intéresser au sens et à la culture en
institution, c'est prendre l'importance du facteur humain ; les ressources
humaines sont ici considérées au sens propre. C'est
également une stratégie de management visant à
développer l'identification et l'adhésion des professionnelles
aux projets associatifs, d'établissement de service et de l'enfant.
J'aime penser que chacun puisse venir d'une culture d'entreprise
différente selon leurs métiers, secteurs, les associations
antérieures. Cette hétérogénéité est
une richesse de savoir-faire et savoir-être et de
« créativité culturelle »121(*) . La maison d'enfants
Plein soleil, par son organisation en quatre groupes d'enfants, participe
à la création de micro cultures. La culture de Plein soleil se
situe à leurintersection. En qualité de directrice et avec
l'appui de la cheffe de service, notre rôle est de favoriser la
production de la culture interne en harmonie avec celle de l'environnement.
Pour se faire, les espaces d'interaction (supervision, réunion
d'équipe, réunion institutionnelles, réunion
partenariales) sont des outils à privilégier. Travailler le sens
vient ici amener du contenu à cette dynamique.
5.7.3 L'accompagnement au changement
J'ai choisi d'approfondir la notion du management du
changement, car j'ai conscience d'être directrice dans un secteur en
mouvance constante, qu'elle soit politique, juridique ou économique. En
qualité de Directrice, et au regard de tous ces changements, il me
faut être en capacité d'avoir une réflexion continue, et
une analyse des pratiques au sein de l'Institution.
A) Créer les conditions pour mettre les logiques de
chacun en cohérence
La question du management du changement est liée
à ma stratégie directoriale, qui cherche un équilibre
entre l'accompagnement des usagers et leur famille et les différentes
dimensions du métier de directeur. Si l'on se réfère
à Miramon J-M., je me situe au croisement d'intérêts
contradictoire. Il est donc essentiel pour moi deles localiser, et analyser les
logiques de chacun pour les mettre en cohérences. En ceci, Miramon
J-M.qualifie la Directrice de « femme
d'action »122(*). (Il est indispensable d'être femme du
« Faire », pour pouvoir accéder à
une cohérence de l'Institution face aux intérêts). Pour
décider, à savoir « choisir » en
ayant conscience qu'un choix est en soi imparfait, il n'existe pas de
« bon choix » ; il est une direction, une
orientation qui implique un renoncement. Il m'incombe alors en tant que
Directrice d'avoir suffisamment d'éthique pour donner un sens à
mes choix. Je ne suis pas seule, bien au contraire, mais il est un travail dans
lequel il faut croire pour aller chercher et construire une parole
partagée par les acteurs. Prenons l'exemple du projet
d'établissement qui génère du sens par sa dynamique. Il
est partagé quand chacun est perçu comme porteur de paroles.
Celles-ci restent considérées même lorsque je suis
décisionnaire. C'est par une connaissance partagée, où
chaque acteur du projet est inscrit dans le processus de réflexion, que
le projet devient un projet commun. Créer les conditions de ces
échanges, de cette construction, de cette reconnaissance mutuelle au
travers d'instances, est un véritable travail d'ouverture et d'espace
aux projections, voire de réévaluations. En ceci, j'affirme les
capacités de chacun à construire le sens de leurs actions. Chaque
acteur qui s'exprimeest en situation d'une forme
de« citoyenneté »123(*),car il s'expose
professionnellement et s'engage dans l'avenir institutionnel. Soutenir la mise
en oeuvre d'un espace de collaboration propice à l'élaboration du
sens, c'est un management qui étymologiquement signifie
« ouverture, gestion adroite, et respect
d'autrui ».
B) Adapter mon mangement au temps de l'institution et
communiquer.
Dans son livre Manager le temps des organisations sociales
et médico-sociales124(*), Miramon J-M. s'intéresse aux cycles de
vie d'une institution. Cette notion de cycles implique un mouvement
inhérent à toute institution. Dans la phase de stabilité,
je dois être en veille des opportunités et adaptations à
venir. Dans son ouvrage,Une approche fractale des marchés125(*), Mandelbrot B
éveille mon intérêt sur la notion de temps par delà
les cycles. Les phases de stabilité portent en elles les
éléments qui feront « crise ». Avant une
crise, existent plusieurs signes : mécontentement........., telle
une bulle gonflant progressivement, sans savoir quand tout va s'effondrer. Le
rapport au temps qui s'accélère, tous les
évènements s'enchaînent. Du point de vue d'une direction
d'ESMS, sous l'angle de Mandelbrot, la crise porte également en
elle-même les éléments de la reconstruction. En
qualité de Directrice, il faut, en phase de stabilité,
préparer, anticiper, adapter, dynamiser, pour éviter les crises
trop importantes. En période de crise, il faut rester fidèle
à ses valeurs, et savoir à la fois se détacher et se
positionner pour reconstruire un renouveau institutionnel créateur.
Dans ce métier compliqué de Directrice, je
prends la mesure de la gestion du, ou des établissements, j'accepte et
synthétise l'ensemble des intérêts contradictoires, y
compris de gestion ; je transmets les orientations de façon
adéquate et avec discernement. Mon objectif n'est pas simplement
d'informer, mais d'impliquer l'ensemble des acteurs, où qu'ils se
situent dans le projet. Mon travail de communication inclue une part de
transparence et de respect de l'essentiel, à savoir certaines valeurs.
Pour se faire, je ne peux pas être dans une dissonance envers mes
interlocuteurs, je dois parler « vrai », avoir les mots
justes. Face au changement décrit, comme le propose Miramon J-M., je
choisis de ne pas tout maîtriser, mais de maîtriser ce qui peut
l'être pour en être actrice. Il m'apparaît important de
préciser qu'une dynamique de changement n'est en rien une
révolution « C'est avant tout, oser se regarder,
élargir le cadre de son expérience, interroger ses
certitudes »126(*). Il est donc impératif de rester humble avec
des objectifs pragmatiques.
C) Accompagner le changement notamment par la formation
Accompagner le changementpasse par l'ensemble des outils des
ressources humaines, tels que les entretiens annuels. C'est aussi mobiliser les
équipes ; l'outil indispensable à ce travail est la
formation. Elle permet une culture commune, en ouvrant et entretenant une
réflexion au sein de l'Institution. Enfin, elle interroge les
adaptations à mettre en oeuvre. C'est le pendant positif des
problématiques. Une problématique institutionnelle interroge les
pratiques, tout comme la formation est en mesure de le faire. L'accompagnement
des équipes, au regard de la problématique des enfants en
situation de difficultés multiples, ne peut se concevoir sans l'apport
de différentes grilles d'analyses « analytique,
systémique, et comportementaliste » ; une seule
grille ne peut suffire à outiller les équipes face à
l'hétérogénéité des situations des
enfants.
En tant que directrice, ma place au sein de l'institution me
renseigne sur notre environnement, et me donne une capacité à
articuler l'ensemble des données. Or, « Pour manager le
changement, il ne peut y avoir de stratégie sans élaboration
préalable de connexion commune forte permettant de structurer : un
collectif, une culture, des valeurs, et un projet »127(*). C'esten ce sens que
j'entends réorganiser l'offre institutionnelle de Plein soleil, pour
mieux répondre à la situation des enfants en difficultés
multiples et soutenir les équipes.
6 Réorganiser l'offre institutionnelle d'une Mecs pour
répondre à la situation des enfants en difficultés
multiples
Mon analyse stratégique et conceptuelle m'amène
à vouloir reposer un cadre assez structurant pour fédérer
et recentrer les pratiques autour des besoins spécifiques des enfants en
situation de difficultés multiples.
Aussi, le premier axe sera de refonder le projet
d'établissement. La démarche est participative, et se situe
à l'aube de l'habilitation 2019, dans un contexte de renforcement des
synergies inter-associatives.
Le second estd'ouvrir Plein soleil à son environnement
par la création de coopérations interinstitutionnelles.
Compte-tenu de la situation de l'établissement, ma stratégie est
de développer le partenariat, afin de créer des effets de
synergie.
Enfin, le portage des situations au niveau de l'associationest
stratégique. Je l'envisage par le renforcement d'un travail de
coordination et par la conception d'une équipe mobile
inter-établissement de l'association, pour la prise en compte des
enfants en situation de difficultés multiples.
6.1 Refonder le
projet d'établissement
« La tâche prépondérante du
directeur, celle qui spécifie sa fonction, est l'élaboration de
la politique et de la stratégie de son établissement. (....) Il
dispose pour se faire d'un outils privilégié : le projet
d'établissement. (...) Au coeur de la problématique
managériale, c'est lui qui cristallise le sens de
l'action »128(*).
6.1.1 La méthode
d'élaboration retenue
A) Les objectifs de la réécriture du projet
d'établissement pour Plein soleil
La démarche de réécriture du projet
d'établissement (PE) est à l'aube de son habilitation 2019, dans
un contexte de renforcement des synergies au sein de l'association. La
méthode participative s'appuie sur la RBPP
« Élaboration, rédaction et animation du projet
d'établissement ou de service »129(*).
Le dernier PEa été rédigé en mars
2012 et aurait dû être réécrit en 2017.Lors du
renouvellement de l'habilitation, les trois structures lyonnaises de
l'association se sont engagées à réécrirele
leur.
Les ressources humaines, constituées des hommes et des
femmes qui travaillent àPlein soleil, sont essentielles pour la
qualité de l'accompagnement des enfants. Or, la conduite des entretiens
professionnels et le turnover mettent en évidence une demande
d'amélioration de la qualité de vie au travail. Celle-ci est
malmenée par les « conduites déconcertantes dans
l'agir »130(*) des enfants, les moyens scolaires, sociaux et
médico-sociaux insuffisamment coordonnés ou peu à la
hauteur des enjeux, et les conflits internes qui décentrent de l'enfant,
et qui conduisent à des blocages et désorganisationsde la vie
professionnelle quotidienne.
Les changements en cours et à venir (fin de l'internat
modulé, changement de direction) gagneraient à être
pensés de façon collective avec les enfants, équipes,
partenaires, autorités et familles.
Les pratiques du séquentiel, notamment le café
des parents et les visites à domicile, ont agi sur la manière
d'aborder les proches. L'arrêt du séquentiel, indiqué en
partie 1modifie les modalités des échanges avec eux. Les temps
forts demeurent (groupe d'expression, fête annuelle,
représentation de noël),les liens du quotidien et l'interface avec
l'école également, mais le café des parents et les visites
à domicilesont interrompus à ce jour. L'élaboration du PE
permettra de repenser ce travail avec les familles.
Les besoins spécifiques liés à la
situation des enfants en difficultés multiples ouvrent une visée
prospective d'adaptation des pratiques et de développement de
compétences sollicitant un travail de fond et d'adaptation de
l'établissement.
Ainsi la réécriture du PE répond aux
objectifs de :
· Mise en conformité des outils de la loi
2002 ;
· Amélioration de la qualité de vie dans
l'établissement pour les enfants,
· Adaptation au contexte ;
· Adaptation à l'évolution du public.
Rendu obligatoire par la loi 2002, le PE est défini
selon l'article L. 311-8 du CASF ainsi :« Article L.
311- 8- Pour chaque établissement ou service social ou
médico-social, il est élaboré un projet
d'établissement ou de service qui définit ses objectifs,
notamment en matière de coordination, de coopération et
d'évaluation des activités et de la qualité des
prestations, ainsi que ses modalités d'organisation et de
fonctionnement. Ce projet est établi pour une durée maximale de
cinq ans après consultation du conseil de la vie sociale ou, le cas
échéant, après mise en oeuvre d'une forme de
participation ».
B) Le processus de réécriture du PE : un
moyen pour construire une visée prospective partagée
J'ai présenté mon diagnostic de Plein soleil en
Codir associatif ; ces problématiques d'enfants en situation de
difficultés multiples liées au handicap sont partagées par
les autres structures lyonnaises (Clair matin et Jules Verne).Travailler
conjointementa permis de comparer nos constats, et de prendre conscience que
coordonner nos équipes dirigeantes génère une force. Ma
visée aux côtés des autres dirigeants est
d'améliorer l'ancrage de chaque structure sur l'ensemble associatif
qu'elles forment, ceci afin d'optimiser les ressources disponibles, de
développer nos potentialités internes, et de mener une
stratégie globale harmonieuse. En Codir associatif, il a
été décidé que certaines étapes du
renouvellement du PE seront communes et plus particulièrement entre
Plein soleil et Jules Verne. Ce dernier est le moins éloigné, et
celui avec lequel des axes de mutualisations sont enclenchés (vacances
estivales) ; son organigramme ne comporte pas de directeur
d'établissement. J'entreprends la refonte des deux PE au
côté de la cheffe de service de Plein soleil et des deux chefs de
service de Jules Verne (service famille d'accueil et Mecs). Après un
renouvellement des directions d'établissements, nous constatons notre
envie de partager un sens commun, de fédérer les
établissements de l'association, d'avoir des pratiques cohérentes
et structurantes de l'ensemble, facilitatrices de liens et de mutualisationde
nos moyens.Cette réactualisation du PE y est perçue comme une
opportunité pour favoriser des synergies entre les établissements
(vacances,travaux estivaux, etc.) et dégager des marges
budgétaires.
C) Deux axes forts : une participation pleine active et
un accompagnement par le CREAI
Mener la refonte du PE de Plein soleil sera le premier axe de
mon plan d'action. Au sens littéral, je suis convaincue de la ressource
humaine que représentent les professionnels. La démarche du PE
permettra de déployer le potentiel des équipes pour le
bénéfice des enfants accueillis. Pour se faire, j'ai
décidé d'ancrer cette démarche par une méthode
participative.La Mecs Jules Verne partage cette approche, ce qui m'aidera
à coordonner et donner une cohérence globale.
AinsiPlein soleil entame sa démarche participative de
réécriture du PE à l'aube de son habilitation 2019 dans un
contexte de renforcement des synergies inter-associatives.
L'association a fait appel à un consultant du CREAI
à hauteur de 15 000 euros.
L'ensemble des documents seront à coordonner :
projet associatif, PE,projet pour l'enfant,projets spécifiques,
évaluations interne et externe, comptes rendus et
bilansd'activité.
L'organisation de la démarche s'appuie sur deux
groupes. Un comité de pilotage composé des équipes
dirigeantes des trois établissements lyonnais avec :
· Un administrateur ;
· Le Directeur Général ;
· À Plein soleil : la cheffe de service et
moi-même ;
· À Jules Verne : les 2 chefs de service,
l'une pour le service de famille d'accueil, l'autre pour la Mecs ;
· À Clair matin : la cheffe de service et la
directrice.
Le second groupe est constitué des cadres des
établissements. A Plein soleil, il s'agit de la cheffe de service, la
psychologue et moi-même. A Jules Vernes, il s'agit des deux chefs de
service, de la psychologue et moi-même. Ces deux groupes ont des
rôles bien distincts dans l'élaboration du PE. Le rôle
imparti au comité de pilotage est de suivre la démarche
d'élaboration en vérifiant:
· L'adéquation des moyens alloués au
projet, et des moyens du projet à ceux de la structure ;
· L'avancement du travail jusqu'à son
terme ;
· L'implication des personnes ;
· Le respect des orientations du projet associatif.
Ce comité est l'instance de suivi, de supervision et
validation, de coordination et de collecte des travaux ; il impulse une
dynamique qui suscite la mobilisation des personnes.
Le rôle du groupe cadre est d'être garant du bon
déroulement du projet sur les sites.
6.1.2 Plan d'action et mise en oeuvre de
la démarche
A) Les 10 étapes de cette
élaboration :
· Etape 1 : Définir le cadre du projet
(comité de pilotage) :
ü Choix méthodologique ;
ü Planification de la démarche ;
ü Identification des éléments à
approfondir ;
ü Coordination avec le consultant du CREAI.
· Etape 2 : Mobiliser :
ü Présentation globale de la démarche au
groupe d'expression de l'établissement (l'équivalent du CVS sur
d'autres types d'établissements) ;
ü Réunion institutionnelle spécifique et
commune à Plein soleil et Jules Verne.
· Etape 3 :Produire un diagnostic stratégique
initial des trois établissements lyonnais :
Le diagnostic préalable avec analyse des forces,
faiblesses, opportunités, menaces (SWOT) associera les équipes
(confère annexe I).
ü Transmission d'un questionnaire à l'intention
des professionnels en vue de la réalisation du SWOT.
ü Mise en commun et analyse stratégique des
éléments recueillis, conduites par le comité de
pilotage.
· Etape 4 : Organiser les travaux
intermédiaires à mesure de l'élaboration du projet par le
groupe cadre.
Il peut s'agir d'étude de textes de
références. Entre chaque réunion thématique, je
souhaite laisser un délai de deux mois, qui permettra aux
éducateurs de se préparer aux réunions thématiques.
En groupe cadre de l'établissement, nous choisirons quelques textes
à leur proposer. Ces lectures pourront être composées de
textes, rapports ou RBPP sur la « La bientraitance :
définition et repères pour la mise en oeuvre », sur
l' « Ouverture de l'établissement à et sur son
environnement »...Ceci aidera les équipes à trouver
leur propre réponse lors des réunions thématiques. Pour la
première portant sur le public accueilli, je vais demander aux
éducateurs d'avoir préalablement consulté les dossiers des
enfants de leur groupe. L'objectif de ces lectures est la recherche
d'informations concernant les enfants accueillis : l'évolution de
leurs besoins, leurs caractéristiques actuelles et les dynamiques de
parcours.
· Etape 5 : Concevoir la participation des enfants,
familles et partenaires :
ü Choix des modalités par le groupe cadre des
établissements ;
ü Pour les familles et partenaires, entretien avec une
personne de l'équipe cadre et présentation mensuelle de
l'avancée de la démarche en groupe d'expression ;
ü Soutien du groupe cadre à l'équipe
éducative pour la mise en oeuvre des groupes d'expression des enfants
dédiés aux thématiques qui les concernent ;
ü Travail avec les enfants sur une version du PE
adaptée (voir 3.3).
· Etape 6: Animer des séances
plénières par le consultant du CREAI.
ü A l'issuede chacune de ces séances, seront
rédigées une fiche synthétique et une fiche action.
ü Selon les recommandations de la RBPP, les
thématiques seront les suivantes :
Thématique 1: Histoire, missions et publics ;
Thématique 2 : Nature de l'offre de service et son
organisation ;
Thématique 3 : Les principes
d'intervention ;
Thématique 4 : Les professionnels et
compétences mobilisées.
· Etape 7 : Analyser chaque réunion
plénière par le groupe cadre,et élaborer un compte rendu
présenté au comité de pilotage.
Une attention particulière sera portée
à :
ü L'identification d'écarts éventuels
(schémas, autorisation) ;
ü Les prospectives à envisager (évolution
du public) ;
ü Les éléments ayant trait à la
Gestion Prévisionnelle des Emplois et de Compétences ;
ü Les axes de mutualisations ;
ü L'articulation du PE avec les préconisations des
évaluations interne et externe ;
ü L'intégration du PE dans la démarche
d'amélioration continue de l'établissement.
· Etape 8: Valider les travaux par le comité
de pilotage, à mesure de leur réalisation :
ü Examen des différentes productions ;
ü Ajustement des écrits ;
ü Rédaction à mesure de la production des
écrits du groupe cadre et des séances plénières.
· Etape 9 : Communiquer et présenter le
PE :
ü Par le DG au Comité Social Économique
(CSE) ;
ü Par le Directeur d'établissement au groupe
d'expression d'établissement ;
ü Par le DG et le Directeur d'établissement au
Conseil d'administration (CA) pour validation du projet ;
ü Réunion institutionnelle dédiée
partagée entre les établissements ;
ü Présentation de la version adaptée sur
les groupe de vie
ü Réunion de présentation aux
partenaires
ü Présentation aux autorités.
· Etape 10 : Diffuser le PE :
ü Au sein de l'établissement ;
ü Aux autorités et partenaires ;
ü Aux enfants (version adaptée) et à leur
famille.
6.1.3 Place de chacun, évaluation
et communication
A) Une démarche qui attribue la place des enfants,
familles et partenaires ...
Ce PE et la méthodologie y afférente est une
opportunité pour les équipes de prendre du recul sur leurs
pratiques, afin de générer un sens et se remobiliser. Pour se
faire, des temps d'interaction viseront à associer, les enfants, leurs
proches, les autorités et les partenaires. Familles et enfants seront
sollicités par l'intermédiaire du groupe d'expression
d'établissement, puis en petits groupes sur des thématiques
précises (groupes d'expression dédiés par unité de
vie). Ils participeront notamment à l'écriture
d'unesynthèse duPE adaptée aux enfants. Quant aux partenaires,
ils seront consultés à l'aide d'un questionnairesur leurs
attentes, leurs besoins, et sur ce qui est favorable ou défavorable aux
accompagnements,ainsi que leur perception du travail de Plein soleil.
Les stagiaires seront associés et leurs écrits
consultés en amont.
Des entretiens auront lieu avec les familles. Ils seront
menés par la cheffe de service et la psychologue. De même, des
entretiens téléphoniques auront lieu avec l'ASE.
En avril 2019, c'était le centenaire de la Mecs Clair
matin. A cette occasion, les administrateurs se sont mobilisés autour de
l'histoire de l'association. La fondatrice de l'association, Melle Jeannot,
étant décédée depuis peu, un groupe d'anciens
enfants accueillis par l'association lui a porté hommage. Les
écrits partagés à cette occasion (tels que
l'autobiographie de Melle Jeannot, le discours du Président de
l'association, les témoignages des anciens accueillis) seront
présentés et mis à disposition aux équipes de
professionnels et aux enfants de Plein soleil. L'administrateur sera
présent à la première réunion concernant l'histoire
et la mission de Plein soleil mentionnée en partie
3.1.2.
Au cours de l'élaboration, situer Plein soleil dans
l'ensemble du dispositif territorial est important, par rapport à la
nouvelle configuration de la métropole du Grand Lyon. Le PE explicitera
comment Plein soleil répondra aux orientations du schéma
métropolitain.
Les enfants en Mecs dépendent de différents
systèmes ou secteurs :
· Scolaire avec ses adaptations ;
· Social avec le lien à leurs proches ;
· Protection l'enfance avec l'ASE, les juges, et Plein
soleil ;
· Santé avec le handicap.
Ce cheminement n'est pas simple. Le processus
d'élaboration du PE permettra aux équipes de
réfléchir sur la place de l'enfant pour mieux positionner
l'accompagnement de Plein soleil dans la logique de parcours de l'enfant, et le
prendre en compte dans toutes ses dimensions.
« Comment l'établissement peut être une
ressource ? »131(*). Cette notion de parcours sous-entend deux
éléments : la place de l'enfant au-delà d'un
bénéficiaire, c'est à dire sa participation en tant
qu'acteur de son parcours ; et les acteurs qui jalonnent et soutiennent
son parcours.
B) Au coeur de l'évaluation
La démarche d'élaboration du PE est une
manière d'identifier ce qui peut être anticipé, et de
capitaliser l'expérience de Plein soleil. Cela permettra
également de repérer les bons et les mauvais fonctionnements de
notre structure concernant la transmission de l'information, la prise en charge
de l'enfant et l'interaction avec la famille, les partenaires et l'entourage.
Dés lors, des objectifs opérationnels pourront être
définis et traduits en fiches actions. Il est prévu que ce projet
se conclut par la construction de tableaux de bord qui participeront à
la démarche d'évaluation, et à la constitution d'un plan
d'amélioration continue. Ils seront renseignés chaque
année pour être intégrés au rapport
d'activité. Le travail d'évaluation du PE préfigure mes
orientations de GPEC, dont celles de formation. Il s'agit donc de mettre en
place un plan d'amélioration continue dans lequel figureront des
indicateurs. L'arborescence de ce référentiel se basera sur
quelques dimensions déclinées en indicateurs
pondérés :
· De qualité de service (évènements
indésirables, enquêtes de satisfaction, suivi du PPE) ;
· De compétence et posture (demandes de formation,
turnover, niveau de qualification, GPEC et entretiens
réguliers) ;
· de climat social (avis et rapports du CSE,
démissions et ruptures, participation du personnel au PE).
Ce travail permettra de repérer les pratiques
clés susceptibles d'être mises en oeuvre dans la prise en compte
des enfants en situation de difficultés multiples. Les modalités
d'actualisation des tableaux et l'analyse des évolutions
constatées seront à la base d'un échange annuel avec les
équipes.
C) Communication
Je serai attentive à communiquer à
fréquence régulière en interne et en externe. Durant tout
le travail d'élaboration du PE, j'informerai le CA et le DG (une fois
par mois),sur l'encours et les réajustements éventuels. Les
professionnels seront informés de l'avancée et des étapes
du projet (notes d'information en réunion d'équipe). Le CSE sera
informé dans le respect du cadre légal et autant que faire se
peut, si besoin. Les enfants et les familles seront consultés à
travers divers groupes d'expression sur les unités de vie et pour
l'ensemble de l'établissement. Concernant la communication externe, le
PE sera transmis à la Métropole du Grand Lyon, après
consultation du CSE et validation du CA.
Pour conclure, les professionnels ont une véritable
expertise, c'est pourquoi j'ai voulu qu'ils aient une participation active.
Directement concernés, c'est d'abord à eux d'apporter des
réponses. C'est pourquoi, il est important que les professionnels
puissent s'interroger. C'est également une manière de structurer
et valoriser leur savoir collectif.
La démarche de ce type de projet est un moyen pour
créer une culture commune centrée sur les besoins de l'enfant
quelles que soient leurs spécificités. Dans un contexte juridique
changeant, refonder le PE vérifie aussi que les pratiques de Plein
soleil sont en adéquation avec ses missions. Ceci est d'autant plus
important que notre nouvelle configuration territoriale a amené Plein
soleil à changer d'autorité de tarification.
Dans cette démarche d'élaboration du PE, j'ai
choisi de laisser participer les équipes et de m'inspirer de leur
travail. En revanche, en tant que directrice, j'ai été seule
à choisir l'orientation stratégique qui suit.
6.2 Ouvrir
l'établissement sur son environnement
Coopérer, travailler en réseau et partenariat
n'est pas spontané surtout en contexte de crise ou d'institution. Nos
structures, conçues en silos ou fonctionnant en tuyau d'orgue, ne
favorisent pas cette coopération. Naturellement, chacun tente d'abord
d'élaborer sa propre stratégie. Construire, formaliser de
façon active est donc une nécessité pour coopéreret
ouvrir Plein soleil à son environnement. Décloisonner suppose de
s'acculturer l'un à l'autre et même si l'on gagne en connaissance
des uns et des autres, parfois le « plus difficile est
d'harmoniser nos modes de fonctionnement »132(*).
6.2.1 Impulsion de la
démarche.
A) Constats et constitution d'un comité de
pilotage
Pour rappel, il apparaît clairement, que les traumas
liés aux situations,et qui ont engendré le placement, perturbent
le développement de l'enfant. Je repère deux cas de figure :
l'enfant au développement ordinaire quiopère un repli
intellectuel engendrant des troubles spécifiques de l'apprentissage
sévères, et l'enfant à haut potentiel qui voit sa
construction perturbée, l'amenant vers un développement ordinaire
dont l'hétérogénéité tend vers des TDA,
jusqu'à des troubles du comportement. Ces deux cas de figure sont
suffisamment conséquentspour relever du handicap.
Mon analyse stratégique, de l'établissement et
des besoins des enfants en situation de difficultés multiples, a
été communiquée à différentes personnes: au
DG, en Codir associatif, à l'équipe cadre de Plein soleil,
età un intervenant du CREAI.Pour tous, ces constats ont semblé
pertinents. L'intervenant du CREAI a indiqué que cette interrogation
était portée par d'autres structures au niveau régional.
Les équipes cadre des autres établissements ont partagé
des constats similaires. Le DG a transmis ces résultats aux
autorités et au CA, en les joignant au rapport d'activités. Ces
constats m'amènent à penser que sans une véritable
démarche d'ouverture de l'établissement, l'accompagnement de ces
enfants ne peut être pleinement satisfaisant. Plein soleil possède
une marge de manoeuvre, apportée par une dynamique d'interaction avec
l'environnement, actuellement sous exploitée. L'accompagnement de ces
enfants, enrichi des savoir-faire des neurosciences et
réévalué régulièrement de façon
interdisciplinaire, sera plus à même de mobiliser les
capacités de développement de chacun.
Ma stratégie est donc d'ouvrir Plein soleil sur son
environnement, en accord avec le DG. Celle-cia été mise à
l'ordre du jour du CSE et le DG m'a demandé de la présenter.J'ai
ensuite constitué un comité de pilotaged'établissement
composé de la cheffe de service, la psychologue et
moi-même.Celui-ci se réunit toutes les six semaines pendant dix
mois. L'étude de documents de référence comme la
RBPP« Ouvrir l'établissement à et sur son
environnement »133(*) a nourri nos premiers échanges, et
balisé la démarche en posant quelques grands
éléments.
B) Eléments retenus par le comité de pilotage
sur l'ouverture de Plein soleil à son environnement
Un état des lieux des situations a soulevéles
principaux freins(problèmes de cloisonnement, latences administratives,
blocages culturels) et leviers (l'engagement des équipes, leurs
réseaux informels, et la relation de confiance des professionnels de
Plein soleil avec l'ASE, les intervenants).
Les objectifs généraux de la
démarche visent à:
· Favoriser le parcours de l'enfant ;
· Faire évoluer les représentations
sociales à son égard ;
· Adapter l'accompagnement aux spécificités
de l'enfant ;
· Travailler le lien autour et avec l'enfant (rôle
de socialisation).
Quelques points de vigilanceont été
relevés pour garantir un seuil d'ouverture maintenant :
· Le sentiment de sécurité ;
· La contenance de l'établissement ;
· La discrétion afférente à nos
missions et notre public.
Cette ouverture représente des enjeux qui concernent
les enfants, Plein soleil, et les partenaires. En équipe cadre, notre
premier objectif opérationnel choisi est le travail avec les
professionnels, afin de :
· Situer les résistances internes et
externes ;
· Travailler les postures des professionnels des
équipes dePlein soleil ;
· Renforcer l'existant autour de l'enfant ;
· Ouvrir des pistes de partenariats et de renforcement du
réseau.
C) Impulser l'ouverture de l'établissement avec les
équipes
La RBPP « Ouvrir l'établissement à
et sur son environnement »134(*)recommande un « travail sur les
conditions effectives des pratiques professionnelles ». Le
comité de pilotage ainitié ce travail par une réunion
institutionnelle sur le thème des « conditions et
bénéfices de l'ouverture de l'établissement à
son environnement, au regard de ce type de structure et des besoins des
enfants»135(*). Elle a permis de recueillir la
« perception des équipes sur notre environnement, la forme
de l'ouverture (...), et la place du
bénévolat »136(*).
En première partie de la matinée, les
équipes éducatives ont exprimé les bénéfices
qu'elles attendent d'une démarche d'ouverture. Cette dernière est
susceptible de développer des liens avec l'enfant, ainsi que sa
capacité à être autonome dans la société.
Elle assureégalementla continuité de son parcours, notamment dans
les domaines de la santé psychique et physique, et sa scolarité.
En seconde partie, des groupes de travail et de
réflexionont été formés sur quatre
thématiques :
· Quelles périodes du parcours de l'enfant sont
les plus propices à cette ouverture ?
· Y a-t-il un lien entre le projet de l'enfant et une
démarche d'ouverture ? Si oui, comment l'articuler?
· Dans les pratiques professionnelles, quelles sont les
limites et les risques à prendre en compte pendant cette
démarche d'ouverture?
· Recherche et proposition de partenariat et
bénévolat.
La réunion a été clôturée
par une mise en commun quia guidéle comité de pilotage dans la
poursuite de la démarche.
6.2.2 Prendre en compte les
difficultés du partenariat.
J'ai observé des résistances partenariales
générant des blocages sur lesquels il m'a fallu intervenir, avant
de mettre en oeuvre une démarche de prévention à leur
égard.
A) Lever les résistances de l'école primaire au
niveau de la Direction
La première résistance émane de
l'environnement scolaire et se traduit par un refus de l'école primaire
du village d'accueillir les nouveaux enfants de Plein soleil. Le Directeur de
cet établissement m'a fait part de plaintes des enseignants concernant
les enfants aux troubles d'apprentissage, auxquels se rajoutentdes effets de
groupe et « agirs déconcertants »137(*), pour lesquels les
enseignants ne trouvent pas de réponse.
Suite à cela, j'ai réfléchi avec mon
équipe de direction (cheffe de service et psychologue) sur deux
points : la répartition des enfants en école primaireet le
travail pour lever les résistances de l'école primaire de notre
secteur (Directeur et enseignants) vis-à-vis des enfants de Plein
soleil.
1. La répartition des enfants en école
primaire
J'ai demandé à ma cheffe de service de
prévoir une réunion d'équipe éducative
centrée sur les difficultés observées dans les classes.
J'ai ensuite convié le Directeur de cette école. Je l'ai
reçu en présence de ma cheffe de service et des éducateurs
référents des enfants scolarisés. Je lui ai proposé
une nouvelle répartition dans deux établissements, qu'il a
refusé, estimant qu'il valait mieux répartir les enfants dans
trois établissements. Il a ensuitenotifiésa position et l'impasse
dans laquelle nos deux établissements se situent par un courrier, mis en
copie à l'Académie.
L'éventualité de répartir les enfants
dans trois établissements n'est pas pertinente et réaliste pour
Plein soleil car :
· Même si tous les enfants du groupe
concerné sont en âge d'être en primaire, certains sont
déjà en classe spécialisée dans des
établissements éloignés ;
· Nos moyens sont insuffisants pour assurer le transport
des enfants vers trois établissements primaires ordinaires. Le
troisième établissement proposé est trop
éloigné de Plein soleil. Le lever matinal serait trop tôt
pour des enfants de primaire, et les roulements d'équipes ne
correspondent pas à une telle organisation ;
· Nombre d'enfants en primaire ont un suivi
régulier. Aussi, dans cette configuration assurer les aller et retour
vers les professionnels concernés (orthophonistes, CMP...°)
engendrerait une organisation de transport insatisfaisante pour tous.
La proposition de Plein soleil de répartir les enfants
dans deux écoles primaires a été retenue par
l'Académie. J'ai alors convié les deux directeurs, ainsi que les
adjoints au maire chargés de la scolarité, et la responsable de
l'Académie. Le directeur de l'école élémentaire de
notre secteur a finalement accepté, la directrice de la seconde
école également. Cet accord a fait l'objet d'une convention entre
nos établissements et la dérogation à la carte scolaire a
été validée par l'Académie.
2. Le travail pour lever les résistances de
l'école primaire de notre secteur (Directeur et enseignants)
vis-à-vis des enfants de Plein soleil.
J'ai d'abord engagé ma cheffe de service à
soutenir le travail de lien des éducateurs avec les enseignants.
Une compagnie de théâtre intervient à
Plein soleil. Un spectacle annuel proposé par les enfants est
donné en présence des proches des enfants (familles, amis de
classe). Cette année, les enseignants, les Directeurs des
établissements scolaires, et les adjoints aux maires concernés
ont été invités, créant du lien au cours
d'échanges moins formels.
Par ailleurs, je reste en contact avec les Directeurs des deux
écoles primaires, pour leur donner une visibilité sur les
prochaines inscriptions des enfants de Plein soleil. Les éducateurs ont
fait un travail resserré avec les parents et les enseignants. Les divers
dossiers, MDMPH et demandesd'auxiliaire de vie scolaire, ont été
mis à jour. Un aménagement avec réduction de l'emploi du
temps a été mis en place.
B) Lever les résistances du maire et des
administrés
Malgré ce travail partenarial, Plein soleil s'est
heurté à des passages à l'acte et effets de groupe, dans
l'école de secteur, notamment au moment des repas. Des parents s'en sont
plaints auprès du maire, qui a fait valoir son droit de police et a
convoqué la direction de Plein soleil. La psychologue, la cheffe de
service et moi-même avons proposé d'alterner la présence
des enfants à la cantine afin d'éviter les effets de groupe.
Ainsi deux groupes mangent à la cantine un jour sur deux. Cependant, la
problématique ne s'arrête pas à la cantine. Les
comportements de certains enfants perturbent également les cours. Il a
donc été convenu, qu'à la demande des enseignants, les
éducateurs puissentassister à certains moments de classe, lors
des périodes de tension des enfants.
C) Renforcer notre réponse partenariale, et le
bénévolat
Dans une démarche de prévention, en CODIR
associatif, nous avons repensé le soutien scolaire. J'ai proposé
de rechercher des ressources bénévoles non personae
institue qui puissent être adossées à des collectifs
comme des associations et pérennisées par convention.
L'établissement Jules Verne s'est rapproché d'une association qui
a mis à disposition ses bénévoles pour soutenir les
enfants dont il s'occupe. J'ai sollicité le Direction du
collège-lycée Bellegarde pour Plein soleil, car leurs
résultats sont remarquables. Une convention a été
signée, puis une réunion de présentation a
été faite aux lycéens. Quatre d'entre eux ont
accepté de participer ; ils soutiennent les enfants sans troubles
de l'apprentissage ou troubles du comportement de Plein soleil. Notre budget
annuel est de 12 000 euros pour un temps de soutien scolaire
dispensé par un professionnel aux enfants préparant des examens
(CAP et autres). En ayant renforcé ainsi le dispositif de soutien
scolaire, les éducateurs peuvent se concentrer sur celui des enfants
ayant des troubles d'apprentissage et de comportement, aidé des
indications des orthophonistes et autres intervenants qui connaissent les
spécificités des enfants.
Par ailleurs, les professionnels ont fait part de cette
démarche aux référents de l'ASE, dont l'une d'entre eux a
proposé de solliciter une association de familles d'accueil
bénévoles habilitées par la métropole. Ainsi, un
mineur isolé arrivé à l'âge de onze ans
bénéficie d'un accueil relais de Plein soleil.
Par ailleurs, au travers de mes liens avec la mairie, j'ai
perçu la résistance des habitants de notre commune. En
comité de pilotage, nous avons réfléchi àune
rencontre avec les associations du village, notamment celles des
retraités. Nous souhaiterions leur proposer d'organiser des moments de
jeux de société avec les enfants. Ces pratiques, en plus de
créer du lien intergénérationnel, participent au
développement cognitif des enfants, freinent leur stigmatisation et
réduisent l'isolement des personnes âgées. Cela pourrait
être par exemple un samedi matin sur deux, ou durant les vacances
scolaires dans une salle communale mise à disposition par la mairie. Il
nous semblerait judicieux que ces pratiques se déroulent en dehors de
Plein soleil pour un changement d'environnement et la préservation du
caractère contenant de l'établissement pour l'enfant.Le choix des
jeux pourrait être pensé avec les orthophonistes pour faire
émerger une coopération médico-sociale.
6.2.3 Engager de nouvelles pratiques en
soutenant les coopérations médico-socialeset sanitaires.
A) Effets inattendus sur les pratiques par la création
d'un groupe de relaxation
Lors de ma prise de fonction, j'ai pris connaissance des
mémoires et rapports de stage dePlein soleil. L'un d'eux a attiré
mon attention. Il s'agissait d'un projet mené par une stagiaire, sur la
relaxation avec les enfants. Sa question de départ concernait le
paradoxe suivant : alors que les enfants à difficultés
multiples s'expriment pour certains par des « agirs
déconcertants »138(*), pour palier leur faiblesse de communication, les
équipes éducatives essaient de dialoguer avec eux pour les
apaiser. Compte tenu de leur état émotionnel, privilégier
l'axe de la communication verbale, n'est-ce pas les mettre en
difficultés ? Lors de l'accompagnement des enfants, elle a eu une
démarche d'ouverture en s'entretenant avec des orthophonistes et un
médecin spécialiste du sommeil. Elle a également
demandé aux équipes et aux enfants de s'interroger sur un outil
d'apaisement non centré sur la verbalisation. Cela l'a orientée
à choisir des exercices de relaxation. Les enfants ont été
très réceptifs, certains ont eu des bénéfices
rapides sur le sommeil; d'autres, très actifs, ont réussi
à s'apaiser. Durant les exercices, les tensions habituelles ont disparu.
J'ai réuni les éducateurs de l'équipe concernée,
les deux professionnels qui avaient orientéla stagiaire, la psychologue
et notre cheffe de service afin de faire un retour d'expérience sur ce
projet. La psychologue, forméeaux techniques de relaxation et pleine
conscience,a proposé de guider les équipes pour constituer ce
groupe. L'objectif est la réduction du stress, et le relâchement
des tensions des enfants. Pour avoir travaillé en addictologie, j'ai vu
le bénéfice des effets d'apaisement ressentis par les personnes
qui utilisent ces outils ; elles acquièrent la capacité de
mieux différer leur pulsion. Sans être exclusive sur cette
méthode, je trouve intéressant que les enfants
expérimentent l'apaisement issu de pratiques de relaxation,
découvrent et développent leur capacité à s'apaiser
eux-mêmes. La démarche d'évaluation de ce groupe sera
suivie avec intérêt et sérieux, conscients que nous nous
adressons aux enfants. Elle comprend un suivi qualitatif et quantitatif de
l'évolution des enfants (nombre de faits graves, amélioration du
sommeil, capacité de concentration, de remobilisation scolaire, entente
au sein du groupe) et une prise en compte régulière de leur avis.
Le groupe sera un groupe ouvert de six, à raison d'une
séance d'une heure par quinzaine, pour un cycle de dix séances.
Il démarrera début octobre après avoir été
présenté aux enfants dans leurs unités de vie.
B) Apporter de nouvelles compétences par la formation
croisée et une démarche de Benchmark139(*)
Lors de ma prise de fonction, j'ai constaté l'absence
de temps d'échangesréguliers sur des thématiques
liées à notre secteur. Des thèmes sont abordés en
cas de besoin une ou deux fois par an.Par exemple, la cheffe de service et
moi-même avons organiséune journée de formation sur la
pratique des contentions physiques.
Il me parait fondamental d'organiser suffisamment
d'échanges à Plein soleil pour nourrir une culture commune, une
posture réflexive sur nos pratiques et garantir la bientraitance
à l'égard des enfants et de leur famille. Rapidement, j'ai
réorganisé les réunions institutionnelles pour qu'elles ne
portent plus que sur le fonctionnement et l'organisation de Plein soleil.
Désormais, celles-ci se clôturent par une heure
dédiée à une thématique, ou un temps de rencontre
avec des partenaires. Un psychologue de la cellule de gestion des cas complexes
du Rhône est venu rencontrer les éducateurs et a
échangé sur les passages à l'acte.Lors d'une seconde
réunion, nous avons abordé les éléments du rapport
de la DrMartin-Blachais. M-P..Les réunions institutionnelles comportent
désormais une heure d'échange.Cette décision a
été prise en équipe cadre ; la première
thématique débattueportait sur laRBPP « Ouvrir
l'établissement.. ».
Suite à cela, les équipes ont souhaité
mettre en place une dynamique de Benchmark pour connaître les pratiques
partenariales. J'ai présenté ce projet en Codir associatif ;
le DG l'a validé.En ce sens, la cheffe de service a rencontré son
homologue d'un DITEP. Après la rentrée scolaire, deux de nos
éducateurs référents se rendrontau DITEP où deux de
nos enfants en situation de difficultés multiples sont accueillis. Un
troisième éducateur passera une journée dans un IME.
Parallèlement,des professionnels de ces structuresviendront à
Plein soleil. Fin 2019 ou début 2020, les directions du DITEP, de l'IME
et moi-même demanderons aux professionnels qui ont participé de
présenter les résultats et leurs ressentis sur cette
expérience en réunion partenariale.
Lors de la prochaineréunion, le Centre de Ressource
TSLA et les orthophonistes seront invitésà Plein soleilpour
échanger sur les troubles d'apprentissage.
Mon premier axe de travail concerne le développement
cognitif des enfants avec l'aide des intervenants libéraux que sont les
orthophonistes. Ces derniers sont six à intervenir en faveur des enfants
de Plein soleil. La cheffe de service les a contactés pour leur
soumettre notre projet de soutenir le développement des enfants par le
lien et le jeu. L'une d'elle a accepté de se joindre à une
rencontre de l'association des retraités, et a pu
présenterquelques jeux qu'elle pratique avec les enfants. Les
éducateurs étaient également présents.Avec
l'orthophoniste, je recherche des fonds pour passer une convention cadre et
solliciter un budget de deux heures par mois où elle viendrait sur
l'institution guider les équipes et faire le point sur les
situations.
Après l'étude de Bourgeaux I, j'ai pris
conscience du rôle sous-exploité que la PMI pourraitavoir
auprès des enfants accueillis. En perspective de l'ouverture de Plein
soleil à son environnement, je souhaite entamer un travail avec la PMI
et les médecins traitants.
C) Notion du dialogue
Il me parait indispensable de partager avec nos partenaires
une vision globale de l'enfant, de nos problématiques, des
évolutions de notre secteur et des politiques. La protection de
l'enfance nécessite un travail en réseau pourmettre en oeuvre des
décisions, que nous ne pouvons pas mener à bien sans un certain
nombre de partenaires, hors la place des relations entre les institutions est
complexe dans son ensemble. Le réseau est au coeur de la
complexité de la mise en oeuvre, dans la compréhension mutuelle
des cultures des autres. Le travail en réseau ne se
décrète pas, il se tisse. Il émane d'évaluations
partagées entre partenaires et se dessine lorsque les connaissances
s'affinent. L'emprunte de chacun, le rend particulièrement institue
personne. En amont, il faut que nos références et nos
coordinations soient claires. Tout ceci est communication.
Comme SALLE F. en privilégiant
« l'ouverture et le réseautage comme un levier de
management dynamisant »140(*), j'ai constaté de nouvelles interactions de
qualité au sein de Plein Soleil, une mobilisation autour des enfants et
un partage de réflexions qui a objectivé ce qui fonctionne.
6.3 Penser une
équipemobile pour la prise en compte des enfants en situation de
difficultés multiples
Les analyses stratégiques, de l'établissement et
des besoins des enfants placés et en situation de handicap, montrentla
nécessité de se doter d'autres compétences pour
répondre à leur spécificité. J'ai voulu avec le
projet d'établissement revoir les fondements internes de Plein
soleil.J'ai également ouvert l'établissement sur son
environnement en développant une stratégie de partenariat et de
travail en réseau. Ces deux premiers axes constituent un socle pour
préparer l'établissement à un changement de pratique plus
particulière dans l'attention portée aux besoins
spécifiques des enfants. Pour concrétiserce changement, j'entends
répondre par une réingénierie commune aux trois
établissements Lyonnais. Le choix que je retiens est celui d'une
équipe mobile à la fois ressource interne à l'association
en matière de prise en compte des enfants en situation de
difficultés multiples et externe en matière de coordination.
6.3.1 Le travail en Comité de
Direction comme principe de base
A) Constituer un Comité de Pilotage
Dans le cadre du schéma départemental
précédent, l'association s'était mobiliséepour
créer un lieu ressource pour les enfants en situation complexe. Il n'a
pas pu aboutir, mais les liens créés avec les financeurs à
cette occasion ont mené à des échanges sur le sujet. Le
DGa transmis les éléments de réflexion de l'association,
dont le recueil des besoins de l'enfant, aux autorités de tarification
par le rapport d'activité. Ces dernières l'ont invité
à poursuivre sa réflexion en considérant cette
problématique au plus proche des ressources actuelles. C'est pourquoi le
DG a missionné les membres des trois directions lyonnaises à
penser une réponse commune aux besoins des enfants en situation de
difficultés multiples, en prenant en compte le contexte
budgétaire actuel.
Après accord du CA et information au CSE, le DG a
constitué un Copil qui implique les équipes
opérationnelles et décisionnelles dans le conduite de l'analyse.
Celui-ci est composé des mêmes personnes que pour ceux du PE
cité en partie 3-1,ainsi qu'un éducateur de chaque
établissement. Les rencontres sont prévues toutes les six
semaines durant douze mois hors Juillet Aout. J'ai été
missionnée pour animer le Copil qui s'est déjà
réunitrois fois.
B) Réaliser au préalable un diagnostic
partagé.
Pour la première séance, j'avais
sollicité les participants de chaque établissement afin qu'il
préparent une présentation de situations.
Voici les questions que j'ai participé à faire
émerger :
· Pour un enfant en situation de difficultés
multiples, le risque de rupture est majeur. Les enjeux de coordination sont
donc fondamentaux. Comment préserver la continuité sans laquelle
il est difficile pour l'enfant de cheminer ?
· Par ailleurs, le contexte scientifique est favorable
aux améliorations des prises en charge des spécificités
infantiles ; soutenir le développement de l'enfant en sollicitant
ces avancées est une nouvelle culture. Comment l'association peut
accompagner les établissements dans cette évolution ?
En amont de la deuxième séance, j'ai pris avec
la cheffe de service des contacts auprès de mes réseaux et des
siens pour connaître les réponses d'hors et déjà
apportées en la matière par d'autres associations mais aussi dans
divers secteurs sur les situations complexes ; et j'ai demandé aux
autres participants d'en faire de même auprès de leurs
réseaux respectifs.
Ainsi, lors de la seconde séance, différentes
pistes ont été abandonnées :
· Une orientation des établissements vers le
handicap nous éloignerait de notre mission de protection de
l'enfance ;
· La piste d'un lieu ressource longtemps
privilégiée a été laissée de
côtépar refus d'habilitation d'un lieu à notre disposition
mais hors Département ;
· Celle de composer un groupe spécifique à
l'intention de ces enfants avec renfort éducatif au sein des
établissements a été pratiquée par d'autres
associations qui relèvent de trop grandes difficultés de
contenance et trop d'incidence pour des établissements tels que les
nôtres. De plus ce type de proposition, axé exclusivement sur les
troubles du comportement, n'apporte pas de réponse aux besoins de
l'ensemble des enfants en difficultés multiples que nous avons
repéré ;
· Ce qui pouvait être mis en oeuvre au niveau des
établissements a déjà été essayé
(sollicitation de famille d'accueil, adaptation des prises en charge avec Palo
Alto, formation des professionnels, suivis multiples).
C) Réaliser une phase de Benchmarkplus approfondie
On est certes devant des situations de handicap, mais la
nature de chacun s'exprime différemment. Certains se manifestent par des
troubles des apprentissages et d'autres par des troubles de comportement.
L'enjeu ici est, pour l'association, de construire une méthodologie
adaptée à ces handicaps. Cette complexité réclame
un travail de recherche de méthodologies des équipes mobiles tout
public confondu, et des expérimentations en protection de l'enfance. Au
sein du comité, j'ai proposé que chaque participant mobilise ses
réseaux.
J'ai pris des contactsplus approfondis avec:
· La Mecs du Rucher : pour son orientation vers un
public d'enfants en situation de handicap ;
· La Meacs (Mecs de l'armée) : pour son
travail sur les TSLA ;
· L'équipe du Dr Revol du Centre hospitalier
spécialisé du Vinatier et l'association
Psyrène : pour leurs recherches en neurosciences.
Je me suis également intéressée aux
formes de réponses mobiles aux situations complexes, tous publics
confondus:
· Dans le secteur de la personne âgée, la
Maia141(*) de
Givors dont la méthodologie des gestionnaires de cas est un
nouveau métier né pour répondre aux difficultés de
maintien à domicile des personnes âgées en situation
fragile et complexe ;
· L'équipe mobile de gériatrie de
l'hôpital de Fourvière pour son organisation commune à
plusieurs sites géographiques ;
· Dans le secteur de l'exclusion : le réseau
Rue Ville Hôpital Lyonnais qui est une Permanence d'Accès au Soins
de Santé Mobile avec une approche de la personne dans
« l'aller vers » ;
· En addictologie : les équipes de Liaison et
de Soins en Addictologie pour leur compétence en liaison sans
redondance, et Centre de soins d'accompagnement et de prévention en
addictologie pour leur travail non institutionnalisé auprès d'un
public en situation complexe ;
Les équipescitéesne se superposent pas à
l'existant, et viennent en renfort pour répondre aux situations
complexes de leur public. Ellessont très appréciées des
différents acteurs autour des situations. Quant au projet que je
préconise, il se situe ici dans une réponse sur les handicaps de
l'enfant au sein de l'institution de protection de l'enfance. Comment
coordonner le parcours de handicap d'un enfant pris en charge en protection de
l'enfance lorsque celui-ci fait l'objet d'une mesure de placement ? J'ai
plutôt retenu l'idée d'une équipe mobile en m'inspirant
desRBPP142(*) et de sa
synthèse143(*)
intitulées « Pratiques de coopération et de
coordination du parcours de la personne en situation de
handicap ».
6.3.2 Concevoir une fonction pivot de
coordination
A) Penser une équipe mobile pour la prise en compte
des enfants en situation de difficultés multiples, accueillis dans les
trois établissements Lyonnais de l'association
La proposition que j'ai avancée a été
retenue par le Copil. La fonction de cette équipe mobile sera
d'être un soutien de l'ensemble des situations décrites dans ce
mémoire, pour tous les acteurs, enfants de l'association, équipes
des structures, familles et partenaires.
Par cette équipe, il s'agit de se doter d'une
compétence associative pour :
· Rechercher, Informer et orienter les
équipes vers les ressources sanitaires, sociales et
médico-sociales du territoire afin de répondre
spécifiquement aux besoins des enfants, dans une
réactivité qui limitera les ruptures de parcours ;
· Etayer l'organisation des parcours des enfants,
apporter une expertise lors des orientations, admissions et sorties des
établissements, aider à coordonner les interventions des acteurs
autour de l'enfant ;
· Améliorer la continuité des parcours des
enfants alors que leur environnement complexe mobilise de nombreux
professionnels de disciplines différentes ;
· Soutenir les pratiques et initiatives des
professionnelles en leur apportant un appui opérationnel et
logistique.
Son déploiement initial se pense à moyens
constants avec un dimensionnement, des effectifs et compétences,
planifié à court, moyen et long terme.Ainsi initiée, elle
pourra être capitalisée pour faire évoluer l'effectif de
l'équipe, ainsi que sa pluridisciplinarité. Elle pourra
préfigurer un pôle de compétence pour l'association, ce qui
apportera une valeur ajoutée. Cette ingénierie est
intéressante car elle est en cohérence avec les nouvelles
configurations sur le territoire telles que les plateformes de service,
dispositifs de Réponse Accompagnée Pour Tous. Cette
expérience pourra évoluer dans la mesure où le projet
métropolitain des solidarités comprend une fiche action 41_1
intitulée « Structurer les interventions territoriales et
partenariales pour améliorer la prise en charge des enfants à
difficultés multiples et/ou présentant un
handicap ». Cette fiche indique que la métropole du Grand
Lyon entend mettre en oeuvre une ou des équipes mobiles
interinstitutionnelles, avec des financements conjoints Agence régionale
de Santé/Métropole.
B) Enjeux du projet
Lors de la troisième réunion, j'ai
contribué à préciser le cadre initial de ce projet avec
ses enjeux et objectifs.
La finalité de la coordination
générée par l'équipe mobile est de construire
« la complémentarité et continuité des
prises en charge » pour ces enfants.
Les enjeux principaux de ce projet sont de :
· Garantir la complémentarité et la
cohérence des interventions ;
· Coordonner des acteurs pour faciliter les
parcours ;
· Être une ressource pertinente pour l'enfant et
son environnement.
Ce projet implique une attention particulière à
la redondance des partenaires. En effet, il ne s'agit pas de se substituer aux
partenaires et aux instances de coordination territoriales.
C) La démarche et mission de l'équipe
La démarche de l'équipe comprendra des
rencontres avec les professionnels et les enfants dans les différents
environnements de ce dernier.Pas à pas, l'essentiel est de :
· Partir des besoins, attentes et aspirations ;
· Adapter le projet personnalisé en
intégrant la dimension du parcours de vie et du handicap. Ceci peut
nécessiter d'établir des bilans complémentaires, de partir
de l'existant pour éviter les redondances, de se positionner en
complémentarité avec les autres acteurs
impliqués ;
· Faire vivre l'évaluation en la partageant dans
une approche globale et formalisée avec les différents acteurs
autour de l'enfant ;
· Respecter impérativement le cadre juridique du
partage de l'information.
Les points d'appui, pour que cette équipe
génère cette ressource, sont de :
· Co-construire avec l'enfant, en choisissant des
objectifs réalisables ;
· Travailler avec l'environnement en partant de
l'existant, le conforter, le coordonner, jusqu'à constituer un socle,
suffisamment étayant et pertinent pour le développement de
l'enfant ;
· Situer l'entourage dans ce parcours, en soutenant sa
place tout en tenant compte de ses difficultés. C'est s'appliquer
à mobiliser les compétences de chacun ou identifier une ressource
sous-exploitée, inexploitée telle une nouvelle personne de
confiance, ou envisager de faire évoluer la place d'un proche;
· Etablir un état des lieux de la situation avec
la Mecs avant d'accompagner le plan d'action (transmettre, mettre en place des
outils, être force de proposition) ;
· Construire une mobilisation collective avec les trois
Mecs ce qui suppose de travailler le rôle attendu de chacun, les
ressentis et postures professionnelles, la transmission d'information et la
communication, la capitalisation des savoirs et la formation professionnelle,
l'ouverture collective par des formations croisées et des invitations
des réseaux et des partenariats ;
· Être dans une démarche territoriale
proactive de recherche de compétences, de participation aux diagnostics
du territoire et aux espaces de coordination locale.
Aussi les missions du coordinateur seront
d'évaluer, adapter, suivre, mettre en cohérence les acteurs,
développer et renforcer les ressources, être comme une courroie de
transmission.
Ma démarche de Benchmark montre des points de vigilance
tels que respecter le cadre législatif du partage de l'information,
etporter une attention spécifique aux transitions.Ceci suppose
d'identifier les obstacles, les étapes des adaptations à mettre
en oeuvre, les éléments facilitateurs.
Le coordinateur devra être etse former à
l'accompagnement spécifique de ces situations. Il rend visite à
l'enfant régulièrement pour repérer l'ensemble de ses
besoins de santé, d'adaptation scolaire, de médiation culturelle,
de remédiation neurocognitive. Il fait le point sur les aides en place
avec les différents intervenants (ASE, partenaires, parents,
référent et équipe). Il peut si nécessaire
planifier, suivre et réajuster les interventions. Il suit l'enfant
à long terme, même si il va mieux, même si il est
hospitalisé, même si il est pris en charge en accueil de jour. Il
repère les ruptures dans le parcours de vie de l'enfant en
retraçant les passages oubliés de son parcours ; cette
résurgence participe à la cohérence du devenir et
l'apaisement du passé. Tant le parcours a pu être morcelé,
les informations le concernant ont étéoubliéeset nous
perdons des éléments de cohérence pour l'enfants et pour
nous professionnels.
6.3.3 La préfiguration du
projet :
A) Questions en suspens et avenir du projet
Les premières réunions se sont
concentrées sur la coordination, mais j'ai proposé au
Copild'envisager un déploiement de l'équipe mobile en lui
associant d'autres compétences. Il s'agit notamment des renforts
éducatifs (PCP) dont l'action ciblerait les besoins spécifiques
des enfants, leur handicap. Leurs interventions (jeux, médiations)
seraient décidées en lien constant avec le coordinateur,
plutôt qu'avec le chef de service comme c'est le cas. Les connaissances
acquises par le coordinateur sur la nature du handicap de l'enfant, seraient
une ressource pour adapterle PPE au fur et à mesure.
Afin de palier la déscolarisation totale ou partielle
des enfants accueillis sur les trois établissements lyonnais, d'autres
compétences seraient nécessaires. Un intervenant scolaire
pourrait être mutualisé afin d'accompagner les enfants dans leur
parcours scolaire. Cependant, cette compétence ne pourrait pas se
formaliser à moyens constants, ni sans un travail préalable avec
l'académie et les autorités de financement.
Enfin, les psychologues seraient sollicités,dans un
groupe de travail technique,pour déterminer les besoins des
établissements en matière deneuropsychologue. Il s'agit
d'évaluer le nombre de bilans annuels, les compétences requises,
les suivis nécessaires. Ceci orienteraitle Copil pour le montage du
projet et la forme contractuelle la plus pertinente (enveloppe pour les bilans,
conventions cadre avec un neuropsychologue, partenariats avecle Centre
ressource TSLA, l'équipe du Dr Revol du Centre hospitalier
spécialisé du Vinatier ou Psyrène, etc.).
Concernant ces points, le Copil poursuivra afin de configurer
précisément l'équipe, d'étudier les couts et les
acteurs requis et de mettre en forme l'avant-projet. Le tout ne se fera pas
sans discussion avec les financeurs, le CSE et le CA.
B) La communication autour de l'équipe
Veiller à ce que ce projet soit compris de tous est un
préalable ; en l'absence duquel l'équipe ne serait jamais
sollicitée. Convaincre chacun (enfant, équipes, parents,
partenaires, autorités, CSE, bureau et président de
l'association) d'adhérer au projet, c'est susciter leur motivation.
Communiquer sur cette action, la mettre en valeur, éveille
l'intérêt, partage le sens qu'elle représente. Si son
évaluation est en adéquation avec les objectifs, il devient
rationnel pour chacun que l'action se poursuive. Combien de beaux projets n'ont
pas été pérennisés ? La structure vient de
connaître une fin de accueil externalisé par une communication et
une évaluation fragile, aussi je suis convaincue, que ces
dernièresdoivent être intégrées dés le
départ.
C) Évaluation
Il est essentiel d'inclure un processus d'évaluation
pour vérifier l'adéquation entre cette réponse et les
besoins des enfants en situation de difficultés multiples. La mise en
place de l'action suppose de l'accompagner d'un processus d'évaluation.
Je l'envisage afin d'apprécier et d'objectiver : la mise en oeuvre
de cette action, sa pertinence pour chaque établissement et l'ensemble
de l'association, les effets attendus et imprévus pour les enfants, les
parents, les partenaires et les professionnels, son efficience.
Il s'agira d'analyser si cette modalité améliore
la situation des enfants, en cohérente avec l'organisation
institutionnelle et territoriale. Cette action sera incluse dans
l'évaluation interne puis externe. Je mettrai en place un Copil
semestriel chargé, de recueillir les informations, de les analyser et
d'apporter force de propositions pour renforcer la pertinence de l'action. Il
devra s'intéresser tant à des mesures d'impact que d'efficience
(le plus haut niveau d'effet par rapport au niveau de ressource engagé).
Il devra tenir compte de l'avis de chacun par une auto-évaluation de
l'équipe, et des éléments de participation des enfants,
familles, partenaires, professionnels des structures. Qu'ont ils vécus
de cette démarche ?Leurs constats pourront être
mobilisés pour mesurer les progrès réalisés et
prioriser les actions à entreprendre.
Pour conclure, l'équipe apportera cohérence et
fluidité entre les établissements et le secteur en transformation
du handicap, par une coordination tissée au niveau associatif. Ses
compétences et sa place susciteront une dynamique à la fois micro
pour les situations et macro pour chaque établissement et l'association.
Extérieure aux établissements, celle-ci se situera du point de
vue de l'enfant aidant les équipes à travailler la jonction
handicap et protection de l'enfant, sur des points précis. Celle-ci
permettra aussi d'intégrer les évolutions de la connaissance des
handicaps, et celles de ce secteur.
7 Conclusion
Alors que 41,6% des enfants de la Mecs Plein soleil sont en
situation de handicap liés aux troubles des apprentissages et de
comportement, l'établissement,qui a pour mission première de les
protéger,doit renouveler ses aptitudes à soutenir leur
développement.
Cette ouverture de Plein soleil, qui réclame une
démarche qualitative, est contrainte par ses marges budgétaires.
Les compétences et attentes des partenaires sont de plus en plus
rigoureuses, et les situations hétérogènesmontrent les
difficultés multiplesdes enfants placés en protection de
l'enfance. Leur vulnérabilité masque des aspects liés aux
handicaps. Pour honorer les obligations de Plein soleil et tenir le cadre de
sécurité et d'accompagnement, je suis amenée à
recentrer et individualiser son offre éducative, en fonction des
spécificités des enfants accueillis,et en
complémentarité des dispositifs sollicités.
J'ai réorganisé Plein soleil par une
méthode participative de refonte du projet d'établissement. J'ai
ensuite impulsé une démarche d'ouverture à son
environnement afin de créer des synergies. Enfin j'ai proposé un
travail au niveau associatif pour penser une équipe mobile de prise en
compte des enfants en situation de difficultés multiples.
Si je mets ma réorganisation en perspective, je
vais soutenir les fondements de Plein soleil en utilisant le projet
d'établissement dans le processus d'amélioration
continue,poursuivre la démarche d'ouverture de
l'établissementnotamment avec la PMI, et aboutir
l'élaboration,puis la mise en place de l'équipe mobile,dont les
compétences seront à capitaliser par une évaluation en
filigrane.
Selon Didier Lesueur, Directeur Général de
l'Observatoire national de l'action sociale, de manière
générale le secteur de la protection de l'enfance est
confronté à « des ressources qui sont
comptées144(*) ». Partant de ce constat, il évoque
trois pistes d'avenir : « la nécessité de
partager les observations, de coopérer entre institutions sans se
replier sur le coeur de métier de chacun, et le fait de dégager
des innovations à partir des dynamiques
collectives »145(*). L'environnement de Plein soleil me pousse à
chercher des synergies, et à optimiser son fonctionnement en partant
essentiellement de l'existant,ou en recomposant notre offre, ce qui requiert
une adaptation encore plus profonde.
8 Bibliographie
Périodiques :
-BOURRAT-GUÉGUEN A., 2016, « les
récentes améliorations apportées à la prise en
charge de l'enfance maltraitée », RDSS, septembre-octobre
2016, pages 797-998.
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sanitaire et du médico-social : perspectives pour les
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2012, n°438-439, p 5-155
-PROCHASSON D, 6 juillet 2018, « protection de
l'enfance, La nouvelle donne »,ASH, N°3068, 49 p
-FERMAUD L, Novembre-Décembre 2011,
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Ouvrages :
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-JUMEL B, 2015,Aider l'enfant dyslexique,3ième
édition, Paris :interÉditions, 240 p
-CUCHE D, 2010, la notion de culture dans les sciences
sociales, 4ième édition, Paris : Éditions la
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-CYRULNIK B, 2004, Les vilains petits canards,
Paris : éditions Odile Jacob, 229 p
-GRANGE T, POURTOIS J-P, BOBBIO A, et al., 2015, L'accueil
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intervention, Nîmes : Éditions champ social, 256 p.
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métier de directeur, Techniques et fictions, 6ième
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de l'action sociale et médico-sociale, 3ième édition,
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-SALEM G, 2011, La maltraitance familiale,
dévoiler, intervenir, transformer, Paris : Éditions
Armand Colin, 327 p
-Sous le direction d'HEINRY H., 2016, La fabrique du
changement au quotidien, paroles de directeurs, Rennes :
Presses de l'EHESP,243p.
-Sous la direction de IONESCU S, 2011, Traité de
résilience assistée, 1ière édition,
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-TROSA S, / ed, 2016, Les paradoxes du management par le sens,
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-WATZLAWICK P, WEAKLAND J, FISCH R, 1975,
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Ouvrages parcourus
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contrainte », Vers une écologie de l'esprit 2, nouvelle
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psychanalyse, Paris : Payot, collection sciences de l'homme,
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-DREES, VANOVERMEIR S., MAINGUENÉ A., BERTRAND D.,
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-UNIFAF et CREAI Auvergne Rhône-Alpes, Actes de la
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http://www.creai-ara.org/wp-content/uploads/2018/01/Actes-ados-a-difficultes-multiples-du-03.11.15.pdf
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http://www.federation-rayons-soleil.org/images/plaquette-federation-rayonsoleil.pdf
-Matrice McKinsey : analyser la position de vos domaines
d'activité stratégiques sur leurs marchés (visité
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https://www.lien-social.com/La-protection-de-l-enfance-en-debat
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(visitée le 05.08.2019), disponible sur Internet :
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atelier relaxation, Mémoire éducateur spécialisé,
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-MINISTÈRE DE LA JUSTICE. Ordonnance n° 45-174 du
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officiel du 04 février 1945, (visité le 04 02 2019), disponible
sur Internet :
http://www.criminocorpus.org/legislation/45-174
-MINISTÈRE DE LA JUSTICE, MINISTÈRE DES FINANCES
ET DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES, MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION
NATIONALE, MINISTÈRE DE LA SANTÉ PUBLIQUE ET DE LA POPULATION.
Ordonnance n° 58-1301 du 23 décembre 1958 relative à la
protection de l'enfance et de l'adolescence en danger. Journal officiel,
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l'autorité parentale. Journal officiel du 5 juin 1970. N°5227,
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-Loi n°75-535 du 30 juin 1975 relative aux institutions
sociales et médico-sociales, Journal Officiel, n°151 du 01 juillet
1975 (visité le 01.01.2019), disponible en fac-similé sur
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http://www.legifrance.gouv.fr
-Loi du 06 janvier 1986 adaptant la législation
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d'aide sociale et de santé, Journal officiel, N°372 du 08 janvier
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-MINISTÈRE DE L'EMPLOI ET DE LA
SOLIDARITÉ : Loi 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l'action
sociale et médico-sociale, Journal officiel, n°2 du O3 janvier
2002, (visitée le 10.02.2019) disponible sur Internet :
http://www.legifrance.gouv.fr
-MINISTÈRE DE L'EMPLOI, DE LA COHÉSION SOCIALE
ET DU LOGEMENT, Loi n°2007-293 du 05 mars 2007 réformant la
protection de l'enfance, Journal officiel n°55 du 6 mars 2007,
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-MINISTÈRE DU TRAVAIL, DES RELATIONS SOCIALES, DE LA
FAMILLE, DE LA SOLIDARITÉ ET DE LA VILLE, Loi n°2009_879 du 21
juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative au patients
à la santé et au territoire, Journal officiel, numéro
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-MINISTÈRE DES FAMILLES DE L'ENFANCE ET DES DROITS DES
FEMMES, Loi n°2016-297 du 14 mars 2016 relative à la protection de
l'enfant, Journal officiel, n°0063, du 15 mars 2016, (visité le
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-MINISTÈRE DES AFFAIRES SOCIALES ET DE LA SANTÉ,
Circulaire N° DGCS/3B/2017/148, 2 mai 2017.?
RBPP : ??
-ANESM, Recommandations décembre 2009,
Élaboration, rédaction, et animation du projet
d'établissement ou de service, (visité le 20/07/2019),
disponible sur internet :
https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2835410/fr/elaboration-redaction-et-animation-du-projet-d-etablissement-ou-de-service
-ANESM, Synthèse recommandations, janvier 2012,
Élaboration, rédaction et animation du projet
d'établissement ou de service, (visité le 20/07/2019),
disponible sur internet ; https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2835410 ?
-ANESM, Recommandations mars 2018, Pratiques de
coopération et de coordination du parcours de la personne en situation
de handicap, (visité le 30/06/2019), disponible sur internet :
https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2839995/fr/pratiques-
de-cooperation-et-de-coordination-du-parcours-de-la-personne-en-situation-de-
handicap ?
-ANESM, Synthèse recommandations, mars 2018,
Synthèse et outils pratiques de coopération et de
coordination du parcours de la personne en situation de handicap,
(visité le 30/06/2019), disponible sur internet : https://www.has-
sante.fr/portail/jcms/c_2839995/fr/pratiques-de-cooperation-et-de-coordination-du-
parcours-de-la-personne-en-situation-de-handicap.
-ANESM, décembre 2008,Ouvrir l'établissement
à et sur son environnement, (visité le 29 Juin 2019),
disponible sur Internet :
https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-03/reco_ouverture.pdf
9 Liste des annexes
Annexe I : SWOT Associatif avec participation de
l'ensemble des professionnels
Annexe II Nature des placements des enfants
accueillis en 2018.
Annexe III Mixité des enfants accueillis, en
2018
Annexes IV : Durée moyenne du placement en
2018.
Annexe V : Présence des enfants week-end
et vacances scolaires.
Annexe I : SWOT Associatif avec participation de
l'ensemble des professionnels
|
FORCES (STRENGHS)
|
FAIBLESSES (WEAKNESSES) GRPE PILOTE
|
ORIGINES INTERNES
|
· Procédures d'accueil stagiaire ;
· Management : le management actuel et ce vers
quoi on tend ;
· Orientation du siège social ;
· Projets immobiliers : accès
PMR ; Rénovation ; construction neuve ;
· Personnalisation de l'accompagnement :
comment cela se décline dans chaque établissement ?
· Travail avec les familles ;
· L'équipe pluridisciplinaire :
professionnalisme, diversité des diplômes, mixité,
créativité, autonomie ;
· Appropriation de l'histoire par l'ensemble des
professionnels ;
· Organisation interne : permanence de
journée, planning horaire (présence éducative importante
sur le groupe des petits), groupes horizontaux, fonctionnement et outils
rodés et repérés de tous ;
· Soutien à la scolarité :
présence de répétiteurs ;
· Appropriation des outils de la loi
2002-2 ;
· Place de la psychologue.
|
· Transformation de l'offre ;
· Parcours interne : réflexion sur
l'accompagnement ; PEC des enfants déscolarisés ; PEC
des fratries ;
· Partenariat : absence de
bénévolat ; lien avec les MDM ; lien CMP ; recul
de la PJJ ;
· Réponses institutionnelles : la
sanction ;
· Communication : outils à
disposition ;
· Lisibilité de la
fédération : présence au sein des
établissements ?
· Mutation des difficultés des
enfants ;
· PE : trop ancien, pas assez
évalué ;
· Manque de moyens : postes transversaux
psychologue, entretien...
· Difficultés pour répondre aux besoins
des jeunes en matière de santé et de
scolarité ;
· La notion de référence : un
référent administratif, une référence
éducative choisie par l'enfant ;
· Mise en oeuvre des projets
personnalisés : manque de suivi ;
· Professionnalisme et posture éducative :
jugeant envers les familles, manque de dynamisme, de motivation,
résistance aux changements, participation non homogène des
professionnels, difficultés relationnelles, manque d'esprit
d'équipe. Usure et épuisement professionnels ;
|
|
· OPPORTUNITES (OPPORTUNITIES)
|
MENACES (THREATS)
|
ORIGINES EXTERNE
|
· Diversités de recrutement : services
civiques, bénévolat ;
· Accueil de stagiaires ;
· Partenariat : réseau local, autres
associations (quartier..) ;
· Evolution de l'offre d'accueil : MNA, jeunes
majeurs.
|
· Baisse des financements : qualité de
la PEC, QVT, mise en place de l'APP ;
· Changements d'organisation : turn-over,
départs... ;
· Manque de structures relais : gites,
répit ;
· Turn-over : difficulté de
recrutement ;
· Risques psychosociaux ;
· Taille de l'association : possibilité
d'absorption ;
· Augmentation des exclusions scolaires ;
· Marge de manoeuvre restreinte pour les enfants sans
solution familiale : WE, vacances ;
· Réduction des PEC à la
majorité.
|
OBJECTIFS
|
· Pérenniser la démarche d'évaluation
dans de nombreux domaines (EI, PP)
|
· Travail sur la participation des usagers, dynamiser le
travail avec les familles
|
· Renforcer la visibilité de l'établissement
sur le territoire
|
· Renforcer les compétences par la formation
|
- THÉMATIQUES DU PE ET DES FICHES
ACTIONS
|
· Evolution du public (difficulté,
problématique, exclusion)
|
· Nature de l'offre (évaluer les dysfonctionnements
et les gommer, modalités de PEC, organisation des groupes de vie)
|
· Participation des usagers
|
· Partenariat (réseau, se faire connaître)
|
· Accompagnement, parcours (besoins, personnalisation,
implication/place des familles, anticipation des transitions,
référence)
|
|
Annexe II Nature des placements des enfants
accueillis en 2018.
![](Rorganiser-l-offre-institutionnelle-d-une-MECS-pour-rpondre--la-situation-des-enfants-en2.png)
Annexe III Mixité des enfants accueillis, en
2018
![](Rorganiser-l-offre-institutionnelle-d-une-MECS-pour-rpondre--la-situation-des-enfants-en3.png)
Annexes IV Durée moyenne du placement en
2018.
![](Rorganiser-l-offre-institutionnelle-d-une-MECS-pour-rpondre--la-situation-des-enfants-en4.png)
Annexe V : Présence des enfants week-end
et vacances scolaires.
![](Rorganiser-l-offre-institutionnelle-d-une-MECS-pour-rpondre--la-situation-des-enfants-en5.png)
MORIN
|
Chrysalde
|
Novembre 2019
|
Certificat d'aptitude aux fonctions de directeur
d'établissement ou de service d'intervention sociale
ETABLISSEMENT DE FORMATION:
ARAFDES
|
RÉORGANISER L'OFFRE INSTITUTIONNELLE D'UNE MECS
POUR RÉPONDRE À LA SITUATION DES ENFANTS EN DIFFICULTÉS
MULTIPLES
|
Résumé :
La Mecs Plein soleil est un établissement d'une petite
associationce qui est atypique sur le territoire de la Métropole du
« Grand Lyon » etreprésente un défi
stratégique.
Celle-ci est appréciée et reconnue des
partenaires ; l'ASE la choisit volontiers pour des jeunes enfants dont les
problématiques ont été trop aigues pour permettre un
accueil en famille d'accueil.
Leurs difficultés sont multiples et leur
développement a été mis à mal par un parcours
traumatique grave ou une adversité chronique. Aussi, Plein soleil
accueille 41,6% d'enfants reconnus ou en cours de reconnaissance pour des
handicaps tels que des troubles d'apprentissage ou des désorganisations
qui se manifestent par des troubles du comportement.
Les besoins de ces enfants m'amène à recentrer
les équipes sur l'enfant par la refonte du projet
d'établissement, à ouvrir l'établissement à son
environnement par des coopérations, du partenariat et un travail en
réseau plus soutenu et enfin à prendre en compte de la
spécificité de ces enfants au niveau associatif en pensant, une
équipe inter-établissement de soutien et de coordination.
|
Mots clés :
Mecs, besoins et intérêt de l'enfant,
développement de l'enfant, handicap, culture commune, projet
d'établissement, décloisonnement, coopération,
partenariat, coordination.
|
L'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique
n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises
dans les mémoires : ces opinions doivent être
considérées comme propres à leurs
auteurs.
|
* 1 Afin de fluidifier la
lecture du mémoire, le terme d'enfants inclut également les
adolescents.
* 2 Site de la
Fédération des Rayons de soleil de l'enfance, (visité le
04.04.2019), disponible sur internet :
http://www.federation-rayons-soleil.org/images/plaquette-federation-rayonsoleil.pdf
* 3 Ibid.
* 4 JOULE R-V, BEAUVOIS J L,
2014, Petit traité de manipulation mentale à l'usage des
honnêtes gens, Grenoble : Presses Universitaire, 67 p
* 5 Matrice Mac Kinsey :
analyser la position de vos domaines d'activité stratégiques sur
leurs marchés (visité le 10.10.2018) disponible sur
Internet :
https://www.manager-go.com/strategie-entreprise/matrice-mac-kinsey.htm
* 6 CHAUVIÈRE M.,
Enfance inadaptée : l'héritage de vichy, suivi de
L'efficace des années quarante, économie et humanismeles
édictions ouvrières, Paris : collection politique sociale,
21 p
* 7 DREES, VANOVERMEIR S.,
MAINGUENÉ A., BERTRAND D., Les établissements pour enfants et
adolescents en difficulté sociale, activité et personnel au 31
décembre 2004, N°113- juillet 2007, Document de travail et
séries statistiques, 129 p, (visité le 07.07.2019), Disponible
sur Internet :
https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/seriestat113.pdf
* 8 DREES, VANOVERMEIR S.,
MAINGUENÉ A., BERTRAND D., op. cit. 129 p
* 9 Confère cours de
l'organisme de formation
* 10 Ibid
* 11 GRANGE T, POURTOIS J-P,
BOBBIO A, et al., 2015, L'accueil des mineurs en difficulté,
Fernelmont : EME éditions, Collection Ouvertures
pédagogiques, (chapitres en français) 21 p.
* 12JEAGER M /
éd., 2018, Diriger un établissement ou un service en action
sociale et médico-sociale, 2ième éditions,
Paris :Dunod, (Parcouru), 1284 p.
* 13 GRANGE T.,
L'accueil des mineurs en difficulté, op cit, p 22.
* 14 Ibid.
* 15 Ibid
* 16 GRANGE T.,
L'accueil des mineurs en difficulté, op cit, p 84.
* 17 Stratégie
nationale de prévention et de lutte contre le pauvreté,
février 2019, Référentiel : Accompagner les
sorties de l'Aide Sociale à l'Enfance,8 p, (visité le 20 05
2019), disponible sur Internet :
https://solidarites-sante.gouv.fr
* 18 Compte rendu du Conseil
des ministres du 30 janvier 2019,La protection de l'enfance,
(Visité le 20 mai 2019), disponible sur Internet :
http://gouvernement.fr
* 19 Ancienneté
moyenne des équipes éducatives 10,62 ans, confère tableau
page 4.
* 20 ANAP,publication du 11
juillet 2018, Tableau de bord de la performance dans le secteur
médico-social-Premiers enseignements, catégorie
Publication/Organisation, 52 p, (visité le 05 06 2019), disponible sur
site :
www.anap.fr
* 21 Chiffres issus du
rapport d'activité de la Mecs Plein soleil 2018
* 22 Chiffres issus du
rapport d'activité de la Mecs Plein soleil 2018
* 23 HEUZÉ S, 2016,
Le dispositif ITEP, un concept une intervention, Nîmes :
Éd champ social, p 46
* 24 ONPE, novembre 2016,
Estimation de la population des enfants et des jeunes en protection de
l'enfance au 31/12/2014, Note d'actualité, 6 p.
* 25 DRESS, 2015, Les
prestations d'Aide sociale attribuées par les départements en
2014, n°0942.
* 26 Assemblée
nationale, Mission d'information sur l'ASE, (visité le 05.08.2019),
disponible sur Internet :
http://videos.assemblee-nationale.fr/video.7636128_5cdd0bed3a6b8.mission-d-nformation-sur-l-aide-sociale-a-l-enfance--protection-de-l-enfance--mme-chantal-rimbaul-16-mai-2019?timecode=8246857
* 27 FERMAUD
L.,Novembre-Décembre 2011, « L'intérêt de
l'enfant, critère d'intervention des personnes publiques en
matière de protection des mineurs », RDSS, N° 6, p
1136.
* 28 PRIOU J, DEMOUSTIER S,
2013, Institutions et organisation de l'action sociale et
médico-sociale, 3ième édition, Paris : Dunod, p
8
* 29 PRIOU J,
Institutions et organisation de l'action sociale et
médico-sociale, op cit, p 3.
* 30 Ibid
* 31 PLANTET J.,La
protection de l'enfance en débat, Lien social n° 766 du 22
septembre 2005, (visité le 08.07.2019), disponible sur Internet :
https://www.lien-social.com/La-protection-de-l-enfance-en-debat
* 32FERMAUD
L.,« L'intérêt de l'enfant, ... », op. cit., p
1137.
* 33 FERMAUD
L« L'intérêt de l'enfant, ... », op. cit., p
1138.
* 34 BOURRAT-GUÉGUEN
A., septembre-octobre 2016, « les récentes
améliorations apportées à la prise en charge de l'enfance
maltraitée », RDSS, p 797-998.
* 35 Circulaire du 06 mai
2010
* 36 CASF, nouvel article
L.226-4 3°
* 37 Conseil de l'Europe,
mars 2016, Stratégie du Conseil de l'Europe pour les droits de
l'enfant (2016-2021), les droits fondamentaux de l'enfant, imprimée
dans les ateliers du Conseil de l'Europe, 26 p, (visité le 10
08.2019), disponible sur Internet :
www.coe.int/children
* 38 Recommandation de la
Commission (UE) N°2013/112/UE du 20 Février 2013, Recommandation
européenne, Investir dans l'enfance pour briser le cercle vicieux de
l'inégalité , JOUE, L 59, (visité le 10 08.2019),
disponible sur Internet :
http://eur-lex.europa/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2013:059:0005:0016:FR:PDF
* 39Recommandation de la
Commission, Investir dans l'enfance.., op. cit.
* 40.Ministère des
familles, de l'enfance et des droits des femmes,Dr MARTIN-BLACHAIS M-P, 2017,
Démarche de consensus sur les besoins de l'enfant en protection de
l'enfance, p 14.
* 41 Consulté fin
2018, celui-ci n'est plus accessible sur Internet.
* 42GRANDLYON la
métropole, Délégation Développement Solidaire,
Habitat et Education, Projet métropolitain des solidarités
2017-2022 : prévention et protection de l'enfance, 48p.
(visité le 29 juin 2019), disponible sur
Internet :https://www.grandlyon.com/fileadmin/user_upload/media/pdf/pa-ph/20171130_pms_cahier-thematique_protection-enfance.pdf
* 43 GRANDLYON la
métropole, Projet métropolitain des solidarités
2017-2022 : prévention...
* 44 Ibid.
* 45 Ibid.
* 46 Rapport
d'activité de Plein soleil 2017
* 47 UNIFAF et CREAI
Auvergne Rhône-Alpes, Actes de la journée du 03novembre 2015,
BOURGEAUX I .,« Une souffrance maltraitée, la
santé des enfants accueillis au titre de la protection de
l'enfance : quelle organisation sur les
territoires ? »Adolescents à difficultés
multiples : quel accompagnement sur les territoires?, Lyon, 78p.,
(visité le 02 août 2019), disponible sur Internet :
http://www.creai-ara.org/wp-content/uploads/2018/01/Actes-ados-a-difficultes-multiples-du-03.11.15.pdf
* 48 Ibid
* 49 Dr MARTIN-BLACHAIS M-P,
Démarche de consensus ..., op cit 91p
* 50Dr MARTIN-BLACHAIS M-P,
Démarche de consensus..., op cit 91 p
* 51 Terminologie issue des
bilans
* 52 Terminologie issue des
bilans
* 53UNIFAF/CREAI, BOURGEAUX
I .,« Une souffrance maltraitée..., op cit.
* 54UNIFAF/CREAI, BOURGEAUX
I .,« Une souffrance maltraitée..., op cit.
* 55GRANDLYON la
métropole, Délégation Développement Solidaire,
Habitat et Education, Projet métropolitain des solidarités
2017-2022 : prévention et protection de l'enfance, 48p.(
visité le 29 juin 2019), disponible sur Internet :
https://www.grandlyon.com/fileadmin/user_upload/media/pdf/pa-ph/20171130_pms_cahier-thematique_protection-enfance.pdf
* 56 Ibid.
* 57 Ibid.
* 58 GRANDLYON la
métropole, Projet métropolitain des solidarités
2017-2022 : prévention et protection de l'enfance, op. cit.
* 59Ibid.
* 60ONPE, octobre 2016, Note
d'actualité, Les besoins fondamentaux de l'enfant et leur
déclinaison pratique en protection de l'enfance, 125p,
(visité le 18 .11.2018),Disponible sur Internet:
https://www.onpe.gouv.fr/system/files/publication/notedactu_besoins_de_lenfant.pdf
* 61 Dr MARTIN-BLACHAIS M-P,
Démarche de consensus..., op cit., p 47.
* 62 Par soucis d'anonymat,
les prénoms des enfants ont été modifiés.
* 63 SALEM G, 2011, La
maltraitance familiale, dévoiler, intervenir, transformer,
Paris : Éditions Armand Colin, 327p
* 64 ONED., 2010, la
théorie de l'attachement : une approche conceptuelle au service de la
protection de l'enfance, dossier thématique, 139p,(visité le
05.04.2019) disponible sur internet :
http://oned.gouv.fr/system/files/publication/dossierthematique_theoriedelattachement_5.pdf
* 65 WINNICOT D W, 1989,
De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris : Payot,
collection sciences de l'homme, ( parcouru) 468p.
* 66 Dr MARTIN-BLACHAIS M-P,
Démarche de consensus ..., op cit 91p
* 67JUMEL B, 2015,Aider
l'enfant dyslexique ,3ième édition,
Paris :interÉditions, 17 p
* 68 Ibid.
* 69 Elément
recueilli lors d'un échange informel avec une responsable de l'ASE
* 70 CYRULNIK B, 2004,
Les vilains petits canards, Paris : éditions Odile Jacob,
150 p
* 71JEAGER M /
éd., 2018, Diriger un établissement ou un service en action
sociale et médico-sociale, 2ième éditions,
Paris :Dunod, (Parcouru), 1284 p.
* 72 Travaux cités
dans l'ouvrage de BERGER M., 2004, L'échec de la protection de
l'enfance, Paris : Dunod, 2ième édition,
Paris, 188p.
* 73 CYRULNIK B, Les
vilains petits canards, op cit. 140 p.
* 74 Sous la direction de
IONESCU S, 2011, Traité de résilience assistée,
1ière édition, Paris : PUF, p 286.
* 75 BOUTARIN I, 2019,
Orchestrer les émotions des adolescents dans une Maison d'Enfants
à caractère social. Un atelier relaxation, Mémoire
éducateur spécialisé, 24p.
* 76UNIFAF/CREAI, BOURGEAUX
I .,« Une souffrance maltraitée..., op cit.
* 77 Ibid.
* 78 UNIFAF/CREAI, BOURGEAUX
I .,« Une souffrance maltraitée..., op cit.
* 79Cabinet lyonnais de
psychologie et de recherche en neurosciences spécialisé dans la
prise en charge des problématiques suivantes : crise contextuelle,
trouble de l'apprentissage, de la mémoire, de l'attention,
hyperactivité (TDAH), précocité intellectuelle,
créative ou relationnelle, trouble du comportement,
anxiété, phobies et troubles psychosomatiques, troubles «
dys » (dyslexie, dysphasie, dyscalculie, etc....), recherche
d'amélioration de la performance et des capacités, recherche
d'une meilleure connaissance de son profil psycho-cognitif. (confère
leur site internet)
* 80Dr MARTIN-BLACHAIS M-P,
Démarche de consensus ..., op cit 91p
* 81Ibid.
* 82 Ibid.
* 83 FREUD A., 2001, Le
moi et les mécanismes de défense, Paris :PUF,
(parcouru) 168 p.
* 84 CYRULNIK B, 2004,
Les vilains petits canards, Odile Jacob, 165 p.
* 85Ibid.
* 86 Sous la direction de
IONESCU S, Traité de résilience assistée, op cit
avant-propos.
* 87 Sous la direction de
IONESCU S, Traité de résilience assistée, op cit
p 8.
* 88Sous la direction de
IONESCU S, Traité de résilience assistée, op cit
p 127
* 89 Sous la direction de
IONESCU S, Traité de résilience assistée, op cit
p. 88.
* 90Sous la direction de
IONESCU S, Traité de résilience assistée, op cit.
p. 17.
* 91 BOUTARIN I, 2019,
Orchestrer les émotions des adolescents..., op cit. p19.
* 92 Ibid. p34
* 93Sous la direction de
IONESCU S, Traité de résilience assistée, op cit
275 p
* 94 Sous la direction de
IONESCU S, Traité de résilience assistée, op cit
276 p.
* 95 Sous la direction de
IONESCU S, Traité de résilience assistée, op cit
276 p.
* 96 Sous la direction de
IONESCU S, Traité de résilience assistée, op cit
278 p
* 97 Sous la direction de
IONESCU S, Traité de résilience assistée, op cit
297 p.
* 98 Sous la direction de
IONESCU S, Traité de résilience assistée, op cit
305 p.
* 99WATZLAWICK P, WEAKLAND
J, FISCH R, 1975, Changements, Paradoxes et psychothérapie,
éditions du Seuil, 185p
* 100WATZLAWICK P,
Changements, Paradoxes et psychothérapie, op cit p 35.
* 101WATZLAWICK P,
Changements, Paradoxes et psychothérapie, op cit p 35.
* 102WATZLAWICK P,
Changements, Paradoxes et psychothérapie, op cit 185 p
* 103WATZLAWICK P,
Changements, Paradoxes et psychothérapie, op cit p 34
* 104WATZLAWICK P,
Changements, Paradoxes et psychothérapie, op cit p 28
* 105 WATZLAWICK P,
Changements,..., op cit partie 3 « la résolution de
problèmes » p 95
* 106 WATZLAWICK
P., Changements : Paradoxe est psychothérapie , op
cit p 81.
* 107 WATZLAWICK
P., Changements : Paradoxe est psychothérapie , op
cit p 103.
* 108 BATESON G., 1980,
« la double contrainte », Vers une écologie de
l'esprit 2,nouvelle édition, Paris : Éditions du Seuil
p 46-55
* 109 Cité dans
WATZLAWICK P., Changements : Paradoxe est
psychothérapie , op cit p 116.
* 110 WATZLAWICK
P., Changements : Paradoxe est psychothérapie , op
cit p 191
* 111MINISTÈRE DES
AFFAIRES SOCIALES ET DE LA SANTÉ, Circulaire N° DGCS/3B/2017/148, 2
mai 2017.?
* 112 HEUZÉ S, 2016,
Le dispositif ITEP, un concept une intervention, op cit p73
* 113 HEUZÉ S, 2016,
Le dispositif ITEP, un concept une intervention, op cit p74
* 114 Cité dans
l'ouvrage de CUCHE D, 2010, la notion de culture dans les sciences
sociales, Quatrième édition, Paris : Éditions la
découverte, 154 p.
* 115 TROSA S, / ed, 2016,
Les paradoxes du management par le sens, Rennes : Presses de l'EHESP, p
91
* 116 CUCHE D, 2010, la
notion de culture dans les sciences sociales, op cit 154 p.
* 117 Dossier
L'inexorable convergence du sanitaire et du médico-social :
perspectives pour les associations, Les cahiers de l'actif,
n°438-439, novembre décembre 2012, p 5-155
* 118 HEUZÉ S, 2016,
Le dispositif ITEP, un concept une intervention, op cit 59 p
* 119CUCHE D, 2010, la
notion de culture dans les sciences sociales, op cit 154 p
* 120 Ibid
* 121CUCHE D, 2010, la
notion de culture dans les sciences sociales, op cit p 117
* 122 Plus exactement
« homme d'action », ouvrage de MIRAMON J-M., 2009,
Manager le changement, dans les établissements et services sociaux
et médicosociaux, 3ième édition, Presses de l'EHESP,
Rennes, 8 p
* 123 MIRAMON J-M., 2009,
Manager le changement, ..., op cit p14
* 124 MIRAMON J-M, MORDOHAY
FO, 2003, Manager le temps des organisations sociales et
médico-sociales, Paris : Dunod, (parcouru) 160 p
* 125MANDELBROT B., 2005,
Une approche fractale des marchés, risquer, perdre et gagner,
Paris : Odile Jacob, ( Parcouru) 359p.
* 126 MIRAMON J-M.,
Manager le changement, dans les établissements et services sociaux
et médicosociaux, op cit 29 p
* 127 MIRAMON J-M.,
Manager le changement, ..., op cit p 92
* 128 MIRAMON J-M., COUET
D., PATURET JB., 2017, Le métier de directeur, Techniques et
fictions, 6ième édition, Presses de l'EHESP, Rennes,
187 p.
* 129ANESM, Recommandations
décembre 2009, Élaboration, rédaction, et animation du
projet d'établissement ou de service, [visité le
20/07/2019], disponible su internet :
https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2835410/fr/elaboration-redaction-et-animation-du-projet-d-etablissement-ou-de-service
* 130JEAGER M /
éd., 2018, Diriger un établissement ou un service en action
sociale et médico-sociale, 2ième éditions,
Paris :Dunod, 1284 p.
* 131ANESM,
Élaboration, rédaction, et animation du projet
d'établissement ou de service, op cit
* 132 TROSA S., BARTOLI A.,
2016, les paradoxes du management par le sens, Rennes : Presses
de l'EHESP, 166 p.
* 133ANESM, décembre
2008, Ouvrir l'établissement à et sur son
environnement (visité le 29 Juin 2019), disponible sur
Internet :
https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-03/reco_ouverture.pdf
* 134 Ibid.
* 135 Ibid.
* 136ANESM, Ouvrir
l'établissement à et sur son environnement, op. cit.
* 137JEAGER M /
éd., 2018, Diriger un établissement ou un service en action
sociale et médico-sociale, 2ième éditions,
Paris :Dunod, (parcouru), 1284 p.
* 138JEAGER M /
éd., 2018, Diriger un établissement ou un service en action
sociale et médico-sociale, 2ième éditions,
Paris :Dunod, (parcouru), 1284 p.
* 139Le benchmark est une
technique de
gestion de
la qualité qui consiste à étudier et analyser les
techniques, les modes d'organisation des autres
entreprises afin de s'en
inspirer et d'en tirer le meilleur.
* 140 Sous le direction
d'HEINRY H., 2016, La fabrique du changement au quotidien, paroles de
directeurs, Rennes : Presses de l'EHESP,131 p.
* 141 MAIA signifie
méthode d'action pour l'intégration des services d'aide et de
soin dans le champ de l'autonomie.
* 142ANESM, Recommandations
mars 2018, Pratiques de coopération et de coordination du parcours
de la personne en situation de handicap, [visité le 30/06/2019],
disponible sur internet :
https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2839995/fr/pratiques-
de-cooperation-et-de-coordination-du-parcours-de-la-personne-en-situation-de-
handicap ?
* 143ANESM, Synthèse
recommandations, mars 2018, Synthèse et outils pratiques de
coopération et de coordination du parcours de la personne en situation
de handicap, [visité le 30/06/2019], disponible sur internet :
https://www.has-
sante.fr/portail/jcms/c_2839995/fr/pratiques-de-cooperation-et-de-coordination-du-
parcours-de-la-personne-en-situation-de-handicap
* 144 PROCHASSON D, ASH,
N°3068, 6 juillet 2018, « protection de l'enfance, La
nouvelle donne », P49
* 145Ibid.
|