La géopolitique congolaise de l'eau. Mythe ou réalité?par Faustin KYALA WAKABILA Université de Kolwezi - Licence 2019 |
Section 2 : le mythe de la géopolitique congolaise de l'eauCette section qui traite du mythe de la géopolitique congolaise sera comprise que si et seulement si nous analysons la question d'utilisation de l'eau en RDC incluant le cadre institutionnel. Avec le fleuve Congo dont le bassin versant incorpore de manière assez étroite la totalité du pays un débit moyen de 45.000m3/s (1.260km3/an), et des précipitations abondantes et régulières, la RDC n'est pas dépourvue d'eau. Les eaux de surface de la RDC représentent environ 52 pourcent des réserves en eau de l'Afrique. Cependant, l'abondance en eau contraste nettement avec l'approvisionnement effectif, estimé en 2000 à seulement 7m3 par individu par an lorsque la quantité d'eau disponible par individu est estimée à 19.967m3 103 (2008). L'utilisation d'eau en RDC par habitant considérablement plus faible que celle de plusieurs pays arides du Sahel faisant face à un problème de pénurie physique d'eau. Le prélèvement en eau douce vont principalement à un usage domestique (52%), le secteur agricole bénéficiant des précipitations abondantes a recouru à une agriculture pluviale et ne nécessite que de très peu de prélèvements supplémentaires en eau pour l'irrigation (32%), les prélèvements, à destinations de l'industrie sont faibles (16%), le taux d'exploitation des ressources renouvelables en eau est bas (0,04%). En 2000, FAO Aquastat a estimé que les prélèvements totaux d'eau s'élevaient à 356 millions de m3 pour cette année 2018. A titre de comparaison, c'est un dixième de la quantité d'eau prélevée sur la même période par la seule centrale nucléaire de Saint-Alban en France (3668 millions de m3) ou 1% des prélèvements en eau de la France (33 milliards de m3 pour la France métropolitaine.61 Malgré l'abondance des eaux de surface, la grande majorité de la population congolaise dépend des nappes phréatiques et des sources pour s'approvisionner en eau potable. On estime que les nappes phréatiques représentent presque 47 pourcent (421km3/an) des ressources hydriques renouvelables de la RDC. L'Aquifère du bassin du Congo fait partie des 37 plus grands aquifères du monde, a dépassé son seuil de durabilité et est en déplétion. §1.Ressources en eau douce et approvisionnement en eauComme dit précédemment, la RDC est le pays le plus riche en eau d'Afrique. Il représente environ 52% des réserves de surface de l'Afrique et 23% des ressources en eau renouvelables intérieures de l'Afrique.62 Les ressources en eau douce renouvelables par habitant ont été estimées à 19.967m3/personne/an en 2008. Quand la moyenne mondiale de consommation d'eau est 1240m3/individu cette valeur est nettement supérieure à la limite de suffisance en eau reconnue internationalement de 1700m3/personne/an. La RDC a des précipitations annuelles moyennes d'environ 1646 mm/an, variant dans l'espace et le temps (800-1800mm/an). De plus la RDC possède une autonomie 61 FAO, Aquastat de 2000 sur le rapport des ressources renouvelables en eau, https:// www.ONU.fao 62 Anonyme, L'utilisation de l'eau en RDC, https://fr.m.wikipedia.org/wiki, consulté le 21 mai 2019 104 d'eau considérable puisque 70% de ses ressources en eau renouvelables sont générées en interne par les précipitations. L'abondance des ressources en eau en RDC est liée à la vaste couverture forestière qui s'étend sur 155,5 millions d'hectares. Les ressources en eaux de surface de la RDC sont dominées par le fleuve Congo et ses affluents. Avec un débit moyen d'environ 45.000m3/s le fleuve Congo a le deuxième plus grand débit au monde. Le bassin du fleuve Congo représente 98% de la superficie du pays et fournit au pays l'un des plus vastes réseaux fluviaux au monde. La qualité des eaux de surface est généralement très bonne, à l'exception des points chauds de pollution localisée dans les centres urbains et à proximité des exploitations minières. Les qualités élevées de l'eau résultent principalement de la forte capacité de dilution du réseau hydrographique qui, de la faible densité de population et de la prédominance des activités humaines appartenant au type de subsistance, avec un impact minime sur l'environnement. Les rivières et les lacs représentent environ 3,5% de la superficie de la RDC. On estime que les eaux souterraines représentent environ 47% des ressources en eau renouvelables internes de la RDC. Les sources situées dans les forêts denses constituent la principale source d'approvisionnement en eau pour la majorité de la population. Cependant, les informations sur l'étendue et la qualité des ressources en RDC sont rares. Des simples sources coptées sont couramment utilisées pour l'approvisionnement en eau dans les villages disposés et les zones peri-urbaines. L'approvisionnement en eau à grande échelle à partir des sources à travers les réseaux de distribution est utilisé dans les nombreuses villes y compris Béni, Bunia, Lisala, Lubumbashi, Kisangani et Mbuji-Mayi ; l'approvisionnement en eau des puits forés en profondeur est limité à un faible pourcentage de la population. La plupart des quelques 1000 puits ont été construits entre les années 1960 et 1990 et ont des rendements compris entre 15 et 80 m3/h. les puits de pompage manuels et mécaniques et les puits creusés représentent environ 10% de l'approvisionnement en eau potable. En 2015, environ 1 million de personnes n'avaient toujours pas accès à de l'eau améliorée. En 2015, 76% de la population avait accès à une source d'eau « améliorée » respectivement 96% et 40% dans les zones urbains et rurales. 105 |
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