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La géopolitique congolaise de l'eau. Mythe ou réalité?


par Faustin KYALA WAKABILA
Université de Kolwezi - Licence 2019
  

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§3. Projet de transfert d'eau depuis le bassin du Congo

Pour sauver le lac Tchad, un ancien projet a été réactualisé au début du XXIè siècle, celui du Transaqua. Il s'agit d'un projet de transfert d'eau inter bassins, au départ de certains affluents du fleuve Congo vers le lac Tchad et ce par un gigantesque canal qui utiliserait la vallée du fleuve Chari.

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1. Projet des années 1930

Face au risque d'assèchement du lac dès l'entre-deux-guerres, les autorités coloniales avaient commencé à échafauder un projet de raccordement depuis le Congo, projet baptisé à l'époque « atlanthrope ». Ce projet a finalement été abandonné après la seconde guerre mondiale et les décolonisations.

2. Projet des années 1980

Au début des années 1980, c'est une société italienne (Bonifica) qui propose un projet de transfert des eaux du fleuve Congo et la rivière Oubangui par un canal de 2400km : le projet est baptisé « Transaqua » Ce projet peu fédérateur, ne verra finalement jamais le jour.

3. Projet des années 1990

Le projet d'origine italienne formalisé au début des années 1990 prévoyait de barrer les cours de plusieurs rivières, importantes du nord-est de la RD Congo au moyen de barrages de régulation et de soustraire une partie de leurs débits pour les amener vers un lac artificiel construit sur l'Oubangui en amont de Bangui et le transférer ensuite vers le lac Tchad via le fleuve Chari.

Comme nous l'avons déjà mentionné ce projet nécessite en préalable l'accord de la RDC et de la république du Congo. Cette dernière (Congo-Brazza) donne son accord en 2005. En revanche la RDC ne s'est pas encore prononcée officiellement en termes d'accord ou de désaccord vis-à-vis du projet puisque aucune demande officielle ne lui a été formulée concernant le transfert des eaux de l'Oubangui vers le lac Tchad, elle n'a adhéré au projet qu'en tant qu'observateur en 1994 et en 2017.

Il fallait attendre vers l'année 2015, que modeste MUTINGA publie son livre « la guerre de l'eau aux portes de la RDC » que la classe politique congolaise et la société civile affichent leurs attitudes et propos de refus catégorique du transfert de l'eau.

Ceci nous amène directement au paraphe suivant.

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§3.La position de la classe politique congolaise face au transfert de l'eau

La république démocratique du Congo n'a pas signé, dimanche 29 avril 2016, un protocole d'accord sanctionnant la fin du premier sommet du Fonds bleu du bassin du Congo, à Brazzaville pour la simple raison de n'y avoir pas été invité.58

Ce doit être le seul sujet qui mette tous les congolais d'accord, affirme Marie France Cros, majorité présidentielle comme opposition : on ne le dépouillera pas de l'eau du fleuve Congo et surtout pas sans le consulter. Or, c'est bien ce qui s'est fait du 26 au 28 février dernier à Abuja (Nigeria).

En l'absence de la RDC mais en présence de l'UNESCO et de représentants de la Libye, du Gabon et de Centrafrique, les dirigeants des pays de la CBLT ont décidé de relancer un vieux projet italien des années 70, à savoir le Transaqua.

Les spécialistes sont loin d'être d'accord avec cette assertion et les congolais, y sont carrément opposés. Toutes les rivières congolaises sont liées au bassin du Congo. La seule rivière qui ne fasse pas partie du bassin du Congo, la semliki, à la frontière Ougandaise qui coule vers le Nil.

Les spécialistes souligne en outre que le bassin du Congo est le deuxième poumon de la terre après l'Amazonie ; qu'il constitue une réserve de carbone d'importance mondiale pour la régulation des gaz à effet de Serre, qu'il assure la régulation du climat de l'Afrique centrale qu'il est une biodiversité exceptionnelle, que 200 millions de personnes y vivent (contre 40 millions dans le bassin du lac Tchad).59

1. Polémique à Kinshasa

Le projet Transaqua a soulevé des polémiques en RDC. Auteurs en 2016 du livre « la guerre de l'eau aux portes de la RDC » l'éditeur du potentiel et sénateur d'opposition honoraire Modeste MUTINGA a réagi de manière carrée : « on ne doit pas chercher à résoudre un problème dans un coin et en créer un ici, en RD Congo » a-t-il déclaré à l'AFP. Félix TSHISEKEDI, alors autrefois chef du principal parti de l'opposition y voit « un risque pour la stabilité du pays », de l'autre côté de l'échiquier politique, le député de la

58 Marina Bertancur et Andrea Pirse autour du lac Tchad. Enjeux et conflits pour le contrôle de l'eau, Harmattan, Paris, 2012, p.360

59 Marie-France CROS, Les congolais unis pour garder l'un de leur territoire, https://www.afrique. La libre.be, consulté le 29/04/2019 à 10h05'

60 Lucien DIANZENZA, Le gouvernement congolais s'oppose au projet du transfert de l'eau de la rivière Ubangui, https://www.adiac-congo.com, consulté le 01/05/2019 à 01h08'

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majorité présidentielle Patrick KAKWATA a qualifié le projet Transaqua de « danger pour la république ». Le 4 avril, le ministre congolais de l'environnement, Amy Ambatobe avait déclaré devant le parlement que ce projet risquait de mettre en péril l'agrandissement du barrage d'Inga, dit « Grand Inga ».

En Mars 2017, l'administrateur directeur technique honoraire de la régie des voies fluviales de la RDC, Jean-Pierre MUONGO soulignait dans un rapport que des études climatiques de la NASA montraient clairement que la tendance était à l'augmentation des pluies dans le bassin du lac Tchad et à une diminution dans les années à venir dans celui du Congo, déjà la décrue du Congo affecte le fonctionnement du barrage d'Inga (RDC) tandis que l'Oubangui n'est plus navigable que 4 mois par an au lieu de 12.

Certains à Kinshasa, ne manquent pas de comparer cette manière de décider de l'utilisation des ressources du Congo sans consulter le Congo à celle de la conférence de Berlin de 1885 où les puissances européennes se partagèrent l'Afrique.

Le 29 avril 2017, le ministre congolais de transport José MAKILA, a bien montré le mécontentement des congolais en refusant de signer le protocole de Brazzaville.

2. La position du parlement : le sénat

Les membres de la chambre basse du parlement qui s'alignent derrière les positions du gouvernement et de l'assemblée nationale, craignant les conséquences pour le pays et son environnement, face à ce transfert des eaux de la rivière Oubangui vers le lac Tchad, relèvent un « complot africain contre la RDC » et proposent d'autres pistes de solution.

Dans la plénière du sénat sur l'examen du rapport de la commission environnement, ressources naturelles et tourisme portant sur cette question, le sénateur NKOLO WA POMBO a d'ailleurs, repéré une « diplomatie offensive » pour faire valoir la position de la république démocratique du Congo sur ce sujet : « c'est un problème qui concerne tout le pays et qui intéresse au plus haut point la RDC, nous devons faire valoir nos arguments auprès de tous les partenaires » a-t-il précisé.60

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Cette chambre du parlement a plutôt invité le Tchad à investir les quinze milliards de dollars destinés à ce projet pour développer le projet grand Inga, qui pourra faire que la RDC transfère l'électricité ainsi produite vers le Tchad afin d'alimenter des usines désensablement des eaux à partir de l'embouchure.

La position du sénat fait suite à celle prise par le gouvernement de l'assemblée nationale, opposée également à ce projet de transférer les eaux de la rivière Ubangui vers le lac Tchad.

Les craintes ici, ont notamment que ce projet priverait la RDC de son approvisionnement en eau et pourrait entrainer d'autres conséquences environnementales. « Il n'est pas question pour la RDC de transférer les eaux de la rivière Ubangui vers le lac Tchad » avait précisé le ministre de l'environnement et du développement durable, Amy-Ambatobe, lors d'un débat à l'assemblée nationale avait laissé entendre que le gouvernement congolais s'apprêtait à saisir le conseil de sécurité pour signifier officiellement cette position de la RDC.

La députée Eve Bazaiba, secrétaire de la commission adhoc qui s'occupe du projet Transaqua lié au transfèrement des eaux de la rivière Ubangui vers le lac Tchad, à noter que cette question était très délicate. Pour elle, cette épreuve « pourrait provoquer une nouvelle guerre contre la RDC ». Ces propos viennent de s'ajouter à ceux tenus par le président Idriss Deby disant : « degré ou de force nous allons prendre l'eau de la RDC ».

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams