CHAPITRE II :
L'ENTREPRENEURIAT AGRICOLE AU BURKINA FASO
Après une quinzaine d'années de mise en oeuvre
du Programme d'ajustement structurel, le Burkina Faso n'est pas encore parvenu
à renverser les tendances de dégradation des conditions de vie
des populations. Malgré des résultats macro-économiques
encourageants, les bonnes performances de certaines filières (coton,
bétail/viande, céréales notamment) et les avancées
en terme d'opportunités offertes au secteur privé, les conditions
de vie des populations rurales ne se sont pas améliorées de
façon significative. Les faibles performances du secteur rural sont en
partie dues à la prédominance des systèmes de production
traditionnels caractérisés par des petites exploitations
familiales, peu modernes et tournées vers l'autoconsommation.
La promotion de l'entreprenariat agricole est une option
nationale. En effet, la Stratégie de croissance
accélérée et de développement durable (SCADD) dans
le secteur rural pour la période 2011-2015 accorde une place importante
à l'entreprenariat agricole comme moyen d'accélération de
la croissance dans le secteur agricole à travers notamment son axe 1
intitulé « développement des piliers de la croissance
accélérée ».
Dès lors, la promotion de l'entreprenariat agricole
devient une priorité pour le développement de l'agriculture
Burkinabè qui constitue un des piliers importants d'une croissance
accélérée de l'économie nationale. Quelle est la
situation de l'entrepreneuriat agricole ? C'est ce que relate ce chapitre
à travers un aperçu sur l'entrepreneuriat agricole
burkinabè (Section I) ainsi que son importance et son cadre
règlementaire (Section II).
SECTION I : Aperçu sur
l'entrepreneuriat agricole au Burkina Faso
L'entreprenariat agricole se présente aujourd'hui comme
l'une des options stratégiques du Burkina pour booster le
développement de l'agriculture en vue de parvenir à la
sécurité alimentaire et de lutter en même temps contre la
pauvreté en milieu rural. Ainsi, on assiste à l'apparition des
exploitations agricoles de type entrepreneurial à côté des
exploitations familiales.
Qu'est-ce que l'entrepreneuriat agricole en
réalité ?
I.1. Entrepreneuriat agricole ; de
quoi parle-t-on ?
L'entrepreneuriat agricole est le centre de cette
étude. Toutefois, nous n'avons pas encore cerné les notions
importantes de ce concept, ni son histoire au Burkina Faso, encore moins les
caractéristiques des entreprises agricoles. Cette partie y sera
consacrée. Mais avant tout, comment définit-on l'entrepreneuriat
agricole au Burkina Faso ?
I.1.1. Définition de
l'entrepreneuriat agricole
Selon le Groupe de recherche et d'action sur le foncier (GRAF,
2011), les notions d'entrepreneur agricole et d'agrobusiness man traduisent la
même réalité. Il est généralement admis que
l'entreprenariat agricole se décompose en :
Ø activités d'amont :
activités des secteurs artisanal et industriel consistant en la
production d'intrants agricoles (engrais chimiques, pesticides, etc.),
d'équipements agricoles (tracteurs, motopompes, charrues, charrettes,
etc.), d'énergie (carburant, électricité, etc.) et de
services (ministères, banques, universités, etc.) au
bénéfice de l'agriculture ;
Ø activités centrales :
agriculture proprement ;
Ø activités d'aval :
transformation simple, agro-industrie, transport, commercialisation et
distribution de la production agricole.
Plusieurs définitions de l'entrepreneur agricole
existent dans la littérature. Toutefois, selon la conception
généralement admise au Burkina Faso, les acteurs exerçant
les «activités d'amont» sont considérés comme
des accompagnateurs des entrepreneurs agricoles dans la mesure où leurs
interventions tendent à faciliter les actions de ces derniers.
Ce sont les acteurs menant les « activités
centrales » et les « activités d'aval »
qui sont considérés comme des entrepreneurs agricoles à
proprement parler.
La Direction de développement de l'entreprenariat
agricole (DDEA), 2013 définit l'entreprise agricole comme « une
exploitation agricole disposant d'un minimum d'investissement (infrastructures,
équipements), employant de la main-d'oeuvre salariée, pratiquant
des techniques modernes de production et/ou la prise de décision est
régie par une unité ». Il s'agit de toute exploitation
agricole répondant aux critères suivants :
Ø au moins 50% de la production est destinée au
marché ;
Ø utilisation d'au moins une charrue ;
Ø utilisation des paquets technologiques (semences
améliorées, engrais chimiques, fumure organique, produits
phytosanitaires, techniques de CES/DRS, etc.) permettant d'avoir des rendements
au-dessus de la moyenne.
Selon toujours la DDEA (2013), l'entrepreneur agricole est
« tout exploitant agricole combinant des facteurs de production et de
la main-d'oeuvre en vue de réaliser des activités
économiques de production, de transformation et de commercialisation des
biens agricoles dans un objectif de recherche de profit ».
De ces définitions de l'entrepreneuriat agricole, il se
dégage des notions importantes.
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