Favoriser la motivation des élèves lors des jeux
de lutte
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ADONAÏ Ethelle : N°21212097
Option de recherche et d'approfondissement
Option 5 : Éducation, activités physiques et
nouvelles problématiques éducatives
Mémoire
1
Master Education et métiers de l'enseignement du premier
degré, 2ème année
Directrice de mémoire : Mme Maufrais Odile 2016/2017
2
Remerciements :
J'adresse mes remerciements à toutes les personnes qui
m'ont aidé durant la réalisation de ce mémoire.
En premier lieu, je remercie Mme Maufrais, professeur à
l'université. En tant que Directrice de mémoire, elle m'a
guidé dans l'élaboration de mon travail et m'a aidé
à trouver des solutions pour avancer malgré les nombreuses
difficultés que j'ai pu rencontrer dans mes débuts.
En second lieu, je remercie aussi Mme Couchot-Schiex
responsable de l'option de recherche ainsi que Mme Mourlon et Mme Delcroix,
pour leurs nombreux conseils.
Enfin, je tiens à manifester ma grande reconnaissance
à une des écoles de Créteil m'ayant permise de pratiquer
mon observation ainsi que de faciliter la passation de mes questionnaires. Je
poursuis ma gratitude envers l'enseignante de CP qui m'a accueilli au sein de
sa classe.
3
Sommaire :
Remerciements : 2
INTRODUCTION : 4
CADRE THEORIQUE : 6
1. Définitions des concepts et des notions : 6
1.1 L'EPS, une discipline 6
1.2 La didactique en EPS 7
1.3. Les jeux de lutte 8
1.4. La motivation, un atout majeur dans la pratique de
l'EPS. 9
1.4.1 La théorie de l'autodétermination 10
1.4.2 Les buts d'accomplissement 12
1.5. Le groupe et le binôme 14
1.6. Les choix de l'enseignant 17
1.7. Les feedbacks 19
2. HYPOTHESES ET PROBLEMATIQUE 21
2.1 Présentation argumentée des techniques
d'enquêtes scientifiques et des méthodologies utilisées.
22
3. DEMARCHE D'ENQUÊTE 26
3.1 Justification des choix méthodologiques 26
3.2 Limites et biais 27
4. CARTE CONCEPTUELLE 30
5. ETUDE EXPLORATOIRE 31
5.1 Analyse des résultats de l'observation 31
5.1.1 La programmation des séances 33
5.1.1.1 La définition des situations d'apprentissage
34
5.1.1.1.1 Les consignes 34
5.1.1.1.1.1 L'engagement des élèves 35
6. Analyse des résultats des questionnaires 37
6.1 Modalités de groupement 44
7. Analyse de l'entretien 46
8. Discussion des résultats obtenus 50
CONCLUSION 54
BIBLIOGRAPHIE 56
ANNEXES : 1
1. Fiches de lectures 1
1.1 Fiche 1 : 1
1.1.1 Fiche 2 : 1
1.1.1.1 Fiche 3 : 3
2. Confrontation au terrain 6
2.1. Grille d'observation : 6
2.1.1 Questionnaire : 9
2.1.1.1 Guide d'entretien semi directif: 12
2.1.1.1.1 Verbatim : 13
4
INTRODUCTION :
Le sujet choisi a été inspirée de mon
expérience en tant qu'employée d'avenir professeur où je
travaillais au côté d'une enseignante. C'est en observant ma
tutrice que j'ai commencé à me poser des questions sur les
méthodes mises en place pour encourager les élèves
à s'engager dans la pratique de l'éducation physique et sportive.
Ainsi, j'ai commencé à m'interroger sur la notion de la
motivation et sa relation avec la réussite scolaire.
L'intérêt pour la motivation provient du fait qu'elle peut
influencer la réussite scolaire, à contrario si elle est absente
elle laisse place au décrochage scolaire. De nombreux ouvrages traitent
de la motivation dans le cadre d'une pratique sportive collective, peu
concernent une activité individuelle, par conséquent afin de
trouver un sujet qui n'a pas encore été traité, j'ai
choisi de cibler une pratique sportive individuelle : la lutte. La lutte
appartient au champ d'apprentissage « conduire et maîtriser un
affrontement collectif ou interindividuel » dans les programmes du
Bulletin Officiel n°11 du 26 novembre 2015. C'est une activité de
confrontation où l'enfant doit être capable d'immobiliser un
adversaire. À l'école élémentaire, on parlera
davantage de « jeux de lutte ». Dans cette activité sportive,
deux attitudes peuvent être observées : certains
élèves auront peut-être peur d'affronter leur adversaire,
d'être mis au sol ou d'avoir mal ; et pour d'autres au contraire
l'appréhension ne sera pas un frein à leur engagement.
La motivation constitue un ensemble de facteurs ayant un
impact sur le comportement d'un individu pour atteindre un objectif. Elle
s'oppose à l'amotivation qui se décrit par un manque
d'intentionnalité. En d'autres termes, l'amotivation se manifeste par
l'absence de la motivation quand l'individu ne parvient pas à
établir un lien entre ses actions et ses résultats. Mais la
motivation des élèves est aussi liée à la
cohésion du groupe. L'enseignant peut influer sur les comportements en
passant par les modalités de groupement. Lewin Kurt dans l'ouvrage
Frontiers in group dynamics de 1947, définit le groupe comme «
l'ensemble des individus qui partagent un destin commun ». Sherif M. dans
l'ouvrage Intergroup relations and leadership de 1962, le
définit comme un « ensemble d'individus amenés à
réaliser un but commun par leurs activités
interdépendantes ».
5
Je pourrai donc aborder ce sujet sous l'angle
pédagogique et didactique afin de comprendre comment l'enseignant
s'organise pour favoriser la motivation de ses élèves. Pour cela,
plusieurs observations seront réalisées lors d'une
séquence d'EPS en jeux de lutte avec une classe de CP dans le gymnase
d'une école de Créteil. Pour étoffer ma recherche, je
pense qu'un entretien semi-directif avec le professeur pourrait être
intéressant puisqu'il pourra m'expliquer les raisons de ses choix
pédagogiques et didactiques ainsi qu'un questionnaire donné
à chaque élève devrait me permettre d'estimer leur
pourcentage de motivation dans leur pratique.
Mon travail de recherche débute par un cadre
théorique comportant la définition de notions et concepts
clés, la problématique ainsi que la proposition
d'hypothèses à propos de mon sujet. Ensuite, une démarche
d'enquête permettra de justifier mes choix méthodologiques qui
seront appuyés par un schéma conceptuel permettant d'illustrer le
tout. Enfin une étude exploratoire analysera et interprétera les
données recueillies.
6
CADRE THEORIQUE :
1. Définitions des concepts et des notions :
Afin de procéder à l'explication de mon
étude, je vais débuter par la définition des
différentes notions et des concepts qui fondent mon sujet.
Premièrement, nous verrons la définition de l'éducation
physique et sportive, de la didactique et des jeux de lutte.
Deuxièmement, nous détaillerons les différentes
théories motivationnelles retenues et celles qui tendent vers les buts
mixtes. Troisièmement, nous définirons les différents
types de groupes, puis nous verrons l'impact des modalités de groupement
sur la motivation et pour finir les théories concernant l'impact du
comportement de l'enseignant sur la motivation des élèves.
1.1 L'EPS, une discipline
Étant donné que mon sujet concerne la motivation
des élèves en EPS, il paraît essentiel de commencer par les
définitions qui se rattachent à l'éducation physique et
sportive.
L'éducation physique et sportive s'inscrit dans le seul
domaine lié à la motricité en grande partie. Gaston
Mialaret, 1979 fournit une définition ancienne mais toujours à
jour de l'EPS. Il s'agit d'une « discipline incluse dans les programmes
d'enseignement, grâce à laquelle l'élève
développe et entretient particulièrement ses conduites motrices
et corporelles». Claude Pineau, 1990 confirme cette définition,
«discipline d'enseignement, l'EPS, permet l'acquisition de
connaissances et la construction de savoir permettant la gestion de la vie
physique aux différents âges de son existence, ainsi que
l'accès au domaine de la culture que constituent les pratiques
sportives».
En effet, d'après le Bulletin Officiel n° 11 du 26
novembre 2015, cette discipline «développe l'accès à
un riche champ de pratiques, a forte implication culturelle et sociale,
importantes dans le développement de la vie personnelle et collective de
l'individu. »
7
Elle a le but de former des élèves lucides,
autonomes, physiquement et socialement éduqués. L'EPS permet donc
de valider au fur et à mesure de nombreuses compétences et champs
d'apprentissage à travers l'évolution des élèves
lors des différents cycles.
Le théoricien Alain Hébrard propose une
définition plus récente dans la revue EPS n° 312 en 2005 en
affirmant que l'EPS est « un ensemble d'enseignements
d'activités physiques sportives et artistiques qui visent la
transmission d'une culture et le développement des conduites motrices
que les valeurs admises conduisent à considérer comme
souhaitables et susceptibles de procurer le bien-être ». En
effet, Alain Hébrard focalise sa description au niveau de l'aspect
culturel en lien avec les APSA dont la lutte fait partie. Il fait
émerger la dimension artistique et sportive, ce qui fait
référence aux savoirs du corps.
Le Bulletin Officiel souligne aussi l'idée du
bien-être procuré par l'EPS tout en rajoutant qu'elle permet aussi
aux enfants et aux adolescents de se soucier de leur santé. L'EPS serait
donc considérée comme un moyen de se faire plaisir au sein d'une
pratique sportive. Cependant, l'apprentissage des élèves
découle d'une didactique adaptée aux besoins des
élèves. Je vais donc définir ce qu'est la didactique en
EPS.
1.2 La didactique en EPS
La pratique de l'enseignant que j'observerai me permettra de
comprendre ce qui est mis en oeuvre pour favoriser la motivation. Je fournis
donc quelques définitions de la didactique qui se rattachent à la
discipline de l'EPS.
En 1986, ce même théoricien, Alain
Hébrard, définit la didactique en EPS comme une «
étude des processus d'élaboration et d'acquisition (chez les
élèves) et de transmission (chez l'enseignant) des savoirs et
savoir-faire d'une discipline » dans un de ses articles de la revue
EPS : réflexions et perspectives. En effet, mes
méthodologies me donneront la possibilité d'avoir des
éléments sur la transmission du savoir et l'acquisition par les
élèves. Cela devrait me fournir un aperçu de la motivation
qui règne parmi les élèves.
8
Marsenach, 1982 propose une définition liée
à la discipline sportive, « la didactique de l'EPS étudie le
processus de communication par l'enseignant, et d'acquisition par les
élèves, d'un ensemble de savoirs et d'actions spécifiques
».
De manière plus générale, Audigier, 1986
confirme que la didactique « pose la question centrale des savoirs, des
contenus d'enseignement, de leur apprentissage et ceci dans une institution
précise. »
D'après le Grand dictionnaire terminologique de
l'office de la langue française, « la didactique porte sur les
méthodes ou les pratiques d'enseignement tandis que la pédagogie
porte sur l'éducation ou l'action éducative. »
Ainsi, nous pouvons en déduire de l'impact des choix
didactiques de l'enseignant vis-à-vis de ses élèves.
1.3. Les jeux de lutte
La lutte est une APSA s'inscrivant dans les programmes du
Bulletin Officiel n° 11 du 26 Novembre 2015 qui recommandent que les
élèves de CP doivent « s'opposer individuellement et
collectivement » en éducation physique et sportive.
Le terme « lutte » désigne l'activité
de combat par opposition. Mathieu Pointreau, conseiller pédagogique de
circonscription en EPS, propose cette définition « la lutte peut
être définie par une opposition duelle directe, où il
s'agit d'imposer à l'adversaire un état corporel qu'il refuse
tout en l'empêchant lui-même d'atteindre ce résultat. C'est
donc une activité de contact et d'opposition directe, sans outils ni
médiateur. »
Les jeux de lutte sont adaptés pour les
élèves à l'école. Le site eduscol donne
cette définition dans un de ses articles « activité
duelle de combat et de préhension sur tout le corps dans un espace
limité, dont l'objectif est de déstabiliser un adversaire debout,
(ou à quatre pattes), afin de le stabiliser à nouveau au sol.
»
Dans les jeux de lutte, l'élève doit «
agir sur son adversaire pour l'immobiliser. » Cette
particularité propre aux sports d'opposition et de combat
nécessite donc une volonté
9
motivationnelle que l'enseignant peut mettre en place lors des
cours par le biais de différentes stratégies d'enseignement.
Certains élèves peuvent être plus motivés dans
certaines APSA. Dans le cas de la lutte, le contact corporel entre les
élèves, entre les filles et les garçons n'est pas
évident. Cependant, cette activité de combat est susceptible de
développer des appréhensions chez certains élèves.
Il arrive d'ailleurs parfois qu'à force d'avoir peur, il y ait une perte
de motivation lors de la pratique d'une APSA en EPS. Mais que savons-nous
réellement de la motivation ?
1.4. La motivation, un atout majeur dans la pratique de
l'EPS.
Différentes théories ont été mises
en évidence par de nombreux chercheurs au sujet de la motivation. La
définition de la motivation énoncée par Edgar Thill et
Robert Vallerand dans l'Introduction à la psychologie de la
motivation(1993) souligne que « le concept de motivation
représente le construit hypothétique utilisé afin de
construire les forces internes et/ou externes produisant le
déclenchement, la direction, l'intensité et la persistance du
comportement ». Afin d'approfondir cette définition, nous pouvons
nous appuyer sur la définition de Pintrich et Schrauben en 1992 qui
l'analysent ainsi, « la motivation en contexte scolaire est un état
dynamique qui a ses origines dans les perceptions qu'un élève a
de lui-même et de son environnement et qui l'incite à choisir une
activité, à s'y engager et à persévérer dans
son accomplissement afin d'atteindre un but. » Au sein de cette
définition les termes « incite, engager, persévérer
» sont des actions justifiant d'un but à atteindre.
En ce qui concerne la motivation, deux grands champs
théoriques se démarquent, les théories centrées sur
les raisons de l'engagement et les théories socio cognitives alliant la
motivation à la cognition. C'est d'ailleurs les champs théoriques
qui seront les fils conducteurs de cette étude tout en s'appuyant sur
d'autres pensées.
10
1.4.1 La théorie de
l'autodétermination
La première théorie dite de
l'autodétermination (capacité à choisir plutôt
qu'à subir des contraintes extérieures) présume
l'existence de différentes formes de motivation. D'après Deci et
Ryan qui se sont intéressés au développement de la
personnalité et au changement de comportement, il existe deux formes de
motivation, la motivation intrinsèque et la motivation
extrinsèque.
La motivation intrinsèque se définit par le fait
qu'un individu réalise une activité pour la satisfaction qu'elle
lui procure, non pour une conséquence qui en découlerait. Les
élèves peuvent être intrinsèquement motivés
quand ils s'engagent par curiosité, pour le plaisir ou le défi.
Ils ne s'engagent donc pas pour une note, le sentiment d'être reconnu par
d'autres, ou par peur d'être sanctionné.
À contrario, la motivation extrinsèque
correspond à tout engagement dans une activité dans le but
d'atteindre un résultat. Il s'agirait donc d'un individu dans l'attente
d'une note ou de récompenses, ou bien sous la pression de quelqu'un.
Plus l'élève est motivé intrinsèquement, plus il se
rapproche de l'autodétermination, par conséquent, plus
l'élève est motivé extrinsèquement, plus il
s'éloigne de l'autodétermination.
La motivation extrinsèque se décompose en quatre
parties : la régulation externe, la régulation
introjectée, la régulation identifiée et la
régulation intégrée. La régulation externe se
définit par le souhait de recevoir une récompense ou
d`échapper à une sanction. Il y a donc régulation externe
quand l`élève fournit des efforts minimum. La régulation
introjectée se caractérise par une régulation externe
intériorisée sans s'en rendre compte. Elle apparaît quand
la raison de l`action est de satisfaire à un sentiment d`ego,
d`échapper à une sanction ou d`éviter un sentiment de
honte. La régulation identifiée correspond à la forme la
plus autodéterminée. Elle apparait lorsque la raison de l`action
implique une valorisation de la tâche ou de l`activité et une
acceptation de l`accomplissement de celle-ci comme importante sur le plan
personnel. La régulation intégrée correspond au fait que
l`individu accomplit une action ou une tâche parce qu'il éprouve
un sentiment de satisfaction.
11
En effet, les élèves sont constamment face
à un dilemme, celui des notes. Il est évident que les
élèves âgés de six à sept ans n'ont pas
encore la conscience des notes car ils ne sont pas informés de leur
notation en EPS durant les séances mais ils restent tout de même
conscients qu'ils peuvent subir des sanctions, des réprimandes ou des
remarques s'ils n'exécutent pas les tâches demandées. En
effet, beaucoup d'enseignants de CP que j'ai pu rencontrer durant mes
années de stage ont confirmé préféré
privilégier les appréciations les feedbacks et les remarques.
À l'école élémentaire, l'EPS est liée au
critère de l'amusement, de la dépense énergétique
et de la victoire. L'EPS constitue plutôt un enseignement ludique qui
engendre un plaisir à s'exercer en toute convivialité. De ce
fait, nous pouvons déjà supposer que les élèves de
la classe de CP auraient plutôt tendance à s'inscrire dans la
motivation intrinsèque. Cependant la motivation extrinsèque peut
aussi être présente si les élèves sont excessivement
suivis par leurs parents, s'ils souhaitent prouver leurs compétences aux
autres ou encore s'ils sont exigeants avec eux-mêmes.
Enfin, un dernier palier de la motivation est définit
par Deci et Ryan comme étant l'opposé de la motivation, il s'agit
de l'amotivation. Un individu amotivé se caractérise par un
manque d'intentionnalité. L'amotivation s'explique par
l'incapacité de l'individu à percevoir un lien ou une relation
entre son comportement et les résultats qu'il obtient par la suite.
L'action n'étant pas rattachée aux résultats se fera de
manière automatique sans motivation autodéterminée. Il
n'est motivé ni de façon intrinsèque, ni de façon
extrinsèque.
L'élève amotivé trouvera donc ses efforts
inutiles parce qu'il n'arrivera pas à les associer à un but
concret. Le problème avec les élèves de l'école
élémentaire est qu'ils confondent souvent le jeu, l'amusement et
l'enseignement en EPS. Si les règles sont trop abondantes, ils risquent
de ne plus avoir de motivation et donc ne plus avoir l'envie de travailler.
Certains élèves peuvent avoir peur de se blesser et d'autres
peuvent avoir peur de blesser quelqu'un dans le cas des jeux de lutte. Dans ces
cas, certains élèves peuvent être amotivés.
Mon mémoire ne traitera pas des élèves
amotivés mais plutôt des raisons qui motivent les
élèves, nonobstant je pense qu'il est judicieux de savoir
l'antonyme de la motivation
12
pour mieux comprendre la notion clé de cette recherche.
On peut aussi définir un terme par ce qu'il n'est pas.
Pour poursuivre, nous verrons qu'il existait
différentes types de motivation, intrinsèque, extrinsèque,
amotivation etc., les buts d'accomplissements jouent aussi un rôle
essentiel dans l'engagement des élèves.
1.4.2 Les buts d'accomplissement
La seconde théorie en lien avec mon sujet concerne les
buts de maitrise et de performance. Le but de performance apparaît
lorsque l'individu cherche à démontrer sa
supériorité vis-à-vis de ses pairs en mettant en avant ses
compétences, tandis que le but de maîtrise se définit par
le fait qu'un individu cherche à progresser dans une activité ou
à maitriser la tâche à laquelle il est confronté. Il
y a un désir d'apprendre et de développer ses connaissances
d'après Carol S. Dweck et Ellen L. Legett dans l'article intitulé
Motivational processes affecting learning de la revue American
Psychologist, vol. 41, p. 1040-1048,
Les chercheurs Darnon, Buchs et Butera définissent le
but de maîtrise appelé aussi but d'implication dans la tâche
comme « une évaluation de compétences propres
basée sur l'amélioration de la maîtrise de la tâche.
Il correspond donc au désir d'apprendre. » Le but de
performance appelé aussi but d'implication dans l'ego par contre
reposerait sur « ses compétences en rapport avec celles des
autres, il correspond au désir de se montrer meilleur que les autres
».
La motivation pourrait se manifester par des stratégies
adoptées afin de parvenir à un ou plusieurs buts. Les buts
mixtes, de maitrise et de performance peuvent être assimilés
à des constructions cognitives précisant ce que les individus
tentent d'accomplir et les raisons qui les poussent à agir
d'après Paul R. Pintrich. Ces mêmes auteurs soutiennent
l'idée que le choix d'un des buts d'accomplissement peut modifier les
réactions face aux tâches d'apprentissages. En effet, un individu
pourrait avoir tendance à remettre en question ses compétences ou
son état de satisfaction face à un échec lors de la mise
en place de ses stratégies. Mais s'attacher aux buts motivationnels peut
faire apparaitre des
13
conflits selon la situation, l'apprentissage et l'enjeu. La
peur d'échouer peut devenir une crainte immense ce qui renforce l'envie
de s'appliquer.
Latham et Locke tendent aussi vers cette théorie en
2007 avec la notion d' « assignation d'objectif ». L'assignation
d'objectif se définit par le fait d'orienter l'attention des individus
vers les aspects pertinents de la tâche, de mobiliser l'effort des sujets
et d'inscrire cet investissement dans la durée. D'ailleurs dans le cadre
de la semaine de la persévérance scolaire qui eut lieu du 14 au
18 février 2011, une association de l'Estrie, région canadienne,
nommée « Panda » a pris l'initiative d'interroger des enfants,
des parents et des intervenants sur leurs définitions de la
persévérance scolaire. À la suite de ces entretiens, on
constate que toutes ces personnes associent la persévérance
à un but à atteindre. Certains disent que c'est aussi le fait de
demander de l'aide, c'est une façon d'éviter l'abandon. Une des
jeunes explique que cette motivation n'aurait pas lieu sans le soutien des
professeurs qui restent "allumés" c'est-à-dire qui ne baissent
pas les bras face aux élèves qui peuvent rencontrer des
difficultés et tout cela prouve bien qu'il y a un lien étroit
entre la persévérance et la motivation.
Mais il y a aussi d'autres théories de la motivation
telles que celle du psychologue américain Abraham Maslow qui publie sa
théorie en 1956, selon laquelle tout individu ressent des besoins qui
sont sources de motivation. Il propose l'existence de besoins répartis
en cinq catégories, qu'il est possible de hiérarchiser au sein
d'une pyramide. C'est ce qu'on appelle la pyramide des besoins de Maslow. Les
besoins physiologiques, les besoins de sécurité, les besoins
d'appartenance à un groupe, les besoins de reconnaissance et d'estime de
soi et les besoins d'accomplissement. Les besoins physiologiques sont les
besoins primaires chez les êtres vivants (nourriture, hydratation,
sommeil, respiration). Le manque de ces besoins peut générer une
frustration intense rendant toutes les autres choses de la vie futiles. Les
besoins de sécurité englobent le besoin d'être dans un
cadre rassurant, paisible, protégé. Maslow parle de «
névrose obsessionnelle compulsive » comme étant «
l'expression extrême d'une quête de sécurité ».
L'individu a besoin d'une structure et d'ordre dans sa vie. Les besoins
d'appartenance à un groupe se manifestent par le besoin d'aimer et
d'être aimé au sein d'un groupe. L'individu se sent exister, il
comprend son intérêt dans le groupe et crée des liens
affectifs. Le manque de ce besoin peut créer une frustration menant
à la marginalisation. Le besoin de reconnaissance et d'estime de soi est
la capacité à être considéré comme une
personne à part entière, respectée pour ses
qualités et acceptée
14
pour ses défauts. Sans cela, un sentiment
d'infériorité et d'impuissance peut faire surface. Le besoin
d'accomplissement permet de découvrir réellement à quoi on
aspire et dans quoi on est compétent.
Au sein de mes travaux, je choisis donc de focaliser mon
protocole de recherche sur les besoins d'estime de soi, d'appartenance et de
sécurité. Je pense que ces besoins se retrouveront chez les
élèves à travers cette pratique sportive. Cette
théorie se lie d'ailleurs à l'appartenance au groupe où
les élèves pourraient modifier leurs actions en fonction des
modalités de groupement. L'estime de soi-même, définit
comme étant la mise en valeur positive de soi, est aussi
revigorée quand les élèves se voient encourager par leur
enseignant, ce qui favorise la motivation. Et enfin les besoins de
sécurité, qui efface ou estompe les appréhensions des
élèves lors de cette pratique sportive liée au sport de
combat.
En ce qui concerne le besoin d'appartenance, nous verrons par
la suite que le groupe peut avoir une grande influence sur cette motivation.
1.5. Le groupe et le binôme
Dans la classe qui sera étudiée, nous ferons face
à des groupes mais aussi à des binômes.
Beaucoup d'activités durant l'échauffement
s'effectuent en binôme et parfois presque toute la séance se
constitue de travaux en binômes.
En ce qui concerne les différentes définitions
proposées par D. Delignères et P. Duret ou d'autres chercheurs
tels que Lewin K. au sujet du groupe « ensemble d'individus qui partagent
un destin commun », je m'appuierai sur celle que suggère Sherif M.
qui me parait plus claire et complète. Dans son ouvrage Intergroup
relations and leadership publié en 1962 Sherif M. définit le
groupe comme un « ensemble d'individus amenés à
réaliser un but commun par leurs activités
interdépendantes ». C'est-à-dire que chaque membre d'un
groupe dépend de l'autre, il y a donc une dépendance mutuelle
entre les membres tout en ayant un objectif commun. Ce qui est lié
à ma problématique ici est le
15
but à atteindre, et c'est ce dernier qui justifiera de
l'investissement et de la motivation des élèves.
De plus, un article intitulé Influence des
modalités de regroupement des élèves sur leurs
progrès moteurs rédigé par Pascal Bordes ( 2005)
tiré de la revue Carrefours de l'éducation, soutient que
le travail de groupe créerait « une dynamique plutôt
favorable à de meilleures performances ».
Jean Pierre Rey, journaliste français qui a
écrit de nombreux articles dans la revue EPS informe qu'il y a plusieurs
raisons qui poussent les individus à se mettre en groupe. Les groupes
peuvent se construire en s'appuyant sur des profils tels que l'identité
collective, les objectifs communs, les modalités de communication,
l'interdépendance et l'attirance interpersonnelle. Dans le cadre de la
classe de CP, nous verrons que les modalités de groupement risquent
d'être mises en place soit en fonction de l'attirance interpersonnelle
où les élèves ont des relations d'affinités, soit
en fonction de l'identité collective où les élèves
ont des similitudes au niveau physique par exemple, ou encore selon les
modalités de communication dans l'objectif de coopérer pour
atteindre le but.
D'après le dictionnaire Larousse, le binôme se
définit comme un ensemble constitué de deux personnes
considérées en un bloc. La pensée commune aurait tendance
à souligner l'idée que le travail de groupe encouragerait des
comportements inadaptés à l'apprentissage. Pourtant, cette
étude tente de démontrer le contraire. Le travail de groupe qui
s'effectue par deux se définit par Proulx (1999) comme « une
activité d'apprentissage limitée dans le temps par laquelle deux
ou plusieurs apprenants exécutent ensemble et sous un mode
intéractif une ou des tâches plus ou moins structurées dans
le but d'atteindre un ou des objectifs préalablement
déterminés ». Comme cette citation nous le
dévoile, la composition en binôme permet déjà de se
conditionner à être motivé étant donné qu'il
s'agit d'être ensemble dans le but d'atteindre un objectif.
Pour éviter qu'un élève se
considère comme étant imposant, l'enseignante pourra exercer des
modalités de groupement en rompant ces types de binômes. Sachant
que les binômes et les groupes peuvent être temporaires (car ils
pourraient changer à chaque séance), l'enseignante
n'hésiterait donc pas à retirer un élève assez
strict et directif avec le plus timide de la classe. L'objectif de
l'enseignante est de permettre à chaque enfant de se
16
révéler à travers ces différentes
activités et de ce fait, elle favorisera l'investissement de chacun par
les modalités de groupement.
La mise en place des dyades dissymétriques pourra
certainement être un moyen de permettre aux élèves de se
surpasser physiquement. Elles se définissent par « la
différence de savoir et de pouvoir entre les partenaires ». Ainsi,
d'après Darnis Florence et Lafont Lucile, maitres de conférences,
il s'avère que «la condition de dissymétrie faible par
rapport à la condition de forte dissymétrie est plus favorable
à la performance motrice. »
Mais le groupe classe a aussi des effets majeurs sur les
comportements individuels. Chaque personnalité peut varier selon la
personnalité des autres membres. Jean François
Vincent, formateur à l'Éducation Nationale
affirme dans un de ses écrits que chaque personnalité est
influencée par le groupe classe qui prend en compte les attitudes, les
regards, les comportements et les paroles. Le groupe classe a d'ailleurs des
caractéristiques psychologiques qui agissent sur la motivation tels que
l'existence des buts collectifs communs, les intéractions, l'existence
d'émotions et de sentiments collectif.
Les élèves accroissent également leur
motivation en regardant les autres effectuer des tâches similaires. En
effet, l'observation d'un pair a plus d'influence sur ses croyances qu'une
démonstration du professeur selon Schunk et Hanson. En effet,
l'enseignant est souvent considéré comme un spécialiste
alors que l'élève est perçu comme plus proche de soi. Il
s'agit d'un apprentissage dynamique qui incite à la motivation. Dans le
cas des groupes homogènes et hétérogènes,
l'enseignant pourra ajouter l'observation d'un pair ou l'aide d'un pair.
D'ailleurs, Jean Philippe Abgrall (2012) dans son ouvrage
"Stimuler la mémoire et la motivation des élèves informe
que la constitution des équipes sollicitent l'adaptation aux
différents rôles en élaborant des stratégies
diverses et variés selon les objectifs. L'équipe consolide les
intéractions car elle permet d'accepter l'autre dans sa
différence en l'encourageant en cas de difficultés pour le bien
du groupe. La mise en place d'équipe permet donc de faire progresser les
élèves à partir d'un but commun. C'est donc l'enseignante
qui choisira les modalités de groupement dans le but de faire apprendre
et d'encourager tous les élèves.
17
Philipe Meirieu, spécialiste de la pédagogie qui
s'est intéressé à la question de l'interaction entre pairs
dans les apprentissages et du travail en groupe démontre d'ailleurs dans
ses publications que les modalités de groupement influencent les
apprentissages à l'école. Travailler en groupe renforcerait le
sentiment de confiance en soi et permettrait aux élèves de se
sentir capables d'agir. L'amotivation est proche de «l'impuissance apprise
» selon Martin Seligman et l'objectif de l'enseignant est d'empêcher
les élèves de se sentir incompétents et
désintéressés par les activités proposés en
jouant sur les modalités de groupement, c'est-à-dire en variant
les binômes, en favorisant les affinités ou pas ou bien en jouant
sur les corpulences des élèves pour les motiver davantage
à se surpasser.
En somme, les différents types de groupes et les
binômes que nous avons pu définir démontrent bien que les
modalités de groupement peuvent jouer sur la motivation des
élèves. En effet, nous verrons par la suite que les
modalités de groupement mis en place ne sont pas anodines et que les
choix de l'enseignant ont une importance capitale sur la motivation des
élèves.
1.6. Les choix de l'enseignant
La motivation des élèves est favorisée
par d'autres facteurs prodigués par l'enseignante tels que la
formulation des consignes, les choix didactiques, les encouragements et les
appréciations.
Selon le dictionnaire Larousse 2016, une consigne est «
une instruction formelle donnée à quelqu'un, qui est
chargé de l'exécuter ». Si comme le dit le dictionnaire, la
consigne apparaît comme un synonyme du mot « ordre », les
consignes peuvent donc engendrer une motivation extrinsèque chez
l'élève (il exécute la consigne pour éviter une
sanction). Généralement, la consigne est exécutée
car elle engendre un automatisme chez les petits. À moins d'être
déconcentrés ou boudeurs, il est rare qu'un élève
n'exécute pas une consigne. Mais en fonction de la façon dont
l'enseignante formule ses consignes, la
18
motivation peut être plus ou moins forte. L'intonation,
l'utilisation de l'impératif et la formulation ont une influence sur la
motivation.
De plus, une étude réalisée par
R.Rosenthal et L.Jacobson en 1971 a démontré que la perception
qu'un enseignant peut avoir d'un élève induit des attentes et une
attitude plus ou moins positive envers ce dernier. On parlera de l'effet
Pygmalion. Les professeurs ont donc énormément d'influences sur
leurs élèves. L'effet Pygmalion décrit par Rosenthal et
Jakobson s'explique par l'influence que peut avoir un professeur ou un mentor
sur un de ses élèves suite à une supposition sur son
parcours scolaire. Dans le cadre de l'effet Pygmalion, cette supposition
servira de référence pour l'avenir. Si un professeur dit à
des élèves qu'ils sont bons, ils seront bons voire meilleurs
même s'ils ne l'étaient pas avant. Inversement, si un enseignant
ne cesse de juger ses élèves en utilisant des termes comme "nuls,
insatisfaisants, médiocre et décevants", les élèves
incarneront ces adjectifs et le deviendront.
Rosenthal a découvert l'effet Pygmalion en
réalisant une expérience sur des rats encadrés par des
étudiants. Après avoir constitué deux échantillons
de rats totalement au hasard, il informe un groupe de six étudiants que
le groupe n° 1 comprend 6 rats sélectionnés d'une
manière extrêmement sévère. On doit donc s'attendre
à des résultats exceptionnels de la part de ces animaux. Il
signale ensuite à six autres étudiants que le groupe des six rats
n° 2 n'a rien d'exceptionnel et que, pour des causes
génétiques, il est fort probable que ces rats auront du mal
à trouver leur chemin dans le labyrinthe. Les résultats
confirment très largement les prédictions fantaisistes
effectuées par Rosenthal : certains rats du groupe n° 2 ne quittent
même pas la ligne de départ. Après analyse, il
s'avère que les étudiants qui croyaient que leurs rats
étaient particulièrement intelligents, leur ont manifesté
de la sympathie, de la chaleur, de l'amitié; inversement, les
étudiants qui croyaient que leurs rats étaient stupides ne les
ont pas entourés d'autant d'affection.
En effet, si un enseignant valorise un élève, ce
dernier fera des efforts et voudra continuer à dégager cette
image d'élève studieux ; or si un enseignant dévalorise un
élève, le culpabilise et ne l'encourage pas,
l'élève se verra démotivé et ne fournira pas plus
d'effort, il ingérera les informations de l'enseignant et se pensera
« faible ».
19
Les choix didactiques de l'enseignant ont un impact sur la
motivation. L'enseignant adoptera aussi des choix didactiques en lien avec les
démonstrations. L'observation de l'exécution des tâches par
d'autres favorise l'intérêt des élèves pour
l'activité. De plus, les rituels qu'instaure l'enseignant permettront de
rassurer les élèves, d'avoir des repères stables et de
s'engager plus facilement lors des séances. L'anthropologue Christophe
Wulf définit le rituel comme « un mouvement corporel avec un
début, une fin et une direction précise ». Les rituels sont
liés à la socialisation, c'est une façon de permettre
à l'élève de se référer au groupe au
même moment durant un laps de temps. Les rituels sont d'ailleurs
associés à la notion de regroupement.
Pour conclure, l'intérêt des rituels est de
mettre en place une cohésion collective face à la vie de la
classe et comme nous l'avons vu précédemment, la cohésion
et l'effet du groupe par imitation ou simple effet de masse permet aux
élèves de se sentir en confiance et donc d'agir avec beaucoup
plus d'enthousiasme. De ce fait, face à cet effet de masse,
l'élève peut quelques fois avoir besoin d'une attention plus
individualisée. Les remarques que l'enseignant peut faire à
l'ensemble du groupe, à un binôme ou à un
élève peut avoir un impact positif sur sa volonté et son
engagement lors des activités.
1.7. Les feedbacks
La motivation des élèves est favorisée
par de nombreux facteurs permettant d'augmenter la confiance en soi.
L'enseignant joue un rôle majeur lorsqu'il assiste les
élèves en effectuant un retour verbal dans le but d'encourager
ses élèves. En revenant sur ce qui a été fait,
l'élève se rend compte de l'intérêt que porte
l'enseignant sur ses actions tout en restant bienveillant. En 1971, Fishman et
Anderson définissent ces retours nommés « feedbacks »
comme une « intervention pédagogique de l'enseignant
dépendant de la réponse motrice d'un ou de plusieurs
élèves ayant pour objet de fournir une information relative
à l'acquisition ou à la réalisation d'une habileté
motrice ». En d'autres termes, c'est dans un but
d'amélioration des performances de l'élève qu'une relation
d'encouragement et de conseil se crée entre l'enseignant et
l'élève.
20
Les considérations de la part de l'enseignant plus
d'importance que celles données par d'autres élèves. En
plus de jouer sur les attributions causales, les remarques que peut faire
l'enseignant à l'élève sur sa pratique ou sur
lui-même ont une influence importante sur les perceptions que
l'élève a de lui-même. Elles peuvent venir des professeurs
ou des autres élèves. Toutefois, il apparaît que les
feedbacks venant du professeur ont beaucoup d'impact car celui-ci est
perçu comme crédible par l'élève (Héroux et
Farrel, 1985).Un enseignant doit toujours encourager l'élève. Il
est crédible car il est perçu comme celui qui sait tout. Les
feedbacks de l'enseignant sont importants car l'élève voudra
s'investir car il aura envie de faire mieux parce qu'il aura été
valorisé.
En conclusion, ces différents concepts tels que la
motivation, les buts d'accomplissements, le groupe et l'influence de
l'enseignant seront essentiels pour la suite de cette étude. Ces
définitions m'auront permis de clarifier chacun de ces concepts dans le
but d'avoir une réflexion intense en lien avec ma problématique.
Je pense que chacun de ses éléments me permettra d'étoffer
mes recherches lors de mon étude exploratoire. Ces
éléments favoriseront les mises en relations de mes recueils de
données qui me permettront d'aboutir vers des hypothèses, puis de
répondre à ma problématique.
21
2. HYPOTHESES ET PROBLEMATIQUE
La question qui se pose doit permettre de comprendre comment
l'enseignant doit agir afin d'éviter le manque de motivation qui
pourrait apparaître chez les élèves. En effet, avec les
jeux de lutte, la notion d'opposition apparaît et certains
élèves ont du mal à rentrer en contact physique avec
l'autre. Ils peuvent être réticent au fait de s'engager face
à l'adversaire.
L'enseignant doit donc trouver des moyens pour permettre
d'établir progressivement le contact entre les élèves.
Ainsi, la problématique serait : Quelles mises en oeuvre l'enseignant
utilisera pour favoriser la motivation et l'engagement des élèves
au sein des jeux de lutte en CP ?
Afin de poursuivre les recherches, il devient primordial
d'établir des hypothèses. Elles permettent de cibler
l'enquête de terrain et d'approfondir ces suggestions à l'aide de
preuves. Trois hypothèses peuvent donc être établies.
Nous émettrons l'hypothèse que l'enseignant
pourrait favoriser la motivation des élèves en jouant sur les
modalités de groupement. Le travail en groupe devrait permettre aux
élèves de rentrer progressivement dans l'opposition en
coopérant puis en se confrontant.
La deuxième hypothèse serait que la mise en
place de buts mixtes alliant le but de performance et de maîtrise devrait
favoriser la motivation de tous les élèves dans l'activité
des jeux de lutte. Ces buts d'accomplissement permettraient donc d'augmenter la
motivation des élèves.
La troisième hypothèse serait que les feedbacks
mis en place par l'enseignant dans un but valorisant aident à favoriser
la motivation des élèves en EPS. Soutenir et encourager les
élèves en revenant sur leurs difficultés ou leurs forces
aideraient à raviver leur estime personnelle.
Pour conclure, nous pouvons donc voir que les
hypothèses proposées permettent de donner des pistes
significatives à suivre afin de trouver une réponse à la
problématique. La méthodologie utilisée devrait faciliter
la récolte d'informations dans ce but. La carte conceptuelle suivante
devrait permettre d'éclaircir le sujet. Ainsi, nous observons que les
différentes notions telles que les buts motivationnels, les feedbacks
et
22
les modalités de groupement se complètent
mutuellement. Les modalités de groupement influencent les buts
motivationnels qui influencent la motivation.
2.1 Présentation argumentée des techniques
d'enquêtes scientifiques et des méthodologies
utilisées.
Pour réaliser cette analyse j'ai fait le choix de me
focaliser sur deux articles qui reprenait les méthodologies que
j'utilise au sein de mon mémoire. Le premier article nommé La
méthodologie en sociologie écrit par Jean Claude Combessie
définit les différentes méthodologies possibles lors d'une
étude sociologique. Je tenterai de reléver au mieux ce qui fait
écho avec mon travail de recherche afin de faire remonter les
similitudes observées dans le but de justifier mes choix
méthodologiques. Le second article intitulé les feedback
émis par l'enseignant(e) d'EPS et perçus par les
élèves : quelle similarité ? rédigé par
Nicaise Virginie et Cogérino Geneviève a pour but de
différencier les intéractions entre les élèves
selon leur sexe et l'enseignant et de recueillir les perceptions des
élèves par rapport à ces dernières. Ces auteurs ont
fait le choix de procéder par l'enregistrement audio et visuel dans le
cadre de leur observation.
Le premier article rédigé par Jean Claude
Combessie vise plutôt à rendre compte objectivement des
intérêts de chaque méthodologie. L'auteur parle d'une
évolution à travers chacune des méthodologies « Le
schéma général d'une recherche sociologique procède
d'une phase initiale plus exploratoire à une phase finale de
vérification. »
Au sein de la méthode de l'observation, l'auteur fait
la différence entre la collecte documentaire, l'enquête passant
par l'enregistrement audio et/ou visuel et le terrain. Dans mon cas, il s'agit
du terrain. Le terrain est à la fois l'objet d'étude et le lieu
de séjour. La durée de l'observation peut varier mais elle
implique toujours une proximité assez prenante. Une observation doit
être minutieuse d'où l'intervention d'un plan
général d'observation ou d'une grille d'observation. En effet, la
grille d'observation que j'ai pu
23
utiliser m'a permis d'avoir un cadre spécifique afin de
cibler mes observations. La fiabilité des observations doit être
optimale. D'ailleurs l'auteur souligne que la possibilité d'utiliser un
journal de bord est intéressante car il permet d'enregistrer à
chaud les éléments observés. J'ai eu l'occasion de
débuter mon pré-test de cette façon mais je me suis vite
rendu compte qu'à avoir trop d'informations je m'y perdais sans
catégories.
Ensuite l'auteur met en évidence une autre
méthodologie que j'ai eu l'occasion d'utiliser parmi tous les types de
collectes d'informations orales. Il s'agit de l'entretien semi-directif qu'il
nomme aussi « l'entretien centré ». Ce type d'entretien est
généralement précédé de l'élaboration
d'une grille d'entretien comportant les thèmes à aborder. En
effet, lors de mon entretien avec l'enseignante, cette grille me permettait
d'avoir un fil conducteur mais en aucun cas j'empêchais à
l'entretien d'avoir sa propre dynamique. Il peut d'ailleurs être
agrémenté de relances dans le but d'avoir les informations que
nous n'avons pas réussi à avoir lors du premier essai. Afin de
récolter les informations Jean Claude Combessie fait
référence à deux possibilités, la prise de note et
l'enregistrement. Pour ma part, je trouve qu'un enregistrement est bien moins
contraignant car il peut vite se faire oublier et il ne ralentit pas
l'élan de la discussion. « L'enregistrement sera retranscrit le
plus complètement et avec le plus de précision possible, non
seulement de façon littérale, mais avec indication des
hésitations, des silences, des rires... ».
Enfin, en ce qui concerne le questionnaire, l'auteur de cet
article pense qu'il permet de confirmer les données de l'enquête
en vérifiant statistiquement la possibilité de
généraliser les informations et les hypothèses. Il y a
différents modes de passation, le face à face, l'enquête
par télephone, l'enquête par correspondance et le questionnaire
distribué. Il est vrai que de peur d'avoir des questionnaires sans
réponse, j'ai préféré privilégié le
mode de passation face à face.
En conclusion, je trouve que cet article est très
complet car il permet de se renseigner précisément sur les
méthodologies possibles lors d'une enquête et de pouvoir comparer
ces définitions avec notre protocole dans le but de vérifier la
faisabilité et la cohérence par rapport aux résultats
attendus. De ce fait, cet auteur m'a réconforté dans mes
choix.
24
Le second article intitulé Les feedback émis
par l'enseignant(e) d'EPS et perçus par les élèves :
quelle similarité ?, rédigé par Nicaise Virginie et
Cogérino Geneviève dans la revue Staps n° 81 en 2008 vise
à rendre compte des feedbacks de l'enseignant selon le sexe des
élèves et des perceptions des élèves par rapport
à ces feedbacks. Virginie Nicaise, maître de conférence
s'est beaucoup intéressée à la motivation en
éducation physique et sportive. Cogérino Geneviève,
professeur à l'université s'est plutôt axée sur la
thématique du genre en EPS. À travers cet article, nous verrons
que même si l'enseignant émet des feedbacks dans le but de motiver
les élèves, il arrive qu'un genre soit plus favorisé qu'un
autre aux yeux des élèves.
De nombreuses études anglo-saxonnes montrent que les
enseignants valoriseraient davantage les garçons. Les filles quant
à elles, seraient félicitées pour l'effort et pas pour la
prestation comme les garçons. Seuls quelques chercheurs verraient une
différence d'intéractions entre les filles et les garçons
selon le sexe de l'enseignant. Selon les auteurs, trop peu de recherches
portent sur les perceptions des élèves par rapport aux feedbacks
de l'enseignant.
Les auteurs commencent par définir les
intéractions en classe, les feedbacks et les différences
d'intéractions à l'égard des filles et des garçons
en s'appuyant sur des études réalisées en EPS avant
d'aboutir sur les perceptions des élèves relatives aux
intéractions. Seules deux études réalisées par
Davis et Mc Bride se sont penchées sur les interventions de l'enseignant
envers les filles et les garçons et le relevé des perceptions des
filles et des garçons. Le feedback se définit dans le champ de
l'éducation comme le fait de fournir une information à quelqu'un
par rapport à son action, à propos de sa prestation. Les
chercheurs Carlier, Renard et Swalus définissent le feedback comme
« toute communication d'accompagnement au cours de la réalisation
de la tâche ou après ». Cogérino et Nicaise affirment
que les intéractions et les feedbacks sont liés lors de
l'intéractivité en classe. Tunstall et Gipps classent les
feedbacks en deux groupes distincts, évaluatifs avec un jugement
explicatif et descriptifs en lien avec la réussite et le comportement de
l'élève.
La problématique de cette étude est de
vérifier si les comportements de l'enseignant sont bien
différents selon qu'il s'adresse aux filles et aux garçons par le
biais de l'observation.
25
Cette étude permettra donc d'évaluer les
perceptions des élèves des deux sexes relatives aux interactions
de l'enseignant. Quatre hypothèses font donc surfaces face à
cette problématique. La première hypothèse est que les
garçons recevraient une plus grande quantité de feedback que les
filles. La seconde hypothèse serait que les filles et les garçons
ne perçoivent pas de différences d'interaction de la part de
l'enseignante. La troisième hypothèse est que si des
différences sont constatées, les différences
observées et perçues entre les filles-garçons seraient
plus importantes dans une activité physique connotée masculine
à contrario d'une activité physique dite appropriée aux
deux sexes comme le badminton. La quatrième hypothèse serait que
les différences soient plus présentes dans le cas où l'on
ne contrôle ni le niveau de l'élève dans l'activité
physique concernée, ni sa compétence physique perçue.
L'étude est réalisée auprès de 33
élèves et leur enseignante d'EPS. Les méthodes
expérimentales utilisées sont l'observation à l'aide de
l'enregistrement audio-visuel mais dans le but de limiter les modifications de
comportements, l'expérimentatrice s'est présentée comme
étant une étudiante. Les durées et fréquences
d'intéractions et de feedbacks sont relevées.
Lors des résultats de cette étude, Nicaise et
Cogérino ont pu conclure que les feedbacks avaient un réel impact
sur la perception de compétence physique des filles peut importe leurs
âges et leurs pratiques physiques. Elles soumettent l'idée selon
laquelle les renforcements positifs et l'investissement prodigués par
l'enseignant sont en lien étroits avec la compétence
perçus en EPS. Tandis que les feedbacks et critiques sont plutôt
reliés négativement à cette dernière.
En somme, cette recherche leur aura permis de confirmer la
place importante des feedbacks dans l'effort et l'investissement des
élèves qu'ils soient ou pas perçus par les
élèves. Les feedbacks positifs sont réellement porteurs
d'envie et synonymes d'encouragement pour les élèves. La
motivation intrinsèque se trouve donc amplifiée après un
feedback positif. En effet, toutes les citations évoquées dans
les débuts de cette étude viennent appuyer la
véracité des résultats tout en apportant des
critères quantitatifs pouvant justifier leurs propos avancés par
rapport aux différences sexués. Il reste désormais
à savoir comment parvenir à motiver davantage les filles par le
biais des feedbacks.
26
3. DEMARCHE D'ENQUÊTE
3.1 Justification des choix méthodologiques
Ma démarche d'enquête s'appuie sur trois
pré-tests qui m'auront permis de remettre en question mes
méthodes si besoin. J'ai donc dû faire des choix
méthodologiques en accord avec le sujet et les données que je
souhaitais recueillir.
Pour l'observation, mon premier outil de recueil était
un journal de bord mais il est vrai que cette méthode ne me permettait
pas de faire une comparaison claire et d'avoir une certaine structuration.
J'avais pensé à faire une vidéo des séances mais
j'ai préféré mettre ce choix de côté pour
éviter de ralentir mon travail de recherches étant donné
qu'il aurait fallu attendre l'accord de tous les parents. J'ai donc choisi de
faire une observation directe pour noter ce qui me paraissait pertinent pour
mon étude. C'est un choix qui m'a permis d'être attentive et
méthodique lors de mon observation. Je pense que l'observation
participante ou ethnographique ne m'aurait pas été utile. Je
cherchais à analyser l'enseignement et l'engagement des
élèves, je ne cherchais pas à me mettre à leur
place.
En ce qui concerne l'entretien, j'ai fait le choix de
réaliser un entretien semi-directif pour que la discussion ait l'air
naturel tout en posant quelques questions clés. Si j'avais fait un
entretien directif, mon interlocuteur risquait de ne pas se sentir à
l'aise et n'aurait peut-être pas eu la patience ni le plaisir de m'aider.
Je n'ai pas non plus choisi l'entretien libre car je crains ne pas avoir
certains éléments de réponses qui sont pourtant importants
pour cette étude.
Lors de l'observation, j'ai dû passer du recueil de bord
à une grille d'observation plus structurée avec quatre rubriques
en lien avec mes variables : la programmation des séances, les
consignes, la définition des activités et l'engagement des
élèves. La programmation des séances me permettra d'avoir
un repère concernant l'organisation des différentes
séances puis, les consignes pourront être comparées pour
vérifier si elles ont un impact sur les buts mixtes des
élèves. Je pourrai donc recueillir la progression des
activités et l'impact de l'enseignant sur la motivation des
élèves. Deux types d'éléments seront
relevés, qualitatifs pour décrire les différents
degrés d'engagement des élèves
27
leurs profils, et quantitatifs pour décrire les
diverses modalités de groupement (en binôme, en équipe,
selon la corpulence, selon la taille, selon les caractères...).
Le questionnaire qui sera donné aux
élèves me permettra de déterminer leur motivation. Je fais
le choix de ne pas dépasser vingt questions car maintenir l'attention
des élèves âgés de 6 à 8ans n'est pas
évident. Les questions seront courtes, il y aura des réponses
à choix à multiples, peu de questions binaires et des questions
ouvertes où ils pourront rédiger en quelques lignes leurs
réponses. Les élèves pourront être
accompagnés d'un adulte lors de la rédaction.
En ce qui concerne l'entretien semi-directif, j'ai
établis quinze questions. Je pense m'adapter, avoir des relances et
utiliser des thématiques en lien avec mes hypothèses et mon
objectif.
Cependant, ces questions risquent d'être
modifiées lors de l'entretien puisque je rebondirai par rapport aux
réponses données. Je pense compléter mon entretien avec un
enregistrement audio afin que le verbatim soit réalisé dans de
bonnes conditions et afin de pouvoir avoir une trace fiable de l'entretien.
Réaliser un verbatim, c'est faire une retranscription mot à mot
de la discussion. Même si la personne ne dit pas la vérité,
l'important c'est d'avoir les propos fidèles. Le verbatim est un moyen
efficace de revenir sur des éléments que j'aurai pu omettre.
3.2 Limites et biais
Dans cette partie, je vais présenter les limites que
j'ai eu l'occasion de rencontrer au cours de mon étude.
En premier lieu, étant donné que je me suis
dirigé à nouveau vers ma tutrice pour des raisons pratiques et de
facilités, j'ai eu davantage de difficulté à cacher que je
cherchais des éléments pour mon mémoire contrairement
à mes collègues qui pouvait se faire passer pour des stagiaires
souhaitant faire des observations pour leur expérience personnelle.
L'année dernière elle ne savait pas réellement le sujet de
mon étude étant donné que j'avais l'habitude de tout noter
et d'observer mais il est certain qu'après avoir réalisé
l'entretien et fait passé les questionnaires, je risquais le biais de
désirabilité et d'acquiescement parce qu'elle commençait
à comprendre le sujet de ma recherche.
28
Cependant, j'avais déjà effectué tout mon
protocole l'année dernière et ce qu'il fallait que je refasse
impérativement était l'observation de la séquence
(où elle restait naturelle car elle n'était pas filmée et
n'avait pas de gêne vis-à-vis de ma présence) et la
passation des questionnaires parce qu'ils avaient été
modifiés.
En second lieu, le questionnaire donné aux
élèves devait me permettre de déterminer leur degré
de motivation. Cependant, l'année dernière j'avais
effectué cela vers la fin d'année et les élèves de
CP étaient assez avancés au niveau de la lecture et de
l'autonomie dans la rédaction alors que là je me suis
retrouvée avec une classe que je supposais en difficulté,
c'était bien trop tôt pour rendre le questionnaire. Alors que
j'avais déjà commencé à distribuer les
questionnaires, l'enseignante m'a clairement dit que ce ne serait pas possible
avec mes questions malgré les réponses à choix multiples.
Certains élèves prendraient beaucoup de temps. J'avais
appréhendé ce problème didactique en proposant des
réponses en smiley lors de l'élaboration du questionnaire
l'année dernière mais ma directrice de mémoire m'avait
conseillé de pousser davantage la création du questionnaire afin
d'avoir des réponses cohérentes à mes
hypothèses.
Lors du séminaire réalisé durant mon
cursus universitaire pour gérer les limites que nous pouvions
rencontrer, certains étudiants m'ont suggéré l'idée
que le problème ne venait peut-être pas des élèves
mais de mes questions assez compliquées. Écrire cinq lignes sur
les jeux de lutte paraissait être très complexe pour eux. «
C'est extraordinaire qu'un groupe de CP puissent écrire 5 lignes. Tes
questions sont ultra-difficiles. A 6 ans, on n'est pas capable de faire
ça. » me disaient certains. En effet, avec du recul je m'en suis
rendue compte et je me suis souvenue que l'année dernière j'avais
la possibilité de venir en aide aux élèves si il y avait
un souci de compréhension ou un besoin d'aide à la
rédaction.
Bien évidemment j'ai cité quelques questions qui
posaient problème mais j'ai souligné qu'il m'arrivait de parler
leur langage. Cependant, dans la volonté de répondre à mes
hypothèses, il m'arrivait d'être trop technique.
Il m'a donc été proposé de changer de
niveau ou encore de cycle cependant cela remettrait en cause toutes mes
recherches sur la classe de CP et le temps restant ne me le permettrait pas.
« Pourquoi des CP ? Les réponses seraient plus
élaborées en CM1 par exemple. Les élèves sont un
peu plus matures et critiques. » Je m'étais déjà
penchée sur la question l'année dernière et d'autres
variables rentraient en jeu telles que la puberté et la mixité
et
29
le problème du sexe n'était pas un sujet que je
souhaitais traiter. Voilà la raison pour laquelle j'ai choisi la classe
de CP où cette question ne se pose pas ou peu.
Une remarque de la responsable du séminaire m'a
réellement interpellé. « Le protocole fonctionne mais c'est
un problème de passation, il faudrait que tu aides les
élèves en passant par la dictée à l'adulte pour la
rédaction et en supprimant quelques questions trop complexes ».
Cette réflexion m'a réellement permise de rebondir face à
mon problème. Je refusais de remettre en question mon questionnaire mais
je pense qu'en ciblant moins de questions vers mes hypothèses et en
supprimant certaines, le résultat n'en sera que meilleure au niveau de
la récolte de réponses.
J'ai modifié ces questions :
Est-ce que tu as déjà été
démotivé en jeux de lutte ?
4 Est-ce que tu as déjà
été moins motivé en jeux de lutte ?
Trouves-tu que ta motivation varie selon ton coéquipier ?
4Trouves-tu que ta motivation change selon ton
coéquipier ?
Est-ce que tu as eu envie de faire les jeux de lutte durant toute
la séquence ? 4 Est-ce que tu as eu envie de faire les
jeux de lutte durant toute la période ?
Que préfères tu en jeux de lutte ?
La maitrise La performance
4 Qu'aimes-tu en jeux de lutte ?
30
4. CARTE CONCEPTUELLE
31
5. ETUDE EXPLORATOIRE
Afin d'effectuer mes travaux de recherches dans le cadre de ce
mémoire, je me suis appuyé sur trois éléments, la
grille d'observation mise en annexe dans la partie des documents lors de la
confrontation sur le terrain, le guide d'entretien semi-directif
élaboré afin de m'entretenir avec l'enseignante et le
questionnaire donné aux élèves. Mon protocole est en effet
très riche mais chacun de ces éléments me permettra
normalement d'avoir des réponses à mes hypothèses.
5.1 Analyse des résultats de l'observation
Je débuterai par l'analyse de ma grille d'observation
puis par les données recueillis. Comme dit précédemment,
cette grille d'observation traite de quatre informations différentes :
la programmation des séances, les consignes, la définition des
situations d'apprentissage et l'engagement des élèves. Cette
séquence se compose de 6 séances et chaque séance a
environ six situations diverses étalées de la deuxième
à la troisième période. Les consignes sont recueillies
afin de les mettre en corrélation avec la compréhension des
élèves, la rapidité d'exécution des
élèves et afin de vérifier leur structuration. La
définition des situations d'apprentissage est un moyen d'avoir un
aperçu de ces dernières de manière précise pour
imaginer les élèves en action. Le titre des activités ne
suffirait pas car chaque enseignant a ses propres règles et ses propres
exigences. Ensuite, le bilan et l'engagement des élèves est un
moyen de résumer l'investissement des élèves lors de
chaque séance pour estimer la motivation.
Le tableau ci-dessous permettra de confirmer les liens qu'ont
ces quatre critères avec les hypothèses proposées
précédemment.
32
Tableau 1 : Liens entre les critères de
ma grille d'observation et mes hypothèses.
La programmation des séances
|
|
> Elle a une influence sur les buts mixtes.
> Elle incite les enfants à progresser donc le but de
maîtrise est
fortement sollicité dans ce cas.
> Le but de performance s'installe car tous les
élèves peuvent s'observer mutuellement lors des efforts.
> Elle donne un cadrage aux élèves qui se
conditionnent à respecter les modalités de groupement
suggérées par le professeur des écoles au fil des
séances.
|
Les consignes
|
|
> Elles préviennent des risques et des règles,
ce qui responsabilise les
enfants.
> Elles sont encourageantes et donnent l'envie de
s'investir dans les activités.
> Elles stimulent les buts de maitrise et de performance
des élèves qui souhaitent atteindre différents objectifs
à chaque séance.
> L'illustration des consignes par la démonstration
est une façon d'intéresser les élèves.
|
La définition des situations
d'apprentissage
|
|
> Chaque situation d'apprentissage est rattachée
à un contexte imaginaire, ce qui enthousiaste les
élèves.
> Chaque définition a un attrait qui permet à
l'enseignante de motiver les élèves à entrer en contact.
Le fait de nommer le jeu du rocher par exemple en expliquant que dans chaque
binôme, il y aura un élève qui sera Hulk et l'autre qui
sera un rocher permet d'accepter l'intrusion.
|
L'engagement des élèves
|
|
> Globalement, tous les élèves étaient
volontaires, ils assimilaient les
exercices aux jeux.
> La mise en contact progressive des élèves
étaient un point fort qui les préparait à la séance
suivante en maintenant leur motivation.
> L'amotivation apparaissait lorsque les règles
devenaient des obstacles pour certains qui avaient l'impression de ne plus
être libre de leurs actions.
|
? Les feedbacks avaient une réelle importance sur
l'engagement des élèves. Les élèves avaient
beaucoup plus de motivation lorsque l'enseignante les conseillait ou leur
faisait des remarques dans le but de les faire progresser.
|
33
En somme, ce tableau m'aura permis de ne pas faire fausse
route dès l'élaboration de ma grille d'observation. Les quatre
critères d'analyse de ma grille devaient absolument faire écho
avec mes hypothèses pour avoir un cadrage fiable. La multitude de liens
que j'ai pu trouver me permettront de faire une analyse de chaque
résultat en les catégorisant.
5.1.1 La programmation des séances
Toutes les séances ont approximativement la même
morphologie. Elles commencent toutes par une verbalisation suivis d'un
échauffement, ensuite de quelques activités et finissent par un
temps de calme. Cette structuration fidèle d'une séance à
une autre servira de rituel aux enfants. En CP, les élèves ont
besoins de repères, ainsi ils savent déjà à quoi
s'attendre et ne sont pas surpris ou déçus. Cette mise en oeuvre
didactique constitue déjà un choix primordial pour maintenir
l'attention des élèves durant toutes les séances. De
nombreuses mises en oeuvre sont adoptées pour favoriser la motivation
des élèves. Avant chaque nouvel exercice, l'enseignante
procède par une démonstration gestuelle à l'aide d'un
élève. Le fait de passer par un pair pour illustrer un exercice
renforce le sentiment d'unité de la classe. L'enseignante semble
différente et distante du point de vue des élèves. En
passant par les élèves pour illustrer, les élèves
se sentent davantage concernés et ont donc moins de réticence
à s'engager dans l'activité pour faire de même que leurs
camarades. Ils pensent donc être en capacité d'effectuer l'action
réalisée par leurs pairs.
De plus, nous verrons que l'APSA est présentée
de façon ludique. En effet, il ne s'agit pas de la lutte mais des «
jeux de lutte », avant chaque activité, l'enseignant
présentera et définira un « jeu » (le jeu de la tortue,
le jeu des déménageurs, le jeu de l'ours etc.). Le fait
d'employer le terme « jeu » est déjà favorable à
l'écoute attentive et à la motivation des enfants. Bien qu'il
s'agisse d'un milieu scolaire avec une notation finale et un regard
34
professionnel, les élèves sont très
enthousiastes à travailler dans cette ambiance. Ainsi, la motivation
intrinsèque se fait ressentir car c'est le plaisir que procurent les
activités qui motiveront les élèves à participer
lors de la phase de verbalisation.
5.1.1.1 La définition des situations
d'apprentissage
La progression des activités est une mise en oeuvre qui
favorise aussi la motivation. Les programmes du Bulletin Officiel n°11 du
26 novembre 2015 recommandent aux enseignants de permettre aux
élèves de s'opposer individuellement et collectivement pour
parvenir à agir sur son adversaire pour l'immobiliser. »
L'enseignante fait le choix d'y aller progressivement afin que l'objectif
final (immobiliser l'adversaire au sol) soit réalisable pour les
élèves. Ainsi les activités ne doivent être ni trop
faciles, ni trop dures. Elles doivent permettre aux élèves de se
familiariser avec les techniques d'immobilisation tout en découvrant les
jeux de lutte. Elles passent donc des jeux de coopération aux jeux
d'opposition, puis des jeux d'opposition aux jeux de lutte à proprement
dit. Adapter la difficulté au niveau des élèves est une
façon de prendre en compte l'apprentissage progressif de ces
derniers.
5.1.1.1.1 Les consignes
Les consignes sont dites de manières explicites et sont
démontrées par des exemples pour que les élèves se
sentent investis. L'enseignante engage chaque jeu en donnant l'impression que
chaque enfant a une mission. L'imaginaire qui est créée à
travers ces consignes donne aux élèves l'envie de réussir
cette mission. Voici un exemple de consigne : « Vous êtes deux
pirates et vous devez tirer l'adversaire pour le faire entrer dans votre zone.
» Dans ces cas, les élèves agissent extrinsèquement
mais pour être précis il s'agit de la régulation
introjectée selon la théorie de l'autodétermination. La
régulation introjectée se caractérise par une
régulation externe intériorisée. En effet, les
élèves sont
35
motivés car la raison de l`action est de satisfaire
à un sentiment d`ego. Ils veulent être les meilleurs pirates, les
plus forts. Le fait de vouloir être plus fort se rattache à un des
buts motivationnels : le but de performance. En effet, les élèves
souhaitent se montrer supérieurs vis-à-vis de leurs pairs. Mais
ce n'est pas le seul but motivationnel sollicité. Face à d'autres
consignes, les élèves agissent différemment, leur
motivation penche vers la maîtrise de l'action. Prenons l'exemple de la
roulade avant : « Faites une roulade avant au-dessus de l'autre à
quatre pattes. Il ne faut pas lui faire mal. » Ici, la maitrise devient
plus importante que la performance même si les deux sont liés lors
de cet exercice. L'élève cherche à progresser dans
l'activité ou à maitriser la tâche à laquelle il est
confronté. Il y a un désir d'apprendre et de développer
ses connaissances. Les buts mixtes favorisent donc l'engagement des
élèves lors des jeux de lutte.
5.1.1.1.1.1 L'engagement des élèves
En lien avec ma problématique où j'emploie le
terme « engagement » lié avec la notion de la motivation, je
pense qu'il est important de décrire tout ce qui me paraissait avoir une
influence sur l'engagement dès la première séance. La
première séance avait l'objectif de familiariser les
élèves avec le contact physique sans qu'ils ne s'en rendent
compte. L'objectif était de permettre aux élèves
d'accepter d'être en contact physique avec l'autre. Pour cela, ils
étaient plutôt enthousiastes à l'idée de
découvrir de nouvelles activités, certains avaient l'impression
de jouer. Il arrivait qu'ils aient du mal à effectuer des
activités ou à contrôler leur énergie mais la
motivation était toujours constante.
Durant la seconde séance, l'insistance sur les
règles de sécurité devenait une contrainte. Il y avait des
buts à atteindre tout en prenant en compte les différentes
règles d'or. Les élèves pouvaient se démotiver plus
rapidement car ils devaient réussir les objectifs tout en gardant le
contrôle de leurs mouvements. Le fait de pratiquer des jeux d'opposition
pour dépasser le simple contact physique permettaient à certains
de développer les buts mixtes pour évoluer dans la discipline.
Lors de la troisième séance, la
démotivation commence à apparaitre car certains ont du mal
à s'affirmer face à leur adversaire. L'enseignant tente de les
remotiver en passant
36
près de chaque binôme pour encourager ceux qui
ont plus de difficultés à réaliser l'objectif.
La quatrième séance permet aux
élèves de maitriser les techniques des jeux de lutte. La
motivation se focalise sur un objet ou une mission. Le contact physique n'est
plus une contrainte et les élèves n'ont plus peur de
s'engager.
La cinquième séance se consacre aux jeux de
lutte et d'opposition. Les activités débutent en binômes
puis en groupe afin que les élèves renforcent leur motivation en
coopérant au sein d'une équipe. Ainsi, les élèves
acceptent davantage le contact corporel et prennent conscience du corps
à corps.
Enfin, la dernière séance sert à
évaluer les compétences des élèves. Ils sont
motivés car leur objectif est d'avoir une notation satisfaisante.
En somme, beaucoup d'élèves étaient
motivés mais il y avaient quelques élèves qui souhaitaient
simplifier les tâches en les modifiant. Cela ne remettait pas en question
forcément leur engagement et leur investissement mais nous pouvons
observer qu'en fonction des modalités de groupement cet engagement
pouvait varier.
Tableau 2 : Lors de mes observations j'ai
tenté de repérer les élèves qui avaient des
attitudes qui s'écartaient de la notion de motivation. J'ai donc fait le
choix de recenser les élèves ayant eu une tendance à
vouloir modifier les tâches à effectuer et les
élèves qui manquaient de motivation tout au long de la
séquence.
Durant la séquence
|
Élèves
|
Modification de la demande
|
6/28 : Avaient une tendance à modifier la tâche
(volontairement ou involontairement)
|
Amotivation
|
3/28 : Refusaient de coopérer pour réaliser la
tâche avec leurs camarades.
|
Après avoir établi une analyse
détaillée de la grille d'observation, je suggère d'en
faire de même pour la structuration du questionnaire remis aux
élèves, puis d'analyser les réponses fournis par les
élèves.
37
6. Analyse des résultats des questionnaires
Ce questionnaire réalisé pour des
élèves de CP devait être court, clair et adapté. Le
questionnaire a été réalisé dans le but de
connaître le type de buts motivationnels des élèves, leur
type de motivation et si les modalités de groupement ont une influence
sur leurs comportements et leur motivation dans l'activité. Pour
analyser cela, je vais m'appuyer sur les répartitions des
réponses par questions. Je vais surtout m'intéresser aux
différents critères motivationnels tels que les buts
motivationnels et les préférences des élèves lors
des constitutions des groupes. Cependant, bien que je fasse la demande en
début de questionnaire, je ne prendrai pas en compte le sexe de l'enfant
car je ne fais pas de distinction entre les filles et les garçons lors
de cette étude. Par rapport à l'observation, l'effectif de la
classe est de 28 élèves. La totalité des 28 questionnaires
donnés ont pu être récupérées mais certains
parents étaient réticents à l'idée de faire
interroger leurs enfants. Avec les deux autres classes de CP, cela me faisait
un total de 82 questionnaires à donner.
Avant la remise des questionnaires, la maitresse m'avait
signalé que les enfants pourraient avoir des difficultés à
se repérer sur la feuille. J'ai donc décidé de
débuter le questionnaire en classe en dictant chaque question et
réponses possibles à l'oral pour qu'ils ne confondent pas les
questions.
Maintenant, nous allons faire un bilan de ces questionnaires.
Concernant la première question, seuls 5 sur 28 n'aiment pas l'EPS, les
autres apprécient beaucoup la pratique de l'EPS. Tous les
élèves de la classe de CP observés pratiquaient au moins
une activité physique et sportive. Cette majorité
d'élèves appréciant l'EPS peut s'expliquer par leurs
pratiques sportives extra-scolaires telles que le football, le baseball, le
judo, la danse, le basket et l'athlétisme. En général,
d'après mes recherches quand ils pratiquent un sport à
l'extérieur de l'école, ils aiment l'EPS.
38
Tableau 1 : Répartition des pratiques physiques des
élèves de la classe observée.
Activités
physiques extra scolaires
|
|
Football
|
7
|
Gymnastique
|
2
|
Baseball
|
1
|
Judo
|
2
|
Danse
|
12
|
Basket
|
2
|
Athlétisme
|
2
|
Tableau 2 : Répartition des pratiques physiques des
élèves des deux autres classes.
Activités
physiques extra scolaires
|
|
Football
|
25
|
Gymnastique
|
4
|
Baseball
|
0
|
Judo
|
7
|
Danse
|
10
|
Basket
|
0
|
Athlétisme
|
3
|
Sans activité
|
5
|
Total
|
54
|
Camembert 1 : Activités physiques extra scolaires
pratiqués en pourcentage de la classe observée.
ACTIVITÉS PHYSIQUES EXTRA SCOLAIRES
Basket
7%
7%
Gymnastique
7%
Baseball
4%
Judo
7%
Danse
43%
Football
25%
Athlétisme
39
Camembert 2 : Activités physiques extra scolaires
pratiqués en pourcentage des deux autres classes.
Danse
19%
Athlétisme
6%
Sans activité
9%
Judo
13%
Gymnastique
7%
VENTES
Football
46%
Lors de la récupération des questionnaires, nous
pourrons constater que la majorité des élèves ayant
pratiqué des activités physiques extra scolaires
privilégie la performance mais ne se détache pas du but de
maitrise pour autant.
D'après les moyennes effectuées entre deux
questions, 17 élèves sur 28 privilégient la performance
plutôt que la maitrise. J'ai fait le choix de poser la question :
Qu'aimes- tu le plus dans les jeux de lutte ?
Montrer ta force Apprendre des choses T'améliorer
Ainsi, je savais qu'en fonction du nombre de réponses
mentionnant « montrer ta force » ils se dirigeaient davantage vers le
but de performance alors que face aux deux autres réponses les
élèves se positionnaient davantage vers le but de maîtrise.
Il était très compliqué de trouver des synonymes aux buts
motivationnels. De ce fait, la troisième
40
question est une relance qui me permettait de confirmer la
réponse précédente liée à un but
motivationnel et en faire une moyenne.
S'amuser
Montrer que tu es le plus fort
Sortir de la classe
Impressionner la maîtresse/le maître
Faire du sport
Lutter contre ses adversaires
Se muscler
Apprendre de nouvelles prises
Découvrir l'activité
Se dépenser
Qu'est ce qui te motive à pratiquer les jeux de
lutte ?
Les réponses surlignées en gris pâle
étaient liées au but de performance alors que les réponses
surlignées en gris foncé étaient liées au but de
maîtrise. J'ai personnellement choisi ce mode de répartition afin
de trouver des corrélations avec les hypothèses. Bien
évidemment les autres réponses étaient sans utilité
pour mes recherches mais comme il s'agissait de petits je souhaitais mettre des
réponses qui leur correspondaient peut-être mieux tels que «
s'amuser ». La troisième ne m'a donc pas permis sur tous les
questionnaires d'avoir des réponses pour mon hypothèse : les buts
motivationnels auraient une influence sur la motivation des
élèves. Dans ce cas, je me suis principalement appuyé sur
les réponses à la deuxième question.
Le diagramme ci-dessous permettra d'avoir un aperçu
global des différents facteurs qui motivent élèves.
41
Diagramme en bâton 1 : Facteurs motivationnels en
pourcentage de la classe témoin.
40%
80%
70%
60%
50%
30%
20%
10%
0%
Facteurs motivationnels
Comme nous pouvons le voir avec le diagramme ci-dessus, la
troisième question proposait des réponses à choix
multiples. 20 élèves sur 28 préfèrent montrer leurs
forces lors des jeux de lutte, 10 préfèrent faire du sport. Quand
je leur demande ce qui les motive à pratiquer les jeux de lutte, 15
entourent « s'amuser », 3 « sortir de la classe », 2 «
lutter contre les adversaires », 17 « se muscler », 12
apprécient le fait d'impressionner l'enseignant, 4 sont motivés
pour découvrir les nouvelles prises et 7 sont motivés par le fait
de se dépenser. Nous constatons donc que le fait d'affronter un
adversaire ne constitue pas forcément à les motiver lors de la
pratique de l'APSA. Cela se rattache au but de performance. En effet, le fait
de lutter face à un adversaire n'est pas une source de motivation par
l'appellation « lutter », hors lorsque j'emploie le terme «
montrer que tu es le plus fort » cela reste une source de motivation car
elle entraîne de l'adrénaline qui incite à vouloir se
surpasser pour gagner. En seconde place vient le fait de se muscler et en
troisième place le fait de s'amuser. Nous constatons que le but de
performance et de maitrise sont donc des sources de motivation importantes chez
les élèves.
42
Cependant, lors de la question en lien avec la
difficulté des jeux de lutte, 18 trouvent que c'est facile, 4 trouvent
que c'est moyennement facile et 6 trouvent que c'est difficile. Pourtant la
totalité des élèves ont beaucoup aimé pratiquer les
jeux de lutte. Lors de la question sur l'amotivation, tout le monde
déclare ne pas avoir été démotivé lors de la
séquence. Avec du recul, je pense que la peur du regard de l'enseignant
sur les questionnaires a pu influencer certains élèves qui
avaient tendance à se décourager lors de mes observations.
Afin de généraliser mon étude, je me suis
dirigée vers deux autres classes de la même école ayant 27
élèves. J'ai donc transmis les questionnaires avec l'accord des
enseignants qui avaient aussi effectué cette APSA avec leurs classes.
Consciente des éventuels biais que cela pouvait générer je
n'ai pu avoir le même intervalle de temps entre les pratiques des trois
classes et la passation des questionnaires. Certains avaient pratiqué
les jeux de lutte à la première période, d'autres à
la seconde et à la troisième alors que je n'ai pu remettre les
questionnaires qu'en cinquième période. Cependant à
échelle proportionnelle, je trouve qu'il y a peu de différences
entre les classes sauf pour la rubrique « découvrir
l'activité » où les résultats sont supérieures
alors que pour la rubrique « apprendre de nouvelles prises » et
« se muscler » les résultats sont moins importants que ceux de
la classe témoin.
Tableau 3 : Facteurs motivationnels de toutes les classes
questionnées
Les deux classes de CP
|
|
S'amuser
|
30
|
Montrer que tu es le plus fort
|
38
|
Sortir de la classe
|
7
|
Lutter contre ses adversaires
|
10
|
Impressionner la maîtresse/le
maître
|
26
|
Apprendre de nouvelles prises
|
3
|
Se muscler
|
6
|
Se dépenser
|
13
|
Découvrir l'activité
|
13
|
Faire du sport
|
40
|
43
Diagramme en bâton 2 : Comparaison des facteurs
motivationnels avec les deux autres classes.
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Montrer sa force Se dépenser S'amuser
Sortir de la classe Faire du sport Lutter contre les
adversaires
Se muscler Découvrir de nouvelles prises Impressionner le
maitre Découvrir l'APSA
Facteurs motivationnels des deux autres
classes
Lorsque je demande ce qu'ils préfèrent entre
l'EPS et les autres matières, 67 sur 82 répondent l'EPS et 15
répondent les autres matières. Ainsi, nous pouvons constater que
le fait d'avoir une grande motivation pour une APSA doit s'expliquer par la
comparaison qu'ils en font avec les autres matières. Quand ils doivent
rédiger ce qu'ils apprécient lors des jeux de lutte, ils
emploient pour la grande majorité des adjectifs liés au plaisir
tels que « c'est drôle, c'est amusant, j'aime bien faire du sport,
j'aime bien quand je gagne, j'aime réussir le travail, je suis fort...
». Après avoir recueilli cette donnée je ne sais pas
réellement où la placer et à quoi elle répond. Je
serais tenté de penser qu'il y a une motivation liée aux buts
mixtes notamment le but de maitrise parce que les élèves sont
44
satisfaits de réussir et le but de performance quand
les élèves emploient des termes du champ lexical de la force.
En somme, j'ai fait le choix de proposer des diagrammes afin
de pouvoir effectuer une comparaison entre ce que je nomme les facteurs
motivationnels entre la classe témoin et les autres classes de CP
questionnées. Ainsi, nous pouvons en déduire que la
majorité des élèves ayant pratiqué des
activités physiques extra scolaires privilégie la performance
sans se détacher du but de maitrise. De plus, les réponses sont
majoritairement liées aux buts motivationnels et aux feedbacks. En
effet, la motivation des élèves proviendrait de l'objectif
à atteindre et du regard de l'enseignant qui les pousse à vouloir
l'impressionner, ce qui se rattache au but de maitrise.
6.1 Modalités de groupement
Consacrons-nous maintenant aux questions en lien avec les
modalités de groupement. 27/28 déclarent aimer travailler en
groupe et un seul déclare ne pas aimer cela. Il est vrai qu'un des
élèves avait quelques soucis de socialisation, ce qui explique
surement sa réponse. Cependant la totalité des
élèves apprécient les exercices en binômes. Par
contre, lorsqu'on leur demande de faire un choix, 19 préfèrent
choisir le travail en groupe et 9 préfèrent le travail en
binôme. 17 déclarent choisir les mêmes coéquipiers
quand ils doivent travailler en binôme et la totalité affirme
avoir la tendance à choisir leurs copains. De ce fait, deux seulement
apprécient le fait que la maîtresse impose les binômes. 8
pensent que la motivation peut varier selon le coéquipier positivement
ou négativement.
Pour les deux autres classes, la totalité des
élèves apprécient le travail en groupe. Une grande
moitié des élèves préfèrent choisir leur
partenaire et plutôt les mêmes coéquipiers par
affinité lorsqu'ils sont en binômes. Au sein de ces classes, la
contrainte du partenaire prodigué par la maitresse est
apprécié à 5/27ème pour une classe et
nul pour l'autre.
45
Diagramme en bâton 3 : Préférences de
modalités de groupement des trois classes.
30
25
20
15
10
5
0
Préférences de modalités de
groupement des trois classes
CLASSE TÉMOIN CLASSE 2 CLASSE 3
Travail en groupe Travail en binôme Mêmes
coéquipiers
Choix par affinité Choix de la maitresse
Pour conclure, nous remarquons que la motivation lors des jeux
de lutte est en effet favorisée par les modalités de groupement
et les buts mixtes. Nous constatons que les comportements des
élèves vis-à-vis de leurs buts à atteindre
dépendaient de leur vécu. En effet, les élèves qui
pratiquent une activité physique et sportive hors de l'école
avaient plus de réponses en faveur des buts mixtes. Certainement parce
qu'une grande majorité pratique des activités sportives ou
artistiques individuelles telles que la gymnastique, la danse,
l'athlétisme et le judo. Mais nous pouvons affirmer que le but de
performance prime sur le but de maitrise bien que les deux soient
d'actualité pour la totalité des élèves. La
volonté de progresser dans l'activité et de maîtriser les
tâches demandées parait moins primordiale que la
possibilité de montrer sa supériorité vis-à-vis des
pairs. Le recueil de donnés de ces questionnaires m'ont permis de
valider deux de mes hypothèses et partiellement la troisième, le
fait que les modalités de groupement puissent avoir un impact
46
sur la motivation car en effet nous constatons que selon les
choix de modalités les élèves sont plus ou moins
motivés, d'ailleurs les résultats montrent que les
élèves n'apprécient pas la contrainte du binôme
imposé par l'enseignante. Et enfin, la deuxième hypothèse
validée me semble être que les buts mixtes ont un réel
impact sur la motivation des élèves en EPS. En ce qui concerne
l'hypothèse liée aux feedbacks, deux de mes questions proposaient
d'avoir des réponses à ce sujet. La première question
permettant de répondre à cela était le critère
qualitatif des élèves motivés à impressionner
l'enseignant. Pour les trois classes, 26 souhaitaient impressionner
l'enseignant. En ce qui concerne la deuxième question liée
à cette hypothèse, 78 élèves sur 82 aimaient avoir
des conseils ou remarques de l'enseignant. L'entretien semi-directif devrait
pouvoir me donner plus d'informations au sujet de ces hypothèses.
7. Analyse de l'entretien
Enfin, je procéderai par l'analyse du guide d'entretien
semi-directif ci-dessous, puis du verbatim mis en annexes.
Protocole de l'entretien
Ce guide d'entretien me permet d'avoir des
éléments concernant les mises en oeuvre de l'enseignante pour
favoriser la motivation des élèves lors des jeux de lutte. Il se
compose de 20 questions. Mon échantillon d'entretien est composé
d'un seul professeur des écoles. Chaque question a son
intérêt mais certaines étaient plus ciblées que
d'autres. Les premières questions visaient à mettre en confiance
l'enseignante pour qu'elle puisse parler aisément, les questions 4
à 8 étaient en lien avec ma première hypothèse :
l'enseignant pourrait réduire l'amotivation des élèves en
jouant sur les modalités de groupement. Les questions 9 à 12
avaient pour objectif d'avoir des réponses en lien avec la seconde
hypothèse : la mise en place de buts mixtes alliant le but de
performance et de maîtrise devrait favoriser la motivation de tous les
élèves dans l'activité des jeux de lutte. Les
47
questions 13 à 15 sont des questions ouvertes, elles
permettent à l'enseignante de dire tout ce qu'elle souhaite à
propos du sujet.
Intérêt de l'enseignante pour
l'APSA
Elle m'a informé qu'elle enseignait les jeux de lutte
pour la première fois. Mais comme elle a toujours été
intéressée par le fait de développer des
compétences, elle n'a pas hésité cette année
à prendre la responsabilité des enfants lors des pratiques
sportives. Lors de cet entretien, afin d'étayer ses propos, elle n'a pas
hésité à me donner des références de
chercheurs ayant fait des études sur le sujet. Elle souligne que la
sociabilité est un élément dont les élèves
devraient prendre conscience en jeux de lutte car il s'agit de coopérer
et de s'affronter tout en respectant des règles communes. Pour mettre
les élèves en confiance, elle s'est beaucoup appuyée sur
ce que ses collègues ont pu lui apporter. Elle adopte une attitude
rassurante qui permet aux élèves de s'engager sans
difficultés dans les nouvelles activités qu'elle peut
proposer.
7.3 Discussion autour de la première
hypothèse et de la troisième hypothèse sur les
modalités de groupement et sur les feedbacks
Elle pense que les consignes et avertissements sont essentiels
pour que la séquence se déroule dans de bonnes conditions. Elle
n'hésite pas à les mettre au centre de leur apprentissage en
faisant des phases de verbalisations pour qu'ils se sentent encouragés
et soutenus dans leurs démarches de s'investir au sein de la classe et
dans l'activité.
Elle explique qu'il soit déjà arrivé
qu'il y ait un ou plusieurs élèves amotivés mais elle
pense qu'il s'agit de problèmes en lien avec la mauvaise entente qui
pourrait régner au sein du groupe ou bien d'un enfant qui ne
souhaiterait pas se mettre au travail. Généralement, les
élèves envient les autres et retournent travailler sans avoir
besoin d'insister car les activités sont ludiques et
intéressantes. Dans ce cas, l'importance du feedback fait son apparition
et c'est ce que j'ai pu constater lors de l'observation car si l'enseignante
laisse les élèves abandonner sans avoir quelques mots
d'encouragements,
48
les modalités de groupement ne suffisent pas toujours
à générer une motivation constante chez les
élèves.
En somme, durant cet entretien, les informations
intéressantes en lien avec ma problématique et mes
hypothèses que j'ai pu retenir sont que les modalités de
groupement peuvent varier en fonction du ressenti de l'enseignante, le but
étant toujours d'éviter l'amotivation. Elle pense que le travail
en groupe ou en binôme permet aux élèves de se sentir en
confiance et de s'affirmer. Les activités sont ordonnées de
manière progressive, elle fait le choix de commencer par la
coopération, puis par l'opposition comme ce que j'ai pu observer dans
les ouvrages didactiques cités en bibliographie tels que ceux
d'Eichelbrenner et Oliver Claude.
Lorsque je lui demande ce qui favorise la motivation outre les
modalités de groupement, elle me donne plusieurs facteurs tels que la
période de l'année, la proximité des vacances,
l'actualité, les consignes et les encouragements. C'est d'ailleurs ce
qui prouve ce que j'ai pu observer et que j'ai pu noter lors de l'analyse de la
grille d'observation en ce qui concerne les consignes. Elle rajoute que
l'illusion du jeu (comme ce que nous avons pu voir lors de l'observation) est
un atout qui favorise aussi la motivation. Il faut aussi que les
élèves ne ressentent pas la difficulté des
activités bien qu'elle soit présente pour qu'ils progressent sans
être démotivés. De plus, l'enseignante m'explique que les
élèves peuvent avoir une motivation intrinsèque ou
extrinsèque, ainsi elle met en oeuvre des activités qui motivent
aussi bien les élèves motivés intrinsèquement
qu'extrinsèquement.
Au sujet des hypothèses proposées, nous avons pu
voir comment l'enseignante procédait lors des modalités de
groupement. Les modalités de groupement favoriseraient la motivation des
élèves mais c'est l'enseignante qui décide de ces
modalités d'après son ressenti. Chaque binôme est
particulier, et le fait de les modifier en fonction de la tâche
demandée peut s'avérer très positif.
Malheureusement je me suis rendu compte bien trop tard que je
n'avais pas réalisé de questions m'apportant assez de
réponses dans le cadre de mon hypothèse liée aux buts
mixtes. En effet, pensant que j'aurais des difficultés à me faire
comprendre en employant ce terme, j'ai préféré axer notre
entretien sur les deux autres hypothèses, soit l'influence de
l'enseignant sur les élèves comprenant les feedbacks et les
modalités de groupement. Cependant, j'ai tout de même
réussi à avoir quelques éléments de réponses
repris ci-dessous.
49
Moi : D'accord et selon vous, est-ce que les
élèves préfèrent gagner en ayant accompli un effort
ou plutôt en se comparant aux autres pour montrer qu'ils sont les
meilleurs ?
M.I : Les élèves sont très
différents. Certains font cela pour le plaisir,
généralement leurs victoires passent inaperçus aux yeux
des autres. Je pense qu'ils préfèrent pour la plupart gagner
plutôt que réussir les prises demandés.
Moi : Pensez-vous qu'en alliant les deux,
vous pourrez favoriser la motivation de vos élèves ?
M.L : Le degré d'engagement dans une
tache ou une activité peut résulter effectivement de la
volonté de gagner et de la volonté d'apprendre des techniques de
lutte. Mais on peut aussi parler de motivation intrinsèque et de
motivation extrinsèque. Ainsi certains s'engageront et poursuivront dans
l'activité par ce qu'ils en retireront, par exemple un
bénéfice au regard d'un classement qu'ils considèrent
satisfaisants. D'autres poursuivront et s'engageront par la satisfaction d'un
effort ou du travail bien fait. Il est donc important à partir de cela
de veiller à proposer des tâches qui valorisent ces deux concepts
afin de permettre au plus grand nombre de se reconnaitre et de s'investir dans
l'activité.
En ce qui concerne les buts motivationnels, elle confirme bien
les résultats de mes questionnaires. Comme nous avons pu le constater
lors de l'analyse des questionnaires, les élèves sont
plutôt motivés par le but de performance que le but de maitrise
même si les buts mixtes favorisent leur motivation.
En somme, concernant cet entretien, j'ai trouvé que
l'enseignante était plutôt à l'aise lors de notre
conversation et trouvait le thème de la motivation très parlant.
Elle a d'ailleurs pu argumenter ses propos sur la motivation en s'appuyant sur
des chercheurs ayant effectué
50
des études sur le sujet et me prouver à quel
point ses mises en oeuvre étaient capitales pour favoriser l'engagement
des élèves lors des jeux de lutte. Cet entretien m'aura donc
permis de confirmer mes trois hypothèses et d'apporter des
réponses à ma problématique en confirmant les
résultats des deux méthodologies de recherche
précédentes.
8. Discussion des résultats obtenus
A la lumière des résultats obtenus, nous pouvons
bel et bien confirmer le rôle important que l'enseignant doit jouer dans
le cadre des apprentissages. L'objectif de l'enseignant se traduit donc par
l'incitation à la motivation, l'engagement dans l'enseignement
didactiquement et pédagogiquement et la remise en question en fonction
de l'attitude des élèves. Il est le garant du bien-être des
élèves et de leur progression tout au long de leur
scolarité. L'influence et les choix de l'enseignant sont donc
déterminants.
Les méthodologies choisies ont été mises
en place dans le but d'affirmer premièrement que l'enseignant pouvait
favoriser la motivation en jouant sur les modalités de groupement,
deuxièmement que la mise en place de buts mixtes alliant le but de
performance et de maîtrise devrait favoriser la motivation de tous les
élèves dans l'activité des jeux de lutte et enfin que les
feedbacks mis en place par l'enseignant dans un but valorisant aident à
favoriser la motivation des élèves en EPS.
À la lecture des résultats de l'observation,
nous pouvons constater que les consignes données par l'enseignant
favorisent grandement les buts mixtes. Certaines consignes tendent à
leur donner l'envie d'être plus forts, ce qui se rattache au but de
performance. L'objectif est motivant car ils souhaitent se montrer
supérieurs vis-à-vis de leurs pairs. Mais ce n'est pas le seul
but motivationnel sollicité car face à d'autres consignes, les
élèves agissent en faveur de la maîtrise de l'action. Quand
il faut être attentionné vis-à-vis de son partenaire
malgré la tâche, l'élève a la volonté de bien
faire et s'attache davantage à la bonne exécution de ce qui est
demandé.
L'observation était aussi bien envers les
élèves que l'enseignante. De ce fait, en observant l'enseignante,
il a pu être déduit que les feedbacks prodigués par
l'enseignante avaient des bénéfices significatifs sur
l'investissement des élèves. Des conseils sont
51
donnés tout au long des séances pour encourager
les élèves et favoriser l'engagement. En cas de baisse de
motivation, l'enseignante n'hésitait pas à les remotiver en
passant près de chaque binôme pour encourager ceux qui avaient
plus de difficultés à réaliser l'objectif.
Enfin, il est clair que les modalités de groupement
étaient visibles lors de l'observation. Mais cette observation de la
séquence m'aura simplement permise de confirmer que l'enseignant
établissait des choix pédagogiques liés aux
modalités de groupement. Quelques fois, les élèves
étaient en groupe, individuellement, en binôme ou en groupe de
confrontation. Pourtant, au fil des séances nous pouvons observer que
ces choix doivent certainement être volontaires dans le but de permettre
à l'élève d'accepter le contact physique sans être
directement en confrontation binaire dès les premières
séances.
Du point de vue du recueil des données des
questionnaires distribués, les 82 cas étudiés aurons
permis de constater que la pratique d'une activité physique
régulière extra-scolaire favoriserait la motivation en EPS. Pour
54 élèves, seuls 9% ne pratiquaient pas d'activité
physique et sportive. De plus, nous avons pu constater que les
élèves manifestaient leur degré de motivation par le biais
de facteurs motivationnels se liant au but de maitrise et/ ou de performance.
La totalité des élèves savaient ce qui les motivait
à s'engager dans la pratique des jeux de lutte. Sans but, la motivation
serait moindre voire inexistante. Les buts peuvent être assimilés
à des constructions cognitives internes, conscientes et accessibles,
précisant ce que les individus tentent d'accomplir et les raisons qui
les poussent à agir (Pintrich, 2000). Les élèves qui
poursuivent un but de maîtrise ou un but de performance manifestent
généralement des comportements relativement adaptatifs ou
fonctionnels vis-à-vis de l'apprentissage. La motivation pour la
tâche dépend essentiellement de la capacité de celle-ci
à le faire progresser ou à lui permettre de démontrer sa
supériorité. Ainsi vu la majorité d'acquiescement en
faveur des réponses telles que « montrer sa force, lutter contre
ses adversaires, impressionner le maitre etc. », nous pouvons en
déduire qu'en effet, l'engagement et la motivation des
élèves s'accroît par le biais des buts mixtes. Cependant
l'étude minutieuse des réponses aura permis de constater que la
majorité des réponses penchaient plutôt en faveur du but de
performance bien que le but de maitrise soit aussi présent.
52
Intéressons-nous maintenant à
l'intérêt porté par les élèves aux
modalités de groupement.
Dans la classe témoin, 27 sur 28 déclarent aimer
travailler en groupe. Cependant la totalité des élèves
apprécient les exercices en binômes. 19 préfèrent
choisir le travail en groupe et 9 préfèrent le travail en
binôme. 17 déclarent choisir les mêmes coéquipiers
quand ils doivent travailler en binôme et la totalité affirme
préférer choisir leurs camarades. De ce fait, deux seulement
acceptent que la maîtresse impose les binômes. 8 pensent que la
motivation peut varier selon le coéquipier. Pour les deux autres
classes, la totalité des élèves apprécient le
travail en groupe. Une grande moitié des élèves
préfèrent choisir leur partenaire et plutôt les mêmes
coéquipiers par affinité lorsqu'ils sont en binômes. Au
sein de ces classes, la contrainte du partenaire prodigué par la
maitresse est apprécié à 5/27ème pour
une classe et nul pour l'autre. Je pense que le climat de classe a beaucoup
d'influences sur cette dernière. Les deux autres enseignants devaient
surement séparer les élèves ayant des affinités
dans le but de bénéficier d'une meilleure gestion de classe.
Cependant, la motivation risquait d'être fébrile dans ces cas car
les élèves étaient certainement moins à l'aise lors
des activités en binôme.
En ce qui concerne, l'hypothèse sur les feedbacks, le
questionnaire n'aura pas été la méthodologie la plus
appropriée car trop peu de questions portaient dessus. Sur 82
élèves, 26 souhaitaient impressionner l'enseignant et 78
élèves aimaient avoir des conseils ou remarques de l'enseignant.
Avec un peu de recul, je pense que j'aurai dû rajouter une
possibilité d'argumenter ses choix dans le but d'avoir davantage
d'éléments en faveur de cette hypothèse. Avec un peu de
recul, je pense que j'aurai dû rajouter une possibilité
d'argumenter ses choix dans le but d'avoir davantage d'éléments
en faveur de cette hypothèse. Mais il est vrai que ma volonté de
simplifier ces questionnaires m'a amené à omettre
l'intérêt de certains éléments de
réponses.
Lors de l'analyse du verbatim de l'entretien semi directif
réalisée avec l'enseignante de la classe observée, j'ai pu
constater que les modalités de groupement favoriseraient la motivation
des élèves mais c'est à l'enseignante que le choix revient
selon son analyse réflexive lors des séances. Bien que sa fiche
de séquence soit faite au préalable, elle sait rebondir et se
remettre en question face aux élèves si nécessaire en
modifiant les modalités de groupement. Chaque binôme est
particulier, et le fait de les modifier en fonction de la tâche
demandée peut s'avérer très positif.
53
En ce qui concerne les buts motivationnels, elle confirme bien
les résultats de mes questionnaires. Comme nous avons pu le constater
lors de l'analyse des questionnaires,
les élèves sont plutôt motivés par
le but de performance que le but de maitrise même si les buts mixtes
favorisent leur motivation et c'est en d'autres termes qu'elle en arrive
à confirmer cette hypothèse.
54
CONCLUSION
Pour conclure, les méthodes utilisées devaient
me permettre d'avoir des réponses à ma problématique et de
vérifier les trois hypothèses suggérées. Cette
recherche était donc un moyen de vérifier l'efficacité de
la didactique des enseignants face à l'objectif visé tout en
favorisant la motivation des élèves.
Nous avons donc pu voir toutes les théories
motivationnels et les différents facteurs ayant une influence sur la
motivation des élèves. La focalisation sur la didactique de
l'enseignante, sur les recherches qui ont été faites sur le
groupe, sur les buts mixtes en EPS et sur les feedbacks m'aura apporté
des éléments de réponses que j'ai pu comparer à mes
résultats. Le cadre théorique m'aura permis d'affiner mes
connaissances sur le thème de la motivation pour les transposer dans les
jeux de lutte au CP.
J'ai trouvé que la grille d'observation et l'entretien
semi-directif étaient très enrichissants qui m'ont permis de me
rassurer sur les hypothèses que j'avais proposées. En effet,
modifier les groupes en fonction de l'attente de l'enseignant en prenant en
compte les critères physiques, comportementaux, caractériels ou
d'affinités peut avoir une très grande influence sur le
déroulement de l'activité. Les modalités de groupement ont
en effet un impact sur la motivation des élèves cependant j'ai
l'impression qu'il me manque quelques éléments pour affirmer
pleinement cette hypothèse.
Ensuite, l'hypothèse selon laquelle les buts
motivationnels de performance et de maitrise favoriseraient la motivation lors
des jeux de lutte a pu être approuvée par les trois
méthodologies de recueils de données. En effet, les
questionnaires ont pu me le confirmer, l'entretien semi-directif a permis
à l'interviewé de m'en faire part et les jeux proposés par
l'enseignante montraient bien que les buts mixtes étaient
sollicités.
Enfin, l'hypothèse selon laquelle les feedbacks de
l'enseignant favoriseraient la motivation, l'engagement et l'investissement des
élèves a aussi été approuvée par
l'observation de la séquence, l'entretien et les questionnaires.
Nonobstant, je pense que d'autres moyens auraient certainement
permis de confirmer avec davantage de certitudes mes hypothèses. Le
temps imparti pour cette recherche étendue sur deux années me
semble insuffisant pour avoir des données complètement
irréfutables.
55
Une perspective peut être envisagée. Cette
recherche peut s'étendre sur la capacité des élèves
à contrôler leur violence en lutte au cycle 3 et ce que pourrait
mettre en place l'enseignant pour différencier l'activité
sportive de la violence.
De nombreuses écoles luttent contre la violence. Les
sports de combat sont d'excellents moyens pour instaurer des valeurs aux jeunes
tout en se mettant des limites lors d'une confrontation.
56
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Bruxelles: De Boeck Université.
1
ANNEXES :
1. Fiches de lectures 1.1 Fiche 1 :
L'ouvrage intitulé Jeux de lutte : 50 jeux pour
l'école primaire rédigé par Eichelbrenner Daniel en
2001 édité à Paris par la Revue EP.S se consacre aux jeux
de lutte afin d'atteindre progressivement le monde du combat. Il mentionne une
multitude de jeux d'opposition et de situations de combat
décomposé en trois parties que l'enseignant pourra mettre en
oeuvre avec sa classe.
La première partie se nomme les jeux de
coopération, la seconde se nomme les jeux d'opposition de type 1 (jeux
à distance puis à mi-distance) et le dernier s'intitule les jeux
d'opposition de type 2 (le corps à corps). Il se compose de 49 jeux
différents dotés des objectifs, du déroulement, de
variantes et des comportements à valoriser lors de ces activités.
Ainsi les enseignants peuvent prendre appui sur ces documents pour
débuter un apprentissage en lien avec les jeux de lutte en
éducation physique et sportive du cycle 1 au cycle 3. Initier les
élèves devient plus abordable même pour les
débutants car ce livre propose des situations adaptées pour que
la transmission de savoir soit fluide et efficace.
L'objectif est de dédramatiser l'activité en
permettant à l'enfant d'évoluer petit à petit vers la
confrontation en duo, corps à corps. Ce livre est illustré de
manière explicite pour que l'enseignant se projette plus facilement
grâce aux images dans chaque activité pour mieux les
appréhender et donc mieux les enseigner.
1.1.1 Fiche 2 :
Cet ouvrage intitulé Jeux d'opposition : Grande
Section a été écrit par Quéva Régine et
Sacy Dorothée en 2000 et publié à Paris : Hachette
éducation. Il s'intéresse aux activités physiques de
l'école maternelle, principalement aux jeux d'opposition. Il
énonce dès les premières pages les objectifs à
atteindre pour les enfants de plus ou moins cinq ans ainsi que les
recommandations donnés à l'enseignant. Il procure aussi une liste
des objectifs
2
opérationnels par séance pour que l'enseignant
puisse se repérer au fil du temps, ainsi que les compétences
transversales s'appuyant sur l'autonomie et la construction de la
personnalité de l'enfant, la structuration des séances,
l'organisation dans la classe et le matériel.
Chaque séance est décrite et les objectifs sont
rappelés pour bien comprendre l'intérêt de chaque
tâche. Ces dernières sont des alternatives pour permettre aux
enfants de débuter le corps à corps progressivement en apprenant
les règles au fur et à mesure. Chaque séance propose des
activités qui se déroulent en groupe puis en binôme pour
apprendre à accepter et respecter la présence de l'autre.
Quelques prolongements sont proposés pour que l'enseignant puisse
innover à partir des différents thèmes. L'objectif est de
permettre aux enseignants de s'adapter par rapport à l'environnement, au
profil de la classe et à l'expérience vécue.
La séquence se compose de 10 séances. La
première se nomme la séance découverte, ils devront
parcourir un trajet en franchissant des obstacles humains, les enfants devront
apprendre à faire attention à l'autre et devront passer
par-dessus ou dessous les autres élèves. Ensuite des
binômes devront jouer aux jeux du foulard où chacun maintien
à sa ceinture un foulard que l'autre doit tenter d'attraper. Puis, le
jeu des déménageurs est proposé où une
équipe (les déménageurs) doit transporter une autre
équipe (les meubles) d'un point à un autre. La deuxième
permet de faire des roulades en arrière, les élèves
apprennent à dédramatiser les chutes, ils procèdent
ensuite à d'autres jeux où ils devront se tirer mutuellement. La
troisième séance incite à faire des roulades sur
l'épaule en partant debout et à faire d'autres activités
telles que le rodéo où un enfant à califourchon sur un
autre doit tenter de ne pas tomber alors que celui qui est au sol doit le
désarçonner. La quatrième séance se nomme «
à quatre pattes », parmi les jeux proposés celui de la
tortue suggère une position d'un élève à genou qui
doit tenter de ne pas se laisser renverser par son adversaire. L'enfant apprend
à gainer son corps pour être résistant face à a
force de l'autre. La cinquième séance s'intitule « avec les
jambes », l'objectif de cette séance est de travailler avec les
jambes en tentant de déséquilibrer l'adversaire. La
sixième séance apprend aussi à se gainer, un enfant se
trouve dans un cercle tracé au sol et un autre doit tenter de le faire
sortir de cette limite au sol. La septième séance se nomme «
les premiers petits combats », ils s'affrontent en étant accroupis
paume contre paume et l'objectif est de faire tomber l'autre, c'est le jeu du
combat de coq. La huitième séance c'est le dos à dos
où les enfants
3
doivent rejouer au combat de coq tout en partant dos à
dos, puis se retourner au signal. Une autre proposition est donné
où un élève est couché sur le sol et l'autre est
debout et doit tenter de toucher la tête de celui qui est au sol. Les
deux dernières séances sont des mini championnats. Chaque
séance est commentée de conseils pour aider l'enseignante
à gérer les différentes situations didactiques.
1.1.1.1 Fiche 3 :
L'article intitulé la motivation
auto-déterminée des élèves en éducation
physique : état de la question extrait de la revue Staps 2 de 2010
édité par De Boeck Supérieur traite de la dynamique
motivationnelle des élèves. La revue Staps est
éditée à l'initiative de l'Association Francophone pour la
Recherche en Activités Physiques et sportives dans le domaine du sport
et de l'éducation physique d'après le site
cairn.info.fr. Les recherches qui
sont mentionnées dans ce numéro permettent d'analyser les
facteurs qui sollicitent la motivation dite « autodéterminée
» lors de la pratique de l'éducation physique et sportive. La
problématique serait : quels sont les facteurs qui peuvent influencer la
motivation dans le domaine de l'éducation physique et sportive ?
Les auteurs Carlier Ghislain, Delens Cécile, Dupont
Jean Philippe et Gérard Philippe s'intéressent aux
théories socio-cognitivistes et interactionnistes. Ils prennent appui
sur des recherches qui s'inspirent de la définition de la motivation de
Vallerand et Thill qui perçoivent la motivation comme « un
construit hypothétique utilisé afin de construire les forces
internes et/ou externes produisant le déclenchement, la direction,
l'intensité et la persistance du comportement ».
Cet article confirme l'influence que peut avoir un enseignant
sur la motivation de ses élèves. En effet, c'est par le biais de
son attitude, de l'environnement mis en place et par ses mises en oeuvre
d'apprentissage qu'il va susciter chez les élèves des
comportements favorables à l'acquisition des connaissances ou au
contraire, le contexte peut être défavorable à
l'imprégnation des connaissances et donc de la motivation.
Le concept de l'auto-détermination provient de deux
chercheurs Deci et Ryan. Il permet de comprendre la dynamique qui pousse un
individu à s'engager ou non dans une activité en
4
partant de l'idée selon laquelle chaque être
humain possède constamment l'envie de progresser en satisfaisant un
certain nombre de besoins (compétence, autonomie, appartenance sociale).
Deux types de motivation sont évoqués, la motivation
intrinsèque et la motivation extrinsèque. La motivation
intrinsèque est interne et se manifeste par le fait qu'un individu
pratique une activité pour la satisfaction et le plaisir qu'elle lui
procure. Elle se décline en trois parties, la motivation
intrinsèque à la connaissance, la motivation intrinsèque
à la stimulation et la motivation intrinsèque à
l'accomplissement. La motivation extrinsèque, au contraire est
motivée par des raisons externes telles que la santé, la
beauté, la récompense et la reconnaissance. Il existe quatre
formes de motivation extrinsèque. La première est la
régulation intégrée où l'individu voit la
cohérence entre l'activité et sa perception de la vie, il pense
que c'est important pour lui. La seconde est la régulation
identifiée où la personne trouve une utilité à
cette action. La troisième est la régulation introjectée
où l'individu préfère s'engager plutôt que de
ressentir un sentiment de culpabilité et la dernière est la
régulation externe où la personne pratique l'activité pour
avoir une récompense ou éviter une punition. Il existe un
comportement où les personnes sont dépourvues de toute
motivation, c'est ce que l'on appelle l'amotivation.
L'article évoque donc « une dimension
multidimensionnelle » de la motivation. En effet, la motivation intervient
dans des cas très différents et n'est pas utilisée pour
les mêmes raisons chez toutes les personnes. Cependant, il arrive que
certains puissent combiner deux types de motivations.
Concernant la motivation auto-déterminée, de
nombreuses études démontrent que le climat instauré par
l'enseignant peut avoir un fort impact sur les élèves. Le climat
motivationnel se définit comme « un environnement psychologique
orientant les motivations et les buts d'un individu » selon Sarrazin,
Trouilloud et Tessier. En l'occurrence, une enseignant qui instaure un climat
positif aura des effets positifs sur la motivation de ses élèves,
ces derniers se sentent écoutés, mis en confiance et
responsables, ils peuvent donc satisfaire leurs besoins. Alors qu'un enseignant
qui instaure un climat négatif aura tendance à être
contrôlant et oppressif, les élèves auront le sentiment
d'être manipulé et en compétition. Il n'y aura plus
d'initiative personnelle et la relation de confiance sera rompue car les
besoins de fondamentaux ne pourront être mis en évidence face
à une telle pression externe.
5
C'est ce que Ryan et Deci définissent comme « le
besoin de compétence » où l'objectif est de devenir
performant face à l'environnement. Quand le besoin de compétence
est satisfait, il influe directement sur les formes de motivation
intrinsèque et sur la motivation extrinsèque à
régulation identifiée. Concernant la perception des
compétences, c'est l'effet Pygmalion qui a une grande influence sur les
élèves. En fonction du regard et de l'appréciation que
l'enseignant porte envers un élève, ce dernier intègre une
perception de lui-même qui peut être faussé. Cette attitude
provient des attentes de l'enseignant envers chaque élève au
sujet de la motivation, de l'investissement et le comportement. Pour les
élèves, appréciés, les feedbacks et le climat
motivationnel auront donc des effets positifs contrairement aux
élèves moins appréciés.
De plus, certains résultats démontrent qu'il y a
une différence entre les filles et les garçons en
éducation physique et sportive. Les filles ont une motivation
extrinsèque, elles s'intéressent beaucoup à leur image et
de ce fait, elles ne sont pas motivés à faire une activité
sportive pour les mêmes raisons que les garçons.
Un autre élément essentiel à la dynamique
motivationnelle est le besoin d'autonomie. Le modèle de
l'auto-détermination le définit comme « le besoin de se
sentir à la base de ses actions et d'avoir la possibilité de
faire des choix entre plusieurs pistes d'action ». Plus on est au centre
de ses choix, plus la motivation auto-déterminée se
dévoile. L'enseignant a donc le rôle d'accompagner les
élèves dans cette démarche décisionnelle, il doit
être à l'écoute et doit guider les élèves en
fonction de ses attentes. Le besoin d'appartenance sociale, soit le fait de se
sentir appartenir à un groupe et d'être reconnu par ce même
groupe, influence aussi la motivation auto-déterminée. Le
rôle de l'enseignant est donc de favoriser l'apprentissage par le biais
de la coopération et de l'entraide. À contrario, plus les
élèves sont face à un enseignement contrôlant
poussant à l'individualisme et à la compétitivité,
plus ils se rapprochent de la motivation non auto-déterminée. La
motivation auto-déterminée est donc liée au plaisir et non
à la frustration.
En somme, cet article scientifique qui recueille de nombreuses
théories et définitions de chercheurs connus permet de conclure
que l'environnement qui comprend la relation avec l'enseignant peut jouer un
rôle majeur sur la motivation des élèves. Les
élèves ont un réel besoin de recevoir des feedbacks
valorisants en évitant toutes formes de comparaisons et de
compétitions, ce qui augmentera le processus motivationnel.
6
2. Confrontation au terrain
2.1. Grille d'observation :
Séquence
Activités
|
1ère séance
|
2ème séance
|
3ème séance
|
4ème séance
|
5ème séance
|
6ème séance
Évaluation
|
1ère activité
|
Présentation de
|
Verbalisation sur
|
Verbalisation sur
|
Verbalisation
|
Verbalisation
|
Verbalisation :
|
l'activité et des
|
la séance
|
la séance
|
-Rappel du nom du sport pratiqué.
-Rappel de toutes les activités faites durant les trois
premières séances.
|
sur les activités de la séance
précédente.
Rappel des règles d'or pour la sécurité.
|
-« Racontez dans l'ordre ce qu'on a fait la dernière
fois. » -« Quels étaient les jeux qui permettaient de
résister à l'adversaire ? » -« Quels sont les
règles d'or à savoir ? »
|
règles de
|
précédente :
|
précédente :
|
sécurité.
|
Les élèves ont des difficultés à s'en
souvenir donc la maitresse donne des indices.
|
Les élèves ont plus de facilité à
répondre.
Rappel des règles de sécurité.
|
Les élèves sont assis l'un à
côté de l'autre et l'enseignante est en face.
|
2ème activité
|
Échauffement :
|
Échauffement :
|
Échauffement :
|
Échauffement :
|
Échauffement :
|
Échauffement :
|
-Les élèves courent en binôme en se tenant
les mains sans toucher les autres binômes.
-Se déplacer à quatre pattes et l'autre doit tenir
les chevilles de son camarade.
|
-Se déplacer à quatre pattes et dès qu'ils
rencontrent quelqu'un, ils ne doivent plus bouger. Puis l'un doit passer sous
le ventre de l'autre et continuer son trajet.
-Même exercice mais ils doivent se déplacer sur le
ventre collé au sol et dès qu'ils rencontrent un autre, l'un doit
passer au-dessus de l'autre.
|
-Faire un tour de terrain en courant.
-Les élèves courent en binôme en se tenant
les mains. Au signal, ils doivent changer de partenaire.
|
-En binôme vous courrez et au signal vous changez de
partenaire.
-En binôme vous sautez à cloche pied et vous vous
déplacez.
|
-En binôme, ils doivent courir en se tenant avec une main
puis au signal avec l'autre main, ils devront éviter de toucher les
autres binômes.
|
-Deux tours de terrain
-Courir en binôme, changer de partenaire au signal.
|
3ème activité
|
Les élèves jouent au rocher : ils doivent se
positionner à 4 pattes et se recroqueviller.
|
- Se déplacer en éléphant, jambes et bras
tendus. Au sifflet, ils doivent faire une roulade en avant en
|
-Se déplacer à quatre pattes en binôme sans
toucher les autres binômes.
|
-En binôme, un est sur le ventre et doit se retourner alors
que l'autre est couché sur le ventre mais sur
|
- En binôme, tenir les chevilles de l'autre à quatre
pattes qui doit avancer.
|
-En binôme, à quatre pattes, mettre l'autre sur le
dos. Inversement des rôles.
|
7
|
Quand l'enseignante tape des mains, ils doivent rouler sans se
toucher mutuellement.
|
veillant à ne toucher personne. Rappel des consignes de
sécurité.
-(En binôme)
« Faites une roulade avant au- dessus de l'autre à
quatre pattes. Il ne faut pas lui faire mal. » Inversement des
rôles.
|
Au signal, changement de binôme.
-Se déplacer à quatre pattes et dès qu'ils
rencontrent quelqu'un, ils ne doivent plus bouger. Puis l'un doit passer sous
le ventre de l'autre et continuer son trajet.
|
le dos de l'autre et doit l'empêcher de se retourner.
Inversement des rôles.
-Même position mais au lieu de se retourner, il doit se
mettre debout. Inversement des rôles.
|
Inversement des rôles.
-Debout, tenir à la taille le premier qui doit avancer et
l'en empêcher. Inversement des rôles.
-Assis dos à dos, se pousser mutuellement pour
dépasser leurs lignes d'arrivées.
|
|
4ème activité
|
Les élèves jouent aux déménageurs.
Deux équipes : une au sol sur le dos (les meubles) et l'autre
équipe (les déménageurs) à l'opposé du
gymnase
debout. Au top départ chaque déménageur doit
tirer un meuble vers leur maison.
|
Se mettre accroupi, se laisser tomber en arrière en tapant
ses bras sur le sol en insistant sur les paumes de main.
|
Jeu du rocher :
|
Jeu de la tortue :
|
Jeu de l'ours :
|
-En binôme : « Vous êtes deux pirates et vous
devez tirer l'adversaire pour le faire entrer dans votre zone. »
|
Les élèves sont en binômes. Un est en forme
de rocher et l'autre doit tenter de le faire tomber en en le tirant sur le
côté par la taille comme Hulk. Inversement des rôles une
fois tombé jusqu'au sifflet.
|
Position du rocher et on doit protéger son ballon (son
oeuf). Le chasseur doit pousser la tortue. Une fois sur le dos, la tortue ne
peut plus se remettre sur le ventre et doit donc tenir son oeuf pour ne pas que
le chasseur le prenne. Inversement des rôles.
|
Deux équipes. Les ours doivent utiliser un matelas et
rester coucher. Les chasseurs doivent mettre les ours hors du matelas. Ils
doivent
réutiliser ce qu'ils connaissent déjà
(tirer, pousser) Puis on inverse les équipes.
|
5ème activité
|
Rappel des
|
-À genoux, se pousser mains contre mains.
- Accroupis, effectuer le même exercice.
Règles : il ne faut pas poser le genou au sol, et il ne
faut pas se lever. Dans le cas où ils tombent, ils doivent mettre les
bras et les paumes des mains en rebond comme vu précédemment.
|
Jeu du foulard : les élèves doivent
premièrement en équipe de 4 affronter une autre équipe en
tentant d'attraper les foulards accrochés au dos des adversaires. Puis
en binôme.
|
Verbalisation :
|
Retour au
|
En groupe,
|
règles de
|
« Qu'a-t-on appris
aujourd'hui ? »
-« À résister à l'autre par le gainage.
»
- « À lutter pour bloquer
l'autre. »
|
calme :
|
Garder un trésor en empêchant les adversaires de
rentrer. Puis échanger.
|
sécurité et
|
Les élèves doivent compter jusqu'à 60 puis
s'assoir.
|
astuce pour être
|
plus efficace.
|
« Ne pas tirer les vêtements, tenir fermement les
poignets ou les chevilles et tirer »
Inversement des équipes du jeu des
déménageurs
|
6ème activité
|
Retour au
|
Retour au calme.
|
Retour au calme :
|
Retour au
|
|
Retour au
|
calme.
|
|
|
calme.
|
calme.
|
8
|
Jeu du maître du
|
Jeu du maître du
|
Les élèves
|
Jeu du maître du
|
|
Jeu du maître du
|
|
temps : se
|
temps : se coucher
|
doivent compter
|
temps : se
|
|
temps : se
|
|
coucher sur le
|
et compter
|
jusqu'à 40 puis
|
coucher et
|
|
coucher et
|
|
dos, compter
|
jusqu'à 30 puis
|
s'assoir.
|
compter jusqu'à
|
|
compter jusqu'à
|
|
jusqu' à 20 dans sa tête puis s'assoir. La
maîtresse a un chronomètre pour vérifier qui est le
gagnant.
|
s'assoir.
|
|
50 puis s'assoir.
|
|
70 puis s'assoir.
|
Bilan et
|
Cette première
|
Cette séance sert à
|
Cette séance sert à
|
Cette séance
|
Cette séance se
|
Cette séance
|
engagement
|
séance avait
|
obliger les élèves
|
habituer les élèves
|
permet aux
|
consacre aux
|
sert à évaluer les
|
des élèves
|
l'objectif de
|
à faire des
|
à se gainer pour
|
élèves de
|
jeux de lutte et
|
compétences
|
|
familiariser les
|
activités en
|
résister. Les
|
maitriser les
|
d'opposition.
|
des élèves. Ils
|
|
enfants avec le
|
mettant en
|
actions motrices
|
techniques des
|
|
sont motivés car
|
|
contact
|
pratique les règles
|
sont diversifier
|
jeux de lutte.
|
Les activités
|
le but de
|
|
physique sans
|
de sécurité. Les
|
pour que les
|
|
débutent en
|
maitrise est la
|
|
qu'ils s'en
|
élèves peuvent se
|
élèves s'habituent
|
La motivation
|
binômes puis en
|
clé du succès
|
|
rendent compte. Les jeux de lutte
|
démotiver plus rapidement car ils
|
à pousser, à tirer, à résister.
|
se focalise sur un objet, de ce
|
groupe afin que les élèves
|
pour avoir une notation
|
|
ne sont pas
|
devront apprendre
|
|
fait le contact
|
renforcent leur
|
satisfaisante.
|
|
encore mis en
|
à réussir les
|
La démotivation
|
physique n'est
|
motivation en
|
|
|
place, il s'agit
|
objectifs tout en
|
apparaît lorsque
|
plus une
|
coopérant au
|
|
|
simplement de
|
gardant le
|
certains ont du
|
contrainte et les
|
sein d'une
|
|
|
permettre aux élèves
|
contrôle de leurs mouvements.
|
mal à s'affirmer face à leur
|
élèves n'ont pas peur de
|
équipe. Ainsi, les élèves
|
|
|
d'accepter
|
|
adversaire.
|
s'engager.
|
acceptent
|
|
|
d'être en contact
|
Les élèves ont
|
L'enseignant tente
|
|
davantage le
|
|
|
physique avec
|
pourtant
|
de les remotiver
|
|
contact corporel
|
|
|
un camarade.
|
l'impression de jouer durant ces
|
en passant près de chaque binôme
|
|
et prennent conscience du
|
|
|
Ils étaient plutôt enthousiastes à
l'idée de découvrir de nouvelles activités, certains
avaient l'impression de jouer.
|
différents exercices. Cependant les élèves
commencent à pratiquer des jeux d'opposition pour dépasser le
simple contact.
|
pour encourager ceux qui ont plus de difficultés à
réaliser l'objectif.
|
|
corps à corps.
|
|
|
Certains avaient cependant du mal à faire les roulades ou
à contrôler leur énergie.
|
|
|
|
|
|
9
2.1.1 Questionnaire :
Ce questionnaire a pour but d'évaluer
l'intérêt et les motivations des élèves pour les
jeux de lutte dans le cadre d'une note de recherche en éducation
physique et sportive.
Age : Sexe :
Entoure la réponse qui correspond au mieux à la
question. Tu peux te faire aider par un adulte pour la rédaction.
1. Aimes-tu l'EPS ?
Non Un peu Beaucoup
2. Qu'aimes- tu le plus dans les jeux de lutte
?
Montrer ta force Apprendre des choses T'améliorer
Autres : .
3. Qu'est ce qui te motive à pratiquer les jeux
de lutte. (Choix multiples)
S'amuser Lutter contre ses adversaires
Montrer que tu es le plus fort Se muscler
Sortir de la classe Apprendre de nouvelles prises
Impressionner la maîtresse/le maître
Découvrir l'activité
Faire du sport Se dépenser
4. Comment trouves-tu les jeux de lutte ?
Facile Moyen Difficile
5. Est-ce que tu aimes les jeux de lutte ?
Non Un peu Beaucoup
7. 6. Qu'aimes-tu en jeux de lutte ?
Est-ce que tu as déjà été
moins motivé en jeux de lutte ?
Oui Non
8. Si oui, pourquoi ?
9. Aimes-tu travailler en groupe ?
Oui Non
10. Aimes-tu travailler en binôme ?
Oui Non
11. Si tu devais choisir tu préférerais
quoi ?
Groupe Binôme (à deux)
12. Choisis-tu toujours les mêmes
coéquipiers quand tu travailles en binôme?
Oui Non
13. Préfères-tu être avec tes
copains ?
Oui Non
10
14. Est-ce que tu apprécies quand la maitresse
choisit les coéquipiers ?
11
Oui Non
15. Trouves-tu que ta motivation change selon ton
coéquipier ?
Oui Non
16. Si oui, pourquoi ?
17. Est-ce que tu aimes quand la maitresse te donne
souvent des conseils ?
Oui Non
18. Est-ce que tu as eu envie de faire les jeux de lutte
durant toute la période ?
Oui Non
19. Que fais-tu comme sport à l'extérieur
de l'école ?
20. As-tu plus de motivation en EPS que dans les autres
matières ?
Oui Non
Si oui, pourquoi ?
12
2.1.1.1 Guide d'entretien semi directif:
Cet entretien semi directif est réalisé dans le
cadre d'un mémoire afin de savoir comment s'organise l'enseignant lors
de l'enseignement des jeux de lutte en éducation physique et sportive.
Ces questions risquent d'être modifiées lors de l'entretien
puisque je rebondirai par rapport aux réponses données.
Mise en confiance de l'interlocuteur :
1. Bonjour, comme vous le savez je vous interroge à
propos de votre enseignement lors de la pratique des jeux de lutte ; nous
allons commencer par apprendre à vous connaître,
présentez-vous et présentez moi votre classe.
2. Que pouvez-vous dire de cette activité sportive en
CP ? Est-ce la première fois que vous enseigner les jeux de lutte ?
3. Comment devez-vous agir avec les élèves pour
qu'ils se sentent en confiance ?
Rapprochement des hypothèses :
1ère hypothèse :
4. Avez-vous déjà eu des élèves
ayant un manque de motivation ?
5. La question de la proximité d'un sport de combat
doit être un problème pour certains, comment réagissez-vous
(pour instaurer le contact entre les élèves) ?
6. Les progressions d'activités sont-elles
ordonnées dans un but précis ?
7. Est-ce que vous travaillez énormément en
groupe ?
8. Pensez-vous que le travail en groupe influence sur
l'investissement des élèves ?
2ème hypothèse et 3ème
hypothèse :
9. Qu'est ce qui favorise la motivation chez ces enfants ?
10. Si un élève refuse de s'intégrer dans
un groupe, que lui direz-vous ?
11. Est-ce que les élèves
préfèrent gagner en ayant accompli un effort ou plutôt en
se comparant aux autres pour montrer qu'ils sont les meilleurs ?
12. Pensez-vous qu'en alliant les deux, vous pourrez
favoriser la motivation de vos élèves ?
13
Questions ouvertes personnelles
13. Si vous aviez des choses à modifier la prochaine
fois, que feriez-vous ?
14. Comment pouvez-vous résumer l'intérêt de
vos élèves pour les jeux de lutte ?
15. Qu'elle a été votre force pour enseigner les
jeux de lutte ?
Je vous remercie de l'attention que vous avez pu porter
à mes questions. Je vous donnerai suite de cet entretien une fois qu'il
sera rédigé.
2.1.1.1.1 Verbatim :
Entretien avec Mme M. réalisé en mai 2016.
Moi : Bonjour, comme vous le savez je vous
interroge à propos de votre enseignement lors de la pratique des jeux de
lutte ; nous allons commencer par apprendre à vous connaître,
présentez-vous et présentez moi votre classe.
Mme M : Alors, M.L, j'enseigne depuis un
certain nombre d'années dans cette école, j'ai eu mon
diplôme d'enseignante en 1996 mais je n'ai pas toujours fait ce
métier. Auparavant je travaillais dans une entreprise commerciale.
Concernant ma classe maintenant, je n'ai plus grand-chose à dire, tu as
déjà vu l'essentiel. Il s'agit d'une classe de 22
élèves avec des niveaux très variés, il y a plus de
filles que de garçons et l'ambiance est plutôt agréable en
EPS même si le naturel de certains perturbateurs peut vite revenir au
galop.
Moi : Que pouvez-vous dire de cette
activité sportive en CP ? Est-ce la première fois que vous
enseigner les jeux de lutte ?
Mme M : En fait, j'ai toujours aimé la
pratique des jeux de lutte avec les classes. Je n'ai pas toujours eu des CP et
j'ai pu remarquer que c'était une façon pour certains de se
révéler car ils découvrent leurs possibilités
physiques, c'est vraiment génial. Après, depuis que j'ai des CP,
non je n'avais jamais réalisé de cours de jeux de lutte. En fait,
nous avons le choix de
14
faire la demande d'un professionnel sportif engagé par
la mairie le plus souvent pour enseigner à notre place certaines APSA.
Dans mon cas, c'est la première fois que je fais le choix de m'engager
pleinement dans ce domaine. Cette année ce sont les jeux de lutte, la
danse et pour le reste comme la natation etc., nous avons d'office quelqu'un.
En fait, je trouve que c'est tellement intéressant de développer
certaines aptitudes et compétences auprès de ces
élèves que j'ai tendance à vouloir gérer de plus en
plus l'enseignement, même sportif et artistique. Les élèves
peuvent prendre conscience des concepts spatio-temporels qui sont à
stabiliser, mobiliser voire renforcer pour certains (entre,
devant/derrière, haut/bas, loin/près, dessus/dessous,
gauche/droite...). D'ailleurs une étude faite en 1997 montre que ces
concepts spatio-temporels ne sont pas tous acquis à la même
période. Si la majorité de ces concepts doivent être acquis
à l'entrée de CP certains demandent une période de
stabilisation plus grande qui se mettra en place plus tard. La
sociabilité et le respect des règles et des autres c'est aussi
quelque chose qui m'importe énormément et les jeux de lutte comme
beaucoup d'autres APSA me permettent de vérifier il reste des
compétences à développer dans d'autres domaines. Par
rapport aux règles de sécurité, je me rends compte si les
élèves écoutent bien les consignes, je regarde comment le
travail en groupe se passe etc.
Moi : Ah d'accord, et du coup comment
devez-vous agir avec les élèves pour qu'ils se sentent en
confiance vu que vous n'aviez pas l'habitude d'enseigner les jeux de lutte ?
M.L : En fait, moi aussi je suis une bonne
élève et je m'appuie beaucoup sur l'observation de mes
collègues et les conseils que les anciens peuvent m'apporter. Donc pour
répondre à ta question, je m'inspire d'un peu de tout ça
et de certains documents institutionnels et puis ça marche tout seul.
Généralement les petits n'ont pas réellement de
difficultés à s'engager lorsqu'ils peuvent courir partout et se
dépenser autrement que sur une chaise en classe.
Après, il est évident de mettre en place une
certaine pédagogie. L'approche que l'on utilisera sera
déterminante pour permettre au plus grand nombre de s'investir. Il
conviendra de mettre les élèves dans des conditions qui leur
inspirent confiance au regard d'un discours sécurisant et au regard
d'installations sécurisantes (tapis mousses de réception, espace
bien délimité etc. En définitive il s'agit de tout ce qui
évite de se faire mal.
Insister ensuite sur les consignes me paraît primordial.
Ils doivent toujours savoir ce qu'il faut faire et ne pas faire.
Personnellement, je n'hésite pas à interrompre la séance
pour revenir sur les consignes. Je peux leur faire verbaliser sous forme de
discussions par exemple pour qu'ils se sentent concernés.
Évidemment, on a de tout dans une classe, certains pourront se
15
lancer tout de suite dans l'activité et d'autres
prendront plus de temps, il s'agira alors de leur laisser le temps et de les
encourager à poursuivre.
Moi : Avez-vous déjà eu des
élèves ayant un manque de motivation ? M.L :
Toujours en lutte ou ailleurs ?
Moi : Oui toujours en lutte.
M.L : Eh bien oui c'est déjà
arrivé mais je n'ai jamais réellement compris pourquoi. En fait,
j'imagine que soit l'enfant a du mal avec son coéquipier ou bien il n'a
tout simplement pas envie de travailler mais bon ça ne marche pas comme
ça avec moi, je pense qu'il est préférable de les laisser
se rendre compte par eux même qu'ils ratent quelque chose
d'intéressant. Généralement ça dure quelques
minutes cette phase de « j'ai plus envie », puis
l'élève se remet vite au travail soit par lui-même, soit
parce que je l'y incite.
Moi : La question de la proximité d'un
sport de combat doit être un problème pour certains, comment
réagissez-vous (pour instaurer le contact entre les
élèves) ?
M.L : Eh bien croyez-moi, je pensais que les
filles auraient du mal eh bien quelques fois c'est limite le contraire. J'ai
des garçons très minutieux et qui ont du mal avec cette
idée de contact et de ce fait, il est vrai que ce type d'APSA peut
être un problème pour certains. Mais la discussion de groupe et
les exemples sont déterminants. Il suffit que je montre l'exemple et que
certains élèves trouvent ça marrants pour que même
les plus fragiles s'y mettent. En effet à ce stade beaucoup de leurs
apprentissages se font par imitation.
Moi : Et du coup, que faîtes-vous pour
palier à cela ?
M.L : Eh bien.... Je modifie les
binômes. J'aurais tendance à les laisser choisir avec qui ils
voudraient travailler mais bon des fois ça crée de la jalousie et
c'est très pénible. En fait à la première
séance c'est souvent un souci au niveau des binômes de travail
mais une fois qu'ils sont habitués à travailler le corps à
corps, ça va mieux. Au début, on sollicite plutôt le
contact avec le sol, puis avec les mains, dos à dos jusqu'à ce
que le corps entier soit sollicité.
Moi : Les progressions d'activités
sont-elles ordonnées dans un but précis ?
M.L : Bien sûr qu'elles sont
ordonnées mais plutôt censé être ordonnées. En
fait, tout est calculé au millimètre près sur ma fiche de
préparation mais il y a toujours des imprévus. Mais il y a une
progression définie avec des objectifs définie qui ne peut
être modifié. C'est-à-dire que je ne peux pas passer au
combat dès la première séance, j'envisage d'aller
16
progressivement, par étape. C'est ce qui est
préconisé de toutes les façons et c'est prouvé
qu'il vaut mieux faire de cette façon pour que le travail soit plus
efficace par la suite.
Moi : D'accord donc j'ai cru comprendre que
parmi vos séances vous avez des activités en groupe c'est bien
ça ?
M.L : Effectivement. En fait le travail en
groupe, en binôme ou en différentes équipes permet aux
élèves de se sentir davantage en confiance et s'ils sont
rassurés c'est déjà un grand pas de fait. Ils prennent
confiance en eux grâce au groupe et ils apprennent aussi à
s'affirmer.
Moi : Pensez-vous que le travail en groupe
est la seule chose qui influence l'investissement des élèves ?
M.L : Non, je ne pense pas. J'imagine que le
groupe a une grande influence sur l'engagement des élèves mais je
pense qu'il y a d'autres facteurs qui jouent tels que la période de
l'année, la proximité des vacances, l'actualité, les
consignes, les encouragements etc. En fait, l'investissement des
élèves peut varier pour plusieurs raisons. Par exemple j'ai un
élève très sportif qui a des soucis familiaux quelquefois
et il suffit qu'il ait ces problèmes familiaux la veille du cours de
lutte et toute sa volonté disparait. C'est très variable en
fait.
Moi : Qu'est ce qui favorise la motivation chez
ces enfants ?
M.L : Je suppose que l'illusion du jeu qui se
dégage à travers les APSA favorise la motivation. Le jeu et
l'imaginaire entraînent les enfants facilement. Linda ALLAL en 1979 dans
son ouvrage sur la pédagogie différenciée montrait
l'importance du choix des taches proposées aux enfants. Une grande
partie de la motivation était liée à une tache ni trop
facile ni trop inabordable. C'est ce qu'elle nomme le « Décalage
optimal ».
Moi : D'accord et selon vous, est-ce que les
élèves préfèrent gagner en ayant accompli un effort
ou plutôt en se comparant aux autres pour montrer qu'ils sont les
meilleurs ?
M.I : Les élèves sont très
différents. Certains font cela pour le plaisir,
généralement leurs victoires passent inaperçus aux yeux
des autres. Je pense qu'ils préfèrent pour la plupart gagner
plutôt que réussir les prises demandés.
Moi : Pensez-vous qu'en alliant les deux,
vous pourrez favoriser la motivation de vos élèves ?
17
M.L : Le degré d'engagement dans une
tache ou une activité peut résulter effectivement de la
volonté de gagner et de la volonté d'apprendre des techniques de
lutte. Mais on peut aussi parler de motivation intrinsèque et de
motivation extrinsèque. Ainsi certains s'engageront et poursuivront dans
l'activité par ce qu'ils en retireront, par exemple un
bénéfice au regard d'un classement qu'ils considèrent
satisfaisants. D'autres poursuivront et s'engageront par la satisfaction d'un
effort ou du travail bien fait. Il est donc important à partir de cela
de veiller à proposer des tâches qui valorisent ces deux concepts
afin de permettre au plus grand nombre de se reconnaitre et de s'investir dans
l'activité.
Moi : Si vous aviez des choses à modifier
la prochaine fois, que feriez-vous ?
M.L : Il y a des choses qui seraient à
revoir au niveau de l'organisation. Certaines démonstrations pourraient
être complétées de commentaires plus précis, il
serait peut-être préférable de laisser les
élèves prendre des initiatives face à un problème
sans les diriger, plutôt en les guidant. Les feedbacks sont très
intéressants pour permettre aux enfants de prendre conscience de leurs
erreurs ou pour encourager leurs propositions de solutions. Le choix du
matériel peut aussi être à revoir pour des questions de
rapidité et pour le côté pratique. Je peux par exemple
ramener un ballon et adapter ma séance autour de cet objet.
Moi : Comment pouvez-vous résumer
l'intérêt de vos élèves pour les jeux de lutte ?
M.L : Je dirai qu'au fil des séances,
ils étaient de plus en plus motivés. Ils participaient à
l'oral, posait des questions, acceptaient les échanges de binômes
etc.
Moi : Qu'elle a été votre force
pour enseigner les jeux de lutte ?
M.L : Des cours bien préparés,
un fort intérêt et pas mal de connaissances concernant les
activités de contact. Ensuite, mes élèves constituent ma
force. Ma motivation passe aussi par le retour et l'investissement des
élèves.
Moi : Je vous remercie de l'attention que
vous avez pu porter à mes questions. Je vous donnerai suite de cet
entretien une fois qu'il sera rédigé.
|