PROMOTION 2009, MBA : AUDIT, CONSEIL ET CONTROLE DE
GESTION
STRATEGIE D'AUDIT DES PROJETS
INFORMATIQUES : COMPLEMENTARITE
DES REFERENTIELS COBIT, PMBOK ET
CMMI
THESE PROFESSIONNELLE
ENTREPRISE
PERIODE DE STAGE
06/04/2009 - 06/10/2009
AUTEUR TUTEUR
F. FAURE M. LIOTTIER
Remerciements
En préambule à cette thèse, je
souhaiterais adresser toute ma gratitude aux personnes qui m'ont apporté
leurs conseils, leur expertise et leur soutien au cours de mes recherches et
qui ont ainsi contribué à son élaboration.
Tout d'abord, je souhaite exprimer ma reconnaissance
envers la Banque de France, et plus particulièrement à Mme LE
MAGUER, Mr AFRIAT, Mr LHUISSIER, Mr BORDES et Mr MAHE qui m'ont fourni de
nombreuses informations et fait part de leur expertise dans les domaines de
l'audit interne, de l'audit informatique et de la gestion de projet. Ils m'ont
permis d'explorer de manière transversale et approfondie une
problématique résolument actuelle en relation avec mon stage et
mes projets professionnels.
Ce fut un véritable plaisir de travailler à
leurs cotés tant pour leur niveau de compétence, et la richesse
de leur enseignement que pour leur accueil et leur
disponibilité.
Ma reconnaissance s'adresse également à mon
directeur de recherche Mr LIOTTIER, professeur de l'ISC, qui m'a
accompagné tout au long de la réalisation de cette thèse,
et m'a permis d'orienter judicieusement mes axes de réflexion.
Enfin, je tiens à remercier l'ISC et son corps
professoral, qui m'a enseigné les fondamentaux du métier
d'auditeur interne. Cela m'a permis de m'intégrer facilement au sein des
équipes de la Banque de France et de produire, en ma qualité de
stagiaire, un travail efficace.
Cette expérience, très instructive, m'a
permis d'apprendre tant sur les valeurs que sur le métier d'auditeur
interne.
SYNTHESE
INTRODUCTION
|
1
4
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I.
|
AUDIT DES PROJETS INFORMATIQUES
|
6
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I.1.
|
SPECIFICITES DES PROJETS INFORMATIQUES
|
6
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I.1.1.
|
Définition d'un projet
|
6
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I.1.2.
|
Les grandes phases d'un projet informatique
|
6
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|
I.1.3.
|
Acteurs et organisation d'un projet informatique
|
8
|
|
I.1.4.
|
Les risques sources de dérives et d'insuccès
des projets informatiques
|
11
|
|
I.2.
|
LES AUDITS DES PROJETS INFORMATIQUES
|
14
|
|
|
I.2.1.
|
Position de l'audit de projet informatique dans
l'organisation
|
15
|
|
I.2.2.
|
Déroulement d'une mission d'audit
|
18
|
|
I.2.3.
|
Critères de sélection des projets à
auditer
|
20
|
|
I.2.4.
|
À quel stade de leur vie auditer les projets retenus ?
|
22
|
II.
|
STRATEGIE D'AUDIT DES PROJETS INFORMATIQUES
|
25
|
|
II.1.
|
REFERENTIELS ET RECUEILS DE BONNES PRATIQUES
|
25
|
|
II.1.1.
|
Control Objectives for Information and related Technology
(CobiT)
|
25
|
|
II.1.2.
|
Capability Maturity Model Integration (CMMI)
|
29
|
|
II.1.3.
|
Project Management Body Of Knowledge (PMBOK)
|
33
|
|
II.1.4.
|
Des référentiels peu utilisés dans les
organisations
|
36
|
|
II.2.
|
COMPLEMENTARITE DES REFERENTIELS
|
38
|
|
|
II.2.1.
|
Alignement du projet sur la stratégie métier de
l'entreprise et sur les choix des technologies de
|
l'information 38
II.2.2. Qualité de la conduite de projet 40
II.2.3. Qualité du produit délivré
par le projet 45
II.2.4. Vue d'ensemble 47
CONCLUSION 49
TABLES DES ILLUSTRATIONS 51
ANNEXES 52
GLOSSAIRE 55
BIBLIOGRAPHIE ET AUTRES SOURCES 56
1
Synthèse
Dans un environnement compétitif, maîtriser le
système d'information est une clé essentielle du succès et
de la survie d'une entreprise : ses processus métiers critiques
dépendent de sa capacité à collecter et traiter de
multiples informations et de disposer d'un outil souple et fortement
évolutif afin de l'adapter aux changements organisationnels. Les projets
informatiques visent à délivrer ou à faire évoluer
le système d'information de l'entreprise pour qu'il soit plus efficace
et mieux adapté à son environnement. De fait, la réussite
des projets informatiques en termes de respect des délais, des
coûts et de la qualité est aujourd'hui un enjeu important pour
l'entreprise et la maîtrise des risques projets est un enjeu majeur pour
garantir leur succès.
Un projet informatique est aujourd'hui, à l'instar d'un
projet de BTP, un projet d'intégration qui requiert tout au long du
cycle de vie de multiples compétences et expertises pour permettre
l'assemblage de divers composants techniques.
Ainsi, un projet informatique comprend pour principales
étapes :
· le développement du logiciel applicatif comme
support aux processus opérationnels du métier ;
· la fourniture de l'infrastructure technique (serveurs,
réseaux, flux de communication, dispositifs de sécurité,
environnement de secours ...) ;
· l'intégration du logiciel applicatif dans
l'infrastructure technique de l'entreprise pour constituer le système
informatique ;
· l'intégration du logiciel applicatif dans le
système d'information de l'entreprise avec la mise en place d'interfaces
inter applicatives.
De toute évidence, les risques sont nombreux. Ils
dépendent fortement de la capacité des différents acteurs
à comprendre et définir les besoins, concevoir une solution
adaptée, la réaliser et enfin la mettre en oeuvre.
Ces risques se traduisent par des dérives en termes :
· d'augmentation des charges ;
· d'allongement des délais ;
·
2
de mauvaise qualité du logiciel ou des services offerts
aux utilisateurs ;
· de réduction du périmètre
couvert.
Les risques sont certains, seul le moment où ils
apparaissent et l'importance de leur impact est incertain. En effet, une
étude publiée par le Système Européen des Banques
Centrales (SEBC) affirme que 83% des grands projets informatiques
analysés subissent des retards, 42% des surcoûts, et 25% ne
couvrent que partiellement les attentes des utilisateurs.
En 1517, Nicolas de Machiavel dans Discours sur la
première décade de Tite-Live écrivait : «
Lorsqu'on s'aperçoit très tôt des maux naissants, ce qui
n'est donné qu'au sage, on peut y remédier facilement. Cependant
lorsque, faute de s'en être aperçu, on les laisse grossir assez
longtemps pour qu'ils deviennent visibles à tous, il n'y a plus de
remède possible. »
La gestion des risques est donc capitale sur un projet.
Ainsi, l'objectif des audits de projets s'inscrit pleinement dans cette
approche, à savoir être le levier d'action des projets en
difficultés.
Confrontés à la complexité des projets,
comment les auditeurs peuvent-ils dresser un état des lieux,
préconiser des recommandations pour remédier aux faiblesses
identifiées dans un délai restreint, sans pour autant être
expert dans les différents domaines ?
Pour ce faire, l'audit de projet informatique s'appui de plus
en plus sur un ensemble de normes, de référentiels, et de bonnes
pratiques du domaine informatique, notamment sur:
· la gouvernance des systèmes d'informations ;
· les techniques d'ingénierie informatique : de
développement, de sécurité, d'exploitation...
· le management des projets.
De par le caractère unique des projets informatiques,
il n'existe pas un référentiel unique couvrant l'ensemble des
spécificités des projets et l'objet de cette thèse est
d'établir une démarche méthodologique visant à
définir les thématiques essentielles à l'audit des projets
informatiques à partir de la complémentarité des
référentiels suivants :
· CobiT (Control Objectives for Information and related
Technology) pour définir le cadre d'audit des projets informatiques ;
·
3
PMBOK (Project management body of knowledge) pour les aspects
relatifs à de la gestion de projets ;
· CMMI (Capability Maturity Model Integration) pour les
processus de développement de logiciels informatiques.
Cette approche globale de la complémentarité
des référentiels cités conduit à définir
trois axes essentiels à la réussite d'un projet informatique :
· alignement du projet sur la stratégie
métier de l'entreprise et sur les choix des technologies de
l'information ;
· qualité de la conduite de projet ;
· qualité du produit délivré par le
projet.
Une étude plus approfondie de chaque axe autour des
domaines de processus définis dans les référentiels permet
d'établir un ensemble de points de contrôle à analyser
durant les investigations. Elle doit être complétée par
l'évaluation des risques établis par le projet ainsi que ceux du
métier audité.
Les objectifs visés par un audit de projet sont de :
· proposer des pistes d'amélioration rapidement
mises en oeuvre pour réorienter un projet, en particulier sur les
faiblesses du management ;
· formuler des recommandations sur la stratégie
de réalisation, en particulier sur l'adaptation, du cycle de vie projet,
de l'organisation, du lotissement du périmètre fonctionnel afin
de respecter au mieux les objectifs du projet.
L'approche de l'audit des projets informatiques
développée dans cette thèse à travers la
complémentarité des référentiels de gouvernance, de
management et de développement mérite d'être
complétée pour tenir compte du capital humain. En effet,
l'aptitude des acteurs à résoudre un problème par la
connaissance approfondie qu'ils possèdent d'un domaine doit être
pris en compte. Ainsi la capitalisation des savoirs, la gestion des
connaissances au sein de l'entreprise pourrait constituer un cinquième
axe d'analyse.
4
Introduction
L'audit informatique est une activité
indépendante et objective, qui, assure d'une part, l'entreprise sur le
degré de maîtrise de son système d'information et des
processus associés, et d'autre part, formule des recommandations afin
d'en améliorer le fonctionnement et les performances.
L'audit des projets informatiques est une évaluation
objective par un tiers, qui, par une série de constats et une
identification des risques associés, permet de proposer des pistes
d'amélioration afin de réorienter un projet en difficulté,
en renforçant les pratiques d'ingénieries logicielles et en
corrigeant les faiblesses du management.
Les projets informatiques sont des entités complexes
et uniques, que ce soit en termes d'enjeu, de taille, de criticité pour
l'entreprise, de technologies mises en oeuvre, ou de contextes de
réalisation.
De ce fait, le cadre et le support des projets offerts par
l'entreprise peuvent différer sur plusieurs plans :
· les règles et méthodes de conduite de
projet définies dans l'entreprise ;
· le niveau de maturité de la direction informatique
;
· l'adhésion de l'entreprise aux objectifs du
projet.
Confrontés à la complexité
inhérente des projets informatiques et aux risques qui en
découlent, comment les auditeurs peuvent-ils dresser un état des
lieux, préconiser des recommandations pour remédier aux
faiblesses identifiées dans un délai restreint, sans pour autant
être expert dans les différents domaines ?
Pour cela, l'audit des projets informatiques peut s'appuyer
sur de multiples normes, référentiels et guides informatiques
tels que:
· CobiT et ValIT pour la gouvernance du système
d'information ;
· PMBOK, SIXSIGMA et PRINCE2 pour les bonnes pratiques
du management de projet;
· Agile, Scrum ou Merise pour les méthodes
d'ingénierie logicielle ;
· CMMI ou ITIL pour la définition et
l'amélioration des processus informatiques ;
· ISO 27001 et 27005 pour la sécurité de
l'information ;
· Mehari, ERM ou RiskIT pour gérer les risques ;
· des référentiels internes propres
à l'entreprise : Mélodic et Amaris à la Banque de France
ou Deliver à Capgemini.
De par les spécificités des projets
informatiques, il n'existe pas de référentiel unique, et l'objet
de cette thèse est de définir une démarche
méthodologique visant à établir les thématiques
essentielles à l'audit des projets informatiques à travers la
complémentarité des référentiels CobiT, PMBOK, et
CMMI.
5
6
I. Audit des projets informatiques
I.1. Spécificités des projets
informatiques
I.1.1. Définition d'un projet
La norme ISO 10006 présente un projet comme « un
processus unique qui consiste en un ensemble d'activités
coordonnées et maîtrisées comportant des dates de
début et de fin, entrepris dans le but d'atteindre un objectif conforme
à des exigences spécifiques, incluant les contraintes de
délais, de coût et de ressources ».
La norme ISO 10006 précise en outre :
· qu'il est possible qu'un projet individuel fasse
partie d'une structure de projet plus large (intégration du projet dans
le système d'information) ;
· que dans certains projets, les objectifs sont
affinés et les caractéristiques du produit
déterminées progressivement, à mesure que le projet avance
;
· qu'un projet peut aboutir à une ou plusieurs
unités de produits ;
· qu'une organisation est déployée
temporairement sur la durée du projet ;
· que les interactions entre activités au sein du
projet peuvent être complexes.
I.1.2. Les grandes phases d'un projet informatique
Un projet, qu'il soit informatique ou non, est divisé
en un ensemble de phases qui relient le début d'un projet à sa
fin. L'ensemble de ces phases est connu sous le nom de cycle de vie du projet.
De manière générale, le cycle de vie d'un projet peut se
résumer à huit phases décrites ci-dessous (le cycle de vie
d'un projet informatique à la Banque de France est
détaillé en annexe 1).
I.1.2.1. Lancement
Le lancement d'un projet est officialisé par la
diffusion d'une note de lancement. Elle définit les principales
caractéristiques du projet telles que les objectifs, l'enveloppe
budgétaire, les délais et les équipes projet.
7
I.1.2.2. Étude préalable
L'étude préalable a pour objet de mieux cerner
et situer le projet afin d'en confirmer le contour, les objectifs, les moyens
et les délais qui ont été définis dans la note de
lancement. Elle comprend d'une part, l'étude critique de l'existant et
le recueil des besoins et orientations exprimés par les utilisateurs
(cahier des charges), et d'autre part, la définition de
différentes solutions pour répondre à ces besoins et leur
comparaison (dossier de choix de solution).
I.1.2.3. Conception d'ensemble
La conception d'ensemble consiste à modéliser
le futur système d'un point de vue fonctionnel et organisationnel et
à décrire de manière globale les grandes phases de
traitement.
I.1.2.4. Spécifications fonctionnelles
À partir des résultats de conception
d'ensemble, la phase de spécification fonctionnelle consiste à
décrire pour chaque phase de traitement à développer : les
données, les écrans, les états et les traitements
informatiques de manière exhaustive et précise.
I.1.2.5. Conception technique
La phase de conception technique définit le cadre
technique du projet informatique en précisant :
· la structure du logiciel à développer
(découpage en programmes, modules, classes, méthodes,
transactions, chaînes...) ;
· le modèle physique de la base de données
;
· l'architecture du réseau, l'intégration
dans le système d'information, et d'autres éléments
techniques.
I.1.2.6. Réalisation et tests
La réalisation a pour but de fabriquer les
différents composants logiciels de la solution à partir des
spécifications fonctionnelles et techniques.
Les tests ont pour but de vérifier la cohérence
et la validité de l'ensemble de ces éléments par rapport
aux spécifications.
I.1.2.7. Recette
L'objectif de la phase de recette est de vérifier la
conformité de l'application par rapport aux spécifications
fonctionnelles et techniques. Ces tests sont effectués dans un
environnement dit d'intégration, c'est-à-dire identique à
celui de production.
8
I.1.2.8. Démarrage
La phase de démarrage, appelée aussi mise en
production, consiste à insérer l'application dans l'environnement
réel et à démarrer son exploitation et son utilisation
opérationnelle.
Le démarrage se conclut par un PV de recette
définitive. Le projet est terminé : on ne travaille plus en mode
projet, mais en mode maintenance. Ce passage est marqué par un transfert
de responsabilités de l'équipe projet vers les acteurs
métier, selon les modalités définies dans le contrat.
I.1.3. Acteurs et organisation d'un projet
informatique
La réalisation d'un projet informatique fait
intervenir de nombreux acteurs appartenant à différents niveaux
hiérarchiques.
Les deux principaux acteurs sont la maîtrise d'ouvrage et
la maîtrise d'oeuvre.
I.1.3.1. La maîtrise d'ouvrage
On appelle la maîtrise d'ouvrage (MOA) le commanditaire
du projet, c'est-à-dire l'entité porteuse du besoin,
définissant l'objectif, le calendrier et les budgets consacrés au
projet. La MOA représente également les utilisateurs finaux du
produit.
D'une manière opérationnelle, la MOA :
· exprime les besoins du projet, et les objectifs
associés ;
· maîtrise la description et le diagnostic de
l'existant ;
· maîtrise les impacts sur les métiers ;
· définit les facteurs qualité ;
· fixe les grandes échéances ;
· définit le produit répondant aux objectifs
(spécifications fonctionnelles) ;
· lance la réalisation ;
· pilote et suit les actions de l'éventuelle
sous-traitance ;
· contrôle la réalisation et prononce la
recette ;
· assure l'exploitation du produit fini.
I.1.3.2. La maîtrise d'oeuvre
Selon l'AFNOR (norme P030061), « la maîtrise d'oeuvre
(MOE) est la personne (physique ou morale) qui, pour sa compétence
technique, est chargée par la MOA, de diriger et de contrôler les
travaux et de proposer la réception et leur règlement ».
D'une manière opérationnelle, la MOE :
· est responsable de la réalisation des travaux
confiés par la MOA ;
· assure l'organisation en planifiant les tâches
à réaliser ;
· détermine les moyens humains et matériels
nécessaires à la conduite du projet ;
· anime l'équipe projet ;
· réalise ou supervise (en cas de sous-traitance)
les travaux d'étude et de réalisation ;
· fournit à la MOA le produit conforme aux
spécifications validées, dans des conditions de coûts,
délais et qualité fixées ;
· rend compte fréquemment à la MOA de
l'avancement des travaux.
I.1.3.3. Echanges MOA / MOE
Le déroulement du projet informatique se traduit par
un ensemble d'échanges entre ses protagonistes :
Figure 1 : principaux échanges entre MOA et
MOE
9
10
I.1.3.4. Organisation
L'organisation d'un projet informatique est complexe à
cause du nombre d'acteurs, mais aussi par rapport à leurs
responsabilités et positions hiérarchiques vis-à-vis du
projet et dans l'organisation.
Figure 2 : organisation des principaux acteurs du
projet
Les interactions entre les différents acteurs du
projet se font au travers de réunions formalisées.
Voici les principales :
· le comité de pilotage (COPIL) est
présidé par le responsable métier du projet. Les
décisions majeures relatives au projet y sont prises. Il arbitre et
entérine les validations effectuées par les autres intervenants
de la MOA. Il est informé sur la situation du projet par une note de
pilotage, élaborée par les chefs de projet. Il suit les risques
du projet et prend les mesures nécessaires pour les maîtriser ;
· le comité de suivi (CS) se réunit
régulièrement pour contrôler le bon déroulement du
projet. Il veille à la disponibilité des moyens, prend les
mesures correctives nécessaires et, en cas de besoin, demande la
convocation du comité de pilotage. Participent à ce
comité, le directeur de projet, les représentants de la
maîtrise
11
d'ouvrage (chef de projet MOA, correspondants sous-projets) et
le chef de projet MOE ;
· le comité de suivi technique (CST) a pour
rôle le suivi des travaux d'intégration en production et la
coordination des acteurs qui en sont chargés. Les CST sont des
réunions de suivi d'avancement, de prise de décision à
caractère technique et d'affichage d'engagements mutuels entre les
participants. Il est présidé par la chef de projet MOE et y
participent les représentants de la direction du SI et le responsable de
la sécurité informatique ;
· un comité de suivi fournisseur (CSF),
animé par la MOE est mis en place pour suivre l'exécution du
contrat : respect des engagements contractuels (livraisons, délais,
moyens mis en oeuvre), suivi de la facturation, suivi des risques,
résolution de problèmes et décision de plan d'action,
décisions ou propositions d'arbitrages en cas de modifications du
périmètre contractuel ;
· un groupe de travail se réunit sur un
thème particulier, préliminaire à certaines phases de
l'étude ou connexe au projet. Les participants sont les membres de la
MOE et de la MOA concernés par le thème abordé dans le
groupe de travail.
I.1.4. Les risques sources de dérives et
d'insuccès des projets informatiques
Un risque se définit comme un événement,
pouvant survenir pendant le cycle de vie d'un projet, susceptible de remettre
en cause la réalisation des objectifs en termes de coût, de
qualité et de délai.
Le but de la gestion des risques n'est pas d'éviter
des projets à risques, mais de minimiser l'impact des risques sur les
projets qui sont menés.
Ainsi, gérer les risques, c'est :
· anticiper continuellement les problèmes futurs
et non attendre leur survenance pour les gérer ;
· refuser la gestion des crises dans l'urgence, mais
prévoir leur apparition et s'y préparer.
Ainsi les principaux risques (détails en annexe 2)
sources d'échec des projets sont :
· l'inexpérience du chef de projet ;
·
12
la faiblesse de la MOA ;
· une mauvaise gestion contractuelle ;
· des objectifs non alignées sur la stratégie
de l'entreprise.
I.1.4.1. L'inexpérience du chef de projet
De nombreux projets dérapent de façon
importante en termes de délai, de coût et de qualité. Les
écueils à l'origine de ces échecs sont multiples, mais on
peut retenir en premier lieu l'inexpérience du chef de projet ou son
incapacité à conduire son projet. Ensuite, il y a
l'imprécision du cahier des charges, le manque de maturité du
client, le manque de maîtrise des processus d'ingénierie logiciel
ou les mauvaises estimations de charge du projet. Mais, il y a concomitance des
facteurs. En effet, un chef de projet expérimenté qui
maîtrise les techniques d'estimation de charges, identifiera des
imprécisions du périmètre fonctionnel et posera les
questions adéquates. L'imprécision du cahier des charges donne
dans certains cas au client l'illusion de disposer de plus de temps pour mieux
préciser ses besoins encore flous et peut-être d'en avoir plus
pour le même prix. Quant au prestataire, il peut aussi y trouver une
porte ouverte à la signature de nouveaux avenants. En plus des
connaissances du métier client et du référentiel
méthodologique propre à l'entreprise, le chef de projet se doit
de maîtriser les processus clé de la gestion de projet, mais aussi
de connaître les référentiels de bonne pratique pouvant
l'aider à appréhender de la bonne manière des situations
qui lui sont inédites.
I.1.4.2. Faiblesse de la MOA
Dans les grandes entreprises, la maîtrise d'ouvrage a
pris plus d'assurance. Elle n'hésite pas à se faire accompagner
d'une assistance interne ou externe (AMOA : assistance à la
maîtrise d'ouvrage) pour pallier à son indisponibilité ou
à son manque de compétence.
Lorsqu'on se penche sur les origines des dérives des
projets, on identifie souvent les mêmes maux résultant en partie
de la maîtrise d'ouvrage : un cahier des charges insuffisamment
précis qui est figé lors du lancement du projet alors qu'il
devrait évoluer et s'adapter au rythme de l'avancement du projet parce
que les systèmes informatiques sont aujourd'hui en constante
évolution et trop complexes pour pouvoir être totalement
prédéfinis plusieurs mois ou années à l'avance.
La réussite d'un projet se bâtit par le
partenariat, ce qui implique une maturité du client comme du prestataire
qu'il soit ou non intégrateur, mais surtout par la professionnalisation
de la MOA. Dans cette situation, la maîtrise d'ouvrage est à
même de comprendre la
13
préoccupation du prestataire qui souhaite restreindre
parfois certaines exigences fonctionnelles ou techniques. La MOA a en
contrepartie, l'assurance du respect de la livraison d'une version plus
restreinte, mais opérationnelle.
I.1.4.3. Un contrat non exhaustif
Dans de nombreux projets ayant dérivés jusqu'au
contentieux, le contrat était soit incomplet soit confus ou encore
déséquilibré au détriment de l'une ou l'autre des
parties. Traditionnellement, un contrat spécifie notamment l'objet et la
durée du projet. Il fournit une définition globale de la
prestation à réaliser. Enfin, il aborde les questions de prix,
des pénalités de retard, ainsi que les conditions de paiement,
d'assurance et de résiliation. En effet, si par exemple le cycle de
validation des livrables est dissocié de celui des
échéances de paiement, le fournisseur pourra exiger le paiement,
peu importe si le résultat produit est conforme aux attentes du client.
Le client ne peut admettre que l'échéancier des paiements reste
immuable alors que le projet dérive et que les livrables ne lui sont pas
fournis. Les procédures indispensables au bon déroulement des
projets tel que la conduite du projet, le suivi des évolutions, la
gestion du planning, des recettes, gestion du changement ainsi que les attentes
précises du client doivent avoir été prévues
contractuellement, faute de quoi elles peuvent être
écartées par l'un des partenaires. Si ces procédures ont
été prévues dans le contrat ou dans le plan d'assurance
qualité associé, elles favoriseront le succès du
projet.
I.1.4.4. Des objectifs non alignés sur la
stratégie
Un des principaux facteurs d'échec d'un projet
réside dans le non-alignement du projet informatique sur la
stratégie de l'entreprise ou du service dans lequel il est mis en
oeuvre.
Pour la réussite d'un projet, il est essentiel que
celui-ci s'inscrive dans une vision portée par la direction de
l'entreprise. En effet, les projets accompagnent des réorganisations et
changements dans les processus métiers. De ce fait, en cas de
difficultés, les ressentiments se cristallisent sur la partie visible du
changement, le projet informatique, alors qu'il n'est que la conséquence
d'une réorganisation des processus parfois non maîtrisée et
mal déterminée par la direction.
Enfin, un projet informatique complexe aura de grandes
difficultés à réussir dans une organisation ou les
procédures qualité ne sont pas maîtrisées.
14
I.1.4.5. Constat de dérives et
d'insuccès
La non-prise en compte des risques projets entraîne de
nombreuses difficultés comme celles relevées par une étude
du SEBC parue en 2005:
· difficultés liées à la technologie
utilisée : 67 % ;
· manque de coordination entre la MOA et MOE: 67 % ;
· mauvaise gestion du projet : 50 % ;
· insuffisance des contrôles : 17 %. Qui se
traduisent par :
· retards : 83 % ;
· surcoûts : 42 % ;
· non-qualité (décalage avec les demandes des
utilisateurs) : 25 %.
I.2. Les audits des projets informatiques
Que disent les anciens :
· SENEQUE, lettre 71 à Lucilius : qu'il n'y a
de bien que ce qui est honnête. Différents degrés de
sagesse, 62 après J.C « Pour qui ignore à quel port se
rendre, aucun vent n'est propice. »
· MACHIAVEL N, Discours sur la
première décade de Tite-Live, 1517: « Lorsqu'on
s'aperçoit très tôt des maux naissants, ce qui n'est
donné qu'au sage, on peut y remédier facilement. Cependant
lorsque, faute de s'en être aperçu, on les laisse grossir assez
longtemps pour qu'ils deviennent visibles à tous, il n'y a plus de
remède possible. »
Face à ces constats d'échecs l'audit de projet
informatique à l'image des dires de MACHIAVEL souhaite se positionner en
sage pour identifier, l'origine, la cause profonde, des problèmes
rencontrés sur les phases critiques du projet.
L'appel à l'audit doit alors être le moyen connu
et le levier d'action pour redresser les projets informatiques en
difficultés. En effet, attendre que la situation ne devienne
irréversible ou qu'elle provoque des conflits définitifs ne
permettra à l'audit que de dresser un état des lieux et non
d'être un outil de maîtrise et de redressement des projets.
15
Pour cela, l'audit de projet informatique va consister à
évaluer trois domaines :
· l'intégration du projet dans la stratégie
de l'organisation ;
· la qualité de la conduite de projet ;
· la qualité du produit délivré par le
projet. En analysant principalement les phases :
· étude préalable ;
· spécifications ;
· recette.
I.2.1. Position de l'audit de projet informatique dans
l'organisation
L'informatique est aujourd'hui un outil central du
fonctionnement d'une organisation. On n'automatise plus des tâches
manuelles à l'identique, mais on tire parti des possibilités de
l'informatique (performances, traitement de masse, capacités de
mémorisation, contrôles continus, traçabilité des
opérations, ...) pour organiser et exécuter autrement les
processus Métier. Modifier l'outil de travail est donc d'abord un projet
du Métier, dans lequel s'inscrit un projet informatique délivrant
un nouveau système d'information plus efficace et mieux adapté
à la réalité de l'organisation.
Il est intéressant de revenir sur la définition
du système d'information : « Un système d'information peut
être défini comme un réseau complexe de relations
structurées entre des hommes, des machines, des procédures et des
processus. Le système d'information a pour but d'engendrer des flux
d'informations générées par les applications informatiques
ayant des sources d'informations internes et externes à l'organisation.
Ces flux d'informations sont organisés de façons pertinentes afin
de constituer un aide à la décision ».
Pour identifier la position de l'audit de projet informatique
par rapport au système d'information et par rapport à
l'organisation, il faut comprendre les différentes strates qui les
composent.
En effet, le système d'information a pour socle une
infrastructure technique qui se compose de serveurs, de composants
réseau et de bases de données. Les applications informatiques
16
constituent la deuxième strate du système
d'information, elles reposent sur l'infrastructure technique, on dénomme
cet ensemble le système informatique.
Le système informatique répond à un
ensemble de règles, de procédures et d'opérations
définies par les processus métier. Cet ensemble est le coeur du
système d'information.
En outre, il faut considérer le système
d'information comme un ensemble permettant de recevoir des informations dont
les origines sont les processus métiers, qui reçoivent
eux-mêmes les informations d'acteurs internes ou externes à
l'organisation. Ces informations sont traitées afin d'être
enrichies, organisées et épurées afin de restituer ces
informations aux processus métiers, mais aussi de fournir une
information complète et exacte afin d'alimenter les processus d'aide
à la décision.
À ce titre, l'audit de projet informatique ne vise ni
à auditer le système d'information ni les applications en
production, mais va analyser les différentes phases composant le cycle
de vie d'un projet (§I.1.2) au travers des trois domaines d'investigation.
Les objectifs principaux sont d'évaluer le niveau de risque et
détecter une éventuelle fuite en avant, mais aussi de diminuer le
niveau de risque ou de définir des recommandations permettant de
stabiliser le projet.
Le schéma suivant représente la position du
système d'information par rapport à l'organisation et l'audit de
projet informatique par rapport au cycle de vie d'une application.
Figure 3 : Système d'information et audit de
projet informatique
17
18
I.2.2. Déroulement d'une mission d'audit
Une mission d'audit se résume en quatre phases
successives :
· la lettre de mission qui officialise la mission et ses
objectifs ;
· la préparation de la mission ;
· la réalisation de la mission ;
· la restitution.
I.2.2.1. La lettre de mission
La lettre de mission signée par le mandataire permet
d'informer l'ensemble des responsables concernés par la mission d'audit
sur différents points :
· identification du mandataire ;
· identification des auditeurs ;
· objet de la mission : projets concernés et
objectif assigné à la mission ;
· date de début et de fin de la mission ;
· conditions de réalisation : attribution des
moyens, autorisation d'investigation ;
· niveau d'exigence en matière de preuve.
I.2.2.2. Préparation
La phase de préparation se compose de trois étapes
successives :
· La prise de connaissance vise à acquérir au
travers de la documentation projet (contrat, cahier des charges,
spécifications, cv des acteurs ...) une vision d'ensemble du projet :
§ compréhension des enjeux et objectifs du projet
;
§ identification des principaux acteurs du projet ;
§ analyse des principaux éléments chiffrables
: planning, durée des phases, coûts des principales phases,
dimensionnement des équipes projet
§ immersion dans la culture du projet : terminologie
employée, technologies utilisées ...
· Identification des zones de risques potentiels, cette
étape consiste à identifier les zones de risques les plus
dommageables où les risques sont les plus susceptibles de se produire.
Pour cela les auditeurs peuvent se baser sur :
§ l'étape de prise de connaissance ;
§
19
les demandes spécifiques du mandataire ;
§ leur expérience.
· Définition des objectifs détaillés,
cette étape permet de :
§ définir les axes à analyser et les points
de contrôle à vérifier ;
§ définir l'organisation et l'attribution des
tâches à effectuer.
I.2.2.3. Réalisation
La phase de réalisation se déroule en trois
étapes :
· La prise de contact marque le commencement des
opérations d'audit sur le terrain. À l'issue de cette
étape, plusieurs éléments sont définis :
§ planification des rendez-vous avec les audités
;
§ liste des documents projet dont souhaitent disposer les
auditeurs.
· L'interview permet à l'auditeur d'obtenir ou de
valider des informations sur des points précis. Pour mener une bonne
interview, il faut :
§ envoyer aux audités l'ordre du jour de l'interview
;
§ évoquer en priorité les points critiques
(difficultés, points faibles, anomalies...) ;
§ demander à l'interviewé les documents
permettant de justifier ses dires ;
§ considérer l'audité comme son égale
dans la conduite du dialogue ;
§ utiliser la reformulation pour confirmer les propos de
l'audité.
· D'autres sources d'information sont parfois
nécessaires :
§ la documentation bien que déjà
utilisé dans la phase de préparation est utile, suite à
une interview, pour creuser ou confirmer certains points;
§ le benchmarking est utilisé pour comparer le
projet informatique audité avec d'autre projet et donc de rationaliser
les constats ;
§ les essais sont utilisés pour étayer une
hypothèse ou valider une déduction ;
§ les états de configurations : liste des livrables
réalisés et à venir, liste des jeux de tests, liste des
environnements...
20
I.2.2.4. Restitution
La rédaction du rapport d'audit prend la forme convenue
avec le mandataire ou se plie aux usages de l'organisation. On y retrouve
forcément les constats, les risques associés ainsi que les
recommandations. Les recommandations sont le fruit de l'analyse et de la
synthèse faites à l'issue du travail d'interviews et de recueils
d'informations.
La réunion de restitution permet à
l'équipe d'audit de présenter, argumenter et commenter leurs
analyses, recommandations et conclusion au mandataire de la mission.
Les audités peuvent également participer
à la réunion de restitution sur la volonté des auditeurs
et l'accord du mandataire.
|
|
Figure 4: déroulement d'une mission
d'audit
|
I.2.3. Critères de sélection des projets
à auditer
Chaque entreprise conduit en parallèle de nombreux
projets. À la Banque de France plus de 60 projets informatiques sont
actuellement en cours. Étant donné le nombre conséquent de
projets informatiques conduit par les grandes organisations, sur quels
critères doit-on sélectionner les projets à auditer ?
I.2.3.1. Tous les projets
Une entreprise peut choisir d'auditer l'ensemble de ses
projets, mais pour cela il faut qu'elle s'en donne les moyens. Un
dimensionnement des équipes d'audit est nécessaire pour couvrir
l'ensemble des projets ou bien l'organisation peut faire appel à la
sous-traitance pour un besoin ponctuel.
Dans ce cas, l'entreprise dispose d'une vision globale de la
maîtrise ou non des projets et peut éventuellement les
réorienter.
21
I.2.3.2. Les projets stratégiques
L'IFACI (Institut Français de l'Audit et du
Contrôle Interne) distingue cinq familles de projets stratégiques
dont les enjeux sont importants pour l'entreprise :
· projets avec un engagement budgétaire
élevé ;
· projets à objectif stratégique
(lancement de nouveaux produits, respect de contraintes extérieures,
fort retour sur investissement...) ;
· projets liés à l'organisation interne de
l'entreprise (réorganisation des processus métiers, mise en place
d'un ERP ...) ;
· projets liés à un changement de
structure (fusion avec une autre entité, regroupement
d'activités...) ;
· projets liés à de nouvelles technologies
ou à des développements correspondant aux activités
spécifiques de l'entreprise.
I.2.3.3. Les projets en difficultés
Les projets en difficultés sont identifiés sur
la base d'alertes remontées par différents acteurs du projet
(MOE, MOA, Direction informatique...) ou bien à l'aide d'indicateurs
d'alertes (dépassement des délais, dépassement du budget,
augmentation des ressources, nombre d'incidents...) portant sur chaque phase du
projet.
I.2.3.4. Position des banques centrales
européennes et banques centrales du G8
Dans une étude menée par le SEBC publiée
en 2007, on constate que la majorité des banques centrales mènent
des audits de projet informatique sur les projets stratégiques ou
sensibles. On constate cependant que deux banques centrales (Japon et
Suède) ne pratiquent pas d'audit de projet informatique.
Positionnement de l'audit informatique des BCN du
G8 et des BCN du SEBC en 2007
Projets strategiques ou
sensibles
Projets en difficulté
Tous les projets
Aucun projet
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18
2
2
3
17
22
Figure 5 : Particularité des projets cibles
d'audit I.2.4. À quel stade de leur vie auditer les projets retenus
?
Les projets une fois identifiés, il reste à
déterminer le moment le plus opportun pour les auditer. Plusieurs
options sont envisageables.
I.2.4.1. En permanence
L'audit permanent est peu pratiqué en entreprise. En
effet, la présence de l'auditeur dans les instances de pilotage des
projets est problématique et oblige l'auditeur à ne pas
s'impliquer dans la gestion des projets afin de préserver son
indépendance.
Un audit de projet suppose que l'auditeur ne dépende
d'aucuns acteur ou structure du projet, mais également qu'il s'interdise
d'assurer une fonction décisionnelle ou de prendre part aux
spécifications ou réalisations au sein du projet. Ce n'est
qu'à ces conditions qu'il pourra réaliser des travaux de
contrôle et en rendre compte dans une situation de totale
impartialité.
I.2.4.2. Lors des principales phases de la vie du
projet
Les risques et dérives peuvent certes apparaître
tout au long de la vie d'un projet, mais il est possible de distinguer un
certain nombre de phases clés. Une intervention de l'audit à
ces
23
moments clés permet de mieux cerner les risques auxquels
les projets sont exposés afin de les réduire au mieux.
Étude préalable :
Les grandes orientations des projets sont prises en phase
d'étude préalable, en effet les instances de pilotage
décident :
· si on réalise le projet ou non : GO / NOGO ;
· définition générale de la solution
(développement spécifique, progiciel) ;
· définition du scénario du projet (planning,
sous-traitance...).
L'objectif d'un audit en phase d'étude préalable
est d'être certain que les décisions seront prises sur de bonnes
bases. Les recommandations peuvent mettre en évidence des manquements ou
des risques qui se profilent.
Spécifications :
L'audit en phase de spécification peut porter sur la
conduite de projet ou sur la qualité des livrables. Il analysera plus
particulièrement les éléments qui sont susceptibles
d'impacter les objectifs du projet :
· périmètre fonctionnel ;
· dossier de choix de solution ;
· planning, coûts et organisation.
Les résultats des audits peuvent amener à une
réorientation du projet voire à l'arrêt si les
dérives sont trop importante.
Recette :
Le projet est sur le point d'être mis en production. Il
est donc terminé pour la MOE, mais pour la MOA une phase très
sensible est sur le point de démarrer : l'intégration du produit
dans le système informatique et l'interfaçage avec les autres
applications de l'entreprise.
L'audit vérifiera que :
· toutes les conditions d'une mise en production
réussie sont remplies ;
· le produit répond aux exigences fonctionnelles
;
·
24
les contrats d'interfaces avec les autres applications sont
définis ;
· le plan de formation des utilisateurs est
adéquat.
I.2.4.3. Le projet est terminé
L'audit du projet ne peut pas avoir de conséquences
sur le projet puisqu'il est fini. Par définition, un projet est unique,
l'objectif de l'audit est donc ailleurs.
· Si l'audit porte sur le projet et son
déroulement, ses conclusions peuvent servir à
l'amélioration de la méthode de gestion des projets, à un
remaniement de l'organisation, à la décision d'externaliser les
développements.
· Si l'audit porte sur le produit, les recommandations
peuvent déboucher sur des actions de maintenances ou d'évolutions
du système informatique, voire sur le démarrage d'un nouveau
projet.
L'audit peut être déclenché dans les 3
à 6 mois après la fin du projet. Le travail est alors
réalisé sur la documentation et complété par des
interviews avec les anciennes équipes MOE et MOA ainsi que les actuels
utilisateurs du produit.
L'audit d'un projet terminé est un retour
d'expérience sur les des difficultés rencontrées ou sur
les bonnes pratiques mises en place. L'audit permet ainsi à l'entreprise
de capitaliser son expérience.
25
II. Stratégie d'audit des projets
informatiques
II.1. Référentiels et recueils de bonnes
pratiques
Afin d'aborder les différentes problématiques
des projets informatiques, il existe une multitude de savoir-faire : des
normes, des référentiels, des méthodes, des guides de
bonne pratique, des corpus de connaissance, des livres blancs...
Pour mener définir la stratégie
générique d'audit de projet informatique, nous allons analyser
trois savoir-faire :
· CobiT (Control Objectives for Information and related
Technology) pour identifier et gérer les risques et
bénéfices des systèmes d'informations ;
· CMMI (Capability Maturity Model Integration) pour le
développement de logiciels ;
· PMBOK (Project Management Body of Knowledge) pour la
gestion de projets.
II.1.1. Control Objectives for Information and related
Technology (CobiT)
II.1.1.1. Présentation du CobiT
CobiT est mis au point en 1998 par l'ISACA (Information
System Audit & Control Association) et édité par l'ITGI (IT
Governance Institute). CobiT est un référentiel qui
établit les bonnes pratiques de contrôle interne liées
à la maîtrise de l'information et des systèmes
d'information
CobiT en version 4.1 paru en 2007, se compose de 4 publications
:
· Executive summary : vue d'ensemble de la
méthodologie CobiT. Cette synthèse présente les domaines,
les objectifs de contrôles généraux (appelés
processus) et le cadre de référence ;
· Framework : cadre de référence
explicatif de la méthode, des domaines et des processus. Il se compose
de 4 domaines, 34 processus et 210 objectifs de contrôle
détaillés ;
· Control objectives : 210 objectifs de
contrôle directement orientés vers le management et les
équipes en charge du système d'information des services
informatiques ;
·
26
« Management Guidelines » : le guide du
management dispose d'un modèle de maturité pour évaluer,
sur une échelle de cinq degrés, le niveau de maîtrise de
chacun des processus de l'organisation.
CobiT a vocation d'être utilisé par :
· la direction pour laquelle il aide à peser les
risques et contrôler les investissements dans un environnement
informatique souvent difficile à prévoir. CobiT constitue un
moyen d'aide à la décision ;
· les utilisateurs pour lesquels il permet d'obtenir des
garanties concernant la sécurité et les contrôles des
services informatiques fournies en interne ou par des tiers ;
· les auditeurs pour lesquels il permet de justifier
leur opinion et d'appuyer leurs recommandations.
En effet, CobiT leur offre :
· le moyen d'évaluer les 34 processus des
Technologies de l'Information (TI) par rapport aux meilleures pratiques du
marché. À chaque processus on associe un modèle de
maturité permettant de déterminer le niveau sur une
échelle de 0 (inexistant) à 5 (optimisé). À chaque
niveau on associe des facteurs clés de succès correspondant aux
actions à prendre afin de s'améliorer ;
· des indicateurs clés afin de mettre en oeuvre
de tableaux de bord pertinents. Il existe au sein de CobiT deux
catégories d'indicateurs :
§ les indicateurs clés de succès (Key Goal
Indicators) pour vérifier que les objectifs sont atteints. Ces
indicateurs sont à utiliser par les dirigeants des TI ;
§ les indicateurs clés de performance (Key
Performance Indicators) pour le suivi de la qualité des
opérations. Ces indicateurs sont à surveiller par les
équipes opérationnelles.
27
II.1.1.2. Architecture du CobiT
CobiT repose sur l'idée centrale que l'entreprise, pour
réaliser ses objectifs, a besoin d'informations. Ces informations sont
fournies par des ressources informatiques, qui doivent être
gérées par un ensemble de processus naturellement
regroupés.
CobiT regroupe 34 processus TI organisés en quatre
domaines :
· le domaine « Planification et organisation »
: 10 processus couvrant tout ce qui concerne la stratégie et les
tactiques. Ils identifient les moyens permettant à l'informatique de
contribuer le plus efficacement à la réalisation des objectifs de
l'entreprise ;
· le domaine « Acquisition et implémentation
» : 7 processus concernant la réalisation de la stratégie
informatique, l'identification, l'acquisition, le développement,
l'installation des solutions informatiques et leur intégration dans des
processus de l'organisation ;
· le domaine « Distribution et support » : 13
processus regroupant la livraison des prestations informatiques exigées
(l'exploitation, la sécurité, les plans d'urgences et la
formation) ;
· le domaine « Surveillance » : 4 processus
permettant à la direction d'évaluer la qualité et la
conformité des processus du système d'information.
Figure 6 : Architecture du CobiT1
28
À ces 34 processus correspondent 210 objectifs de
contrôle pour lesquels des pratiques de contrôle
détaillées ont été identifiées. CobiT
décrit les éléments nécessaires à la bonne
compréhension de chaque processus, précise les contrôles
à effectuer, fournit des éléments pour évaluer la
conformité aux bonnes pratiques et évaluer les risques
associés.
1 Source
www.afai.asso.fr CobiT
version 4.1
29
II.1.2. Capability Maturity Model Integration
(CMMI)
II.1.2.1. Présentation du CMMI
L'industrie logicielle a bien souvent été
pointée du doigt pour son manque de fiabilité tant sur le plan du
respect des délais que de la qualité des produits livrés.
À tel point qu'au milieu des années 80, le département de
la défense américain a lancé un appel d'offres pour
l'élaboration d'un référentiel permettant d'évaluer
la capacité de ses fournisseurs. L'université Carnegie Mellon,
reconnue à l'époque pour l'excellence de son département
informatique fût désignée pour mener ce travail et
développa plusieurs modèles :
· SE-CMM (Systems Engineering) : ingénierie
système ;
· SW-CMM (SoftWare) : développement logiciel ;
· SS-CMM (Supplier Sourcing) : gestion des fournisseurs
;
· SA-CMM (Software Acquisition) : méthodes
d'acquisition des logiciels ;
· P-CMM (People) : processus de gestion du personnel.
En 2000, la version 1.0 du CMMI est publiée par le
Software Engineering Institute (SEI) de Carnegie Mellon, cette première
version consolide l'ensemble des modèles décrit si dessus.
Aujourd'hui CMMI version 1.2 est un modèle de bonnes pratiques qui
repose sur le principe de l'amélioration continue des processus de
développement informatique de l'entreprise. Le modèle CMMI a pour
objectif la maîtrise de la qualité des produits et des services,
et par conséquent, la maîtrise des processus associés.
Pour cela, CMMI se compose de 22 domaines de processus (PA) qui
contiennent chacun :
· des pratiques génériques permettant
d'industrialiser les processus ;
· des pratiques spécifiques qui sont des buts
à atteindre en termes d'organisation et qui se définissent par
des résultats observables.
II.1.2.2. Architecture du CMMI
Les 22 PA décrits par le CMMI ont pour fonction
d'initier un travail de réflexion et d'actions sur les processus
organisationnels d'un projet informatique ou d'une organisation. Ces 22
domaines de processus sont regroupés au travers de 5 niveaux de
maturité allant de 1 à 5, permettant d'évaluer le niveau
de maîtrise des processus.
30
CMMI parle de représentation étagée des
processus. La représentation étagée exprime
l'évolution des pratiques de développement en fonction d'une vue
organisationnelle. Chacun des niveaux est associé à la
maîtrise, par tout le projet ou l'organisation, d'un ensemble de domaines
de processus. Les niveaux de maturité vont du niveau 1 au niveau 5 avec
un niveau
1 correspondant à l'état initial de
l'organisation et un niveau 5 à celui d'une organisation
optimisée. Pour qu'une organisation monte d'un niveau, il est
nécessaire que l'ensemble des domaines de processus associés au
niveau de maturité soit maîtrisé.
Figure 7 : Niveaux de maturité du
CMMI2
Si l'organisation se dirige vers une meilleure maîtrise
de ces processus de développement elle peut alors prétendre
atteindre le niveau 2 dit « Discipliné ». Ensuite si
l'organisation souhaite capitaliser sur les expériences
précédentes en vue de s'améliorer alors elle rentre dans
le cadre du niveau 3 dit « Ajusté ». Le niveau 4
suggère que l'organisation mette en oeuvre une approche de gestion
quantitative pour tous ces projets de développement, cette approche est
basée sur des analyses qui permettent de prévoir les performances
de l'organisation. Enfin, le
2 Source CHRISSIS MB, KONRARD M, SHRUM S, CMMI 2ème
édition, Pearson Education 2008
31
niveau 5 dit « optimisé » sous-entend que
l'organisation est capable de s'améliorer continuellement.
Voici les niveaux de maturité auxquels sont
associés les 22 domaines de processus du CMMI et leur description :
Niveau de maturité
2
|
Nom du PA
Gestion de configuration
|
Description
Établir et maintenir l'intégrité des
produits de travail en utilisant l'identification de configuration, un
contrôle de configuration, un registre des statuts de configuration, et
des audits de configuration.
|
2
|
Mesure et analyse
|
Développer les possibilités de mesure qui sont
employées pour soutenir les besoins de la gestion de l'information.
|
2
|
Surveillance et contrôle de projet
|
Fournir une analyse du progrès du projet de sorte que
des modalités de reprise appropriées puissent être
prises
quand l'exécution du projet dévie de
manière significative du plan.
|
2
|
Planification de projet
|
Établir et maintenir les plans qui définissent
les activités du projet.
|
2
|
Assurance qualité produit et processus
|
Fournir au personnel et aux managers une vision objective sur
les processus et produits de travail associés.
|
2
|
Gestion des exigences
|
Contrôler les exigences des produits du projet et de
ses composants et identifier les contradictions entre ces conditions et les
plans du projet et produits du travail.
|
2
|
Gestion
des accords avec les fournisseurs
|
Contrôler l'acquisition des produits des fournisseurs
pour lesquels il existe un accord formel.
|
3
|
Analyse et prise de décision
|
Étudier, selon des critères définis et
selon un processus d'évaluation formel, plusieurs solutions possibles en
vue d'une prise de décision.
|
3
|
Gestion de projet intégrée
|
L'intention de la gestion de projet intégrée
est d'établir et maintenir le projet et l'implication des parties
prenantes concernées en accord avec un processus intégré
et ajusté qui est dérivé d'un ensemble de processus
standards au niveau de l'organisation.
|
3
|
Définition du processus organisationnel
|
Définir et maintenir le référentiel de
l'organisation.
|
3
|
Focalisation sur le processus organisationnel
|
Définir et mettre en oeuvre les améliorations
du processus de l'organisation à partir de l'analyse des forces et des
faiblesses des processus de l'organisation.
|
3
|
Formation organisationnelle
|
Développer les compétences des personnes pour
leur permettre d'exercer leur mission avec efficacité.
|
3
|
Intégration du produit
|
Intégrer les composants produits, tester et livrer la
solution.
|
|
32
Niveau de maturité
3
|
Nom du PA
Développement exigences
|
Description
Analyser et produire les exigences client, et celles
induites sur le produit et ses composants.
|
3
|
Gestion des Risques
|
Identifier les problèmes potentiels avant qu'ils ne
surviennent et prendre les actions
préventives appropriées.
|
3
|
Solution Technique
|
Concevoir et développer la solution.
|
3
|
Validation
|
Démontrer que le produit ou composant, placé
dans son environnement cible, répond aux exigences.
|
3
|
Vérification
|
Vérifier que les produits élémentaires
sélectionnés sont conformes à leurs
spécifications.
|
4
|
Performances du processus organisationnel
|
Mesurer les performances des processus de
l'organisation et les analyser par rapport aux objectifs.
|
4
|
Gestion de projet quantitative
|
Gérer quantitativement les processus définis du
projet pour atteindre la qualité voulue et les objectifs de
performance.
|
5
|
Résolution et Analyse Causale
|
Identifier et supprimer les causes des défauts et
problèmes pour éviter leur réapparition
dans le futur.
|
5
|
Innovation et déploiement organisationnel
|
Sélectionner et mettre en oeuvre les améliorations
et
innovations qui impactent de façon mesurable
les processus et technologies, et permettent à l'organisation
d'atteindre ses objectifs de qualité et de performance.
|
|
II.1.2.3. Bénéfices apportés par
la mise en place du CMMI
Le SEI a publié en 2007 une étude
décrivant les avantages obtenus en termes de respect des délais
et maîtrise des coûts par les entreprises ayant mis en place une
démarche CMMI. En voici quelques exemples :
· Siemens Information Systems a réduit ses
coûts de non-qualité de 45 % sur une période de trois ans
pendant que l'organisation s'est déplacée du niveau de
maturité 5 du SW-CMM vers le niveau de maturité 5 du CMMI ;
· Boeing a obtenu 3 % d'augmentation dans la
réutilisation de codes sources et la réutilisation de
matériels lorsque l'organisation a atteint le niveau de maturité
5 du CMMI ;
· la livraison dans les délais des projets IBM
est passée de à 90 % à 99 % lorsque l'organisation s'est
déplacée du niveau de maturité 3 du CMMI au niveau de
maturité 5 du CMMI ;
·
33
chez Reuters, le décalage de planning des projets a
été réduit approximativement de 15 % à 25 % pendant
que l'organisation se déplaçait du niveau de maturité 3 du
CMMI vers le niveau de maturité 5 du CMMI ;
· JP Morgan a réduit de 70 % à 80 % le
décalage moyen des dates de livraison de projet lorsque l'organisation a
atteint le niveau de maturité 2 du CMMI.
Cette étude présente les
bénéfices obtenus par les organisations ayant mis en oeuvre une
démarche CMMI en termes de coûts, de délais, de
productivité, de qualité et de retour sur investissement. Voici
les résultats compilés des 35 entreprises analysées par le
SEI.
Figure 8 : bénéfices obtenus en mettant en
oeuvre une démarche CMMI II.1.3. Project Management Body Of Knowledge
(PMBOK)
II.1.3.1. Présentation du PMBOK
Le Project Management Body of Knowledge ou PMBOK, est
élaboré par le PMI (Project Management Institute), il
décrit l'ensemble des pratiques et techniques intervenant dans la
gestion de projet.
La première édition est publiée en 1996
avec pour principal objectif de documenter et standardiser les informations et
les pratiques de gestion de projet. La seconde édition est
publiée en 2000 et la troisième, version actuelle, est
publiée en 2004.
34
PMBOK est un standard reconnu internationalement (IEEE Std
1490-2003). PMBOK fournit les fondamentaux de la gestion de projet s'appliquant
à une large portée de projets incluant le logiciel, mais aussi la
construction, l'ingénierie et l'industrie ...
Le PMBOK sert également de support à la
certification de chef de projet PMP (Project Management Professional). Il est
actuellement décerné à plus de 180 000 chefs de projet
dans près de 175 pays à travers le monde.
II.1.3.2. Architecture du PMBOK
Le corpus de connaissance PMBOK est élaboré sur
la base des meilleures pratiques et des techniques avancées en gestion
de projet. Il fournit un référentiel commun avec une terminologie
précise et unifiée des phases, livrables et compétences
nécessaires à la bonne gestion des projets.
Tous les aspects de la gestion de projet y sont
traités avec une approche par processus qui permet de
systématiser les meilleures pratiques et donc, de s'inscrire dans une
logique d'amélioration continue.
Le guide PMBOK catégorise les processus en cinq
groupes cohérents : « Démarrage », « Planification
», « Réalisation », « Contrôle », et
« Clôture ». Ces groupes se répètent dans chacune
des phases du projet et leur mise en place est indispensable pour la
réussite du projet. PMBOK traite tous les aspects de la gestion de
projet à travers 44 processus regroupés dans 9 domaines de
processus :
· le domaine « gestion de l'intégration
» du projet décrit les processus et activités
nécessaires à l'identification, la définition, la
combinaison, l'unification et la coordination des divers processus et
activités. Ce domaine est indispensable pour interfacer des processus
qui sont en interaction avec d'autres processus ;
· le domaine « gestion du périmètre
» du projet comprend les processus nécessaires pour garantir que le
projet contienne les tâches nécessaires à sa
réalisation et uniquement ces tâches là. Il se concentre
essentiellement sur la définition et la maîtrise de ce qui fait
partie ou non du projet ;
· le domaine « gestion des
délais » du projet décrit les processus nécessaires
pour assurer la réalisation du projet en temps voulu ;
·
35
le domaine « gestion des coûts » du projet
décrit les processus de planification, d'estimation, de
budgétisation et de maîtrise des coûts nécessaires
pour s'assurer que le projet soit réalisé en respectant le budget
alloué ;
· le domaine « gestion de la qualité »
du projet décrit tous les processus et activités de l'entreprise
réalisatrice qui déterminent la politique interne, les objectifs
et les responsabilités en matière de qualité, afin que le
projet réponde aux besoins et exigences exprimés par le client
;
· le domaine « gestion des
ressources humaines » du projet décrit les processus
nécessaires pour diriger et organiser l'équipe de projet ;
· le domaine « gestion de la
communication » du projet décrit les processus nécessaires
pour assurer en temps voulu et de façon appropriée la
génération, la collecte, la diffusion, le stockage et le
traitement des informations du projet. Ce domaine de processus apporte les
liens indispensables entre les personnes et les informations ;
· le domaine « gestion des risques » du projet
décrit les processus liés à la gestion des risques dans le
cadre d'un projet. L'objectif de ce domaine est d'augmenter la
probabilité et l'impact des événements positifs et de
diminuer la probabilité et l'impact des événements
défavorables au projet ;
· le domaine « gestion des approvisionnements
» du projet décrit l'ensemble des processus nécessaires
à l'acquisition de produits ou services, et les processus de gestion des
contrats associés.
Figure 9 : domaines de processus et processus du
PMBOK3
36
II.1.4. Des référentiels peu
utilisés dans les organisations
La société de service informatique OSIATIS,
dans une étude parue en 2005, analyse le taux de
pénétration des référentiels, recueil de bonnes
pratiques et normes de développement dans 176 entreprises
françaises développant des logiciels pour un besoin interne ou en
tant que prestataire de service.
3 Source : PMI Project Management Institute, PMBOK Guide
Third Edition, Project Management Institute 2004
Méthodes internes
Conduite de projet
ISO 9001
Aucun
Autre
CMMI
ITIL
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%
2%
4%
8%
13%
16%
24%
56%
37
Figure 10 : Utilisation des référentiels
dans les entreprises
On constate que la majorité des entreprises en 2005
s'appuyaient encore sur une méthodologie de développement
interne. Aujourd'hui, on assiste à une forte progression des
référentiels dans les entreprises. Actuellement à la
Banque de France, un projet majeur consiste en la refonte de la méthode
interne de gestion de projet en s'appuyant sur la démarche CMMI de
niveau 2 et 3. Cette tendance s'explique par le niveau de maturité
atteint par ces référentiels, mais aussi par leur reconnaissance
internationale. Les référentiels ont su démontrer leur
efficacité grâce à la standardisation et
l'industrialisation des processus, ainsi les retours d'expériences
positifs et les gains de performance obtenus par les organisations favorisent
une fois de plus leur adoption.
38
II.2. Complémentarité des
référentiels
Parce qu'un référentiel ne couvre pas à
lui seul les nombreuses spécificités d'un projet informatique, ou
au contraire dépasse son périmètre, il est essentiel
d'établir une démarche méthodologique visant à
définir les thématiques indispensables à l'audit des
projets informatiques à partir de la complémentarité des
processus des référentiels CobiT, CMMI et PMBOK. Cette
stratégie d'audit générique vise à définir
un ensemble de points de contrôle permettant d'auditer exhaustivement et
efficacement un projet informatique.
Nous utiliserons :
· CobiT pour définir le cadre d'audit des projets
informatiques ;
· CMMI pour analyser les processus d'ingénierie
logiciel ;
· PMBOK pour les meilleures pratiques de management de
projets ;
L'analyse de la cartographie des risques des projets
informatiques (cf annexe 2) et l'étude du domaine CobiT «
Planification et organisation » permet de dégager trois axes
essentiels à la réussite d'un projet informatique :
· alignement du projet sur la stratégie
métier de l'entreprise et sur les choix des technologies de
l'information ;
· qualité de la conduite de projet ;
· qualité du produit délivré par le
projet.
II.2.1. Alignement du projet sur la stratégie
métier de l'entreprise et sur les choix des technologies de
l'information
II.2.1.1. Alignement du projet sur la stratégie
Métier
L'opportunité du projet informatique pour
l'organisation est un facteur clé de succès. En effet, comme
abordé dans le chapitre I.1.4 « dérives et insuccès
des projets informatiques », le projet doit avant tout être
aligné sur la stratégie de l'entreprise et par conséquent
être porté par un projet Métier. Le processus « PO1
définir un plan informatique stratégique » du CobiT traite
des possibilités offertes par les TI et le besoin en TI de
l'organisation.
L'étude de ce processus permet de définir les
points de contrôle suivants :
·
39
justification fonctionnelle ou métier du projet
informatique;
· bénéfices attendus par le produit
délivré par le projet : prise en compte d'un nouveau besoin,
augmentation de la capacité de traitement, diminution des ressources
nécessaires ... ;
· alignement du projet informatique sur la
stratégie organisationnelle de l'entreprise ;
· évaluation du niveau de compétences de
la MOA du projet au regard des besoins métiers.
L'audit analysera ces points de contrôle durant la
phase d'étude préalable afin de s'assurer de l'opportunité
du projet pour l'organisation.
II.2.1.2. Alignement du projet sur la stratégie
technologique
Les entreprises, face à la complexité
croissante de leur système d'information et à l'augmentation
exponentielle du volume d'information à traiter, mettent en place deux
types de plans :
· plan d'urbanisation du système d'information, afin
d'augmenter la cohérence et l'efficacité du SI ;
· plan stratégie informatique, afin d'aligner la
stratégie informatique sur la stratégie de l'organisation, mais
aussi pour rationaliser les technologies utilisées dans un objectif de
réduction des coûts de maintenance.
Pour s'intégrer dans l'organisation, les projets
informatiques doivent impérativement s'inscrire dans le cadre
technologique défini par ces plans.
Grâce à l'étude du domaine de processus
CobiT « PO3 déterminer l'orientation technologique » l'audit
définit les points de contrôle suivants :
· l'alignement des technologies et les outils
employés par le projet sur la stratégie informatique de
l'organisation ;
· l'évaluation des technologies employées
par le projet informatique en termes de maturité,
pérennité, compatibilité et performance voulues ;
· les difficultés induites sur le projet par les
choix des techniques imposés : contrainte de conformité à
la stratégie informatique ;
· le niveau de compétence de la MOE sur les
technologies sélectionnées par le projet et détections des
besoins en formation.
40
Grâce à l'analyse de ces points de contrôle
durant la phase d'étude préalable, l'audit s'assurera que le
projet informatique est aligné sur la stratégie technologique de
l'organisation.
A titre d'exemple, pour assurer la phase de
réalisation du projet MIGTT2 (infrastructure d'accès au nouveau
système de paiement de montants élevés du SEBC : TARGET2)
reposant sur la technologie SWIFTNET (système international
d'automatisation de traitement des opérations financières) la
Banque de France a émis un appel d'offres pour sélectionner une
SSII qui aura en charge cette phase. Lors du dépouillement des
candidatures, la maîtrise de la technologie SWIFTNET ne figurait pas
comme critère majeur pour la sélection du fournisseur.
De fait, le fournisseur retenu (SQLi) ne connaissait pas
SWIFTNET, et sa nécessaire montée en compétences dans ce
domaine a perturbé le démarrage de la prestation, avec,
notamment, la livraison de premières versions qui présentaient de
nombreuses anomalies.
L'appel à l'audit sur ce projet aurait permis de
réorienter l'appel d'offres ou simplement de détecter avant le
démarrage de la phase de réalisation le besoin en formation du
fournisseur.
II.2.2. Qualité de la conduite de projet
La conduite de projet permet de mener un projet à son
terme en prenant en compte ses contraintes et en faisant face aux
imprévus. Les trois aspects représentés par le «
triangle projet » (coûts, qualité, délais) doivent
être mis sous contrôle. Chacun faisant l'objet d'une gestion
spécifique qui prend en compte l'existence des deux autres.
Figure 11 : Triangle projet
L'analyse de la qualité de la conduite du projet par
l'audit
vise à s'assurer de la maîtrise des objectifs,
des moyens et des délais. L'audit étudiera si la conduite de
projet est conforme à la méthodologie d'entreprise, à des
normes internationales ou à l'état de l'art.
41
II.2.2.1. Maîtrise de la définition des
exigences par le projet
La notion d'exigences désigne l'ensemble des besoins
et contraintes exprimés par les différentes parties prenantes du
projet. Les exigences portent sur les besoins des utilisateurs, y compris ceux
relatifs aux critères de qualité du produit
délivrée par le projet (sécurité, fiabilité,
maintenabilité ...).
La gestion des exigences vise à assurer tout au long
du projet que les exigences sont définies de manière
précise, complète et cohérente, puis correctement prises
en compte dans les travaux.
Pour s'assurer de la maîtrise de la gestion des
exigences, l'audit durant les phases d'étude préalable et de
spécifications fonctionnelles va analyser les points de contrôle
suivants définis grâce à l'étude des domaines de
processus « développement des exigences » CMMI niveau 3,
« gestion des exigences » CMMI niveau 2 et « gestion du
périmètre du projet » PMBOK :
· qualité des procédures de définition
et de formalisme des exigences ;
· qualité des procédures de validation et
vérification des exigences ;
· niveau de couverture fonctionnelle par les exigences
(identification des exigences hors périmètre ou absente du
périmètre du projet) ;
· qualité de la définition des interfaces
entre les applications ;
· niveau de connaissance des exigences par les
équipes projets ;
· qualité des procédés de
traçabilité des exigences (mécanisme pour affecter les
exigences aux composants du projet) ;
· qualité des procédures de gestions des
évolutions (définition, étude d'impact, validation,
gestion et prise en compte dans le planning projet) ;
II.2.2.2. Maîtrise des coûts du projet
Selon le domaine de processus « gestion des coûts
» du PMBOK, la maîtrise des coûts repose sur trois processus
:
· estimation des coûts : pour déterminer le
coût approximatif des activités nécessaires à
l'achèvement du projet ;
· budgétisation : pour agréger les
estimations des coûts des activités du projet afin de fixer une
base de référence ;
· maîtrise des coûts : pour maîtriser
les modifications de budget du projet et influencer les facteurs
générateurs d'écarts de coûts.
42
L'étude de ces processus permet de définir un
ensemble de thèmes que l'audit analysera afin de s'assurer de la
maîtrise des coûts :
· efficacité et précision des
procédures d'estimation des coûts : étude des
modèles utilisés, analyse comparative des modèles, analyse
de la fréquence et de la qualité des ré-estimations ;
· réalisme du budget affecté ainsi que sa
répartition entre les activités du projet ;
· qualité des indicateurs et des
procédures de suivi budgétaire ;
· niveau de détail du suivi budgétaire,
notion de : coûts estimés, coûts budgétés,
coûts consommés ;
· identification des zones de dérives
potentielles ;
· qualité de l'estimation du coût total du
projet informatique.
II.2.2.3. Maîtrise des délais du
projet
Le respect des délais, bien qu'intrinsèquement
lié à la définition des coûts et à la
maîtrise de la qualité, est un facteur clé de la
réussite des projets informatiques, car la date de mise en production
est soumise à des contraintes de temps qui bien souvent ne sont pas
ajustables. Il convient donc de s'assurer de la précision de la
procédure d'estimation des charges.
Pour s'assurer de la réalisation du projet en temps
voulu, l'audit analysera durant les phases de spécifications, de
réalisation et de recette les points suivants :
· efficacité et précision des
procédures d'estimation de la durée des tâches :
étude des modèles utilisés, analyse comparative
(benchmark), fréquence et qualité des ré-estimations ;
· pertinence du cycle de vie du projet défini
(principaux PLC en annexe 3) ;
· qualité du planning : les tâches
prévues sont-elles en adéquation avec les objectifs du projet ?
Le planning est-il complet ? est-il utilisable ?
· qualité du suivi du planning : le planning
est-il utilisé comme un moyen de pilotage et d'anticipation ou
simplement comme moyen de constat ;
· l'estimation des ressources est elle en
adéquation avec les délais du projet ;
· qualité de l'estimation de la durée
totale du projet informatique, identification des zones de dérives
potentielles.
Ces points de contrôle sont définis grâce
à l'analyse des domaines de processus CMMI de niveau 2 «
surveillance et contrôle du projet » et « planification du
projet ».
43
II.2.2.4. Qualité de la gestion des ressources
humaines du projet
Gérer les ressources humaines à
l'échelle d'un projet informatique consiste à recruter et
conserver des collaborateurs compétents et motivés afin de
travailler dans un but commun : la réussite du projet.
Les domaines de processus « gestion des ressources
humaines » du PMBOK et « PO7 : gérer les ressources humaines
de l'informatique » du CobiT permettent de définir les points de
contrôle suivants :
· la qualité de la définition et
l'attribution des rôles dans le projet ;
· l'adéquation des ressources humaines aux
rôles et compétences nécessaire au projet et la
nécessité de procéder à des formations ;
· la qualité de la planification des variations
des ressources en fonction des phases du projet ;
· la qualité du processus de définition
des objectifs, d'évaluation des performances et d'établissement
des perspectives d'évolution des collaborateurs du projet.
L'audit analysera la gestion des ressources humaines à
travers ces points de contrôle durant les phases de spécification
et de recette afin de s'assurer de la gestion adéquate des ressources
humaines.
II.2.2.5. Qualité de la gestion contractuelle
avec les fournisseurs
Un contrat, pour être pleinement efficace, doit
être équilibré. Il doit traduire l'esprit de collaboration
dans lequel les parties cherchent à s'engager. Identifier clairement les
zones de risques des relations contractuelles avec les fournisseurs est une
préoccupation forte et connaître les moyens de s'en
prémunir est une vraie nécessité pour les projets.
Grâce à l'étude des domaines de processus
CMMI de niveau 2 « Gestion des accords avec les fournisseurs » et
PMBOK « gestion des approvisionnements du projet », l'audit analysera
en fin d'étude préalable les points de contrôle suivants
:
· qualité du processus d'appel d'offres pour tout ou
partie du projet ;
· pertinence et qualité des critères de
sélection des fournisseurs ;
· qualité de l'administration contractuelle
(vérifier l'application des engagements contractuels par le fournisseur,
vérifier les clauses de pénalités, de garantie, de
réversibilité...) ;
· qualité de la méthodologie de
sous-traitance des projets informatiques au forfait ;
·
44
qualité du processus de gestion des prestataires
intervenant sur le projet ;
· qualité des conditions d'acceptation des livrables
du fournisseur ;
· qualité du critère d'évaluation du
fournisseur en fin de projet.
II.2.2.6. Qualité de la gestion des risques du
projet informatique
La maîtrise des risques constitue un facteur clé
de succès des projets. En effet, un projet doit être en mesure
d'identifier des problèmes potentiels avant qu'ils ne surviennent, de
telle sorte que les activités pour les traiter puissent être
planifiées et déclenchées au besoin tout au long du cycle
de vie du projet afin que les impacts nuisibles à l'atteinte des
objectifs soient atténués.
À travers l'analyse des domaines de processus :
· « PO9 : évaluer les risques » du CobitT
;
· « gestion des risques projet » du PMBOK ;
· « gestion des risques » du CMMI niveau 3.
Les points de contrôle suivants devront être
analysés durant les principales phases du projet :
· qualité de la cartographie des risques ;
· qualité du processus de gestion des risques :
complétude de la procédure (évaluer, catégoriser,
et prioriser les risques), affectation des ressources, mise en place de
procédures d'alerte et de prise de décision rapide ;
· efficacité du processus de gestion des risques
et de la stratégie de réduction des risques : analyse des risques
effectivement identifiés et gérés par rapport aux
difficultés rencontrées sur le projet ;
· qualité du processus de surveillance des
risques : suivre les risques identifiés, surveiller les risques
résiduels, identifier les nouveaux risques.
II.2.2.7. Qualité de la communication sur le
projet
La multiplicité des parties prenantes (cf :
§I.1.3.4) sur un projet informatique doit s'accompagner de la
maîtrise des canaux de communication. Il est essentiel d'avoir une vision
commune des besoins et des attentes, mais surtout de pouvoir répondre
à la question de qui a besoin de quelles informations, quand, comment
les lui transmettre et qui les transmet ?
45
L'étude approfondie du domaine « gestion de la
communication » du PMBOK et des processus associés permet
d'établir les points de contrôle suivants que l'audit analysera
principalement durant la phase de réalisation :
· planification de la communication : pour
déterminer les besoins de communication et d'information des parties
prenantes du projet ;
· qualité et efficacité des outils de
communications utilisés par le projet : l'information nécessaire
est-elle à disposition des parties prenantes du projet en temps voulu
?
· vérification du niveau de compréhension
des objectifs communs du projet par l'ensemble des acteurs.
Le projet NExT, commandité par France Telecom et
réalisé conjointement par Capgemini et Bull est un bel exemple
sur les conséquences d'une communication projet non
maîtrisée. En effet, sur le projet NExT, une mauvaise
communication du commanditaire a entraîné plusieurs semaines de
retard lors de la phase d'intégration. En effet, ce retard est dû
aux changements apportés sur les modalités d'interfaçages
entre les modules Capgemini et Bull qui n'ont été
communiqués qu'à une des deux parties prenantes.
II.2.3. Qualité du produit
délivré par le projet
L'audit de la qualité du produit délivré
par le projet a pour objectif de vérifier l'adéquation entre les
besoins des utilisateurs et le produit à livrer. L'audit peut porter sur
les choix techniques, la sécurité de la future application, la
pertinence de la démarche qualité mise en place par le projet, la
qualité des développements, la qualité des processus de
test et de validation...
II.2.3.1. Maîtrise de la démarche
qualité du projet
À travers l'analyse des domaines de processus «
assurance qualité processus et produit » CMMI niveau 2 et «
gestion de la qualité du projet » du PMBOK et plus
particulièrement des processus « planification de la qualité
», « mettre en oeuvre l'assurance qualité » et «
mettre en oeuvre le contrôle qualité », l'audit
étudiera la démarche qualité mise en place par le projet.
Pour cela, l'audit contrôlera, à partir de la phase d'étude
préalable, les points suivants :
· pertinence du plan d'assurance qualité ;
· maîtrise des indicateurs qualité ;
· 46
maîtrise des procédures de contrôle
qualité.
II.2.3.2. Qualité des processus de test et de
validation
Les domaines de processus « vérification »
et « validation » du CMMI de niveau 3 on pour objectif de s'assurer
d'une part que le produit issu du projet répond aux
spécifications définies, et d'autre part de démontrer que
le produit une fois en production répond à l'utilisation
prévue.
À ce titre l'audit analysera durant la phase de recette
les points de contrôle suivants :
· qualité de la conception technique ;
· traçabilité et complétude entre les
besoins et les spécifications fonctionnelles ;
· dimensionnement du plan de test : est ce que le projet
a des moyens humains (planification des ressources, formation des ressources)
et techniques (environnement de test, outils de test) adaptés pour
vérifier et valider le projet ?
· couverture fonctionnelle et technique du plan de test
: est-ce que le plan de test couvre les aspects fonctionnels, techniques, de
performance, de maintenance et de sécurité du projet ?
· qualité des procédures de
vérification : nombre d'anomalies projet, nombre d'incidents de
production ;
· mise en place d'une base de connaissance des anomalies
rencontrées afin de favoriser l'analyse causale.
Le projet EVCLI (système d'information de tenue des
comptes du Trésor et de la clientèle conventionnée),
commandité par la Banque de France et réalisé par le
groupement Thales Temenos, a subi d'importants problèmes de performance,
sans que leurs origines ne soient identifiées. Ce n'est que plusieurs
mois après la mise en production du projet, lors de l'audit de
l'application, que l'origine du problème a été
identifiée. En effet, l'architecture technique du produit s'est
avérée non conforme à la proposition contractuelle (la
solution n'intègre pas nativement le SGBD Oracle contrairement à
ce qui est indiqué dans la proposition commerciale).
L'audit du projet, et notamment le rapprochement du
schéma d'architecture technique (SAT) avec l'architecture applicative
proposée par le groupement lors de l'appel d'offres, aurait
47
permis d'identifier cette non-conformité et
d'éviter l'abandon (pour cette raison ainsi que d'autres) d'une
application qui aura coûté plus de 60 millions d'euros à la
Banque de France.
II.2.3.3. Qualité de l'intégration du
produit délivré par le projet
L'étude des domaines de processus «
intégration de produit » CMMI niveau 3 et dans une moindre mesure
« gestion de l'intégration du projet » PMBOK permet de
définir un ensemble de points de contrôle permettant à
l'audit de vérifier la capacité du produit délivré
par le projet à fonctionner dans le système d'information de
l'organisation.
L'audit pourra durant les principales phases (étude
préalable, spécifications et recette) du projet à analyser
:
· qualité de la planification de
l'intégration ;
· qualité des procédures d'intégration
du produit dans l'infrastructure technique ;
· qualité des procédures d'intégration
du produit dans le système d'information ;
· maîtrise de l'interfaçage inter
applicatif.
II.2.3.4. Qualité de la solution technique
délivrée par le projet
L'audit en s'appuyant sur le domaine de processus CMMI de
niveau 3 « solution technique » va s'assurer de la qualité des
développements en contrôlant que la conception, la construction et
l'implémentation du produit est conforme aux exigences
préalablement définies.
Pour cela l'audit va analyser les points de contrôle
suivants :
· robustesse de la solution : capacité de
tolérances aux erreurs d'utilisation et aux défaillances du
système ;
· fiabilité et disponibilité du produit
;
· évolutivité et maintenabilité du
produit ;
· exploitabilité et administrabilité du
produit ;
· performances du produit avec la volumétrie
réelle ;
· qualité de la documentation : est-elle
complète ? Est-elle à jour par rapport à l'état
d'avancement du projet ? est-elle utilisable et compréhensible par les
acteurs cibles ?
II.2.4. Vue d'ensemble
L'étude de la complémentarité des
référentiels CobiT, PMBOK, CMMI nous permet de standardiser le
programme d'audit de projet informatique de la manière suivante :
Thématiques d'audit Référentiels
Phase projet
48
Alignement du projet sur la stratégie
métier de l'entreprise et sur les choix des technologies de
l'information
Alignement du projet sur la stratégie Métier
|
CobiT : PO1 définir un plan informatique
stratégique
|
Etude préalable
|
Alignement du projet sur la stratégie technologique de
l'organisation
|
CobiT : PO3 déterminer l'orientation technologique
|
Etude préalable
|
|
Qualité de la conduite de projet
|
Maîtrise de la définition des exigences par le
projet
|
CMMI niveau 3 : développement des exigences CMMI niveau 2
: gestion des exigences PMBOK : gestion du périmètre du projet
|
Etude préalable, Spécifications
|
Maîtrise des coûts du projet
|
PMBOK : gestion des coûts
|
Etude préalable, Recette
|
Maîtrise des délais du projet
|
CMMI niveau 2 : planification du projet PMBOK : gestion des
délais du projet
|
Etude préalable et Réalisation
|
Qualité de la gestion des ressources humaines du
projet
|
PMBOK : gestion des ressources humaines CobiT PO7 : gérer
les ressources humaines de l'informatique
|
Spécifications et Recette
|
Qualité de la gestion contractuelle avec les
fournisseurs
|
CMMI niveau 2 : Gestion des accords avec les fournisseurs
PMBOK : gestion des approvisionnements du projet
|
Etude préalable
|
Qualité de la gestion des risques du projet
informatique
|
CobitT PO9 : évaluer les risques PMBOK : gestion des
risques projets CMMI niveau 3 : gestion des risques
|
tout au long du cycle de vie du projet
|
Qualité de la communication sur le projet
|
PMBOK : gestion de la communication
|
tout au long du cycle de vie du projet
|
|
Qualité du produit délivré par le
projet
|
Maîtrise de la démarche qualité du
projet
|
CMMI niveau 2 : gestion de la qualité du projet PMBOK :
gestion de la qualité du projet
|
Etude préalable
|
Qualité des processus de vérification et de
validation
|
CMMI niveau 3 : vérification CMMI niveau 3 :
validation
|
Recette
|
Qualité de l'intégration du produit
délivré par le projet
|
CMMI niveau 3 : intégration de produit PMBOK : gestion de
l'intégration du projet
|
Etude préalable, Spécifications, Recette
|
Qualité de la solution technique
délivrée par le projet
|
CMMI niveau 3 : solution technique
|
Recette
|
|
Cette synthèse nous permet de mettre en
évidence que le moment le plus opportun pour mener un audit de projet
informatique est durant la phase d'étude préalable. En effet, les
objectifs du projet et les moyens pour y parvenir sont alors clairement
définis, et les réorientations faisant suite aux recommandations
de l'audit sont toujours possibles.
49
Conclusion
Réaliser des audits de projets informatiques est
primordial pour les entreprises dotées d'un système d'information
complexe, évoluant dans un environnement de forte compétition
économique, où les projets informatiques ont un enjeu
stratégique.
En effet, l'audit permet de réorienter judicieusement un
projet informatique à la dérive en :
· proposant des pistes d'amélioration rapidement
implémentable afin de réorienter les faiblesses du management
;
· formulant des recommandations sur la stratégie
de réalisation, en particulier sur l'adaptation du cycle de vie projet,
le mode d'organisation, le découpage en lots fonctionnels du projet,
afin de respecter au mieux les objectifs du projet.
Pour appréhender la complexité inhérente
aux projets informatiques, la stratégie d'audit doit être
bâtie autour d'un référentiel couvrant l'ensemble du
périmètre, tout en prenant en compte les
spécificités propres à chaque projet. Cependant, il
n'existe pas de référentiel parfait, et tout l'enjeu
réside dans la compréhension de la complémentarité
qui peut exister entre tous les standards du marché.
L'étude de la complémentarité des
référentiels CobiT, PMBOK et CMMI a permis de définir un
ensemble de points de contrôle organisés autour de trois grands
axes d'audit :
· alignement du projet sur la stratégie
métier de l'entreprise et sur les choix des technologies de
l'information ;
· qualité de la conduite de projet ;
· qualité du produit délivré par le
projet.
L'analyse approfondie de ces axes d'audit au travers des
processus des référentiels étudiés a permis de
définir un ensemble de points de contrôle appropriés aux
enjeux du projet et de l'organisation qui seront analysés durant la
phase de réalisation de la mission.
L'audit des projets informatiques a pour mission de
réorienter un projet à la dérive. Au delà de cet
objectif apparent, la finalité profonde de l'audit de projet
informatique est de constituer un réel outil de progression dans les
organisations à travers l'optimisation des processus de
développement et de conduite de projet.
50
Néanmoins, au regard des publications et des pratiques
du domaine de l'audit, un élément pourtant essentiel à la
réussite des projets n'est pas pris en compte : la compétence des
acteurs du projet.
En effet, l'aptitude d'une personne à résoudre
un problème, par la connaissance approfondie qu'elle possède dans
un domaine constitue une compétence. Cette aptitude provient d'un
ensemble de savoirs, d'attitudes et de capacités à agir qui ne
sont pas mesurables au travers des référentiels
étudiés.
En effet, deux projets s'inscrivant dans une même
stratégie organisationnelle, ayant les mêmes processus de conduite
de projet et de développement, peuvent obtenir des résultats
significativement différents. Cela ne tient pas aux différences
cognitives des personnes, mais à toute la valeur du patrimoine
intangible de compétences qu'elles ont acquises au travers de leurs
expériences.
Ainsi, pour couvrir en totalité la complexité
d'un projet informatique, un nouvel axe d'audit peut être défini :
la gestion des connaissances.
La gestion des connaissances est l'ensemble des
méthodes et des techniques permettant de percevoir, d'identifier,
d'analyser, d'organiser, de mémoriser, et de partager des connaissances
entre les membres de l'organisation.
La volonté d'une organisation pour qu'un individu
augmente son savoir et son expérience, ou encore développe de
nouveaux talents et de nouvelles aptitudes, signifie avant tout s'inscrire dans
une démarche d'amélioration continue et se traduit pour
l'organisation en gain de productivité, en une meilleure maîtrise
des décisions et des choix stratégiques, en vue d'atteindre les
objectifs fixés.
51
Tables des illustrations
FIGURE 1 : PRINCIPAUX ECHANGES ENTRE MOA ET MOE 9
FIGURE 2 : ORGANISATION DES PRINCIPAUX ACTEURS DU PROJET
10
FIGURE 3 : SYSTEME D'INFORMATION ET AUDIT DE PROJET
INFORMATIQUE 17
FIGURE 4: DEROULEMENT D'UNE MISSION D'AUDIT 20
FIGURE 5 : PARTICULARITE DES PROJETS CIBLES D'AUDIT 22
FIGURE 6 : ARCHITECTURE DU COBIT 28
FIGURE 7 : NIVEAUX DE MATURITE DU CMMI 30
FIGURE 8 : BENEFICES OBTENUS EN METTANT EN OEUVRE UNE
DEMARCHE CMMI 33
FIGURE 9 : DOMAINES DE PROCESSUS ET PROCESSUS DU PMBOK 36
FIGURE 10 : UTILISATION DES REFERENTIELS DANS LES ENTREPRISES
37
FIGURE 11 : TRIANGLE PROJET 40
52
Annexes
Annexe 1 : cycle de vie d'un projet informatique
à la Banque de France
53
Annexe 2 : liste des principaux risques des projets
informatiques
Facteurs humains :
· mauvaise affectation des tâches ;
· non-définition précise du rôle des
acteurs ;
· manque de motivation ;
· manque de communication ;
· conflits de personnes ;
· rétention d'informations ;
· règlement de compte ;
· indétermination du décideur financier du
projet ;
· indétermination des acteurs du projet ;
· jalousies ;
· prises de décisions sans consultation du chef
de projet ;
· vouloir faire plaisir à tout prix ;
· chef de projet inexpérimenté ;
· vouloir faire un chef-d'oeuvre.
Mauvais suivi du projet :
· glissement non maîtrisé à temps
;
· chemin critique non optimisé ;
· manque de réunions de validations ;
· trop de sous-traitance ;
· manque de date de validation des phases et des
paiements.
Mauvaises spécifications :
· règles de gestion vagues, incomplètes,
instables ;
· mauvaise analyse du besoin. ;
· mauvaise définition de la charte graphique ;
· mauvaise compréhension du système
d'information ;
· obsolescence rapide du besoin (temps de retour sur
investissement) ;
· cahier des charges incomplet.
Mauvaise réalisation :
· techniciens incompétents ;
· développement non optimisé ;
· tests partiels ;
· pas de groupe utilisateurs ;
· chef de projet toujours indisponible ;
· manque de moyens matériel ou logiciel ;
· contraintes négligées, mauvaise
organisation des phases et étapes ;
· peu ou pas de documentation décrivant le
fonctionnement du système informatique ;
· programmeurs inexpérimentés (formation
sur le tas).
Mauvaise estimation :
· imprécisions en terme financier (sous
évaluation) ;
·
54
délai imprécis ;
· sous évaluation du BFR (besoin en fonds de
roulement) ;
· oublis des charges comme les communications, les
fournitures, les déplacements, restaurants.
Annexe 3 : Liste des principaux cycles de vie des
projets informatiques4
4 Source : CHARVAT J, Project Management Methodologies,
Wiley 2003
55
Glossaire
BCN
|
Banque Centrale Nationale.
|
CMMI
|
Capability Maturity Model Integration.
|
CobiT
|
Control Objectives for Information and related Technology.
|
DOSI
|
Direction de l'Organisation et des Systèmes
d'Information
|
IEEE
|
Institute of Electrical and Electronics Engineers.
|
ISO
|
International Organization for Standardization
|
MOA
|
Maitrise d'ouvrage.
|
MOE
|
Maitrise d'oeuvre.
|
PA
|
Process Area.
|
P-CMM
|
People Capability Maturity Model.
|
PLC
|
Project Life Cycle.
|
PMBOK
|
Project management body of knowledge.
|
PMI
|
Project Management Institute.
|
PMP
|
Project Management Professional.
|
Procédé
|
Désigne une méthode utilisée en vue
d'obtenir un résultat déterminé.
|
Procédure
|
Désigne un ensemble de règles auxquelles il
faut se soumettre, dans une situation déterminée.
|
Processus
|
Désigne un ensemble d'opérations successives,
organisées en vue d'un résultat déterminé.
|
SAT
|
Schéma d'Architecture Technique.
|
SEBC
|
Système Européen de Banque Centrale.
|
SEI
|
Software Engineering Institute.
|
SGBD
|
Système de Gestion de Base de Données.
|
SI
|
Système d'Information.
|
SSII
|
Société de Service en Ingénierie
Informatique.
|
TI
|
Technologie de l'Information.
|
|
56
Bibliographie et autres sources
Ouvrages :
· PERSSE J, Process Improvement Essentials,
O'Reilly 2006.
· MORLEY C, HUGUES J, LEBLANC B, HUGUES O, Processus
métiers et systèmes d'information, Dunod, 2004.
· GEORGEL F, IT Gouvernance : maîtrise d'un
système d'information, Dunod 2005.
· CHARVAT J, Project Management Methodologies,
Wiley 2003.
· AIM R, La Gestion de Projet Introduction historique -
Concept de projet - Méthodes de gestion - Structure organisationnelle -
Communication, Gualino 2007.
· BOUTINET JP, Psychologie des conduites à
projet, PUF, 1993.
· BOUTINET JP, Anthropologie du projet, PUF,
2005.
· CHRISSIS MB, KONRARD M, SHRUM S, CMMI 2ème
édition, Pearson Education 2008.
· SCAMPI Upgrade Team, Standard CMMI Appraisal Method
for Process Improvement, SEI 2006
· PMI Project Management Institute, PMBOK Guide Third
Edition, Project Management Institute 2004.
· IT governance Institute, CobiT v 4.1, IT
governance institute 2007.
· IT governance Institute, Mapping of CMMI v1.2 and
CobiT 4.0, IT governance institute 2006.
· BALMISSE G, Guide des outils du Knowledge
management, Broché 2004
· LEVY A, La gouvernance des savoirs,
Broché 2003
Sites internet :
·
www.theiia.org Institute of Internal
Auditors.
·
www.ifaci.com Institut
Français de l'Audit et du Contrôle Interne.
·
www.isaca.org Internal Systems Audit
and Control Association.
·
www.afai.asso.fr Association
française de l'audit et du conseil informatique.
·
www.itgi.org IT Governance
Institute
·
www.sei.cmu.edu Software
Engineering Institute.
·
www.cigref.fr Club informatique des
grandes entreprises françaises.
·
57
www.pmi.org Projet Management
Institute
·
www.pmi-fr.org Partie
française du Project Management Institute.
·
www.ogc.gov.uk Ensemble d'ouvrages
ITIL.
Documentation interne à la Banque de
France:
· Méthodologie interne (Melodic).
· Support de formation (audit de projet
informatique).
· Bilan missions d'audit.
Documentation interne à l'entreprise
Capgemini :
· Méthodologie interne (Deliver).
· Support de formation (gestion de projet
informatique).
Cours :
· ISC Paris, Audit interne et ingénierie des
organisations, Mr Liottier
· EPSI, Gestion de projet, Mr Goy
|