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L'imaginaire médiéval au prisme de la série Kaamelott d'Alexandre Astier


par Carole HENRY
Université de Nice Côte d'Azur - Master  2001
  

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Annexes

Annexe 1 : Questionnaire aux acteurs Kaamelott : Jean-Robert Lombard (Père Blaise), Loïc Varraut (Venec) et Alain Chapuis (Le Tavernier)

EN MATIERE DE CONNAISSANCE DU MATERIAU INITIAL

· La série a-t-elle été l'occasion pour vous de découvrir le « cycle arthurien » (ensemble des écrits et chansons médiévales autour du roi Arthur, de la Table Ronde et de la quête du Graal) ou y étiez-vous déjà familier ?

Jean-Robert Lombard : Non ça a été une découverte pour moi, j'ai rencontré des gens qui ont écrit des bouquins sur le sujet, ça m'a permis de découvrir le mythe arthurien d'une autre manière que les films que j'avais vu auparavant.

Loïc Varraut : Non, j'étais pas du tout familier du cycle arthurien avant, j'ai essayé de m'y plonger effectivement, notamment dans le livre originel de Chrétien de Troyes, de me plonger dans cette mythologie. Mais très honnêtement, j'ai baissé les bras devant la multitude des textes et des interprétations. Il y a eu un ouvrage d'historiens, à la suite de la parution des premières saisons de la série, qui a été je trouve un livre de vulgarisation historique assez passionnant, sur le Moyen Age lui-même qui est beaucoup plus long ce que qu'on se l'imagine. Et qui disait en substance que chaque époque avait son interprétation de l'époque arthurienne et chaque interprétation était le reflet de l'époque en question. C'était une légende qui n'avait de cesse d'être réinventée.

Alain Chapuis : Je connaissais un peu comme tout le monde Chrétien de Troyes etc... mais quand Alexandre a mis ça sur la table j'étais étonné. Il me dit « ça va s'appeler Kaamelott » et j'ai mis quelques secondes à me souvenir que c'était le château... Je ne savais pas très précisément mais je me suis replongé dans cette histoire, bien que mon rôle s'en éloigne beaucoup et demande juste à incarner un personnage dans des mises en situations. J'aimais beaucoup Merlin l'enchanteur, j'avais lu un bouquin là-dessus de Barjavel et puis quelques films comme Excalibur.

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Quelles ont été les recommandations d'Alexandre Astier : lire d'après les manuscrits médiévaux ou apprendre à connaître la légende par le prisme du scenario ?

Jean-Robert Lombard : Aucune, rien du tout.

Loïc Varraut : Non absolument pas. Au contraire même, c'est-à-dire que sa tendance est plutôt d'aller conserver la fraîcheur de ses interprètes sur les sujets, les situations, les textes à jouer. Il n'est pas du genre à demander un travail d'acclimatation ou d'adaptation à ses acteurs non, pas du tout.

· Jouer ce thème vous a-t-il donné l'envie d'approfondir le sujet pour votre propre culture ?

Jean-Robert Lombard : Pas forcément, même si j'aime énormément l'histoire et même l'histoire « parallèle » on dira, le mythe arthurien en lui-même n'est pas une passion pour moi.

Loïc Varraut : Pour ce qui est du « cycle arthurien » stricto senso, c'était trop compliqué pour moi. C'est ma nature d'aller me documenter un peu, d'habitude je le fais plus que ça, mais là c'était très complexe et l'histoire portée par la mythologie n'était pas assez limpide pour que je m'y intéresse plus que ça.

Alain Chapuis : Oui forcément, même si j'avais joué un rôle comme celui de Lancelot ou un chevalier, sans doute que je me serai encore plongé là-dedans. En fait, j'ai fait des études d'histoire avant et j'étais intéressé d'une manière générale par la légende, les légendes, comme point de départ pour broder autour. Je trouve ça assez intelligent de d'avoir tout un canevas où les personnages sont là et existent. Par exemple une fois on parlait de faire un truc sur Jésus et les apôtres, c'est plus délicat mais voilà, on les connait, y a des grandes choses comma ça. Et je sais qu'Alexandre aimait beaucoup les légendes c'est-à-dire que ce soit Stars Wars, ces grandes idées qui sont souvent assez bibliques, des grands symboles, tout comme la mythologie grecque, latine. On a souvent plein de points de comparaison.

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LES PERSONNAGES ET LEUR CONSTRUCTION

· Alexandre Astier l'affirme, il recrute avant d'écrire. Les rôles étants pensés et écrits en fonction du parcours et des traits de personnalité de chaque comédien, en quoi le vôtre reflète-il votre personnalité ?

Jean-Robert Lombard : Peut-être dans le côté un assez « sans rire » et un petit peu blasé.

Loïc Varraut : Je crois que c'est ma spontanéité et mon côté grande gueule un peu sympathique, qui était un trait de la personnalité il y a 15-20 ans, parce que ça commence à dater, mon je connais Alexandre depuis 20 ans. Donc je pense que c'est ça qui lui a inspiré le rôle de Venec c'est-à-dire mettre des horreurs dans la bouche d'un type plutôt à l'aise et sympathique.

Alain Chapuis : Quand on s'est connus avec Alexandre, on aimait bien les personnages de petites gens, comme le tavernier, ce sont de bons gars. J'aime assez ces vérités qui sont dites par des gens simples. Et moi je suis fils de commerçant, donc il connaissait cette vision de la vie. Moi j'aime beaucoup aller sur des marchés, notamment ceux où on voit plein de gens, dans les cafés, dans les magasins. C'est pour ça qu'il m'a proposé le rôle du tavernier, sachant que c'était aussi un truc où j'vais l'habitude. A un moment donné j'ai joué dans un sketch où je faisais un personnage populaire, avec des valeurs, voilà pour moi il a puisé là-dedans.

· Quel est votre/vos personnage(s) préféré(s), dans la légende et dans la série, et pour quelle(s) raison(s) ?

Jean-Robert Lombard : J'aime beaucoup Merlin, avec lequel je pense, j'aurai dû faire un binôme, c'est-à-dire Père Blaise le christianisme et Merlin le paganisme, ça aurait fait quelque chose de franchement balèze. Malheureusement Astier est passé à côté de ça je trouve ça dommage. Léodagan aussi, sans parler de Perceval, qui en plus est un gars super sympa.

Loïc Varraut : C'est un peu compliqué parce que certains des personnages sont mes ami (rires). Mais je suis comme tout le monde j'ai un attachement pour le duo Perceval et Karadoc parce qu'ils sont particulièrement bien écrits, Alexandre y a pris un plaisir particulier et ça se sent, et puis les deux hommes derrière les rôles sont particulièrement attachants. Après sur les personnages eux-mêmes, après Alexandre dans son écriture en a fait autre chose, mais le

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personnage de Merlin. Il porte une forme de bienveillance paternelle à l'égard d'Arthur et la magie est un peu la forme poétique de l'époque quoi.

· Alexandre Astier confie qu'on ne plaisante pas avec la comédie : c'est le genre théâtral qu'il faut appréhender et travailler avec le plus de sérieux. Quant au traitement des personnages, largement tournés au ridicule, quel est votre point de vue sur la question ? Pensez-vous que ces héros légendaires perdent de leur prestige en étant traités comme des idiots, cela participe-t-il à les rendre attachants aux yeux du public, ou autre ?

Jean-Robert Lombard : Je crois que force est de constater que ça les as rendu sympathique auprès du public. Maintenant, Alexandre a traité cette histoire à sa manière et ce qu'il a fait des personnages, évidemment dans le vrai mythe arthurien Perceval n'était pas comme ça, à l'époque on ne faisait pas des aventures avec des débiles, ça aurait beaucoup moins bien marché. Je pense que les rouages de l'humour n'étaient pas les mêmes. Je pense qu'il y a fortes chances, et ça a été prouvé par le succès de la série, que la manière dont Astier a appréhendé ses personnages fonctionnait très bien.

Loïc Varraut : Je me méfie du fait de dire qu'ils sont traités comme des idiots, parce qu'inévitablement ils le sont, enfin ils sont un peu en retard sur certains sujets, mais sur d'autres pas du tout. Ils ont tous un trait de personnalité ou de caractère qui les sauve. Ils ne sont jamais entièrement traités comme des idiots par Alexandre. C'est la vision des spectateurs peut-être mais ce n'est pas le moteur de l'écriture, ça n'est pas « je vais me moquer des idiots ». Après effectivement ils sont dans des situations qui les dépassent, pour lesquelles ils n'ont pas les compétences. Donc ils ont tous des valeurs, ils ont un regard naïf et enfantin sur un monde dont la complexité les dépasse et en cela ça les rend attachant de mon point de vue.

Alain Chapuis : Ça dépend, parce que pour moi Perceval par exemple n'est pas un idiot c'est un naïf, un candide si je puis dire même si c'est anachronique. On dit que dans la légende arthurienne lui-même parfois trouve le graal mais ne s'en rend pas compte. C'est un personnage d'une très grande candeur. Par exemple dans la série Friends, Joey est aussi d'une grande candeur, qui le confine à la bêtise. Et y a du Friends dans Kaamelott, c'est une référence pour Alexandre. Lui il a même en plus une sorte d'autisme Asperger, il compte très vite. Alors il y a

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des personnages carrément stupides effectivement, je pense qu'Yvain et Gauvain par exemple le sont, ils ont leur logique à eux. Lancelot n'est pas stupide tout comme dans la légende, Léodagan non plus. Karadoc un peu mais je ne le connaissais pas vraiment ce personnage dans la légende. Mais ce qu'il en a fait c'est qu'ils sont tous attachant du fait de leur particularité. Et on sait qu'avant tout c'est le roi qui a un super objectif, celui de trouver le graal, et puis un objectif quotidien qui est de faire tourner la baraque au royaume de Logres. Malgré la bêtise il y a quand même de la légende, de la magie, de grandes espérances. Alors évidemment c'est moins épique que si c'était tous des preux chevaliers aux logique impeccables. Là c'est aussi la volonté de rire, comme dans les tontons flingueurs où ils sont assez stupides et c'est ce qui va donner de la couleur et surtout du rire pour le public.

EN MATIERE D'IMPORTANCE DU PHENOMENE

· Avez-vous été surpris de l'engouement qu'a suscité sur le long terme la diffusion de Kaamelott ? Pour quelles raisons selon vous le public a-t-il accroché ?

Loïc Varraut : A l'époque franchement, on avait à peine trente ans, je n'étais pas très réceptif à la notoriété audiovisuelle, je ne le suis toujours pas d'ailleurs. J'étais attentif à la qualité de l'écriture et des histoires, j'avais déjà joué au théâtre avec Alexandre et les pièces cartonnaient auprès du public, dans des proportions moindres parce que c'était du théâtre et puis il n'était pas connu, personne ne l'était, à chaque fois ça faisait des tabacs. Donc sur sa capacité a emporté les spectateurs avec lui, sur l'engouement que ça pouvait créer non ça ne m'a pas surpris. Ce qui m'a surpris c'est une fois que la série a été terminée, l'importance qu'elle a prise dans les 10 ans qui ont suivi.

Alain Chapuis : Oui on ne peut pas s'imaginer que ça marche aussi fort. 10 ans après la diffusion ça repassait en boucle sur les chaines du groupe M6 avec de très bons scores d'audience, avec des pages qui se sont fédérées sur Facebook, des feeds Instagram. Il y a vraiment une communauté énorme. Pour sortir un film en temps de covid, avec le pass sanitaire donc limité à 50 par projection et qu'il fasse d'entrées, c'est absolument incroyable. Je le dis d'autant plus qu'il faut reconnaitre qu'Alexandre a fait quelque chose qui va au-delà du rire. Il a tellement de thèmes abordés, le texte est tellement bien écrit au niveau des dialogues, on balaye tellement de sujets : on parle de torture, d'homosexualité, de rapport hommes/femmes, de hiérarchie et le tout avec beaucoup d'humour et de dérision. Et puis je pense qu'il y a, même

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s'il passe leur temps à s'engueuler, pas mal d'amour. J'ai rencontré des gens, et ça m'a été reconfirmé après par Joëlle [mère d'Alexandre Astier], qui m'ont témoigné de ça dans la rue. Je vais même vous raconter un jour je rencontre un couple, et cette dame de 40-45 ans me dit « Kaamelott m'a sauvé la vie ». C'était au festival d'Avignon, alors on s'assoit boire un coup et elle me disait « j'étais en pleine dépression, ça ne va pas du tout, ma vie est terrible ». Elle est tombée sur Kaamelott par qu'on lui a donné un DVD. Elle a mis un pied là-dedans et elle dévoré toute la série. Et elle a trouvé une famille, des rapports humains, un monde, un univers, des références. On passe notre temps à nous engueuler mais au moins on parle, on échange, on ne se comprend pas, on gueule. Et Alexandre me dit moi j'ai ça pratiquement tous les jours. C'est très très fort, ça va au-delà de la série. Tout le monde y trouve un type de personnage, un type de situation, certains n'aiment pas tout mais il y tellement de numéros... En tout cas c'est de la magie lorsqu'un artiste trouve son public, c'est absolument génial. En plus en humour ça peut tellement tomber à côté, alors je trouve ça très émouvant. Donc je trouve qu'il y a quelque chose de cosmique (rires) enfin je ne sais pas quoi...

Après pour prendre un peu de recul, je connais des comédiens qui jouent dans Plus Belle la Vie, qui me disent que c'est un autre public mais il y a une grande dévotion, c'est aussi une série qui a sauvé la vie a beaucoup de gens. On y trouvait aussi une famille et ça c'est important. Je pense que Johnny Hallyday, Barbara aussi, qu'on aime ou qu'on n'aime pas, ont sauvé la vie à beaucoup de gens. Certains artistes, spectacles ou films cultes ont cette vertu-là, ils nous aident, ils sont des secours. Je ne saurais pas plus l'analyser, mais en tout cas je le constate. Il y a des gens qui sont complètement « radicalisés » à Kaamelott, qui connaissent tout par coeur. Ils nous croisent et ils nous citent des anecdotes, des répliques et nous on a tourné ça il y a 12 ans donc on ne connait plus forcément tout par coeur. C'est une passion.

· Dans quelle mesure avez-vous été sollicité par des fans, par des organisateurs de convention ou autre pendant :

- Les années de diffusion de la série, soit de 2005 à 2009 ?

- Les 12 ans suivants, de rediffusion permanente des épisodes à la télévision et en DVD ?

- Aujourd'hui, et notamment depuis la sortie du film ?

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Jean-Robert Lombard : Après seulement, quelques-unes ces dernières années et là pour l'année qui arrive j'en ai 2-3 qui se préparent. Je suis aussi de temps en temps sollicité par des fans pour célébrer des mariages par exemple, ce que je refuse parce que je ne suis pas là pour faire ça. Le public n'a parfois pas la notion que derrière un personnage il y a un être humain et rien d'autre. Dans les conventions c'est quelque chose de formel donc aucun problème, mais autrement non.

Loïc Varraut : Un petit peu, puisque que mon personnage est secondaire et que je ne suis moi-même pas très exposé au niveau médiatique, donc c'est resté très raisonnable honnêtement.

Alain Chapuis : Moi on ne me reconnait pas forcément, dans la vie je ne suis pas vraiment comme mon personnage, je compose quand je l'interprète. Parfois ça peut être difficile pour certains, je pense à l'actrice qui joue le personnage de Mévanwi (personnage détestable), dans la rue il y a beaucoup de gens premier degré, où elle se fait traiter de mocheté, de boudin, comme dans la série. C'est un peu emmerdant. Moi on me dit plutôt « aller on fait un cul de chouette » alors ça, voyez, c'est plutôt rigolo, c'est sympathique. Parfois le public ne fait pas de différence entre le rôle et le comédien, la fiction et la réalité.

· Le succès serait-il en partie lié à la dimension « familiale » de la série, donnant l'impression au spectateur d'entrer de manière privilégiée au coeur d'un petit monde où tout le monde se connaît, comme lorsque l'on va au théâtre ?

Jean-Robert Lombard : Pas du tout, si vous dites ça à Alexandre Astier il vous dire que non, il n'y a pas de troupes d'acteurs, pour lui ça n'existe pas. Là il y a un spectacle théâtral avec quelques acteurs de Kaamelott mais il n'est pas question de troupe.

Loïc Varraut : Oui absolument. Alors il y a plein de choses, c'est d'abord un grand auteur donc le succès est lié à la qualité de celui qui écrit, qui réalise, qui compose les musiques, qui réalise le montage et qui joue. Après on pourrait faire mille analyses différentes qui seraient toutes justes, c'est un enfant du théâtre, il a écrit beaucoup en famille et avec des groupes de proches, des amitiés professionnelles fortes et peu nombreuses. Donc oui on a l'idée de clan et même de famille. Evidemment, la notoriété aidant il y a quelques stars qui sont venus jouer dans la série et dans le film. Mais la vérité c'est que nous, les acteurs historiques de Kaamelott, ne sommes pas très connus, on a nos activités théâtrales d'abord. Et puis nous sommes une équipe proche

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humainement des gens et ça les fans le ressentent et ça participe au succès de la série en créant une proximité avec le spectateur.

Alain Chapuis : C'est un peu ça quand même, parce qu'au départ ce sont des comédiens de théâtre, à 90%. Je pense qu'il y a un côté grande famille, avec une façon très bienveillante de travailler. Alors parfois on peut un peu s'engueuler sur le plateau, parce qu'il faut tourner et mettre en boîte tant de minutes par jour, ce sont des rythmes un peu difficiles. Là, c'est avant tout familial, on sait pourquoi on est là. On fait ça parce que ça nous fait plaisir de mettre en forme ce qu'a créé Alexandre. On a envie de faire au mieux par rapport à ce qu'il a écrit. Et ça se ressent je pense. Personne n'a tendance à tirer trop la couverture puisqu'on joue ce qui est écrit et on ne va pas en faire plus parce que ce serait idiot, il ne faut pas essayer de changer le texte inutilement. Je pense que les gens se rendent compte et puis se disent qu'il y a pas mal de respect par rapport au créateur. Comme il a écrit, il filme, il joue le personnage principal, il fait la musique, il supervise le montage et il est aussi producteur, donc tout le monde se dit que c'est vachement bien, dans un monde télévisuel ou parfois il y même 25 personnes qui écrivent, dialoguistes, comme sur Scènes de ménage, là il y en a qu'un qui fait tout. Au moins c'est vachement plus cohérent et si l'on n'aime pas c'est qu'on n'aime pas l'écriture d'Alexandre et si l'on aime, on aime cet univers cohérent d'un créateur.

· Si le ton plus sérieux et dramatique des livres V, VI et de KV1 avait été adopté dès le début de la série, cela aurait-il modifié, selon vous, l'attrait pour Kaamelott ? Autrement dit, l'évolution du genre participe-t-elle au succès ?

Jean-Robert Lombard : Oui tout à fait, il y aurait eu fort à parier que ça n'aurait pas eu le même impact sur le public, c'est pour ça que c'est très intelligent de la part d'Astier d'avoir fait les quatre premières saisons drôles, attachantes et sympathiques et ensuite à partir de la cinquième partit dans plus du film, de l'épique. Je pense que ça été reçu de manière des diverses. Quand on m'en parle je vois que certains ont aimé ce changement de ton, d'autres pas du tout, mais ensuite ce sont les goûts et les couleurs.

Loïc Varraut : Oui je pense que ça n'aurait pas eu même succès. Je pense que ce succès de Kaamelott vient en grande partie de l'artisanat des débuts et du modèle court et très comédie des premiers épisodes. Ensuite, une fois les gens acclimatés à l'esprit, adoucis par la forme, par la comédie, par la qualité de l'écriture, Alexandre a réussi à les amener sur un terrain plus

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existentialiste, sombre, un peu plus épique. Mais il y en a beaucoup qui ont décroché, il fait dire la vérité, il y a une partie du public initial qui a décroché au changement de ton. Je pense que ça a été le bon parcours, que s'il l'avait fait dans l'autre sens ça aurait été plus compliqué. Enfin non il ne l'aurait même pas choisi, il faut se rappeler que Kaamelott arrive ça doit prendre la suite de Caméra Café donc 3 minutes, gags au format court, il n'y a pas de costumes, il n'y a pas de décors et les mecs d'M6 ils veulent le même format.

Alain Chapuis : Alors beaucoup ne pensent pas comme moi, mais je pense que le meilleur ce sont les quatre premières saisons. Cette écriture, surtout ce sens du dialogue là est absolument rare et incroyablement fort. Après, quand on est sur des choses plus longues comme la cinq et la six, pour moi ça a moins d'intérêt. Après je dis ça alors que j'ai revu la cinq, en plus je suis pas mal dedans, chaque scène est sympa mais je trouve que ça se justifie à mort, c'est bien plus flamboyant sur le 3 minutes 30 ou les 7 minutes des premières. Après sur les 40 minutes ou 50 minutes, comme c'est ce même type de tournage champ contre champ et un petit travelling de temps en temps, comme c'est plus cinématographique, il faut casser le rythme du champ contre champ et du dialogue. C'est pour ça que je préférais la version courte il n'y a vraiment pas de déchets sur les premières saisons. Après il y a de très bons moments dans les deux dernières mais je les trouve un peu répétitifs. C'est mon ressentit. C'est tellement drôle les premières, avec un texte qui peut sonner, ça claque quoi (rires).

POUR LES COMEDIENS DE FRACASSE (pièce écrite par Loïc Varraut et Jean Christophe Hembert, deux comédiens de Kaamelott).

· Vous jouez actuellement une pièce réunissant plusieurs membres du casting de Kaamelott. Ayant moi-même assisté à sa représentation, j'y ai retrouvé une certaine « ambiance » Kaamelott, notamment dans l'humour très décalé et la bêtise

de certains personnages.

· Pensez-vous que la série ait pu influencer, ou du moins laisser des traces, dans la manière d'écrire et de performer d'autres productions artistiques aujourd'hui ?

Loïc Varraut : Un peu oui, c'est difficile à dire parce que l'écriture de Kaamelott ça n'est pas une écriture qui fait école. C'est la production d'un homme. On peut aller chercher, dans

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l'histoire du cinéma et de l'écriture des dialogues et des scenarios, des inspirations, des manières de faire. C'est difficile de s'inspirer d'Alexandre Astier. Je veux dire tout ceux qui ont essayé, et là ils ont sorti sur M6 une série un peu similaire [La petite histoire de France] où ils ont pensé que c'était une formule, ils se sont dit on fait un truc d'époque et puis on fait parler les gens de manière moderne et c'est un bide absolu, c'est affligeant, c'est très très mauvais. Et je n'emploie pas souvent ce terme. Donc en fait, il n'y a qu'Alexandre pour faire ce qu'il fait. Ça lui ressemble tellement, c'est tellement personnel que je ne pense pas qu'on puisse s'inspirer de sa manière de faire.

· La série ayant prouvé que la reprise d'histoires médiévales plaisait au public, cela donne-t-il envie aux metteurs en scène de rendre accessibles par le théâtre d'autres périodes historiques, comme ici en l'occurrence le XVIIe siècle ?

Loïc Varraut : Non ça n'a rien à voir. Jean Christophe Hembert il est metteur en scène de théâtre, il l'était avant Kaamelott, c'est même lui qui est allé mettre la main sur Alexandre Astier. Il est le premier à avoir mis en scène des textes d'Alexandre Astier et bien avant de le connaitre il mettait déjà en scène des pièces de théâtre classique, Shakespeare notamment. Il a un parcours dans Kaamelott pendant 15 ans de sa vie, mais il a eu un parcours avant et il en a un après. Donc non ça n'a rien à voir, la démarche n'est pas la même. Hembert, dans le cadre de son travail de metteur en scène, il a trouvé intéressant de réhabiliter ce texte de Théophile Gautier qui souffrait de notre point de vue en même temps d'une grande popularité et d'une imagerie désuète. On s'est dit c'est le moment d'adapter ce roman au théâtre, et d'ailleurs la langue est celle de Gautier, elle n'est pas contemporaine. La manière dont on raconte cette histoire est plus « pop » disons, on est allés s'inspirer bien sûr des techniques de scénarios, notre adaptation a été très scénaristique, on a utilisé des outils modernes pour adapter ce texte du XIXe. Mais la langue est la même donc la volonté de rendu n'est pas la même, ça n'est pas une oeuvre contemporaine alors que Kaamelott est une oeuvre contemporaine.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon