Risque environnementaux et ajustement d'un modèle numérique de terrain pour la maà®trise des risques d'inondation à Ouagadougou : cas du quartier Gounghinpar Abdoulaye RABDO Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne - Master 2 2010 |
CONCLUSION PARTIELLELe contexte générale et la méthodologie qui est utilisé dans le cadre de cette étude est abordé dans ce chapitre pour permettre une compréhension de l'étude. Le cadre d'analyse ici est en quelque sorte un glossaire de nos travaux afin de mieux saisir les concepts et définitions des termes clé du sujet abordé. La forte urbanisation de la ville due à sa pression démographique est un facteur important à considérer dans l'installation anarchique des populations dans la capitale burkinabè. Les données collectées et leurs modes d'analyse par les logiciels SIG permettent une cartographie des principaux concepts développés dans ces travaux à savoir : la vulnérabilité et le risque d'inondation. A travers ce chapitre premier, les travaux existant ou en cours de réalisation dans le cadre des risques d'inondation nous indiquent que le risque d'inondation existe lorsque nous prenons en compte l'aléa et la vulnérabilité des populations de la zone concernée par notre étude. Le problème ainsi posé et la définition des concepts abordés, cela permet de mettre en relief les facteurs physiques et anthropiques dans le cadre des risques d'inondation à Gounghin dans le deuxième chapitre. 18 CHAPITRE DEUXIEME : LES FACTEURS NATURELS, ANTHROPIQUES ET LES ACTIONS AVANT COUREUR DES CRISES D'INONDATION À GOUNGHIN I - LES FACTEURS NATURELS ET ANTHROPIQUES DANS LES RISQUES D'INONDATION I.1. Les facteurs naturels L'action combinée des caractéristiques du milieu physique, climatiques et hydrographique conditionne l'apparition des inondations et leur importance. I.1.1. Les caractéristiques géomorpho-pédologique Le relief et les sols sont des facteurs qui permettent de comprendre l'implantation des hommes dans certaines zones. Ils expliquent la forte concentration par endroit et le sous peuplement de certaines terres. I.1.1.1. L'aspect géomorphologique La morphologie de la région de Ouagadougou est celle d'une plaine d'altitude moyenne de 300 m. Le relief est constitué par des buttes de cuirasses latéritiques au Sud-ouest, à l'Ouest et au Nord (altitude 320 m). La cote la plus basse de 282 mètres correspond au lit du Massili au Nord-est de la ville (Yaméogo, 2008). I.1.1.2. La topographie L'arrondissement de Baskuy, comme la commune urbaine de Ouagadougou, est bâti sur une vaste plaine faiblement ondulée, façonnée dans le socle précambrien, coiffée d'une cuirasse ferrugineuse plus ou moins disséquée. Les pentes sont en effet faibles et varient entre 0,5 et 1% (Yra, 2001). Les gradients de pente sont propices à la formation de ruissellement. En effet, sur un terrain plat, à faible pente comme celui de la ville de Ouagadougou, les eaux ont tendance à stagner et à s'infiltrer sous l'influence de la gravité. Cette infiltration dépend également du substratum géologique et de la nature des sols. I.1.1.3. Les paramètres géologiques La commune urbaine de Ouagadougou repose sur des migmatites et des granites indifférenciés (Hottin et Ouédraogo, 1975). Elle fait partie du vieil ensemble cristallophyllien 19 d'âge antécambrien, aplani et recouvert d'un manteau assez continu, mais d'épaisseurs irrégulières de cuirasses et de dépôts détritiques (MHU, 1999). La géologie du substratum influe non seulement sur l'écoulement de l'eau souterraine mais également sur le ruissellement de surface et donc la survenance des inondations ou crues dépend aussi de la perméabilité du substratum. Dans ce dernier cas, les caractères géologiques principaux à considérer sont la lithologie (nature de la roche mère) et la structure tectonique du substratum. Carte n°3 : Géologie de la commune urbaine de Ouagadougou Les principales formations géologiques de la ville datent du paléo protérozoïque et appartiennent au socle birimien. Les affleurements sont très rares. Le socle n'affleure que par des pointements de petites dimensions au Nord-ouest et à l'Ouest de la ville. Le substratum est constitué majoritairement de granitoïdes (cf. carte n°3). I.1.1.4. L'hydrogéologie Au niveau de la région de Ouagadougou le profil d'altération est complet. Les derniers niveaux de cuirasse latéritique d'âge quaternaire sont entaillés par les cours d'eau qui traversent la ville. Ils donnent naissance à des nappes superficielles de cuirasse noyée exploitées par de nombreux puits traditionnels ou modernes (Yaméogo, 2008). 20 I.1.1.5. La chronique piézométrique La chronique piézométrique la plus longue de Ouagadougou est celle du piézomètre du CIEH qui débute en juin 1978 jusqu'en décembre 2004. L'évolution piézométrique est clairement montrée par les observations du niveau statique du piézomètre du CIEH à Ouagadougou de 1978 à 2003. L'évolution temporelle du piézomètre du CIEH (nappe altérites), nous permet de comprendre la recharge de la nappe de la ville. On dispose de donnée de suivi du piézomètre du CIEH (20 m de profondeur). Ce piézomètre à été suivi de manière très détaillée (suivi hebdomadaire) à partir de l'année 2001 dans le cadre du projet « Vulnérabilité et pollution des eaux souterraines en contexte urbain de Ouagadougou ». La figure n°1, montre l'évolution du piézomètre depuis 1978 à 2003. La recharge varie considérablement d'une année à l'autre sous l'influence des fluctuations climatiques interannuelles (filippi, et al 1990). Le niveau des hautes eaux et des basses eaux extrêmes observés sont : 6,78 m (1978) et 10,86 m (1999). La période de prélèvement va de novembre à juin tandis que la remontée commence en juillet pour culminer en octobre. C'est-à-dire qu'il y a un léger décalage entre le pic des précipitations (août) et celui de la recharge qu'il faut lier au temps de séjour. Les fluctuations naturelles ont montré que la quantité minimum de pluie nécessaire à l'augmentation du niveau de la nappe est de l'ordre de 100 mm pour déclencher le processus de recharge. La période favorable se situe à la fin du mois de juillet et au début du mois d'août s'il n'y a pas rupture de pluie. Figure n°1 : Evolution du niveau piézométrique (piézomètre CIEH) à Ouagadougou 1978-2003 Source : Yaméogo, 2005. Les mois de juin, juillet et août de cette dernière année (2010), présente une montée et une légère stabilité du niveau de la nappe. A partir de la fin du mois d'août, le niveau baisse de façon remarquable pour atteindre 5,23m (niveau le plus bas depuis 1978), pour ensuite entamer une autre phase de remonté (cf. figure n°2). On peut dire que la recharge des nappes 21 s'opère chaque année, mais c'est la reprise par l'évapotranspiration plus importante par rapport aux apports pluviaux qui entraine la baisse continue des niveaux piézométriques de base (Yaméogo, 2008). Figure n°2 : Evolution du niveau piézométrique (piézomètre CIEH) à Ouagadougou 2009-2010 (Rabdo A. Avril 2011). En résumé on remarque que l'alimentation de l'aquifère par les pluies provoque une oscillation saisonnière du niveau de la nappe. C'est donc dire que cette fluctuation (tantôt exceptionnelle, tantôt déficitaire) de la pluviométrie au cours des dix dernière années (20002010), pouvait laisser prévoir une saturation de la nappe et donc un fort ruissellement des eaux lors de pluie de grande intensité et de hauteur supérieure à 100 mm. Le fort ruissellement dans la ville peut également s'expliquer par le faible taux de couvert végétal. Dans le cadre de cette étude, une brève caractérisation du couvert végétal se veut importante dans une étude relative au risque d'inondation. I.1.1.6. Le couvert végétal La formation végétale initiale de la ville a connu une dégradation nette en quantité et en qualité. Seules les espèces utiles et protégées telles que le karité (Vittelaria paradoxa), le raisinier (Lannea microcarpa), etc., ont été épargnées ou conservées. Quelques espèces fruitières ou non comme le manguier (Mangifera indica), l'eucalyptus (Eucalyptus camaldulensis), la pomme d'acajou (Anacardium occidentale), le caïlcédrat (Khaya senegalensis), ont été plantées à l'intérieur ou aux alentours des concessions et le long des rues. 22 I.1.1.7. La nature du sol dans le processus d'inondation à Gounghin La nature du sol intervient sur la rapidité de montée des crues et sur leur volume. En effet, le taux d'infiltration, le taux d'humidité, la capacité de rétention, les pertes initiales, sont fonction du type de sol et de son épaisseur10. La zone d'étude est caractérisée par les sols hydromorphes, à spseudogley d'ensemble, à tache et concrétion à pseudogley hérité et sur matériau argilo-sableux bigarré. Ils sont en association à lithosols sur cuirasses ferrugineuse et sols ferrugineux tropicaux remaniés sur matériau argilo-sableux en profondeur11. Ils se retrouvent aux abords des barrages et des marigots avec une faible capacité de gonflement et un fort potentiel asphyxiant peu favorable à l'activité biologique. Localisés sur les terrasses alluviales, ils appartiennent à la classe des sols hydromorphes peu humiphères à pseudogley. Ce sont des sols dont les caractères sont dus à une évolution dominée par l'effet d'un excès d'eau en raison d'un engorgement temporaire ou permanent d'une partie ou de la totalité du profil. Cet excès d'eau peut être dû soit à la présence ou à la remontée de la nappe phréatique, soit au manque d'infiltration des eaux pluviales provoquant une nappe perchée ou un engorgement de surface12. Leurs textures (composition en argile ; limon : fin et grossier ; sable : fin et grossier) varient en fonction de la profondeur dans le profil. Le sol de Gounghin à un taux d'argile compris entre 9 et 34%. Leur caractère d'engorgement temporaire ou permanent d'une partie ou de la totalité du profil favorise un ruissellement en début de saison des pluies. Toute chose qui contribue au risque d'inondation dans ce quartier. La connaissance des facteurs climatique se veut également importante pour une meilleure compréhension du ruissellement dans notre zone d'étude I.1.2. Les caractéristiques climatiques de la ville de Ouagadougou La commune de Ouagadougou par sa situation géographique, bénéficie de l'influence du climat nord soudanien. La répartition des saisons est sous la dépendance du FIT, zone de convergence des deux principaux flux d'air : l'harmattan et la mousson. I.1.2.1. Caractéristiques des variations mensuelles des précipitations Pour cette étude on retiendra comme référence la station de Ouagadougou aéroport. On dispose d'une chronique de mesure de 30 ans (1981-2010). Sur les trente années d'analyse de la pluviométrie, la moyenne interannuelle est de 723,36 mm avec un écart type de 90,11 mm. 10 http://echo2.epfl.ch/e-drologie/chapitres/chapitre2/chapitre2.html, consulté le 28/03/2011. 11 Source : BUNASOL, carte morphopédologique des provinces du Kadiogo et du Bazega : 1/100000. 12 http://www.fao.org/DOCREP/005/Y3948F/y3948f09.htm, consulté le 16/05/2011 23 Le minimum pluviométrique est intervenu en 1984 (571,4 mm), année au cours de laquelle on a enregistré un déficit de 151,96 mm. Le maximum, pour sa part est survenu en 2009 (923,6 mm) avec un excédent de 200,23 mm (soit 27,68%) par rapport à la moyenne interannuelle. Figure n°3 : Variation mensuelle des précipitations à Ouagadougou entre 1981 et 2010. Source: DMN, 2011, Rabdo, A. mars 2011 La figure n°3 illustre les variations des précipitions mensuelles de la ville de Ouagadougou sur la série chronologique de 30 ans (1981-2010). La pluviométrie varie de 0 mm (décembre, janvier, février) à 212 mm (août) avec une moyenne mensuelle de 60,28 mm. Les mois de juillet, août et septembre concentrent l'essentiel du cumul saisonnier. Ils représentent 71,23% du cumul pluviométrique des moyennes mensuelles. Les inondations sont souvent observées durant ces périodes. Toutefois, la ville de Ouagadougou connaît aussi des inondations au début de la saison à cause de la pluviosité ou de l'intensité des précipitations. I.1.2.2. L'intensité des pluies comme facteur de risque d'inondation L'analyse des intensités de pluie extrême est un des éléments majeurs de l'étude du risque d'inondation, car l'intensité des pluies reste l'un des principaux facteurs du phénomène de ruissellement. Les résultats du dépouillement des pluviogrammes des évènements pluvieux, qui ont provoqué des inondations à Ouagadougou sont présentés dans le tableau et les pluviogrammes ci-dessous. 24 Tableau n°1 : Inondations liés aux évènements pluvieux à Ouagadougou
Source : DMN, RABDO A. Mars 2011 Il est à remarquer qu'excepté les mois de mai et septembre respectivement des années 1991 et 200913, les événements pluvieux extrêmes ayant engendré des inondations à Ouagadougou, ont lieu au cours des mois de juillet et août. Figure n°4 : Pluviogrammes de différentes inondations à Ouagadougou Source : DNM, RABDO A. Mars 2011. Les différents pluviogrammes ci-dessus, attestent de l'intensité des pluies et de leur répartition spatio-temporelle. 13 Selon l'enregistrement fait à Ouagadougou aéroport et le dépouillement des pluviogramme faite à la D.M. N - Somgandé, la pluie du premier septembre 2009 est celle enregistré par le pluviographe du 31 août 2009, retiré le premier septembre à 07h48. Celui du premier septembre a été posé à 07h50. La pluie du premier septembre ayant débuté à 4h35 du matin et prise fin à 16h, avec 263,3 mm, cette hauteur d'eau lui est attribué officiellement. 25 L'analyse de ces pluviogrammes révèle une disparité temporelle dans la répartition de la pluviométrie. En effet, la quantité de pluie tombée se concentre dans les toutes premières minutes ou heures de la pluie (2007, 2009 et 2010). Ces précipitations tombent la plupart du temps sous forme d'averses, souvent concentrées sur plusieurs minutes, parfois de façon consécutive, ou quelques heures (pluie de 2009). C'est ce qui les rend redoutables. En effet, la pluie du 1er septembre 2009 à enregistré une intensité de 258 mm/h en 10 minute entre 07h et 7h10 ; 152 mm/h de 06h40 à 07h10 et 140 mm/h de 06h10 à 07h10. En un jour ou quelques jours, il tombe parfois l'équivalent de plusieurs mois de précipitations. Ainsi, les précipitations du 26 août 2007 (116,7 mm), du 20 mai 1991 (105,2 mm) et du 31 août 2009 (261,3) dépassent celles de la moyenne mensuelle de mai, juin et de septembre de la série de 1981 à 2010. Pour la seule journée du 1er septembre 2009, Ouagadougou a été arrosée par 263,3 mm de pluie en 12 heures. Les épisodes de pluies qui s'abattent sur la ville de Ouagadougou, en peu de temps conduisent à de forts ruissellements et à des accumulations d'eau. L'analyse des séquences pluvieuses de la DMN, révèle que les inondations des quatre dernières années (août 2007, juillet 2008, septembre 2009 et juillet 2010) sont en partie liées à un cumul pluviométrique supérieur à 100 mm avant les dates des inondations. En réalité, le mois d'août 2007 a connu en 12 jours de pluie, 173 mm d'eau avant la date du 26 août (116,7 mm). Avant le 19 juillet 2008, il a été enregistré à la station de ouaga-aérodrome un cumul de 134,9 mm d'eau à la veille de du 19 juillet où il a été enregistré 43,6 mm. Tout comme les dates précédente, le mois d'août 2009 a connu une pluie mensuelle de 197,6 mm enregistré en 14 jours de pluie à la date du 31 août. L'inondation du 1er septembre 2009 (263,3 mm) survient après un mois d'intense pluviométrie. Le 28 juillet 2010 (70,4 mm), date des inondations, on a enregistré également une hauteur d'eau de 114,3 mm avant le 28. Cela en 27 jours de pluie. En conclusion, il est à retenir que si les évènements pluvieux précédent directement ceux donnant lieu à des inondations, ils contribuent à la saturation des sols s'ils sont d'une grande quantité. Le ruissellement de surface devient important avec l'intensité de pluie, l'abondance de la quantité d'eau tombée et la répétitivité de la pluie. L'ensemble de ces conditions engendre des inondations pluviales qui sont de ce fait, liées à l'intensité et à la durée de la pluie. Ce qui signifie que le sol a déjà absorbé trop d'eau et a atteint son seuil de saturation. Une connaissance du réseau hydrographique apparaît importante pour cerner d'autres facteurs d'inondation liée à la pluviométrie et à son intensité. 26 I.1.3. Ruissellement et inondation à Ouagadougou 1.1.3.1. Caractères généraux du climat Le climat du centre du Burkina est un climat tropical de type soudanien à deux saisons très contrastées : une saison sèche et chaude de sept mois (novembre à mai) et une saison des pluies sensiblement plus fraiche de cinq mois (juin à octobre). La pluviométrie annuelle de l'ordre de 800 mm est très variable dans le temps et dans l'espace. Les statistiques montrent que les pluies de plus ou moins 10 mm représentent plus de 45% de l'ensemble des pluies. Cela ne signifie pas pour autant que les pluies sont quasiment abondantes. De 1968 à 1995, les zones sahéliennes et soudano-sahélienne ont connu une sécheresse aggravée par des déficits pluviométriques de 25% entre 1968 et 1992. En 1983, les déficits ont atteint et dépassés 50% dans certaines régions entraînant la mort très précoce de centaines de milliers de têtes de bétail et l'effondrement des produits agricoles. Depuis 1995, on a constaté une augmentation sensible de la pluviométrie qui demeure déficitaire. Mais surtout des épisodes pluvieux diluviens pendant lesquels l'intensité des pluies a atteint des valeurs de 20 à 40 mm en 1/4 d'heure, voir d'avantage. Tel fut le cas au Sénégal occidental, en Mauritanie orientale, au Niger septentrional ou au Burkina Faso où ces évènements ont été à l'origine de crues et d'inondations soudaines, destructrices et meurtrières aux lourdes conséquences socio-économiques. Ainsi, le 1er septembre 2009, et pendant plus de 12 heures, des pluies intenses se sont abattues sur la ville de Ouagadougou et sa région. Ce jour là, la station météorologique a enregistré une hauteur d'eau totale de 263,3mm ; un cumul important dû à l'alternance d'épisodes pluvieux abondants et très intenses et d'épisodes plus calmes, d'intensité normale. Le pluviogramme du 1er septembre 2009 présenté ci-dessus précise ces faits : 6h10 et 6h30, par exemple l'intensité a atteint 25mm en 10mn, 44mm en 15mn et 56mm en 20mn. Cet événement climatologique a généré un ruissellement généralisé, le débordement des drains naturels (ravines) et des drains aménagés (canaux), l'inondation des bas fonds souvent bâtis, le débordement des eaux des barrages par-dessus les digues mal entretenues qui entourent les retenues et l'inondation des quartiers proches des barrages (Dapoya, Ouidi, Tanguin,...). 1.1.3.2. Interprétation du phénomène L'agglomération ouagalaise s'est développée et continue de s'étendre sur une surface ne présentant pas d'importants contrastes altimétriques. Pourtant les ravines naturelles ou le 27 canal de drainage des eaux ruisselées orientées Sud - Nord rejoignent les barrages qui ont été construits dans la partie la plus basse de la ville. Autrement dit, toute pente si faible soit elle, est naturellement empruntée par le ruissellement. 1.1.3.3. Les modalités du ruissellement Dans les villes industrielles, l'espace bâti, la voirie bitumée y compris les passages favorisent le ruissellement. Le sol `'imperméabilisé» interdit l'infiltration de l'eau de pluie, et ce même lorsque la pluie est peu intense (10 mm et 20 mm) et les pentes faibles. Les canaux et les égouts suffisent en général pour évacuer les eaux de ruissellement dans ces villes. À Ouagadougou, ville de plaine où se juxtaposent des quartiers datant de la période coloniale, des quartiers modernes comme Ouaga 2000 et les quartiers traditionnels comme Gounghin, la situation est différente. Dans les quartiers de la ville coloniale, seules les rues et les avenues principales bitumées sont longées de canaux destinés à évacuer les eaux de ruissellement pendant la saison des pluies. L'entretien de ces canaux laisse à désirer. Pendant la saison sèche, les feuilles des arbres s'y accumulent tout comme le sable et des déchets divers. À Ouaga 2000, quartier administratif et résidentiel, les rues sont bitumées et le réseau d'assainissement et de drainage relié à une station d'épuration est entretenu assez régulièrement. Dans les quartiers traditionnels, les rues ne sont pas bitumées, elles sont souvent encombrées de déchets de toutes sortes dont la collecte est épisodique. Lorsque survient un épisode pluvieux plus ou moins long accompagné de pluies orageuses et intenses, le ruissellement se manifeste immédiatement. Les caniveaux et les canaux bitumés encombrés de matières végétales et minérales, d'ordures ou encore de déblais divers ne peuvent pas évacuer les eaux qui débordent. Elles empruntent alors les rues transformées en ruisseaux et se répandent dans les jardins et les cours des concessions avant de s'accumuler dans les dépressions où très souvent des lotissements ont été crées. Ainsi passe- t- on du ruissellement à l'inondation dans les bas fonds à l'occasion des évènements pluvieux exceptionnels. En 2009, le ruissellement et l'inondation de nombreux quartiers (Gounghin, Ouidi, Dapoya,...) ont eu pour principale cause l'intensité de la pluie plus que la pente. Le défaut d'entretient des caniveaux et des canaux de drainage d'une part et d'autre part, l'impossibilité pour les barrages d'accueillir ou d'absorber de telle quantité d'eau. Il est vrai que ces barrages réalisés pendant la période coloniale sont victimes d'un alluvionnement annuel considérable qui réduit d'autant leur fonction de collecteur d'eau. Le dévasement et le curage de ces plans d'eau, possibles en saison sèche, est une opération exceptionnelle ! En 2009, le niveau des 28 plans d'eau ayant atteint le niveau des digues qui les ceinturent, le trop plein s'est déversé dans les quartiers de la rive sud. La conjonction de tous ces faits explique l'ampleur du désastre survenu à Ouagadougou cette année là. I.1.4. Les caractéristiques hydrographiques de la ville de Ouagadougou Sur le plan hydrographique, la commune de Ouagadougou occupe une partie du bassin versant du Nabaouli, affluent du Massili, lui-même affluent de la rive droite du Nakambé (Escourou, 1991). L'affluent principal qui traverse la ville est coupé par quatre barrages dont trois collinaires14, le barrage de Boulmiougou au sud-ouest de la ville et les barrages n° 1, 2, et 3 qui se succèdent au nord et constituent le réceptacle d'une partie des eaux pluviales. Avec l'urbanisation, les principaux marigots de la ville ont été aménagés en canaux « bétonnés » et constituent ainsi le réseau de drainage des eaux pluviales. Cela a entrainé l'augmentation des superficies imperméables avec un accroissement du ruissellement au détriment de l'infiltration. Quatre principaux canaux servent maintenant d'axes de drainage dans le bassin de Ouagadougou (cf. carte n°4) : y' le marigot du Kadiogo ou canal du Moro Naba, traverse les secteurs 2, 3, 7, 8, 9,11 et 12 de la ville. Long de 4,3 km, il draine un bassin versant moyennement urbanisé, joue un rôle d'égout en déversant les eaux de ruissellement et les eaux usées de la zone industrielle de Gounghin dans le barrage n°2; y' le marigot de Zogona traverse la zone universitaire, les secteurs 13, 14 et 30 de la ville pour rejoindre le canal central dans la forêt classée; y' le marigot de Wemtenga parcourt les secteurs 27, 28 et 29 et reçoit les eaux usées de la Maison d'Arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO) ; y' le marigot central draine les eaux pluviales des secteurs 3, 4, 5, et 12 ainsi que celles du marché central et les environs de l'hôpital Yalgado Ouédraogo, et a pour exutoire le pied de la retenue du barrage n°3. Il débouche dans la forêt classée située en aval du barrage n°3. Toutes ces eaux vont dans le Nakambé qui ne présente pas d'écoulement à l'exutoire en dehors des épisodes pluvieux. Les différents canaux jouent un rôle important dans l'assainissement de la ville. Toutes les eaux pluviales collectées sont drainées vers ces exutoires. Cependant ces canaux sont les lieux de déversement d'eaux usées domestiques et 14 Situé sur le lit du marigot constituant l'affluent principal. d'accumulation d'ordures ménagères, obstruant l'écoulement des eaux pluviales, ce qui augmente très souvent les risques d'inondation. Les risques d'inondation sont énormes pour les populations riveraines des marigots et des barrages lors des fortes pluies, en raison de l'accroissement du ruissellement. Outre les facteurs physiques, divers facteurs d'origine anthropique entraînent une amplification des phénomènes d'inondation. 29 Carte n°4 : Réseau hydrographique de la ville de Ouagadougou 30 I.2. Les facteurs anthropiques dans le processus d'inondation L'occupation et/ou l'utilisation des terres dans les zones basses, toute modification de l'occupation du sol (déboisement, pratiques agricoles, etc.) constituent la première cause d'aggravation des inondations. Ces facteurs favorisent une augmentation du ruissellement, un écoulement plus rapide et une concentration des eaux. À Gounghin, ce sont certaines pratiques humaines, les canaux d'évacuation des eaux pluviales et l'étalement urbain qui sont déterminants. I.2.1. Evolution et répartition spatiale de la population L'évolution et la répartition des populations dans une zone donnée est un facteur important dans la détermination de la vulnérabilité face au risque d'inondation. I.2.1.1. Evolution de la population D'après le dernier recensement, la population de Ouagadougou est en 2006 de 1 475 223 habitants. La croissance galopante (7,2% par an entre 1975 et 1996 et de 4,2% entre 1996 et 2006) est également entretenue par l'exode rural et par l'attrait irrésistible que représente la grande ville sur le monde rural du fait de son armature urbaine assez complète (Compaoré, 1993. Fournet et al., 2008.). Cette dynamique démographique conduit à la croissance spatiale de la ville qui se manifeste par l'étalement de la périphérie. Ce qui amène Fournet et al., (2008) a constaté qu'entre 1983 et 1996, la population a été multipliée par 1,5 alors que la surface de la ville lotie a quintuplé, passant de 24 à 124 km2. Aujourd'hui cette superficie est estimée à 191,4686 km2 (SDAU, 2003 cité par Da et Sanou, 2003) dont 70,04 km2 de surface urbaine non lotie (Vallee, et al. 2006). Malgré son fort taux d'urbanisation, la zone d'étude connait une expansion des constructions dans les zones autrefois considéré comme inconstructible. Les abords du cours d'eau du canal du Moro Naba font de plus en plus l'objet d'occupation. I.2.1.2. Répartition spatiale de la population Le territoire communal est actuellement structuré en 30 secteurs urbains regroupés en cinq arrondissements auxquels sont rattachés 17 villages15. Dans ses limites actuelles, la commune de Ouagadougou couvre environ 30 250 hectares incluant les territoires des villages rattachés. 15 Cette structuration est toujours d'actualité en attendant l'application de la loi n°066-2009/AN du 22 décembre 2009. 31 La superficie aménagée de la ville serait actuellement d'environ 21 750 hectares (mairie de Ouagadougou, 2006). L'arrondissement de Baskuy dans lequel est située notre zone d'étude est l'un des cinq arrondissements que compte la commune urbaine de Ouagadougou16. Il est situé en plein coeur de la commune urbaine et composé de douze secteurs (secteur n°1 à 12), a une superficie de 33 Km2 et compte 195 793 personnes. Il représente 13,3% de la population de la commune urbaine de Ouagadougou. L'arrondissement de Baskuy occupe 6,4% de la superficie de la ville et a une densité de 5 933,1 Hbts/Km2 (cf. tableau n°2 ci-dessous). En raison de sa position au centre ville et de son ancienneté, Baskuy passe pour être l'arrondissement ayant la plus forte concentration de population. Tableau n°2 : Densité des arrondissements de la commune urbaine de Ouagadougou
Source : (Bayala/Ariste, 2009). I.3.Typologie de l'habitat et du logement dans l'espace urbain de OuagadougouLa typologie de l'habitat est un des éléments pris en compte dans le cadre des inondations. Dans la ville de Ouagadougou, quelque soit l'arrondissement, plus de la majorité des ménages vit dans des maisons individuelles simples. Ils représentent 68,7 % de l'habitation (Bayala/Ariste, 2009). En ce qui concerne le tissu urbain à Gounghin, on distingue un quartier fortement urbanisé. C'est une zone à habitat structuré comprenant des bâtis à haut standing comme à Gandin situé au Sud-est du quartier. Le reste du quartier est composé de zones urbanisées loties comportant des habitats de standing moyen à très bas. L'habitat à Gounghin se caractérise également par les bâtiments à plusieurs logements (non immeuble). Leur proportion est de 24,3% à Baskuy (Bayala/Ariste, 2009). Dans les zones urbaines, les habitations de plus en plus modernes à matériaux définitifs tendent à faire place à l'utilisation de matériaux tels que le banco ou le banco amélioré qui est toujours de mise en zone rurale et zone non lotie. La majorité des sols des bâtiments sont en ciment (Sanon, 2001). 16 Baskuy, Bogodogo, Boulmiougou, Nomgremassom, Sig-Nonghin. 32 Les observations sur le terrain ont permis de constater le développement de certaines constructions aux abords des cours d'eau. Le bâti par sa topographique, ainsi que les traits caractéristiques des habitations les prédispose à une vulnérabilité certaine. L'urbanisation accélérée, la répartition spatiale de la population et la typologie de l'habitat a parfois un impact sur la gestion urbaine, et sur les processus hydrologiques. Elle a pour conséquences l'imperméabilisation des sols induisant une augmentation des volumes d'eau de ruissellement et l'accélération des écoulements, toutes choses qui concourent à des inondations dans une zone donnée. I.4. La voirie urbaine comme facteur d'inondation à Gounghin Dans la commune de Ouagadougou, on distingue trois types de voies qui sont : la voirie primaire, la voirie secondaire et la voirie tertiaire. Les arrondissements de Baskuy, Nongremassom et de Bogodogo ont les proportions importantes de voiries bitumées. Ce pendant 11% de la voirie bitumée dans l'arrondissement de Baskuy est dégradé. La forte proportion de voies (primaire, secondaire et tertiaire) bitumées dans l'arrondissement de baskuy laisse prévoir le niveau de ruissellement lors des pluies. En effet, dans le quartier Gounghin, l'infiltration des eaux lors des pluies est faible. Une forte quantité d'eau tombée ruisselle vers le canal du Moro Naba, canal qui a joué un rôle important lors des inondations du 1er septembre 2009 à Gounghin. |
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