5.3.2.2.1. Au niveau de la prise d'information visuelle et de
la prise en compte des aspects comportementaux liés à la
déficience visuelle en milieu scolaire
Selon la Fondation centre Suisse de pédagogie
spécialisée (2015, pp.3-7), la plupart des problèmes que
rencontrent les élèves ayant une déficience visuelle sont
liés aux difficultés de prise d'information visuelle d'une part
et de transmission par l'écrit des connaissances acquises d'autre part.
Les difficultés pour apprendre à lire et avoir accès aux
textes, graphiques et images se répercutent sur les apprentissages, et
cela dans toutes les disciplines. Plusieurs moyens auxiliaires et aides
permettent de pallier à ces difficultés ou peuvent se substituer
à notre système d'écriture usuel.
5.3.2.2.1.1. Moyens auxiliaires et aides à la prise
d'information visuelle
Les moyens auxiliaires et aides à la prise
d'information visuelle présentés ci-dessous ne sont pas
exhaustifs. Il s'agit d'une sélection des plus courants parmi ceux que
l'élève ayant une déficience visuelle pourrait amener en
classe.
La forme privilégiée utilisée pour la
prise d'information écrite dépendra du degré et du type
d'atteinte visuelle. Si l'élève n'est pas atteint de
cécité ou d'un type de déficience visuelle
l'empêchant de lire les lettres imprimées « en noir »,
c'est-à-dire de lire l'écriture usuelle déchiffrée
visuellement (par ex. lorsqu'il a une vision tubulaire), il pourra alors
bénéficier d'aides à la « lecture en noir ».
Dans le cas contraire, ou dans les situations où il n'arrive pas
à « lire en noir », il bénéficiera de
l'apprentissage du braille ou de la mise à disposition d'informations
audio.
L'enseignant accueillant dans sa classe un élève
avec une déficience visuelle doit connaître les moyens secondaires
et aides que celui-ci privilégie, et comprendre dans quelle situation il
en a besoin. Si l'élève en question n'utilise pas ses moyens
auxiliaires et aides, ou si l'un d'entre eux est cassé, il convient d'en
informer rapidement l'enseignant spécialisé en déficience
visuelle ou le service compétent, par exemple le service de
l'orientation scolaire du lycée.
· Aides visuelles à la lecture « en
noir »
o Aides optiques simples et matériel
spécialisé : loupes, systèmes
télescopiques, lunettes, jumelles, verres filtrants, filtres
colorés augmentant la vision des contrastes ainsi que lampes
spéciales, claviers avec grosses touches, pupitres spéciaux,
etc.
o Ouvrages en grands caractères :
plusieurs maisons d'édition spécialisées éditent en
France des livres en grands caractères, permettant aux personnes
malvoyantes une lecture facilitée. Il existe aussi des magazines,
journaux et revues spécialement publiés en caractères
agrandis. Mais au Cameroun cela est difficile du fait de la
précarité des moyens de certaines familles.
o Aides technologiques : l'usage de la
dactylographie (l'élève tape alors sans regarder le clavier)
permet non seulement un gain de temps considérable dans
l'écriture de texte, mais, couplé à l'informatique,
possède de nombreux autres avantages.
Ø Les logiciels d'agrandissement sont d'une grande aide
(ils permettent par ex. à la personne malvoyante de vérifier si
ses écrits sont corrects et présentables). La plupart des
systèmes d'exploitation contiennent déjà une option
d'agrandissement simple. Il existe aussi des logiciels plus
développés qui permettent d'agrandir le contenu de l'écran
sur l'ordinateur ou d'adapter les couleurs.
Ø Mentionnons également les possibilités
qu'offre la technologie de remanier les formats, facilitant ainsi la lecture
à l'écran. Par exemple, le lecteur PDF, VIP Reader, qui permet de
remanier les fichiers PDF, ou le format EPUB pour les livres numériques,
qui adapte automatiquement le texte à l'écran.
· L'écriture braille
L'écriture braille est le système de lecture et
d'écriture pour personnes aveugles et malvoyantes le plus efficace et le
plus répandu au monde. Il fait intervenir le sens du toucher par les
doigts et se compose de six points, en relief, disposés sur deux lignes
verticales parallèles, qui constituent ainsi la forme de base (à
la manière d'un carton de six oeufs). Les six points sont justes de
taille à être perçus du bout des doigts comme un tout. Les
combinaisons possibles permettent de représenter 64 lettres ou signes.
Suivant le nombre de points en relief et leur disposition, on obtient une
lettre ou un signe particulier. On lit le braille des deux mains.
Outre cette écriture de base, il existe
également un braille abrégé comportant des
abréviations de mots et de syllabes, et permettant ainsi un traitement
plus rapide de l'information écrite.
L'écriture braille nécessite un matériel
bien spécifique, qui diffère selon le support
privilégié.
o Machine à écrire Perkins :
l'écriture braille peut se faire à l'aide d'une machine à
écrire « Perkins », nettement plus confortable qu'un
ordinateur muni d'un clavier braille. Disposant de sept touches (une pour
chaque point et une pour marquer les espaces), l'écriture d'un
caractère se fait en appuyant simultanément sur toutes les
touches nécessaires.
o Ouvrages en braille : Le papier braille
étant plus épais que le papier standard, et un caractère
braille étant plus grand qu'un caractère d'imprimerie « en
noir », un livre Braille représente trois à six fois plus de
volume que le même document imprimé « en noir » sur
papier ordinaire. Certains ouvrages peuvent même être encore plus
épais, lorsqu'ils contiennent des dessins en relief ou des formules
mathématiques (en braille, celles-ci prennent une forme linéaire
et sont donc plus longues qu'« en noir »).
· Supports audio et audio description
Les supports audio permettent non seulement d'accéder
aux informations « en noir » sous forme orale (enregistrement audio,
supports sonores, synthèse vocale, CD-Rom, DVD, clavier spécial
sonore...) mais aussi d'avoir accès à d'autres informations
visuelles (par ex. images).
o Système numérique d'accès
à l'information DAISY : largement diffusé, il permet de
naviguer plus facilement lors de la lecture audio de documents
multimédia (par ex. livres, revues, etc., enregistrés sur CD ou
téléchargeables), cela grâce à des fonctions
d'orientation. Pour bénéficier pleinement du standard DAISY, des
lecteurs ou logiciels adaptés sont nécessaires.
o Audio description : de nombreux films sont
actuellement disponibles avec auto description et la télévision
numérique ouvre de nouvelles possibilités.
· Systèmes de transcription automatiques
audio et braille
Le développement du numérique élargit la
palette des possibilités à disposition des personnes aveugles et
malvoyantes. Outre les possibilités plus étendues dans
l'enregistrement des informations (comme nous l'avons vu plus haut avec DAISY),
il existe de nombreux systèmes qui permettent une transcription
automatique de l'information.
o Plage tactile braille : permet l'affichage
en braille, sur un clavier, de ce qui est écrit à l'écran
d'un ordinateur.
o Bloc-notes braille : appareil
électronique portable sans écran, doté d'un clavier
braille (et parfois d'un clavier ordinaire interchangeable) ainsi que d'une
synthèse vocale. Il permet tant la saisie que la réception
d'informations et a autant de potentiel qu'un ordinateur standard (navigation
web, envoi et réception d'e-mails, calculatrice, agenda, prise de note,
carnet d'adresses, téléchargement de logiciels adaptés,
etc.).
o Logiciels de lecture d'écran :
fournissent les informations de l'écran à l'aide d'une
synthèse vocale et/ou d'une ligne braille et permettent, en
interagissant avec le système d'exploitation de l'ordinateur et les
logiciels, d'utiliser un grand nombre de programmes et de surfer sur Internet.
Beaucoup de systèmes d'exploitation contiennent déjà un
logiciel simple. Des logiciels plus développés peuvent
également être utilisés.
Les déficients visuels en milieu scolaire rencontrent
un certain nombre de difficultés que l'enseignant et le conseiller
d'orientation doivent connaitre pour mieux les aider, les accompagner, les
étayer. Car « la connaissance de l'enfant est un
prélude à son éducation » (Meloupou, 2013,
p.10).
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