QUALITE DU PROCESSUS D'ETAYAGE ET NIVEAU D'ADAPTATION
DES DEFICIENTS VISUELS EN MILIEU SCOLAIRE : CAS DU LYCEE BILINGUE
D'EKOUNOU
Mémoire rédigé et présenté
en vue de l'obtention du Diplôme de Conseiller d'Orientation(DIPCO)
Par
MVONDO MBARGA Fabrice Baudelaire
Licencié en Droit et administration publique
Sous la direction de
MGBWA Vandelin
Chargé de Cours
Année académique 2016-2017
SOMMAIRE
SOMMAIRE
1
DEDICACE
iii
REMERCIEMENTS
iv
LISTE DES SIGLES, DES ABREVIATIONS ET DES
ACRONYMES
v
LISTE DES FIGURES
vi
LISTE DES TABLEAUX
vii
RESUME
viii
ABSTRACT
ix
INTRODUCTION GENERALE
1
CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE DE
L'ETUDE
3
1.1 CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE
3
1.2. POSITION ET FORMULATION DU PROBLEME
11
1.3. QUESTIONS DE RECHERCHE
12
1.4. OBJECTIFS DE L'ETUDE
12
1.5. INTERETS DE L'ETUDE
13
1. 6. DELIMITATION DE L'ETUDE
16
CHAPITRE 2 : INSERTION THEORIQUE DU
SUJET
18
2.1. DEFINITIONS DES CONCEPTS CLES
18
2.2. REVUE DE LA LITTERATURE
32
2.3. THEORIE EXPLICATIVE
41
CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE DE
L'ETUDE
51
3.1. TYPE DE RECHERCHE
51
3.2. SITE DE L'ETUDE
51
3.3. POPULATION DE L'ETUDE
52
3.4. CRITERES DE SELECTION DES SUJETS
(ECHANTILLONNAGE)
52
3.5. LA SELECTION DES PARTICIPANTS
53
3.6. PRESENTATION DES PARTICIPANTS
53
3.7. INSTRUMENTS DE COLLECTE DES DONNES
57
3.8. CADRE ET DÉROULEMENT DES ENTRETIENS
59
3.9. METHODE D'ANALYSE
62
3.10. TECHNIQUES DE DEPOUILLEMENT DES RESULTATS
64
CHAPITRE 4 : PRESENTATION ET ANALYSE
DES RESULTATS
66
4.1. IDENTIFICATION DES PARTICIPANTS
66
4.2. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS SELON
LES THÈMES D'ÉTUDE
67
CHAPITRE 5 : INTERPRETATION DES
RESULTATS ET PERSPECTIVES
86
5.1. RAPPEL DES DONNÉES EMPIRIQUES ET
THÉORIQUES
86
5.2. INTERPRETATION DES RESULTATS
88
5.3. PERSPECTIVES
90
CONCLUSION GENERALE
111
ANNEXES
119
TABLE DES MATIERES
141
DEDICACE
A
notre défunte soeur ainée MVONDO NGONO
Berthe Prudence.
REMERCIEMENTS
Ce travail de recherche n'aurait vu le jour sans la
volonté de l'Eternel Dieu tout puissant qui nous a donné la
force, le courage, la détermination et la présence d'esprit
nécessaire pour finaliser ce mémoire. Ce dernier est le fruit de
la participation de plusieurs personnes, nous tenons à
remercier :
- le Dr MGBWA Vandelin, Directeur de ce mémoire qui
nous a guidés et encouragés dans la rédaction de ce
travail. Grâce à son amour paternel, ses mots d'encouragement, ses
remarques méthodologiques, ses explications et surtout sa
disponibilité pour ce travail, nous avons développé en
nous le goût de la recherche et du travail bien fait ;
- le Professeur FONKOUA Pierre, Chef de département des
Sciences de l'Education à l'Ecole Normale Supérieure de
Yaoundé, pour ses conseils manifestés à notre endroit pour
développer une vision scientifique de nos études en
général et de notre futur métier de Conseiller
d'Orientation en particulier ;
- tous les enseignants de l'Ecole Normale Supérieure de
Yaoundé, plus précisément ceux du Département des
Sciences de l'Education, pour leurs différents conseils et suivi
à notre endroit durant notre formation ;
- nous ne saurons ne pas remercier nos parents Monsieur et
Madame MVONDO, Mmes NNOMO Marcelline Patricia et AMOMBO Aurélie, et nos
frères et soeurs, pour tout l'amour et la confiance portés
à notre endroit ;
- un merci tout particulier àMlle ABENA ATSAMA
JolyaneDesrosier et sa famille pour les conseils et la confiance
manifestés en nous ;
- tous nos camarades de la 56ème promotion
de l'Ecole Normale Supérieure de Yaoundé, pour la dynamique de
groupe et l'esprit de solidarité, sans oublier notre camarade AISSATOU
SAMIRA qui nous a quittée durant l'année 2016 ;
- tous ceux qui ont participé de près ou de loin
à l'élaboration de ce document et donc nous sommes dans
l'impossibilité de citer nommément et de façon exhaustive,
nous leur disons ici l'expression de notre profonde gratitude.
LISTE DES SIGLES, DES ABREVIATIONS ET DES ACRONYMES
CJARC : Club des Jeunes Aveugles Réhabilités
du Cameroun
CO : Conseiller d'Orientation
DRAS-Centre : Délégation Régionale des
Affaires Sociales du Centre
DSSEF : Document de Stratégie du Secteur de
l'Education et de la formation
ENS : Ecole Normale Supérieure
EPT : Education Pour Tous
LBE : Lycée Bilingue d'Ekounou
MINAS : Ministère des Affaires Sociales
MINEDUB : Ministère de l'Education de Base
MINESEC : Ministère des Enseignements Secondaires
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
PAEQUE : Programme d'Amélioration de l'Equité
et la Qualité de l'éducation
PASEC : Programme d'appui du Secteur Educatif
Camerounais
PIB : Produit Intérieur Brut
RESEN : Rapport d'Etat du Système Educatif
National
SVT : Sciences de la Vie et de la Terre
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education,
la Science et la Culture
VIH : Virus de l'Immuno-déficience humaine
ZPD : Zone Proximale de Développement
LISTE DES FIGURES
Figure
1 : Vision totale mais floue
19
Figure
2 : Vision périphérique avec scotome central
20
Figure
3 : Vision tributaire
20
Figure
4 modèle social du handicap selon Rieser
93
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Tableau synoptique des
variables
2
Tableau 2 : Récapitulatif du portrait
des différents participants
56
Tableau 3: Grille d'analyse des données
63
Tableau 4: Arbre thématique de l'aspect
socioaffectif
67
Tableau 5: Arbre thématique de l'aspect
cognitif ou langagier
74
Tableau 6: Arbre thématique des aptitudes
envers l'école et les activités d'apprentissage
77
Tableau 7: Arbre thématique des relations
avec les autres
80
RESUME
Cette recherche a pour but de répondre à la
question suivante : quels sont les facteurs du processus d'étayage
qui rendent compte du niveau d'adaptation scolaire des déficients
visuels. On observe de nombreuses difficultés dans la mise en oeuvre des
politiques éducatives internationales et nationales, visant
l'intégration progressive des élèves atteint d'handicap et
particulièrement les déficients visuels dans les écoles
ordinaires. Ceci est la résultante de l'attitude des acteurs scolaires
envers la déficience visuelle, notamment le manque de connaissance, les
représentations négatives et le rejet manifeste à
l'endroit de ceux-ci. L'objectif poursuivi dans cette étude est
d'analyser les facteurs du processus d'étayage qui rendent compte du
niveau d'adaptation de l'élève déficient visuel en milieu
scolaire.
Pour atteindre cet objectif, nous avons fixé une
hypothèse générale selonlaquelle, la
qualité du processus d'étayage rend compte du niveau d'adaptation
de l'élève déficient visuel se décline en deux
hypothèses secondaires : l'aspect socio-affectif, qui consiste en
la mobilisation au maintien de l'intérêt et à la motivation
de l'élève rend compte du niveau d'adaptation de
l'élève déficient visuel et l'aspect cognitif ou
langagier,concernant la prise en charge par l'enseignant de certains aspects de
la tâche rend compte du niveau d'adaptation de l'élève
déficient visuel.
Pour la vérification de ces deux hypothèses,
nous avons à partir du guide d'entretien, passé des entretiens
individuels auprès de deux élèves déficients
visuels, quatre membres du corps éducatif, un parent et un entretien de
groupe auprès de leurs camarades du Lycée Bilingue d'Ekounou. A
partir de l'analyse de contenu, nous avons évalué les discours
des sujets. En nous appuyant sur la théorie de Bruner (2003), il ressort
que les connaissances et les comportements des acteurs éducatifs envers
la déficience visuelle influencent l'inclusion scolaire de
l'élève déficient visuel. A partir de ces
résultats, nous avons dressé un schéma qui présente
les comportements et les connaissances que les acteurs du système
éducatif doivent adopter en vue de faciliter l'intégration
scolaire de l'élève déficient visuel.
ABSTRACT
This research is an answer to the following question: what are
the factors of the process of support required to assess the level of school
adaptation of visually impaired.In fact, the purpose is to understand the
behavior/ attitude of educational actors to the students who are visually
impaired. Despite the national and international educational policies, which
aim areto see children with disabilities and especially visually impaired
students to integrate ordinary school, there are many difficulties in applying
them. This is the result of the attitude of school actors towards visually
impairment, including the lack of knowledge, negative representations and a
manifest rejection of this kind of people. Our purpose is to analyze the
factors of the process of support which report on the level of integration of
visually impaired student in school environment.
To accomplish this objective, we set a general hypothesis
that, the quality of the process of support report on the level of integration
of the visually impaired student. It is declined in the two following secondary
hypothesis: the first one is that, the socio-affective aspect which means the
mobilization in maintaining interest and the motivation of student, permit to
assess the level of integration of visually impaired student; then the second
one is that the cognitive or language aspect about the inclusion of some
aspects of the tasks by the teacher, permit to assess the level of integration
of visually impaired student.
In order to verify these two hypotheses, according to the
interview guide, we did personalinterviews with two visually impaired students,
four members of educational community, one parent, then a group interview of
students of LyceeBilingued'Ekounou». We use the content analysis to assess
their speeches. So, according to the theory of Bruner (2003), knowledge and
behaviors of educational actors towards visually impairmentimpact the
capacityof inclusion of visually impaired student at school. Involving this
result, we propose a plan of attitudes and knowledge educational actors have to
adopt to facilitate school integration of visually impaired student.
INTRODUCTION GENERALE
Au Cameroun, l'enseignement secondaire général
regroupe des établissements publics et privés. Ceux-ci font
l'objet d'étude de différents acteurs dans le but de comprendre
et de connaitre les services offerts et leur influence sur le
développement des élèves. Pour la mise en oeuvre de ces
services, les éducateurs (enseignant et conseiller d'orientation) y
occupent une place de choix. Parmi ces élèves figurent des
élèves déficients visuels. Selon les différents
textes légaux qui les encadrent, ils doivent être soumis aux
mêmes prérogatives que celles offertes par leurs camarades qui
n'ont pas d'handicap. L'attitude des personnes dans la société
n'est pas toujours favorable à leur égard et sont
considérés non comme des personnes à part entière
mais comme des personnes entièrement à part.
Cette situation, n'a ni laissée la communauté
internationale encore moins le Cameroun indifférents. Le souci
d'intégrer ces personnes va de jour en jour grandissant dans l'esprit de
nos dirigeants. Ainsi, nous observons la signature de plusieurs textes de droit
pour résoudre les multiples problèmes vécus par ces
personnes défavorisées dans la société. En ce qui
concerne leur éducation, ces textes mentionnent le droit de ces
personnes à l'éducation.Malgré les dispositions prises par
les Etats en faveur des personnes vivant avec un handicap, elles sont toujours
marginalisées. Cette discrimination s'étend jusqu'à
l'école. En effet, les enfants vivant avec un handicap y compris les
déficients visuels éprouvent des difficultés à
être accepté dans le milieu scolaire. D'où le choix du
thème suivant : « Qualité du processus
d'étayage et niveau d'adaptation des déficients visuels en milieu
scolaire ».
Notre objectif est d'analyser les facteurs du processus
d'étayage qui rendent compte sur le niveau d'adaptation de
l'élève déficient visuel en milieu scolaire. Pour traiter
ce problème, nous articulerons notre travail en cinq chapitres: le
chapitre 1, le chapitre 2, le chapitre 3, le chapitre 4 et enfin le chapitre 5.
Le chapitre 1 a consisté à formuler et à
poser le problème autour d'une question principale de recherche. Cette
activité a nécessité un ensemble d'observations ayant
permis à la définition des objectifs de recherche et à la
délimitation du champ empirique et thématique de l'étude
qui est celui de la psychopédagogie mettant en exergue les modules deux
et trois du cahier de charges du conseiller d'orientation.
Le chapitre 2 a consisté à élaborer la
grille de lecture théorique articulée autour du modèle de
Bruner sur l'étayage pédagogique. En effet, l'étayage. De
ce processus, Bruner en a identifié six fonctions que la recherche a
divisées en deux : l'étayage socio affectif et
l'étayage cognitif ou langagier.
Le chapitre 3 quant à lui portait sur des façons
de faire requise en science, c'est-à-dire la méthodologie. La
recherche a adopté un devis qualitatif basé sur les entretiens
semi structurés et l'analyse de contenus.
Le chapitre 4 a permis de présenter les
résultats à travers deux axes : identification des cas et
l'analyse des résultats selon les thèmes. Ce chapitre se termine
par une synthèse de l'analyse faisant apparaitre les faits saillants,
les contraintes, les préoccupations dominantes en lien avec l'inclusion
scolaire.
Le chapitre 5 enfin a procédé à
l'interprétation des résultats. Cette activité permettait
d'établir le rapprochement entre les données théoriques et
les données empiriques du terrain. De cette confrontation, il a
été donné de valider la théorie explicative que la
recherche a convoquée en vue d'élaborer les perspectives
théoriques et pédagogiques.
La conclusion générale et une bibliographie
achève ce travail de recherche.
CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE
Dans le présent chapitre, il s'agit d'élaborer
la problématique de notre étude, en définissant le
contexte de l'étude ; ce qui nous a permis de mettre en
évidence le problème étudié et de définir
notre question principale de recherche.
1.1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE
La population du Cameroun a atteint 20 millions d'habitants en
2011(DSSEF, 2013-2010). Elle s'accroit toujours mais à un taux
en baisse vu que la croissance démographique débute dans les
années 1990. Pour la période de 2010-2020, le taux annuel de
croissance est estimé à 21% ; ce qui correspond à un
accroissement d'environ 420000 habitants par an. Cet accroissement est
marqué dans la tranche jeune de la population. Puisque les jeunes
représentent plus de 50% de cette population, on est en droit de
s'attendre à une demande d'éducation élevée,
requérant des pouvoirs publics des réponses en terme de
création des établissements scolaires, d'infrastructures et
d'équipements, d'allocation de ressources humaines, financières
et matérielles.
En six décennies, la population urbaine s'est accrue
à un rythme accéléré, passant de 14% en 1950
à 58% en 2010. Cette tendance devrait se poursuivre entre 2010 et
2020.Les risques sanitaires intègrent les épidémies, les
intoxications alimentaires et épizooties. Les risques faisant
référence à des évènements dont l'occurrence
et l'intensité sont difficilement prévisibles, il convient de
mettre en place des mécanismes d'intervention qui ont jusque-là
fait défaut au système éducatif, afin de prévenir
et d'atténuer le cas échéant leur impact sur
l'organisation des enseignements.
Les recettes de l'Etat ont progressé depuis 1995
grâce à la hausse du PIB et la pression fiscale exercée sur
ce PIB. Tandis que les dépenses de l'Etat ont évolué
positivement depuis une vingtaine d'années sous l'influence des recettes
qui ont progressé jusqu'en 2005 et la baisse du service public de la
dette depuis l'année 2000 et depuis l'extinction de la dette
extérieure en 2005. C'est ainsi que les dépenses courantes de
l'éducation exprimées en fonction des dépenses
opérationnelles de l'Etat, c'est-à-dire hors service de la dette,
ont connu une évolution contrastée au cours de la période
1995-2000, avec une progression très rapide jusqu'en 2002 de 35 à
46%, alors que le service de la dette représentait un poids
considérable pour l'Etat. Après avoir augmenté de
manière continue jusqu'en 2007, les dépenses courantes de l'Etat
pour l'éducation ont enregistré une baisse à partir de
2008. Cette faiblesse dans le financement public de l'éducation est
perceptible de la part du PIB allouée au secteur qui se situe autour de
3% alors que la moyenne des pays de l'Afrique subsaharienne et des pays
émergents hors Afrique se situe aux environs de 4,4 %, soit un effort
supérieur de plus d'un tiers. (RESEN Cameroun, 2013 : hors service
de la dette).
Dans la société camerounaise, on observe que
certaines personnes, notamment celles vivant avec un handicap sont victimes de
préjugés, de clichés négatifs qui ne favorisent pas
leur intégration sociale et scolaire. En effet, la situation de la
personne handicapée dans un contexte général a longtemps
été celle de non acceptation, d'exclusion radicale dans
l'environnement familial, scolaire et même socioprofessionnel. Pour
pallier ce problème, plusieurs textes, traités et conventions ont
été signés au niveau international, régional et
national, afin que les personnes handicapées puissent se sentir membres
à part entière dans la société et à
l'école en particulier.
Au niveau international, de nombreux textes de droit ont
été élaborés pour assurer une éducation de
choix aux personnes vivant avec un handicap. Entre autres : la
Déclaration de Salamanque et cadre d'action pour l'éducation et
les besoins spéciaux, conférence sur l'éducation et les
besoins éducatifs : accès et qualité, tenu en Espagne
du 7-10 juin 1994 (UNESCO), la Convention relative aux droits des personnes
handicapées et protocole facultatif (Organisation des Nations
unies) qui s'est tenue à New York (2006), la Déclaration de
Lisbonne (2007),le Rapport mondial sur le handicap (2011) soutenu par
l'Organisation mondiale de la santé et la Banque mondiale, et les
principes directeurs pour l'inclusion dans l'éducation (2009) ( UNESCO).
La Déclaration de Salamanque formule des orientations
pour passer de l'éducation traditionnelle dite
« spéciale », destinée aux
élèves déficients, à une éducation
« inclusive » pour des enfants considérés
comme ayant des « besoins éducatifs
particuliers ».Adoptée en 2006, la Convention relative aux
droits des personnes handicapées a été signée par
153 pays et ratifiée par 107 pays, dont le Cameroun. L'article 24
préconise l'éducation inclusive et stipule que « les
Etats parties veillent à ce que les personnes handicapées ne
soient pas exclues, sur le fondement de leur handicap, du système
d'enseignement général et à ce que les enfants
handicapés ne soient pas exclus, sur le fondement de leur handicap, de
l'enseignement primaire gratuit et obligatoire ou de l'enseignement
secondaire ».
Le 17 septembre 2007, dans le cadre de la présidence
portugaise de l'Union européenne, le ministère de
l'éducation portugais et l'Agence européenne pour le
développement de l'éducation des personnes ayant des besoins
particuliers ont conjointement organisé le rassemblement européen
intitulé « Les voix des jeunes : rencontrer la
diversité dans l'éducation ». Les jeunes
participants, tous élèves à besoins éducatifs
particuliers de l'enseignement secondaire, général,
technologique, professionnel ou des études supérieures, se sont
mis d'accord sur un ensemble de propositions reprises dans la
Déclaration concernant leurs besoins, leurs droits et les défis
à surmonter pour aboutir à une éducation inclusive
réussie.
Le Rapport mondial sur le handicap donne des
orientations globales sur la mise en oeuvre de la Convention relative aux
droits des personnes handicapées (CRDPH) et fournit une vision
globale de la situation des personnes handicapées, leurs besoins et les
obstacles qu'elles rencontrent pour participer pleinement à la vie de la
société. Après des chapitres consacrés aux
connaissances sur le handicap et aux domaines spécifiques
d'intervention, dont l'éducation, les auteurs proposent des
recommandations politiques et pratiques pour améliorer le quotidien des
personnes handicapées. Selon le rapport, l'inclusion des enfants
handicapés dans les écoles ordinaires favorise la
scolarité primaire complète, a un bon rapport coût -
efficacité et contribue à éliminer les discriminations.
Le principe directeur pour l'inclusion dans
l'éducationest d'aider les pays à valoriser l'inclusion en
matière d'éducation et à mettre en relief les domaines
où une attention particulière qui s'impose pour promouvoir
l'éducation inclusive et renforcer le développement des
politiques en sa faveur. Selon l'UNESCO (2009, p.36), l'éducation
inclusive se définie comme :
« Un processus qui implique la transformation
des écoles et autres centres d'apprentissage afin qu'ils puissent
s'occuper de tous les enfants, notamment les garçons, les filles, les
élèves appartenant à des minorités ethniques et
linguistiques, ceux issus des populations rurales, ceux affectés par le
VIH et le Sida, qui sont handicapés et qui ont des difficultés
à apprendre, et offrir à tous jeunes et adultes, des
possibilités d'apprentissages ».
Au niveau national, le préambule de la constitution du
18 janvier 1996 du Cameroun consacre le principe de protection des Droits de
l'Homme et partant des droits de l'enfant. Aussi, la loi N° 83/13 du
21 juillet 1983 avec son décret d'application N°90/1516 du 26
Novembre 1990 relative à la protection des handicapés
dispose en son article 1er
que : « l'éducation des enfants et adolescents
handicapés est assurées dans les écoles ordinaires et dans
les centres d'éducation spécialisée ». Par
ailleurs, la loi N°98/004 du 14 avril 1998 dispose en son article
6 que l'Etat assure à l'enfant le droit à l'éducation et
en son article 7 de la même loi dispose que l'Etat garantit à tous
l'égalité de chance d'accès à l'éducation
sans discrimination de sexe, d'opinions politiques, philosophique et
religieuse, d'origine sociale, culturelle, linguistique ou
géographique.
Faisant suite à la convention du 13 décembre
2006, la loi N°2010/002 du 13 avril 2010 portant protection et
promotion des personnes handicapées dans ses articles 30 et 31 en
résumé dispose que les enfants et adolescents frappés d'un
handicap de quelques nature que ce soit, bénéficient des
conditions d'éducation et d'apprentissage à leur état et
bénéficient des mesure particulières dont la mise à
disposition d'un matériel didactique adapté et des enseignants
spécialisés.
Selon le rapport publié en 2010, conjointement par la
Banque Mondiale et l'OMS, les personnes handicapées représentent
15% de la population mondiale. Cette proportion était de 3,5% au
Cameroun en 2007.
La réalité du droit à l'éducation
et la démocratisation effective du système supposent que l'Etat
assure l'éducation pour tous dans le cycle primaire et une
égalité d'accès à une éducation de
qualité dans les autres niveaux d'enseignement. Les mesures à
prendre pour promouvoir l'égalité et l'équité
impliquent la prise en compte des questions liées à
l'éducation inclusive et aux populations déplacées vivant
sur le territoire (DESSEF, p.50).
Les statistiques de la commission nationale de la
solidarité internationale relevaient en 2009 qu'au Cameroun, plus de 600
000 personnes souffraient de troubles liées à la vue. Parmi elles
62% étaient analphabètes primaire c'est-à-dire ne savaient
ni lire ni écrire, ni compter et 30 % étaient analphabètes
secondaires c'est-à-dire qu'elles ont exercées un emploi. Mais,
du fait de l'arrivée de la cécité ne peuvent ni lire, ni
écrire. Ce nombre réduit de personnes bien qu'étant
scolarisées font face aux problèmes d'inclusion scolaire.
Le Gouvernement du Cameroun a obtenu un Partenariat Mondial
pour l'Education (PME) un don supervisé par la Banque Mondiale et
géré par le MINEDUB par le biais du Programme
d'Amélioration de l'Equité et de la Qualité de l'Education
au Cameroun (PAEQUE) pour appuyer la mise en oeuvre de sa stratégie
sectorielle de l'éducation. En effet, dans son axe accès et
équité, cette stratégie souligne l'engament du
gouvernement à faire de l'éducation pour tous une
réalité à contribuer à l'expression du droit
à l'éducation dans sa plénitude. Dans cette perspective,
il a opté pour le développement d'un programme en faveur de
l'éducation inclusive. Il y envisage notamment
« d'approfondir la réflexion avec tous les acteurs intervenant
dans le dépistage, l'accompagnement ou le traitement du handicap (
santé, affaires sociales, associations, ONG...)aux fins d'étudier
les possibilités de réponse et d'adaptation du cadre scolaire
(établissement, équipements, outils didactiques, supports
pédagogiques, formations spécifiques, pratiques
pédagogiques) pour une approche inclusive et/ ou pour l'éducation
spécialisée si elle est plus adaptée à certains
handicaps » (DSSEF, p.59).
En dépit du dispositif règlementaire mis sur
pied pour encadrer l'éducation inclusive, de la création d'une
chaire UNESCO y dédiée de l'Université de Buea, de la
création et du fonctionnement des structures d'éducation
spécialisée, cet important volet de l'éducation reste
encore virtuel au Cameroun. Il n'existe pas d'informations exhaustives sur les
types de handicaps, sur la cartographie des handicaps et les structures
d'encadrement des personnes ayant un handicap. Enfin, il est relevé
l'absence de structures de formation des enseignants à ce type
d'éducation couronnée par une absence de politique nationale en
la matière au Cameroun. Dès lors, s'impose la
nécessité d'inverser la tendance en donnant une dimension
réelle, formelle à l'éducation inclusive au Cameroun. La
pédagogie de l'inclusion vise à mettre fin à une forme
d'exclusion, celui qui se base sur les différences ou les
particularités du fonctionnement des apprenants. Elle évite d'une
part, les distinctions entre les élèves à besoins
particuliers ou les élèves en difficulté et d'autres
parts, l'ensemble des élèves sans handicap. C'est celle qui
permet à tous les élèves de vivre leur scolarisation dans
leur école du quartier et à l'intérieur de la classe
ordinaire. Les fondements de l'inclusion scolaire reposent tant sur la notion
d'équité, de démocratisation de l'éducation et de
pleine participation moyenne que sur les droits de la personne ;
l'éducation inclusive fait partie d'un mouvement pour une
éducation plus respectueuse de la dignité humaine et des
différences.
Les données concernant la répartition des
personnes handicapées et l'évolution du nombre de Cartes
Nationales d'Invalidité délivrées par type de
déficience. Ainsi, selon la répartition en(%) de la population
déclarant avoir un handicap par région et sexe selon le principal
handicap, il en ressort que la région du centre qui fait l'objet de
notre étude a le taux le plus élevé ;
c'est-à-dire sur une population de 43003 personnes présentant un
handicap, 40,7 % présente un handicap visuel ( aveugle et malvoyant)
(Enquête ECAM3, 2007, p.204). Ainsi, selon la DRAS-centre, le nombre de
cartes d'invalidités délivrées aux déficients
visuels en 2006 est de 121, en 2008, 114, en 2009, 142, et en
2010, 204. (MINAS/DPPHPA/CES, p.256).
Ainsi, selon Abena (2015), inspiré du rapport
réalisé en 2015 sur l'évaluation des défis de
l'Education Pour Tous(EPT), il était question de fournir un tour
d'horizon sur la qualité de l'éducation au Cameroun, depuis
l'adoption de la stratégie de l'EPT en 2000, dont les objectifs en
quelques mots se résument aux points essentiels suivants:
- l'amélioration de la qualité de
l'éducation dans les pays participants au forum mondial de Dakar en
avril 2000, en favorisation la scolarisation du plus grand nombre ;
- la réduction des inégalités existantes
freinant l'accès à l'éducation pour tous les enfants en
âge d'y aller.
Aujourd'hui, en 2017, il ressort que l'éducation
Camerounaise a connu un certain nombre de progressions en matière de
qualité. Notamment, ont été relevés les
progrès suivants:
- la progression significative des taux de scolarisation et
d'achèvement pour le préscolaire, le primaire et le secondaire
;
- l'atténuation des disparités entre les sexes
aux niveaux primaire et secondaire ;
- l'amélioration de la qualité de l'enseignement
et de l'encadrement des élèves.
De plus en plus, l'on observe des progrès
significatifs, s'agissant de la qualité de l'enseignement et de
l'encadrement pédagogique au Cameroun des efforts notables
réalisés sur le recrutement d'enseignants plus
qualifiés(primaire de 53.11% à 67.01% entre 2007 et 2010, et
secondaire de 22.06% à 41.04% entre 2001 et 2010) et du ratio
élèves/ enseignants ( de 63 élèves pour
l'enseignant en 2000 à 45 pour 1 en 2011 au primaire). En ce qui
concerne les acquis d'apprentissage, le niveau des acquis scolaires s'est
nettement détérioré d'après les analyses, depuis
une quinzaine d'années. Cependant, les évaluations portant sur
les acquisitions des élèves en 2013, tirées des
résultats du PASEC 2005, montrent que à peine un quart des
élèves du primaire réussit aux tests de langue et de
mathématiques. Il en est de même au 1er cycle du niveau secondaire
qui laisse percevoir une faible qualité des apprentissages, au regard
d'un taux de rétention de seulement 70.4% en 2012, du fait des
redoublements et abandons. Notons ici que la plupart des abandons scolaires et
redoublements résultent des difficultés d'apprentissage
rencontrées par les élèves durant leur formation, entre
autres causes. Certains élèves ont des difficultés
à atteindre le niveau scolaire supérieur du fait des lacunes
cumulées dans les matières de base d'apprentissage, à
savoir les mathématiques et le français qui pour la
majorité constituent au témoignage des enseignants, les
disciplines recensant le plus de difficultés scolaires.
Avant d'aborder cette notion de pédagogie universelle
Bergeron et al (2011) ont d'abord parlé d'un certain scepticisme chez
les praticiens et les parents d'élève n'ayant pas de besoins
particuliers. Ce scepticisme entoure la notion d'inclusion scolaire et des
pratiques qui en découlent. En effet, la faisabilité de
l'articulation pédagogique nécessaire à l'inclusion
scolaire suscite beaucoup de doutes chez certains intervenants scolaires. Ceci
s'explique par la difficulté qu'éprouvent les enseignants
à répondre aux exigences que posent les classes
hétérogènes, composé d'une diversité
d'élèves. Ils ont du mal à faire face à la
diversité des élèves réunis dans un même
groupe. Or, pour le succès de l'inclusion, la mise sur pied des
pratiques (liées à une planification sérieuse)
répondant à une diversité est importante.
Ainsi, pour la réussite de l'inclusion scolaire,
Bergeron et al (2011) ont exploré une pratique pédagogique
pouvant répondre à la diversité : c'est le cas de la
pédagogie universelle. Se basant sur le design universel propre au monde
de l'architecture en créant des environnements accessibles à tous
et répondant aux besoins de tous, la pédagogie universelle vise
« la transposition au contexte de l'enseignement et de
l'apprentissage de ces principes d'accessibilité architecturale, et mise
sur une planification rigoureuse à la suite de l'anticipation des
besoins qui pourraient émerger en contexte des salles de classe
ordinaire ».
Selon le Center for AppliedSpecialTechnology (CAST) la
pédagogie universelle est :
« Un ensemble de principes liés au
développement du curriculum qui favorise les possibilités
d'apprentissage égale pour tous les individus. Il ne s'agit pas d'un
modèle unique qui s'applique à tous, mais plutôt d'une
approche flexible pouvant être faite sur mesure ou ajuster pour les
besoins de l'individu. Plus spécifiquement, la pédagogie
universelle se compose d'un ensemble de principes scientifiques qui forment un
cadre de référence pratique pour l'utilisation de la technologie
afin de maximiser les opportunités d'apprentissage pour chaque
élève. Elle traite d'opportunités propres à deux
grands défis pour les enseignants d'aujourd'hui : le défi de
la diversité d'apprentissage et le défi des exigences
élevées ».
La pédagogie universelle s'appuie entre autres sur le
principe de la zone proximale de développement (ZPD) de Vygotsky (1978).
Elle favorise les communautés d'apprentissage où les
différences sont acceptées, les élèves peuvent
démontrer leurs connaissances de manière différente. Elle
permet une réelle participation de tous les élèves aux
apprentissages.
Ses fondements reposent sur le droit à une pleine
participation sociale, de même que sur le développement du plein
potentiel de tous les élèves. L'inclusion scolaire traduit la
croyance que l'éducation ne doit viser rien de mieux que la pleine
actualisation du potentiel de chaque élève. Elle implique une
culture du changement à l'école et concerne tous les acteurs
scolaires (Bélanger et Duchesne, 2010).
L'enseignement doit être planifié de telle sorte
que dès le départ, il soit prévu une panoplie de moyens de
ressources pédagogiques, permettant de répondre aussi bien aux
besoins des élèves à besoins spécifiques,
qu'à ceux des élèves dits « normaux ».
Pour cela, il est aussi nécessaire d'opérer un ajustement de la
formation initiale des enseignants étant donné que pour assurer
une éducation inclusive, les enseignants doivent être
formés en conséquence. Lewis Ingrid et BagreeSunit (2013), dans
le résumé du document d'orientation de l'IDDC ( International
Disability and Developement Consortium), relèvent qu'afin de
développer les compétences, l'expérience et la confiance
pour inclure tous les enfants, les enseignants ont besoin d'étudier et
de pratiquer l'éducation inclusive pendant la formation initiale et la
formation continue, et ils ont besoin qu'on leur donne des possibilités
de formation professionnelle continue ( qui au-delà d'une simple
présence à des sessions de formation) tout au long de leur
carrière. Tous les enseignants ont besoin d'acquérir des
connaissances sur l'éducation inclusive, dès les premiers jours
de leur formation. Dès lors, on s'interroge :
- En quoi la pédagogie universelle permet à
l'école d'être dotée d'un projet éducatif qui
tient compte du potentiel de chaque élève?
- Comment se caractérise l'école
inclusive face à l'implantation du projet éducatif
camerounais?
- Malgré toutes les procédures
réglementaires sur le handicap, pourquoi la mise en oeuvre de
l'inclusion scolaire demeure encore incertaine dans de nombreux milieux
éducatifs ?
- Quelles sont les limites de l'inclusion scolaire ?
- Quelles sont les difficultés dont font face les
déficients visuels dans le système éducatif
camerounais ?
1.2. POSITION ET FORMULATION DU PROBLEME
Le problème que pose cette étude est celui du
niveau d'adaptation scolaire du déficient visuel au regard du
modèle d'inclusion développé au sein des
établissements scolaires.Nous avons constaté que malgré
l'existence de textes régissant le statut des personnes
handicapées, ces dernières font face à de nombreuses
difficultés. En effet, elles ont des difficultés dans la prise de
notes de cours, sont incompris des enseignants qui ne sont pas patient avec eux
lors des cours et lors des évaluations, mais aussi ne composent pas des
épreuves adaptées à leur handicap. Ces derniersdu fait de
leur handicap ne participent pas au déroulement de certaines
matières telles que la mathématique, la science de la vie et de
la terre, la physique-chimie. Ils fréquentent sans manuels scolaires,
car se doter d'un document transcrit en braille n'est pas évident pour
toutes les familles camerounaises. Ceci les empêche non d'approfondir les
cours, mais aussi de faire les devoirs. Les enseignants lors des
évaluations ne leur accordent pas un temps supplémentaire. Ce
non-respect du temps fait en sorte qu'ils soient parfois incapables de terminer
les épreuves. Face à ces multiples difficultés auxquelles
ils font face, cela développent en euxune frustration à
l'école et un sentiment de rejet de la part de certains de leurs
camarades. Tout ceci affecte aussi leurs performances scolaires. Hors mis ce
fait, même si parfois ils ont de bonnes notes dans certaines
matières, elles devraient être encore meilleures s'ils
n'étaient pas confrontés à toutes ces difficultés.
Face à cette situation, le système éducatif doit trouver
les voies et les moyens nécessaires pour satisfaire aux besoins des
élèvesvivant avec un handicap comme celui de la
déficience visuelle.
C'est ainsi qu'on constate que les déficients visuels
au sein des établissements scolaires,éprouvent beaucoup de
difficultés dans le processus d'apprentissage malgré l'existence
de dispositions légales garantissant la mise en oeuvre des conditions
d'apprentissage propres à leur état. D'où l'option de
mener une recherche sur le thème : « QUALITE DU
PROCESSUS D'ETAYAGE ET NIVEAU D'ADAPTATION DES DEFICIENTS VILSUELS EN MILIEU
SCOLAIRE ».
En d'autres termes, il s'agit de déterminer si
l'accompagnement donné au sein des établissements secondaires
publics, favorise l'inclusion scolaire des déficients visuels, cas du
Lycée Bilingue d'Ekounou.
1.3. QUESTIONS DE RECHERCHE
Comme le but de la recherche est énoncé de
façon générale, les questions viennent expliciter les
différents aspects susceptibles d'être étudié. Dans
le cas de l'étude, les questions de recherchent découlent
directement du but et indique clairement l'information qu'il convient
d'obtenir auprès de la population, c'est-à-dire de l'ensemble des
sujets concernés par l'objectif de la recherche. La recherche ayant
adopté une recherche qualitative cherche à comprendre la
qualité du processus d'étayage au regard du niveau d'adaptation
des élèves déficients visuels en milieu scolaire. Cette
recherche comporte une question principale qui demande une exploration du
phénomène à étudier. Elle comporte des sous
questions qui délimitent et précisent le point fondamental de
l'étude tout en laissant le questionnement ouvert. Dans cette
étude, on est en face d'une catégorie (Fortin, 2016). D'où
la question de recherche suivante :
1.3.1.
Question principale de recherche
La question principale de cette recherche est la
suivante : Quels sont les facteurs du processus d'étayage qui
rendent compte du niveau d'adaptation scolaire des déficients visuels
?
1.3.2.
Questions secondaires de recherche
Plus spécifiquement :
-QSR1 : Le facteur socio affectif
rend-t-il compte du niveau d'adaptation de l'élève
déficient visuel en milieu scolaire ?
-QSR2 : Les facteurs cognitif et
intellectuel rendent-t-ils comptent du le niveau d'adaptation de
l'élève déficient visuel en milieu scolaire?
1.4. OBJECTIFS DE L'ETUDE
1.4.1.
Objectif général de recherche
Cette recherche a pour objectif d'analyser les processus
d'étayage qui rendent compte du niveau d'adaptation de
l'élève déficient visuel en milieu scolaire
1.4.2.
Objectifs spécifiques de recherche
De façon spécifique cette étude vise
à :
-OSR1 : Déterminer en quoi le
facteur socio affectif rend compte du niveau d'adaptation de
l'élève déficient visuel dans les lycées
d'enseignement général.
-OSR2 :Identifier comment les facteurs
cognitif et intellectuel rendent compte du niveau d'adaptation de
l'élève déficient visuel dans les lycées
d'enseignement général.
1.5. INTERETS DE L'ETUDE
1.5.1.
Intérêt social
L'évolution des écoles spéciales
réservées aux enfants présentant un handicap vers
l'inclusion a été marquée par l'idée de
normalisation qui pour Aucoin et Vienneau cités par Bergeron et al
(2011), exige de l'élève qu'il s'ajuste et se conforme à
une norme établie. Elle oblige ces derniers en situation de handicap de
travailler plus que leurs pairs pour diminuer ou camoufler le plus possible
leurs différences. L'inclusion scolaire et la pédagogie
universelle quant à elles, permettent aux élèves de vivre
pleinement leurs différences sans avoir à les modifier pour
être accepté en société. La
spécificité de la pédagogie universelle réside dans
la prise en compte des différences de tous les élèves
où l'on observe une rupture avec la route traditionnelle de
l'enseignement. Cette route traditionnelle centrée sur la transmission
des savoirs répond difficilement aux besoins des élèves
à besoins particuliers. La pédagogie universelle doit conduire
à une planification centrée sur la prise en compte de la
diversité. Les enseignants dans cette perspective doivent s'ouvrir
à une diversité d'approches pédagogiques et
organisationnelles pour favoriser le développement du potentiel des
élèves.
C'est l'actualisation de l'une de ces pistes d'action
proposée par le ministère de l'Education au Québec (1999)
dans sa politique de l'adaptation scolaire, soit de : mettre
l'organisation des services éducatifs au service des
élèves handicapés ou en difficulté en la fondant
sur l'évaluation individuelle de leurs capacités et de leurs
besoins, en s'assurant qu'elle se fasse dans le milieu le plus naturel pour
eux, le plus près possible de leur lieu de résidence (p.24).
Précisons ici que l'inclusion scolaire fait ici référence
au placement de tous les enfants ayant ou non des besoins particuliers. La
pratique inclusive prend également en compte la diversité des
besoins des élèves pour ainsi maximaliser leur participation
à l'apprentissage, à la vie sociale et culturelle de
l'école et de la communauté. Elle implique une pédagogie
active qui augmente les possibilités d'apprentissage basées sur
l'expérience, la réalisation des projets, la résolution
des problèmes, l'enquête. La classe inclusive se transforme en
laboratoire où les adultes comme les élèves se
considèrent comme des apprenants à vie et où les attentes
sont élevées (Duchesne et Bélanger, 2010, p.336).
1.5.2.
Intérêt pédagogique
Il est important de comprendre que l'inclusion ne se limite
pas à une simple intégration physique des élèves
à besoin particulier dans les salles de classe ordinaires. Inclure ne se
limite pas qu'à la mise en place des dispositifs mais suppose des
changements systémiques profonds et des valeurs qui les fondent. Elle va
au-delà de l'intégration scolaire qui se limite
« à placer ensemble tous les apprenants sans respecter et
prendre en compte leurs intérêts, habiletés,
expériences, genres.... Elle est une approche normative centrée
sur l'intervention auprès des élèves ayant des besoins
spéciaux » (Rousseau et al, 2003). L'école
intégrative ne s'adapte et ne se transforme pas réellement ;
elle tente plutôt d'aider l'élève à s'adapter
à une structure scolaire prédéfinie. Or, l'inclusion
scolaire quant à elle renvoie de manière générale
au droit de tous les enfants de recevoir une éducation de qualité
sans égard des différences qu'ils peuvent présenter. Elle
est une approche qui considère la diversité comme une composante
essentielle du processus d'enseignement et d'apprentissage, et qui promeut le
développement humain. L'éducation inclusive vise à
combattre la marginalisation des individus et à promouvoir la
différence (Handicap international, 2012).
1.5.3.
Intérêt scientifique
Bergeron et al (2011) énoncent trois principes de la
pédagogie universelle pouvant soutenir le travail de l'enseignant en
contexte d'inclusion scolaire. Principe 1 : recourir à plus
d'une méthode de présentation de l'information et des concepts,
favorise diverses façons d'acquérir l'information et de
développer des savoirs. Principe 2 : offrir des voies
alternatives de participation et des chemins différents pour s'engager
dans les tâches, invite à proposer aux élèves
un éventail de possibilités pour faire la démonstration de
leurs savoirs. Principe 3 : favoriser une variété de
moyens d'expression faisant appel aux habiletés et intérêts
des élèves, veut inciter les élèves à
relever les défis et à développer leur motivation à
apprendre et à s'engager davantage dans les activités
pédagogiques.
D'autres principes sont identifiés et liés au
design de l'environnement de l'apprentissage (contexte d'apprentissage) et au
design d'instruction (l'enseignement proprement dit). Le design de
l'environnement renvoie à l'organisation et à la structure de
l'environnement d'apprentissage, les modes de communication et de
production et le design d'instruction à la mise en oeuvre
d'activités d'enseignement-apprentissage diverses visant l'atteinte des
buts qui sont fonction des besoins diversifiés des apprenants. Ces
principes sont liés à : l'attention portée à
l'aménagement de l'environnement qui devra permettre qu'une
variété d'activités puissent y avoir lieu en même
temps ; à la mise à disposition d'outils et de
matériels susceptibles d'être aidant pour réaliser des
tâches ; et la mise en oeuvre de diverses initiatives
pédagogiques visant à répondre aux divers profils
d'apprenants.
La pédagogie universelle présente des avantages
tant pour les élèves que les enseignants. Pour ce qui est des
apprenants, il est rapporté une amélioration des apprentissages,
ainsi que la motivation chez ces derniers et une accessibilité aux
contenus. Pour les enseignants, elle aurait un impact sur leur changement de
perception quant à la réussite des élèves et
à l'accès aux contenus pédagogiques de ces derniers. Elle
facilite la définition des besoins des élèves et booste
l'enthousiasme des enseignants. Quatre étapes sont proposées pour
que les enseignants puissent planifier leurs actions avec la pédagogie
universelle.
La première étape consiste à
établir les buts, c'est-à-dire définir l'intention
pédagogique (en fonction des savoirs visés et des
compétences à développer) et les attentes ; cette
phase doit respecter l'application du principe de zone proximale de
développement de Vygotsky (1978). La deuxième étape
consiste à analyser la situation actuelle, c'est-à-dire
identifier les méthodes d'enseignements, les outils disponibles aux
élèves et les modes d'évaluation ; identifier les
obstacles susceptibles de constituer un frein pour les élèves
dans leur apprentissage ou leur participation aux activités
pédagogiques. La troisième étape consiste à
appliquer la pédagogie universelle. Ceci consistera à identifier
les modifications à apporter au matériel et aux méthodes
d'enseignement, recueillir et organiser le matériel, planifier la
situation d'enseignement apprentissage et en garder une trace écrite. La
quatrième étape consiste à mettre en oeuvre la situation
d'enseignement apprentissage : animer la situation
enseignement-apprentissage et garder une trace écrite, évaluer la
progression des élèves, réviser la situation
d'enseignement-apprentissage au besoin. Il s'agit en fait, de faire les
diverses situations d'enseignement-apprentissage planifiées au
préalable, aux élèves dont l'évolution des profils
nous permettra de faire des réajustements.
1.6. DELIMITATION DE L'ETUDE
Selon le Cahier de charges du Conseiller d'orientation au
Cameroun, notre étude se limite aux modules 2 et 3. Dans le module 2
intitulé, aide à la réussite scolaire de
l'élève, son objectif spécifique est d'apprendre à
vivre. Il comporte quatre sessions de formation parmi lesquelles :
l'exploration des aptitudes et des intérêts des
élèves, l'initiation aux techniques d'apprentissage des
matières enseignées, l'aide à l'amélioration des
performances scolaires et l'initiation à l'élaboration du projet
scolaire. Le module 3, quant à lui intitulé, aide au
développement de la personnalité de l'élève ;
son objectif spécifique est d'apprendre à vivre. Il comporte six
sessions de formation, parmi lesquelles : la formation de la
personnalité, l'initiation à la connaissance des normes et
valeurs sociales, la présentation de quelques troubles de la
personnalité et des comportements déviants, l'aide à la
recherche des solutions aux problèmes personnels ou relationnels, la
prise de décision et la notion d'affirmation de soi. Notre
délimitation est circonscrite au tour de trois points : une
délimitation du point de vue spatial, temporel et thématique.
1.6.1.
Du point de vue spatial ou géographique
Cette étude s'adresse à un groupe humain bien
spécifique : les déficients visuels. Selon l'OMS
(Organisation Mondiale de la Santé), sont considérés comme
malvoyants, les personnes dont l'acuité visuelle du meilleur oeil et
après correction est situé entre 1/20ème et
3/10ème ou dont le champ visuel est égal ou
inférieur à 20°. Sont également
considérées comme aveugles, les personnes dont l'acuité
visuelle du meilleur oeil et après correction est égale ou
inférieure à 1/20ème ou dont le champ visuel
est réduit.
1.6.2.
Du point de vue temporel
Il s'agit d'un thème actuel qui porte sur le niveau
d'adaptation des élèves malvoyants au regard du type
d'étayage mis en place par l'enseignant et le conseiller d'orientation.
En effet, les travaux de Le Manchec (2005) ont montré que
l'étayage de l'adulte permet à l'enfant d'apprendre plus
facilement. A partir de son environnement et des différentes
interactions avec l'éducateur, l'enfant malvoyant devient capable
d'accomplir lui-même certaines tâches, d'où son
autonomisation dans la société. L'étayage affectif permet
de mettre l'enfant en confiance pour qu'il puisse s'exprimer comme les autres.
L'importance de l'étayage affectif réside donc dans le fait qu'il
permet de se rapprocher de l'enfant, d'encourager les timides, solliciter
l'attention de ceux qui parlent le moins, laisser à chacun le temps de
s'exprimer.
1.6.3.
Du point de vue thématique
Notre étude a choisi de prendre comme seul facteur
l'étayage mis en place par l'enseignant et le conseiller
d'éducation pour mieux expliquer le phénomène d'inclusion
des élèves déficients visuels en milieu scolaire.
CHAPITRE 2 : INSERTION THEORIQUE DU SUJET
Après avoir identifié le problème de
l'étude au chapitre précédent, il convient dans le
présent chapitre d'élaborer la grille de lecture
théorique de l'étude. C'est la principale fonction de ce chapitre
dont les principales articulations sont : la définition des concepts
clés, la présentation de la revue et la recension des
écrits en lien avec le problème et la présentation du
modèle de référence à partir duquel nous avons
tiré nos hypothèses de recherche.
2.1. DEFINITIONS DES CONCEPTS CLES
Pour mieux cerner cette étude, il convient au
préalable de définir certains mots clés. Il s'agit de la
déficience visuelle, le concept d'étayage et la notion
d'adaptation.
2.1.1.
Déficience visuelle
2.1.1.1. Déficience
Selon la loi N°2010/002 du 13 avril 2010 portant
protection et promotion des personnes handicapées, article 2
alinéa 2 dispose que « la déficience est la
perte de la substance ou de l'altération d'une structure ou d'une
fonction psychologique, physiologique et/ou anatomique. C'est l'aspect
lésionnel du handicap ».La déficience fait
référence à la perte de substances ou l'altération
de fonctions ou structures physiologiques, psychologiques ou anatomiques,
provisoire ou définitive. Elle comprend l'existence ou l'apparition
d'anomalies, d'insuffisances et de pertes concernant un membre, un organe, un
tissu ou une autre structure de l'organisme incluant la fonction mentale. Elle
correspond à une norme biomédicale et se présente comme la
conséquence d'une maladie ou d'un trouble.
La classification internationale des maladies (CIM-10) divise
la fonction visuelle en quatre catégories : la vision normale, la
déficience visuelle modérée, la déficience visuelle
grave et la cécité. Lors de la déficience visuelle
modérée ou grave, on parle de basse vision. Lorsque la personne
est totalement ou presque privée de la vue, on parle de
cécité. Le terme malvoyance (ou l'adjectif malvoyant) est un
terme plus courant, désignant la basse vision. De même, les
adjectifs aveugle ou non-voyant désignent les personnes privées
de l'usage de la vue.
2.1.1.2. Types de déficience visuelle
Les déficiences visuelles dans l'enfance peuvent
exister à la naissance déjà ou se développer dans
les premières années de la vie ou plus tard durant l'enfance ou
l'adolescence.On peut relever trois principaux types de déficience
visuelle qui selon le degré d'intensité vont de la basse vision
à la cécité :
- la vision floue : la personne ayant
une vision floue perçoit difficilement les contrastes et les reliefs,
évalue mal les distances, voit les couleurs de manière
atténuée et ne tolère parfois pas la lumière
forte.
Figure 1 : Vision
totale mais floue
- la vision périphérique avec scotome
central : se manifeste par l'apparition d'une tâche au
centre de la rétine, là où la personne fixe visuellement
son attention. Comme seule la rétine périphérique
fonctionne, la personne ne discerne pas les détails. L'acuité
visuelle est donc très faible. Les personnes souffrant de ce type de
déficience visuelle parviennent à se déplacer sans
difficulté dans l'espace, mais leur perception des détails et des
couleurs est grandement altérée.
Figure 2 : Vision
périphérique avec scotome central
- la vision tributaire : la personne
voit comme à travers un trou de serrure. Le champ de vision peut
être plus ou moins étendu et de plus ou moins de bonne
qualité. Dans ce cas, l'acuité visuelle peut être normale.
Par contre la personne a de grandes difficultés à se
déplacer, principalement dans la pénombre, car les cellules
permettant la vision nocturne ne fonctionnent plus. La vision tubulaire
s'accompagne également souvent des problèmes
d'éblouissement.
Figure 3 : Vision
tributaire
Relevons encore les phénomènes les plus
fréquents, isolés ou pouvant accompagner la déficience
visuelle :
- les troubles du réflexe de fixation qui se
présentent sous la forme de secousses rythmiques, rapides et
involontaires d'un oeil ou des deux yeux (nystagmus) ;
- la perception d'une image en double
(diplopie) ;
- les troubles liés à la luminosité,
comme une sensation d'éblouissement déjà dans des
environnements moyennement éclairés ou en regardant des surfaces
claires (photophobie) ;
- une basse vision nocturne ;
- les anomalies de la vision des couleurs qui peut être
partielle (la personne ne voit pas une couleur, mais uniquement des
différences d'intensité).
Ces types de malvoyance ainsi que les phénomènes
y relatifs peuvent se combiner et être accompagnés d'autres
troubles ; cette catégorisation n'est par conséquent pas
représentative de l'ensemble des situations où l'on constate des
déficiences visuelles.De plus, des affections identiques peuvent avoir
des conséquences très différentes : l'âge
d'apparition, l'histoire de la déficience, la gravité de
l'atteinte et l'environnement social et familial ont également une
grande influence sur les facultés d'apprentissage et d'adaptation de
l'élève atteint d'une déficience visuelle. Deux personnes
ayant la même acuité visuelle n'ont par conséquent pas la
même vision fonctionnelle : la capacité d'interpréter
des informations reçues ou de mettre en place des stratégies de
compensation sensorielles est propre à chaque personne.
2.1.1.3. Les difficultés rencontrées par les
déficients visuels en milieu scolaire
Les informations qui suivent donnent des pistes pour
comprendre les difficultés qu'un élève ayant une
déficience visuelle peut rencontrer.
Anomalie
|
Variante
|
Difficultés
|
CÉCITÉ TOTALE
(certaines des difficultés décrites ci-dessous
peuvent également concerner les élèves malvoyants)
|
Autonomie restreinte
|
l'élève déficient visuel ne peut
accomplir certaines tâches que difficilement ou avec l'aide de tiers (se
déplacer, trouver un objet, avoir accès à une information
visuelle, etc.)
|
Difficultés d'ordre spatial
|
la réalité spatiale n'est perceptible
qu'à bout de bras et se repérer est difficile. Si
l'élève est aveugle de naissance, se représenter l'espace
est difficile. Même à l'aide d'une canne blanche, il ne peut se
déplacer seul d'un point à un autre (par ex. de la salle de
classe aux toilettes) qu'en mémorisant les distances, les directions,
les obstacles. Se mouvoir dans l'espace requiert une attention
particulière, ce qui peut prendre temporairement le pas sur celle
nécessaire aux apprentissages.
|
Difficultés d'apprentissage
|
Acquisition du langage : les personnes
voyantes s'appuient essentiellement sur des qualificatifs visuels et utilisent
un langage souvent incompréhensible pour l'enfant aveugle, tandis que le
langage nécessaire à la description des perceptions tactiles et
auditives est peu développé chez les personnes voyantes.
L'élève concerné peut ainsi avoir un bon vocabulaire, mais
l'employer à mauvais escient parce qu'il n'en possède pas toute
la signification, ce qui peut être la source de malentendus («
verbalisme visuel » : par ex. un enfant aveugle parle de la couleur du
ciel, de l'herbe, etc. par « ouï-dire », sans en en avoir
d'expérience réelle).
|
Acquisition des connaissances :
l'élève doit acquérir ses connaissances à partir de
nombreuses informations qui ne lui sont pas toujours accessibles. Il ne peut
pas faire l'expérience directe de certains objets ou
phénomènes (par ex. un paysage, un tigre, un bâtiment, la
couleur rouge, etc.). Il apprend donc leur existence à partir des
descriptions que l'entourage en fait. Ses représentations mentales sont
généralement moins riches et moins variées que celles d'un
élève voyant de son âge.
|
Traitement de l'information : le champ
perceptif visuel d'une personne voyante est très étendu et permet
une perception globale et simultanée des objets, contrairement aux
champs perceptifs tactile et sonore, qui s'élaborent à partir
d'informations successives et fragmentées. L'élève aveugle
percevant les choses de manière fragmentée a besoin de plus de
temps pour les recomposer ; ce qui nécessite un effort de
traitement de l'information plus élaboré et plus soutenu.
|
|
Accomplissement des tâches plus
lentement
|
- Généralement, la lecture et l'écriture
tactile sont plus lentes que la lecture « en noir ». À noter
que pour une personne avec une malvoyance, la lecture et l'écriture
« en noir » sont également plus lentes.
- Comme il lui est plus difficile de se repérer,
d'explorer un texte ou une page, la recherche d'une information dans une page
prend plus de temps (par ex. lorsque les questions relatives à un texte
sont sur une autre page que le texte en question). Trouver ses affaires, les
manipuler et se déplacer lui demande également plus de temps.
- Comprendre les consignes ou suivre les exercices au tableau
exige de sa part plus d'attention et de temps, l'élève ne pouvant
s'appuyer que sur les informations auditives.
|
Posture, mimiques et particularités
gestuelles
|
l'enfant aveugle ne peut pas apprendre par mimétisme
les mimiques, attitudes et gestes de son entourage. Il ne peut le faire
qu'à l'aide d'un apprentissage actif ou au moyen d'une
rééducation. De plus, n'étant pas attiré par les
stimulations visuelles, il peut avoir une façon particulière de
se tenir et se mouvoir. Par exemple, le regard figé ou la
mobilité anormale des yeux ainsi que la pauvreté des mimiques
rendent le visage moins expressif. Lever la tête et se redresser pour
regarder ce qui se passe ou la tourner en direction de son interlocuteur ne
fait pas de sens lorsqu'on ne capte pas les informations visuelles,
contrairement au fait de s'immobiliser pour mieux écouter.
L'élève aveugle peut aussi avoir un comportement psychomoteur
caractérisé par des balancements, parfois aussi par des
hochements ou une rotation de tête.
|
Problèmes de communication
|
la personne aveugle n'a pas accès au discours
non-verbal de son interlocuteur ; ce qui peut générer des
problèmes de communication. Ces difficultés sont
accentuées dans un groupe (par ex, lors du changement de tour de prise
de parole pendant un travail de groupe).
|
Fatigabilité accrue
|
L'extrême concentration nécessaire pour suivre en
classe compte tenu des difficultés susmentionnées engendre
beaucoup de fatigue.
|
MALVOYANCE
Les difficultés rencontrées par des
élèves malvoyants peuvent parfois être comparables à
celles éprouvées par les enfants et jeunes aveugles. Toutefois,
selon le type et la sévérité de la déficience
visuelle, il existe des difficultés bien spécifiques
|
Vision de loin floue
|
l'élève perçoit mal son environnement.
Ces difficultés peuvent aller jusqu'à une impossibilité de
distinguer quoi que ce soit de loin, même si des perceptions lumineuses
permettent une certaine autonomie à l'intérieur de la salle de
classe. L'élève :
- ne voit ni le tableau, ni les affichages muraux, surtout
s'ils sont situés très haut ;
- ne peut percevoir un document écrit ou
illustré, présenté à l'ensemble des
élèves ;
- ne peut pas bénéficier de tout le travail
d'imprégnation que ces documents induisent ;
- a de la peine à suivre une activité
présentée trop loin de lui (par ex. en éducation
physique) ;
- présente une tendance à s'isoler, à se
désinvestir de l'activité poursuivie en commun ;
- peut passer pour étourdi et distrait
|
Vision de près très rapprochée
|
l'élève malvoyant lisant et écrivant
« en noir » compense partiellement sa faible vision en s'approchant
le plus possible de son document et par conséquent :
- a un champ visuel restreint
- n'a aucune vision globale
- a une connaissance d'un document par approches
successives
- a une possibilité d'anticipation très
limitée
|
Vision périphérique avec scotome central
|
l'élève est à l'aise dans ses
déplacements et dans sa connaissance de l'espace intermédiaire et
lointain. Mais, les exercices de lecture « en noir » sont difficiles,
voire impossibles selon l'étendue du scotome.
|
Vision tubulaire
|
la discrimination visuelle centrale étant souvent
intacte, l'élève peut lire « en noir », mais aura de la
peine à se déplacer. Lorsque le champ visuel est très
réduit, des problèmes peuvent naître quant aux prises de
repères et à la localisation dans l'espace feuille.
|
Difficultés liées à l'utilisation de
la vision
|
en général, la façon de voir peut
fortement varier au cours d'une même journée : utiliser son
potentiel visuel lorsqu'on est malvoyant peut ainsi entraîner
céphalées, douleurs oculaires, larmoiements, fatigue, etc. Un
reflet ou une variation ambiante, insignifiants pour un élève
voyant, peuvent être aveuglants pour un élève malvoyant.
L'impossibilité de stabiliser son regard peut aussi entraîner des
difficultés ainsi que de l'agitation et une instabilité
motrice.
|
Difficultés supplémentaires
générées par les autres troubles visuels pouvant
accompagner la déficience visuelle :
|
Nystagmus
|
celui-ci peut se déclencher lors d'une émotion
ou d'une attention trop soutenue
|
Photophobie
|
l'inconfort qu'elle engendre se manifeste par des clignements
de paupières répétés. L'élève :
- a de la peine à voir lorsque la salle est trop
éclairée, ou à lire sur un tableau blanc si celui-ci
présente trop de reflets ;
- doit porter continuellement des lunettes teintées ou
une casquette à visière.
|
Anomalies de la vision des couleurs
|
l'élève a de la peine à distinguer les
informations colorées, voire en est incapable (lettres ou chiffres dans
certaines couleurs, surlignages colorés, etc.)
|
2.1.2.
Le concept d'étayage
2.1.2.1. Etayage en psychanalyse
Terme introduit par Freud (1905) pour désigner la
relation primitive des pulsions sexuelles aux pulsions
d'autoconservation : les pulsions sexuelles, qui ne deviennent
indépendantes que secondairement, s'étayent sur les fonctions
vitales qui leur fournissent une source organique, une direction et un objet.
En conséquence, on parlera aussi d'étayage pour désigner
le fait que le sujet s'appuie sur l'objet des pulsions d'autoconservation dans
son choix d'un objet d'amour ; c'est là ce que Freud a
appelé le type de choix d'objet par étayage.L'idée
d'étayage est une pièce maîtresse de la conception
freudienne de la sexualité. Présente dès la
première édition des Trois essais sur la théorie de la
sexualité (1905), elle ne fait que s'affirmer dans les
années suivantes.En 1905, dans sa première élaboration
théorique de la notion de pulsion, Freud décrit la relation
étroite qui existe entre la pulsion sexuelle et certaines grandes
fonctions corporelles. Cette relation est particulièrement
évidente dans l'activité orale du nourrisson : dans le
plaisir pris à la succion du sein, « ... la satisfaction
de la zone érogène était étroitement
associée à la satisfaction du besoin de
nourriture ». La fonction corporelle fournit à la
sexualité sa source ou zone érogène ; elle lui
indique d'emblée un objet, le sein ; elle procure enfin un plaisir qui
n'est pas réductible à l'assouvissement pur et simple de la faim,
une sorte de prime de plaisir : « ... bientôt le
besoin de répéter la satisfaction sexuelle se séparera du
besoin de nutrition ». La sexualité ne devient donc
autonome que secondairement et, une fois abandonné l'objet
extérieur, fonctionne sur le mode auto-érotique (voir
Auto-érotisme).L'étayage s'applique aussi dans le cas des autres
pulsions partielles : « la zone anale, de même que la
zone labiale, est appropriée, par sa situation, à permettre un
étayage de la sexualité sur d'autres fonctions
corporelles ».
Dès 1905, tout au long du chapitre sur la
« découverte de l'objet », la genèse du choix
d'objet telle que la décrit Freud, est celle-là même qu'il
qualifiera plus tard de « type de choix d'objet par
étayage ».Dans les années 1910-12, dans les textes
où Freud dégage la grande opposition des pulsions
sexuelles et des pulsions d'autoconservation, la notion
d'étayage est toujours présente : elle désigne la
relation originelle des deux grandes sortes de pulsions : « ...
les pulsions sexuelles trouvent leurs premiers objets en étayage sur les
valeurs reconnues par les pulsions du moi, tout comme les premières
satisfactions sexuelles sont éprouvées en étayage sur les
fonctions corporelles nécessaires à la conservation de la
vie ».L'opposition introduite par Freud en 1914 entre deux types de
choix d'objet n'apporte pas de modification à la notion
d'étayage ; elle limite seulement l'extension Choix d'objet,
narcissique.En 1915, dans la troisième édition des Trois
essais, Freud met mieux en évidence, par quelques adjonctions, le
terme d'étayage et la portée qu'il lui donne. C'est ainsi qu'il
fait de l'« étayage sur l'une des fonctions corporelles
importantes pour la vie » (le) un des trois caractères
essentiels de la sexualité infantile.
Le concept d'étayage semble pas avoir été
jusqu'ici pleinement dégagée de l'oeuvre de Freud ; on ne
l'a, le plus souvent, vu intervenir que dans la conception du choix de l'objet
qui, loin de la définir tout entière, la suppose
déjà au centre d'une théorie des pulsions.Son sens majeur
est en effet d'établir une relation et une opposition entre les pulsions
sexuelles et les pulsions d'autoconservation.L'idée même
qu'originellement les pulsions sexuelles empruntent aux pulsions
d'autoconservation leurs sources et leurs objets implique qu'il existe une
différence dans la nature des deux sortes de pulsions. Les
premières voient tout leur fonctionnement
prédéterminé par leur appareil somatique, et leur objet
est d'emblée fixé, au contraire les secondes se
définissent d'abord par un certain mode de satisfaction qui n'est pour
commencer qu'un bénéfice obtenu en marge du fonctionnement des
premières. Cette différence essentielle est attestée par
Freud par l'emploi répété, pour parler des pulsions
d'autoconservation, des termes comme fonction et besoin. Selon cette
ligne de pensée, on peut se demander si, dans une terminologie plus
stricte, il ne conviendrait pas de désigner ce que Freud appelle
« pulsions d'autoconservation » par le terme de
besoins, les différenciant mieux ainsi des pulsions
sexuelles.
Le concept d'étayage, en aidant à comprendre la
genèse de la sexualité, permet de préciser la place de
celle-ci dans la théorie de Freud. On a souvent reproché à
Freud son pansexualisme, et Freud s'est défendu de cette
accusation en invoquant la constance de son dualisme pulsionnel ; la
conception de l'étayage permettrait une réponse plus
nuancée. En un sens la sexualité peut être retrouvée
partout, comme naissant dans le fonctionnement même des activités
corporelles et aussi, comme Freud l'indique dans les Trois
essais, dans toutes sortes d'autres activités, intellectuelles
par exemple. Mais, d'autre part, elle ne détache que secondairement et
elle est rarement retrouvée comme une fonction absolument autonome.
Un problème souvent débattu en psychanalyse.
Faut-il supposer l'existence d'un « amour d'objet
primaire » ou bien admettre que l'enfant est d'abord dans un
état d'auto-érotisme ou de narcissisme ? Il
reçoit chez Freud une solution plus complexe qu'on ne le soutient
généralement. Les pulsions sexuelles se satisfont de façon
auto-érotique avant de parcourir l'évolution qui les mène
au choix d'objet. Mais, en revanche, les pulsions d'autoconservation sont
d'emblée en relation avec l'objet ; ainsi, tant que la
sexualité fonctionne en étayage avec elles, il existe,
également des pulsions sexuelles, une relation à l'objet et
ce n'est qu'une fois qu'elles se séparent que la sexualité
devient érotique. « Lorsque, à l'origine, la
satisfaction sexuelle était encore liée à l'absorption de
nourriture, la pulsion sexuelle avait un objet sexuel au-dehors du corps
propre : le sein maternel. Ce n'est que plus tard qu'elle le perd. La
pulsion sexuelle devient alors en règle générale
auto-érotique. Trouver l'objet, c'est au fond le
retrouver ».
2.1.2.2. Etayage dans les situations de médiation pour
apprendre
Parlant de l'étayage socioaffectif, le premier objectif
est de faire en sorte que l'enfant ose s'exprimer. La communication non verbale
va permettre de créer l'envie de communiquer grâce à un
sourire, un regard, un geste. L'adulte peut s'asseoir près de l'enfant,
centrer la communication sur son corps ou un objet (livre, jouet...), puis,
lorsqu'il sera plus à l'aise, lui signaler un camarade de jeu avec qui
il pourra s'exprimer. À tous les niveaux, l'étayage affectif est
important : encourager les timides, solliciter du regard ceux qui parlent le
moins, laisser à chacun le temps de s'exprimer, créer des centres
d'intérêt qui suscitent les échanges.
Le concept d'étayage a été introduit par
Bruner (1984). Selon le Larousse (2010), l'étayage renvoie au soutien
d'un mur ou d'un plafond par des étaies. Ces étaies sont des
pièces de charpente servant à soutenir provisoirement un
plancher, un mur... De cette définition selon Bucheton et Soulé,
2007), il en ressort que l'étayage est l'aide apportée par un
adulte ou un professionnel expérimenté dans l'accomplissement
d'une tâche, à une personne inexpérimentée afin
qu'elle puisse l'accomplir seule.
Pour Astolfi (1992), l'étayage est une démarche
de soutien qui nécessite un accompagnement et un support cognitif d'aide
à l'apprentissage. Selon lui ce sont d'abord les adultes qui vont aider
l'enfant à maitriser la compréhension et la production des
différents actes de parole, mais aussi comprendre les fonctions de
communication de l'énoncé produit. Pour ce faire, l'adulte va
mettre en place un étayage à travers lequel il va réduire
la complexité de la tâche et construire des formats qui encadrent
l'action de l'enfant. Dans le cadre de ces formats, il changera juste ce qu'il
faut pour faire passer l'enfant de son niveau actuel à un niveau
potentiel qui prenne en compte les nouveaux savoir-faire à maitriser.
Bruner (1987, p.47) avance que la médiation sociale
lors des conduites d'apprentissage consiste à étayer l'apprenti
en le rendant capable de résoudre une difficulté, de mener
à bien une tâche, d'atteindre un objectif :
« L'intervention d'un tuteur la plupart du
temps, comprend une sorte de processus d'étayage qui rend l'enfant ou le
novice capable de résoudre un problème, de mener à bien
une tâche, ou d'atteindre un but qui aurait été, sans
cette assistance, au-delà de ses possibilités. Ce soutien
consiste essentiellement pour l'adulte à prendre en mains ceux des
éléments de la tâche qui excèdent initialement les
capacités du débutant, lui permettant de concentrer ses efforts
sur les seuls éléments qui demeurent dans son domaine
compétence et de les mener à terme ».
2.1.3.
Adaptation scolaire
2.1.3.1. Le concept d'adaptation
Pour Dedebant, Tournier et Veron, (2009), dans s'adapter en
restant soi-même, ils définissent l'adaptation comme un processus
qui vise à répondre de façon original à une
situation nouvelle. Mais, ils précisent que s'adapter ne signifie pas
forcément se conformer. Il s'agit bien plus de faire face mentalement
émotionnellement et physiquement dans une optique
d'épanouissement, d'accomplissement de soi en rapport avec ses propres
besoins, ses propres valeurs. Identifier ses propres besoins est donc la
première étape incontournable, pour être sûr que le
processus d'adaptation ne se fera pas au détriment de soi. Face à
cette représentation des choses, l'adaptation est vue comme
l'équilibre entre les forces et faiblesses de l'individu et les risques
et opportunités rencontrés dans son environnement. Ainsi donc,
l'adaptation peut être vue sous deux approches, à savoir
l'approche des sciences sociales et celle de l'approche scientifique.
Pour ce qui est de l'approche des sciences sociales
l'adaptation est perçue comme un travail de socialisation et de
domestication. En effet, le déplacement des populations, des villages
pour les zones urbaines impliquaient leur installation et par conséquent
l'acquisition de nouvelles habitudes, de nouveaux modes de vie, de nouvelles
compétences et horaires. L'approche scientifique quant à elle
considère que l'adaptation est d'origine biologique ce qui renvoie aux
actions de mise en adéquation d'un organisme aux conditions internes et
externes, susceptibles de l'aider à exister et à se reproduire.
Dans cette optique, l'adaptation ne peut se concevoir sans se
référer à l'environnement. Seulement, la notion
d'adaptation revêt un caractère relatif dans la mesure où
il varie selon les individus (Elongué, 2014).
Le Conseil Technique de l'Enfance et en Danger Moral
adopté en 1943 par l'UNESCO, va mettre sur pied une classification des
enfants qui seront appelés des inadaptés. Le mot
« inadapté » a été retenu dans un
souci de simplification, de délicatesse et de de brièveté.
En effet, le secteur de l'enfance inadapté créé en 1946
défini comme inadapté, l'enfant, l'adolescent ou le jeune dont
l'insuffisance d'aptitudes ou les défauts du caractère le mettent
en conflit prolongé, avec la réalité et les exigences de
son entourage conforme à son âge et à son milieu social.
2.1.3.2. Les capacités d'adaptation
Pour mieux vivre dans son environnement, chacun de nous
dispose de trois grands types de capacités d'adaptation, à savoir
la capacité d'adaptation physique, mentale et impersonnelle (Ngono,
2016) :
- la capacité d'adaptation physique, est là pour
ajuster son corps à des environnements difficiles. Cette capacité
à ajuster son corps à vivre dans des conditions de vie difficiles
permet au corps de savoir mieux affronter les situations de chaleur, froid ou
effort musculaire. L'enfant déficient visuel a déjà une
difficulté physique ; ce qui peut empêcher son adaptation au
sein d'un établissement scolaire ;
- la capacité d'adaptation mentale, est là pour
ajuster son raisonnement aux situations qui peuvent se présenter tout au
long de la vie. Cette capacité à ajuster son raisonnement aux
situations permet de faire face à des situations d'urgence, de crise, de
stress au travail ou dans les études. C'est aussi grâce à
elle que l'on est en mesure d'apprendre de nouvelles procédures de
résolution de problèmes avec créativité. Cette
capacité chez l'élève déficient visuel peut
être réduite car elle est liée à la communication
qui est un élément incontournable. Ainsi, apprendre de nouvelles
procédures passe par une communication entre l'enseignant et
l'élève et si le langage employé n'est pas commun, il y'a
problème :
- la capacité d'adaptation interpersonnelle, est
là pour ajuster ce que l'on dit et ressent face à une autre
personne afin de faciliter un échange qui devient plus efficace. Elle
rend l'échange plus fluide et plus « efficace » et
élabore différents types de réponses qui sont
incontournables pour définir et maintenir nos relations impersonnelles
et qui auront des conséquences très concrètes sur la
relation immédiate et future. Cette capacité est également
utile dans les échanges où la dimension interpersonnelle pour
trouver une réponse adaptée à la situation dans laquelle
on se trouve. Pour être mise en oeuvre, elle nécessite comme la
capacité d'adaptation mentale d'avoir un mode de communication compris
de tous les acteurs en présence.
2.1.3.3. Les aptitudes nécessaires à
l'adaptation scolaire
Selon Dedebant et al (2009), pour s'accommoder à son
environnement, il est nécessaire de mobiliser un certain nombre
d'aptitudes qui y sont favorables telles les compétences individuelles,
spécifiques, interpersonnelles.
Compétences
|
Aptitudes
|
Les compétences individuelles
|
- la capacité à accepter à prendre des
risques ;
- l'envie d'aller jusqu'au bout ;
-la maitrise intérieure pour faire ses choix et
décider comment vivre sa vie ;
-la volonté d'apprendre, l'enthousiasme, la
curiosité vis-à-vis de ce qui est nouveau ;
-la confiance en ses propres capacités à travers
la motivation à vouloir changer ;
- la capacité à se remettre d'un changement,
d'une difficulté ou d'un malheur ;
- l'ouverture d'esprit, l'envie d'essayer des choses nouvelles
et d'être créatif peut augmenter des chances de prendre des
décisions conscientes et réfléchies ;
-la tolérance à l'ambiguïté pour
supporter l'incertitude l'environnement.
|
Les compétences spécifiques
|
- la prise de recul, c'est-à-dire la faculté de
« penser sur sa pensée » fait
référence à une capacité de régulation de
ses propres processus de pensée ;
- la compétence à résoudre un
problème et celle de prendre une décision c'est à dire
faire appel aux expériences passées et des méthodes qui
peuvent s'acquérir en vue d'automatiser le processus d'analyse et de
résolution de problème.
|
Les compétences interpersonnelles
|
- les compétences de négociation, de
résolution des conflits, de persuasion et de construction de la
coopération ;
- l'expérience des situations vécues ;
- la conscience en soi et aux autre ;
- la communication, pour augmenter sa capacité
d'adaptation, il est nécessaire de disposer d'une grande
variété de mode de communication et de savoir s'en servir en
temps opportun en fonction du destinataire ;
- la connaissance spécifique de son domaine, pour
être en mesure de répondre de manière appropriée
à une situation ;
- élargir sa palette de mode communication implique de
prendre en compte la dimension interculturelle.
|
Eu égard de ce qui précède, il ressort
que l'ajustement de l'élève déficient visuel passe par la
mise en oeuvre de ses aptitudes d'adaptation et de ses compétences
spécifiques, individuelles et interpersonnelles. Le déficient
visuel qui fréquente au sein d'un lycée d'enseignement secondaire
public devrait s'en approprier afin de s'accommoder à son environnement,
ceci pour une meilleure intégration au sein du dit établissement
pour le rendre autonome. Pour y arriver également, il a besoin du
soutien du Conseiller d'Orientation et de ses enseignants.
2.2. REVUE DE LA LITTERATURE
Que sait-on sur la problématique que l'on veut
investiguer ? Au préalable, nous avons effectué une lecture
de recherches proches du thème à étudier qui est
l'étayage en lien dans cette recherche avec l'inclusion scolaire. Cette
démarche a permis de préciser les questions de recherche. Le
bilan des connaissances dans ce domaine a été organisé
à travers deux angles d'attaques articulés autour du concept
d'étayage, à savoir : l'étayage socio affectif et
l'étayage langagier ou cognitif).
2.2.1.
Etayage socio affectif
2.2.1.1.Etayage sousforme de médiation
Une perspective interactionniste du développement de
l'enfant est développée par Vygotski. Pour lui, « le
développement de l'enfant est conçu comme le résultat
d'une sociogenèse. » (De Weck, 2010, p.151),
c'est-à-dire que l'enfant acquiert son langage grâce à son
environnement social. « C'est dans l'interaction avec des personnes
plus compétentes (adultes généralement, mais
également pairs plus âgés) que les enfants réalisent
des apprentissages ».A partir de l'idée que
l'expérience de l'enfant n'est jamais purement sensori-motrice, mais
qu'elle est mise en forme, d'emblée, par le langage de l'adulte, alors
la construction de l'action et la construction de la pensée vont de pair
puisqu'elles sont dès l'origine portées dans l'espace du langage
et de la parole. L'étayage langagier ou dialogique consiste en une mise
en mots qui peut permettre à l'enfant de transformer la situation.
L'éducateur permet de mettre du sens sur la situation à un moment
donné. L'intervention de l'adulte consiste à prendre en mains les
éléments de la tâche qui excèdent initialement les
capacités du débutant, lui permettant de se concentrer sur les
éléments qui demeurent dans son domaine de compétences et
de les mener à bien: une intervention didactique qui peut être
mise en acte aussi bien dans le guidage que dans l'accompagnement : « les
fonctions d'étayage »:
- enrôlement : la première tâche
évidente du tuteur est d'engager l'intérêt et
l'adhésion du chercheur ;
- réduction des degrés de liberté : cela
implique une simplification de la tâche par réduction du nombre
des actes constitutifs requis pour atteindre la solution. En
réalité, le tuteur qui soutient, comble les lacunes et laisse au
débutant mettre au point les éléments constitutifs
auxquels il ne peut parvenir ;
- maintien de l'orientation : le tuteur a pour charge de les
[les capacités de débutants] maintenir à la poursuite d'un
objectif défini. Cela comprend pour une part le fait de maintenir
l'enfant dans le champ et, pour une autre part, le déploiement d'entrain
et de sympathie pour maintenir sa motivation ;
- signalisation des caractéristiques
déterminantes : le tuteur signale ou souligne par de multiples moyens
les caractéristiques de la tâche qui sont pertinentes pour son
exécution ;
- contrôle de la frustration : la résolution de
problème devrait être moins périlleuse avec le tuteur que
sans lui ;
- la démonstration : le tuteur imite sous une forme
stylisée un essai de solution tenté par l'élève (ou
considéré comme tel) dans l'espoir que le débutant va
alors l'imiter en retour sous une forme mieux appropriée».
Ceci a été interprété comme avoir
à faciliter l'apprentissage en évitant la « surcharge
cognitive » de l'élève, en délimitant l'espace du
problème, en lui posant des questions sur les stratégies qu'il
met en place et en lui demandant de préciser sa pensée. Faire
parler l'élève en train de réaliser une tâche, ce
peut être l'obliger à parler ses stratégies pour l'aider
à trouver la bonne solution que le guide possède
déjà (par un guidage qui a sélectionné les bonnes
questions à se poser ou la bonne procédure à suivre). Ce
peut être partir dans l'exploration des faisabilités, permettre de
problématiser pour que l'élève choisisse lui-même la
stratégie qui lui convient et même en invente une qu'il
expérimentera sans que l'accompagnateur ait un cadre
préétabli.
Dans les deux cas, l'enseignant n'est pas, lui, le
médiateur, ce sont les codes, les outils, les signes utilisés
pour donner du sens aux actions qui sont les médiateurs du sujet en
conflit avec la situation dans laquelle et pour laquelle il utilise ces signes.
L'étayage est dans le fait de mettre en présence l'apprenant avec
ces signes.Ces signes, ces éléments tiers sont différents
selon les préoccupations des auteurs:
Le terme de guidance a été employé,
notamment dans le dispositif de l'évaluation formatrice pour
désigner une intervention qui ne se veut pas positive et qui consiste
à faire expliciter les procédures en même temps qu'on les
met en place, de remonter au raisonnement qui permet le choix de tel ou tel
critère.
Dans l'intervention en pédagogie, pour une
médiation «psychique»: l'enseignant organise des situations,
des activités qui font médiation. Les médiations ici
encore, se font par l'introduction d'objets, de tâches,
d'activités (l'imprimerie, le journal, la coopérative dans la
pédagogie Freinet) investi(e)s par les sujets d'une fonction d'ouverture
contre la suture, pour y introduire du jeu, décoller l'un de l'autre les
deux pôles de la relation. On parle alors de « dispositif de
médiation »qui assure une médiation externe afin de
provoquer une médiation du sujet avec lui-même, entre
soi-même et son propre devenir-autre que la suture paralysée. Ces
activités assurent une fonction transitionnelle où se
développe l'automouvement de chacun.
Dans les pratiques professionnelles, l'institution dans
laquelle on travaille est ce tiers que le professionnel représente,
incarne. Le tiers est toujours une manifestation de la Loi qui
réglemente la relation sous la forme d'un contrat plus ou moins
tacite.
L'expert doit donc fournir une aide à l'enfant afin
qu'il parvienne à réussir une tâche. Cette aide doit
être adaptée au niveau de l'enfant ; cela veut dire que
l'expert doit utiliser un langage « ni trop éloigné, ni trop
proche de ce qu'il est capable de réaliser seul. » (De Weck, 2010,
p.151).
Comme le montre De Weck (2010, p.58), « l'adulte
assume dans l'interaction la part encore difficile pour l'enfant et met en
évidence les caractéristiques cognitives, langagières et
interactionnelles de la tâche ». La première chose que
l'adulte met en place dans l'étayage, c'est de préserver l'enfant
de toutes distractions en essayant de garder constamment l'attention de
l'adulte et de l'enfant dans l'interaction. La deuxième chose, c'est
l'adulte qui fournit des moyens de représentation lorsque l'enfant ne
peut pas encore comprendre le but qu'il faut atteindre. La troisième
chose, c'est de souligner l'importance des « formats d'interaction ».
Ce que Bruner nomme les « formats d'interaction » consistent en
situations ritualisées et jeux de rôles répétitifs.
Dans le jeu de rôle, l'adulte met en place, le même scénario
en exécutant les mêmes actes dans le même ordre et en
utilisant les mêmes mots. La réalisation de jeux
répétitifs rend les verbalisations prédictibles pour
l'enfant, cela favorise sa prise de parole dans l'interaction. L'adulte peut
aussi faire les demandes et les réponses si l'enfant n'y arrive pas
encore. Les formats permettent de créer des situations de communication
que l'enfant pourra utiliser dans d'autres circonstances. Bruner a
constaté que de multiples apprentissages se faisaient grâce aux
« formats d'interaction ». Ces formats sont construits la plupart du
temps juste au-delà des capacités de l'enfant afin de travailler
dans «la zone proximale de développement ».
2.2.1.2. Etayage et situation d'apprentissage
A la suite des travaux de Bruner, Le Manchec (2012)
décrit d'autres formes d'étayage que l'on peut réaliser
lors de situations d'apprentissage oral en classe. L'étayage affectif :
l'adulte met l'enfant en confiance pour qu'il ose s'exprimer. Il donne envie
à l'élève de communiquer tant d'une façon verbale
que non verbale. Même pour les enfants les plus timides. Cela rejoint
« l'enrôlement » et « le contrôle de frustration
» de Bruner. L'étayage cognitif : le rôle de l'adulte est de
faire réfléchir l'enfant sur les situations de langage. La langue
est donc objet d'étude. L'étayage langagier : l'adulte prend en
charge une partie du discours. Il propose des techniques d'animation, comme par
exemple engager l'enfant à raconter, en posant des questions ouvertes
comme « et alors ? » ou inciter l'enfant à argumenter «
tu es sûr ? » mais aussi des interactions. Le Manchec(2012) en
différencie deux : la reformulation et la relance. La relance permet de
continuer un discours, de donner la possibilité à l'enfant
d'aller plus loin et d'enrichir son discours. Ces relances se font
généralement sous forme de questions.
Afin de préciser l'étayage langagier de Le
Manchec (2012), il convient de mettre en lien d'autres travaux qui parlent
d'étayage verbal ou de langage modulé. Ils ont permis de
différencier plusieurs variables (Joëlle Böhi, 2012, p.48).
Sur le plan de la langue, (De Weck, 2010, p.155), l'adulte s'exprime
intelligiblement et articule correctement. Il n'y a pas de modification des
phonèmes lorsqu'il s'exprime. Par contre, l'expert va moduler la hauteur
de sa voix, accentuer le ton. Il parle également plus lentement. Sur le
plan syntaxique, l'adulte va réduire la longueur de ses
énoncés. Il se met au niveau de l'enfant et fait des phrases
d'une complexité adaptée afin de se situer dans sa zone proximale
de développement. De Weck (2010, p.155) a pu observer que la syntaxe
(arrangement de mots dans une phrase) des adultes est meilleure lorsqu'ils
parlent à un enfant plutôt qu'à un adulte. Sur le plan du
sens des mots, il y a un excès de répétition
d'énoncés par exemple, lorsque l'adulte accompagne l'action de
l'enfant. Par rapport au lexique, les verbes et les noms sont
prédominants. Les adultes utilisent, les adjectifs ou les connecteurs
ainsi que les pronoms que l'enfant connaît déjà ou alors
qu'il est en train d'acquérir.
2.2.2.
Etayage langagier ou cognitif
Les bases d'assistance sur le plan cognitif ou langagier
concernent la prise en charge par l'enseignant (dans son rôle de tuteur)
de certains aspects de la tâche, la signalisation des
caractéristiques spécifiques et la suggestion des modèles
de résolution.
2.2.2.1. Le langage à l'école : un langage
d'étayage basé sur le dispositif de tutelle
Bruner (1983) s'appuie sur la notion de zone proximale de
développement de Vygotski pour étudier la nature du dispositif de
tutelle et les moyens d'aide employés par l'expert. De cette
façon, il définit le dispositif de tutelle comme les interactions
entre l'adulte et l'enfant par lesquelles l'adulte permet à
l'élève de résoudre des problèmes qu'il ne peut
résoudre seul. Ainsi, des formats doivent être mis en place pour
que l'enseignant guide l'enfant dans le tutorat dans des interactions
régulières et formalisées. C'est à travers ces
formats que l'élève se détachera progressivement du
dispositif de tutelle pour parvenir à une autonomie dans
l'apprentissage. Ce dispositif permet non seulement un progrès rapide de
l'élève en ayant bénéficié mais aussi
l'apprentissage d'un savoir supérieur au niveau actuel de
l'élève. Paradoxalement le tutorat mène à
l'autonomisation de l'élève puisque l'échange d'aide avec
un adulte lui permet de résoudre des problèmes supérieurs
à ses capacités actuelles.
Par la suite Bruner identifie six fonctions de
l'étayage. L'étayage étant défini comme l'ensemble
des interactions d'aide du dispositif de tutelle. L'expert doit avoir
conscience de ces six caractéristiques pour proposer des conditions
efficaces d'apprentissage à l'apprenant.
Ainsi, l'étayage doit débuter avec une phase
d'enrôlement ce qui permet de susciter l'intérêt de
l'élève et de déclencher son adhésion dans la
tâche proposée. L'adulte a alors pour rôle d'expliciter les
enjeux et les finalités de la tâche pour inciter
l'élève à entrer dans la tâche. Ainsi,
définir la compétence visée d'une activité avant
que l'élève n'entre dans la tâche va permettre à
celui-ci de faire écho avec des activités déjà
mises en place en mettant en oeuvre cette compétence.
Puis, la réduction des degrés de liberté
consiste, pour le tuteur à prendre en main une partie de
l'activité pour garder l'élève concentré sur la
tâche sur laquelle repose l'apprentissage et lui éviter une
surcharge cognitive. Cette réduction de la tâche limite le nombre
d'activités au sein même de la tâche en partageant la
tâche entre l'élève et ses pairs ou l'élève
et l'enseignant.
Il faut également maintenir l'orientation de
l'élève vers le but fixé de l'activité. Cette forme
d'étayage mise en place par le tuteur, incite l'élève
à garder en vue l'objectif final de la tâche. Au cours de
l'activité, l'orientation doit être maintenue plusieurs reprises
ce qui permet de conserver une perspective durant la réalisation de la
tâche et de ne pas se perdre en utilisant des procédures de
résolution.
Le tuteur se doit de rappeler les caractéristiques
déterminantes de la tâche c'est-à-dire de faire comprendre
l'écart entre la tâche effectuée par l'élève
et la tâche attendue par l'enseignant. Celui-ci souligne alors les
aspects essentiels de la tâche. Par exemple, il peut rappeler au cours de
l'activité les consignes annoncées au début de la
séance ou encore les différentes étapes qui amènent
la résolution de la tâche.
De même, un contrôle de la frustration doit
prévenir l'élève d'une démotivation en cas
d'échec et ainsi faire en sorte que l'élève aidé ne
devienne pas dépendant de cet étayage.
Enfin, une démonstration de la tâche par
l'enseignant consiste non seulement à imiter la tâche à
effectuer mais aussi à styliser l'action pour souligner ses gestes et
les justifier par rapport au but. On peut dire qu'il y'a un apprentissage dans
la démonstration dès lors qu'il y'a une imitation de
l'élève, qu'elle soit immédiate ou différée.
En effet, en imitant la tâche à exécuter,
l'élève intègre déjà d'une certaine
façon les caractéristiques de la tâche au vu du
résultat à atteindre.
2.2.2.2. Etayage et développement du langage
Dans la même lancée, Hudelot (1999, p.60-63) et
Poizat (2004, pp.37-38) soutiennent que les enfants porteurs de trouble moteur
âgés de 6 à 18 ans doivent être pris en charge par
des centres médico-pédagogiques. Une prise en charge
médico-psycho-pédagogique leur est assurée et les enfants
ayant des difficultés scolaires reçoivent une
« préformation professionnelle ».
L'étayage n'est donc pas une simple aide puisqu'une
partie e cette activité repose sur une prise en charge partielle de
l'activité par l'adulte pour permettre à l'élève de
se fixer sur le but de l'apprentissage. Ce dispositif se trouve au coeur du
processus des apprentissages et lié à la zone de proche
développement de Vygotski : l'adulte a bel et bien un rôle de
médiateur du savoir.
Vergnaud (2010), didacticien de mathématiques,
présente les apports des théories de vygotski à partir de
nombreux extraits de l'ouvrage Pensée et langage. Vygotski,
psycholinguiste russe, adopte une approche développementale pour aborder
l'acquisition du langage et la construction des apprentissages chez
l'enfant.
Le psycholinguiste développe la notion de
« zone proche de développement » (ZPD) dans la
construction des apprentissages chez l'enfant. Il dissocie, tout d'abord, le
développement et l'apprentissage bien que ces deux notions soient
liées. Selon lui, il existe deux niveaux de développement :
le développement actuel de l'enfant (les problèmes que
l'élève peut résoudre seul) et le niveau de
développement potentiel (les problèmes qu'il pourrait
résoudre avec l'aide de quelqu'un). La ZPD mesure donc le
développement potentiel de l'élève. Vygotski la
définit comme « ce que l'enfant sait faire avec l'aide
d'autrui et qu'il ne sait pas faire tout seul » (Vergnaud,
2010). Ainsi, un apprentissage situé dans la zone de
développement actuel de l'élève ne serait pas un
réel apprentissage puisque l'élève saurait
déjà le faire seul. De même, un apprentissage trop
avancé par rapport aux capacités de l'élève serait
inutile. On peut donc dire, selon sa théorie que le seul apprentissage
efficace consiste à apprendre en collaboration avec les pairs ou un
adulte, dans tous les cas ayant un niveau plus expert que lui. L'apprentissage
dans cette zone permettrait à l'élève un apprentissage
plus rapide et plus adapté à ses capacités.
La médiation se place alors au coeur du processus
d'apprentissage. L'élève doit dans un premier temps, construire
avec l'aide du médiateur qui facilite l'appropriation du savoir et
propose une démonstration de l'opération à effectuer.
Puis, l'élève doit intérioriser le savoir pour poursuivre
l'apprentissage sans l'aide du médiateur. La notion d'étayage,
bien qu'inexistante chez Vygotski est développée par Bruner dans
la continuité des théories de Vygotski.
De même, Hudelot(1999), chercheur en linguistique et
plus particulièrement sur la dimension dialogiques des conduites
langagières, se penche plus particulièrement sur la question de
l'étayage dans le contexte de la classe et notamment s'appuie sur la
définition de l'étayage théorisée par Bruner pour
mesurer l'efficacité de l'étayage mis en place par
l'enseignant.
Il propose tout d'abord, une définition du contre
étayage. En effet, lorsqu'il ne respecte pas les caractéristiques
de l'étayage proposées par Bruner, l'étayage se
révèle inefficace voire contre-étayant : il ne
soutient plus l'élève dans l'apprentissage et ne construit aucun
savoir. Il existe, ainsi plusieurs types de contre-étayage. Les
questions posées par l'enseignant peuvent être fermées (la
seule réponse possible est affirmative ou négative) ou
catégorielles (la réponse donnée appartient à une
seule catégorie). L'élève n'est pas alors plus le
co-constructeur du savoir : son seul rôle est de donner la seule
réponse attendue par l'enseignant. Puis, les réponses peuvent
être déjà ébauchées par l'enseignant qui
tente de faire deviner la réponse en donnant les premières
syllabes du mot attendu. Dans ces interactions l'enseignant donne presque la
réponse à la place de l'élève. Il arrive même
qu'il réponde entièrement à sa place par impatience ou
découragement dans l'attente de la réponse. Le contre
étayage s'explique dans ces cas pour un niveau trop complexe de la
tâche par rapport au niveau potentiel de l'élève.
Cependant, la tâche peut se révéler trop accessible pour
l'élève : elle ne constitue plus alors une tâche
nécessitant l'étayage d'un expert. En un mot, l'étayage
doit constamment se situer dans la zone proximale de développement
définie par Vygotski. Lorsque la réponse n'est pas
élaborée par l'élève, on constate souvent que la
place discursive qui lui a laissée par l'enseignant est
insuffisante ; celui-ci monopolise et dirige l'interaction.
Par la suite, Hudelot (1999) distingue en collaboration avec
Marie Thérèse Vasseur sis sens de l'étayage. Il peut
s'agir d'une :
- « intention éventuellement
programmée » : l'adulte tuteur contrôle et rectifie
les actions et propos de l'élève. Il construit également
des « formats » que l'on peut définir comme des
formes régulant les échanges et qui donnent un cadre à
l'action de l'enfant pour développer ses capacités dans l'optique
de l'apprentissage ;
- d'une « traduction
trans-sémiotique » : l'interprétation verbale
traduit la communication non verbale ;
- d'une « réaction aux dires de
l'autre » : l'adulte et l'élève réagissent
selon les propos antérieurs du locuteur ;
- d'une « ressource pour novice » :
le format et le tuteur constituent des aides à l'apprentissage pour le
novice puisqu'ils permettent de réguler, diriger et encadrer les
tentatives de l'élève ;
- d'un « anticipateur du
développement » : l'étayage s'appuie sur la notion
de zone proximale de développement de Vygotski qui mesure la distance
entre le niveau potentiel de l'élève (ce qu'il faut faire
à l'aide d'un tuteur) et son niveau réel ( ce qu'il sait faire
seul) ;
- d'une « attitude globale » :
l'étayage global porte sur l'espace de la prise de parole en
général tandis que « l'étayage
local », défini par F. François comme un étayage
spécifique est centré sur le contenu et la gestion des
échanges verbaux.
2.2.3.
Synthèse de la revue
L'enseignant a un rôle spécifique dans cette
acquisition. La parole du maître est référente. Sa
façon de parler a une grande influence sur les élèves.
C'est une parole dans laquelle les enfants puisent les matériaux
langagiers qui leur sont nécessaires pour progresser. L'enseignant doit
avoir une présence très forte afin d'aider les enfants dans
l'acquisition de leur langage. Pour cela, il met en place des situations
d'apprentissage en partant du vécu des enfants. Il s'exprime clairement
et utilise un vocabulaire adapté. Il observe le comportement de ses
élèves, évalue leurs acquisitions et identifie les
difficultés. Mais il est aussi essentiel que l'enseignant noue un lien
avec chaque enfant. Il doit parler avec l'enfant, l'écouter et le mettre
en confiance. Il valorise ses progrès. En pratique, le maître met
en place un étayage, ce qui permet de soutenir l'élève
dans son langage afin qu'il progresse. Comme l'affirme Mettoudi (2008,
p.44-45), en parlant à l'élève, l'enseignant doit moduler
son langage, c'est-à-dire qu'il doit ralentir le débit de ses
paroles, avoir une hauteur de ton plus marquée et exagérer les
intonations. Les phrases doivent être courtes et très claires.
Chantal Mettoudi appelle ceci le « parlé professionnel ».
L'enseignant adapte son langage à celui de l'enfant sans utiliser un
« langage bébé » qui retarderait les progrès de
l'enfant. L'enseignant veille également à la qualité de
l'écoute. Les enfants l'écoutent et ils s'écoutent les uns
les autres. L'enseignant reformule et répète les paroles des
enfants. A ce sujet, De Weck (2010) expose ces deux notions. La reformulation
faite par l'adulte consiste à reprendre l'énoncé de
l'enfant en introduisant des modifications afin de l'enrichir à
différents niveaux linguistiques. « Ce type de réaction
constitue une reprise des verbalisations de l'enfant en y introduisant une ou
plusieurs modifications sur le plan de la forme. » (De Weck, 2010, p.157).
La répétition reprend l'énoncé d'un enfant sans le
modifier. Elle a pour but « d'informer l'enfant notamment sur la
correction de son message sur le plan acoustique et sur le plan de la
référence perceptive/conceptuelle ainsi que sur la
compréhension de son intention signifiante.»
Un étayage réussi pourrait se définir par
deux caractéristiques, d'une part par sa nature et d'autre part par le
moment d'intervention. Certaines formes d'étayage se font «
à l'intuition » en étant attentif au déroulement des
interventions des élèves (ex. répartir, réguler le
dialogue, reformuler, établir une relation d'encouragement à la
prise de parole, réorienter un dialogue...). D'autres formes
d'étayage supposent un choix plus construit (ex. annoncer la conduite
discursive attendue, reformuler l'enjeu, aider à valider une
procédure.
2.3. THEORIE EXPLICATIVE
La présentation de cette théorie qui
caractérise notre étude s'articule autour des deux points
suivants : l'étayage selon Vygotski puis selon Bruner. C'est ainsi que
le concept d'étayage bien qu'introduit par Bruner, trouve son origine
dans les travaux de Vigotski.
2.3.1.
Médiation sociale et conduite d'enseignement-apprentissage
Selon ce modèle, l'enfant se construit dans un
environnement social issu d'une culture. Les interactions sociales favorisent
le développement de l'enfant car elles lui fournissent tous les
éléments dont il a besoin pour se développer. Selon lui,
le processus de développement de l'enfant obéirait à des
étapes précises. Ce dernier parle d'une zone proximale de
développement (ZPD) qui renverrait à la distance entre le niveau
développemental actuel tel qu'il est déterminé par la
résolution indépendante de problème et le niveau de
développement potentiel tel qu'il est déterminé au cours
de la résolution des problèmes, sous le contrôle d'adultes
ou en collaboration avec des pairs plus avancés. En d'autres termes, la
ZPD est « la différence entre les performances de l'enfant
laissé à lui-même et les performances du même enfant
quand il travaille en collaboration ou avec l'assistance de l'adulte ».
(Vygotski, 1978, p.86). En outre le guide qui peut être
considéré comme un médiateur accompagne l'enfant dans le
développement proximal en lui permettant d'accéder au monde qui
l'entoure et par la même occasion à résoudre des
problèmes. Enfin, il lui permet d'accéder à des
connaissances et à des pratiques en lien avec la société
où il vit et sa culture.
Dans la lignée des travaux de Vygotski,
Jérôme Brunerpose :
- la pensée de l'enfant est d'origine sociale :
c'est par la médiation sociale que se construise les connaissances ;
- l'apprentissage précède le
développement (inverse de Piaget pour qui il faut attendre un certain
niveau de développement pour apprendre quelque chose de neuf) ;
- il y a une spécificité des conduites
d'enseignement-apprentissage scolaire par rapport aux conduites
enseignement-apprentissage quotidiennes.
Pour Bruner, la médiation sociale lors des conduites
d'enseignement-apprentissage (interaction de tutelle) s'exerce sur un mode
communicationnel (dialogique). Il introduit deux concepts clefs rendant compte
des processus de régulation dans ces interactions de tutelle, celui
d'étayage et de format.
Interactions entre un adulte et un enfant grâce
auxquelles l'adulte essaye d'amener l'enfant à résoudre un
problème qu'il ne sait résoudre seul. Les processus
d'étayage permettent la mise en place de formats (formes
régulatrice des échanges) et l'adulte guide l'enfant pour qu'il
se conforme à ces formes standardisées, à ces patterns
d'échanges réguliers et ritualisés. C'est à
l'intérieur de ces formes que l'enfant grâce à
l'étayage de l'adulte, pourra s'autonomiser vers des conduites de
résolutions.
Lié au concept de ZPD, l'étayage désigne
"l'ensemble des interactions d'assistance de l'adulte permettant à
l'enfant d'apprendre à organiser ses conduites afin de pouvoir
résoudre seul un problème qu'il ne savait pas résoudre au
départ". L'adulte prend en charge les éléments de la
tâche que l'enfant, l'élève ne peut réaliser seul.
Bruner repère 6 fonctions :
- L'enrôlement correspond aux
comportements du tuteur (adulte ou enfant) par lesquels il s'attache à
engager l'intérêt et l'adhésion de son (ou ses)
partenaire(s) envers les exigences de la tâche ;
- La réduction des degrés de
liberté correspond aux procédures par lesquelles le
tuteur simplifie la tâche par réduction du nombre des actes requis
pour atteindre la solution. Utilisant le vocabulaire cognitiviste, on pourrait
dire qu'il libère l'enfant d'une partie des tâches afin de lui
éviter une surcharge cognitive ;
- Le maintiende l'orientation consiste
à éviter que te novice s'écarte du but assigné par
la tâche. Le tuteur a pour mission de maintenir ce dernier dans le champ,
bref de garder le cap. Le cas échéant, il lui faut motiver
à nouveau son partenaire débutant ;
- La signalisation des caractéristiques
déterminantes suppose que le tuteur indique ou souligne par
divers moyens les caractéristiques de la tâche qui sont
pertinentes pour son exécution ;
- Le contrôle de la frustration a pour
finalité d'éviter que les erreurs du novice ne se
transforment
en sentiment d'échec et, pire, en résignation ;
- La démonstration ou présentation de
modèles peut impliquer l'exécution
d'une
compétence en présence de l'élève, mais
aussi une sorte de « stylisation » des démarches ou
l'achèvement de la tâche ou encore l'explicitation des
étapes.
Pour Bruner (1987), apprendre est un « processus
interactif dans lequel les gens apprennent les uns des autres ». C'est
dans ce sens qu'il a contribué à développer le
modèle social de l'apprentissage. Bruner affirme que le modèle
transmissif n'est plus à mesure de répondre convenablement aux
exigences de maîtrise de savoir-faire, de cheminement vers l'autonomie,
d'acquisition du jugement, de capacité à s'auto-évaluer.
Bruner voit phis le rôle de l'enseignant travers la mise en oeuvre d'un
processus Métayage. Les fonctions de ce processus attestent que ce qui
est bénéfique tient autant aux aspects socio-affectifs qu'aux
aspects cognitifs ou intellectuels.
Le processus d'étayage produit souvent deux sortes
d'effets :
- effets immédiats : celui qui est aidé parvient
à faire des choses qu'il ne réussirait pas à faire
correctement tout seul ;
- effets d'apprentissage à long terme : ils sont le
fruit du travail verbal d'explicitation et de compréhension des
exigences de la tâche à réaliser et des procédures
de résolution.
Bruner (2003) a élaboré six types de fonctions
sur l'étayage. Ces fonctions sont : l'enrôlement, le
contrôle de la frustration, le maintien de l'orientation, la
réduction des degrés de liberté, la signalisation des
caractéristiques à la tâche et la présentation des
modèles. Il en ressort donc deux aspects de l'étayage :
l'aspect socio-affectif et l'aspect cognitif et langagier. L'aspect
socio-affectif consiste au comportement de l'enseignant ou du tuteur en salle
quant à l'adhésion de l'élève aux activités
d'enseignement ; le contrôle de la frustration c'est-à-dire
éviter de frustrer le novice en lui accordant un temps d'expression
conséquent pour s'exprimer ; et de maintenir le novice dans un
champ de manière à lui faire garder le cap et le cas
échéant le motiver. Tandis que l'aspect cognitif et langagier
consiste en la prise en charge d'une partie du discours et l'utilisation de la
reformulation ; le soulignage par l'enseignant des caractéristiques
de la tâche pertinente pour son exécution ; et
l'exécution d'une compétence en présence de
l'élève en explicitant les étapes. BRUNER avec ces six
(06) fonctions sur l'étayage met en évidence l'importance
d'humaniser davantage les rapports entre l'éducateur et
l'élève en accordant une attention particulière à
l'élève déficient visuel fréquentant dans un
lycée d'enseignement secondaire général.
L'adulte en s'ajustant aux comportements du jeune enfant (en
interprétant ces comportements) en vient à standardiser certaines
formes de l'action conjointe liées aux contextes de communication. Ces
formes standardisées sont les formats. Ce n'est pas l'échange
lui-même mais sa structure de base. Ces formats se construisent dans les
échanges pré linguistiques et "permettent à l'adulte
et à l'enfant de faire faire des choses l'un à l'autre par
adjonction du langage à des moyens non verbaux". Puis ils se
complexifient et s'agglomèrent en routines. Il existe des patterns
d'échanges réguliers et ritualisés dans les communications
maître-élève.Le format est une confessionnalisation des
formes de l'interaction nécessaire à l'échange et par
là même aux enseignements. H structure et calibre les
échanges à l'intérieur d'un cadre stable.
2.3.2.
Précision et formulation de la question de recherche
Dans le domaine socio affectif nous pouvons citer : la
mobilisation, le maintien de l'intérêt et de la motivation de
l'élève dans le champ de la tâche ainsi que le but à
atteindre. En apprentissage, l'enseignant doit faire en sorte que la
tâche soit plus agréable à réaliser avec son aide,
tout en évitant que l'élève soit très
dépendant de lui. Le premier aspect correspond à l'effort
d'enrôlement pour intéresser l'élève à la
tâche, solliciter sa motivation, le mettre davantage devant les exigences
de la tâche. Le deuxième aspect se veut doublement
dynamisant ; c'est-à-dire qu'il s'agit de garder
l'élève dans le champ de résolution du problème
sans oublier le but à atteindre, encourager l'élève, faire
preuve d'ardeur et de sympathie pour maintenir sa motivation.
Les bases d'assistance sur le plan cognitif ou langagier
concernent la prise en charge par l'enseignant (dans son rôle de tuteur)
de certains aspects de la tâche, la signalisation des
caractéristiques spécifiques et la suggestion de modèles
de résolution. Le premier aspect correspond à la
nécessité d'alléger la tâche de certaines de ses
difficultés en la simplifiant un peu afin qu'elle soit
momentanément davantage à la portée de
l'élève. Le second aspect correspond à la signalisation
des caractéristiques spécifiques de la tâche pouvant
mettre sur la voie de la résolution. C'est une manière
d'apprécier l'écart qui sépare ce que
l'élève vienne faire ce qui aurait dû être fait. Le
troisième aspect consiste à montrer ce qui peut être fait
sans pour autant donner la solution, à partir de ce que
l'élève a déjà réalisé, soit parce
que c'est une manière de lui faire voir qu'il est sur la bonne voie, ou
au contraire pour le prévenir par rapport à une procédure
de réalisation inadéquate. D'où la question de recherche
suivante :
· Question principale de
recherche
La question principale de cette recherche est la
suivante : Quels sont les facteurs du processus d'étayage qui
rendent compte du niveau d'adaptation scolaire des déficients visuels
?
· Questions secondaires de
recherche
- Le facteur socio affectif rend-t-il compte du niveau
d'adaptation de l'élève déficient visuel en milieu
scolaire ?
- Les facteurs cognitif et intellectuel rendent-t-ils comptent
du le niveau d'adaptation de l'élève déficient visuel en
milieu scolaire?
2.3.3.
Hypothèses de l'étude
Les propositions en recherche qualitative ne sont pas des
hypothèses du même ordre que celles qu'on émet dans une
recherche de type hypothético-déductive et qui orchestrent
l'opérationnalisation de la démarche. De la même
manière que la théorie s'élabore progressivement, les
questions se précisent et les propositions tiennent forme à
mesure que les données sont analysées. En recherche qualitative,
selon Poupart, Deslauriers, Groulx, Laperrière, Mayer et Pires (1997),
la proposition ne provient pas seulement de la connaissance théorique du
chercheur, mais aussi et surtout de la sensibilité aux données
qu'il recueille et de sa connaissance intime du milieu qu'il
étudie :
« A mesure que progresse le travail
simultané de collecte d'informations et d'analyse, l'objet de recherche
se précise et les questions deviennent plus sélectives :
l'entonnoir se rétrécit et il devient possible pour le chercheur
de formuler une explication provisoire qu'il étaiera graduellement. Ses
propositions deviendront à la fois exclusives (éliminant les
éléments d'information qui ne font pas partie d'une même
catégorie) et inclusives (englobant tous les éléments
d'information qui doivent faire partie d'une catégorie donnée)
ainsi que plus détaillées ». (Poupart,
Deslauriers, Groulx, Laperrière, Mayer, Pires, 1997).
Pour Poupart, Deslauriers, Groulx, Laperrière, Mayer,
Pires (1997) : « si la proposition n'a pas
nécessairement la même précision en recherche qualitative
que dans le modèle hypothético-déductif, il ne s'ensuit
pas que toutes les propositions soient valables ». On peut
distinguer une bonne proposition d'une mauvaise par sa capacité
d'organiser les données et d'expliquer la situation à
l'étude. Une bonne proposition « marche » car
elle est efficace ; elle rend compte des informations ; elle permet
de comprendre et d'agir. Elle prend place graduellement dans la théorie
produite.
Cette recherche ne vise pas à vérifier des
propositions même si des questions sont posées au départ.
L'objectif consiste ici à retracer le déplacement des processus
sociaux tels que l'éducation et le handicap. La question
générale que nous avons posée a donné lieu à
des propositions. Par conséquent le devis de recherche contient des
propositions n'ayant pas la précision habituelle, laquelle n'est pas
d'ailleurs toujours nécessaire.
2.3.3.1. Hypothèse générale de la
recherche
L'hypothèse générale de cette
étude est : la qualité du processus d'étayage rend compte
du niveau d'adaptation de l'élève déficient visuel.
2.3.3.2.Définitions des variables de
l'étude
Cette recherche a été menée grâce
à deux types de variable : une valeur indépendante et une valeur
dépendante. Ces variables sont des éléments dont la valeur
peut changer et prendre différentes formes quand on passe d'une
observation à une autre (Nana, 2016). Dans le cadre de cette
étude, les variables ont été formulées en
s'appuyant sur le cadre théorique de référence qui est ici
la théorie socio constructiviste.
- Variable indépendante
La valeur indépendante de cette étude est : la
qualité du processus d'étayage. Elle permet au chercheur
d'expliquer la variable dépendante. Ainsi, son
opérationnalisation prend plusieurs formes ou plusieurs valeurs qui sont
les modalités qui constituent des dimensions de la variable. Les
indicateurs sont donc des éléments empiriques ;
c'est-à-dire des éléments qui permettent de comprendre la
réalité. Il s'agit des phénomènes vécus en
reconnaissant que le soi et l'autre sont des personnes distinctes (Pourtois,
Desmet, et Lahaye, 1997, 2ème édition).
Modalité 1 : Aspects
socio-affectifs
Indicateur 1 : L'enrôlement
quicorrespond aux comportements du tuteur par lesquels il s'attache
à engager l'intérêt et l'adhésion de son (ou ses)
partenaire(s) envers les exigences de la tâche.
Indicateur 2 : Le contrôle de la
frustration quia pour finalité d'éviter que les erreurs
du novice ne se transforment en sentiment d'échec et pire en
résignation.
Indicateur 3 : Le maintien de l'orientation
quiconsiste à éviter que le novice s'écarte du
but assigné par la tâche. Le tuteur a pour mission de maintenir ce
dernier dans le champ. Il lui faut motiver à nouveau son partenaire
débutant.
Modalité 2 : Aspects cognitifs et
langagier
Indicateur 1 :La réduction des
degrés de liberté qui correspond aux procédures
par lesquelles le tuteur simplifie la tâche par réduction du
nombre des actes requis pour atteindre la solution. Utilisant le vocabulaire
cognitiviste, on pourrait dire qu'il libère l'enfant d'une partie des
tâches afin de lui éviter une surcharge cognitive.
Indicateur 2 : Signalisation des
caractéristiques à la tâche qui suppose que le
tuteur indique ou souligne par divers moyens les caractéristiques de la
tâche qui sont pertinentes pour son exécution.
Indicateur 3 : Présentation des
modèles qui peut impliquer l'exécution d'une
compétence en présence de l'élève, mais aussi une
sorte de « stylisation » des démarches ou
l'achèvement de la tâche ou encore l'explicitation des
étapes.
Qu'en est-il de la variable dépendante ?
- Variable dépendante
La variable dépendante est l'adaptation des
déficients visuels en milieu scolaire. Cette variable renvoie au
phénomène que le chercheur cherche à expliquer. On
l'appelle aussi variable de réponse ou variable à effet. Les
modalités de la variable dépendante sont la capacité
d'adaptation physique pour ajuster son corps à des environnements
difficiles. La capacité d'adaptation mentale permet d'adapter son
raisonnement, sa réflexion afin de résoudre les problèmes
qui peuvent surgir, faciliter les échanges et les rendre plus fluides.
Ces modalités ont les indicateurs suivants :
Modalité 3 : Aptitudes envers
l'école et les activités d'apprentissage
Indicateur 1 : attitude positive envers
l'école et l'apprentissage ;
Indicateur 2 : participation en
classe ;
Indicateur 3 : observation de la
réussite et des progrès au plan scolaire.
Modalité 4 : Relations avec les
autres
Indicateur 1 : établissement des liens
sociaux positifs avec les enseignants et les camarades de classe ;
Indicateur 2 : sentiment de confiance et de
mise à l'aise ;
Indicateur 3 : vécu des
émotions positives.
2.3.3.3. Hypothèses de recherche
De l'hypothèse générale découle
deux hypothèses de recherche.
Hypothèse de recherche 1 : l'aspect
socio-affectif qui consiste à la mobilisation, au maintien de
l'intérêt et à la motivation de l'élève rend
compte du niveau d'adaptation de l'élève déficient
visuel;
Hypothèse de recherche 2 : l'aspect
cognitif et langagier concernant la prise en charge par l'enseignant de
certains aspects de la tâche rend compte du niveau d'adaptation de
l'élève déficient visuel.
Tableau 1 : Tableau
synoptique des variables
Variable
|
|
Modalités
|
Indicateurs
|
VI : Qualité du processus
d'étayage
|
VI1
|
Aspect socio-affectif
|
1-Enrôlement (comportement du tuteur et
l'adhésion de son partenaire envers les activités de la
tâche) ;
2-Contrôle de la frustration (éviter que les
erreurs du novice se transforment en frustration) ;
3-Maintien de l'orientation (maintenir le novice dans un champ
de manière à lui faire garder le cap et le cas
échéant le motiver).
|
VI2
|
Aspect cognitif et langagier
|
1-Réduction des degrés de liberté
(procédures par lesquelles le tuteur simplifie la tâche par
réduction du nombre des actes requis pour atteindre la
solution) ;
2-Signalisation des caractéristiques à la
tâche (le tuteur souligne par divers moyens les caractéristiques
de la tâche qui sont pertinentes pour son exécution) ;
3-Présentation des modèles (exécution
d'une compétence en présence de l'élève en
explicitant les étapes).
|
VD :Niveau d'adaptation de l'élève
déficient visuel
|
VD1
|
Aptitudes envers l'école et les activités
d'apprentissage
|
1-attitude positive envers l'école et l'apprentissage
;
2-participation en classe ;
3-observation de la réussite et des progrès au
plan scolaire.
|
VD2
|
Relations avec les autres
|
1-établissement des liens sociaux positifs avec les
enseignants et les camarades de classe ;
2-sentiment de confiance et de mise à l'aise ;
3- vécu des émotions positives ;
|
CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE DE L'ETUDE
La méthodologie de l'étude est l'ensemble de
stratégies utilisées à partir desquelles on cherche
à s'approcher de la vérité. Dans ce chapitre, il sera
question de présenter le type de recherche, la population de
l'étude, les techniques d'échantillonnage, les instruments de
collecte des données et les techniques d'analyse de ces
données.
3.1. TYPE DE RECHERCHE
Dans le but d'atteindre les objectifs de recherche, nous avons
tenu compte de la dimension temporelle et des informations clés
évoquées par le répondant. Ainsi, l'option de recherche
prise a été celle de la recherche qualitative, plus
spécifiquement un récit de vie thématique. Le récit
de vie thématique, se limite à une période où
à un aspect de la vie de l'individu par rapport au thème de
recherche. Cette méthode est de comprendre comment le type
d'étayage mis sur pied par l'éducateur a une influence au niveau
de l'adaptation scolaire du déficient visuel. Il s'agit donc de
comprendre les différentes difficultés auxquelles font face les
déficients visuels au sein des établissements scolaires.
3.2. SITE DE L'ETUDE
Selon la circulaireN°34/06/LC/MINESEC/MINAS du 02
août 2006 relative à l'admission des enfants handicapés et
de ceux nés de parents handicapés indigents dans les
établissements publics d'enseignement secondaire, cette
étude a été menée au Lycée Bilingue
d'Ekounou. Le LBE est situé dans la région du centre,
département du Mfoundi, arrondissement de Yaoundé IV, plus
précisément dans le quartier d'Ekounou et relève de la
délégation régionale des enseignements secondaires du
centre. C'est un établissement constitué du 1er et
2nd cycle de l'enseignement général et
bénéficie d'un programme spécial d'anglais. Cet
établissement accueille et forme les personnes avec ou sans handicap
physique. Du fait de sa proximité et de son partenariat avec le CJARC,
c'est donc un lycée qui accueille et forme les déficients
visuels. Ce lycée regorge en majorité d'élèves
déficients visuels venant de l'école primaire inclusive Louis
braille. En cette année 2016/2017, on compte environ 17
déficients visuels dans cet établissement.
3.3. POPULATION DE L'ETUDE
D'après Mucchielli (1988. p 16), la population
de l'étude est « l'ensemble du groupe humain
concerné par les objectifs de l'enquête ». En
d'autres termes pour Tsafack (2004. p 7), « c'est un
ensemble fini ou infini d'éléments définis à
l'avance sur lesquels portent des observations ».
Dans cette étude, la population ciblée est
constituée de dix déficients visuels inscrits au LBE. Pour une
meilleure expérimentation, nous avons également associé
les interventions des éducateurs (Conseiller d'Orientation, enseignant
et parent). Nous avons menés quelques entretiens avec déficients
visuels, du moins pour ceux qui étaient réceptifs pour nous aider
à faire notre expérimentation. Le personnel enseignant y a
également participé, notamment des entretiens avec les
enseignants (français et SVT) et des CO qui ont des déficients
visuels dans leur salle de classe pour qu'ils nous décrivent comment ces
derniers se comportent dans la classe et ce qu'ils font pour eux pour assurer
leur réussite sur le plan scolaire. Apres, un« focus
group » eu avec certains des camarades d'un déficient
visuel, nous avons également eu la possibilité de rencontrer un
parent d'élève mal voyant pour mieux cerner les motivations et
les difficultés auxquelles font face son enfant au sein du
lycée.
3.4. CRITERES DE SELECTION DES SUJETS (ECHANTILLONNAGE)
Pour obtenir notre population, nous avons appliqué les
principes de l'exclusion et d'inclusion. Ces principes signifient
respectivement que les sujet ne remplissant pas les caractéristiques de
sélection établies sont exclus de l'échantillon et que
ceux présentant les mêmes caractéristiques que celles de la
population mère sont retenus dans la sélection de
l'échantillon. Ainsi, des critères de sélection ont
été envisagés, à savoir :
- être un élève fréquentant au LBE
et atteint d'une déficience acquise ou innée ;
- présenter des difficultés d'apprentissage en
classe ;
- présenter des difficultés liées
à la prise d'information visuelle (acquisition du langage, acquisition
des connaissances, traitement de l'information) ;
- accomplir des tâches lentement (lecture,
écriture, manipulation d'objet et déplacement)
- être un malvoyant éprouvant une fatigue accrue
quant à la concentration durant les cours ;
- avoir des difficultés pour accomplir certaines
tâches seul ou avec l'aide d'un tiers ;
- être enseignant titulaire ayant des déficients
visuels dans sa classe ;
- être parent d'un élève déficient
visuel.
En fonction de ces critères, au niveau des
élèves déficients visuels, nous avons enregistrés
une dizaine de sujets présentant ces caractéristiques. Seulement
deux d'entre eux ont acceptés de participer à
l'expérimentation. Les autres ont exprimés le motif selon lequel
ils étaient fatigués avec le rythme intensif des cours. Pour les
enseignants titulaires nous en avons eu deux à raison des classes de
2nde A et 1ère A, et un parent
d'élève malvoyant.
3.5. LA SELECTION DES PARTICIPANTS
Selon Fonkeng et al (2014) pour satisfaire une
curiosité scientifique, il importe de faire recours aux personnes
capables de fournir des réponses utiles pour la recherche. Ainsi, cette
sélection de participants a été au préalable
réfléchie pour aborder l'adaptation scolaire des
déficients visuels qui peut varier selon les individus. Il s'agit donc
de répondre à la réalité selon laquelle chaque
individu construit son propre savoir en fonction de ce qu'il pense être
bon pour lui en temps opportun. La recherche avait donc besoin des cas qui
correspondent au phénomène étudié d'où une
sélection méticuleuse pour avoir toutes les informations
nécessaires pour mener à bien notre expérimentation.
3.6. PRESENTATION DES PARTICIPANTS
Notre étude a enregistrée 10 participants
déficients visuels qui correspondaient au profil recherché. Mais
sur les dix, il n'y a que deux qui ont voulu participer à notre
expérimentation. Les autres n'ont pas voulu participer aux entretiens
parce qu'ils disaient être fatigué avec le rythme des cours.Le
tableau qui suivra présente leur portrait ainsi que ceux des autres
participants rencontrés, en l'occurrence les enseignants
(français et SVT) (02), conseillers d'orientation(02), un parent(01) et
un focus group (07 membres) organisé avec les élèves de
seconde A espagnol. En tenant compte du but visé dans cette recherche
qui est de savoir si les mécanismes mis en oeuvre par l'éducateur
favorisent l'adaptation scolaire des déficients visuels au sein des
établissements scolaires, la présentation des participants sera
limitée à l'analyse des contenus qui se limite à une
période de la vie de l'individu en référence à
notre thème de recherche.
3.6.1.
Présentation des élèves déficients visuels
- Cas 1 : 21 ans, de sexe masculin est un
élève de la classe de 2nde A espagnole et est
frappé d'une déficience acquise. Il perd la vue à
l'âge de 07 ans à cause de l'usage de collyres
périmés acheté par sa maman. Ce dernier du jour au
lendemain perdra soudainement la vue à cause de ce détail. Il
sera inscrit au CJARC où il fera son école primaire étant
donné qu'il avait déjà commencé le primaire dans un
autre établissement. Par la suite, il aura son CEP qui lui permettra
d'être recommandé pour poursuivre ses études dès la
6ème au LBE. Il entre au LBE à l'âge de 14 ans
et va reprendre successivement les classes de 6ème,
4ème, 3ème. La consultation de ses
relevés séquentiels montre qu'il a des performances très
faibles dans les matières scientifiques comparées à ses
camarades de classe.
- Cas 2 :23 ans, de sexe féminin est une
élève qui redouble la 1ère A espagnole et est
frappée d'une déficience innée. A la naissance, elle a eu
une malformation à l'oeil à cause du glaucome. Depuis la
naissance elle vit avec ce mal. Elle suivra progressivement des cours au CJARC
où elle obtient son CEP à 13 ans. L'année d'après,
elles est admise en classe de 6ème au LBE où elle y
est encore jusqu'à présent. Elle va reprendre les classes
suivantes : 6ème, 4ème, 3ème
(triple la classe) et 1ère. En consultant ses
relevés de notes chez son censeur, on se rend compte qu'elle ne s'en
sort pas du tout dans presque toutes les matières. Elle a de mauvaises
performances scolaires qui expliquent son taux de redoublement assez
élevé.
3.6.2.
Présentation des enseignants
- Enseignant1 : est une enseignante titulaire de
mathématiques en classe de 1ère A. Elle a 03 ans
d'ancienneté et n'a pas reçue les rudiments nécessaires
durant sa formation à l'ENS de Yaoundé pour enseigner sa
matière aux élèves déficients visuels. Elle ne
maitrise pas l'écriture braille et ses composantes.
- Enseignant 2 : est une enseignante titulaire
de français en 2nde A avec une ancienneté de 11 ans
qui a bénéficié d'une formation d'un mois offerte par le
Centre d'Intégration Scolaire et Professionnel pour Aveugles et
Malvoyants (CISPAM) lorsqu'elle officiait encore en tant qu'enseignante au
lycée classique de Bafoussam. Elle a reçu durant cette formation
quelques éléments pour tenir une salle avec des déficients
visuels, comme par exemple : moins se déplacer dans la salle,
parler à haute et intelligible voix de manière à
être entendu de tous, accorder de l'intérêt au
déficient visuel sans véritablement le frustrer pour lui
permettre de participer aisément à la vie de classe.
3.6.3.
Présentation des conseillers d'orientation
- CO1 : de sexe féminin est un conseiller
d'orientation depuis 17 ans. Elle a des déficients visuels dans
plusieurs salles où elle intervient. Elle les encadre avec son
expérience professionnelle bien que ne maitrisant pas l'écriture
braille.
- CO2 : de sexe masculin est un CO qui a une
expérience professionnelle de 04 ans. Durant sa formation à l'ENS
de Yaoundé, il a fait en option une unité d'enseignement
intitulée : Langue de signes et braille. Il s'en sert pour aider
les malvoyants qui sont dans les salles dont il a la charge.
3.6.4.
Présentation du parent
Le Parent est une femme de sexe féminin,
âgée de 45 ans, est le parent d'un malvoyant qui fréquente
en 2nde A au LBE. Son enfant a perdu la vue à l'âge de
07 ans par négligence. Depuis son enfance, elle se bat avec lui pour
qu'il ne se sente pas frustré et différent des autres. C'est la
raison pour laquelle elle insiste à ce qu'il réussisse dans ses
études pour qu'il soit intégré au sein de la
société. Elle l'assiste son enfant comme elle peut avec ses
revenus assez modestes. Elle sait l'encourager à sa manière.
C'est de ce fait qu'elle a appris l'écriture braille pour pouvoir
assister son enfant et pour développer entre eux une certaine
proximité qui aboutit à une communication.
3.6.5.
Présentation du focus group
Pour mener à bien notre étude, nous avons fait
appel aux élèves de la classe de 2nde A espagnole dans
le cadre d'un « focus group » pour commenter les
performances de leurs camarades déficients visuels et le rôle que
joue l'administration scolaire et le personnel éducatif pour leurs
camarades atteint de cécité. Ils sont au nombre de 07 qui ont
constitué le focus group.
Tableau 2 :
Récapitulatif du portrait des différents participants
Elèves déficients visuels
Noms des répondants
|
Age
|
Sexe
|
Classe
|
Type de déficience
|
Cas 1
|
23 ans
|
Masculin
|
2nde A Esp
|
Déficience acquise
|
Cas 2
|
24 ans
|
Féminin
|
1ère A Esp
|
Déficience innée
|
Enseignants
Noms des répondants
|
Sexe
|
Spécialité
|
Ancienneté
|
Grade
|
Enseignant 1
|
Féminin
|
Mathématiques
|
03 ans
|
PLEG
|
Enseignant 2
|
Féminin
|
Français
|
11 ans
|
PLEG
|
Conseillers d'orientation
Noms des répondants
|
Sexe
|
Spécialité
|
Ancienneté
|
Grade
|
CO1
|
Féminin
|
Orientation scolaire
|
17 ans
|
CPO
|
CO2
|
Masculin
|
Orientation scolaire
|
04 ans
|
CPO
|
Parent
Nom du répondant
|
Sexe
|
Age
|
Type de déficience chez l'enfant
|
Classe de l'enfant
|
Parent
|
Féminin
|
45 ans
|
Déficience acquise
|
2nde A Esp
|
Focus group
Noms des répondants
|
Sexe
|
Classe
|
Age
|
G1
|
Masculin
|
2nde A Esp
|
19
|
G2
|
Féminin
|
2nde A Esp
|
19
|
G3
|
Masculin
|
2nde A Esp
|
21
|
G4
|
Masculin
|
2nde A Esp
|
17
|
G5
|
Féminin
|
2nde A Esp
|
19
|
G6
|
Féminin
|
2nde A Esp
|
18
|
G7
|
Féminin
|
2nde A Esp
|
19
|
3.7. INSTRUMENTS DE COLLECTE DES DONNES
Rappelons que notre étude est basée sur la
méthode qualitative. Pour pouvoir effectuer nos travaux de recherche,
nous avons utilisé deux outils de collecte des données à
savoir l'entretien semi-directif (entretien individuel) et le focus group
discussion (entretien collectif) en lien avec notre guide d'entretien.
3.7.1.
Entretien individuel
Le choix de l'entretien individuel se justifie par le fait que
l'élève déficient visuel se trouvant loin du regard de ses
camarades, est libre de s'exprimer sans gêne et sans frustration.
L'élève a été mis en confiance pour lui permettre
de s'ouvrir complètement à nous afin qu'il soit réceptif
à nos questions. Durant cet échange qui a duré en moyenne
20 minutes, il s'agissait de parler des difficultés auxquelles il fait
face au sein de l'établissement scolaire. Ce qui nous a
été favorable pour obtenir ses verbatim.
3.7.2.
Etape de construction de l'entretien
Pour collecter les données, nous avons utilisé
un guide d'entretien ayant pour instrument l'entretien individuel et le focus
group discussion. La pré-enquête a consistée à
l'identification de nos sujets, à faire connaissance et à prendre
des rendez-vous. Cette pré-enquête nous a permis de décider
avec le sujet du lieu de l'entretien, des jours d'entretiens, de la
durée des entretiens, du matériel de recueil des verbatim.
Malgré toutes ces dispositions, certains responsables développent
de la réticence face à la divulgation de certaines informations.
Toutefois, les sujets qui devaient passer nos entretiens devaient avoir les
caractéristiques de la population mère de l'étude. En ce
qui concerne leur nombre, nous avons eu au total sept sujets dont quatre
responsables (deux conseillers d'orientation et deux enseignants titulaires),
deux élèves (un élève de la classe de
2nde A et un de la classe de 1ère A) un parent
d'élève malvoyant. Nos entretiens ont été faits
dans les bureaux du Service d'Orientation du lycée bilingue d'Ekounou
avec les CO, le parent et les deux déficients visuels et de la salle des
professeurs pour les enseignants. Car, nous avons estimé qu'il s'agit
d'un lieu public, d'un lieu neutre dépourvu de toute influence ou
intimidation sur les élèves. Quant aux enseignants, la salle des
professeurs nous a semblé également par eux connu, public et
neutre.
3.7.3.
Présentation et description de l'instrument
Cette recherche a commencée par le repérage des
pratiques éducatives (enseignement, counseling), les conditions
émotionnelles et environnementales mise en oeuvre par
l'éducateur. Cela s'est fait à partir de l'observation au sein
des salles de classes. La visée de notre recherche est d'identifier les
risques que vit l'élève malvoyant au sein du lycée. Ainsi,
notre recherche s'est appuyée sur les fonctions de l'étayage
énoncées par BRUNER (2003), à savoir,
l'enrôlement, la réduction des degrés de liberté, le
maintien de l'orientation, la signalisation des caractéristiques
déterminantes, le contrôle de la frustration et la
démonstration. L'observation menée est qu'il fallait envisager
des entretiens avec des sujets qui ne voient pas.
3.7.4.
Présentation des thèmes du guide d'entretien
Ce guide d'entretien a été fait dans le but de
recueillir des données ou des informations de l'interviewé. Ces
informations nous ont permis de mieux cerner notre problème, d'expliquer
les causes ou les facteurs des conduites adaptatives et de vérifier nos
hypothèses sur la base de la théorie de Bruner (2003). Pour mener
ces entretiens, nous sommes partis d'une grande question afin de laisser la
latitude aux interviewés de s'étendre sur la question dans leurs
réponses. Durant les entretiens, nous avons à chaque fois
procédé aux questions de contrôle et de relance. Cependant,
avant la phase d'échange proprement dite, nous avons eu à
préciser les paramètres dudit entretien à
l'interviewé, à savoir, l'objectif de l'entretien, le choix de
l'interviewé, la possibilité d'enregistrement,le thème de
l'entretien. Cette procédure visait à obtenir le consentement de
l'interviewé sur tous les points.
Nous avons principalement utilisé le guide d'entretien
pour la collecte des données. En voici ses thèmes et ses sous
thèmes :
- Thème 1 : l'aspect
socio-affectif
Sous thème 1 : comportement du
tuteur/ enseignant et l'adhésion de l'élève aux
activités d'enseignement (communication verbale et écrite)
Sous thème 2 : contrôle de
la frustration, c'est-à-dire éviter que les erreurs du novice ne
se transforment en frustration (temps d'expression accordé à
chaque élève)
Sous thème 3 : maintenir le
novice dans un champ de manière à lui faire garder le cap et le
cas échéant le motiver (encouragement des timides)
- Thème 2 : l'aspect cognitif et
langagier
Sous thème 1 : prise en charge
d'une partie du discours et l'utilisation de la reformulation
Sous thème 2 : soulignage par
l'enseignant des caractéristiques de la tâche pertinente pour son
exécution
Sous thème 3 : exécution
d'une compétence en présence de l'élève en
explicitant les étapes
- Thème 3 : Aptitudes envers
l'école et les activités d'apprentissage
Sous thème 1 : attitudes
positives envers l'école et l'apprentissage
Sous thème 2 : participation en
classe
Sous thème 3 : observation de la
réussite et des progrès au plan scolaire
- Thème 4 : Relations avec les
autres
Sous thème 1 :
établissement des liens sociaux positifs avec les enseignants et les
camarades de classe
Sous thème 2 : sentiment de
confiance et de mise à l'aise
Sous thème 3 : vécu des
émotions positives
3.8. CADRE ET DÉROULEMENT DES ENTRETIENS
Nous avons deux principales articulations que nous allons
présenter successivement, à savoir le cadre de l'entretien et le
déroulement de l'entretien.
3.8.1.
Cadre de l'entretien individuel
Le cadre de l'entretien
renvoie au lieu de déroulement de l'entretien, c'est-à-dire les
modalités utilisées pour la collecte des données. Avant
le début des échanges, chaque entretien était
marqué, par la présentation du formulaire de consentement (cf.
annexe) à l'interviewé pour demander son adhésion audit
entretien tout en précisant que les données seront strictement
anonymes et confidentielles. Pour mener à bien nos entretiens, il
était indispensable pour nous que le cadre des entretiens soit
doté d'une chaise pour le sujet, d'une chaise pour l'étudiant
chercheur, d'une table, du papier et d'un stylo à bille pour relever les
éléments du discours de l'interviewé. Ces entretiens
avaient une durée moyenne de 20 minutes par consultant. Le dictaphone,
à travers un enregistreur vocal a été utilisé comme
l'outil scientifique d'enregistrement des discours. Cet enregistreur a
été utilisé dans le but de pouvoir capturer
fidèlement et intégralement les discours des interviewés.
D'ailleurs, c'est dans les bureaux du Service d'Orientation du lycée
Bilingue d'Ekounou que nous avons eu à interviewer les
élèves, les CO et le parent. C'est dans la salle des professeurs
que nous avons eu à interviewer les enseignants. Car, nous avons
estimé qu'il s'agissait des lieux publics, des lieux neutres
dépourvus de tout pouvoir d'influence ou d'intimidation. Les bureaux du
Service de l'orientation sont des cadres propices pour des échanges
entre les élèves et les parents. C'est dans ces bureaux qu'ils
viennent exposer sans crainte leurs difficultés au Conseiller
d'Orientation. Quant aux enseignants, la salle des professeurs est
également connue tel un lieu public et neutre. Ces cadres ont
été favorables pour le déroulement desentretiens.
3.8.2.
Déroulement de l'entretien individuel
Avant de commencer nos entretiens, nous débutions
d'abord par un rappel préalable du but de l'entretien en
précisant qu'il était fait dans le cadre d'une recherche en vue
de l'obtention du diplôme de Conseiller d'Orientation. L'entretien
était semi directif, c'est-à-dire qu'une question était
posée au départ ; ensuite les interlocuteurs avaient la
possibilité de répondre selon leurs convenances. Des relances
étaient ensuite faites pour avoir des éclaircissements sur
certaines informations. Ainsi, les entretiens commençaient par ce genre
de phrase : « Dites-moi comment vous faites avec les
déficients visuels pendant le cours ? » ou encore
« êtes-vous au courant des lacunes des malvoyants
présents dans votre salle de classe ? ». Les entretiens
permettaient de mieux comprendre les différents contenus des entretiens
qui sont en annexes. Pendant les échanges, une attention était
portée sur les propos des uns et des autres.
Les entretiens ont eu lieu au lycée bilingue d'Ekounou
pendant le mois de mars 2017. Ces entretiens se sont déroulés en
phases : une phase pédagogique et une phase définitive. La phase
pédagogique a consisté à recenser les interviewés,
à prendre des rendez-vous et à définir le lieu des
entretiens. Quant à la phase définitive, elle a consisté
à enregistrer les discours grâce au dictaphone. La phase
pédagogique quiconsistait à la présentation
générale de notre thème s'est déroulée du 13
au 17 mars 2017. En ce qui concerne la phase définitive, elle s'est
déroulée entre le 24 et 31 mars 2017, et elle a consisté
à l'enregistrement des informations. Les entretiens avec les
élèves se sont déroulés pendant les heures de
pause. Toutes ces mesures ont abouti au préalable à la signature
du formulaire de consentement.
3.8.3.
Focus group discussion
L'usage du focus group discussion a permis de recueillir des
informations complémentaires sur les conduites adaptatives en milieu
scolaire, c'est-à-dire que nous avons pu obtenir d'autres informations
qui semblaient avoir échappé aux sujets pendant les entretiens
individuels. Certains élèves complètent les
réponses qui ont échappé aux autres élèves.
Le focus group discussion a regroupé sept élèves et a
permis aux élèves de s'exprimer librement sans crainte et sans
risque des représailles. Le focus group discussion a permis de
connaître les opinions divergentes des élèves quant
à la qualité du processus d'étayage mis à la
disposition des élèves déficients visuels. Ce dernier
s'est déroulé pendant 20 minutes.
3.8.3.1. Cadre du focus group
Après avoir obtenu l'autorisation des responsables en
charge de l'établissement, le focus group discussion s'est
déroulé dans un coin aménagéà
côté du bureau du Conseiller d'Orientation à l'heure de la
grande pause. Cet espace du lycée a été choisi afin qu'il
y ait du sérieux dans notre entretien collectif. Ceci pour être
loin des perturbations des élèves n'ayant pas été
retenu pour la circonstance. Il est important de préciser que le focus
group discussion n'a considéré que les élèves de la
classe de 2nde A du lycée bilingue d'Ekounou. Toutefois, pour
des formalités, ce groupe a rempli le formulaire de consentement au
début de l'entretien.
Les entretiens ont été menés au sein du
lycée bilingue d'Ekounou dans trois espaces distinctifs parmi
lesquels : le bureau du service d'orientation, la salle des enseignants et
un coin aménagé pour la circonstance à côté
du bureau du conseiller d'orientation. Au sein du bureau d'orientation, nous
avons eu des entretiens avec les deux conseillers d'orientation et l'un des
parents de déficient visuel fréquentant au LBE. Le bureau
était assez aéré, confortable vu que le chef service a mis
momentanément ce bureau à notre disposition pour pouvoir mener
à bien nos entretiens. Dans la salle des enseignants comme son nom le
dit, nous avons eu des entretiens avec deux enseignants (français et
SVT). La salle était moyennement pleine à l'intérieur
entre les parents qu'on recevait pour des motifs divers et à
l'extérieur, il y'avait le bruit des élèves. Et enfin,
dans le coin aménagé pour la circonstance à
côté du bureau du Conseiller d'Orientation, nous avons mené
un « focus group » avec sept élèves (03
garçons et 04 filles) qui sont la classe de 2nde A.
Avant le début des entretiens, des mesures ont
été prises pour veiller à l'anonymat des personnes
interviewées. Un formulaire de consentement a été a
été signé et aucun nom réel n'a été
cité dans ce document. Ce ne sont que des noms fictifs que nous avons
utilisé pour veiller au respect de la vie privée des uns et des
autres. Avant le début de chaque entretien, nous avons demandé
l'autorisation d'enregistrer avec le dictaphone de notre
téléphone portable et de prendre les notes en même temps
sur notre bloc note. Toutes les interviews ont été retranscrites
et toutes les autres données seront détruites après le
dépôt de notre mémoire.
3.9. METHODE D'ANALYSE
La méthode d'analyse utilisée dans notre
étude est celle de l'analyse des contenus. Pour Van Der Maren (2004),
l'analyse des contenus porte sur deux types de contenus à savoir
l'analyse des contenus latents et l'analyse des contenus manifestes.
L'analyse des contenus latents a pour but le
dévoilement d'une structure cachée qui est non évidente.
Cette analyse suppose plusieurs niveaux du message et plusieurs lectures sont
nécessaires au préalable. Elle suppose également que
l'émetteur n'a pas fourni clairement au lecteur toutes les informations
requises qui peuvent varier selon l'émetteur et le récepteur.
L'analyse de contenu manifeste quant à elle s'articule
au cours de trois buts, à savoir :
- analyser et comparer les énoncés afin de
préciser comment un informateur parle d'un thème;
- analyser les énoncés afin de dégager la
structure du texte, sa forme, la richesse de son contenu qui est observable par
son argumentation;
- condenser, résumer ou éclairer, examiner
l'évolution et l'importance relative des différentes
énonciations des interlocuteurs.
Tableau 3: Grille d'analyse
des données
|
THEMES
|
CODES
|
INDICATEURS
|
CODES
|
OBSERVATIONS
|
Absent (0)
|
Présent (+)
|
Contraire (-)
|
Confus (=)
|
I
|
A
|
-Comportement du tuteur/ enseignant et l'adhésion de
l'élève aux activités d'enseignement : communication
verbale et écrite (braille)
|
a.
|
|
|
|
|
-Contrôle de la frustration, c'est-à-dire
éviter que les erreurs du novice ne se transforment en
frustration : temps d'expression accordé à chaque
élève
|
b.
|
|
|
|
|
-Maintenir le novice dans un champ de manière à
lui faire garder le cap et le cas échéant le motiver :
encouragement des timides
|
c.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
II
|
B
|
-Prise en charge d'une partie du discours et l'utilisation de
la reformulation
|
a.
|
|
|
|
|
-Soulignage par l'enseignant des caractéristiques de la
tâche pertinente pour son exécution
|
b.
|
|
|
|
|
-Exécution d'une compétence en présence
de l'élève en explicitant les étapes
|
c.
|
|
|
|
|
III
|
C
|
-Attitudes positives envers l'école et
l'apprentissage
|
a.
|
|
|
|
|
-Participation en classe
|
b.
|
|
|
|
|
-Observation de la réussite et des progrès au
plan scolaire
|
c.
|
|
|
|
|
IV
|
D
|
-Etablissement des liens sociaux positifs avec les enseignants
et les camarades de classe
|
a.
|
|
|
|
|
-Sentiment de confiance et de mise à l'aise
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b.
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-Vécu des émotions positives
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c.
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Ce
tableau d'analyse présente les modalités présentées
sous forme de code. Ces modalités nous ont permis d'observer la
présence ou l'absence des indicateurs dans les discours des
interviewés. Ces codes et significations sont différents en
fonction des indicateurs car le nombre d'indices différe d'un indicateur
à l'autre.
Ainsi, la modalité « Aa0 » signifie
qu'l y'a une absence dans le discours. C'est-à-dire, le fait est
absent dans les discours. La modalité « Aa+ »
signifie une présence dans le discours. Ici les faits sont
présents dans les discours. Le sujet l'exprime de façon claire et
on y retrouve les modalités de l'étayage. La modalité
« Aa -» revient à dire qu'il y'a
présence dans le discours mais dans le sens contraire des variables. Les
modalités de l'étayage apparaissent mais demandent à
être précisées. Tandis que la modalité
« Aa= » signifie qu'il y a une confusion dans les
propos. Les sujets ont des doutes ou sont confus dans leurs propos.
A chaque fois, nous avons eu à cocher dans la case
correspondante à l'indicateur pour traduire les différentes
apparitions. Cependant, l'absence de l'information dans le discours ne signifie
pas forcément que l'information n'est pas importante. Elle peut
être latente, la question était de voir comment elle
apparaît dans le discours.
3.10. TECHNIQUES DE DEPOUILLEMENT DES RESULTATS
Pour le dépouillement des résultats, les
techniques qui ont été utilisées sont les suivantes :
la transcription des entretiens et le codage des données.
3.10.1. Transcription des interviews et de l'observation
Essentiellement faites à la main, la transcription des
interviews consiste à reprendre l'entretien dans son exactitude avec les
mots exactement prononcés par l'interviewé. Les informations
retenues à la fin de cet exercice sont appelées les verbatim.
3.10.2. Codage des données
Selon Van der Maren (2004), le codage consiste à
accoler une marque à un matériel. Le but du codage est de
repérer, de classer, d'ordonner, de condenser pour ensuite effectuer les
calculs qualitatifs ou quantitatifs selon le code utilisé. Tout
matériel peut être codé, c'est-à-dire
représenté à l'aide d'un système conventionnel de
symboles. Le codage des données se fait à partir de l'analyse de
chaque phrase de l'interviewé. Cette analyse consiste à explorer
ligne par ligne, les textes de l'interview. Après cette analyse il a
été question de les décrire, les classer et les
transformer en données qualitatives en fonction de la grille d'analyse.
Les indicateurs du tableau ont été
codifiés pour des besoins d'analyse ainsi qu'il suit :
- Aa0 :absence. C'est-à-dire le
fait est absent dans les discours.
- Aa+ :présence. Ici les faits
sont présents dans les discours. Le sujet l'exprime de façon
claire et on y retrouve les modalités de l'étayage.
- Aa- :présence mais dans le sens
contraire des variables. les modalités de l'étayage
apparaissent mais demandent à être précisées.
- Aa= :confusion. Les sujets ont des
doutes ou sont confus dans leurs propos.
CHAPITRE 4 : PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS
A la suite du chapitre 3 dans lequel il a été
défini les méthodes de collecte des données, la recherche
sur le terrain a permis de les collecter au cours des entretiens et d'un focus
group. Il s'agit dans ce chapitre de présenter les résultats et
de les analyser d'une part, puis de passer à la vérification des
questions de recherche. Cette vérification se fera en tenant compte des
données empiriques.
4.1. IDENTIFICATION DES PARTICIPANTS
· Le cas 1
Le Cas 1 est un élève âgé de 23 ans
qui a perdu la vue à l'âge de 07 ans suite à l'utilisation
de collyres périmés. Ce dernier n'a pas de très bonnes
notes en mathématiques, SVT, géographie. Il a eu 10,31 à
la première séquence, 9,04 à la deuxième
séquence, 8,87 à la troisième séquence. Il dit se
débrouiller de lui-même pour comprendre les cours. Des fois, il
peut faire appel à ses camarades pour qu'ils lui expliquent un aspect du
cours non compris. En dehors de son professeur de français qui l'assiste
souvent pendant son cour, rien n'est fait par les autres enseignants pour qu'il
comprenne les cours. Ce dernier entretien a plutôt de bonnes relations
avec ses camarades. Il vit avec sa maman que nous avons rencontrée,
elle est institutrice et a appris l'écriture braille pour mieux aider
son fils à surmonter ce handicap.
· Le cas 2
Le cas 2 est une élève de 24 ans qui redouble la
classe de 1 ère A. Atteinte d'une déficience innée, elle
est née avec un glaucome dans les yeux. Elle vit dans un centre pour
malvoyants où elle est assistée par un tuteur qui a mis à
sa disposition un tuteur. Elle éprouve beaucoup de lacunes dans presque
toutes les matières (mathématiques, anglais, géographie,
langue, littérature). Ses performances scolaires ne sont pas très
bonnes. A la première séquence, elle a eu 11,34, deuxième
séquence, 9,42, troisième séquence, 7,25.Etant
donné que cette dernière ne bénéficie presque pas
de l'assistance de ses enseignants, elle dit beaucoup mémoriser ses
cours et fait des exercices par la suite pour les comprendre. Si elle ne
comprend pas, elle peut demander de l'aide à ses camarades.
4.2. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS SELON LES
THÈMES D'ÉTUDE
4.2.1.
Etayage socioaffectif
L'étayage socioaffectif consiste à mettre
l'apprenant en confiance pour l'amener à s'exprimer davantage et
à communiquer avec les autres. Cette mise en confiance dépend du
comportement de l'enseignant dans l'adhésion de l'élève
dans les activités d'enseignement, le contrôle de la
frustration ; c'est-à-dire, éviter que les erreurs du novice
ne se transforment en frustration et le fait de maintenir le novice dans un
champ à manière à lui faire garder le cap et le cas
échéant le motiver. Ainsi, des données collectées
au cours de l'enquête, il en ressort les résultats
suivants :
Tableau 4: Arbre
thématique de l'aspect socioaffectif
THEME
|
SOUS THEME
|
VERBATIM
|
I. L'aspect socio-affectif
|
1. Comportement du tuteur/ enseignant et l'adhésion de
l'élève aux activités d'enseignement : communication
verbale et écrite (braille)
2. Contrôle de la frustration, c'est-à-dire
éviter que les erreurs du novice ne se transforment en
frustration : temps d'expression accordé à chaque
élève
3. Maintenir le novice dans un champ de manière
à lui faire garder le cap et le cas échéant le
motiver : encouragement des timides
|
« à chaque fois que j'entre en salle, je
demande le rappel du cours précédent, j'insiste à ce
qu'ils nous disent comme tous les élèves ce qu'ils ont retenus du
cours précédent, et ensuite je marque le titre de la session de
formation du jour au tableau avec son plan. Je dicte pour être à
leur niveau et je m'arrange à beaucoup expliquer et que la session de
formation soit moins théorique, mais plus pratique. Pendant mon cours
j'amène plus les élèves à s'exprimer et je leur
laisse cette lassitude me poser autant de questions que possibles, du moment
où ça cadre avec le sujet du jour. Chaque élève,
sans distinction a donc sa place dans ma classe. C'est le but de l'APC, qui
place l'élève au centre des apprentissages. Il est hors de
question que vous soyez aveugles ou pas pour ne pas répondre aux
questions. Tous les élèves doivent participer au cours.
Généralement c'est de cette manière que mon cours se
présente.Aussi, à certains moments pendant la session de
formation, je me rapproche d'eux et leur demande s'ils ont des
difficultés. Je vais sur leur place et je leur demande de lire ce qu'ils
ont écrit dans leur cahier. Je leur laisse du temps pour s'exprimer au
cas où ils ont une question. Généralement pendant mon
cours, j'ai même développé une attitude selon laquelle je
leur accorde 5 à 10 minutes avant la fin du cours où ils peuvent
poser toutes questions qui leur passe par l'esprit. Il faut également
prendre beaucoup de temps en dictant pour leur permettre d'être à
la ligne ». CO2
« Il y'a un élément très
important c'est qu'il faut éviter de les frustrer. Donc il faut de temps
en temps les interroger pour qu'ils participent en classe. Soutenir leurs
propos et rappeler à leurs camarades de ne pas se moquer parce qu'ils
sont tous élèves et bénéficient des mêmes
droits ». (Enseignant n°2)
« Néanmoins, quand je fais cours, je
prends le temps de les soutenir et de les encourager en dictant posément
pour leur permettre de retranscrire avec leur écriture braille. De temps
en temps, je me rapproche d'eux et je leur demande s'ils sont à la
ligne. . Ou tout simplement je me rapproche d'eux et je sélectionne une
phrase et je dirige son doigt pour qu'il me dise ce qu'il a
écrit ». (Enseignant n°2)
|
Les deux élèves déficients visuels qui
ont participé à cette étude affirment que la plupart
d'éducateurs (enseignant et Conseiller d'Orientation) font cours sans
véritablement tenir compte de leur présence. C'est la raison pour
laquelle ils éprouvent beaucoup de difficultés. Par contre, un
affirme qu'il y a adhésion aux activités d'apprentissage. Le
verbatim suivant le confirme :
Cas 1 : « Il y'a juste mon
professeur de français qui est gentille avec moi. Elle m'accorde plus
d'importance parce que je suis malvoyant. Elle sait que je ne suis pas comme
les autres et m'accorde un peu plus d'attention quand elle dicte le cours. Elle
veille à ce que je sois toujours à la ligne. Je me bats dans sa
matière ».
Pour ce qui est des propos des enseignants et conseillers
d'orientation sur quatre interviewés, deux déclarent que leur
comportement ne change pas avec ou sans la présence
d'élèves déficients visuels dans leurs classes. Leurs
propos sont confus. La majorité indexe le fait qu'ils n'ont pas
été formés pour éduquer les déficients
visuels et de ce fait ne savent manipuler l'écriture braille. Un autre
aspect évoqué aussi est celui des effectifs qui varient selon les
salles de classe et soutiennent qu'ils ont un quota sur les programmes
scolaires qu'ils doivent appliquer. Les verbatim suivant le
confirment :
CO1 : « c'est vrai que ce
sont des enfants délicats. Les former n'est pas chose facile. Il faut
maitriser leur environnement pour qu'ils vous comprennent. Ce n'est pas
évident pour quelqu'un comme moi qui travaille depuis longtemps. Le
braille, sincèrement je ne connais pas. Je n'ai que ma petite
expérience avec laquelle je joue pour les encadrer ».
L'enseignant n°1 :
« vraiment, ce n'est pas facile de faire cours avec eux. La
mathématique est une discipline assez complexe pour ceux qui ont leurs
deux yeux ; imaginons donc ce que c'est pour ceux qui sont atteint de
cécité. Il y a des formules qu'on utilise ; des plans
à dessiner au tableau, des exercices à faire en classe et
à la maison. Je ne sais même pas s'il existe un livre de
mathématiques transcrit en braille. Ce n'est pas évident comme on
le pense. C'est l'une des raisons qui fait en sorte qu'on les évite
généralement parce qu'on ne sait pas par où on commencer
pour qu'ils comprennent ce cours ».
Deux autres estiment se débrouiller à encadrer
ces élèves à besoins spéciaux avec leurs acquis
reçus en formation. En voici les verbatim :
CO2 : « j'ai quand
même reçu une formation en braille à l'ENS de
Yaoundé, je connais tout le temps que ça prend pour la
retranscription donc j'y vais doucement avec eux. Aussi bien en salle que
dehors si je constate qu'ils ont des difficultés, je vais me rapprocher
d'eux et intervenir. Ce sont des enfants très vulnérables qu'il
faut bien encadrer. Il ne faut pas les laisser à la merci des loups. A
travers le counseling j'essaie de les suivre individuellement. Je connais quand
même quelques-uns par leurs noms et c'est déjà ça,
compte tenu de tous les effectifs qu'il y'a dans les salles. Vous allez vous
rendre compte qu'il il y'a un qui fait Tle C. A certains moment il
éprouve des difficultés pour se retrouver dans sa salle surtout
quand il y a beaucoup d'élèves sur la cours. Quand je le
constate, je l'interpelle et je lui tiens la main pour le ramener dans sa salle
de classe. Tout comme à certains moment, certains de ses camarades
l'aident aussi ».
L'enseignant n°2 :
« disons que ce sont des enfants que j'ai appris à comprendre.
Ils ne sont pas différents des autres. Tout au long de ma
carrière j'en ai tenu quelques. Et grâce à la formation de
un mois que j'ai faite au CISPAM quand j'enseignais encore à Bafoussam,
j'ai été informée sur comment les tenir. C'est vrai que la
formation est différente du terrain, mais j'ai appris à me
débrouiller à ma manière pour leur donner
également les mêmes chances de réussite que les autres.
Néanmoins, quand je fais cours, je prends le temps de les soutenir et de
les encourager en dictant posément pour leur permettre de retranscrire
avec leur écriture braille. De temps en temps, je me rapproche d'eux et
je leur demande s'ils sont à la ligne. Ou tout simplement je me
rapproche de lui et je sélectionne une phrase sur son papier canson et
je dirige son doigt pour qu'il me dise ce qu'il a écrit, et si je me
rends compte qu'il n'a pas bien saisi, je peux utiliser un synonyme ou
expliquer un peu pour que ça aille vite. C'est ce que je fais à
mon niveau ».
Pour le parent interviewé, le fait que son enfant ait
eu à perdre la vue, l'a plutôt amené à se concentrer
davantage sur lui, au point où elle a même appris du braille pour
pouvoir faciliter la conversation entre elle et lui. En voici le
verbatim :
« C'est mon enfant et je ne peux que l'assister
comme je peux. Chaque soir je vérifie ses documents s'il les a tous et
je l'aide à ranger ce qu'il utilisera le lendemain. Tellement ça
me gênait de ne pas pouvoir suivre sa façon de prendre les notes,
j'ai dû apprendre l'écriture braille pour savoir ce qu'il
écrit vraiment dans son papier canson. Lui et moi on communique assez
bien. Donc je l'aide à réviser aussi comme je suis
institutrice ».
Les deux élèves malvoyants ont des
réponses assez confuse sur ce que les enseignants et conseiller
d'orientation font pour eux.
Cas 2 :« hum, les
enseignants de mathématiques et de SVT ne se soucient même pas de
moi quand ils font cours. Ils font leur cours sans tenir compte de ma
présence. Je me demande bien s'ils savent que je suis aveugle.
Même se soucier de comment je prends les notes, rien. Quand un enseignant
ne se soucie pas de moi ça me décourage beaucoup. Sensiblement
toutes les matières je ne les comprends pas. Ils sont top dur souvent.
Les enseignants ne font rien pour nous. J'ai de la peine à faire des
exercices toute seule parce que je ne comprends pas bien ».
Mais, un affirme quand même que seul son professeur de
français lui accorde une certaine importance.
Pour les éducateurs, 3/4 ont des réponses assez
confuses quant au contrôle de la frustration des élèves
malvoyants et évoquent surtout les faits du programme scolaire à
respecter et de la complexité du handicap. En voici les
verbatim :
CO1 : « ce n'est pas
facile mon fils. La profession que tu vois ci n'est pas aussi évidente.
On ne peut pas être partout au même moment. On veut bien les aider
mais hélas les élèves sont trop nombreux et nous pas assez
nombreux pour pouvoir écouter chaque élève au cas par cas.
Je ne sais pas quoi faire, les élèves sont assez nombreux et le
Co a une fiche de progression à respecter. Je ne tiens pas vraiment
compte d'eux ».
Enseignant n°1 : « c'est
très difficile, je ne sais quoi faire pour les aider. Je ne fais rien.
Je ne sais pas par où je vais commencer. C'est difficile à faire
surtout en mathématiques. Je ne peux rien faire pour eux. Je fais
seulement mon cours ».
Par contre, un des éducateurs affirme que c'est son
travail d'accompagner ces élèves afin de favoriser leur
épanouissement dans leur vie et de limiter au maximum le complexe qui
peut exister entre ces élèves déficients visuels et ceux
« normaux ». En voici le verbatim :
CO2 : « on peut
dire, vu que c'est mon travail de les suivre sur le plan psychologique et sur
le plan scolaire. Ils ont des inquiétudes qu'ils expriment à
travers leur personnalité qu'ils s'efforcent de connaitre. Ce sont
encore des enfants et ils veulent bien savoir ce que les gens pensent d'eux.
Dans ce cas, mon travail consiste à leur donner des conseils pratiques
et techniques pour favoriser leur insertion aussi bien dans
l'établissement que dans la société. Surtout que le monde
ne s'arrête pas seulement à l'école. Ils doivent avoir des
projets et se comporter comme nous autres en ayant un travail où ils
seront épanouis et en fondant leur famille. Ils en ont également
besoin comme nous. Et tout cela se fait par le coaching du Conseiller
d'Orientation qui doit guider ces enfants pour qu'ils soient le moins
vulnérables possible ».
Au niveau du focus group 5/7 estiment que les enseignants ne
font pas grand-chose pour leur camarade malvoyant. En voici quelques
verbatim :
G3 : « pas
grand-chose,hein. Ils sont abandonnés à eux-même, ce genre
d'élèves. Et du coup, ils sont tellement
vulnérables ».
G6 : « comme certains de
mes camarades ont eu à le dire tout à l'heure, ils sont
abandonnés à eux même. Ce n'est pas la première fois
que je fréquente avec ce genre d'élèves. C'est toujours la
même chose avec les enseignants, ils font cours aussi comme ça.
C'est comme si ils doivent se débrouiller d'eux même.
Sincèrement je ne sais pas comment ils font pour tenir le coup. Ce n'est
pas facile monsieur. Mais bon, on va alors faire
comment ! ».
G7 : « les enseignants
dictent beaucoup ici pendant les cours. Le Conseiller d'Orientation, c'est
seulement pendant la session de formation qu'on le voit. Donc, il vient faire
son show et pour partir. Il bavarde beaucoup
celui-là ».
Pour les deux élèves malvoyants, ils ne sont pas
véritablement mis en confiance par tous les éducateurs.
Exceptionnellement, certains savent les contenir et ça les motive
beaucoup, tout comme d'autres font cours sans tenir compte d'eux. En voici les
verbatim :
Cas
1 : « Certains enseignants
n'expliquent pas bien et d'autres comme mon prof de français font
l'effort pour moi. Donc généralement, je lève souvent le
doigt si j'estime avoir une bonne réponse et si je sais que la
réponse sera juste pour que les camarades ne rient pas beaucoup.
Beaucoup d'enseignants n'ont pas mon temps quand ils font cours. Ils dictent le
cours sans tenir compte que je dois retranscrire cela avec le braille. On
comprend vraiment qu'ils n'ont pas été formés pour
enseigner les gens comme nous. Même le Conseiller d'Orientation qui doit
nous aider ne nous aide pas vraiment puisse qu'il ne maitrise pas le braille et
du coup, il préfère nous esquiver en salle comme si nous
n'existions pas. Le professeur de mathématiques lui, quand il fait
cours, il ne demande même pas si on comprend. Il avance
seulement ».
Cas 2 :
« Sensiblement toutes les matières je ne les
comprends pas. Ils sont top dur souvent. Les enseignants ne font rien pour
nous. J'ai de la peine à faire des exercices toute seule parce que je ne
comprends pas bien ».
Pour les éducateurs 2/4 reconnaissent qu'ils ne font
pas grand-chose quant au maintien des élèves malvoyants dans un
champ de manière à leur faire garder le cap et le cas
échéant les motiver. Ces derniers évoquent le fait du
programme scolaire à respecter et la non maitrise de la pédagogie
pour ce type d'handicap, comme en témoigne les verbatim
suivants :
CO1 : « Pendant
la session de formation on les met sur le chemin et on voudrait juste qu'ils
trouvent les réponses. Mais, nos amis la comme j'ai dit plus haut, ils
sont très compliqués et je ne voudrai pas les perturber
aussi ».
Enseignant
1 : « Quand je fais cours, je parle
pour tout le monde au même moment. Ce n'est pas évident avec le
programme de mathématiques qu'il faut respecter et se soucier de tous
les élèves. Je pose également des questions et
j'écris au tableau ».
Tandis que l'autre moitié d'éducateurs, se
battent pour contenir et motiver ces enfants à besoin spéciaux
durant les cours, comme le témoigne les verbatim suivants :
CO2 : « à
chaque fois que j'entre en salle, je demande le rappel du cours
précédent, j'insiste à ce qu'ils nous disent comme tous
les élèves ce qu'ils ont retenus du cours
précédent, et ensuite je marque le titre de la session de
formation du jour au tableau avec son plan. Je dicte pour être à
leur niveau et je m'arrange à beaucoup expliquer et que la session de
formation soit moins théorique, mais plus pratique. Pendant mon cours,
j'amène plus les élèves à s'exprimer et je leur
laisse cette lassitude me poser autant de questions que possibles, du moment
où ça cadre avec le sujet du jour. Chaque élève,
sans distinction a donc sa place dans ma classe. C'est le but de l'APC, qui
place l'élève au centre des apprentissages. Il est hors de
question que vous soyez aveugles ou pas pour ne pas répondre aux
questions. Tous les élèves doivent participer au cours.
Généralement, c'est de cette manière que mon cours se
présente.Aussi, à certains moments pendant la session de
formation, je me rapproche d'eux et leur demande s'ils ont des
difficultés. Je vais sur leur place et je leur demande de lire ce qu'ils
ont écrit dans leur cahier. Je leur laisse du temps pour s'exprimer au
cas où ils ont une question. Généralement pendant mon
cours, j'ai même développé une attitude selon laquelle je
leur accorde 5 à 10 minutes avant la fin du cours, où ils
peuvent poser toutes questions qui leur passent par l'esprit. Il faut
également prendre beaucoup de temps en dictant pour leur permettre
d'être à la ligne ».
Enseignant
n°2 : « quand je fais mon cours,
j'essaye de prendre en compte que j'ai certains élèves qui ne
sont pas comme les autres. Il y en a qui ont un handicap qu'il faut beaucoup
encadrer et de ce fait je me rapproche d'eux pour qu'ils comprennent mieux mon
cours.Je les interroge comme tous les autres élèves. On doit
suivre leur voix comme ils suivent aussi pour les autres. Je leur laisse du
temps pour parler. Et je demande aux autres élèves de les suivre
attentivement. A travers leur culture générale, certains peuvent
avoir de bonnes questions/réponses. On prend un peu de temps pour
discuter ensemble surtout quand je lui demande ce qu'il a retenu de la
leçon du jour. En faisant le cours, je peux reformuler pour que les uns
et les autres comprennent mieux. Pendant que je fais cours, je leur pose
à tous des questions pour connaître si mon cours est
assimilé. Pendant mon cours, je pose des questions et je permets
à tous les élèves d'y répondre sans
distinction ».
4.2.2.
Etayage cognitif ou langagier
L'étayage cognitif ou langagier a pour indicateurs la
prise en charge d'une partie du discours en utilisant la reformulation, le
soulignage par l'enseignant des caractéristiques de la tâche
pertinente pour son exécution et l'exécution d'une
compétence en présence de l'élève en explicitant
les étapes.
Tableau 5: Arbre
thématique de l'aspect cognitif ou langagier
THEME
|
SOUS THEMES
|
VERBATIM
|
II. L'aspect cognitif ou langagier
|
1. Prise en charge d'une partie du discours et l'utilisation
de la reformulation
2. Soulignage par l'enseignant des caractéristiques de
la tâche pertinente pour son exécution
3. Exécution d'une compétence en présence
de l'élève en explicitant les étapes
|
« Il y'a juste mon professeur de français
qui est gentille avec moi. Elle m'accorde plus d'importance parce que je suis
malvoyant. Elle sait que je ne suis pas comme les autres et m'accorde un peu
plus d'attention quand elle dicte le cours. Elle veille à ce que je sois
toujours à la ligne. Je me bats dans sa matière. Certains
enseignants n'expliquent pas bien et d'autres comme mon prof de français
font l'effort pour moi. Donc généralement, je lève souvent
le doigt si j'estime avoir une bonne réponse et si je sais que la
réponse sera juste pour que les camarades ne rient pas
beaucoup ». (Cas 1)
« c'est vrai que ce sont des enfants
délicats. Les former n'est pas chose facile. Il faut maitriser leur
environnement pour qu'ils vous comprennent. Ce n'est pas évident pour
quelqu'un comme moi qui travaille depuis longtemps. Le braille
sincèrement je ne connais pas. Je n'ai que ma petite expérience
avec laquelle je joue pour les encadrer. S'ils ont des problèmes, ils
peuvent m'interpeller, mais comme généralement ils n'ont rien
à vous dire. On les laisse donc dans leurs coins tout en
espérant qu'ils s'ouvrent à nous. J'interviens dans presque
toutes les salles du lycée (6ème, 2nde, 1ère et Tle) et ce
n'est pas évident ». (CO1)
« Ça dépend de la salle où
je me trouve aussi. Si je me rends compte qu'il y `a des malvoyants
j'ajuste ma façon de faire cours et je leur laisse la lassitude de
s'exprimer. J'essaie de les amener à s'exprimer en les interpellant
directement par leurs noms. De cette manière, ils savent que nous sommes
avec eux. Hormis ce fait, pendant les causeries éducatives, j'essaie de
faire participer tous mes élèves de la même manière
y compris eux. Généralement, c'est moi qui les interroge, sauf si
le sujet leur plait qu'ils lèveront le doigt d'eux
même ». (CO2)
|
Tous les deux élèves déficients visuels
estiment que les éducateurs ne font rien pour les amener à
être autonome. Pour eux, ils ne s'occupent pas particulièrement
d'eux comme en témoigne le verbatim suivant :
Cas 1 : « rien
n'est fait vraiment pour nous au sein de l'établissement. On se bat de
nous-même pour comprendre les différents cours. Certains camarades
qui refusent de nous expliquer aussi des fois. Il y a des enseignants qui ne
soucient pas de notre présence. Ils font cours normalement. On y peut
rien. Nous sommes obligés de nous battre de nous-même. C'est aussi
vrai que ça nous prend beaucoup de temps pour comprendre un cours. Donc
des fois en salle quand on n'a pas mon temps, je ne retranscris pas le cours en
braille, j'écoute seulement ».
Pour ce qui est des éducateurs, 2/2 font cours en
tenant compte de la présence des malvoyants. En voici un
verbatim :
Pour les deux élèves déficients visuels,
les enseignants ne soulignent pas les caractéristiques de la
tâche.
Cas 1 : « Les
enseignants font cours normalement. Ils écrivent tous au tableau surtout
en mathématiques. Le prof de mathématique lui alors c'est comme
si nous ne sommes pas aussi élève dans la classe. Tellement il
donne les devoirs et ce n'est pas facile pour moi. Comme je ne vois pas je
reste là aussi comme ça à les suivre. Le conseiller
d'orientation et les enseignants ne font rien pour nous. Ils font leurs cours
normalement sans se soucier de notre présence ».
Cas 2 : « chaque
fois, c'est la même chose. Ils arrivent en salle, écrivent
certains éléments au tableau, puis voilà le cours qui
commence. Avec le genre de rythme-là je ne peux pas être à
la ligne donc je laisse seulement. On dirait qu'on doit se débrouiller
seul. Le professeur de mathématiques écrit trop au tableau et
donne trop de devoirs. Le professeur de SVT, je ne l'aime pas trop. Quand il
vient en salle c'est pour dicter seulement. Et il le fait tellement vite que
j'ai de la peine à écrire. Il commence seulement à parler
et il parle alors vite. Ce n'est pas évident pour moi de suivre aussi
bien le cours que ses explications. Il parle trop di
donc ».
Pour l'éducateur, 2/4 pensent qu'il est assez complexe
d'éduquer ce genre d'élèves avec leur handicap. Pour eux,
ils n'ont pas reçu de formation pour cela et c'est très difficile
de les enseigner. En voici un verbatim :
CO1 : « Mais nos
amis la comme j'ai dit plus haut, ils sont très compliqués et je
ne voudrai pas les perturber aussi ».
Tous les deux élèves malvoyants sont unanimes
qu'ils n'ont pas de rapports privilégiés avec leurs enseignants.
Ils n'ont pas de traitement de faveur et du coup, ils ne trouvent pas
l'intérêt de se rapprocher d'eux afin de leur exposer leurs
difficultés, comme en témoigne le verbatim suivant :
Cas
1 : « Causer quoi avec eux ? Si
d'abord enseigner ne passe pas, combien de fois discuter avec eux. Je
l'évite seulement c'est vrai qu'il est souvent gentil avec les autres
pendant le cours. Mais comme il ne s'intéresse pas à moi,
j'évite seulement le bavardage inutile ».
S'agissant des éducateurs, 3/4 expriment la
difficulté liée à l'exécution d'une
compétence en présence de l'éducateur.Ces derniers
évoquent la complexité de la compétence qu'ils ne
maitrisent pas véritablement pour encadrer ces élèves avec
leur handicap. En voici un verbatim :
CO1 : « ce n'est
pas facile mon fils. La profession que tu vois ci n'est pas aussi
évidente. On ne peut pas être partout au même moment. On
veut bien les aider mais hélas les élèves sont trop
nombreux et nous pas assez nombreux pour pouvoir écouter chaque
élève au cas par cas. Je ne sais pas quoi faire, les
élèves sont assez nombreux et le Co a une fiche de progression
à respecter. Je ne tiens pas vraiment compte d'eux ».
4.2.3.
Aptitudes envers l'école et les activités d'apprentissage
L'aptitude envers l'école et les activités
d'apprentissage dépend des éléments suivants : les
attitudes positives envers l'école et l'apprentissage, la participation
en classe et l'observation de la réussite et des progrès au plan
scolaire.
Tableau 6: Arbre
thématique des aptitudes envers l'école et les activités
d'apprentissage
THEME
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SOUS THEMES
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VERBATIM
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III. Aptitudes envers l'école et les
activités d'apprentissage
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1. Attitudes positives envers l'école et
l'apprentissage
2. Participation en classe
3. Observation de la réussite et des progrès au
plan scolaire
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« Il y'a des cours qui sont souvent très
intéressant là je m'efforce à copier seulement comme je
peux. Je suis obligé de beaucoup synthétiser pour que ça
aille vite ». (Cas 1)
« À la pause je vais souvent à la
cantine avec les autres. De temps en temps quand je ne comprends pas je peux
demander à mon camarade qu'il m'aide. En mathématiques par
exemple, s'il y'a une courbe que l'enseignant a faite au tableau, j'attends la
fin de l'heure ou le mercredi et je demande à mon camarade de
m'expliquer. Il prend mon doigt et le dirige sur la feuille et simule le dessin
avec pour que je sache un peu ce que l'enseignant a dessiné au
tableau ». (Cas 1)
« Je participe souvent de temps en temps aux
activités en classe, parfois je lève le doigt quand je pense
avoir une réponse juste. Je ne parle que lorsque l'enseignant me donne
la parole ». (Cas 1)
« à certains moments ils participent
quand même comme ce n'est pas assez. Celui qui est dans ma salle, de
lui-même c'est rare, sauf si je l'interroge c'est à ce moment
qu'il fait un effort pour ouvrir la bouche. Il y'a un élément
très important c'est qu'il faut éviter de les frustrer. Donc il
faut de temps en temps les interroger pour qu'ils participent en classe.
Soutenir leurs propos et rappeler à leurs camarades de ne pas se moquer
parce qu'ils sont tous élèves et bénéficient des
mêmes droit ». (Enseignant n°2)
« Leurs performances scolaires sont passables
à la première séquence comme ce sont les révisions
des cours de l'année dernière ». (CO
1)
|
2/2 d'élèves malvoyants éprouvent des
émotions positives quant aux enseignements reçus. En voici les
verbatim :
Cas 1 :« j'apprends mes
leçons. Si j'ai des difficultés je peux demander l'aide d'un
camarade s'il veut bien m'expliquer. Chaque matière, a son espace de
rangement dans mon classeur. Je classe mes cours en fonction des dates pour que
je me retrouve rapidement dans mes lectures. J'utilise aussi le braille qui est
une écriture pour les mal voyants. A partir du braille, je prends mes
notes de cours à travers ma tablette, mon pointeur et mon papier canson.
Je m'arrange à synthétiser mes cours quand je les retranscris.
Donc, je les résume avant de les écrire sur ma tablette. Et il
faut un peu plus de temps pour écrire lorsque l'enseignant dicte le
cours ».
Cas 2 :
« j'apprends mes leçons tout simplement.
Je fais l'effort de les mémoriser puis je fais quelques exercices pour
mieux apprendre. Pour faire ces exercices, j'appelle souvent un camarade pour
qu'il m'aide à traduire. C'est vrai que des fois je n'ai personne sur la
main pour m'aider et je suis obligé d'attendre qu'un camarade me vienne
en aide. Je vis dans un internat avec un tuteur qui nous assiste comme il peut.
Nous sommes environ une trentaine et nous avons un répétiteur qui
essaye de nous suivre. Il prend beaucoup de temps pour
expliquer ».
Sur les deux élèves malvoyants, un affirme
participer en classe et l'autre non :
Cas 1 :« Je participe
souvent de temps en temps aux activités en classe, parfois je
lève le doigt quand je pense avoir une réponse juste. Je ne parle
que lorsque l'enseignant me donne la parole. C'est moi qui garde
l'effaçoire. Le cours de mathématiques je ne le fais pas vraiment
pas parce que je ne veux pas, mais parce que je ne comprends rien. L'enseignant
écrit beaucoup au tableau et ne demande pas vraiment mon avis. Quand il
faut corriger les exercices, il demande qui veut le faire.
Généralement on ne m'interroge pas souvent et ça me
frustre. On a aussi des tours de balayage en salle. Je ne balaie pas souvent.
Généralement je rentre après les cours puisqu'on vient me
chercher à la sortie des classes ».
Cas 2 : « Je ne fais rien
comme activité en salle. On ne m'interroge pas souvent et je
préfère rester dans mon coin ».
Sur les quatre éducateurs interviewés, 3/4
estiment que ces élèves à besoin spécifique ne
participent pas véritablement en classe. CO1 :
« Pas vraiment. Leur handicap ne les aide pas ». Et un
l'observe, comme en témoigne le verbatim suivant :
L'enseignant
n°2 :« à certains moments, il
participe quand même comme ce n'est pas assez ».
Le focus group passé avec certains de leurs camarades,
6/7 affirment que leur camarade malvoyant ne participe pas vraiment en classe.
Par contre, un seul voit en lui une certaine participation comme en
témoigne le verbatim suivant :
G3 : « des fois il participe
au cours ».
Sur les quatre éducateurs interrogés, la
majorité est au courant des performances de ces élèves,
mais selon 3/4, ils ne travaillent pas assez et de ce fait leurs performances
scolaires ne sont pas bonnes. En voici un des verbatim correspondants :
L'enseignant n°1 :
« ils ne travaillent pas assez. On sait qu'il
leur manque quelques choses. Mais on ne sait comment faire, surtout moi. Mon
cours est très dense et ce n'est pas chose facile. Je ne suis pas dure
avec eux quand même ».
CO2 : « ils ne font pas
aussi beaucoup d'efforts. Leurs performances scolaires ne sont pas
bonnes ».
4.2.4.
Relation avec les autres
Les relations avec les autres dépendent des
éléments suivants : l'établissement des liens sociaux
positifs avec les enseignants et les camarades de classe, le sentiment de
confiance et de mise à l'aise et le vécu des émotions
positives. Des données collectées sur le terrain, il en ressort
les éléments suivants.
Tableau 7: Arbre
thématique des relations avec les autres
THEME
|
SOUS THEME
|
VERBATIM
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IV. Relations avec les autres
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1. Etablissement des liens sociaux positifs avec les
enseignants et les camarades de classe
2. Sentiment de confiance et de mise à l'aise
3. Vécu des émotions positives
|
« Il y'a juste mon professeur de français
qui est gentille avec moi. Elle m'accorde plus d'importance parce que je suis
malvoyant. Elle sait que je ne suis pas comme les autres et m'accorde un peu
plus d'attention quand elle dicte le cours. Elle veille à ce que je sois
toujours à la ligne. Je me bats dans sa matière ».
(Cas 1)
« Je marche avec des camarades filles qui m'ont
déjà adoptée. C'est plus facile, on peut causer de tout
et de rien ». (Cas 2)
« Il y'a juste mon professeur de français
qui est gentil avec moi. Elle m'accorde plus d'importance parce que je suis
malvoyant. Elle sait que je ne suis pas comme les autres et m'accorde un peu
plus d'attention quand elle dicte le cours. Elle veille à ce que je sois
toujours à la ligne. Je me bats dans sa matière ».
(Cas 1)
« Néanmoins quand je fais cours je prends
le temps de les soutenir et de les encourager en dictant posément pour
leur permettre de retranscrire avec leur écriture braille. De temps en
temps, je me rapproche d'eux et je leur demande s'ils sont à la ligne.
Ou tout simplement je me rapproche de lui et je sélectionne une phrase
sur son papier canson et je dirige son doigt pour qu'il me dise ce qu'il a
écrit, et si je me rends compte qu'il n'a pas bien saisi, je peux
utiliser un synonyme ou expliquer un peu pour que ça aille vite. C'est
ce que je fais mon niveau ». (Enseignant
n°2)
« c'est moi son voisin de banc. Il est juste
assis à côté de moi. Des fois, nous on fait souvent nos
commentaires de football. Jusqu'à c'est moi qui lui ai appris comment on
joue au pari foot. (Rire) ». (G4)
« Ses camarades me connaissent
déjà bien, puisque je suis au lycée là-bas presque
tous les jours pour le chercher. Et certains le taquinent souvent
que « Toi au moins ta mère vient te
chercher !». Ça m'amuse souvent quand il sourit et se laisse
aller à ce jeu qui n'est pas moqueur. Une fois il a même
répondu que c'est parce qu'il a une mère géniale, que je
l'aime tellement et c'est la raison pour laquelle je viens le chercher tout le
temps. Et de le voir s'essayer à vouloir jouer au ballon avec ses
camarades à la sortie, ça montre qu'il est intégré
déjà et qu'il stresse moins sur son handicap. Donc je me dis
déjà que ses camarades se sont déjà habitués
à lui ». (Parent)
|
Parlant des élèves déficients visuels,
les deux ont réussi à établir des sociaux avec leurs
camarades et enseignants. En voici des verbatim :
Cas 1 :« À la pause
je vais souvent à la cantine avec les autres. De temps en temps quand je
ne comprends pas je peux demander à mon camarade qu'il m'aide. En
mathématiques par exemple, s'il y'a une courbe que l'enseignant a faite
au tableau, j'attends la fin de l'heure ou le mercredi et je demande à
mon camarade de m'expliquer. Il prend mon doigt et le dirige sur la feuille et
simule le dessin avec pour que je sache un peu ce que l'enseignant a
dessiné au tableau ».
Parlant des éducateurs, 3/4 disent qu'ils
n'établissent pas véritablement de liens spéciaux entre
ces élèves et eux ; l'enseignant
n°1 :« on ne discute pas vraiment ensemble. Je ne
sais pas comment je vais m'y prendre. En plus, j'ai plusieurs classes que je
tiens et je ne peux pas me permettre de perdre du temps dans une seule.
J'évolue de la même manière dans les mêmes classes
donc je ne dois accuser aucun retard si je veux avancer
sereinement ».
Et entre malvoyant et leurs camarades, à
l'unanimité l'ambiance est plutôt bonne. De ce fait les rapports
entre camarades est positive. En voici un verbatim pour
l'illustrer :
L'enseignant n°2 :« bon
quand je suis en salle, je n'observe pas véritablement un mauvais
comportement des camarades. Pour certains, ils sont ensemble depuis la classe
de 6ème, donc je me dis que côté discrimination,
le temps a eu le dessus ».
Sur deux malvoyants, 1/2 se sent véritablement à
l'aise durant le processus d'apprentissage en classe. En voici un verbatim qui
en témoigne :
Cas 1 : « Je
participe souvent de temps en temps aux activités en classe, parfois je
lève le doigt quand je pense avoir une réponse juste. Je ne parle
que lorsque l'enseignant me donne la parole ».
Les deux malvoyants interrogés estiment ne pas
véritablement vivre dans une bonne ambiance en salle. En effet la
façon de faire cours ne les arrange pas vraiment et ils éprouvent
des difficultés par la suite pour comprendre et avoir un bon niveau
scolaire. En voici quelques verbatim :
Cas 1 :« Comme je dis
depuis la, ce ne sont pas tous les enseignants qui tiennent compte de nous. Ils
font cours comme si nous n'avons pas d'handicap. Les enseignants font cours
normalement. Ils écrivent tous au tableau surtout en
mathématiques. Le prof de mathématique lui alors c'est comme si
nous ne sommes pas aussi élève dans la classe. Tellement il donne
les devoirs et ce n'est pas facile pour moi. Comme je ne vois pas je reste
là aussi comme ça à les suivre. Le conseiller
d'orientation et les enseignants ne font rien pour nous. Ils font leur cours
normalement sans se soucier de notre présence ».
Cas 2 :« chaque fois c'est
la même chose. Ils arrivent en salle, écrivent certains
éléments au tableau, puis voilà le cours qui commence.
Avec le genre de rythme-là je ne peux pas être à la ligne
donc je laisse seulement. On dirait qu'on doit se débrouiller seul. Le
professeur de mathématiques écrit trop au tableau et donne trop
de devoirs. Le professeur de SVT, je ne l'aime pas trop. Quand il vient en
salle c'est pour dicter seulement. Et il le fait tellement vite que j'ai de la
peine à écrire. Il commence seulement à parler et il parle
alors vite. Ce n'est pas évident pour moi de suivre aussi bien le cours
que ses explications. IL parle trop di donc ».
Néanmoins ces derniers vivent des émotions
positives avec leurs camarades. En voici le verbatim :
Cas 1 :« À la pause
je vais souvent à la cantine avec les autres. De temps en temps quand je
ne comprends pas je peux demander à mon camarade qu'il m'aide. En
mathématiques par exemple, s'il y'a une courbe que l'enseignant a faite
au tableau, j'attends la fin de l'heure ou le mercredi et je demande à
mon camarade de m'expliquer. Il prend mon doigt et le dirige sur la feuille et
simule le dessin avec pour que je sache un peu ce que l'enseignant a
dessiné au tableau ».
Au niveau du focus group, 5/7 des camarades estiment que
l'ambiance avec leur camarade malvoyant est plutôt bonne, comme le
montre les verbatim suivants :
G3 : « pour
ça ils sont déjà intégrés. Quand on lance
les blagues en salle ils rient et savent de quoi on parle ».
G4 : « c'est moi son
voisin de banc. Il est juste assis à côté de moi. Des fois,
nous on fait souvent nos commentaires de football. Jusqu'à c'est moi qui
lui ai appris comment on joue au pari foot ».
4.2.5. Synthèse des analyses
THEME
|
FAITS SAILLANTS
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FACTEURS D'ADAPTATION
|
CONTRAINTES OU LIMITES
|
PREOCCUPATIONS DOMINANTES
|
Thème 1 : L'étayage
socioaffectif
|
Il y'a justemon professeur de français qui est gentille
avec moi. Elle m'accorde plus d'importance parce que je suis malvoyant. Elle
sait que je ne suis pas comme les autres et m'accorde un peu plus d'attention
quand elle dicte le cours. Elle veille à ce que je sois toujours
à la ligne. Je me bats dans sa matière. (Cas 1)
|
Ce sont des enfants très vulnérables qu'il faut
bien encadrer. Il ne faut pas les laisser à la merci des loups. A
travers le counseling j'essaie de les suivre individuellement. Je connais quand
même quelques-uns par leurs noms et c'est déjà ça,
compte tenu de tous les effectifs qu'il y'a dans les salles. (CO2)
|
c'est vrai que ce sont des enfants délicats. Les former
n'est pas chose facile. Il faut maitriser leur environnement pour qu'ils vous
comprennent. Ce n'est pas évident pour quelqu'un comme moi qui travaille
depuis longtemps. Le braille sincèrement je ne connais pas. (CO1)
|
rien n'est fait vraiment pour nous au sein de
l'établissement. On se bat de nous-même pour comprendre les
différents cours. Certains camarades qui refusent de nous expliquer
aussi des fois. Il y'a des enseignants qui ne soucient pas de notre
présence. Ils font cours normalement. (Cas 1)
|
Thème 2 : L'étayage cognitif ou
langagier
|
à chaque fois que j'entre en salle, je demande le
rappel du cours précédent, j'insiste à ce qu'ils nous
disent comme tous les élèves ce qu'ils ont retenus du cours
précédent, et ensuite je marque le titre de la session de
formation du jour au tableau avec son plan. Je dicte pour être à
leur niveau et je m'arrange à beaucoup expliquer et que la session de
formation soit moins théorique, mais plus pratique. Pendant mon cours
j'amène plus les élèves à s'exprimer et je leur
laisse cette lassitude me poser autant de questions que possibles, du moment
où ça cadre avec le sujet du jour. Chaque élève,
sans distinction a donc sa place dans ma classe. (CO2)
|
Je participe souvent de temps en temps aux activités en
classe, parfois je lève le doigt quand je pense avoir une réponse
juste. Je ne parle que lorsque l'enseignant me donne la parole. C'est moi qui
garde l'effaçoire. (Cas1)
|
Pendant la session de formation on les met sur le chemin et on
voudrait juste qu'ils trouvent les réponses. Mais nos amis la comme j'ai
dit plus haut, ils sont très compliqués et je ne voudrai pas les
perturber aussi. (CO1)
|
La mathématique est une discipline assez complexe pour
ceux qui ont leurs deux yeux, imaginons donc ce que c'est pour ceux qui sont
atteint de cécité. Il y'a des formules qu'on utilise, des plans
à dessiner au tableau, es exercices à faire en classe et à
la maison. Je ne sais même pas s'il existe un livre de
mathématiques transcrit en braille. Ce n'est pas évident comme on
le pense. (Enseignant N°1)
|
Thème 3 : Aptitudes envers l'école
et les activités d'apprentissage
|
j'ai fait un constat, il y'en a qui ont une grande
capacité de synthèse. On dicte un paragraphe et ils le
synthétise rapidement en quelques mots et l'écrivent en braille.
Donc ils prennent l'essentiel dans les notes. Leurs mauvaises performances
s'expliquent aussi par le fait qu'il y'a certaines matières dans
lesquelles ils ne composent pas vu leur handicap. (CO2)
|
Ils ont des projets, entre autres interprète,
traducteur, enseignant, diplomate, journaliste, psychologue pour
malvoyant...Moi personnellement je les vois bien réussir dans le
journalisme, éditeur, ils peuvent bien le faire. Ils ont
également envie de faire des métiers qui ne cadrent pas avec
leurs capacités comme ingénieur, pétrochimiste...(CO2)
|
Leurs mauvaises performances s'expliquent aussi par le fait
qu'il y'a certaines matières dans lesquelles ils ne composent pas vu
leur handicap. C'est le cas par exemple de la PCT, les maths ..., parce qu'on
n'a pas véritablement de cellule de transcription en braille au
lycée. On les laisse donc comme ça sans composer ces
matières. Ce n'est pas un traitement de faveur, mais ça les
handicape par la suite vu qu'ils n'ont pas le même niveau que leurs
camarades. (CO2)
|
rien n'est fait pour qu'il comprenne tous les cours. Et c'est
difficile à gérer.(G5)
|
Thème 4 : Relation avec les
autres
|
À la pause je vais souvent à la cantine avec les
autres. De temps en temps quand je ne comprends pas je peux demander à
mon camarade qu'il m'aide. (Cas 1)
|
le voir s'essayer à vouloir jouer au ballon avec ses
camarades à la sortie, ça montre qu'il est intégré
déjà et qu'il stresse moins sur son handicap. Donc je me dis
déjà que ses camarades se sont déjà habitués
à lui. (Parent)
|
à mon cours ils ne participent pas vraiment. Mais
à certains moments s'ils le veulent en répondant juste à
une ou deux questions que je pose à tous les élèves. Mais
quand il faut faire des exercices, je sais que ce n'est pas évident pour
eux et je préfère les laisser à leur place suivre juste.
(Enseignant N°1)
|
Il y'a un élément très important c'est
qu'il faut éviter de les frustrer. Donc il faut de temps en temps les
interroger pour qu'ils participent en classe. Soutenir leurs propos et
rappeler à leurs camarades de ne pas se moquer parce qu'ils sont tous
élèves et bénéficient des mêmes droit.
(Enseignant N°2)
|
CHAPITRE 5 : INTERPRETATION DES RESULTATS ET
PERSPECTIVES
Le chapitre précédent ayant servi de cadre pour
la présentation des résultats, le présent chapitre a pour
objet l'interprétation des résultats suivi de quelques
commentaires. Cette interprétation consiste à dire si oui ou non
les hypothèses sont confirmées et ceci sur la base de la
théorie de Bruner (2003). En d'autres termes, il est question de faire
le rapport entre l'analyse des données, la problématique et le
champ d'investigation au sein duquel la recherche s'est
développée. Interpréter les résultats, c'est
énoncer les conséquences théoriques et établir les
avenues de recherche suggérées par les résultats. En
outre, il est question ici de présenter les implications
théoriques et professionnelles de cette étude.
5.1. RAPPEL DES DONNÉES EMPIRIQUES ET
THÉORIQUES
Avant de procéder à l'interprétation des
résultats, il est nécessaire de passer à un bref rappel
des données empiriques et théoriques importantes obtenues d'une
part à partir du travail effectué sur le terrain, et du
développement théorique d'autre part.
5.1.1. Rappel des données empiriques
L'analyse des données empiriques a permis d'identifier
les points essentiels qu'il convient de regrouper en quatre faits
importants :
i. Les élèves déficients visuels font
face à de nombreuses difficultés sur le plan scolaire ce qui les
décourage beaucoup et expliquent leurs mauvaises performances scolaires.
En voici un verbatim de l'un d'eux : « les enseignants de
mathématiques et de SVT ne se soucient même pas de moi quand ils
font cours. Ils font leur cours sans tenir compte de ma présence. Je me
demande bien s'ils savent que je suis aveugle. Même se soucier de comment
je prends les notes, rien. Quand un enseignant ne se soucie pas de moi
ça me décourage beaucoup ».
ii. Certains enseignants font cours sans tenir compte que ces
élèves sont atteints d'une déficience visuelle. Comme le
montre les propos d'un déficient
visuel :« Les enseignants font
cours normalement. Ils écrivent tous au tableau surtout en
mathématiques. Le prof de mathématique, lui alors, c'est comme si
nous ne sommes pas aussi élève dans la classe. Tellement il donne
les devoirs et ce n'est pas facile pour moi. Comme je ne vois pas je reste
là aussi comme ça à les suivre. Le conseiller
d'orientation et les enseignants ne font rien pour nous. Ils font leur cours
normalement sans se soucier de notre présence ».
iii. Par ailleurs, certaines limites ont été
notées. Rares sont les éducateurs qui ont été
formés dans le maniement d'une pédagogie pour malvoyants au sein
des écoles de formation ; ce qui complique la tâche au niveau
scolaire aussi bien à l'éducateur qu'à
l'élève déficient visuel. Comme le montre le verbatim
suivant : « c'est très difficile, je ne sais quoi
faire pour les aider. Je ne fais rien. Je ne sais pas par où je vais
commencer. C'est difficile à faire surtout en mathématiques. Je
ne peux rien faire pour eux. Je fais seulement mon cours ».
iv. Pour ce qui est des réserves, certains
éducateurs évoquent le fait que les élèves sont
trop nombreux pour les suivre individuellement, sans oublier qu'il y'a un
programme scolaire à respecter. En voici quelques mots :
« ce n'est pas facile mon fils. La profession que tu vois ci
n'est pas aussi évidente. On ne peut pas être partout au
même moment. On veut bien les aider mais hélas les
élèves sont trop nombreux et nous pas assez nombreux pour pouvoir
écouter chaque élève au cas par cas. Je ne sais pas quoi
faire, les élèves sont assez nombreux et le Co a une fiche de
progression à respecter. Je ne tiens pas vraiment compte
d'eux ».
5.1.2. Rappel des données théoriques
A partir de l'idée que l'expérience de l'enfant
n'est jamais purement sensori-motrice, mais qu'elle est mise en forme,
d'emblée, par le langage de l'adulte, alors la construction de l'action
et la construction de la pensée vont de pair puisqu'elles sont
dès l'origine portées dans l'espace du Langage et de la parole.
L'étayage langagier ou dialogique consiste en une mise en mots qui peut
permettre à l'enfant de transformer la situation. L'éducateur
permet de mettre du sens sur la situation à un moment donné.
L'intervention de l'adulte consiste à prendre en mains les
éléments de la tâche qui excèdent initialement les
capacités du débutant, lui permettant de se concentrer sur les
éléments qui demeurent dans son domaine de compétences et
de les mener à bien : une intervention didactique qui peut être
mise en acte aussi bien dans le guidage que dans l'accompagnement : (Bruner,
1983, pp.278-279).
Bruner énumère six fonctions de
l'étayage :l'enrôlement, la réduction des
degrés de liberté, le maintien de l'orientation, la signalisation
des caractéristiques déterminantes, le contrôle de la
frustration et la démonstration.
On voit bien que Bruner conseille des pratiques de guidage ;
on ne peut parler d'accompagnement si l'on attend un résultat
précis, défini à l'avance dans le temps et le contenu.
Faire verbaliser les procédures à l'élève en train
de réaliser une tâche, ce peut être pour l'aider à
trouver la bonne solution que le guide possède déjà. Mais,
ça peut être aussi fait par l'exploration des faisables,
c'est-à-dire, permettre de problématiser pour que
l'élève choisisse lui-même la stratégie qui lui
convient et même en invente une qu'il expérimentera sans que
l'accompagnateur ait un cadre préétabli.
Ainsi, en suivant l'ordre des questions de recherche, la
démarche d'interprétation des données se fera dans le
cadre de leur analyse.
5.2. INTERPRETATION DES RESULTATS
L'interprétation des données a pour cadre
l'analyse des données de la recherche dans l'ordre des questions de
recherche. Pour ce faire, il importe de rappeler les modalités de
l'interprétation du processus d'étayage au regard du niveau
d'adaptation de l'élève déficient visuel. Ces
modalités sont : très élevé,
élevé, moyen, et faible. La présence de tous les
indicateurs de l'étayage signifie que l'étayage est très
élevé, alors que l'absence d'un élément suppose que
l'étayage est élevé. L'absence de deux
éléments renvoie à l'existence d'un étayage moyen
et enfin l'absence de plus de deux éléments suppose que
l'étayage est faible.
5.2.1. De la qualité de l'étayage
socio-affectif au niveau d'adaptation de l'élève déficient
visuel
L'étayage socioaffectif renvoie à la mise en
place des stratégies pour mettre l'enfant en confiance pour qu'il
parvienne à s'exprimer. L'enrôlement occupe une place centrale.
Car il permet à travers le comportement du tuteur à amener
l'enfant à adhérer au processus d'apprentissage. Ainsi, la
manière de faire cours par l'enseignant est très importante si
l'on veut observer des progrès au niveau scolaire chez les
élèves malvoyants. L'enseignant pourra donc éviter de
frustrer de l'apprenant en lui permettant de s'exprimer davantage et de faire
part de ses lacunes. Il est donc nécessaire de motiver l'apprenant
autant de fois que possible pour développer en lui un
intérêt pour la matière. En clair, l'étayage
socioaffectif est constitué des éléments suivants :
l'enrôlement, le contrôle de la frustration et le maintien de
l'orientation.
Ainsi, des résultats de l'enquête menée
dans cette étude, il ressort clairement des relations éducateurs
et apprenants déficients visuels une absence : de communication
verbale, un manque d'encouragements, pas de mise en confiance. Et de ce fait,
on remarque que l'enseignant n'a pas véritablement une bonne posture
pour amener l'élève déficient visuel à
adhérer au processus d'apprentissage. Par conséquent, la
théorie de Bruner (2003) selon laquelle, l'aspect socio-affectif qui
consiste à la mobilisation au maintien de l'intérêt et
à la motivation de l'élève rend compte du niveau
d'adaptation de l'élève déficient visuel. Bruner (2003)
évoque l'importance du socioaffectif dans le processus
d'apprentissage.
5.2.2. De la qualité de l'étayage cognitif et
langagier au niveau d'adaptation du déficient visuel
Pour apporter de l'aide à un enfant, l'adulte peut
faire en sorte qu'il réfléchisse sur les situations de langage
où la langue est l'objet cognitif d'étude. Il s'agirait là
de réfléchir sur la manière de communiquer, les outils
linguistiques à prendre en compte. La qualité de l'étayage
cognitif et langagier dépend des trois indicateurs suivants: la
réduction des degrés de liberté, la signalisation des
caractéristiques à la tâche et la présentation des
modèles.
Les résultats montrent qu'il y'a absence d'une prise en
charge d'une partie du discours, absence d'interaction et que les techniques
d'animation sont mises en place par deux éducateurs (conseiller
d'orientation et enseignant) sur les quatre interviewés. Toutes choses
qui démontrent que l'étayage langagier et cognitif est faible. De
ce fait, deux éducateurs sur quatre, quand ils s'expriment, ils ne
parlent pas suffisamment à haute voix pour être
écoutés entièrement par les malvoyants et les accompagner
durant le processus d'apprentissage. Cela entraîne la
vérification de la théorie de Bruner (2003), à
savoir quel'aspect cognitif et langagier concernant la prise en charge par
l'enseignant de certains aspects de la tâche rend compte du niveau
d'adaptation de l'élève déficient visuel
Comme pour l'étayage socioaffectif, la raison
invoquée dans les propos des interviewés est l'absence de
formation à enseigner les élèves déficients
visuels ; ce qui ne facilite pas la communication entre eux et les
enseignants. Shannon et Weaver dans la théorie de la communication
précisent l'importance des éléments de la communication
notamment l'émetteur, le récepteur, le code, le message, le canal
et le référent. Ainsi, ces éléments permettent
l'échange d'informations et la transmission du message. Dans le rapport
enseignant-apprenant déficient visuel et conseiller d'orientation-
apprenant déficient visuel, le code et le canal ne sont pas
identiques ; ce qui peut expliquer des difficultés de
communication.
Au terme de cette interprétation, il importe de
préciser que l'hypothèse générale émise dans
cette étude, à savoir que la qualité du processus
d'étayage rend compte du niveau d'adaptation de l'élève
déficient visuel en milieu scolaire a été
vérifiée. Les propos des éducateurs laissent transparaitre
que l'absence de formation aux techniques d'accompagnement des
déficients visuels explique le faible étayage mis sur pied par
les éducateurs à l'endroit des élèves malvoyants.
Cette absence de formation a pour corolaire les difficultés liées
à la communication. Car, l'écriture braille est celle que les
déficients visuels maîtrisent le mieux. Par contre ce ne sont pas
tous les enseignants et Conseiller d'Orientation qui l'ont apprise.
5.3. PERSPECTIVES
Deux types de perspectives sont évoqués ici. Les
perspectives théoriques et les perspectives professionnelles.
5.3.1. Perspectives théoriques
Au terme de l'analyse des résultats, il y'a lieu de
questionner la pertinence du processus d'étayage comme un facteur
important dans l'adaptation de l'élève déficient visuel au
sein d'un lycée d'enseignement secondaire général, cas du
LBE. A ce sujet, Bruner (2003) a élaboré six types de fonctions
sur l'étayage. Ces fonctions sont : l'enrôlement, le
contrôle de la frustration, le maintien de l'orientation, la
réduction des degrés de liberté, la signalisation des
caractéristiques à la tâche et la présentation des
modèles. Il en ressort donc deux aspects de l'étayage :
l'aspect socio-affectif et l'aspect cognitif et langagier. L'aspect
socio-affectif consiste au comportement de l'enseignant ou du tuteur en salle
quant à l'adhésion de l'élève aux activités
d'enseignement, le contrôle de la frustration, c'est-à-dire
éviter de frustrer le novice en lui accordant un temps d'expression
conséquent pour s'exprimer et de maintenir le novice dans un champ
de manière à lui faire garder le cap et le cas
échéant le motiver. Tandis que l'aspect cognitif et langagier
consiste en la prise en charge d'une partie du discours et l'utilisation de la
reformulation ; le soulignage par l'enseignant des caractéristiques
de la tâche pertinente pour son exécution ; et
l'exécution d'une compétence en présence de
l'élève en explicitant les étapes. Bruner avec ces six
(06) fonctions sur l'étayage met en évidence l'importance
d'humaniser davantage les rapports entre l'éducateur et
l'élève en accordant une attention particulière à
l'élève déficient visuel fréquentant dans un
lycée d'enseignement secondaire général.
Or, les données empiriques récoltées au
Lycée Bilingue d'Ekounou montrent que l'élève
déficient visuel bénéficie d'un étayage faible qui
a pour conséquence des difficultés d'adaptation. De
manière spécifique, l'étayage socioaffectif est faible.
L'étayage langagier ou cognitif est aussi faible comme
le montre le verbatim suivant : Cas
2 :« les enseignants de mathématiques et de
SVT, ne se soucient même pas de moi quand ils font cours. Ils font leur
cours sans tenir compte de ma présence. Je me demande bien s'ils savent
que je suis aveugle. Même se soucier de comment je prends les notes,
rien. Quand un enseignant ne se soucie pas de moi ça me décourage
beaucoup ».
Ces résultats montrent que l'étayage dont
bénéficient les déficients visuels est faible et ne leur
permet pas de s'ajuster comme dans une situation où ils étaient
mieux encadrés. Par conséquent ils sont en proie à de
nombreuses difficultés tant le sur le plan socioaffectif, langagier que
cognitif. A cela étant, l'enseignant qui adopte des techniques
pédagogiques proche de ce type d'étayage favorise
l'épanouissement intellectuel d'élèves vivant avec une
déficience. Ce qui permet de confirmer la théorie de Bruner
(2003), mais aussi l'hypothèse selon laquelle, la qualité du
processus d'étayage influe sur le niveau d'adaptation scolaire de
l'élève déficient visuel.
5.3.2. Perspectives professionnelles
Au regard de toutes les informations recueillies dans le cadre
de cette recherche sur la qualité du processus d'étayage et le
niveau d'adaptation de l'élève déficient visuel en milieu
scolaire, des stratégies ont été élaborées
pour répondre à la problématique : comment optimiser
l'inclusion de l'élève déficient visuel en milieu scolaire
au moyen de la qualité du processus d'étayage mis en place par
l'éducateur.
Ces perspectives se rapprochent des services adaptés
prévus par le Cahier des Charges (2009) du Conseiller d'orientation au
Cameroun. Ces derniers visent à assurer un développement
harmonieux de l'élève au plan personnel et scolaire, ainsi que la
préparation à l'insertion socioprofessionnelle.
Pour le counseling, il s'agit d'accompagner l'enfant
déficient visuel durant son développement psychique et cognitif,
en lui permettant de s'approprier le monde qui l'entoure. Dans ce cas, le CO
collabore avec l'enfant dans une perspective de résolution des
problèmes. Aussi, il lui apporte des connaissances issues de la
société, en partageant simultanément des activités
liées aux différentes situations de vie. Pour jouer pleinement ce
rôle, le CO et l'enseignant pourront établir une relation
basée sur la confiance avec le déficient visuel.
Selon nous, en partageant la vision de Nana (2014), dans les
classes où il y'aura des déficients visuels, les enseignants
devront :
- Oraliser au maximum ;
- Epeler les mots difficiles ;
- Employer un vocabulaire spatial précis afin de
faciliter ses repérages (« là-bas » a peu de
sens pour lui) ;
- Donner souvent la parole au déficient
visuel ;
- Veiller à l'utilisation du matériel
spécialisé ;
- Ne pas oublier les contre-indications en EPS dans certains
cas : risques de chocs sur la tête (ballon), exercices avec
tête en bas (roulades, plongeons) ;
- S'assurer que la tâche proposée est
réalisable, compte tenu de sa déficience (pas de graphique, ni de
schémas) ;
- Etre exigent sur l'apprentissage des contenus ;
- Etre exigent sur la participation aux activités de
classe (poser des questions au déficient visuel) ;
- Etre exigent sur le respect des consignes d'ordre de
rangement et de discipline ;
- Savoir accepter une certaine lenteur ;
- Accepter parfois un léger décalage dans la
remise des devoirs pour les aveugles par suite des délais de
transcription...
5.3.2.1. Le modèle résolutif (Le
modèle social du handicap selon Rieser)
ETAYAGE SOCIOAFFECTIF :
ETAYAGE LANGAGIER OU COGNITIF :
Figure 4 modèle social
du handicap selon Rieser
NIVEAU D'ADAPTATION DES DEFICIENTS VISUELS EN MILIEU
SCOLAIRE
3. Présentation des modèles (exécution d'une
compétence en présence de l'élève en explicitant
les étapes)
2. Signalisation des caractéristiques à la
tâche (le tuteur souligne par divers moyens les caractéristiques
de la tâche qui sont pertinentes pour son exécution)
1. Réduction des degrés de liberté (le
tuteur simplifie la tâche par réduction du nombre d'actes requis
pour atteindre la solution)
3. Maintien de l'orientation (maintenir le novice dans un champ
de manière à lui faire garder le cap et le cas
échéant le motiver)
2. Contrôle de la frustration (éviter que les
erreurs du novice ne se transforment en frustration)
1. Enrôlement (comportement de l'enseignant/tuteur et
l'adhésion de son partenaire envers les activités)
5.3.2.2. Quelques propositions
Dans le souci d'améliorer les conditions de vie des
déficients visuels en milieu scolaire, nos propositions seront
axées autour de trois grands points, à savoir :
5.3.2.2.1. Au niveau de la prise d'information visuelle et de
la prise en compte des aspects comportementaux liés à la
déficience visuelle en milieu scolaire
Selon la Fondation centre Suisse de pédagogie
spécialisée (2015, pp.3-7), la plupart des problèmes que
rencontrent les élèves ayant une déficience visuelle sont
liés aux difficultés de prise d'information visuelle d'une part
et de transmission par l'écrit des connaissances acquises d'autre part.
Les difficultés pour apprendre à lire et avoir accès aux
textes, graphiques et images se répercutent sur les apprentissages, et
cela dans toutes les disciplines. Plusieurs moyens auxiliaires et aides
permettent de pallier à ces difficultés ou peuvent se substituer
à notre système d'écriture usuel.
5.3.2.2.1.1. Moyens auxiliaires et aides à la prise
d'information visuelle
Les moyens auxiliaires et aides à la prise
d'information visuelle présentés ci-dessous ne sont pas
exhaustifs. Il s'agit d'une sélection des plus courants parmi ceux que
l'élève ayant une déficience visuelle pourrait amener en
classe.
La forme privilégiée utilisée pour la
prise d'information écrite dépendra du degré et du type
d'atteinte visuelle. Si l'élève n'est pas atteint de
cécité ou d'un type de déficience visuelle
l'empêchant de lire les lettres imprimées « en noir »,
c'est-à-dire de lire l'écriture usuelle déchiffrée
visuellement (par ex. lorsqu'il a une vision tubulaire), il pourra alors
bénéficier d'aides à la « lecture en noir ».
Dans le cas contraire, ou dans les situations où il n'arrive pas
à « lire en noir », il bénéficiera de
l'apprentissage du braille ou de la mise à disposition d'informations
audio.
L'enseignant accueillant dans sa classe un élève
avec une déficience visuelle doit connaître les moyens secondaires
et aides que celui-ci privilégie, et comprendre dans quelle situation il
en a besoin. Si l'élève en question n'utilise pas ses moyens
auxiliaires et aides, ou si l'un d'entre eux est cassé, il convient d'en
informer rapidement l'enseignant spécialisé en déficience
visuelle ou le service compétent, par exemple le service de
l'orientation scolaire du lycée.
· Aides visuelles à la lecture « en
noir »
o Aides optiques simples et matériel
spécialisé : loupes, systèmes
télescopiques, lunettes, jumelles, verres filtrants, filtres
colorés augmentant la vision des contrastes ainsi que lampes
spéciales, claviers avec grosses touches, pupitres spéciaux,
etc.
o Ouvrages en grands caractères :
plusieurs maisons d'édition spécialisées éditent en
France des livres en grands caractères, permettant aux personnes
malvoyantes une lecture facilitée. Il existe aussi des magazines,
journaux et revues spécialement publiés en caractères
agrandis. Mais au Cameroun cela est difficile du fait de la
précarité des moyens de certaines familles.
o Aides technologiques : l'usage de la
dactylographie (l'élève tape alors sans regarder le clavier)
permet non seulement un gain de temps considérable dans
l'écriture de texte, mais, couplé à l'informatique,
possède de nombreux autres avantages.
Ø Les logiciels d'agrandissement sont d'une grande aide
(ils permettent par ex. à la personne malvoyante de vérifier si
ses écrits sont corrects et présentables). La plupart des
systèmes d'exploitation contiennent déjà une option
d'agrandissement simple. Il existe aussi des logiciels plus
développés qui permettent d'agrandir le contenu de l'écran
sur l'ordinateur ou d'adapter les couleurs.
Ø Mentionnons également les possibilités
qu'offre la technologie de remanier les formats, facilitant ainsi la lecture
à l'écran. Par exemple, le lecteur PDF, VIP Reader, qui permet de
remanier les fichiers PDF, ou le format EPUB pour les livres numériques,
qui adapte automatiquement le texte à l'écran.
· L'écriture braille
L'écriture braille est le système de lecture et
d'écriture pour personnes aveugles et malvoyantes le plus efficace et le
plus répandu au monde. Il fait intervenir le sens du toucher par les
doigts et se compose de six points, en relief, disposés sur deux lignes
verticales parallèles, qui constituent ainsi la forme de base (à
la manière d'un carton de six oeufs). Les six points sont justes de
taille à être perçus du bout des doigts comme un tout. Les
combinaisons possibles permettent de représenter 64 lettres ou signes.
Suivant le nombre de points en relief et leur disposition, on obtient une
lettre ou un signe particulier. On lit le braille des deux mains.
Outre cette écriture de base, il existe
également un braille abrégé comportant des
abréviations de mots et de syllabes, et permettant ainsi un traitement
plus rapide de l'information écrite.
L'écriture braille nécessite un matériel
bien spécifique, qui diffère selon le support
privilégié.
o Machine à écrire Perkins :
l'écriture braille peut se faire à l'aide d'une machine à
écrire « Perkins », nettement plus confortable qu'un
ordinateur muni d'un clavier braille. Disposant de sept touches (une pour
chaque point et une pour marquer les espaces), l'écriture d'un
caractère se fait en appuyant simultanément sur toutes les
touches nécessaires.
o Ouvrages en braille : Le papier braille
étant plus épais que le papier standard, et un caractère
braille étant plus grand qu'un caractère d'imprimerie « en
noir », un livre Braille représente trois à six fois plus de
volume que le même document imprimé « en noir » sur
papier ordinaire. Certains ouvrages peuvent même être encore plus
épais, lorsqu'ils contiennent des dessins en relief ou des formules
mathématiques (en braille, celles-ci prennent une forme linéaire
et sont donc plus longues qu'« en noir »).
· Supports audio et audio description
Les supports audio permettent non seulement d'accéder
aux informations « en noir » sous forme orale (enregistrement audio,
supports sonores, synthèse vocale, CD-Rom, DVD, clavier spécial
sonore...) mais aussi d'avoir accès à d'autres informations
visuelles (par ex. images).
o Système numérique d'accès
à l'information DAISY : largement diffusé, il permet de
naviguer plus facilement lors de la lecture audio de documents
multimédia (par ex. livres, revues, etc., enregistrés sur CD ou
téléchargeables), cela grâce à des fonctions
d'orientation. Pour bénéficier pleinement du standard DAISY, des
lecteurs ou logiciels adaptés sont nécessaires.
o Audio description : de nombreux films sont
actuellement disponibles avec auto description et la télévision
numérique ouvre de nouvelles possibilités.
· Systèmes de transcription automatiques
audio et braille
Le développement du numérique élargit la
palette des possibilités à disposition des personnes aveugles et
malvoyantes. Outre les possibilités plus étendues dans
l'enregistrement des informations (comme nous l'avons vu plus haut avec DAISY),
il existe de nombreux systèmes qui permettent une transcription
automatique de l'information.
o Plage tactile braille : permet l'affichage
en braille, sur un clavier, de ce qui est écrit à l'écran
d'un ordinateur.
o Bloc-notes braille : appareil
électronique portable sans écran, doté d'un clavier
braille (et parfois d'un clavier ordinaire interchangeable) ainsi que d'une
synthèse vocale. Il permet tant la saisie que la réception
d'informations et a autant de potentiel qu'un ordinateur standard (navigation
web, envoi et réception d'e-mails, calculatrice, agenda, prise de note,
carnet d'adresses, téléchargement de logiciels adaptés,
etc.).
o Logiciels de lecture d'écran :
fournissent les informations de l'écran à l'aide d'une
synthèse vocale et/ou d'une ligne braille et permettent, en
interagissant avec le système d'exploitation de l'ordinateur et les
logiciels, d'utiliser un grand nombre de programmes et de surfer sur Internet.
Beaucoup de systèmes d'exploitation contiennent déjà un
logiciel simple. Des logiciels plus développés peuvent
également être utilisés.
Les déficients visuels en milieu scolaire rencontrent
un certain nombre de difficultés que l'enseignant et le conseiller
d'orientation doivent connaitre pour mieux les aider, les accompagner, les
étayer. Car « la connaissance de l'enfant est un
prélude à son éducation » (Meloupou, 2013,
p.10).
5.3.2.2.1.2. Prise en compte des aspects comportementaux
liés à la déficience visuelle en milieu scolaire
· Comportement général
Les problèmes spécifiques des jeunes très
malvoyants ou aveugles se situent dans la construction de l'espace et finissent
par s'estomper. Il faut pourtant alerter le lecteur qui pourra être
frappé, en rencontrant de jeunes enfants aveugles. Notons aussi que la
situation des élèves malvoyants n'est pas facile : ils sont
à la charnière des deux populations (les aveugles et les voyants)
et ont parfois du mal à trouver leur place. Beaucoup d'entre eux ont des
difficultés à verbaliser leurs difficultés, qui sont bien
réelles ; ils se heurtent aussi à l'impossibilité de
réaliser certaines actions, d'où parfois des réactions de
dépression, d'agressivité, en particulier à l'adolescence
où ils prennent conscience des limitations et s'interrogent sur leur
devenir (professionnel, familial...).
· Comportement de l'élève face aux
apprentissages
Les élèves malvoyants et aveugles doivent sans
cesse se concentrer pour appréhender leur environnement : cela
représente un effort qui peut entraîner :
- une fatigue générale et une fatigue de
concentration ;
- une certaine lenteur, l'élève malvoyant
pouvant percevoir les choses de façon fragmentée donc ayant
besoin de temps pour recomposer, l'élève non-voyant percevant le
monde par le toucher et par l'audition qui eux aussi nécessitent une
synthèse mentale ultérieure. Mais aussi, il y a :
- des manifestations de découragement ;
- une tendance à s'isoler ;
- des attitudes corporelles parasites, l'impossibilité
de stabiliser le regard sur ce qui est perçu d'une façon
imprécise pouvant entraîner agitation et instabilité
motrice.
· Attitude de l'enseignant
Collât et Lewi-Dumont (2007) ont identifiés les
attitudes que doivent avoir les enseignants qui accueillent les
déficients visuels. Ces attitudes sont :
Être attentif :
- veiller à l'accueil de l'élève, en
particulier les premiers jours ;
- tenter d'équilibrer aide nécessaire et
surprotection néfaste, afin d'aider l'élève à
devenir plus autonome ;
- lui permettre d'avoir un rôle au sein du groupe ;
- éviter les questions peu pertinentes du type :
« est-ce que tu vois bien ? » auxquelles un
élève malvoyant répondra immanquablement «oui»,
puisqu'il n'a aucune référence à une vision normale.
Exemples
· Il aura des difficultés, lors
d'activités de recherches autour d'un thème, à trouver
dans la bibliothèque des documents intéressants, mais s'il a
appris à se servir d'Internet, il pourra apporter sa contribution en en
trouvant d'autres et en les apportant et, en tout état de cause, il aura
sa place au sein du groupe en donnant son avis sur la pertinence du contenu des
documents et sur la place qu'ils occuperont dans le texte final. Il pourra
être le secrétaire du groupe en utilisant son ordinateur.
· Il aura développé des
compétences de mémorisation et d'intériorisation et pourra
aider ses camarades lors de résolutions de problèmes et de calcul
mental, par exemple :
- lui manifester de l'intérêt par un signe
particulier (non visuel) par exemple un geste ;
- oraliser au maximum, en particulier les consignes de travail
;
- employer un vocabulaire spatial précis afin de
faciliter ses repérages
(« Là-bas » a peu de sens pour
lui).
Être vigilant :
- savoir que l'apparition d'un mouvement
stéréotypé peut être un signe d'angoisse ou
d'isolement ;
- veiller à l'utilisation optimale du matériel
spécialisé ;
- ne pas oublier les contre-indications en EPS dans certains
cas : risques de chocs sur la tête (ballon), exercices avec tête en
bas (roulades, plongeons, agrès). La présence, dans certaines
disciplines et surtout en début d'année, d'un enseignant de
soutien peut être nécessaire ;
- s'assurer que la tâche proposée est
réalisable, compte tenu de sa déficience ;
- avoir toujours à l'esprit l'objectif précis de
la séquence afin de pouvoir déterminer la quantité de
travail écrit juste nécessaire à l'acquisition de la
compétence visée.
Être exigeant sur :
- l'apprentissage des contenus ;
- la participation aux activités de la classe ;
- le respect des consignes d'ordre, de rangement et de
discipline ;
- le soin minimum apporté au travail scolaire.
Savoir accepter :
- une certaine lenteur ;
- une qualité d'écriture manuscrite
médiocre pour les malvoyants ;
- parfois un léger décalage dans la remise des
devoirs pour les aveugles par suite de délais de transcription ;
- des déplacements dans la classe ;
- une quantité d'écriture réduite ;
- l'utilisation de techniques de travail particulières
;
- la présence dans la classe d'un auxiliaire
d'intégration ou d'un enseignant spécialisé, dont les
conditions d'intervention sont toujours négociées au
préalable avec vous, souvent avec l'élève ;
- l'intervention de personnels rééducatifs,
parfois sur le temps scolaire. Ces personnels, bien entendu, respectent les
horaires prévus afin de ne pas perturber le déroulement de la
classe ;
- les observations de ces personnels qui pourront vous
être utiles dans votre pratique. Malgré ces recommandations qui
sont en rapport direct avec la déficience visuelle, l'enseignant
d'accueil doit considérer l'élève intégré
comme un élément de la classe au même titre que ses pairs
et soumis aux mêmes règles : tâches collectives,
responsabilités, encouragements,
- Compliments... punitions. De même, il est important
que l'enseignant, s'il doit y être attentif, ne soit pas en permanence
préoccupé par les besoins de l'élève
déficient visuel. Une fois les adaptations mises en place, le cours doit
se dérouler normalement.
5.3.2.2.2. Une pédagogie différenciée
propre à soutenir les élèves avec une déficience
visuelle
Bien que les répercussions d'une déficience
visuelle rendent plus difficile la réalité scolaire, la richesse,
la personnalité et les compétences d'un élève ne se
résument heureusement pas aux conséquences du handicap dont il
est porteur. Aussi peut-il mettre en place différentes stratégies
propres à l'aider à mieux faire face aux difficultés qu'il
rencontre ; il est en cela l'acteur principal de sa formation.
Certaines aides sont du ressort du thérapeute, de
l'enseignant spécialisé, des services compétents et des
parents de l'élève. Néanmoins, grâce à des
pratiques pédagogiques appropriées, l'enseignant peut fortement
contribuer à soutenir l'élève malvoyant ou aveugle. Une
bonne compréhension par l'enseignant des difficultés
inhérentes au handicap et la mise en place de mesures
pédagogiques et d'aides adaptés permet de diminuer
significativement les impacts négatifs de la déficience et permet
une meilleure actualisation des compétences de l'élève.
Les aménagements et pratiques pédagogiques
décrits ci-après constituent des réponses aux besoins
spécifiques des personnes atteintes d'une déficience visuelle.
Nombre d'entre eux peuvent également favoriser l'apprentissage des
autres élèves présentant ou non des troubles
spécifiques et font certainement déjà partie des bonnes
pratiques professionnelles quotidiennes. Chacun des élèves
atteints d'une déficience visuelle aura des besoins différents,
aussi seuls seront sélectionnés parmi les aménagements
décrits ci-dessous ceux qui sont adaptés à la situation
individuelle de l'élève, à la
sévérité de sa déficience visuelle et à ses
répercussions sur la vie scolaire, à l'âge de
l'élève, au contexte et au degré scolaire.
· Acceptation et intégration
sociale
o Aider l'élève, c'est avant tout lui porter un
regard positif (valoriser la différence et les talents particuliers).
o Développer l'entraide et la collaboration entre les
élèves (pratiques de parrainage, pairage, tutorat dont la forme
peut varier selon la répartition des responsabilités et du temps
à disposition, etc.).
o Conscientiser les autres élèves : expliquer
les difficultés spécifiques de l'élève
concerné, ses besoins particuliers et les raisons des
aménagements mis en place. Lorsque nécessaire, éclaircir
les situations suscitant de l'incompréhension (par ex. si des camarades
considèrent un aménagement comme un traitement de faveur).
· Organisation et constance de
l'espace-classe
o Attribuer des places fixes à tous les
élèves.
o Veiller à l'ordre dans la classe (par ex. les
documents à consulter et les affaires de l'élève malvoyant
doivent toujours être situés à la même place),
apporter de la rigueur pour le rangement du matériel.
o Ne pas déplacer les objets sans mettre
l'élève ayant une déficience visuelle au courant.
· Déplacements de
l'élève
o Déplacements en salle de classe : éviter les
obstacles (chaises bien rangées, fenêtres et porte ouvertes ou
fermées, mais non entr'ouvertes), ne pas laisser traîner des
objets par terre (sacs d'école, etc.) et ajouter des repères
(contrastes de couleurs), si nécessaire.
o Se déplacer dans un nouvel environnement :
désigner un camarade accompagnant (tournus). Pour aider
l'élève à se déplacer, se mettre
légèrement devant lui et lui offrir son bras (ne pas le pousser
en avant et ni prendre son bras de force).
· Positionnement de
l'élève
Pour trouver la place la plus adéquate, tenir compte du
handicap spécifique de l'élève. L'enseignant
spécialisé en déficience visuelle ou une
spécialiste basse vision peut, si nécessaire, aider au
positionnement de l'élève (voir aussi « Poste de travail
» dans le prochain chapitre). Tenir compte des paramètres suivants
peut contribuer à trouver l'emplacement le plus adéquat :
o Éclairage : la place de travail d'un
élève malvoyant doit être bien éclairée, mais
ne doit pas être face à une fenêtre (éblouissement).
Si l'élève souffre de photophobie, éviter de travailler
sur des supports blancs ainsi qu'un ensoleillement direct sur les supports
utilisés. Préférer la lumière artificielle, qui est
constante. S'il souffre de cécité nocturne, l'environnement doit
être suffisamment éclairé.
o Emplacement par rapport au tableau mural :
si l'élève peut lire « en noir », le placer près
du tableau. S'il a une meilleure vision de l'oeil gauche, le placer du
côté droit de la salle de classe et vice versa. Le cas
échéant, autoriser l'élève à se
déplacer ou à placer sa chaise tout près du tableau s'il
ne voit pas bien depuis sa place.
o Bruit : l'élève ayant une
déficience visuelle compensant par l'auditif, choisir un endroit
protégé des bruits parasites. Créer une ambiance calme.
L'élève doit pouvoir entendre aisément l'enseignant. Le
placer par exemple au premier rang, au centre de la salle face au tableau et
ainsi proche de l'enseignant pour une meilleure imprégnation de la
partie orale.
o Place par rapport à ses camarades :
l'élève ayant une déficience visuelle a tendance à
« décrocher » et à se replier sur lui-même.
Veiller à qu'il ne soit pas isolé (également lors de la
récréation). Placer l'élève sur le même plan
que ses camarades au niveau des bureaux.
· Verbalisation et prise de
repères
o Utiliser des termes de lieux précis pour
désigner un emplacement, afin que l'élève puisse le situer
dans son environnement. Éviter « ici », « ça
» et « là » et dire plutôt « à ta
gauche/droite », « devant/derrière toi », « sur la
table », « deux pas en avant »...
o Oraliser au maximum : relire les consignes à haute
voix, oraliser ce qu'on écrit au tableau, etc. Faire appel à des
lecteurs-ressources, c'est-à-dire des camarades qui se relayeront pour
relire si nécessaire les consignes ou indications écrites aux
élèves déficients visuels. Nommer les élèves
interrogés par leur prénom. Manifester sa présence.
Épeler les mots nouveaux.
o Décrire ce qui se passe : les lieux, les gens, les
choses, les actions. Décrire oralement les dessins, schémas,
graphiques.
o Utiliser des repères pour l'écrit : autoriser
l'élève à mettre des repères pour mieux se
retrouver dans un texte, en soulignant, surlignant (par ex. barrer les
questions au fur et à mesure de leur résolution) ou en utilisant
des repères tactiles (gommettes 3D, étiquettes braille) ou
visuels (gommettes, puces).
· Information écrite
Avec l'aide de l'enseignant spécialisé en
déficience visuelle, prodiguer l'information écrite sous la forme
la mieux adaptée en tenant compte du handicap particulier de
l'élève. Par exemple, l'élève pourra choisir ce qui
lui convient le mieux si l'enseignant lui présente plusieurs types de
polices et de tailles. Tenir compte des paramètres
énumérés ci-dessous aidera à mettre à
disposition une information écrite claire et structurée, dont
bénéficieront également les autres élèves de
la classe. Selon le handicap particulier de l'élève, il sera
parfois nécessaire d'adapter spécifiquement les documents de
travail. Ce point est détaillé dans le prochain chapitre (sous
« adaptation des documents de travail »).
o Structure de l'information :
préparer des documents structurés, nets,
débarrassés des informations inutiles afin de faciliter la prise
d'informations. La mise en page doit être claire et simplifiée.
o Propreté des supports :
éviter la feuille recto verso (la lumière fait apparaître
le texte au verso). Le tableau doit être le plus propre possible.
o Contrastes et couleurs :
préférer l'encre noire sur papier blanc, le feutre noir sur
tableau blanc. Sur tableau noir, la craie jaune est souvent mieux vue que la
blanche. Éviter les autres couleurs. Très souvent, un
élève malvoyant doit pouvoir disposer de photocopies, sur papier
blanc pour accentuer les contrastes, ou sur papier recyclé s'il souffre
d'éblouissement. Photocopier en noir et blanc. Lorsque
l'élève a un problème de vision des couleurs,
vérifier qu'il arrive à lire les caractères écrits
en couleur.
o Lisibilité des caractères :
choisir des polices simples (par ex. verdana, arial). Eviter les
caractères trop compliqués. L'écriture manuscrite doit
être soignée, les lettres bien formées.
o Affichage des écrits dans la classe (tableaux
compris) : si l'élève a une mauvaise vision de loin
l'affichage doit se faire à la hauteur de ses yeux. Limiter
l'utilisation de tableaux latéraux. Il est aussi possible de donner
à l'élève malvoyant une feuille de ce qui va être
écrit au tableau afin de lui éviter les allers retours entre le
tableau et la feuille. Le contenu des affichages en classe peut aussi
être consigné dans un cahier appartenant à
l'élève. En cas d'usage d'un tableau électronique,
permettre à l'élève de consulter le document sur
l'écran de l'ordinateur. Si l'élève souffre
d'éblouissement, éviter les tableaux blancs et l'exposition
directe des documents au soleil.
· Solliciter les autres sens que la vue (toucher,
sens kinesthésique, audition) dans les apprentissages
o Laisser l'élève toucher les objets, mettre
à sa disposition et à sa portée de main des objets
variés et veiller à ce que les supports servant aux
investigations de l'élève malvoyant se trouvent à sa
portée.
o Si nécessaire, accomplir avec lui les gestes qu'une
activité requiert (tenir sa main et accompagner son geste).
o Attirer son attention par des signes particuliers
non-visuels, par ex. en posant une main sur son épaule.
o Lors des activités d'écoute, inciter
l'élève à une participation active. Si possible,
l'autoriser à répondre oralement plutôt que par
écrit.
· Attitude à adopter
o Fournir l'aide nécessaire tout en respectant les
capacités d'autonomie de l'élève. Ne pas l'infantiliser
(ne pas répondre à sa place, ne pas lui imposer son aide ou ne
pas « faire à sa place », etc.). Le mieux est de lui proposer
de l'aide ou d'attendre qu'il la demande sans l'imposer.
o Concernant les règles de vie en classe, placer
l'élève sur un pied d'égalité avec ses pairs : il
doit être considéré comme un membre de la classe et soumis
aux mêmes règles que ses camarades de classe (exigences de
discipline et de savoir-vivre, tâches collectives,
responsabilités, compliments, punitions, etc.). Stimuler son autonomie
et sa participation : l'élève peut prendre part à presque
toutes les activités (y compris à l'éducation physique
sauf contre-indication, aux ateliers, au cours de cuisine, aux cours de
sciences naturelles, etc.). Il faut cependant prendre en compte les risques
encourus lors d'une activité donnée.
· Attention particulière
o Posture de l'élève : veiller à ce qu'il
soit bien assis, dos droit (risques de contractures, maux de dos, etc.). Lui
demander de regarder son interlocuteur même s'il ne le distingue pas.
o Être attentif à son bien-être : en fin de
journée, l'élève peut être très
fatigué. L'apparition de mouvements stéréotypés
peut être un signe d'angoisse ou d'isolement.
o Être attentif à ce qu'il comprenne bien les
mots qu'il utilise : s'assurer que les termes employés sont bien
reliés à des représentations du réel connu par
l'élève.
o L'informer dans certaines situations ou décrire le
contexte pour qu'il puisse adapter son attitude de manière
adéquate.
Ces différentes activités d'apprentissage mis en
place par l'enseignant et le conseiller d'orientation permettraient aux
déficients visuels de mieux apprendre et de résoudre les
difficultés d'apprentissage. Il ressort de ce qui précède
que ces différentes stratégies d'enseignants doivent être
mises en place pour aider l'élève déficient visuel
à être épanouie et autonome.
5.3.2.2.3. Mesures de compensation des désavantages
des malvoyants en milieu scolaire
Les personnes présentant un handicap ont
légalement droit à des mesures de compensation des
désavantages, pour autant que le principe de proportionnalité
soit respecté, c'est-à-dire que le rapport entre les ressources
investies pour éliminer l'inégalité et les
bénéfices procurés soit équilibré. De
manière très générale, la compensation des
désavantages peut être définie comme la neutralisation ou
la diminution des limitations occasionnées par un handicap. Elle
désigne l'aménagement des conditions dans lesquelles se
déroulent les apprentissages et examens et non une adaptation des
objectifs de scolarisation / formation. C'est pourquoi les mesures de
compensation des désavantage ne doivent pas être
mentionnées dans les documents d'évaluation scolaire (bulletin /
carnet), ni dans les documents certificatifs de fin d'année / de
scolarité / de formation, contrairement à la libération
des notes (Fondation centre suisse, 2015).
Les mesures de compensation des désavantages peuvent
consister en l'attribution de moyens auxiliaires ou d'assistance personnelle,
l'adaptation des supports d'apprentissage et d'évaluation,
l'aménagement temporel et l'adaptation de l'espace. La liste de mesures
de compensation des désavantages pour les élèves
déficients visuels proposée ci-dessous est non exhaustive. Pour
chacun des élèves atteints d'une déficience visuelle, les
répercussions de son handicap sur la vie scolaire étant
différentes, les mesures de compensation des désavantages doivent
en tous les cas être attribuées en fonction de sa situation
particulière, de son âge et du degré scolaire. Elles
doivent faire l'objet d'une discussion avec toutes les parties
concernées et être régulièrement
réévaluées, et adaptées si nécessaire.
· Environnement
o Se repérer dans l'établissement scolaire et en
classe, si nécessaire avec l'aide de l'enseignant
spécialisé en déficience visuelle, fixer un ou plusieurs
rendez-vous avec l'élève avant le début de la
rentrée pour qu'il prenne connaissance dans le calme de sa/ses salle(s)
de classe et de l'établissement scolaire (couloirs, toilettes, cour de
récréation, etc.). Il est possible de faire appel à un
instructeur en locomotion qui aidera l'élève à circuler
à l'intérieur de l'école de manière
indépendante (ce qui n'empêche pas de l'aider à se
déplacer, si nécessaire). Il est également possible de
poser des repères dans l'établissement pour faciliter ses
déplacements (panneaux, ajouter un élément
contrasté, etc.).
o Limiter au maximum les déplacements. Les cours
n'exigeant pas une salle spécifique (par ex. français,
mathématiques) devraient, si possible, être concentrés dans
une seule salle facilement accessible et à proximité de
l'escalier ou de l'ascenseur.
o Attribuer à l'élève une armoire / un
casier facilement repérable et proche de la salle de cours (par ex.
premier casier de la rangée).
o Travail / examen dans une pièce séparée
(avec éclairage adapté, au calme) ou examen en classe, à
son poste de travail habituel (plus facile de se repérer et de trouver
ses affaires).
· Poste de travail
o La place à disposition de l'élève doit
être suffisamment grande pour lui permettre de poser à la fois le
matériel électronique de lecture et d'écriture, et son
matériel de travail (par ex. les livres en braille qui sont volumineux).
Si nécessaire, lui octroyer l'espace de deux bureaux standards.
o Avec l'aide de l'enseignant spécialisé en
déficience visuelle ou du spécialiste en basse vision, mettre
à disposition de l'élève le matériel adapté
à ses besoins (par ex. une table à plan incliné ou un
éclairage individuel (lampe), ordinateur portable, rallonges
électriques pour pouvoir brancher son matériel, etc.)(voir aussi
point suivant « Moyens auxiliaires, aides et assistance personnelle). Si
nécessaire, lui procurer un chariot pour entreposer son matériel
et le déplacer plus facilement
· Moyens auxiliaires, aides et assistance
personnelle
o Autorisation d'utiliser des moyens auxiliaires et aides
spécifiques à la déficience visuelle (lunettes-loupes,
lampe spéciale, ordinateur personnel ou pas, logiciels d'agrandissement,
système de lecture sonore, clavier braille, etc.).
o Assistance personnelle d'un interlocuteur connu et de
confiance qui peut être, lors des travaux en classe, un enseignant
spécialisé en déficience visuelle, un assistant à
l'intégration scolaire ou un camarade et, lors des évaluations,
un enseignant ou un assistant (aide à lire les consignes, à
s'orienter dans les textes, à se repérer dans un document ou
entre deux supports, à décrire des graphiques / diagrammes /
illustrations, à utiliser des cartes géographiques, à
transcrire des formules chimiques / physiques / mathématiques, etc.).
· Adaptation du temps
o Division du travail / de l'examen en plusieurs
séquences limitées dans le temps (surtout lors de
séquences écrites). Répartir le travail / l'examen
(interruption d'un jour entre les épreuves ou prolongement d'un examen
normalement prévu pour la durée d'une matinée sur une
durée plus longue)
o Octroi de pauses supplémentaires ou plus longues
(entre les examens par ex.)
o Octroi de temps supplémentaire lors des travaux /
examens. Tenir compte des facteurs tels une lecture / écriture
nécessairement plus lente et de la typologie de la tâche à
réaliser (par ex. questionnaire à choix multiples basé sur
un texte, impliquant pour l'élève des difficultés de
repérage)
o Octroi de temps supplémentaire pour la
préparation des tâches à effectuer (lors d'une
évaluation, donner par exemple les consignes écrites à
l'avance; pour un travail en classe, permettre la préparation de textes
longs à la maison).
· Adaptation des documents de travail
L'élève devra bénéficier si
nécessaire d'une adaptation des documents de travail soit en braille
soit « en noir ». Lors de l'adaptation des documents « en noir
», tenir compte des paramètres suivants. Les paramètres
décrits dans le chapitre précédent (sous «
information écrite ») seront également utiles.
o Agrandissements : agrandir les
caractères d'imprimerie et/ou les espaces entre les caractères et
les lignes. Très souvent, un élève malvoyant doit pouvoir
disposer de photocopies agrandies, mais dans des proportions raisonnables
(120-130%). Il faut en effet éviter les formats trop grands (par ex.
documents en A3), car cela peut augmenter les difficultés d'exploration
visuelle et diminuer la quantité d'information perçue par le
regard. Ceci est particulièrement vrai pour les élèves
avec une vision tubulaire. Dans ce cas, le format des documents de travail
pourrait même être diminué.
o Prévoir et organiser la transcription ou
l'adaptation de documents pour l'élève : la
planification doit être rigoureuse pour que les documents
spécifiques puissent être prêts à temps. La
transcription en braille, la numérisation ou l'agrandissement des
manuels et ouvrages scolaires, des supports de cours, des oeuvres
littéraires et des schémas en relief utilisés en classe
demandent l'intervention d'un service de transcription. Il est par
conséquent nécessaire que l'enseignant remette la liste des
livres scolaires et des supports de cours suffisamment à l'avance aux
personnes et services compétents, afin de leur donner le temps de les
transcrire. Les ouvrages en braille et les dessins en relief déjà
existants sont rares et les adaptations des supports de cours peuvent prendre
du temps. C'est pourquoi, il est important de bien évaluer la pertinence
d'une demande de transcription ou d'une adaptation. La transmission
préalable des énoncés d'examen afin que la transcription
soit prête à temps doit souvent faire l'objet d'une autorisation
particulière.
· Adaptation de la forme du travail / de
l'examen
o Privilégier la forme orale plutôt
qu'écrite, la mise à disposition d'informations auditives
plutôt que visuelles (par ex. travail sous forme d'exposé oral au
lieu d'exercices écrits, les consignes peuvent être lues
préalablement par l'enseignant ou l'assistant, les textes peuvent
être enregistrés, les images décrites, etc.).
o Mise à disposition de supports adaptés (textes
agrandis, illustrations contrastées, images en relief ou informations
transcrites en braille, etc.).
o Privilégier les moyens d'écriture
adaptés (réponses dactylographiées sur ordinateur
équipé d'un clavier braille ou choix d'un autre moyen
d'écriture plutôt que de manière manuscrite).
o Adaptation de la structure des travaux et évaluations
(par ex. les énoncés comportant des consignes multiples ou
complexes peuvent être décomposés, division du travail en
plusieurs séquences, etc.).
o Adaptation des tâches en fonction des limitations et
possibilités de l'élève (donner des exercices de
compréhension de texte plutôt que d'interprétation
d'illustrations, demander de décrire un processus à l'aide d'un
texte plutôt que par un diagramme, etc.).
o Réduction du volume des exercices durant le
même temps (privilégier la qualité à la
quantité par ex. compter un tiers de quantité de travail en
moins, pour autant que cela ne réduise pas les objectifs
visés).
o Guidance plus marquée durant le travail /
l'examen.
o Pendant l'examen ou le travail noté, l'enseignant ou
l'examinateur vérifiera, dans la mesure du possible, que pour des
raisons inhérentes à son handicap, l'élève n'a pas
omis de répondre à une question. De même, si
l'écriture de l'élève entraîne une
ambiguïté pour les correcteurs, l'enseignant pourra prendre en
considération des précisions données oralement par
l'élève.
· Adaptations des critères
d'évaluation
o Appréciation séparée des domaines
à évaluer. Par exemple lors d'une épreuve de calcul, noter
séparément la précision des graphiques,
l'arithmétique, la compréhension de certains concepts
géométriques, etc.
o Appréciation adaptée des domaines à
évaluer. Par exemple, lors d'un examen oral de géométrie,
l'élève peut décrire une construction au lieu de la
dessiner, donner des indications à un assistant qui fait le dessin
à sa place, donner une explication par écrit plutôt que par
un dessin ou un graphique, etc.
o Plus grande tolérance liée à la
qualité d'écriture et du dessin (artistique, graphique,
géométrique, etc.), à la précision, aux mesures,
à la tenue des cahiers ainsi qu'aux erreurs de frappe, ou d'inattention
consécutives au handicap de l'élève.
o Modulation de l'évaluation des habiletés (par
ex. ne pas tenir compte de la tenue du cahier ou de l'habileté à
la lecture dans l'évaluation en histoire ou adapter les exigences quant
à la précision du tracé en géométrie).
CONCLUSION GENERALE
L'objectif à atteindre dans cette étude
était d'analyser les facteurs du processus d'étayage qui rendent
compte sur le niveau d'adaptation de l'élève déficient
visuel en milieu scolaire. Spécifiquement, il s'agissait de comprendre
en quoi les facteurs socio affectifs, cognitifs ou langagiers rendent compte du
niveau d'adaptation de l'élève déficient visuel dans les
lycées d'enseignement généraux. En effet, nous avons
constaté que malgré l'existence des textes légaux qui
recommandent l'éducation inclusive au sein des établissements
scolaires, le statut de la personne handicapée reste toujours
mitigé. D'où la question de recherche suivante : quels sont
les facteurs du processus d'étayage qui rendent compte du niveau
d'adaptation scolaire des déficients visuels ? Pour répondre
à cette question de recherche, nous avons formulé
l'hypothèse suivante : la qualité du processus
d'étayage rend compte du niveau d'adaptation de l'élève
déficient visuel. Celle-ci se décline en deux hypothèses
secondaires qui sont :
- HR1 : l'aspect socio affectif du processus
d'étayage rend compte du niveau d'adaptation de l'élève
déficient visuel ;
- HR2 : l'aspect cognitif ou langagier de lu processus
d'étayage rend compte du niveau d'adaptation de l'élève
déficient visuel.
Pour explorer ces hypothèses, nous avons adopté
un devis qualitatif. Les données ont été collectées
par un entretien semi structuré que nous avons adressé à
un échantillon restreint de deux déficients visuels
fréquentant au lycée bilingue d'Ekounou. A cette population nous
avons associé la participation du corps éducatif,
constitué d'enseignants titulaires des déficients visuels
interrogé lors des entretiens. Le corps éducatif était
constitué de deux Conseillers d'Orientation et de deux enseignants. En
dehors de ces éducateurs, nous avons aussi eu un entretien avec l'un des
parents d'élèves, puis un focus group mené avec certains
camarades de ces élèves à besoins spéciaux.
Les données traitées ont été
faites à partir de l'analyse de contenus. Un guide d'entretien a
été défini au préalable. Les principaux
résultats de l'analyse sont les suivants :
- Premièrement, la qualité du processus
d'étayage socio affectif est favorable à l'adaptation des
déficients visuels en milieu scolaire ;
- Deuxièmement, la qualité du processus
d'étayage cognitif ou langagier est favorable à l'adaptation des
déficients visuels en milieu scolaire.
Au demeurant, il apparaît clairement à travers
nos résultats que la théorie de l'étayage
élaborée par Bruner (2003) est clairement justifiée. La
qualité du processus d'étayage mis sur pied par
l'éducateur a une grande importance quant à l'adoption et
l'élaboration d'un modèle d'inclusion. En fonction de nos
investigations en milieu scolaire, il en ressort une absence d'encouragement et
de mise en confiance des élèves déficients visuels par les
éducateurs (Conseiller d'Orientation et enseignant). Par ailleurs, nos
résultats montrent qu'il y'a absence de prise en charge d'une partie du
discours, absence d'interaction et que les techniques d'animation ne sont pas
mises en place par tous les éducateurs. Enfin, il est à noter que
dans nos établissements scolaires l'enseignant et le Conseiller
d'Orientation n'adoptent pas une attitude qui permet à
l'élève malvoyant d'être serein et de participer au cours.
Les éducateurs n'articulent pas assez à haute voix et font leur
cours sans tenir compte que les élèves déficients visuels
doivent retranscrire les cours en braille. Toutes choses qui démontrent
que l'étayage langagier et cognitif est faible. Grâce à
l'exploitation de ces données, cette recherche interpelle la
communauté éducative sur la nécessité d'oeuvrer en
synergie pour la formation et l'insertion sociale des enfants frappés
de cécité en vue de faciliter leur autonomisation. Les parents et
les autres membres de la communauté éducative doivent apporter
leur contribution pour permettre aux déficients visuels de s'adapter au
milieu scolaire. Dans la même lancée, cette recherche incite les
responsables et les autres acteurs de notre système éducatif de
mettre en place des formes d'adaptation pédagogiques que l'enseignant
et le Conseiller d'Orientation pourraient mettre en oeuvre. Enfin cette
recherche lève le voile sur les problèmes d'adaptation scolaires
des élèves malvoyants.
Des élèves, à cause de leur handicap
continuent d'être des victimes d'une société qui n'a pas
été suffisamment éduquée pour venir en aide aux
personnes présentant un handicap quelconque. Dans le souci
d'améliorer l'autonomie des personnes handicapées, une
brèche est tendue aux différents acteurs éducatifs pour
vulgariser au moyen de l'inclusion, les compétences des
déficients visuels au sein de la communauté toute entière
en général et au sein du Cameroun en particulier. Même si
la mise en place de l'inclusion au sein de nos établissements scolaires
reste assez difficile du fait de la précarité du niveau de vie,
les enseignants doivent se battre afin d'intégrer au maximum tous les
élèves avec ou sans handicap. L'inclusion est un bon moyen pour
mettre tous les élèves sur un même pied
d'égalité.
Dans la logique inclusive, c'est à l'école de
s'adapter pour apporter une réponse scolaire au plus près des
besoins de chaque élève. Chaque élève a donc sa
place à l'école ordinaire, quel que soit un handicap, il
« suffit » de mettre en place les adaptations
nécessaires. Cette différence majeure vient du
processus selon lequel, l'intégration fonctionne de
l'extérieur vers l'intérieur. Ainsi, un enfant que l'on
intègre est à priori hors de l'école (puisqu'on veut
l'intégrer...) et l'intégration va consister à le placer
dans le milieu ordinaire. Le processus de l'école inclusive est
inverse : l'enfant est à priori dans l'école ordinaire et
celle-ci doit s'organiser pour trouver les aménagements permettant une
scolarité au mieux des besoins de tous les élèves.
Lorsqu'une école accueille des enfants présentant des besoins
très importants, elle sera alors amenée à recourir
à des moyens et services spécialisés. On le comprend, la
difficulté de l'école inclusive, c'est de conjuguer adaptation
aux élèves et milieu scolaire. L'adaptation se fait depuis
longtemps dans beaucoup de classes et établissements
spécialisés, il s'agit maintenant de rendre le
spécialisé ordinaire.L'inclusion est un dispositif qui fonctionne
parfaitement lorsque l'écart entre les besoins de l'enfant à
besoins particuliers et ceux des autres enfants considérés comme
« dans la norme » n'est pas trop important, notamment du
point de vue cognitif. La situation est différente pour les
élèves qui doivent composer avec une déficience importante
entre leur niveau et celui des autres enfants de la classe supposés
être dans la norme. Plus l'écart est important, plus la situation
est difficile à gérer pour les enfants comme pour les
enseignants, les parents et les professionnels accompagnateurs.
L'intégration en milieu scolaire a donc des limites.
Or, l'école inclusive, ce n'est pas
l'intégration de tous les enfants en classe ordinaire sans aide
extérieure, qui peut être considérée comme le niveau
d'intégration le plus poussé. On voit bien les limites d'une
telle scolarité pour les élèves ayant des besoins
très importants, de même que l'inquiétude des parents et
professionnels qui ne savent pas comment prendre en compte la différence
dans un dispositif construit pour être homogène. L'école
inclusive suppose de partir des besoins des élèves et de les
prendre en compte dans un cadre ordinaire. Le mot ordinaire prend alors tout un
autre sens que « même enseignement pour tous ». Il
s'agit de trouver un dispositif dont les adaptations seront rendues normales.
Dans ce cadre chaque sortie d'un enfant à besoin éducatif
particulier est problématique : l'enfant est marginalisé et
exclu d'un groupe qui continue son cours ordinaire. Pour devenir inclusive, il
est donc nécessaire d'envisager une transformation de l'école
afin de rendre possible la prise en compte des besoins éducatifs
particuliers des élèves. L'école inclusive offre la
possibilité de mettre en place des dispositifs de réussite
scolaire au sens où les enseignements que l'on va leur proposer vont
correspondre à leurs besoins et donc qu'ils seront capables d'apprendre
ce qui leur est enseigné.
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ANNEXES
DEFICIENTS VISUELS EN MILIEU
SCOLAIRE »
« QUALITE DU PROCESSUS D'ETAYAGE ET NIVEAU
D'ADAPTATION DES
ANNEXE 2 : Guide d'entretien
GUIDE D'ENTRETIEN
· Thème 1 : l'aspect
socio-affectif
Sous thème 1 : Comportement du
tuteur/ enseignant et l'adhésion de l'élève aux
activités d'enseignement (communication verbale et écrite)
Sous thème 2 : contrôle de la
frustration c'est-à-dire éviter que les erreurs du novice ne se
transforment en frustration (temps d'expression accordé à chaque
élève)
Sous thème 3 : maintenir le
novice dans un champ de manière à lui faire garder le cap et le
cas échéant le motiver (encouragement des timides)
· Thème 2 : l'aspect cognitif et
langagier
Sous thème 1 : prise en charge d'une
partie du discours et l'utilisation de la reformulation
Sous thème 2 : soulignage par
l'enseignant des caractéristiques de la tâche pertinentes pour
son exécution
Sous thème 3 : exécution
d'une compétence en présence de l'élève en
explicitant les étapes
· Thème 3 : Aptitudes envers
l'école et les activités d'apprentissage
Sous thème 1 : attitudes positives
envers l'école et l'apprentissage
Sous thème 2 : participation en
classe
Sous thème 3 : observation de la
réussite et des progrès au plan scolaire
· Thème 4 : Relations avec les
autres
Sous thème 1 : établissement
des liens sociaux positifs avec les enseignants et les camarades de classe
Sous thème 2 : sentiment de
confiance et de mise à l'aise
Sous thème 3 : vécu des
émotions positives
ANNEXE 3 :
FORMULAIRE DE CONSENTEMENT AUX ENTREVUES
INDIVIDUELLES
Présentation du cadre de la recherche :
Cette recherche est réalisée dans le cadre de la
rédaction d'un mémoire en fin de formation de [MVONDO
MBARGA Fabrice Baudelaire], dirigé par le Dr MGBWA Vandelin,
enseignant au Département des Sciences de l'Education de l'EcoleNormale
Supérieure deYaoundé. Avant d'accepter de participer à
cette recherche, veuillez prendre le temps de lire les renseignements qui
suivent. Ce formulaire de consentement vous explique les buts de ce projet de
recherche et ses procédures. Il indique les coordonnées de la
personne avec qui communiquer au besoin. Nous vous invitons à poser
toutes les questions que vous jugerez utiles à la personne qui vous
présente ce document.
Nature de l'étude
La recherche a pour objectif de questionner le lien entre
l'organisation des activités scolaires et le niveau d'adaptation des
élèves du sous-cycle d'observation.
Déroulement de la participation
L'entrevue, de type individuel, se déroulera dans un
lieu neutre de votre établissement. Elle aura une durée de 30
à 45 minutes et elle sera enregistrée sur audio, avec votre
consentement. La collecte des données porte sur votre vie ici au
lycée, votre perception de l'école et la contribution de vos
parents dans le processus de votre apprentissage. Les thèmes suivants
seront abordés :
Participation volontaire et droit de retrait
Vous êtes libres de participer à ce projet. Vous
pouvez refuser de répondre à certaines questions ou encore de
mettre fin à l'entretien à tout moment, sans avoir à
fournir de raisons et sans aucun préjudice. Si vous décidez de
mettre fin à votre participation, il est important d'en prévenir
le chercheur responsable dont les coordonnées sont incluses dans ce
document. Tous les renseignements personnels vous concernant, incluant les
enregistrements, seront alors détruits.
Confidentialité et gestion des
données
Dans les travaux produits à partir de cette recherche
de mémoire, vous pourrez être identifié (e) soit par votre
nom, soit par un nom fictif pour assurer votre confidentialité, selon ce
à quoi vous consentirez spécifiquement. L'enregistrement audio et
texte de transcription de l'entrevue accordée peuvent, avec votre
consentement, être déposés et conservés dans un fond
d'archives de la bibliothèque de l'Ecole Normale Supérieure de
Yaoundé pour fins de recherches ultérieures. Toutefois, si vous
ne consentez pas à ce dépôt, l'enregistrement de l'entrevue
et sa transcription seront détruits au terme du projet. Dans le cas
où vous souhaiteriez que votre identité demeure confidentielle,
les mesures suivantes seront appliquées :
· les noms des participants dans aucun rapport ;
· les divers documents de la recherche seront
codifiés (non fictif) et seul le chercheur aura accès à la
liste des noms et des codes ;
· les résultats individuels des participants ne
seront jamais communiqués. Que vous souhaitez que votre identité
demeure confidentielle ou non, les matériaux de la recherche, incluant
les données et les enregistrements, seront conservés sous
clé pendant un an. Au terme de cette période, ils seront
détruits, à moins que vous acceptiez leur dépôt dans
le fonds d'archives précité et ayez signé la formule de
consentement prévue à cet effet.
Remerciements
Votre collaboration est très précieuse pour
cette recherche. Je vous remercie vivement d'y participer. Je soussigné
(e)_______________________________________________ consens librement à
la recherche intitulée : « QUALITE DU PROCESSUS D'ETAYAGE
ET NIVEAU D'ADAPATATION DES DEFICIENTS VISUELS EN MILIEU
SCOLAIRE». J'ai pris connaissance du formulaire et j'ai compris
le but, la nature, les avantages, les risques et les inconvénients (le
cas échéant), du projet de recherche, je suis satisfait(e) des
explications, précisions et réponses que le chercheur m'a
fournies, le cas échéant, quant à ma participation
à ce projet.
Date : ___________________________________
Signature du participant, de la
participante________________________________
J'ai expliqué le but, la nature du projet de recherche
au participant. J'ai répondu au meilleur de ma connaissance aux
questions posées et j'ai vérifié la compréhension
du participant.
Date :
________________________________________
Signature du
chercheur______________________________
ANNEXE 4 :
CONTENU DES ENTRETIENS
Journée du : 24/03/17
Entretien N°1 : Cas 1
De : 12h à 12h 25
Question 1 : Dis-moi ce que tu fais pour
réussir à l'école ?
Réponse : j'apprends mes
leçons. Si j'ai des difficultés je peux demander l'aide d'un
camarade s'il veut bien m'expliquer. Chaque matière, a son espace de
rangement dans mon classeur. Je classe mes cours en fonction des dates pour que
je me retrouve rapidement dans mes lectures. J'utilise aussi le braille qui est
une écriture pour les mal voyants. A partir du braille, je prends mes
notes de cours à travers ma tablette, mon pointeur et mon papier canson.
Je m'arrange à synthétiser mes cours quand je les retranscris.
Donc je les résume avec de les écrire sur ma tablette. Et il faut
un peu plus de temps pour écrire lorsque l'enseignant dicte le cours.
Question 2 : Quelles sont tes
difficultés ?
Réponse : rien n'est fait
vraiment pour nous au sein de l'établissement. On se bat de
nous-même pour comprendre les différents cours. Certains camarades
qui refusent de nous expliquer aussi des fois. Il y'a des enseignants qui ne
soucient pas de notre présence. Ils font cours normalement. On y peut
rien. Nous sommes obligés de nous battre de nous-même. C'est aussi
vrai que ça nous prend beaucoup de temps pour comprendre un cours. Donc
des fois en salle quand on n'a pas mon temps, je ne retranscris pas le cours en
braille, j'écoute seulement. C'est aussi vrai que ça
dépend des cours. Il y'a des cours qui sont souvent très
intéressant là je m'efforce à copier seulement comme je
peux. Je suis obligé de beaucoup synthétiser pour que ça
aille vite. Les enseignants ne m'aident pas. Ils font cours comme si nous
n'existons pas. Le prof de mathématiques il n'enseigne pas bien. Il
passe son temps à écrire au tableau. Ça me
décourage. Quand il donne les exercices je ne fais pas, parce que je ne
sais pas d'abord ce qu'il a écrit au tableau. C'est seulement pendant
les corrections que j'essaie d'être calme et posé pour suivre. On
ne sait jamais peut-être je vais réussir à capter quelques
choses.
Question 3 : Bénéficies-tu de
l'assistance du conseiller d'orientation ?
Réponse : non. Je le suis seulement en classe. Il
finit d'expliquer ses choses là-bas. Généralement moi je
me couche sur la table quand il fait sa matière. En plus ça n'a
pas le coefficient donc copier le cours là, moi je ne suis pas chaud.
Les autres cours sont plus importants parce que le coefficient est
élevé.
Question 4 : Ils font comment avec
toi ?
Réponse : Rien. Ils font cours
normalement. Est-ce que j'existe dans leur tête. Je les esquive aussi, vu
que je dois me débrouiller de moi-même.
Question 5 : Comment les enseignants font avec
toi ?
Réponse : Pas grand-chose. Il y'a
justemon professeur de français qui est gentil avec moi. Elle m'accorde
plus d'importance parce que je suis malvoyant. Elle sait que je ne suis pas
comme les autres et m'accorde un peu plus d'attention quand elle dicte le
cours. Elle veille à ce que je sois toujours à la ligne. Je me
bats dans sa matière. Certains enseignants n'expliquent pas bien et
d'autres comme mon prof de français font l'effort pour moi. Donc
généralement, je lève souvent le doigt si j'estime avoir
une bonne réponse et si je sais que la réponse sera juste pour
que les camarades ne rient pas beaucoup. Beaucoup d'enseignants n'ont pas mon
temps quand ils font cours. Ils dictent le cours sans tenir compte que je dois
retranscrire cela avec le braille. On comprend vraiment qu'ils n'ont pas
été formés pour enseigner les gens comme nous. Même
le conseiller d'orientation qui doit nous aider ne nous aide pas vraiment
puisse qu'il ne maitrise pas le braille et du coup il préfère
nous esquiver en salle comme si nous n'existions pas. Le professeur de
mathématiques lui quand il fait cours il ne demande même pas si on
comprend. Il avance seulement.
Question 6 : Comment sont vos relations avec vos
camarades ?
Réponse : passable. : À la pause je vais
souvent à la cantine avec les autres. De temps en temps quand je ne
comprends pas je peux demander à mon camarade qu'il m'aide. En
mathématiques par exemple, s'il y'a une courbe que l'enseignant a faite
au tableau, j'attends la fin de l'heure ou le mercredi et je demande à
mon camarade de m'expliquer. Il prend mon doigt et le dirige sur la feuille et
simule le dessin avec pour que je sache un peu ce que l'enseignant a
dessiné au tableau.
Question 7 : As-tu des projets ? Si oui
lesquels ?
Réponse : oui, bien sûr.
J'aimerai être diplomate et faire histoire des relations internationales
à NgoaEkellé. Si j'y arrive ça sera un message aux gens
pour qu'ils ne se découragent pas malgré le handicap.
Question 8 : Quelles sont les matières
où tu t'en sors le mieux ?
Réponse : le français,
l'éducation civique
Question 9 : Quelles sont les matières
où tu éprouves le plus de difficultés ?
Réponse : mathématiques,
SVT, géographie aussi
Question 10 : Sollicites tu souvent l'attention
des enseignants ou du conseiller d'orientation quand tu ne comprends pas un
aspect de la leçon ?
Réponse : Non monsieur. Causer
quoi avec eux ? Si d'abord enseigner ne passe pas, combien de fois discuter
avec eux. Je l'évite seulement c'est vrai qu'il est souvent gentil avec
les autres pendant le cours. Mais comme il ne s'intéresse pas à
moi, j'évite seulement le bavardage inutile.
Question 11 : Comment ces derniers font avec
toi ?
Réponse : Ils ne font pas grand-chose. Mon
professeur de français s'occupe quand même de moi. Elle sait s'y
prendre avec moi. Les autres enseignants plaquent le cours au tableau et puis
ils font cours. Comme je dis depuis la, ce ne sont pas tous les enseignants qui
tiennent compte de nous. Ils font cours comme si nous n'avons pas d'handicap.
Les enseignants font cours normalement. Ils écrivent tous au tableau
surtout en mathématiques. Le prof de mathématique lui alors c'est
comme si nous ne sommes pas aussi élève dans la classe. Tellement
il donne les devoirs et ce n'est pas facile pour moi. Comme je ne vois pas je
reste là aussi comme ça à les suivre. Le conseiller
d'orientation et les enseignants ne font rien pour nous. Ils font leur cours
normalement sans se soucier de notre présence.
Question 12 : Participes tu souvent aux
activités en classe ?
Réponse : Je participe souvent de
temps en temps aux activités en classe, parfois je lève le doigt
quand je pense avoir une réponse juste. Je ne parle que lorsque
l'enseignant me donne la parole. C'est moi qui garde l'effaçoire. Le
cours de mathématiques je ne le fais pas vraiment pas parce que je ne
veux pas, mais parce que je ne comprends rien. L'enseignant écrit
beaucoup au tableau et ne demande pas vraiment mon avis. Quand il faut corriger
les exercices, il demande qui veut le faire. Généralement on ne
m'interroge pas souvent et ça me frustre. On a aussi des tours de
balayage en salle. Je ne balaie pas souvent. Généralement je
rentre après les cours puisqu'on vient me chercher à la sortie
des classes.
CONTENU DES ENTRETIENS
Journée du : 24/03/17
Entretien N°2 : Cas 2
De : 12h45 à13h05
Question 1 : Dis-moi ce que tu fais pour
réussir à l'école ?
Réponse : j'apprends mes leçons tout simplement.
Je fais l'effort de les mémoriser puis je fais quelques exercices pour
mieux apprendre. Pour faire ces exercices, j'appelle souvent un camarade pour
qu'il m'aide à traduire. C'est vrai que des fois je n'ai personne sur la
main pour m'aider et je suis obligé d'attendre qu'un camarade me vienne
en aide. Je vis dans un internat avec un tuteur qui nous assiste comme il peut.
Nous sommes environ une trentaine et nous avons un répétiteur qui
essaye de nous suivre. Il prend beaucoup de temps pour expliquer.
Question 2 : Quelles sont tes difficultés
?
Réponse :Les enseignants ne font rien
pour moi. On se débrouille de nous-même.
Question 3 : Bénéficies tu de
l'assistance du conseiller d'orientation ?
Réponse : On ne se connait pas
personnellement. Mais il est gentil quand même vu qu'il nous fait
beaucoup rire en classe. Donc il sait mettre les gens à l'aise. C'est
vrai qu'il connait bien mon nom, ce qui fait qu'il m'interroge souvent.
Question 4 : Ils font comment avec toi ?
Réponse : pas grand-chose. C'est
même ma première fois d'entrer ici dans ce bureau. Puis ce que je
ne sais pas réellement ce qui va m'amener ici. J'aime bien son cours
quand il est en salle mais dire que je le suis au bureau ici, non. Donc comme
je disais plus haut, il m'interroge souvent parce qu'il connait bien mon nom.
Et c'est à ce moment que je parle réellement en classe et surtout
dans sa matière. C'est vrai qu'une fois il m'a demandé si
j'évolue bien avec mes retranscriptions en braille. J'ai
été surpris qu'il connaisse quelque chose sur les malvoyants.
C'est aussi vrai qu'il y'a des sessions de formation intéressantes comme
l'affirmation de soi et la sexualité. Ça m'intéresse bien
tout ça.
Question 5 : Comment les enseignants font avec toi
?
Réponse :hum, les enseignants de
mathématiques et de SVT, ne se soucient même pas de moi quand ils
font cours. Ils font leur cours sans tenir compte de ma présence. Je me
demande bien s'ils savent que je suis aveugle. Même se soucier de comment
je prends les notes, rien. Quand un enseignant ne se soucie pas de moi
ça me décourage beaucoup. Sensiblement toutes les matières
je ne les comprends pas. Ils sont top dur souvent. Les enseignants ne font
rien pour nous. J'ai de la peine à faire des exercices toute seule parce
que je ne comprends pas bien.
Question 6 : Comment sont vos relations avec vos
camarades ?
Réponse : quand je ne comprends pas je
demande de l'aide à mes camarades. Certains sont vilains et disent
qu'ils n'ont pas souvent le temps. Quand c'est comme ça, j'attends une
fois quand je vais rentrer à la maison. Je vis avec d'autres malvoyants
et un tuteur au centre. Il a mis à notre disposition un
répétiteur qui nous aide souvent à comprendre le cours. Il
explique beaucoup et ça passe. En classe, je ne parle pas vraiment avec
les garçons. Je marche avec des camarades filles qui m'ont
déjà adoptée. C'est plus facile, on peut causer de tout
et de rien.
Question 7 : As-tu des projets ? Si oui lesquels
?
Réponse : je ne sais pas encore. J'y
réfléchis encore peut être faire espagnole après mon
baccalauréat.
Question 8 : Quelles sont les matières
où tu t'en sors le mieux ?
Réponse : je n'ai pas vraiment de
matières favorites. A certains moments si j'ai compris le cours je peux
avoir la moyenne et si je n'ai rien compris j'ai la sous moyenne. Mais j'aime
bien l'espagnole
Question 9 : Quelles sont les matières
où tu éprouves le plus de difficultés ?
Réponse : L'anglais, la
mathématique, la langue, la littérature, la SVT, la
géographie est des matières que je comprends le moins.
Question 10 : Sollicites tu souvent l'attention des
enseignants ou du conseiller d'orientation quand tu ne comprends pas un aspect
de la leçon ?
Réponse : ça ne me dit
rien de discuter avec eux.
Question 11 : Comment ces derniers font avec toi
?
Réponse : chaque fois c'est la
même chose. Ils arrivent en salle, écrivent certains
éléments au tableau, puis voilà le cours qui commence.
Avec le genre de rythme-là je ne peux pas être à la ligne
donc je laisse seulement. On dirait qu'on doit se débrouiller seul. Le
professeur de mathématiques écrit trop au tableau et donne trop
de devoirs. Le professeur de SVT, je ne l'aime pas trop. Quand il vient en
salle c'est pour dicter seulement. Et il le fait tellement vite que j'ai de la
peine à écrire. Il commence seulement à parler et il parle
alors vite. Ce n'est pas évident pour moi de suivre aussi bien le cours
que ses explications. IL parle trop di donc.
Question 12 : Participes tu souvent aux
activités en classe ?
Réponse : Je ne fais rien comme
activité en salle. On ne m'interroge pas souvent et je
préfère rester dans mon coin. Donc si on m'interroge comme en
orientation là je parle et je peux même lever le doigt.
CONTENU DES ENTRETIENS
Journée du : 24/03/17
Entretien avec : CO1
De : 8h30 à 9h00
Question 1 : est ce qu'il y'a des malvoyants dans
vos salles de classe ? Si oui environ combien ?
Réponse : oui il y'en a. Environ
une dizaine dans mes salles.
Question 2 : comment vous faites avec
eux ?
Réponse : c'est vrai que ce sont
des enfants délicats. Les former n'est pas chose facile. Il faut
maitriser leur environnement pour qu'ils vous comprennent. Ce n'est pas
évident pour quelqu'un comme moi qui travaille depuis longtemps. Le
braille sincèrement je ne connais pas. Je n'ai que ma petite
expérience avec laquelle je joue pour les encadrer. S'ils ont des
problèmes ils peuvent m'interpeller, mais comme
généralement ils n'ont rien à vous dire. On les laisse
donc dans leur coin tout en espérant qu'ils s'ouvrent à nous.
J'interviens dans presque toutes les salles du lycée (6ème, 2nde,
1ère et Tle) et ce n'est pas évident.
Question 3 : est-ce que vous observez en eux des
progrès scolaires ?
Réponse : comme je vous le dis
depuis le début, ce sont des élèves très
délicats. On ne sait pas à quoi ils pensent vu qu'ils sont
toujours concentrés dans leur coin. Leurs performances scolaires sont
passables à la première séquence comme ce sont les
révisions des cours de l'année dernière. Et à
partir de la deuxième séquence en montant, comme c'est à
ce moment que le nouveau programme commence ils ont plus de difficultés
à s'en sortir.
Question 4 : vous parle t-ils de leurs
projets ?
Réponse : non pas vraiment. Comme je le disais, je
ne peux pas le faire tout le temps parce que j'ai un programme à
respecter aussi. Ces enfants sont très délicats. Ce n'est pas
facile de discuter avec eux, vu qu'ils doivent faire un effort pour nous
interpeller s'ils ont des difficultés.
Question 5 : êtes-vous au courant de leurs
inquiétudes scolaires ?
Réponse : ce n'est pas facile mon
fils. La profession que tu vois ci n'est pas aussi évidente. On ne peut
pas être partout au même moment. On veut bien les aider mais
hélas les élèves sont trop nombreux et nous pas assez
nombreux pour pouvoir écouter chaque élève au cas par cas.
Je ne sais pas quoi faire, les élèves sont assez nombreux et le
Co a une fiche de progression à respecter. Je ne tiens pas vraiment
compte d'eux.
Question 6 : Participent ils aux activités
en classe ?
Réponse : Pas vraiment. Leur
handicap ne les aide pas. Je ne suis pas dure avec eux aussi. Donc je leur
laisse du temps s'ils veulent bien poser des questions.
Question 7 : comment est l'ambiance avec leurs
camarades.
Réponse : comme je le dis depuis
ce sont des élèves très difficiles à gérer
en classe. Mais quand je les vois sur la cours en train de discuter avec les
autres ça m'étonne vraiment. Entre eux même aussi ils
discutent et échangent leurs opinions sur certaines activités.
Mais ils ont quand même un blocage pour aller vers les enseignants.
Question 8 : comment vous faites
cours ?
Réponse : j'entre en salle,
j'écris le titre de la session de formation et son plan au tableau. Des
fois j'ai des planches pour introduire le cours que je colle souvent au tableau
aussi. Puis j'ouvre le débat en posant les questions aux
élèves pour mieux appliquer l'APC. Pour faire notre session de
formation, on applique la méthode des APC (Approche Par les
Compétences) qui place l'élève au centre des
apprentissages. Pendant la session de formation on les mets sur le chemin et on
voudrait juste qu'ils trouvent les réponses. Mais nos amis la comme j'ai
dit plus haut, ils sont très compliqués et je ne voudrai pas les
perturber aussi.
CONTENU DES ENTRETIENS
Journée du : 24/03/17
Entretien avec : CO2
De : 9h à 9h20
Question 1 : est ce qu'il y'a des malvoyants dans
vos salles de classe ? Si oui environ combien ?
Réponse : oui il y'en a. ils sont
entre dix et vingt, sensiblement une quinzaine dans l'établissement.
Question 2 : comment vous faites avec
eux ?
Réponse :j'ai quand même
reçu une formation en braille à l'ENS de Yaoundé, je
connais tout le temps que ça prend pour la retranscription donc j'y vais
doucement avec eux. Aussi bien en salle que dehors si je constate qu'ils ont
des difficultés, je vais me rapprocher d'eux et intervenir. Ce sont des
enfants très vulnérables qu'il faut bien encadrer. Il ne faut pas
les laisser à la merci des loups. A travers le counseling j'essaie de
les suivre individuellement. Je connais quand même quelques-uns par leurs
noms et c'est déjà ça, compte tenu de tous les effectifs
qu'il y'a dans les salles. Vous allez vous rendre compte, il y'a un qui fait
Tle C, à certains moment il éprouve des difficultés pour
se retrouver dans sa salle surtout quand il y'a beaucoup d'élèves
sur la cours. Quand je le constate, je l'interpelle et je lui tiens la main
pour le ramener dans sa salle de classe. Tout comme à certains moments
certains de ses camarades l'aide aussi.
Question 3 : est-ce que vous observez en eux des
progrès scolaires ?
Réponse :ils ne font pas aussi
beaucoup d'efforts. Leurs performances scolaires ne sont pas bonnes. Des fois
quand on les interroge ils sont juste assis et prétendent ne pas avoir
suivi la question. Néanmoins, j'ai fait un constat, il y'en a qui ont
une grande capacité de synthèse. On dicte un paragraphe et ils le
synthétise rapidement en quelques mots et l'écrivent en braille.
Donc ils prennent l'essentiel dans les notes. Leurs mauvaises performances
s'expliquent aussi par le fait qu'il y'a certaines matières dans
lesquelles ils ne composent pas vu leur handicap. C'est le cas par exemple de
la PCT, les maths ..., parce qu'on n'a pas véritablement de cellule de
transcription en braille au lycée. On les laisse donc comme ça
sans composer ces matières. Ce n'est pas un traitement de faveur, mais
ça les handicape par la suite vu qu'ils n'ont pas le même niveau
que leurs camarades. C'est bien ça le paradoxe africain, on se bat avec
ce qu'on a. A cela étant, leurs performances sont mitigées, parce
qu'on a fait un constat qu'ils travaillent généralement bien
à la première séquence, comme ce sont les révisions
de l'année précédente. A partir de la deuxième
séquence en montant, les choses se compliquent parce que c'est
véritablement le programme de la classe qui a commencé. Si on
prend par exemple celui qui est en Tle C, il a eu 10, 34 à la
première séquence, 9,24 à la deuxième
séquence, 8,75 à la troisième séquence. Donc
vous-même vous voyez comment les performances sont instables. Chez
certains ça peut augmenter ou seulement le statuquo. Comme là
pour celle qui est en première A, elle a eue 11, 83 à la
première, 10,35 à la seconde et 9,78 à la troisième
séquence. Sans doute parce qu'elle redouble qu'elle a de fortes notes.
Mais généralement ils ont des notes assez passables.
Question 4 : vous parle tills de leurs
projets ?
Réponse : oui des projets ils en
ont. Ce sont quand même encore des enfants qui rêvent encore. Ils
savent qu'Etoo a réussi en jouant au ballon tout comme Paul Biya est
devenu président en faisant de la politique. Donc, ils ont des projets,
entre autres interprète, traducteur, enseignant, diplomate, journaliste,
psychologue pour malvoyant...Moi personnellement je les vois bien
réussir dans le journalisme, éditeur, ils peuvent bien le faire.
Ils ont également envie de faire des métiers qui ne cadrent pas
avec leurs capacités comme ingénieur, pétrochimiste...
C'est donc mon travail pour canaliser toutes leurs idées et envies en
leur donnant de plus amples informations sur les métiers à
travers le projet scolaire et professionnel, aussi bien en salle qu'au bureau.
Surtout que le rêve doit être fonction de ses aptitudes et de son
milieu.
Question 5 : êtes-vous au courant de leurs
inquiétudes scolaires ?
Réponse : on peut dire, vu que
c'est mon travail de les suivre sur le plan psychologique et sur le plan
scolaire. Ils ont des inquiétudes qu'ils expriment à travers leur
personnalité qu'ils s'efforcent de connaitre. Ce sont encore des enfants
et ils veulent bien savoir ce que les gens pensent d'eux. Dans ce cas, mon
travail consiste à leur donner des conseils pratiques et techniques pour
favoriser leur insertion aussi bien dans l'établissement que dans la
société. Surtout que le monde ne s'arrête pas seulement
à l'école. Ils doivent avoir des projets et se comporter comme
nous autres en ayant un travail où ils seront épanouis et en
fondant leur famille. Ils en ont également besoin comme nous. Et tout
cela se fait par le coaching du conseiller d'orientation qui doit guider ces
enfants pour qu'ils soient le moins vulnérable possible.
Question 6 : Participent ils aux activités
en classe ?
Réponse :on se bat comme on peut
avec eux. Ça dépend de la salle où je me trouve aussi. Si
je me rends compte qu'il y `a des malvoyants j'ajuste ma façon de
faire cours et je leur laisse la lassitude de s'exprimer. J'essaie de les
amener à s'exprimer en les interpellant directement par leurs noms. De
cette manière, ils savent que nous sommes avec eux. Hors mis ce fait,
pendant les causeries éducatives j'essaie de faire participer tous mes
élèves de la même manière y compris eux.
Généralement c'est moi qui les interroge, sauf si le sujet leur
plait qu'ils lèveront le doigt d'eux même.
Question 7 : comment est l'ambiance avec leurs
camarades.
Réponse : Disons que pendant les
cours ils sont assez posés. Ils vont rire quand il y'aura une blague
comme tous les autres. Pendant la pause, ils ne sont pas si à
l'étroit, je les observe souvent à partir du bureau. Donc je me
dis qu'avec certains camarades il y'a une bonne ambiance, tout comme avec
d'autres où le climat sera froid vu que tout le monde n'est pas
destiné à avoir autant d'amis. Une fois même, j'ai vu un
d'eux qui discutait avec une élève sur la cours, ça m'a
beaucoup surpris tout ça. Je me suis dit qu'il la draguait, mais bon si
c'est normal pour ceux qui voient bien ça doit l'être aussi pour
ceux et celles qui ont perdus la vue.
Question 8 : comment vous faites
cours ?
Réponse : à chaque fois
que j'entre en salle, je demande le rappel du cours précédent,
j'insiste à ce qu'ils nous disent comme tous les élèves ce
qu'ils ont retenus du cours précédent, et ensuite je marque le
titre de la session de formation du jour au tableau avec son plan. Je dicte
pour être à leur niveau et je m'arrange à beaucoup
expliquer et que la session de formation soit moins théorique, mais plus
pratique. Pendant mon cours j'amène plus les élèves
à s'exprimer et je leur laisse cette lassitude me poser autant de
questions que possibles, du moment où ça cadre avec le sujet du
jour. Chaque élève, sans distinction a donc sa place dans ma
classe. C'est le but de l'APC, qui place l'élève au centre des
apprentissages. Il est hors de question que vous soyez aveugles ou pas pour ne
pas répondre aux questions. Tous les élèves doivent
participer au cours. Généralement c'est de cette manière
que mon cours se présente.Aussi, à certains moments pendant la
session de formation, je me rapproche d'eux et leur demande s'ils ont des
difficultés. Je vais sur leur place et je leur demande de lire ce qu'ils
ont écrit dans leur cahier. Je leur laisse du temps pour s'exprimer au
cas où ils ont une question. Généralement pendant mon
cours, j'ai même développé une attitude selon laquelle je
leur accorde 5 à 10 minutes avant la fin du cours, où ils
peuvent poser toutes questions qui leur passe par l'esprit. Il faut
également prendre beaucoup de temps en dictant pour leur permettre
d'être à la ligne.
CONTENU DES ENTRETIENS
Journée du : 24/03/17
Entretien avec : l'enseignant n°1
De : 10h30 à 10h 50
Question 1 : est ce qu'il y'a des malvoyants dans vos
salles de classe ? Si oui environ combien ?
Réponse : oui dans l'une de mes
premières il y'en a deux.
Question 2 :comment vous faites avec eux ?
Réponse : vraiment ce n'est pas facile
de faire cours avec eux. La mathématique est une discipline assez
complexe pour ceux qui ont leurs deux yeux, imaginons donc ce que c'est pour
ceux qui sont atteint de cécité. Il y'a des formules qu'on
utilise, des plans à dessiner au tableau, es exercices à faire en
classe et à la maison. Je ne sais même pas s'il existe un livre de
mathématiques transcrit en braille. Ce n'est pas évident comme on
le pense. C'est l'une des raisons qui fait en sorte qu'on les évite
généralement parce qu'on ne sait pas par où on commencer
pour qu'ils comprennent ce cours.
Question 3 : est-ce que vous observez en eux des
progrès scolaires ?
Réponse : ils ne travaillent pas
assez. On sait qu'il leur manque quelques choses. Mais on ne sait comment
faire, surtout moi. Mon cours est très dense et ce n'est pas chose
facile. Je ne suis pas dure avec eux quand même.
Question 4 : vous parle tills de leurs lacunes dans
votre discipline ?
Réponse : on ne discute pas vraiment
ensemble. Je ne sais pas comment je vais m'y prendre. En plus, j'ai plusieurs
classes que je tiens et je ne peux pas me permettre de perdre du temps dans une
seule. J'évolue de la même manière dans les mêmes
classes donc je ne dois accuser aucun retard si je veux avancer sereinement.
Question 5 : êtes-vous au courant de leurs
inquiétudes scolaires ?
Réponse : c'est très difficile,
je ne sais quoi faire pour les aider. Je ne fais rien. Je ne sais pas par
où je vais commencer. C'est difficile à faire surtout en
mathématiques. Je ne peux rien faire pour eux. Je fais seulement mon
cours.
Question 6 : Participent ils aux activités en
classe ?
Réponse : à mon cours ils ne
participent pas vraiment. Mais à certains moments s'ils le veulent en
répondant juste à une ou deux questions que je pose à tous
les élèves. Mais quand il faut faire des exercices, je sais que
ce n'est pas évident pour eux et je préfère les laisser
à leur place suivre juste.
Question 7 : comment est l'ambiance avec leurs
camarades.
Réponse : je me dis qu'ils s'en
sortent et discutent entre eux. Ce sont encore des enfants. Il le faut bien.
Moi dès que je finis mon cours je reste soit dans la salle de prof, soit
je rentre à la maison.
Question 8 : comment vous faites cours ?
Réponse : Quand je fais cours, je
parle pour tout le monde au même moment. Ce n'est pas évident avec
le programme de mathématiques qu'il faut respecter et se soucier de tous
les élèves. Je pose également des questions et
j'écris au tableau.
CONTENU DES ENTRETIENS
Journée du : 24/03/17
Entretien avec : l'enseignant n°2
De : 11h à 11h15
Question 1 : est ce qu'il y'a des malvoyants dans vos
salles de classe ? Si oui environ combien ?
Réponse : oui dans ma seconde il y'en
a un et dans d'autres classes aussi. Au sein de l'établissement je pense
qu'ils peuvent être une dizaine.
Question 2 :comment vous faites avec eux ?
Réponse :disons que ce sont des
enfants que j'ai appris à comprendre. Ils ne sont pas différents
des autres. Tout au long de ma carrière j'en ai tenu quelques. Et
grâce à la formation de un mois que j'ai faite au CISPAM quand
j'enseignais encore à Bafoussam, j'ai été informée
sur comment les tenir. C'est vrai que la formation est différente du
terrain, mais j'ai appris à me débrouiller à ma
manière pour leur donner également les mêmes chances de
réussite que les autres. Néanmoins quand je fais cours je prends
le temps de les soutenir et de les encourager en dictant posément pour
leur permettre de retranscrire avec leur écriture braille. De temps en
temps je me rapproche d'eux et je leur demande s'ils sont à la ligne. Ou
tout simplement je me rapproche de lui et je sélectionne une phrase sur
son papier canson et je dirige son doigt pour qu'il me dise ce qu'il a
écrit, et si je me rends compte qu'il n'a pas bien saisi, je peux
utiliser un synonyme ou expliquer un peu pour que ça aille vite. C'est
ce que je fais mon niveau.
Question 3 : est-ce que vous observez en eux des
progrès scolaires ?
Réponse :Ils ne travaillent pas
vraiment bien. Mais il faut juste les encourager à travailler davantage.
Comme vous savez, ce sont des personnes vulnérables. Donc, à
certains moments je prends le temps de leur demander de lire la dernière
phrase qu'ils viennent d'écrire. Je m'arrange à les encourager
tout le temps. Ils en ont besoin
Question 4 : vous parle tills de leurs lacunes dans
votre discipline ?
Réponse : avec les effectifs que j'ai
là ce n'est pas évident de les soutenir tout le temps mais je
m'efforce quand même à aider ceux que j'estime qu'ils ont du
potentiel et qui font des efforts. La chance que j'aie c'est que je suis
enseignante de français et mon vocabulaire est assez bon. Je m'en
sers pour expliquer les mots difficiles au cas où ils ne comprennent
pas.
Question 5 : êtes-vous au courant de leurs
inquiétudes scolaires ?
Réponse : pas vraiment. Mais je sais
que la façon de dispenser les cours par certains enseignants ne les
arrange pas du tout.
Question 6 : Participent ils aux activités en
classe ?
Réponse :à certains moments
ils participent quand même comme ce n'est pas assez. Celui qui est dans
ma salle, de lui-même c'est rare, sauf si je l'interroge c'est à
ce moment qu'il fait un effort pour ouvrir la bouche. Il y'a un
élément très important c'est qu'il faut éviter de
les frustrer. Donc il faut de temps en temps les interroger pour qu'ils
participent en classe. Soutenir leurs propos et rappeler à leurs
camarades de ne pas se moquer parce qu'ils sont tous élèves et
bénéficient des mêmes droit.
Question 7 : comment est l'ambiance avec leurs
camarades.
Réponse : bon quand je suis en salle,
je n'observe pas véritablement un mauvais comportement des camarades.
Pour certains, ils sont ensemble depuis la classe de 6ème,
donc je me dis que côté discrimination, le temps a eu le dessus.
Question 8 : comment vous faites cours ?
Réponse : quand je fais mon cours
j'essaye de prendre en compte que j'ai certains élèves qui ne
sont pas comme les autres. Il y'en a qui ont un handicap qu'il faut beaucoup
encadrer et de ce fait je me rapproche d'eux pour qu'ils comprennent mieux mon
cours.Je les interroge comme tous les autres élèves. On doit
suivre leur voix comme ils suivent aussi pour les autres. Je leur laisse du
temps pour parler. Et je demande aux autres élèves de les suivre
attentivement. A travers leur culture générale certains peuvent
avoir de bonnes questions/réponses. On prend un peu de temps pour
discuter ensemble surtout quand je lui demande ce qu'il a retenu de la
leçon du jour. En faisant le cours, je peux reformuler pour que les uns
et les autres comprennent mieux. Pendant que je fais cours-je leur pause
à tous des questions pour connaitre si mon cours est assimilé.
Pendant mon cours je pose des questions et je permets à tous les
élèves d'y répondre sans distinction.
CONTENU DES MATIERES
Journée du : 27/03/17
Entretien avec : les camarades (focus
group)
De : 12h 25 à 12h55
Question 1 : comment sont les relations entre
vous et vos camarades malvoyants ?
Réponses :
- G1 : nous on s'entend avec eux sans
problèmes. Ce sont nos camarades aussi.
- G2 : c'est plus facile quand ils
décident de s'ouvrir eux même comme ça on les aide à
notre manière.
- G3 : pour ça ils sont
déjà intégrés. Quand on lance les blagues en salle
ils rient et savent de quoi on parle.
- G4 : c'est moi son voisin de banc. Il est
juste assis à côté de moi. Des fois, nous on fait souvent
nos commentaires de football. Jusqu'à c'est moi qui lui ai appris
comment on joue au pari foot. (Rire)
- G5 : je n'ai vraiment de problèmes
avec eux. Mais chacun est dans son coin. Je ne leur demande rien et eux
également.
- G6 : je marche souvent avec une malvoyante
qui est mon amie. Nous on s'entend plutôt bien. Elle n'est pas si
différente comme je le pensais au début.
- G7 : ce sont des élèves comme
nous tous. Ils sont dans leur bulle nous également.
Question 2 : En classe, participent ils aux
activités ?
Réponses :
- G1 : il ne fait rien. Sauf si les
enseignants l'interroge comme ils le font avec nous tous.
- G2 : il ne peut pas balayer c'est difficile
pour lui.
- G3 : moi ça ne me dérange pas
s'il ne balaie pas la salle de classe avec nous.
- G4 : nous on a déjà compris
qu'il ne faut pas trop les déranger. Donc on les laisse souvent.
- G5 : c'est vrai que ce sont des
élèves comme nous. On met la même tenue. Mais des fois
quand le chef de classe fait les listes de balayage il introduit souvent leurs
noms pourtant il sait bien qu'ils ne peuvent rien faire. et c'est nous qui
balayons plus. Et c'est la même chose pendant les cours, ils ont dans
leur coin, je comprends bien que c'est difficile mais il faut s'adapter
aussi.
- G6 : rien
- G7 : j'aurai voulu qu'ils participent au
moins à quelque chose, comme garder la craie ou l'effaçoire.
Pourquoi ne pas effacer le tableau pour leur permettre de sortir de leur monde
et d'apprendre aussi comment nous on fait.
Question 3 : Comment expliquez-vous leurs lacunes
dans les matières en classe ?
Réponses :
- G1 : on sait que ce n'est pas
évident pour eux avec le rythme des enseignants. Dès fois ils
vont très vite et nous-même on n'a de la peine à suivre
combien de fois eux. On essaie juste de les comprendre. On s'entraide comme on
peut. Des fois on peut se soutenir en leur expliquant les exercices surtout en
maths. La SVT, aussi avec les dessins qu'on essaie de décrire pour
qu'ils puissent un peu imaginer.
- G2 : la frustration, la moquerie des
camarades s'ils répondent mal aux questions
- G3 : ils ne sont pas vraiment à
l'aide en classe. Nous on voit bien eux non. Et quand les enseignants viennent
faire cours ils ne tiennent pas compte de leur présence. Ils me font de
la peine des fois. Mais que faire ?
- G4 :la non motivation des enseignants. Les
enseignants ne les motivent pas assez. Ils font cours sans tenir compte de leur
handicap
- G5 : c'est parce qu'ils sont beaucoup
renfermés sur eux même.
- G6 : la peur de répondre aux
questions
- G7 : cela s'explique par le fait qu'ils
sont aussi toujours dans leur coin. Ce n'est pas évident de savoir
à quoi ils pensent. Du coup j'imagine un peu ce qui peut passer dans la
tête des uns et des autres les concernant. Moi pendant le cours, si je ne
comprends pas je demande à l'enseignant de reformuler. Eux aussi peuvent
bien le faire. on dit souvent aide toi et le ciel t'aidera.
Question 4 : que font le conseiller d'orientation
et l'enseignant pour eux ?
Réponses :
- G1 : il y'a certains qui se
concentrent sur eux. Et d'autres font aussi comme ça comme s'ils ne sont
pas là.
- G2 : le conseiller d'orientation
essaie à certains moments de les aider. Ça dépend de sa
forme. L'enseignant de mathématiques alors ne les gère même
pas.
- G3 : pas grand-chose hein. Moi je
n'observe pas d'efforts de leur part. ils sont abandonnés à eux
même.
- G4 : le professeur de français
des fois quand ça l'arrange. Elle peut leur poser des questions pour les
amener à parler.
- G5 : rien.
- G6 : comme certains de mes camarades
ont eu à le dire tout à l'heure, ils sont abandonnés
à eux même.
- G7 : les enseignants dictent beaucoup
ici pendant les cours. Le conseiller d'orientation c'est seulement pendant la
session de formation qu'on le voit. Donc il vient faire son show et partir. Il
bavarde beaucoup celui-là.
CONTENU DES ENTRETIENS
Journée du : 24/03/17
Entretien avec : le parent
De : 15h20 à 15h 40
Question 1 : votre enfant est malvoyant depuis
combien de temps ?
Réponse : il a perdu la vue
à l'âge de 07 ans à cause de l'utilisation des collyres
périmés. En achetant ça je ne savais pas que ce
n'était plus bon. Voilà donc comment mon fils a perdu la vue
quelques jours plus tard. Sa vue a tellement baissée depuis quelques
temps. Mais il distingue un peu la lumière du jour.
Question 2 : comment vous faites avec
lui ?
Réponse : C'est mon enfant et je
ne peux que l'assister comme je peux. Chaque soir je vérifie ses
documents s'il les a tous et je l'aide à ranger ce qu'il utilisera le
lendemain. Tellement ça me gênait de ne pas pouvoir suivre sa
façon de prendre les notes, j'ai dû apprendre l'écriture
braille pour savoir ce qu'il écrit vraiment dans son papier canson. Lui
et moi on communique assez bien. Donc je l'aide à réviser aussi
comme je suis institutrice.
Question 2 : comment est l'ambiance avec ses
camarades ?
Réponse :Je viens souvent le
chercher à la sortie des classes comme on habite à
côté. Il y'a toujours un de ses camarades qui est avec lui et qui
m'attendent. Ses camarades me connaissent déjà bien, puisque je
suis au lycée là-bas presque tous les jours pour le chercher. Et
certains le taquinent souvent que « Toi au moins ta mère
vient te chercher !». Ça m'amuse souvent quand il sourit et se
laisse aller à ce jeu qui n'est pas moqueur. Une fois il a même
répondu que c'est parce qu'il a une mère géniale, que je
l'aime tellement et c'est la raison pour laquelle je viens le chercher tout le
temps. Et de le voir s'essayer à vouloir jouer au ballon avec ses
camarades à la sortie, ça montre qu'il est intégré
déjà et qu'il stresse moins sur son handicap. Donc je me dis
déjà que ses camarades se sont déjà habitués
à lui.
Question 3 : selon vous, participe-t-il aux
activités en salle ?
Réponse : je lui demande souvent.
Mais je sais qu'il ne peut pas. Ce n'est pas facile pour lui avec ce handicap.
Perdre la vue du jour au lendemain, ce n'est pas facile à surmonter.
C'est le genre qui te suis durant toute ta vie. Je sais quand même que
mon enfant ne peut pas balayer la salle de classe. Si non il sera toujours
malade. Mais je lui demande souvent s'il peut faire autre chose par
compensation. Il me dit souvent qu'il ne peut rien faire et je laisse. Est-ce
que je peux le forcer. Mais en classe, j'exige beaucoup qu'il réponde et
qu'il s'impose devant ses camarades à travers son intelligence.
Ça va l'aider à vaincre son handicap.
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE
i
DEDICACE
iii
REMERCIEMENTS
iv
LISTE DES SIGLES, DES ABREVIATIONS ET DES ACRONYMES
v
LISTE DES FIGURES
vi
LISTE DES TABLEAUX
vii
RESUME
viii
ABSTRACT
ix
INTRODUCTION GENERALE
1
CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE
3
1.1 CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE
3
1.2. POSITION ET FORMULATION DU PROBLEME
11
1.3. QUESTIONS DE RECHERCHE
12
1.3.1. Question principale de recherche
12
1.3.2. Questions secondaires de recherche
12
1.4. OBJECTIFS DE L'ETUDE
12
1.4.1. Objectif général de recherche
12
1.4.2. Objectifs spécifiques de recherche
13
1.5. INTERETS DE L'ETUDE
13
1. 5.1. Intérêt social
13
1. 5.2. Intérêt pédagogique
14
1. 5.3. Intérêt scientifique
14
1. 6. DELIMITATION DE L'ETUDE
16
1. 6.1. Du point de vue spatial ou géographique
16
1. 6.2. Du point de vue temporel
16
1. 6.3. Du point de vue thématique
17
CHAPITRE 2 : INSERTION THEORIQUE DU SUJET
18
2.1. DEFINITIONS DES CONCEPTS CLES
18
2.1.1. Déficience visuelle
18
2.1.1.1. Déficience
18
2.1.1.2. Types de déficience visuelle
19
2.1.1.3. Les difficultés rencontrées par les
déficients visuels en milieu scolaire
21
2.1.2. Le concept d'étayage
26
2.1.2.1. Etayage en psychanalyse
26
2.1.2.2. Etayage dans les situations de médiation pour
apprendre
28
2.1.3. Adaptation scolaire
29
2.1.3.1. Le concept d'adaptation
29
2.1.3.2. Les capacités d'adaptation
30
2.1.3.3. Les aptitudes nécessaires à l'adaptation
scolaire
31
2.2. REVUE DE LA LITTERATURE
32
2.2.1. Etayage socio affectif
33
2.2.1.1. Etayage sous forme de médiation
33
2.2.1.2. Etayage et situation d'apprentissage
35
2.2.2. Etayage langagier ou cognitif
36
2.2.2.1. Le langage à l'école : un langage
d'étayage basé sur le dispositif de tutelle
36
2.2.2.2. Etayage et développement du langage
38
2.2.3. Synthèse de la revue
40
2.3. THEORIE EXPLICATIVE
41
2.3.1. Médiation sociale et conduite
d'enseignement-apprentissage
42
2.3.2. Précision et formulation de la question de
recherche
45
2.3.3. Hypothèses de l'étude
46
2.3.3.1. Hypothèse générale de la recherche
47
2.3.3.2. Définitions des variables de l'étude
47
2.3.3.3. Hypothèses de recherche
49
CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE DE L'ETUDE
51
3.1. TYPE DE RECHERCHE
51
3.2. SITE DE L'ETUDE
51
3.3. POPULATION DE L'ETUDE
52
3.4. CRITERES DE SELECTION DES SUJETS (ECHANTILLONNAGE)
52
3.5. LA SELECTION DES PARTICIPANTS
53
3.6. PRESENTATION DES PARTICIPANTS
53
3.6.1. Présentation des élèves
déficients visuels
54
3.6.2. Présentation des enseignants
54
3.6.3. Présentation des conseillers d'orientation
55
3.6.4. Présentation du parent
55
3.6.5. Présentation du focus group
55
3.7. INSTRUMENTS DE COLLECTE DES DONNES
57
3.7.1. Entretien individuel
57
3.7.2. Etape de construction de l'entretien
57
3.7.3. Présentation et description de l'instrument
58
3.7.4. Présentation des thèmes du guide
d'entretien
58
3.8. CADRE ET DÉROULEMENT DES ENTRETIENS
59
3.8.1. Cadre de l'entretien individuel
59
3.8.2. Déroulement de l'entretien individuel
60
3.8.3. Focus group discussion
61
3.8.3.1. Cadre du focus group
61
3.9. METHODE D'ANALYSE
62
3.10. TECHNIQUES DE DEPOUILLEMENT DES RESULTATS
64
3.10.1. Transcription des interviews et de l'observation
64
3.10.2. Codage des données
64
CHAPITRE 4 : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS
66
4.1. IDENTIFICATION DES PARTICIPANTS
66
4.2. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS SELON LES
THÈMES D'ÉTUDE
67
4.2.1. Etayage socioaffectif
67
4.2.2. Etayage cognitif ou langagier
73
4.2.3. Aptitudes envers l'école et les activités
d'apprentissage
76
4.2.4. Relation avec les autres
79
4.2.5. Synthèse des analyses
83
CHAPITRE 5 : INTERPRETATION DES RESULTATS ET PERSPECTIVES
86
5.1. RAPPEL DES DONNÉES EMPIRIQUES ET THÉORIQUES
86
5.1.1. Rappel des données empiriques
86
5.1.2. Rappel des données théoriques
87
5.2. INTERPRETATION DES RESULTATS
88
5.2.1. De la qualité de l'étayage socio-affectif au
niveau d'adaptation de l'élève déficient visuel
88
5.2.2. De la qualité de l'étayage cognitif et
langagier au niveau d'adaptation du déficient visuel
89
5.3. PERSPECTIVES
90
5.3.1. Perspectives théoriques
90
5.3.2. Perspectives professionnelles
91
5.3.2.1. Le modèle résolutif (Le modèle
social du handicap selon Rieser)
92
5.3.2.2. Quelques propositions
94
5.3.2.2.1. Au niveau de la prise d'information visuelle et de la
prise en compte des aspects comportementaux liés à la
déficience visuelle en milieu scolaire
94
5.3.2.2.1.1. Moyens auxiliaires et aides à la prise
d'information visuelle
94
5.3.2.2.1.2. Prise en compte des aspects comportementaux
liés à la déficience visuelle en milieu scolaire
98
5.3.2.2.2. Une pédagogie différenciée propre
à soutenir les élèves avec une déficience visuelle
101
5.3.2.2.3. Mesures de compensation des désavantages des
malvoyants en milieu scolaire
106
CONCLUSION GENERALE
111
ANNEXES
119
TABLE DES MATIERES
141