PARTIE I :
L'INTERNATIONALISATION DE LA PERFORMANCE
BANCAIRE
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La globalisation de l'économie mondiale sous
l'impulsion des firmes multinationales (FMN) a entraîné la
transnationalisation des circuits monétaires et financiers15.
Dès lors, on a assisté à l'essor des banques
multinationales (BMN) dont le rôle premier était d'accompagner les
FMN dans leur expansion mondiale. Le développement des marchés
financiers dans les années 80, sous l'impulsion d'un gigantesque
mouvement d'innovation et d'internationalisation a abouti à son tour
à une globalisation des faits, des outils et des structures
financières. Cette globalisation se caractérise de nos jours par
l'intégration des marchés, c'est-à-dire une mise en place
d'étroites relations entre les marchés et cela aussi bien au plan
national qu'international.
L'internationalisation des banques apparaît donc d'une
part, comme une « contrainte », une réponse à une
modification de l'environnement, et d'autre part, comme une manifestation de la
volonté des banques d'accroître leur part de marché. Aussi,
plusieurs raisons justifient la diversification géographique des
banques, dont notamment la quête d'une meilleure performance.
En effet, la performance des banques à l'international
reste un sujet préoccupant pour les managers des BMN. Ce sujet est
d'autant plus préoccupant pour les banques exerçant en Afrique
subsaharienne à l'instar des grandes banques africaines dont la
présence dans le secteur bancaire africain est de plus en plus
prépondérante.
Fort donc de la position stratégique qu'elles occupent
dans le paysage financier du continent, il importe de comprendre les enjeux de
la régionalisation des banques africaines sur le continent. C'est dans
cette optique que se positionne cette partie de notre étude qui se
propose de déterminer le lien qui existe entre l'internationalisation de
ces banques et les performances qu'elles réalisent. Pour ce faire nous
l'avons subdivisé en deux chapitres : Dans le premier, nous explicitons
les différents concepts ainsi que les principaux domaines de la
performance bancaire. Le second chapitre sera consacré à
l'étude des liens qui existent entre l'internationalisation et la
performance bancaire.
15 Charles Michalet, Le capitalisme mondial,
coll. « Economie et liberté », PUF, 1976
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CHAPITRE I : CONCEPTS ET DOMAINES DE LA PERFORMANCE
BANCAIRE
La mondialisation et la globalisation financière ont
fortement impulsé la croissance mondiale ces vingt dernières
années. Le capitalisme international productif et financier a assis sa
domination sur l'économie mondiale contribuant ainsi à une forte
croissance qui a particulièrement bénéficié au pays
en voie de développement.
Cependant, l'économie mondiale, et, avec elle, les
institutions financières ont été secouées par une
crise financière sans précédent en 2008, ce qui montre une
fois encore l'impératif recours à un mode de gestion
adéquat pour faire face aux risques en terme de stabilité et
soutenabilité d'un mode de croissance impulsé par les firmes
internationales et les grands groupes bancaires.
Avec l'avènement de la mondialisation, le monde
bancaire et financier a connu un prodigieux développement et une
véritable révolution sans répit :
déréglementation, décloisonnement des activités,
désintermédiation, et récemment la crise financière
internationale Cette vague de changements s'est accompagnée d'une
intensification de la compétition entre différents acteurs du
secteur bancaire.
Dans un tel environnement de plus en plus compétitif,
les banques se doivent d'être de plus en plus performantes. L'objet du
présent chapitre est donc d'analyser la performance bancaire. Pour ce
faire, nous nous proposons d'abord de clarifier le concept de performance
(Section I), avant de nous attarder sur les principaux domaines de la
performance bancaire (Section II).
SECTION I : CONCEPTUALISATION PLURIELLE DE LA
PERFORMANCE
Le terme performance est largement utilisé dans le
champ de la gestion mais avec une multitude de définitions, comme
l'exprime si bien Adrien Payette : « Il n'y a pas de définition
universelle et globale de la performance, et il est inutile d'en chercher une
». Ce qui renvoie à la polysémie de ce mot. Ainsi la notion
de performance renvoie indifféremment à plusieurs traductions :
économique (compétitivité), financière
(rentabilité), juridique (solvabilité) et organisationnelle
(efficience), et toutes ces performances se mêlent et se côtoient
au sein de
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chaque entreprise. Nous tenterons dans cette section de cerner
les contours de cette diversité sémantique.
A : DEFINITION DE LA PERFORMANCE
Le mot « performance » existe depuis très
longtemps dans d'autres domaines que celui de la gestion des entreprises.
L'utiliser à propos d'une fin d'entreprise revient à
considérer deux métaphores.
Historiquement, la performance apparaît d'abord dans les
univers du sport et de la mécanique, dans lesquels elle est
quotidiennement utilisée. Le mot performance désigne depuis le
milieu du XIXème siècle, les résultats obtenus par un
cheval lors d'une course, puis ceux d'un athlète ou d'une équipe
sportive, et, depuis le début du XXème siècle, il
désigne également les indications chiffrées
caractérisant les possibilités d'une machine.
La métaphore mécanique renforce la dimension
rationnelle et utilitaire de la performance La métaphore sportive
suggère des représentations idéologiques des valeurs comme
l'effort, le dépassement, le progrès, mais aussi des modes de
relations sociales : la compétition, l'équité, la
coopération16.
1 : Notion de performance
La performance est une notion très vague, qu'il
convient de cerner à travers les différentes contributions
scientifiques traitant ce concept.
Le mot performance est polysémique, il prend des sens
changeant, mais que l'on peut toujours rattacher à l'un/et l'autre des
trois sens primaires ci-dessous [Bourguignon, (1995)]17
? Elle se traduit par un résultat
La performance est donc le résultat d'actions
coordonnées, cohérentes entre elles, qui ont mobilisé des
moyens (personnel, investissement), ce qui suppose que l'organisation dispose
d'un potentiel de réalisation (compétences du personnel,
technologies, organisation, etc...)
16 Bernard COLASSE, Encyclopédie de
comptabilité, Contrôle de gestion et Audit, 2ème
édition, Economica, Paris, 2009, P. 1123
17 B. DORIATH, C. COUJET, Gestion
prévisionnelle et mesure de la performance, 2ème
édition, Dunod, Paris, 2005, P. 166
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? Elle s'apprécie par une
comparaison
La réalisation est comparée aux objectifs,
grâce à un ensemble d'indicateurs, chiffrés ou non. La
comparaison suppose une forme de compétition, faire mieux que lors de la
période précédente, rejoindre ou dépasser les
objectifs. Elle donne lieu à interprétation, jugement de valeur
qui peut différer en fonction des acteurs concernés
(actionnaires, dirigeants, syndicalistes).
? La comparaison traduit le succès de
l'action
La notion de performance étant positive, la performance
est donc une notion relative (résultat d'une comparaison), multiple
(diversité des objectifs) et subjective (dépendant de l'acteur
qui l'évalue).
? Elle résulte de la définition
d'un champ de responsabilité
Philippe LORINO définit la performance comme
étant « Tout ce qui est, et seulement ce qui contribue à
l'amélioration du couple (valeur-coût), à contrario, n'est
pas forcément performance ce qui contribue à diminuer le
coût ou à augmenter la valeur isolément ». Elle est
aussi, « tout ce qui, et seulement ce qui contribue à l'atteinte
des objectifs stratégiques »18
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