2 : Le risque bancaire non financier
Le risque bancaire non financier est quant à lui
désigné comme somme de deux risques : le risque
opérationnel et le risque stratégique. Et dans un contexte
international, au risque pays.
2.1 Le risque opérationnel
Le risque opérationnel est lié aux pertes que
peut subir une banque à cause d'une mauvaise gestion du personnel ou
d'une défaillance dans l'organisation économique et sociale de
l'entité. Le risque opérationnel est défini par le
comité de Bâle comme un risque de perte résultant des
structures internes qui s'avèrent inadaptées à la
structure de la banque. Ce risque peut découler de fraudes internes ou
encore externes, des problèmes liés à la gestion du
personnel, à la relation client ou encore à la mauvaise
application de règles de gestion du risque bancaire. Le risque
opérationnel est clairement pris en compte pour la première fois
dans le comité de Bâle en 2001. Dans la définition du
comité de Bâle du risque opérationnel, on retrouve
également la notion de risque juridique. Quatre types de risques ont
été intégrés au risque opérationnel :
- Le risque inhérent aux personnes et aux relations entre
les personnes ; - Le risque lié aux procédures
- Le risque lié au système
57
- Le risque lié au tiers
Le risque propre aux personnes et aux relations entre
personnes peut être relié au non-respect par exemple de la
réglementation fiscale. Il englobe toutes les pertes occasionnées
par les actions, volontaires ou non, des collaborateurs ou par des mauvaises
relations que la banque entretient avec ses actionnaires, sa clientèle
ou des tierces parties. On peut également intégrer dans le risque
opérationnel le risque pays lié à une zone
géographique dans laquelle a banque aurait des engagements trop
importants.
Le risque inhérent aux procédures
représente les pertes réalisées à la suite de
l'échec des transactions sur les comptes clients ou liées
à l'échec de toute autre activité courante de la banque.
Il peut également être défini comme un risque
administratif. Ces mauvais fonctionnements sont souvent liés au
système d'information ou à l'ensemble du système
informatique.
2.2 Le risque stratégique
Le risque stratégique est un risque qui concerne la
politique commerciale de la banque. Il intègre les capacités du
gestionnaire à prendre de bonnes décisions. Ce risque reste
difficilement quantifiable et est d'ailleurs exclu des rapports du
comité de Bâle [Lamarque, (2008)]. Il n'est donc pas pris en
compte dans la mesure de la part des fonds propres. Le risque
stratégique a souvent été la cause de grandes crises
financières et bancaires. En effet, la volonté des banques
européennes, notamment des banques françaises dès la fin
des années 1990 de s'orienter vers une activité universelle en
est la preuve.
2.3 Le risque pays
Lorsqu'une banque décide de s'implanter dans un pays
elle doit faire face à ce que Lamarque (2008) définit comme un
risque d'exploitation ou de contrepartie : le risque pays.
En effet, le risque pressenti dans un pays peut être un
facteur déterminant pour l'implantation. Il représente une
barrière à l'entrée pour les banques. Lamarque (2008)
détermine le risque pays comme le total de trois risques à savoir
: le risque souverain (lié à une instabilité politique ou
au niveau de la dette publique de l'Etat), le risque de transfert et de
convertibilité (dû à une restriction au
niveau du système de change) et le risque systémique de
contrepartie (qui est la résultante de la contagion de la sphère
économique d'une crise associée à la sphère
financière).
Cerutti et al. (2007) démontent que le risque pays est
la résultante de déterminants économiques et politiques
tels que la stabilité des taux de change ou encore le niveau de la dette
publique d'un pays. Ce risque est donc lié pour ces auteurs au risque
politique et économique. Coeurderoy et Quelin (1997) expliquent que
l'organisation politique, sociale et économique d'un pays a des
incidences sur l'orientation internationale d'une banque. Les dissimilitudes
dans la langue, la culture, ainsi que le risque politique représentent
pour tout investisseur potentiel un risque. Ils démontent ainsi que :
« Les facteurs politiques et socioculturels influent donc nettement
sur le choix d'organisation à l'international (...) les
différences sociales, l'écart culturel, la stabilité
politique, etc... (...) créent un niveau d'incertitude pour
l'investisseur, un risque pays. Plus ce risque est élevé, plus la
firme éprouve de difficultés à gérer une relation
de marché et est tentée de protéger ses actifs
spécifiques par l'internationalisation »59.
Figure 5 : Risques financiers et non
financiers
RISQUES FINANCIERS
RISQUES NON FINANCIERS
Défaillance de contrepartie
-Taux d'intérêt
- Taux de change - Valeur action
Risque d'illiquidité
Risque de contrepartie ou de crédit
Risque de prix
Incapacité à rembourser ses dettes
Risque opérationnel
Risque pays
Risque stratégique
Facteurs politiques, économiques, sociaux et
culturels
-Risque de perte - Risque juridique -Risques liés
aux personnes et aux tiers
Politique commerciale
58
Source : Lamarque (2008)
59 Voir Coeurderoy, R. Et Quelin B. (1997), P. 163,
L'économie des coûts de transaction : un bilan des études
empiriques sur l'intégration verticale, Revue d'Economie Politique, Vol.
107, n°2, pp. 145-181
59
La figure ci-dessus illustre les différentes dimensions
du risque bancaire selon Lamarque (2008). Le risque bancaire, qui est un
indicateur non financier de choix pour mesurer la performance bancaire à
l'international représente également un déterminant
important dans le choix de la modalité d'implantation d'une banque
à l'étranger.
En substance de cette première partie, l'une des
principales raisons pour lesquelles les banques s'internationalisent est la
quête d'une meilleure performance. La notion de performance est
polysémique, elle repose sur deux critères essentiels et se
mesure suivant des objectifs bien définis et sur la base d'un nombre de
principes. La performance bancaire s'étend à cet effet sur
plusieurs domaines : elle est d'une part financière (ou quantitative) et
d'autre part non financière (ou qualitative).
Si l'internationalisation bancaire a suscité beaucoup
d'études, très peu d'entre elles s'accordent sur ses effets
effectifs sur la performance des banques. Néanmoins, il est admis d'un
côté que l'internationalisation élargi le pouvoir de
margé des banques et les rend plus efficientes dans leur objectif de
rentabilité. D'un autre côté, l'implantation à
l'étranger est source de risques, qui si mal gérés,
peuvent détériorer la performance de la banque.
Cette première partie nous a permis de
développer nos hypothèses formulées à
l'introduction de cette étude, et que nous hiérarchisons de la
manière suivante :
Hypothèse H1 : L'incapacité
à satisfaire la clientèle fragilise la performance des BA au
Cameroun.
Hypothèse H2 : La
régionalisation des banques africaines a un impact positif sur leur
performance au Cameroun.
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