CONCLUSION
Au terme de ce présent chapitre, on peut affirmer avec
certitude que contrairement aux affirmations européocentristes qui
consacrent le dogme selon lequel la protection et la conservation du patrimoine
culturel est absolument liée à l'initiative occidentale, le souci
de la survivance du patrimoine culturel africain et Bandjoun en particulier,
anime ses acteurs longtemps avant la pénétration
européenne. Cette volonté de la chefferie Bandjoun à
protéger son patrimoine culturel s'est manifestée pendant la
période précoloniale par le renforcement de l'autorité du
chef devant les menaces sécessionnistes des royaumes vassaux, la
création des cases patrimoniales embryonnaires, la mise en place des
sociétés sécrètes, et le système de mariage
princesses et artistes. En outre, avec la pénétration
occidentale, la chefferie Bandjoun a également fait preuve de bravoure
et de résistance face à l'assaut destructeur du patrimoine
culturel qu'est la colonisation. Pour le faire, l'attitude pacifiste du
monarque Fotso II face aux allemands et sa révolte contre le
système religieux français ont été les principales
armes. Enfin, au lendemain de l'indépendance, la chefferie Bandjoun
adopte comme stratégies de protection de son patrimoine culturel
les festivals culturels et l'établissement d'une case patrimoniale.
CONCLUSION GENERALE
Notre sujet de recherche intitulé
« patrimoine culturel Bandjoun : Destructions et
stratégies de protection (1904-1905) », nous a plongé
dans l'univers civilisationnel de la chefferie Bandjoun par le biais de sa
production culturelle.
Plusieurs préoccupations construites sur la base des
hypothèses ont orienté notre démarche
méthodologique lors de cette investigation. D'abord la toute
première interrogation était centrée sur le lien
relationnel entre le milieu naturel, humain et la production du patrimoine
culturel Bandjoun. La deuxième préoccupation était
axée sur les composantes du patrimoine culturel Bandjoun avant tout
contact avec l'extérieur. La troisième quant à elle
tournait autour des facteurs responsables de la destruction du patrimoine
culturel Todjom. Enfin, la dernière interrogation pour sa part avait
l'ambition de déceler les stratégies déployées par
la chefferie Bandjoun pour assurer la survivance de son patrimoine culturel.
Ainsi, nous somme parvenu à la vérification des
hypothèses de départ qui se déclinent dans les
résultats suivant :
Le milieu naturel et humain ont été de
véritables atouts pour la production culturelle de la chefferie
Bandjoun. Parlant du milieu naturel, nous avons constaté que le relief,
l'hydrographie et la végétation sont ces éléments
physiques qui ont permis à Bandjoun de bâtir un patrimoine
culturel riche et varié. Si les montagnes, les collines les rochers
éléments constitutifs des inégalités du sol ont
servi de bâtis, des lieux saints, des milieux de purification et des
sanctuaires, la végétation quant à elle a fourni les
matières premières pour la fabrication des produits artisanaux du
domaine de la vannerie, de la sculpture, du mobilier... Bien plus, cette
végétation assez riche du point de vue faunique a donné
aux artistes Bandjoun la matière première pour produire plusieurs
objets sacrés. L'hydrographie a joué le même rôle que
les éléments du relief. Abordant l'aspect humain, nous nous
sommes rendus à l'évidence que Bandjoun a connu 15 monarques
depuis sa fondation jusqu'nos jours. Chacun d'une manière
particulière à impacter le patrimoine culturel Bandjoun soit dans
une perspective de protection soit dans une perspective de destruction ou
encore dans une perspective mixte.
Nous avons démontré qu'avant la colonisation,
Bandjoun avait construit un socle patrimonial extrêmement varié.
Ce socle patrimonial présentait deux facettes : le patrimoine
culturel matériel et le patrimoine culturel immatériel. Dans la
production culturelle matérielle, les artistes Bandjoun dans leur grande
habileté, créativité et curiosité avaient
fabriqué plusieurs objets au rang desquels la vannerie (les
paniers, les corbeilles, les mobiliers issus du bambou, les greniers
externes...), la sculpture (les masques, les cadres des portes, les
sièges royaux, les tambours...), les produits de la forge
(Pièges, flèches et autres outils de la chasse, les instruments
de musique, ...). La facette immatérielle de ce patrimoine culturel
Bandjoun était constituée des sociétés
sécrètes attribuées aux danses traditionnelles, un
puissant système religieux, la manipulation du kè, les
rites, l'éducation, un hymne et les rites traditionnels.
Notre travail nous a permis de comprendre que les facteurs
responsables de la destruction du patrimoine culturel Bandjoun sont à la
fois exogènes et endogènes. Plusieurs forces d'origine externe
ont contribué à la destruction du patrimoine culturel Bandjoun.
D'abord les alinéas naturels, les facteurs historiques religieux et
l'action politique du colon. En outre , la destruction du patrimoine culturel
de la chefferie Bandjoun trouve ses racines en internes notamment une mauvaise
conservation des objets patrimoniaux, les querelles de successions,
l'attribution fantaisiste des titres de notabilité, la rupture de
transmission du savoir-faire et une désinvolture manifeste de la
jeunesse.
Enfin, Face à la situation calamiteuse, la chefferie
Bandjoun s'est toujours montrée tenace à la protection et
à la survivance de ce patrimoine culturel. C'est la raison pour laquelle
de la période précoloniale à la période coloniale,
des stratégies de protection du patrimoine culturel Bandjoun ont
été déployées par les acteurs en charge de sa
protection. Pendant la période précoloniale, on a observé
les actions telles que le renforcement de l'autorité du chef
devant les menaces sécessionnistes des royaumes vassaux, la
création des cases patrimoniales embryonnaires, la mise en place des
sociétés sécrètes, et le système de mariage
princesses et artistes. En outre, durant les périodes coloniales un
individu seul incarne la stratégie de protection du patrimoine culturel
Bandjoun à savoir Fotso II. Ce dernier qui se montra pacifiste face
aux allemands et rebelle contre le système religieux français.
Au lendemain de l'indépendance, la chefferie Bandjoun adopte des
stratégies de protection pouvant permettre de faire face à la
mondialisation : les festivals culturels et l'établissement d'une case
Patrimoniale.
Au regard des différents enjeux que constitue le
patrimoine culturel, il est donc urgent voire indispensable de
pérenniser et d'améliorer les systèmes de protection de ce
patrimoine culturel car il est non seulement source de l'histoire mais aussi
l'histoire.
|