Patrimoine culturel Bandjoun. Destruction et stratégies de protection (1904-2005).par Jacques Simo Djilo Université de Dschang Cameroun - Master 2 2018 |
4.2.2 Le combat de Fotso II contre la substitution des valeurs culturelles Bandjoun par celles de la religion chrétienne imposées par les missionnaires français.Si pendant la période allemande on a observé un essai de symbiose des valeurs culturelles, tel ne sera pas le cas avec la présence française à travers les missionnaires de Paris. Ces derniers commencèrent par attaquer les points les plus sensibles du patrimoine culturel Bandjoun notamment la polygamie. Cette attitude des missionnaires était perçue par certains dignitaires Bandjoun avec pour prototype le roi Fotso II comme une stratégie d'anéantissement des valeurs culturelles raison pour laquelle ils commencèrent à s'opposer. A ce propos Slageren une fois de plus rapporte : Le rite du baptême et la condamnation de la polygamie suscitèrent des réactions parfois violentes du côté de Fotso II et ses notables. Le baptême fût qualifié de sacrilège et d'acte devant aboutir à la mort du pays. Les persécutions qui s'étendirent sur tout le plateau bamiléké furent particulièrement sévères à Bandjoun. Fotso II ordonna la fermeture des églises et des écoles à proximité du palais royal. Les chrétiens passaient pour une classe de racaille qui, sous le vernis d'un culte occulte soulevait le peuple contre le roi.215(*) Par cette attitude, il ressort clairement que le roi Fotso II tenait absolument à la survivance du patrimoine culturel immatériel notamment le système d'organisation religieuse et matrimoniale. 4.2.3 L'anéantissement Par Kamga II d'une rébellionEn 1925, la chefferie Bandjoun était pratiquement sur la ligne rouge d'une guerre civile suite au détournement de la succession du roi Mbouopda au détriment de son frère Kamga II. En effet, suite à ce coup d'Etat traditionnel, les partisans de Mbouopda avaient formé une fraction déterminée à reprendre le pouvoir traditionnel. Cette situation naturellement n'était pas un bon présage pour le patrimoine culturel Bandjoun. Fort heureusement, Kamga II songea créer une sorte de police traditionnelle appelée kamkweh que Albertin Koupgang et Nouaye décrivent en ces termes. « Les membres du kamkweh sont choisis parmi tous les fils Bandjoun sans distinction d'appartenance lignagère et ont pour devise : attendre l'ennemi sur place et mourir »216(*). Cette société est de nos jours une société purement culturelle. C'est donc cette société sécrète qui aurait limité l'action des rebelles du Camp Mbouopda. Contribuant ainsi à la sauvegarde du riche patrimoine culturel surtout matériel qui devait payer le lourd tribut de la guerre. * 215Slageren , J-V., les origines de l'Eglise Evangélique du Cameroun, ... , p.172. * 216Koupgang, A., et Nouaye, A., « les sociétés sécrètes de Bandjoun » ..., p.127. |
|