SOMMAIRE
TABLE DES MATIERES
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défini.
REMERCIEMENTS
vi
LISTE DES TABLEAUX
vii
LISTE DES CARTES
vii
LISTE DES PHOTOS
viii
LISTE DES SCHEMAS
vii
LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES
x
LISTE DES ANNEXES
xi
RESUME
xii
ABSTRACT
xiii
INTRODUCTION GENERALE
1
I. PRESENTATION DU SUJET
1
II. LES RAISONS DU CHOIX DU SUJET
2
1. Les raisons personnelles
2
2. Les raisons scientifiques
3
3. Les raisons socioculturelles
4
III. INTERETS DE L'ETUDE
4
1. Intérêt scientifique
5
2. Intérêt culturel
5
3. Patrimoine culturel et perspective de
développement
5
IV. CADRE SPATIO-TEMPOREL
6
1- Le cadre spatial
6
2- Le cadre chronologique
7
V. REVUE DE LA LITTERATURE
9
VI. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
12
1. Cadre théorique
12
1. Approche conceptuelle.
14
VII. PROBLEMATIQUE
17
VIII. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
18
IX. HYPOTHESES DE RECHERCHE
18
1. Hypothèse générale
18
2. Hypothèse secondaires
18
X. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
19
XI. DIFFICULTES RENCONTREES
21
XII. PLAN DU TRAVAIL
21
CHAPITRE I : LE MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN COMME
CADRE D'ELABORATION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN.
23
INTRODUCTION
23
1.1 L'ETUDE DU MILIEU PHYSIQUE DE LA
CHEFFERIE BANDJOUN
23
1.1.1 Localisation de la chefferie Bandjoun
23
1.1.2 Relation entre le relief et la production
culturelle.
26
1.1.3 La végétationet les productions
culturelles à Bandjoun
29
1.1.4 L'hydrographie
34
1.1 .5 La faune
35
1.2 LA CHEFFERIE BANDJOUN : UNE HISTOIRE
SINGULIERE ET PROPICE A L'ECLOSION DU PATRIMOINE CULTUREL
36
1.2.1 Fondation du royaume et mise en place d'une
entité traditionnelle porteuse d'un riche patrimoine culturel
36
1.2.2 La lignée dynastique en relation avec
le patrimoine culturel Bandjoun.
38
1.2.2.1. NOTCHWEGOM (XVe et
XVIème siècle).
41
1.2.2.2. NOTOUOM (1525)
41
1.2.2.3. DUGNECHOM (Moins d'un an de
règne).
42
1.2.2. 4. NOTOUOM II LE CONQUERANT (1525-1575)
42
1.2.2.5. NOTOUOM III LE CONTINUATEUR (1575-1625)
42
1.2.2.6. BHEDEPA ET KAPTO
43
1.2.2.7. KAPTUE (1725-1775)
44
1.2.2.8. KAMGA I (1775-1825)
44
1.2.2.9. FOTSO I (1825-1875)
44
1.2.2.10. FOTSO II (1875-1925)
45
1.2.2.11. KAMGA II (1925-1975)
45
1.2.2.12. FOTUE KAMGA (1975-1984)
46
1.2.2.13. NGNIE KAMGA (1984-2004)
46
CONCLUSION
47
CHAPITRE II : BANDJOUN ET SON PATRIMOINE
CULTUREL AVANT LE CONTACT AVEC LES PUISSANCES COLONIALES
48
INTRODUCTION
48
2.1 LE PATRIMOINE CULTUREL MATERIEL BANDJOUN AVANT
LE CONTACT AVEC LES PUISSANCES COLONIALES.
48
2.1.1 Le patrimoine architectural, sculptural et
mobilier
49
2 .1.1.1 L'architecture
49
2.1.1.2 La sculpture du bois
51
2.1.1.3 Le mobilier.
53
2.1.2 Les instruments de musique
57
2.1.3 Les objets de la vie quotidienne.
61
2.1.4 Les objets de forge
63
2.2 LE PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL PRECOLONIAL
BANDJOUN
65
2.2.1 Les sociétés secrètes
(nkem)
65
2.2.2 Un système religieux calqué sur
le modèle des peuples des Grass-fields.
69
2.2.3 Le kè (Magie)
72
2.2.4 Les rites et l'éducation
74
2 .2.5 Un hymne
76
CONCLUSION
76
CHAPITRE III : LES FACTEURS DE LA DESTRUCTION
DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN
77
INTRODUCTION
77
3.1 LES FACTEURS EXTERNES DE LA DESTRUCTION DU
PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN
77
3.1.1 Les aléas naturels
77
3.1.2 Les guerres d'occupation : le cas des
Bali-Chamba
79
3.1.3 Le facteur religieux
80
3.1.4L'administration coloniale
81
3.1.5 La guerre d'indépendance au
Cameroun
82
3.1.6 Le modernisme
82
3.2 LES FACTEURS ENDOGENES DE LA DESTRUCTION DU
PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN.
84
3.2.1 La participation au commerce entre le
XVème et le XIXème siècle sur la côte.
84
3.2.2 Le caractère hautement mystique et
considéré comme diabolique par une partie de la population.
84
3.2.3 Les questions de succession et ses incidences
sur le patrimoine Bandjoun.
85
3.2 .4 Les fantaisies dans l'attribution des
titres de notabilité
85
3.2.5 Les crises de succession et ses incidences sur
le patrimoine culturel Bandjoun
86
3.2.6 La mauvaise conservation des objets
patrimoniaux
94
3.2.7 La rupture de transmission des
savoir-faire.
95
3.2.8 Le désintéressement des
nouvelles générations.
96
CONCLUSION
99
CHAPITRE IV : LES STRATEGIES DE PROTECTION DU
PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN.
100
INTRODUCTION
100
4.1 LES STRATEGIES DE PROTECTION DU PATRIMOINE
CULTUREL BANDJOUN AVANT L'ARRIVEE DES PUISSANCES OCCIDENTALES
100
4.1.1 Le renforcement des pouvoirs du
fo
100
4.1.2 La création des « cases
patrimoniales embryonnaires »
101
4.1.3 La création des sociétés
secrètes.
101
4.1.4 L'adoption d'un code sociétal rude
101
4.1.5 Le mariage entre filles des monarques et les
grands artistes.
102
4.2 LES STRATEGIES DE PROTECTION DU PATRIMOINE
CULTUREL BANDJOUN PENDANT LA PERIODE COLONIALE
102
4.2.1 L'attitude pacifiste des monarques de la
période coloniale
103
4.2.2 Le combat de Fotso II contre la substitution
des valeurs culturelles Bandjoun par celles de la religion chrétienne
imposées par les missionnaires français.
104
4.2.3 L'anéantissement par Kamga II d'une
rébellion
104
4.3 LES STRATEGIES DE PROTECTION DU PATRIMOINE
CULTUREL BANDJOUN PENDANT LA PERIODE POST COLONIALE.
105
4.3.1 Couverture traditionnelle des objets
patrimoniaux
105
4.3.2 La création d'une case
Patrimoniale.
106
4.3.4 Organisation des festivals culturels Msem
Todjom
107
CONCLUSION
111
CONCLUSION GENERALE
112
SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
114
1. SOURCES PRIMAIRES
114
2. SOURCES SECONDAIRES
116
ANNEXES
122
A
Mes parents Djilo Michel et Motouom
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce travail a été
possible grâce à la contribution de plusieurs personnes à
qui nous voulons témoigner notre gratitude.
D'entrée de jeu, nos remerciements vont à
l'endroit de notre encadreur le Pr Célestine Colette FOUELLEFAK KANA
qui, malgré ses multiples sollicitations, s'est toujours rendue
disponible à répondre à nos préoccupations, mais
aussi pour ses conseils, ses encouragements et surtout pour la rigueur
imposée dans le travail et la mise à notre disposition de sa
bibliothèque personnelle.
Nous témoignons notre reconnaissance au Pr Jules
KOUOSSEU qui nous a aidés capitale dans la reformulation de notre
thématique de recherche.
Nous voulons adresser nos remerciements au Chef de
Département d'Histoire et Archéologie, le Dr Zacharie SAHA pour
sa disponibilité à répondre à nos
préoccupations mais aussi pour la pertinence des enseignements de
méthodologie de la recherche qui ont orienté la rédaction
de ce travail scientifique.
Notre profonde gratitude va à l'endroit du Dr Williams
POKAM et le Dr Eric Wilson FOFACK qui nous ont été d'une aide
capitale dans la reformulation du thème et la déclinaison de
quelques pistes de recherches mais aussi pour la qualité de leurs
enseignements qui d'une manière ou d'une autre a stimulé en nous
le goût de la recherche. Par extension nous témoignons notre
reconnaissance aux autres enseignants du département qui se sont battu
avec toute la hargne possible pour la construction de notre formation
académique.
Aux responsables de la bibliothèque du
département d'Histoire de l'Université de Yaoundé I, de
la bibliothèque de l'Alliance Franco-Camerounaise Dschang, de la
Bibliothèque de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de
l'Université de Dschang, de la bibliothèque du Cercle
International pour la Promotion et la Création et celle de
l'Université Evangélique du Cameroun. Ceux-ci n'ont
ménagé aucun effort pour faciliter nos séances de travail
dans ces milieux scientifiques en mettant à notre disposition les
ouvrages, articles, journaux... nécessaires à la rédaction
de notre travail.
Nous voulons dire un merci profond à Albertin KOUPGANG
le guide du musée royal de Bandjoun qui a mis à notre disposition
les archives dont nous avions besoin pour la rédaction de ce travail.
Bien plus pour son hospitalité, sa disponibilité et sa
collaboration constante.
A monsieur Jean Claude MBOUOMBOUO et Preston KAMBOU pour la
relecture de ce travail dans l'optique de réduire les éventuels
croquis. En outre, à tous nos informateurs (notable, reines,
dignitaires, ....) dont la liste est assez longue, puissiez-vous trouver ici
l'expression de toute notre gratitude. A toute la grande famille Djilo, mes
camarades de classe ainsi que tous mes amis pour le soutien multiforme.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Les acteurs du façonnement du
patrimoine culturel Bandjoun
3
Tableau 2:Classement des sièges en fonction
des classes sociales.
56
Tableau 3: Avez-vous déjà entendu
parler du patrimoine culturel ?
96
Tableau 4: Quelle (s) activité (s) de la
liste ci-dessous savez-vous exercer?
96
Tableau 5: Quel métier aimeriez-vous exercer
plus tard
97
Tableau 6: Etes-vous membre d'une
société sécrète ou d'une autre association
culturelle? (si oui précisez) (Si non cochez la raison)
97
Tableau 7 : Non parce que
98
Tableau 8: Trouvez-vous nécessaire de
protéger le patrimoine culturel de votre village ? Pourquoi ?
98
LISTE DES CARTES
Carte 1: Localisation La'Djo en pays
Bamiléké.
3
Carte 2: Localisation de la zone d'étude.
25
Carte 3 : les sous chefferies du royaume
Bandjoun.
26
LISTE DES SCHEMAS
Schéma 1: Généalogie des
problèmes de succession à Bandjoun
3
LISTE DES PHOTOS
Photo 1: Gouo lem (rocher de Mlem)
3
Photo 2: aperçu des collines de Mbouo
29
Photo 3: végétation de forêt
dense autour de la chefferie Bandjoun
30
Photo 4: Lieux sacré (Tuep si)
31
Photo 5: Foret de galerie à Bandjoun
33
Photo 6: Une toiture réalisée à
base de la paille.
34
Photo 7: Chengbundye ou Nemo (grande maison
royale)
49
Photo 8: Case d'un notable Bandjoun (Cheng)
50
Photo 9: Cadres de porte sculptée (Te ken dye
dye)
51
Photo 10: sculpture des poteaux.
52
Photo 11: Tabouret du chef ( Kouo fo )
54
Photo 12: trône royal anthropomorphe
perlé (Kouofo)
55
Photo 13 : chaise à trois pieds ( Kouo kwe
tah)
56
Photo 14: les Tambours (Nkaket Ntem) de la chefferie
Bandjoun
58
Photo 15: le Tambour à fente horizontale
(Lam)
59
Photo 16: La cloche (Kwifo)
60
Photo 17: un hochet (mtchoua)
60
Photo 18: Parade d'une danse traditionnelle.
61
Photo 19: Un grenier externe (nkien)
62
Photo 20 : les ustensiles de cuisine
62
Photo 21: Atelier du forgeron Tienou Flaubert
64
Photo 22: Quelques productions de la forge
64
Photo 23: case de la société
sécrète Nyeleng
67
Photo 24: Membres de la société
Nyeleng
67
Photo 25: société secrète
Kemdje
69
Photo 26: lieux sacrés ( tuep si)
72
Photo 27 : masque sacré du kè
73
Photo 28: Un tambour horizontal (ndu')
attaqué par les eaux de pluies
78
Photo 29: Cadre de porte rongé par les
termites.
78
Photo 30: Entrée de la chefferie Bandjoun
après l'incendie 2005
83
Photo 31: La grande case nemo refaite par
Ngnié Kamga incendiée en 2005
92
Photo 32: Le chef Kamga II après son
intronisation devant le nemo avant la réfection par Ngnié
Kamga
92
Photo 33: Incendie de la chefferie Bandjoun en
2015
93
Photo 34: Mauvaise conservation des objets
patrimoniaux
94
Photo 35: Fabrication d'un flanc de mur en
Bambou
95
Photo 36: Technique de protection d'un Tambour
Horizontal
105
Photo 37: L'intérieur de case patrimoniale
Bandjoun
106
LISTE DES ABREVIATIONS ET
SIGLES
AFCD : Alliance Franco Camerounaise de
Dschang
CEI : Conférence
épiscopale italienne
CIPCRE : Cercle international pour la
Promotion et la Création
COE : Centro Orientamento Educativo
EEC : Eglise Evangélique du
Cameroun
IFA : Institut de formation
Artistique.
MAE : Ministero degli Affari, Esteri
(Ministère des affaires étrangères italiennes)
MMM : Marchands, Missionnaire et
Militaires
UNESCO : United Nations Educational,
scientific and cultural organization
OMT : Organisation Mondiale du Tourisme
PUF : Presses de l'université
Française
UEC : Université
Evangélique du Cameroun
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1 : Photos de
Quelques Monarques Bandjoun ayant joué un grand rôle dans la
protection du patrimoine culturel Bandjoun
3
Annexe 2 : Autres
éléments du patrimoine culturel Matériel Bandjoun avant la
colonisation
123
Annexe 3 :
Eléments du patrimoine immatériel : les grands moments du
festival Msem Todjom
126
Annexe 4 : Guides
d'entretiens
128
RESUME
Depuis plusieurs siècles, une certaine unanimité
se construit progressivement lorsque qu'on aborde l'importance du patrimoine
culturel. Il s'affirme de plus en plus comme étant le vecteur par
excellence de réécriture de l'histoire d'un peuple, un outil
exceptionnel d'identité d'un peuple et un véhicule de
communication culturelle fondamental dans un monde qui se veut de plus en plus
globalisé.
Avec la montée de la globalisation, le patrimoine
culturel africain en général et Bandjoun en particulier n'est pas
en marge de la nouvelle dynamique et quelques fois subit l'assaut drastique de
ce phénomène de mondialisation. C'est dans cette logique que nous
nous somme intéressé à un problème circonscrit dans
cette mouvance patrimoniale : les facteurs à l'origine de la
destruction du patrimoine culturel Bandjoun et les stratégies
déjà déployées par les différents acteurs
pour sa survivance d'où la thématique « Patrimoine
culturel Bandjoun : destruction et stratégies de protection
(XVIe siècle à 2005).
Pour mieux aborder notre thématique, nous avons
procédé par la consultation des archives, l'analyse critique des
documents, les entretiens, les enquêtes de terrain, la visite
guidée du musée et l'usage de l'iconographie ainsi que
l'interdisciplinarité.
Par ce travail, nous sommes parvenus aux résultats
suivants : le milieu naturel a été une base de production du
patrimoine culturel Bandjoun. Par ailleurs, notre travail de recherche a permis
de démontrer que la destruction de ce patrimoine culturel est le
résultat des facteurs externes et internes. Enfin, face à la
destruction de ce patrimoine matériel, des stratégies ont
été déployées pendant les périodes
précoloniale, coloniale et postcoloniale par la chefferie Bandjoun pour
sa sauvegarde et sa survivance.
Mots clés : Bandjoun, Identité,
Mémoire.
ABSTRACT
For several centuries, a certain uniqueness has been built up
gradually when we consider the value of cultural heritage. It is becoming more
and more the vector for excellence of rewriting the history of a people, an
exceptional tool for the affirmation of a people and a vehicle for fundamental
cultural communication in a world that wants more globalizing.
With this rise in globalizing, African cultural heritage in
general and Bandjoun in particular is not on the fringe of the new dynamic and
sometimes pays a heavy price. It is in this logic that we are interested in a
problem circumscribed in this patrimonial movement: The factors at the origin
of destruction of Bandjoun cultural heritage and the strategies already
deployed by various actors for its survival from where the theme «Bandjoun
cultural heritage: destruction and protection strategies (16th
century to 2005).
To better approach our theme, we proceeded by the
consultation of archives, the critical analysis of the documents, the
interviews, the field investigations, the guided tour of the museum and the use
of the iconography as well as the interdisciplinarity.
Through, this work, we have come to the following results:
the natural environment has been a base for the production of Bandjoun cultural
heritage. In addition, our research has shown that the destruction of this
cultural heritage is the result of endogenous and exogenous factors.
Finally, faced with the destruction of this material
heritage, strategies were deployed during the pre-colonial, colonial and
postcolonial periods by the Bandjoun chiefdom for its preservation and
survival.
Key-words: Cultural heritage, destruction, protection
strategies.
INTRODUCTION GENERALE
I. PRESENTATION DU SUJET
Le XXIème siècle semble s'être
embarqué dans un mouvement ivre. Du moins, c'est dans cette logique que
s'inscrit la thèse de Samuel Huntington, qui exposait dans son essai
le choc des civilisations et la refondation de l'ordre mondial1(*)une théorie selon
laquelle la diminution des clivages politiques était compensée
par l'intensification des oppositions culturelles ou
«civilisationnelles». Cette ère nouvelle se caractérise
par une croissance rapide des vagues de violences qui déferlent sur le
monde à travers les extrémismes et le terrorisme, qui se
résumeraient à l'échelle globale d'une part à une
dichotomie entre les cultures occidentales et arabo-musulmanes et à
l'échelle locale, d'autre part, à des oppositions entre les
communautés. Cependant on remarque qu'au-delà de cette mouvance
d'ivresse, au-delà de la remise en cause de l'universalité,
l'intérêt porté sur le passé n'a jamais
été aussi important : les nombreuses commémorations
à travers le monde montrent bien que la mémoire est devenue une
préoccupation universelle. Il en est de même du concept de
patrimoine culturel, véritable élément
révélateur de notre passé. D'ailleurs, c'est la conception
dans laquelle semble se situer Cheikh Anta Diop lorsqu'il déclare :
« Chaque peuple a toujours besoin de se référer
à son histoire pour assurer une continuité d'une identité
qui évolue avec le temps [...] Le patrimoine permet aux
générations actuelles de se situer dans le temps et de se
repérer face aux mutations de notre société ; il est
un élément de stabilité dans un monde en évolution
rapide »2(*).
Selon l'opinion générale empruntant le couloir du
défaitisme et de la soumission au fatalisme, le principal, pour ne pas
dire l'unique, vecteur responsable de la destruction des éléments
patrimoniaux africains en général et camerounais en particulier
est le colonisateur. Par ailleurs, la question de protection de ce patrimoine
culturel matériel et immatériel demeure une aventure
européenne qui met en marge les acteurs autochtones. Dès lors,
dans la logique scientifique, depuis plus d'une cinquantaine de
décennies, plusieurs pays africains, au rang desquels le Camerounn, ont
conquis leur souveraineté internationale. Ainsi, le monopole de
protection et de conservation qui, jadis était reconnu comme devoir
régalien du colonisateur, devient aussi une pièce missionnaire
holistique des nations africaines par le truchement des entités
traditionnelles appelées chefferies traditionnelles.
II. LES RAISONS DU CHOIX DU
SUJET
Intitulé : «Le patrimoine culturel Bandjoun:
destruction et stratégies de protection (XVIe siècle
à 2005)», notre sujet de recherche a été choisi pour
des raisons aussi bien personnelles, scientifiques que socioculturelles.
1. Les raisons personnelles
Nous sommes membre de la société culturelle
dénommée «Lali»3(*) du quartier Mbouo dans le village Bandjoun depuis
2005. En tant qu'acteur de ladite dénomination culturelle, nous avons
observé que la courbe évolutive des effectifs de l'association
est décroissante. Face à ce constat de la baisse tragique des
effectifs des membres au fil du temps et considérant que cette
société constitue une partie fondamentale de notre patrimoine
culturel immatériel, nous avons trouvé judicieux de questionner
les racines d'une telle évolution médiocre ainsi que les
stratégies de sauvegarde de ce legs ancestral.
Par ailleurs, en 2015, nous avons été
témoin d'un évènement qui a marqué
profondément notre curiosité et notre enthousiasme à la
question de la protection et de la destruction du patrimoine culturel Bandjoun.
Il s'agit de l'incendie survenu à la chefferie Bandjoun le dimanche 11
janvier 2015. En effet, ce jour, une fois la nouvelle annoncée, la
cour de la chefferie devint noire de monde en un temps record. Avec des seaux,
des bidons et autres récipients, nous avons entamé la riposte
contre ces flammes impitoyables. Nous serons plus tard rejoints par des
sapeurs-pompiers partis de leur base de Bafoussam. Cette synergie
d'énergie a finalement permis de maîtriser les flammes autour de
18 heures. Mais alors quand nous nous interrogions sur la
question centrale du pourquoi d'un incendie à la chefferie, certains
patriarches présents nous ont fait la confidence selon laquelle
l'incendie qu'on venait de vivre n'était qu'une autre pièce
additive au puzzle. C'est la raison pour laquelle est née en nous
l'idée de découvrir les origines profondes de ces incendies qui
ont été un véritable coup de cravache pour le patrimoine
culturel Bandjoun.
2. Les raisons scientifiques
Le choix de ce thème provient de nos lectures
permanentes sur l'histoire africaine en général et le patrimoine
culturel en particulier. Ces lectures nous ont révélé que
de nombreux auteurs revenaient sur l'impératif d'une protection du
patrimoine culturel. Shaje Tabiluila déclare à ce propos :
« Il est dès lors clair que les institutions qui
gèrent le patrimoine et les établissements de formation ont une
lourde responsabilité dans la préservation et la conservation de
l'héritage culturel africain et dans le développement de la prise
de conscience de l'importance du patrimoine auprès de tous les
citoyens » 4(*).
Plus loin, il est indéniable de reconnaitre que c'est
la valorisation et la préservation de ce patrimoine qui permettront aux
africains de riposter aux défis imposés par la mondialisation.
Car comme le précise Shaje Tshiluila, la conservation de
l'héritage culturel africain est « le seul moyen de favoriser
la cohésion de toute l'Afrique face aux défis de l'époque
actuelle en participant activement au développement et au progrès
des nations »5(*).
Par ailleurs, nous avons constaté que la
problématique de la destruction et de la protection du patrimoine
culturel est de manière permanente au centre des préoccupations
des institutions mondiales en général et africaines en
particulier. Les acteurs, les partenaires et d'autres parties prenantes sont de
plus en plus mobilisés pour dénoncer les actions de pillage et
renforcer les initiatives de protection du patrimoine culturel. A
l'échelle planétaire, L'UNESCO, à travers ses multiples
actions, démontre à suffisance la nécessité de
protéger le patrimoine culturel. A ce titre, s on peut évoquer
l'organisation des conférences régionales et sous
régionales6(*) ainsi
que l'élaboration des conventions sur la conservation et la protection
du patrimoine culturel Mondial et ratifiées par les Etats. 7(*)Au plan local, nous avons
remarqué que le Cameroun a affiché sa volonté de
préserver le patrimoine culturel depuis 1982, date à laquelle il
ratifia la convention du patrimoine mondial de l'UNESCO pour la protection des
biens culturels et naturels. Par la suite, il ratifia en avril 2008 la
convention de 2003 de l'UNESCO sur la sauvegarde du patrimoine culturel
immatériel. Par ailleurs, plusieurs séries de textes de lois ont
été adoptées par le parlement Camerounais dans le sens de
la conservation du patrimoine culturel. C'est le cas de la loi N°
2013/003 du 18 avril 2013 régissant le patrimoine culturel.
C'est fort de ces préoccupations que nous avons pris la
ferme responsabilité de nous lancer dans une étude du patrimoine
africain en général et camerounais en particulier avec pour
prototype d'étude la chefferie Bandjoun.
3. Les raisons
socioculturelles
Dans l'imaginaire africain , une certaine unicité
s'illustre quand on considère souvent que la colonisation à
travers ses visées civilisatrices, a provoqué un choc entre le
monde occidental et les cultures africaines. Le rapport qui naît de ce
contact est nécessairement violent. Il contribue à une
dévaluation des savoirs, savoir-faire, savoirs- êtres et des
créations africaines. Bien, plus de nombreux efforts
ont été déployés pour y substituer des
éléments culturels européens. Cependant,
pratiquement 50 ans après le départ du colonisateur, nous avons
remarqué avec tristesse que dans les sociétés africaines
en général et Bandjoun en particulier, les pillages
fréquents des éléments patrimoniaux, l'idée
d'exhibition qui se propage doublée d'une attitude propagande des
préjugés européocentristes d'une entité
traditionnelle arriérée sous fond d'exotisme ont plongé .
C'est pourquoi nous nous somme penché sur un tel champ d'investigation
pour évaluer l'action de la chefferie Bandjoun dans la perspective de
protection de son propre patrimoine matériel et immatériel.
En outre, plusieurs faits socioculturels non
spécifiques au village Bandjoun, nous ont propulsé vers le choix
d'une telle thématique : Diabolisation de certains rites et danses
traditionnels, la banalisation de certaines règles sociétales que
plusieurs jugent dépassées, la disparition tragique de certaines
sociétés initiatiques et culturelles au nom de la
modernité.
III. INTERETS DE L'ETUDE
L'analyse de notre thématique revêt un triple
intérêt : un intérêt
scientifique, un intérêt culturel et un intérêt dans
la perspective de développement.
1. Intérêt
scientifique
L'intérêt scientifique de cette thématique
nous amène à relancer le débat de la protection et de
restauration du patrimoine culturel Bandjoun. En effet, à la fin de
cette étude, quittant du postulat d'une étude comparative de la
problématique de destruction et de protection du patrimoine culturel
des périodes coloniales et postcoloniales, l'opinion sera
éclairée d'abord sur la période la plus glorieuse et celle
la plus obscure pour le patrimoine culturel Bandjoun ; Ensuite, ce
décor planté permettra de mieux cerner si les stratégies
de restauration et de protection des éléments patrimoniaux du
village Bandjoun sont efficaces.
En outre, notre travail participera à la
reconstitution de l'histoire du peuple Bandjoun car, comme le soulignait
l'ancien président français François Mitterrand,
« Un peuple qui n'enseigne pas son histoire est un peuple qui perd
son identité ».8(*) L'enseignement de cette histoire authentique est
porté en grande partie par le patrimoine culturel véritable outil
d'appréhension d'une civilisation. On comprend pourquoi Chenri Yambene
Bomono affirme :
Préserver le patrimoine culturel, c'est choisir la
réappropriation par un peuple de sa mémoire, une
réappropriation qui peut être au coeur d'un projet collectif
porteur de cohésion sociale. Le faire connaître, c'est aussi
contribuer à une meilleure connaissance mutuelle entre les
communautés présentes sur un territoire, chacune porteuse de sa
propre culture, qui grâce à cela peuvent mieux vivre
ensemble9(*).
2. Intérêt
culturel
D'entrée de jeu, cette étude constitue un autre
canal interpellateur pour les acteurs culturels en charge du patrimoine
culturel Bandjoun dans le sillage des responsabilités qui les incombent
en matière de protection du patrimoine matériel et
immatériel. En outre, cette étude permettra aux autorités
traditionnelles Bandjoun de voir les véritables champs d'action dans
lesquels les énergies devraient davantage être mobilisées
dans la perspective de protection et de restauration du patrimoine culturel.
Enfin, dans cette étude, les acteurs traditionnels trouveront la liste
qui tentera de manière exhaustive de dresser les éléments
patrimoniaux qui nécessitent une attention particulière et
urgente.
3. Patrimoine culturel et
perspective de développement
Nous savons que la culture est à la base de
l'identité sociale et du développement de la
société, et que le patrimoine culturel est l'héritage que
chaque génération reçoit et transmet à la
génération suivante. Il est incontestable que la protection et la
gestion des biens patrimoniaux, de concert avec les communautés,
contribuent à la qualité de nos relations avec elles. Une plus
grande attention au patrimoine culturel accroît l'efficacité de
notre engagement communautaire, ainsi que la qualité de notre propre
héritage.
Selon le rapport de l'Organisation Mondiale du Tourisme,
à l'aube du XXIème Siècle, le tourisme
poursuit une croissance phénoménale depuis plus de 60 ans, ce qui
en a fait un phénomène économique et social exceptionnel.
Pour ce qui est du tourisme culturel, ce phénomène est apparu de
façon marquée au cours des années 1990, où il a
alors connu une croissance particulièrement rapide. Que ce soit la
recherche d'une forme d'esthétisation de la vie quotidienne, une
certaine nostalgie pour le passé, les modifications de la perception du
temps et de l'espace qui ont suscité la crainte devant la perte des
repères et qui a à son tour entraîné la recherche
d'une identité personnelle aussi bien que collective, ces tendances ont
amené les individus à se tourner vers le passé. La
fréquentation des sites du patrimoine, à la fois écrin et
écran du passé, pouvaient donc calmer ces
inquiétudes.10(*)
Dans cette logique, notre étude apparait utile car elle
présente à la chefferie Bandjoun un moyen par lequel le
patrimoine culturel sera valorisé ainsi que la culture populaire et
quotidienne, notamment par le tourisme. Cette valorisation sociale et
économique du patrimoine culturel Bandjoun amenée par le tourisme
sera ainsi une autre façon de sauver des cultures en voie de
disparition. Car comme le souligne une fois de plus Chenri Yambene
Bomono, « Le patrimoine culturel a de multiples fonctions :
historiques, pratiques, symboliques, sociales et psychologiques. En termes
économique et de développement durable, le patrimoine culturel
peut apporter une contribution non négligeable par le biais notamment du
tourisme et de l'artisanat »11(*).
IV. CADRE
SPATIO-TEMPOREL
1. Le cadre spatial
Le cadre spatial de notre étude est la chefferie
Bandjoun, que nous situons dans le vaste ensemble géographique des
hautes terres de l'Ouest. De manière plus explicite, notre
thématique couvrira une partie de la région de l'ouest, une
partie du département du Koung-Khi et l'entièreté de la
chefferie Bandjoun. La chefferie Bandjoun est logée au coeur de la
commune de Pète Bandjoun ; commune créée par
décret présidentiel N° 2007/117du 24 avril 2007 avec une
superficie de 115 Km2 regroupant une population d'environ 47 405 habitants,
soit une densité de 412 habitants/km212(*).
2. Le cadre chronologique
La délimitation temporelle de notre étude se
situe entre deux fourchettes chronologiques :
1904 et 2005.
La première date marque l'arrivée des allemands
sur le territoire Bandjoun. En effet, suite aux progrès scientifiques
et techniques du XIXème siècle, l'Europe
développe la politique coloniale13(*) qui permettra à l'Allemagne d'occuper le
Cameroun. 12 juillet 188414(*). Une fois installée sur les cotes, les
allemands engageront la conquête de l'hinterland Camerounais nonobstant
les résistances farouches. Ils vont atteindre le pays
Bamiléké pratiquement à l'aube du XXème
siècle. Engelbert Mveng écrit à ce sujet :
« poursuivant leur route vers le centre, Ramsay et Sadrock sont chez
les Bamoun en 1901 et découvrent Foumban l'année suivante ;
Hirtler les suivra de près. En 1903, Von Strumpell et après lui
Glauning, le Dr Hassert, Franz Thorbecke, parcourent le pays
bamiléké »15(*). C'est dans ce sillage que les conquérants
allemands fouleront le sol du royaume Bandjoun plus précisément
en 1904. Si le XIXe siècle d'une part est marqué par la
grande expansion territoriale et économique de Bandjoun, le XXe
siècle d'autre part est caractérisé par l'arrivée
des Européens (1904), par la colonisation (1905), par l'introduction des
cultures occidentales et du christianisme, le tout accompagné
d'importants changements. La société de Bandjoun et la
civilisation dont elle est porteuse adoptent simultanément de nos jours
des attitudes apparemment contradictoires: la fidélité aux
valeurs ancestrales et l'aptitude aux progrès, le souci de la
pérennité et la volonté de renouvellement16(*).
L'année 2005 quant à elle inaugure la
célébration de la première édition
systématique du développement des journées culturelles
dénommées Msem Todjom17(*). Systématique car avant
cette date, d'autres festivités avaient été
organisées dans le royaume mais n'incarnaient pas le même faste
que celles de 2005. Aussi les festivités de 2005 sont organisées
dans un contexte assez particulier : la crise successorale. Les sources
concordantes nous rapportent que l'institution du festival Msem
Todjom est l'oeuvre du 14ème Roi des Bandjoun, le Chef
Ngniè Kamga, arrivé au trône en 1984. Ce dernier et son
peuple, motivés à la fois par les souvenirs des gloires des
générations antérieures qui aujourd'hui sont surtout des
légendes, mais aussi par cette fierté de ne pas abandonner ses
attributs à l'autel des remises en question et pseudo formalismes, le
peuple mobilisé dans une solidarité entretient aujourd'hui
l'histoire du royaume mais aussi les richesses du patrimoine en vivant le
présent sans oublier le passé. Ace sujet, le Dignitaire Moudze
Paul dit sa'a Wato nous révèle la genèse du
Msem Todjom en ces termes : « Le roi comprenait le
besoin de son peuple de s'affirmer par sa culture et son caractère
distinct, accepta la proposition d'un de ses notables, en l'occurrence monsieur
Tuekam Sylvain, conseiller municipal à Bandjoun. C'est ainsi que le Roi
Ngnié adopta la dénomination Msem Todjom en 1999 et
proclama l'événement comme étant les journées
culturelles et économiques de Bandjoun. »18(*) Par ailleurs, Fotso Leonard
dit Ta sa'a Tadjuego précise que « Le développement des
journées culturelles dénommées Msem Todjom est
une célébration du progrès qu'a apporté les
mutationset quelques fois les troubles qu'a connu Bandjoun au tournant de ce
siècle »19(*). Ainsi la première édition
systématique fût célébrée en 200520(*). Aussi le choix de cette date
est étroitement lié au fait que la célébration de
ce festival en 2005 arrive dans un contexte politico-traditionnel très
agité à Bandjoun.
Alors, le choix delà date de 2005 est capital pour
l'exploration de notre thématique pour la simple raison qu'elle illustre
profondément la prise de conscience d'une nécessité de
protection et de sortie de la culture d'une autarcie hermétique pour
l'exposer aux autres afin d'en tirer des aspects enrichissants. .
V. REVUE DE LA
LITTERATURE
Dans la mise en oeuvre de ce travail, nous avons
consulté avec beaucoup d'attention plusieurs écrits. Cers
derniers ont alimenté notre réflexion. A titre
illustratif nous avons:
L'ouvrage de Jean Paul Notué et les autres
intitulé Bandjoun, trésors royaux du Cameroun, Bandjoun,
tradition dynamique, création et vie catalogue du musée
Bandjoun.21(*)Ce
livre présente, sauvegarde, interprète, valorise et fait
découvrir plus d'une centaine d'objets majeurs et significatifs du
patrimoine culturel et artistique de Bandjoun, un des principaux foyers de
création et de tradition artistique du Grassland camerounais dont la
renommée internationale dans le domaine de l'esthétique et de
l'art africain n'est plus à faire. L'auteur, sur la base d'une
démanche analytique et descriptive, démontre que les oeuvres des
artistes talentueux ont permis non seulement de célébrer le
faste de la cour des rois de Bandjoun, la grandeur et le pouvoir de ces
monarques, leurs collaborateurs et des sociétés
sécrètes, mais aussi de matérialiser les grandes
thématiques comme la mort, la vie, l'amour, la victoire, la
défaite, la puissance, le prestige et la force occulte. Cet ouvrage nous
a été capital notamment dans le cadre de la datation
chronologique de certains objets mais surtout leur symbole culturel.
Jean Paul Notué, dans son Ouvrage intitulé
La place du Kè et du sacré dans les arts de l'Ouest Cameroun,
nous plonge dans l'univers du mystère de la spiritualité
Bamiléké à travers l'étude de la magie
dénommée Kè. Cet ouvrage nous a été
d'une aide précieuse car il nous a donné l'opportunité de
découvrir toute la symbolique immatérielle de l'Art
Bamiléké en général et Bandjoun en
particulier.22(*)
Watounwa Télesphore et son mémoire «
Les institutions politiques de l'Afrique noire précoloniale. Le cas de
Bandjoun Ouest-Cameroun ». Dans ce mémoire, l'auteur dans une
démarche scientifique, cohérente et logique parvient aux
conclusions selon lesquelles le village Bandjoun avant la colonisation avait
bâti une brillante organisation politique autour de cette entité
appelée Tse a djo (royaume Bandjoun). Ce mémoire dans
le cadre de notre travail a servi de référentiel notamment dans
la logique relationnelle pouvoir politique et patrimoine culturel.23(*)
Le patrimoine culturel africain24(*)est un ouvrage collectif
d'environs 400 pages, dans lequel les auteurs abordent le faste patrimonial
africain sous divers angles. Plusieurs thématiques y sont
développées telles que : patrimoines et musées, le
patrimoine bâti, collections africaines hors de l'Afrique, Patrimoine et
partenariat, patrimoine et artisanat, patrimoine et développement,
patrimoine et nouvelles technologies. Spécifiquement, les auteurs
à partir d'une étude singulière de plusieurs
régions africaines replacent le patrimoine culturel africain au coeur
des débats de destruction et de protection. Chaque thématique
est démembrée en sous thèmes. La première
thématique par exemple qui traite des patrimoines et musées est
démembrée en sous thèmes suivants : Le musée
national du Niger, les patrimoines familiaux d'Abomey, les muées
archéologiques en Tunisie... Cet ouvrage à joué un
rôle fondamental dans notre étude car il a permis de situer
théoriquement notre sujet.
Tabeko L et Teta I dans un ouvrage collectif intitulé
autour du feu : les étapes de la socialisation dans la
société Bamiléké25(*), les auteurs usent de l'exemple de Bandjoun pour
nous plonger dans l'univers bigarré et inextricable des us et coutumes,
des rites initiatiques, des codes de socialisation en pays
bamiléké tels que transmis par les sages et les initiés.
Ce livre rend accessible et compréhensible les principes qui
régissent la formation professionnelle, la conception, le mariage, les
rapports genre, la hiérarchie sociale, les étapes de
socialisation de la jeune fille et du jeune garçon. Cet ouvrage nous a
permis de découvrir la dimension immatérielle du patrimoine
Bamiléké en général et particulièrement
Bandjoun dans sa diversité et son originalité.
Pierre Thoutezo, dans son essai intitulé les
royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation
s'attaque à travers l'étude de quelques cas légendaires
à un problème de fond qui gangrène les chefferies et
pollue l'atmosphère culturelle. Il s'agit de la crise des successions.
Ce livre a été fondamental pour notre travail car il nous a
permis de mieux comprendre les racines profondes des crises de succession
à la chefferie Bandjoun qui ont débouché sur les
incendies. Par ailleurs, l'effort fourni par l'auteur pour retracer la
genèse et le processus de consolidation des royaumes
bamiléké nous a permis de voir clair dans le cas
spécifique du royaume Bandjoun. 26(*)
Perrois Louis et Notue Jean Paul dans
Légendes : les origines de la chefferie Bandjoun au
Cameroun27(*),
retracent la genèse de la chefferie Bandjoun depuis son premier
fondateur. Dans un style apologique, les auteurs essayent de situer
chronologiquement les périodes de chaque souverain Bandjoun en insistant
sur les faits majeurs ayant caractérisé le règne de chacun
d'eux. L'ouvrage dans le cadre de notre étude nous a orientés
pécifiquement sur les périodes de contact de Bandjoun avec
l'extérieur et la fondation du royaume.
Raymond le Coq dans son ouvrage intitulé les
Bamiléké28(*)met en exergue une étude matérielle
du patrimoine Bamiléké parmi lesquels le patrimoine Bandjoun.
Dans une démarche descriptive, analytique et interprétative il
caractérise l'habitat, la sculpture architecturale, le mobilier, la
sculpture cultuelle, l'ustensile, la peinture et le glossaire
Bamiléké. Ce travail de l'auteur nous a permis d'avoir une
vision comparative du patrimoine culturel Bandjoun aux autres des chefferies
Bamiléké.
Sylvain Djache Nzefa dans les chefferies
Bamiléké dans l'enfer du Modernisme, prend appui sur
certaines études des cas des chefferies Bamiléké. Ainsi,
pour montrer l'impact du modernisme dans le processus de
désagrégation des aspects politiques, économiques et
socioculturels de la civilisation Bamiléké. Ainsi dans le cadre
de notre thématique, cet ouvrage nous a permis de faire un rapprochement
entre le modernisme et le patrimoine culturel Bamiléké et
spécifiquement le patrimoine Bandjoun29(*).
Barbier Jean Claude commet un article intitulé
« le peuplement de la partie méridionale du plateau
Bamiléké »30(*). Cet article nous a été d'un
éclairage capital, notamment en ce qui concerne l'itinéraire de
peuplement et de migration des peuples du plateau Bamiléké en
général et Bandjoun en particulier.
Fokouo Giles Hilaire dans son mémoire de maitrise en
sociologie intitulé « La chefferie Bandjoun hier et
aujourd'hui : étude sociologique d'une société en
mutation », déroule dans une démarche sociologique une
étude comparative des caractères sociaux de la chefferie Bandjoun
de la période précoloniale, coloniale et post coloniale. Ce
mémoire a contribué à la réalisation de notre
travail car il nous a donné l'opportunité de comprendre
l'influence du modernisme sur le patrimoine culturel immatériel31(*).
Au regard de la revue de la littérature ci-dessus, il
est manifeste que les auteurs ont abordé le patrimoine dans le sens de
l'inventaire, de la description et de la symbolique. Pour le cas
spécifique de Bandjoun, certains auteurs comme Notué sont
allés plus loin en mettant en relief la nécessité de
sauvegarde et les techniques de sauvegarde moderne.
Ainsi, l'originalité de notre travail s'opère
à deux niveaux. Premièrement aucun auteur n'aborde les
stratégies déployées par la chefferie Bandjoun en vue de
sauvegarder le patrimoine culturel avant l'arrivée des européens.
Deuxièmement, de manière spécifique notre étude
tente de mettre en exergue la propre responsabilité des acteurs de la
chefferie Bandjoun dans la dégradation de son patrimoine.
VI. CADRE CONCEPTUEL ET
THEORIQUE
1. Approche conceptuelle
Dans le cadre de notre étude, le sens de quelques
concepts clés mérite d'être précisé. Ceci
dans l'optique de lever tout éventuel équivoque. Les principaux
concepts que nous expliciterons dans le cadre de ce travail sont :
Patrimoine culturel, destruction et stratégies de protection
Patrimoine culturel : Le patrimoine est
aujourd'hui une notion que tout un chacun pense être en mesure de
mobiliser facilement, et pourtant elle n'est pas aisée à
définir. L'évolution rapide de son sens au cours du seul XXe
siècle a rendu plus complexe son approche dans la mesure où les
définitions successives révèlent des différences
notables. Par ailleurs, il devient davantage complexe quand il est
associé au concept de culture. C'est pourquoi il est judicieux
d'examiner tour à tour la notion de patrimoine et culture pour pouvoir
déduire le sens du patrimoine culturel.
Etymologiquement, Le mot patrimoine vient du latin
patrimonium qui signifie littéralement «
l'héritage du père ». A l'origine, il désigne donc
l'héritage que l'on tient de son père et que l'on transmet
à ses enfants. Dans le même souci de protection du lignage, le
père pouvait cependant, s'il se méfiait de ses enfants, les
obliger à conserver le patrimoine pour leurs propres enfants : c'est la
substitution si répandue dans notre ancien régime. Il a alors un
sens de bien individuel32(*).Dans un petit ouvrage de référence
publié en 1994, Jean-Pierre Babelon et André Chastel se satisfont
d'une définition minima : « le patrimoine, au sens où on
l'entend aujourd'hui dans le langage officiel et dans l'usage commun, est une
notion toute récente, qui couvre de façon nécessairement
vague, tous les biens, tous les trésors du passé. »33(*).
La culture est un mot polysémique selon qu'il est
utilisé en Philosophie, en anthropologie ou en histoire.
C'est à l'anthropologie anglaise qu'on doit cet emprunt, plus
exactement à E.B. Tylor dont le volume Primitive Culture
parût en 1871. Pour lui, la notion de culture est synonyme de
civilisation. Dès le début de son ouvrage, Tylor donne une
définition de la culture qui a été par la suite
citée de nombreuses fois: «La culture ou la civilisation, entendue
dans son sens ethnographique étendu, est cet ensemble complexe qui
comprend les connaissances, les croyances, l'art, le droit, la morale, les
coutumes, et toutes les autres aptitudes et habitudes qu'acquiert l'homme en
tant que membre d'une société»34(*). Cette définition, qui
est plutôt une description, présente ceci de particulier qu'elle
se rapporte plutôt à un ensemble de faits qui peuvent être
directement observés en un moment donné du temps, comme on peut
aussi en suivre l'évolution, ainsi que l'a fait Tylor
lui-même.
L'UNESCO emboîte le pas en affirmant:
«La culture, dans son sens le plus large, est
considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et
matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une
société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les
lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les
systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.»35(*)Nous inspirant de la
définition de Tylor et de plusieurs autres, nous pourrions
définir la culture comme étant un ensemble lié de
manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins formalisées
qui, étant apprises et partagées par une pluralité de
personnes, servent, d'une manière à la fois objective et
symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité
particulière et distincte.
Cependant, en associant les vocables patrimoine et culture, il
en résulte un groupe nominal spécifique : le patrimoine
culturel. Dans le cadre de notre travail, nous
appréhendons le patrimoine culturel comme l'ensemble des richesses
culturelles, matérielles et immatérielles appartenant à
une communauté, héritage du passé ou témoins du
monde actuel. Bien plus comme l'ensemble des biens, matériels ou
immatériels, ayant une importance artistique et/ou historique certaine,
et qui appartiennent soit à une entité privée36(*), soit à une
entité publique37(*). Alors il est manifeste que le patrimoine culturel ne
s'arrête pas aux monuments et aux collections d'objets. Il comprend
également les traditions ou les expressions vivantes
héritées de nos ancêtres et transmises à nos
descendants, comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques
sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et
pratiques concernant la nature et l'univers ou les connaissances et le
savoir-faire nécessaires à l'artisanat traditionnel.
De ce qui précède, on peut comprendre clairement
que le patrimoine culturel n'est pas un ensemble homogène. Bien au
contraire, car il est formé du patrimoine matériel38(*) et du patrimoine
immatériel39(*). A
ce titre on comprend pourquoi J. Marquet affirme au sujet du patrimoine
culturel : « il est un ensemble complexe d'objets,
d'idées, acquis dans la mesure variable par chacun des membres d'une
société déterminée »40(*). Dans le cadre de notre
étude, il sera question d'aborder tous les aspects du patrimoine
culturel Bandjoun notamment le patrimoine matériel et le patrimoine
immatériel.
Destruction : Selon le dictionnaire de
la langue Française Larousse, le mot destruction est l'action de
détruire quelque chose ou quelqu'un, jeter à bas. C'est aussi
l'action d'anéantir, de faire disparaitre quelque chose. Bien plus,
c'est l'action d'ôter la vie, d'anéantir quelqu'un, un groupe.
Ainsi dans le cadre de cette étude, la connotation du
mot destruction n'est pas loin des explications énoncées par le
dictionnaire. Nous appréhendons la destruction dans ce travail comme la
dégradation ou l'usure du patrimoine culturel matériel de la
chefferie Bandjoun.
Etant donné qu'on ne saurait parler de la destruction
du patrimoine culturel immatériel, il convient de préciser que le
sens que nous donnons au concept de destruction en abordant le patrimoine
culturel immatériel est la disparition ou l'anéantissement de ce
patrimoine.
Stratégies de protection : Le
même dictionnaire définit la notion de stratégie comme
l'art de coordonner les actions, de manoeuvrer habilement pour atteindre un
but. Le mot protection quant à lui renvient à l'action de
protéger, de défendre, de préserver quelqu'un, une chose
ou une personne. Il ressort clairement que lorsqu'on aborde la notion de
protection, on remarque le souci d'être à l'abri d'un danger.
Dès lors, parler de stratégies de protection
revient à examiner l'ensemble des moyens ou des actions qui concourent
à défendre ou préserver. Il en est de
même dans notre travail. Il s'agira pour nous d'examiner les actions
déployées par les acteurs culturels Bandjoun pour la
préservation de son patrimoine culturel
2. Cadre théorique
La notion de patrimoine culturel n'est pas un
néologisme. C'est un concept dont la théorisation a
évolué dans le temps et dans l'espace. Le patrimoine culturel
depuis longtemps a préoccupé les peuples.
L'UNESCO depuis quelques décennies s'affirme de plus en
plus comme l'une des plaques tournantes de la valorisation du patrimoine. Elle
s'engage fortement dans la protection du patrimoine matériel et
immatériel tant du continent africain que pour le monde entier. Pour le
faire, elle s'est dotée de plusieurs stratégies telles que
l'adoption des conventions sur le patrimoine, l'inscription des sites dans le
cercle du patrimoine mondial, l'élaboration de la charte du
patrimoine.
Dans la conception Théorique de notre sujet, un
théoricien africain retient notre attention sur la question du
patrimoine culturel. Il s'agit de l'historien Cheick Anta Diop. A partir de ses
travaux, il a démontré la place capitale qu'occupe l'aspect
matériel et immatériel du patrimoine culturel dans la
reconstruction de l'histoire d'une nation. C'est pourquoi Alain Anselin,
écrira à son sujet :
Cheikh Anta Diop à travers ses oeuvres rendit
l'Égypte à l'Afrique et l'Afrique à l'histoire. [...]
Cheikh Anta Diop fit sauter le mur idéologique qui avait fini par
séparer l'étude de l'Afrique de l'étude de l'Égypte
: à la fois en faisant reconnaître la fécondité
scientifique de son approche par les égyptologues au Colloque du Caire
organisé par l'UNESCO en 1974 [...] et en devenant, armé de cette
heuristique nouvelle, le premier scientifique africain moderne à
étudier l'Égypte et à en renouveler
l'intelligence41(*).
Célestine Colette Fouellefak Kana dans son
article« Cheikh Anta Diop le panafricaniste : un repère pour
l'Afrique et sa jeunesse ? » renchérit :
De nationalité sénégalaise, Cheikh Anta
Diop a été un savant multidisciplinaire : physicien, historien,
anthropologue, linguiste, sociologue, philosophe, homme politique,
panafricaniste. Il aura oeuvré à valoriser l'Afrique et l'Homme
africain, et y sera parvenu en prouvant scientifiquement l'unité
culturelle de l'Afrique, posant ainsi les jalons de l'urgence d'un Etat
fédéral africain. 42(*)
Il convient de signaler qu'il est parvenu à ces
résultats en se basant sur l'archéologie, la linguistique
comparée, l'univers culturel et ces éléments constituent
des éléments patrimoniaux.
Pierre de Maret est un autre théoricien qui plaide pour
une approche plurielle du patrimoine africain, mais aussi pour une rupture
conceptuelle de la notion de patrimoine telle que appréhendée par
les premiers spécialistes occidentaux. Dans un cadre plus
spécifique, Pierre de Maret s'inscrit dans la théorie d'une
approche africaine de la notion de patrimoine, l'identité culturelle et
patrimoine, l'inventaire, la contribution et la conservation du patrimoine
africain43(*).
Le révérend père Engelbert Mveng est sans
doute l'une des plus grandes figures théoriciennes du patrimoine
culturel africain. Prêtre jésuite,il est plus qu'utile de rappeler
à notre souvenir commun qu'il est un ardent défenseur de la
dignité du Noir dans sa globalité. C'est dans cette logique qu'il
s'est engagé dans la valorisation du patrimoine africain par
l'intermédiaire de l'art. A l'ouverture du festival de Dakar de 1966,
dont le thème était : « Fonction et importance de l'art
nègre et africain pour les peuples et dans la vie des
peuples », Mveng fit une communication sur le présent et
l'avenir de l'art nègre qui est un message qui traverse les annales de
l'histoire du patrimoine africain. Il déclara :
La civilisation technique dans laquelle l'Afrique
prétend prendre sa place doit se bâtir, chez nous, sur le roc de
la négritude. L'art nègre doit faire en sorte que la technique,
en Afrique, soit humanisée. La négritude doit fournir la base
d'une conception de l'homme, d'une organisation politique, économique,
sociale, qui respecte la spécificité du génie
négro-africain. L'art nègre doit créer en Afrique
même, un univers où l'homme se sente de plus en plus homme et
où la terre devienne, non une prison où l'homme étouffe,
mais l'habitat naturel de l'homme. On comprend pourquoi nous demandons la
promotion d'une architecture fidèle, aux grandes traditions de
l'Afrique. Mais ce que nous voulons par-dessus tout, c'est que le langage de
notre art demeure, à travers les vicissitudes des temps, un humaniste en
dialogue avec le monde entier.44(*)
Fouellekak Kana Célestine, Ladislas Nzessé et
Nizésété Bienvenu dans leurs multiples publications
scientifiques consacrent la théorie du patrimoine culturel et le
développement. Dans leur dernière publication en date,
Patrimoine culturel africain, ces théoriciens démontrent
la relation étroite qui existe entre le patrimoine culturel africain, la
reconstitution de l'histoire africaine mais aussi cette relation de
proximité qui lie le patrimoine culturel africain et le
développement. A ce titre, Nizésété dans la
préface du Patrimoine culturel africain affirme :
En dépit de plusieurs siècles de
déshumanisation et d'aliénation, l'Afrique et l'africain doivent
se lancer des défis. Les défis de la renaissance, du
développement durable, de la liberté et du bonheur en puisant
dans les profondeurs de la culture africaine. Il est donc temps que les
politiques cessent de considérer le culturel comme un petit pourcentage
du budget de l'Etat, un facteur secondaire de la vie nationale. Car il est en
fait, le coeur et l'avenir de toutes les nations de la terre45(*).
.
VII. PROBLEMATIQUE
Le patrimoine culturel s'érige aujourd'hui au centre
des sciences de l'Homme et de la société, de l'art, de la
littérature, de la spiritualité, de l'économie, du droit,
des technologies de l'information et de la communication. Le patrimoine
culturel apparait comme le véritable outil fédérateur et
englobant de tout cet ensemble. Car tout ce qui est humain a un trait avec le
patrimoine culturel. Il est à la fois héritage du passé,
canal d'expression et de compréhension du monde actuel, et surtout
l'expression ou extériorisation de la civilisation d'un peuple. Il est
à la limite porteur de la mémoire, de la culture et de l'histoire
d'un peuple. C'est pourquoi la protection et la valorisation de celui-ci
devient de plus en plus un impératif absolu pour les différents
acteurs en sa charge d'autant plus que les alinéas physiques et
l'avènement de la mondialisation qui s'accompagne d'une
déshumanisation et d'une aliénation s'accélèrent.
De ce fait, le patrimoine culturel en paye le prix. Ainsi, notre travail est
bâti autour de la question centrale suivante : Quels sont les
facteurs à l'origine de la destruction du patrimoine culturel
Bandjoun depuis sa fondation et quelles sont les stratégies
déployées par les différents acteurs pour sa sauvegarde?
De cette question centrale découlent les questions
subsidiaires suivantes :
- Quel est le rapport entre le milieu naturel et la
production patrimoniale Bandjoun ?
- Quels sont les éléments qui constituent le
patrimoine culturel Bandjoun dès ses orignines ?
- Quels sont facteurs responsables de la destruction de ce
patrimoine?
- Quelles sont les stratégies développées
par les acteurs en charge du patrimoine culturel Bandjoun en vue de sauvegarder
les survivances ?
VIII. OBJECTIFS DE LA
RECHERCHE
Notre travail vise un objectif général qui se
décline en quelques objectifs spécifiques. L'objectif
général de ce travail vise à étudier le patrimoine
culturel de la chefferie Bandjoun depuis sa fondation jusqu'en 2005.
De manière spécifique, il s'agit pour nous, en
empruntant à la muséologie, d'inventorier ce patrimoine et de
diagnostiquer son état de dégradation. Il s'agit aussi de mettre
en relief quelques pistes de restauration et de conservation
déployées par les acteurs culturels.
IX. HYPOTHESES DE
RECHERCHE
1. Hypothèse
générale
L'hypothèse générale qui orientera notre
étude est formulée ainsi : Le patrimoine culturel du peuple
Bandjoun a perdu de sa substance suite aux destructions d'origine
endogène et exogène.
2. Hypothèse
secondaires
De l'hypothèse générale ci-dessus
découlent les hypothèses secondaires suivantes :
- Le cadre naturel et humain ont joué un rôle de
premier choix dans l'élaboration du patrimoine culturel Bandjoun.
- La chefferie Bandjoun avant la colonisation s'est
illustrée par la richesse et la diversité de son patrimoine.
- La destruction du patrimoine culturel matériel
Bandjoun est le résultat des facteurs à la fois internes et
externes.
- Les efforts de protection des éléments
patrimoniaux du village Bandjoun sont omniprésents pendant les
périodes postcoloniales et presque absents durant la période
coloniale.
X. METHODOLOGIE DE LA
RECHERCHE
Notre sujet s'inscrit dans la sphère des sujets de type
analytique. Il s'agit pour nous de rapprocher trois périodes
diamétralement opposées (précoloniale, coloniales et
postcoloniales) sur la base de deux critères fondamentaux (destruction
et protection du patrimoine culturel). Pour mener à
bien notre étude, nous avons fait usage des démarches
méthodologiques historiennes classiques à savoir la collecte des
données et leur traitement.
- La collecte des données
Cette première démarche est celle qui nous a
permis d'entrer en contact avec nos différentes sources
d'information. Pour le faire, nous avons fait recours à
la consultation des archives, les entretiens et les enquêtes, visite
guidée du musée et l'iconographie.
. La consultation des archives
Il s'agit des archives de la chefferie Bandjoun et celles de
la commune urbaine de Pete Bandjoun. Pour le faire, nous avons
opéré un travail critique sur les documents mis à notre
disposition. De manière spécifique, nous avons explicité
la situation dans laquelle la documentation a été produite ce qui
impliquait la reconstitution du contexte de production ; Nous avons
interrogé la situation sociale des acteurs, l'histoire et la position
des institutions concernées, mais aussi les représentations, les
discours qui circulent dans la société Bandjoun... Cette
consultation des archives nous a permis d'avoir accès à des
informations les plus intimes sur la chefferie Bandjoun.
. Consultation des documents écrits
Nous avons consulté les ouvrages, les articles, les
mémoires et thèses traitant du patrimoine culturel. C'est ainsi
que nous avons fréquenté les bibliothèques de
l'Université de Yaoundé I plus précisément la
bibliothèque centrale, la bibliothèque du cercle d'Histoire et
archéologie, la bibliothèque de la FLSH de l'université de
Dschang notamment celle du Département d'Histoire et Archéologie,
la bibliothèque de l'Alliance franco-Camerounaise de Dschang, la
bibliothèque du CIPCRE de Bafoussam, la bibliothèque personnelle
de nos encadreurs, et notre modeste bibliothèque.
. Les entretiens et les enquêtes de
terrain
Au regard de la place primordiale qu'occupe l'oralité
dans le concert des sources de l'histoire africaine, au regard de
l'insuffisance d'une littérature spécifique sur le patrimoine
culturel Bandjoun, nous avons fait des multiples déplacements sur le
terrain. Ces déplacements nous ont poussé vers les personnes
ressources notamment les notables, le guide du musée, les forgerons, les
prêtres et prêtresses traditionnelles, les dignitaires et toute
autre personne qui était susceptible d'être porteuse d'une
information liée à notre thématique. Avec ceux-ci, nous
avons passé des entretiens individuels (interview) et des entretiens en
groupe. A l'aide d'un magnétophone nous avons enregistré les
entretiens passés. Par ailleurs nous avons fait usage d'un guide
d'entretien pour réaliser ces enquêtes de terrain.
. Visite guidée du Musée de la chefferie
Bandjoun et usage de l'iconographie
Nous avons dans le cadre de la mutualisation des
stratégies d'accès aux informations fait une visite au
musée de la chefferie Bandjoun sous la conduite d'Albertin Koupgang le
guide du musée. Nous avons procédé
à des observations directes doublées d'un entretien avec ce
dernier. Cette visite nous a permis de découvrir plusieurs objets du
patrimoine matériel Bandjoun mais aussi la dimension spirituelle de
certains objets.
. L'Iconographie
Cette méthode a occupé une place de choix dans
notre investigation. A l'aide d'un appareil photo, nous avons
photographié plusieurs éléments constitutifs du patrimoine
culturel Bandjoun qui s'inscrivent soit dans le cadre de la protection soit
dans le cadre de la détérioration. Après avoir
réalisé les prises de vues, nous avons opéré un
travail d'analyse, de critique suivi d'une description et des commentaires
historiques. Les photos des objets artisanaux, des atouts de production
artisanales et biens d'autres ont contribué à l'illustration de
notre travail.
- Le traitement des données
Pour avoir un accès objectif et critique aux
informations recueillies dans la consultation des ouvrages, articles,
mémoires revues et journaux, nous avons procédé par la
réalisation des fiches de lecture par la suite, nous y avons
appliqué les outils de la critique historique.
Pour les sources orales, une fois la collecte
effectuée, nous les avons retranscrits avant leur traitement. Nous avons
procédé par la suite à la confrontation puis à la
critique par analogie à la science historique car comme le souligne Paul
Harsin, « Une chose est considérée comme
historiquement vraie lorsqu'elle a subi avec succès l'épreuve de
la critique historique »46(*).
Dans le cadre du traitement des données recueillies
à l'issue de la visite du musée royal, nous les avons
inventorié et avons utilisé les techniques des
spécialistes de la muséologie pour restituer les séquences
historiques de la chefferie Bandjoun.
Nous avons également fait appel aux sciences connexes
telles que la géographie, la biologie végétale, la
statistique, la sociologie... A titre illustratif, la
géographie nous a permis de présenter le milieu physique Bandjoun
comme socle de l'élaboration du patrimoine culturel Bandjoun mais
surtout de dresser la carte topographique de la chefferie Bandjoun. La
statistique nous a permis de comprendre l'évolution des effectifs de
certaines sociétés sécrètes Bandjoun, mais aussi de
déterminer les différents pourcentages des réponses
rapportées par les questionnaires de recherche. Nous avons
emprunté à la muséologie pour inventorier le patrimoine
culturel matériel, la sociologie nous a permis d'adresser un
questionnaire aux jeunes de la chefferie Bandjoun.
XI. DIFFICULTES
RENCONTREES
La réalisation de ce travail a connu plusieurs entraves
qui ont constitué de véritables embûches.
Les entraves les plus significatives sont liées au travail de
terrain.
La première difficulté se situe au niveau de la
conservation des archives de la chefferie Bandjoun. Dans notre démarche
d'exploitation des archives, nous avons été attentifs aux
informations que donnaient les documents. Malheureusement, nous nous sommes
butés sur certains aspects notamment des noms absents, des écrits
illisibles, des documents attaqués par des rongeurs et surtout des
non-dits. Ainsi, le plus difficile était alors de repérer ces
silences car ils sont parfois tout aussi significatifs que le contenu
même des archives comme le montre l'historienne Arlette Farge dans son
ouvrage intitulé Le Goût de l'archive47(*).
La deuxième difficulté est relativement
liée à nos personnes ressources. En effet, nous avons
déploré les rendez-vous manqués de certains informateurs.
Aussi certains nous ont accueilli avec méfiance et réticence
surtout quand nous abordions l'aspect des incendies de la chefferie. Bien, plus
l'âge avancé de certains et l'invalidité physique pour
d'autres ont limité notre champ d'investigation. Par ailleurs pour avoir
accès à certaines informations, nous étions obligés
quelques fois de faire appel à une motivation particulière.
La troisième difficulté réside dans le
caractère sacré de certains lieux, certains objets ou de
certains rites et danses. Or, de ce point de vue, nous n'avions pas eu
accès à ces objets ni aux informations entières y
afférentes car il fallait au préalable avoir accompli certains
rites d'initiation. Nous en voulons pour preuve, l'accès au lieu
d'inhumation des rois Bandjoun (fam) nous a été
formellement interdit.
Il convient de préciser que cette liste de
difficultés n'est pas exhaustive. Cependant, nous nous sommes
montrés tenaces et persévérants pour conduire le travail
à bon port.
XII. PLAN DU TRAVAIL
Pour le présent travail, nous nous proposons un plan
qui se décline en quatre chapitres : Chapitre 1 : Milieu
physique et humain comme cadre d'élaboration du patrimoine culturel
Bandjoun. Tel est l'intitulé du chapitre premier de notre travail. Ce
chapitre a pour ambition de montrer la relation qui existe entre le milieu
naturel Bandjoun et la production du patrimoine culturel.
Le chapitre deux pour sa part est intitulé: Le
patrimoine culturel Bandjoun avant tout contact. Ce second chapitre
présente dans la perspective historique le patrimoine culturel Bandjoun
avant tout contact avec l'extérieur c'est-à-dire l'intrusion
coloniale.
Le chapitre trois est titré : Les facteurs de
la destruction du patrimoine culturel Bandjoun (XVIe Siècle-
2005). Ce chapitre se consacre à l'étude des différents
éléments responsables du pillage du patrimoine culturel
matériel Bandjoun et ceux responsables du recul ou de la disparition du
patrimoine culturel immatériel depuis sa fondation jusqu'en 2005.
Le quatrième chapitre s'intitule: Les stratégies
de protection du patrimoine culturel Bandjoun. (XVIe Siècle
à 2005). Ce dernier chapitre met en relief les différentes
stratégies déployées par la chefferie Bandjoun pour
assurer la conservation et la protection de son patrimoine culturel.
CHAPITRE I : MILIEU
PHYSIQUE ET HUMAIN COMME CADRE D'ELABORATION DU PATRIMOINE CULTUREL
BANDJOUN
INTRODUCTION
L'histoire d'un peuple et sa géographie physique sont
des piliers fondamentaux dans la construction de l'édifice d'analyse et
de compréhension de sa civilisation .Tout groupe humain se constitue et
évolue dans un environnement écologique précis. La
vérité selon laquelle la nature est la source des
éléments qui constituent la culture et la civilisation est
irréfutable. D'ailleurs, Le géographe qui a le plus
utilisé le concept de civilisation Pierre Gourou définit cette
notion dans un article célèbre intitulé « la
civilisation du végétal ». Il affirme : « la
civilisation est d'abord l'ensemble des techniques d'exploitation de la nature,
et, dans une moindre mesure, la plus ou moins grande aptitude à
l'organisation de l'espace. Il y a des rapports d'interactions et
d'interdépendances entre éléments physiques et humains
d'un paysage mais par l'entremise de la civilisation qui sert de milieu de
transmission »48(*)
Ainsi, il est évident que l'environnement ou du moins
le milieu physique est le socle sur lequel chaque groupe humain bâtit son
univers historique, politique, économique et socioculturel. C'est
pourquoi le présent chapitre est consacré à l'étude
des aspects géographiques et de l'aperçu historique du royaume
Bandjoun en relation avec la production culturelle.
I.1. L'ETUDE DU MILIEU
PHYSIQUE DE LA CHEFFERIE BANDJOUN
Cette étude du milieu physique du royaume Bandjoun fait
appel à l'exploration successive du relief, du sol et de la
végétation. Conscient que cette activité relève
essentiellement du Domaine de la Géographie physique, il est donc
important de préciser que notre étude du milieu physique sera
orientée vers une perspective de rapprochement avec la construction
d'une civilisation originale avec pour corollaire un legs patrimonial. Mais
avant, il est impératif de localiser la zone géographique dans
laquelle s'inscrit notre étude.
1.1.1 Localisation de la
chefferie Bandjoun
Bandjoun qui fait l'objet de notre étude est le
chef-lieu du département du Koung-Khi. Ce département occupe le
cinquième rang en terme de superficie juste devant les hauts plateaux,
la Mifi et derrière les départements du Noun, des Bamboutos, de
la Menoua, du Ndé et du Haut Nkam. Dans un cadre administratif plus
réduit, la chefferie Bandjoun fait partie intégrante du grand
espace linguistique dénommé l'aire ngomalà49(*). Elle est limitée
au Nord par les chefferies Bafoussam et Bamendjou, dans la partie
méridionale par les chefferies Bangou et Baham , dans la partie
occidentale par la chefferie Baham une fois de plus et à l'Est par la
chefferie Bayangam et le Noun. La position géographique de ce royaume
par rapport à l'équateur et la longitude est spécifique.
Les coordonnées géographiques de Bandjoun sont : La latitude
: 5°22'32? Nord. Longitude : 10°24'47? Est. L'altitude par
rapport au niveau de la mer : 1529m.50(*).
Carte 1: Localisation La'Djo
en pays Bamiléké
Source: Archives communales Bandjoun
consultées le 23-02-2019.
Carte 2: Localisation de la
zone d'étude
L'organisation du terroir dans cette chefferie tout comme
dans les autres sociétés bamiléké est
particulière et originale. Du moins c'est ce qu'atteste Jean Hurault
à la première page de son article:
L'organisation du terroir dans les groupements
Bamiléké est soumise à des lois rigoureuses et
s'étend à la totalité de la surface du pays. Chaque zone
topographique, chaque particularité du relief, chaque type de terrain a.
reçu une vocation précise [...]. Nulle part à notre
connaissance, dans toute l'étendue de l'Afrique tropicale, l'homme n'a
à ce point asservi la nature et remodelé le paysage
géographique51(*).
A cause des alinéas naturels évoqués
ci-dessus, le royaume Bandjoun est divisé en 38 villages environs comme
l'illustre la carte ci-après.
Carte 3 : les sous
chefferies du royaume Bandjoun.
Source : Les archives de la chefferie
Bandjoun Consultées le 14-03-2019.
1.1.2 Relation entre le relief
et la production culturelle.
Le royaume Bandjoun s'inscrit dans le cadre orographique
général des hautes terres de l'Ouest. Ses formes de reliefs
peuvent se résumer en deux catégories ou secteur à savoir
les hautes et les basses terres. Le premier est une zone basse (900 m à
1100m d'altitude) peu étendue presque vide, large de 3 à 7 Km et
longeant sur plus de 28 Km le fleuve Noun. On y pratique à la fois les
cultures et la chasse. On rencontre de nos jours quelques plantations de
caféiers et de palmiers à huile.
Le deuxième secteur est le plus vaste : c'est le
plateau (1500 m d'altitude moyenne) dominant de 300 à 500 m de
dénivellation la vallée du Noun. Il est modelé en collines
aux sommets arrondis entre lesquels les cours d'eaux ont creusé un
réseau de vallées, souvent à fond marécageux
où prolifèrent les palmiers raphia si utiles pour la
construction, l'alimentation (le vin) et la fabrication des objets de toutes
sortes52(*).
Ces formes de reliefs occupent une place de choix dans la
sphère du patrimoine culturel immatériel Bandjoun notamment le
système religieux. Pour le Peuple Bandjoun, certaines collines et
certains rochers évoquent le sacré, un lieu de réceptacle
du divin bien plus l'habitat ou l'espace de rencontre avec Dieu. D'ailleurs
que certaines de ces formes de reliefs constituent des lieux de recueillement,
d'adoration et d'intercession pour le fidèle Bandjoun.
Photo 1: Gouo lem (rocher de
Mlem)
Source : Cliché Simo Djilo 12- 01-
2019 au quartier Mlem.
L'image ci-dessus est l'illustration parfaite d'un
recueillement spirituel sous un rocher. Elle met en relief quatre individus
dont deux femmes et deux hommes visiblement avancés en âge. Une
perspective de la vue arrière permet d'affirmer qu'ils sont sous un
rocher. Parmi les trois personnages de l'extrême gauche de la photo (le
dernier) porte au poigné du bras droit un bracelet, signe indicateur
des prêtres traditionnels à la chefferie Bandjoun. Entre le centre
et l'extrême droite de la photo se trouve le quatrième personnage
avec les bras levés vers le ciel en signe de supplication et
placé pratiquement dans une zone cadrée de petites pierres autour
desquelles coulent le sel et l'huile de palme.
Ce rocher constitué de roches basaltiques date
probablement de l'ère précambrienne. Ce rocher gouo mlem
situé à quelques kilomètres de la chefferie Bandjoun est
d'après la tradition Orale un lieu d'intercession pré-guerre. En
effet, c'est l'un des endroits stratégiques où les guerriers
invoquaient la puissance de Dieu (Si) avant de livrer la bataille
contre les ennemis envahisseurs. Ce rocher aurait trouvé sa
période de gloire pendant le règne du monarque Kaptue entre 1725
et 177553(*).De ce fait, ce rocher,
élément constitutif du relief Bandjoun, était devenu un
socle sur lequel le peuple Bandjoun avait bâti une partie de son
patrimoine culturel immatériel : les sanctuaires
c'est-à-dire des lieux d'invocation de purification ou d'action de
grâces au grand Dieu.
En outre, certains ensembles structuraux à Bandjoun
étaient supposés être des endroits de recasement des
personnes déclarées asociales. Vus sur cet angle, ces lieux
devenaient des environnements de purification nécessaire à leur
réinsertion sociale. C'est le cas des collines de l'actuelle station
missionnaire de Mbouo Bandjoun. L'ancien d'Eglise de la paroisse EEC de Mbouo
Tuekam Victor nous rapporte :
La grandeur de la station missionnaire de Mbouo s'explique par
un fait simple : avant que les blancs n'arrivent, cette station
était un lieu impropre et impur réservé à cette
catégorie sociale appelée les tchié (Paria).Quand
le blanc arriva, il sollicita auprès du chef Bandjoun un espace
d'installation à Mbouo. Le chef Bandjoun se croyant très malin
lui confia la station de Mbouo question de mettre à l'épreuve la
puissance du Dieu Blanc54(*).
Ces collines sont aujourd'hui occupées par les
bâtiments de la faculté des sciences de l'éducation, ceux
de la faculté d'agronomie et des sciences agricoles et ceux de la
faculté de biomédicale. Ces bâtiments constituent les
locaux de l'Université évangélique du Cameroun oeuvre de
témoignage appartenant à l'EEC.
Photo 2: aperçu des
collines de la station Mbouo Bandjoun
Source : Cliché Simo Djilo
12-01-2019 à la station missionnaire de Mbouo Bandjoun.
Sur cette image, on peut remarquer deux versants qui se
joignent à la plus basse altitude. Ces deux versants traduisent le
caractère accidenté du relief qui confère à ce
dernier les caractéristiques d'un plateau que les populations locales
appellent nkouon Mbouo. Maman Lydie Fotso ancienne d'Eglise à
la paroisse EEC de Mbouo nous rapporte que cette zone (nkouon Mbouo)
est domptée par les missionnaires français de la mission de Paris
au lendemain de la première guerre mondiale55(*).
Il est manifeste que lerelief a contribué fortement au
façonnement de l'âme et de la personnalité même du
royaume Bandjoun. Cet ensemble structurel est renforcé par le couvert
végétal.
1.1.3 La
végétation, et les productions culturelles à Bandjoun
Les caractéristiques climatiques ont donné
à Bandjoun une végétation spécifique. C'est un
climat équatorial camérounien remarquable par sa fraicheur, des
températures constantes et moyennement basses (dépassant rarement
22 et 230). Les minima atteignent rarement 130. Les
précipitations sont abondantes (plus de 1600mm par an) avec une
amplitude thermique faible. Ce climat est subdivisé en deux grandes
saisons : une saison sèche appelée kap lem qui va
de la mi- novembre à la mi- Mars et une longue saison de pluie
appelée Kap So'o qui occupe le reste de l'année56(*).
Ce climat a donné à Bandjoun un couvert
végétal que Jean Paul Notué décrit en ces
termes : « Alors que savane, bocages et prairies occupent le
plateau, les forêts de galeries s'observent le long du
Noun »57(*). Ces
végétations ont subi un véritable coup de l'action
anthropique. De cette forêt est issu le bois, élément
primordial de la sculpture ou du savoir-faire endogène chez les
Bandjoun. L'image suivante illustre la végétation de forêt
de la chefferie Bandjoun. .
Photo 3:
végétation de forêt autour de la chefferie
Bandjoun
Source : Cliché Simo Djilo 12- 01-
2019 à Djouomhouo.
Cette image prise à quelques encablures de la chefferie
(Djouomhouo) illustre clairement le premier spécimen
végétal qu'on retrouve à Bandjoun. Elle se
présente comme une forêt constituée des arbres de tailles
variées et serrés traduisant un caractère ombrophile,
hygrophile et sempervirente58(*). Après rapprochement avec le patrimoine
culturel Bandjoun, on comprend rapidement que le développement de l'art
du bois dans la chefferie Bandjoun trouvait déjà un terrain assez
approprié pour son épanouissement. A base de cette matière
première qu'est le bois de forêt, les artisans de Bandjoun ont
bâti un patrimoine matériel extraordinaire constitué des
Tam-tam, des tabourets, des poteaux sculptés...
Cette végétation de forêt humide,
au-delà de fournir des matières premières
nécessaires à la réalisation du riche patrimoine
matériel Bandjoun, constitue également un atout plus ou moins
essentiel dans une dimension patrimoniale immatérielle. En effet,
certains arbres de cette forêt sélectionnés au crible de
quelques critères fondamentaux jouent le rôle d'autel et de
recueillement dans la spiritualité traditionnelle Bandjoun. De ce fait,
ils sont considérés comme lieux saints, lieux
réservés à Dieu, argument qui peut d'ailleurs se
vérifier dans l'expression Tuep si(Place de Dieu). L'image qui
suit met en exergue un Tuep si.
Photo 4: Lieux sacré
(Tuep si)
Source : Cliché Simo Djilo 12- 01-
2019 à Hiala.
Ces images ci-haut présentent deux gigantesques
arbres. L'épaisseur du tronc (photo gauche), la grosseur et la longueur
des racines témoignent la puissante capacité de ces arbres
à chercher l'eau souterraine. Ces arbres sont entourés par une
autre espèce végétale appelée feken
traduit littéralement « arbre de paix ».
A proximité de la partie basse on peut apercevoir des morceaux de
roches basaltiques qui donnent une nette impression de coloration
conséquence des sacrifices effectués. Cet espace sacré est
selon le prêtre traditionnel (kam si) Tagne Jérôme
l'un des sites sacrés les plus anciens du royaume Bandjoun. Il est
situé à quelques pas de la chefferie et appartiendrait à
un ancien dignitaire Bandjoun59(*).
Dans la chefferie Bandjoun comme dans toutes les autres
unités politico-traditionnelles Bamiléké, la
végétation de forêt est un outil indispensable pour
l'affirmation du symbole sacré et mystérieux de la chefferie
nommée forêt sacrée.
Autour des cours d'eaux qui arrosent le village Bandjoun, se
dressent des forêts qualifiées de forêts de
galeries60(*).
Photo 5: Foret de galerie
à Bandjoun
Source : Cliché Simo Djilo 12- 01-
2019 à Djouomhouo.
Au regard de l'image ci-dessus, on remarque que l'essentiel de
l'espèce végétale qui constitue les forets de galeries
à Bandjoun est le kroh « raphia ». Cette
ressource naturelle a été utile aux artisans Bandjoun notamment
dans la construction des cases traditionnelles, les clôtures des grandes
concessions, les greniers externes, l'extraction du vin de Raphia...
L'une des végétations qui caractérise
encore Bandjoun est la Savane herbeuse. Dans cette savane, le peuple Bandjoun
trouve la matière première qu'est la paille tropicale pour
l'édification des toitures des cases traditionnelles. L'image qui suit
présente le sommet des cases traditionnelles à la chefferie
Bandjoun pratiquement dans les années 1917.
Photo 6: Une toiture
réalisée à base de la paille.
Source : les archives de la chefferie
Bandjoun consultées le 14-03-2019.
Ces cases ci-dessus sont les prototypes des toutes
premières cases de la chefferie Bandjoun. Elles auraient
été les lieux d'habitation des premiers monarques entre le XVI et
le XVIIème siècle. On peut apercevoir des toits
coniques tissés à base des lianes de raphia et habillés
par des composantes de la savane herbeuse que les Bandjoun appellent no'o.
Il est donc évident que ce savoir-faire représenté
ci-dessus a été rendu possible grâce à la
disponibilité de cette matière première (no'o).
1.1.4 L'hydrographie
La chefferie de Bandjoun est assez arrosée. Elle est
drainée par plusieurs tributaires du Mghem, cours d'eau qui
prend sa source aux confins ouest de la chefferie où il est
appelé Chie Melang-afo. Il entre dans celle-ci par le lieudit Tsela. On
le retrouve par la suite à Tesso où il forme une partie de la
frontière avec la chefferie de Bamougoum et où il porte le nom de
Mifi-sud. Les principaux cours d'eaux qu'il reçoit à travers la
chefferie de Bandjoun sont Chie Velè, Chie Vac-Vac et
Chie Mlem.
Tout comme le relief, la végétation, l'eau a
contribué à façonner le patrimoine immatériel
Bandjoun principalement en ce qui concerne une fois de plus la vie spirituelle.
Ali Mazrui dans son reportage cinématographique intitulé
« The triple heritage » énonçait:
« At the beginnig, was the water, the water was god and God was the
water». C'est dans la même logique que Hérodote d'une part
et Polybe d'autre part ont affirmé respectivement :
« l'Egypte est don du Nil », « La
Mésopotamie, le don des deux fleuves jumeaux, le Tigre et
l'Euphrate »61(*). A travers ces assertions et surtout sur la base du
rayonnement de ces civilisations, on est en droit de conclure que l'eau est le
noyau central de la civilisation. Elle occupe une place stratégique dans
l'univers religieux Bandjoun. Ils sont des endroits où les populations
se rendent périodiquement pour se recueillir et procéder à
des libations et à des sacrifices.
Ainsi les cours d'eaux qui arrosent la chefferie Bandjoun ont
une connotation spirituelle particulière. Le cas le plus frappant est le
Chie Vac-Vac. Maman Dugne Motouom nous rapporte les faits qui suivent
au sujet de ce cours d'eau.
C'est un cours d'eau dans lequel repose les ancêtres du
groupement Dembou et Tsela. Entre 1998 et 2002, la commune rurale de Pete
Bandjoun dans le cadre du processus d'urbanisation avait souhaité faire
passer un pont moderne sur le Chie Vac-Vac. Dans un premier temps les
autorités ont démarré les travaux sans l'aval des
autorités traditionnelles de Dembou. Malheureusement toutes les
réalisations faites en journée s'écroulaient pendant les
nuits. Il a fallu faire appel aux autorités traditionnelles qui ont
consacré entièrement un jour de sacrifices et d'intercession
auprès du Si Dembou et aux ancêtres. Chose curieuse après
cette journée d'offrandes et d'intercession, les travaux ont
continué paisiblement et finalement le pont a été
réalisé. 62(*).
1.1 .5 La faune
La biocénose du royaume Bandjoun actuellement est
très pauvre. Elle est caractérisée par la présence
des oiseaux et des petits rongeurs (rats, écureuils, perdrix,
hérissons, etc.), le gros gibier étant en voie de disparition du
fait même de la disparition de la forêt. Cependant, durant
l'ère précoloniale, cette faune était hyper riche. Jean
Paul Notué affirme à cet effet : « Bandjoun fut
autrefois très giboyeux et le fondateur du royaume lui-même
était un chasseur. La faune se composait essentiellement
d'éléphants, d'antilopes, buffles, panthères, crocodiles,
tortues, hippopotames, singes, hyènes, oiseaux, bref toutes les
espèces de la forêt et de la savane ».63(*)
Cette faune luxuriante est étroitement liée au
patrimoine culturel Bandjoun. En effet, la plus grande partie de la faune
Bandjoun se retrouve dans les représentations artistiques. Après
être capturés, ces animaux étaient dépourvus des
parties principales telles que les peaux (pour les panthères), les
ivoires d'éléphants, les têtes d'hippopotames... Alors ,ces
produits fauniques étaient réutilisés par les artisans
pour la fabrication des objets comme les tam-tams, le ramollissement de la
coupe royale à partir d'une corne d'éléphant, la
fabrication d'un siège à base des dents d'animaux etc.
Par ailleurs, cette faune puissante a permis aux chefs
Bandjoun de trouver un socle propice pour le développement du
totémisme. L'animal le plus célèbre dans ce domaine
à la chefferie Bandjoun etait la panthère. C'est la raison pour
laquelle le roi Bandjoun est surnommé Nomgwi.
« Panthère ».
Au vue de ce qui précède, il ressort clairement
que la nature est étroitement liée à la production
patrimoniale. On peut donc comprendre pourquoi Henri Onde dans son
article affirme:
La nature offre un certain nombre de possibilité
entre lesquelles les groupes humains font un choix pour leur permettre de
répondre à leur désir et à leurs besoins. C'est
elle, et elle seule qui peut donner une juste idée du milieu naturel et
des possibilités d'installation par lui offerte ; C'est elle encore
qui permettra d'apprécier les capacités d'adaptation et
d'initiative des groupes humains considérés non plus comme une
matière inerte, une argile plastique, mais comme des agents capables de
modeler le milieu 64(*).
1.2 LA CHEFFERIE
BANDJOUN : UNE HISTOIRE SINGULIERE ET PROPICE A L'ECLOSION DU PATRIMOINE
CULTUREL
Après l'étude du cadre physique, nous constatons
que l'unanimité peut être faite au sujet de l'assertion selon
laquelle le milieu naturel influence la production du patrimoine d'un peuple en
général et Bandjoun en particulier. Cependant, il est important
pour nous d'étudier le contexte historique dans lequel émerge la
chefferie Bandjoun, contexte qui nous permettra d'élucider la puissance
matérielle et immatérielle du patrimoine de cette chefferie
Grass-Field. Alors cette sous partie abordera la fondation de la chefferie et
de la lignée dynastique.
1.2.1 Fondation du royaume et
mise en place d'une entité traditionnelle porteuse d'un riche patrimoine
culturel
En faisant appel à la tradition orale, on remarque
évidemment qu'une unanimité se profile au sujet de l'aspect selon
lequel Baleng constituerait l'hypocentre de la chefferie Bandjoun65(*). Jean Paul Notué est
précis et pointilleux quand il évoque la fondation du Royaume
Bandjoun. « Certains apparaitront au XVIe,
XVIIe et XIXe siècle : Baleng, Bandjoun,
Bana, Baham, Bangangté, Bafoussam, Batcham, etc. Leurs fondateurs
vinrent pour la plupart des régions périphériques aux
hautes terres de l'Ouest. Bandjoun spécifiquement est une souche
secondaire de la chefferie Baleng »66(*).
La légende de fondation de la chefferie Bandjoun est
longue, riche en leçons et stratégies. La légende et la
tradition orale nous rapportent qu'entre le XVe et le
XVIe siècle se dressait autour de la vallée du Noun
une petite chefferie dénommée Nepèguè
dirigée par le 19ème souverain nommé
Tchougnafo. Ce dernier avait comme princes : Notchwegom, Mouafo et Tayo ou
Foyo. Un jour, une dispute éclata entre les princes au sujet du partage
de l'huile de palme67(*)
et surtout au sujet de la succession de Tchougnafo. A la mort du vieux roi,
dans le souci de fuir la vengeance de leur frère, Notchwegom et Mouafo
prirent fuite et s'exilaient du village. Malheureusement, la situation
relationnelle entre Tayo et son Kuipou se détériora
progressivement avec pour dénouement la prise du pouvoir de
Nepèguè par son Kuipou qui s'était
installé dans un quartier éloigné du royaume
Nepèguè. Après la prise du pouvoir, le kuipou
réunifia son quartier et Nepèguè et
l'ensemble né de la fusion était Baleng ou Lengsap. Les
dignitaires opposés au coup d'Etat se joignirent à Notchwegom et
s'installèrent au lieu dit Famleng. Quant à son frère
Mouafo, celui -ci s'installa dans l'actuel département du Ndé
où il fonda Banlengou68(*).
Notchwegom qui s'était installé à Famleng
devint un puissant chasseur à Famleng car cette localité
était dans une zone très giboyeuse. Il convient de
préciser que la zone d'installation de Notchwegom était aussi
composée de plusieurs chefferies indépendantes et rivales comme
Dibu, Soung, Mouwe, Moudjo, Tse, ... Alors, Notchwegom réussit à
obtenir la confiance du très puissant Foadibu, Chef de Dibu (la plus
importante chefferie de la zone), qui lui donna sa fille en mariage. Un jour,
en guise de récompense pour les gibiers qu'il recevait assez souvent de
son gendre, Foadibu lui envoya un sac rempli de légumes par sa fille
venue lui rendre visite. Au grand bonheur du chasseur venu de
Nepèguè, le sac contenait le bracelet de cuivre (kwè
pè), insigne du pouvoir et symbole de la royauté de Foadibu.
L'histoire ne dit pas s'il s'agissait d'une mégarde du monarque, ou
d'une manoeuvre de la princesse au bénéfice de son mari.
Toutefois, Noutchwegom se trouva avec ce bracelet, et fut aussitôt
reconnu comme fo. Fin stratège, il agrandit sa chefferie en
soumettant plusieurs petites chefferies du voisinage, et agrandit sa population
en accueillant des refugiés, et aussi en achetant des esclaves qu'il
affranchit. Ceci est d'ailleurs l'origine du nom Bandjoun, une
déformation de padjo .Pa qui signifie
«les gens ». Djo signifie
« acheter » par extension le concept peut traduire
« groupe de personnes ou pays qui achète »69(*).
Ainsi la chefferie Bandjoun était née. Un cadre
politico-humain nécessaire à l'éclosion d'une production
culturelle venait ainsi de voir le jour.
1.2.2 La lignée
dynastique en relation avec le patrimoine culturel Bandjoun.
Des origines jusqu'à nos jours, la chefferie Bandjoun a
connu 15 souverains chacun ayant marqué l'histoire du patrimoine du
royaume soit de manière significative pour certains et soit de
façon moindre pour d'autres. Le tableau suivant met d'abord en relief
les grands rois qui se sont succédé à la tête du
Royaume Bandjoun.
Tableau 1: Les acteurs du
façonnement du patrimoine culturel Bandjoun
|
ROI
|
KUIPOU
|
MAFO
|
WAFO
|
SOUOP
|
TABUE
|
SOUOP
|
1
|
NOTCHWEGOM
|
|
Matsotio
|
|
|
|
|
2
|
NOTOUOM I OU NGOTWOM
|
Tchwomkwong
|
Chiebou
|
Gnoche
|
Guemtio
|
|
|
3
|
DU'GNECHOM
|
Simleng dit Kamdjo
|
Kapchié
|
Dzukam
|
|
|
|
4
|
NOTOUOM II
|
Silemg
|
Notio ou Ngotio
|
Dzu nye
|
|
|
|
5
|
NOTOUOM III
|
Kaptuom
|
Ngotio
|
Wafo Notoum III
|
|
|
|
6
|
BHEDEPA
|
Kwipu Bhedepa
|
Mafo Bhedepa
|
Wafo Bhedepa
|
|
|
|
7
|
KAPTO
|
Kwipu Kapto
|
Tomou
|
Wafo Kapto
|
Souop Kapto
|
|
|
8
|
KAPTUE70(*)
|
Tagemchom
|
Tuèbou
|
Wafo Kaptué
|
Tatou
|
Moukwe
|
Ngnokwo ou Nokwe
|
9
|
KAMGA I ou KANGUE NKUNG
|
Tuègno
|
Guetio
|
Yuevop
|
Tamdjo
|
Foba
|
Ngoegom
|
10
|
FOTSO I
|
Nemnye
|
Mogung
|
Tuepegung
|
Kaptué Komguem
|
Fogué
|
Nkamnye
|
11
|
FOTSO II
|
Kamgue Djuissi
|
Mesudom
|
Kamgue
|
Tokam Megueya
|
Fotso
|
Gafè
|
12
|
KAMGA II71(*) JOSEPH
|
Fokoua
|
Menewa
|
Foaleng
|
Fotso Nguemkam
|
Fodouop
|
Vampue
|
13
|
FOTUE KAMGA
|
Ngniè Kamga Joseph
|
Nguemgne Motué
|
Talom
|
Tchatué Boumo
|
Fossouo
|
Nemnye
|
14
|
NGNIE KAMGA
|
Nono Kamga Victorin
|
Nono
|
Wabo
|
Kamdem Jean Nestor
|
Bassah
|
Tschuegoum
|
15
|
DJOMO KAMGA
|
Nokam Kamga Saturin
|
Megne
|
Wafo Wafo Dyugnechom
|
Fogno
|
Dyugnechom72(*)
|
|
Source : Notué, Jean paul.,
« Le Royaume de Bandjoun ( Lem Djo ou Gug Djo) : Histoire,
contexte de création artistique, arts et traditions
dynamiques » ....,p. 42.
1.2.2.1. NOTCHWEGOM (XVe
et XVIème siècle).
Il est considéré dans la tradition orale
Bandjoun comme étant le fondateur de la Chefferie. C'est lui qui assura
l'implantation du décor structurel et administratif et culturel de
Bandjoun. En d'autres termes, tout l'univers patrimonial de la chefferie
Bandjoun repose sur le socle dynastique de ce monarque. On ne peut concevoir et
lire toute la richesse culturelle d'un peuple qu'à travers un cadre bien
élaboré que nous pouvons appeler la chefferie. Il revient donc
à ce roi tout l'honneur de la mise en place de cette entité
politique qui devait porter le faste patrimonial Bandjoun.
Pour y parvenir, il dût soumettre par la violence
quelques chefs vassaux rebelles. L'exemple du Fo Totso fo de Soung
est généralement cité. C'est donc à la
tête d'un royaume en pleine croissance que Notchwegom mourût. Les
circonstances de sa mort ne sont pas clairement établies.
D'après certaines sources, il se serait noyé dans un marigot
situé à Pu'munyeh (Poumougne)73(*).
1.2.2.2. NOTOUOM
(1525)
Après les brefs règnes de Notchwegom, Notouom I
prit la relève. Il continua les oeuvres de son père (achat des
esclaves, accueil des refugiés). Il est le père de l'histoire de
Bandjoun, le fondateur de la dynastie de Notouom. Il joua un rôle
fondamental dans la construction du système religieux Bandjoun
élément essentiel du patrimoine immatériel.
En effet, Il adorait le Dieu de Notouom, « Si
Notouom». La tradition orale rapporte que ce Dieu se manifesta au roi
Notouom et lui donna l'autorisation de s'installer au lieu que le roi baptisera
« Famleng », en l'honneur de ses ancêtres de Baleng et
en action de grâce au Dieu qui l'a accueilli et établi74(*).
Notouom I était caractérisé par sa foi en
Dieu, par le sacrifice de Pu'msé75(*)qu'il offrait à Dieu. Ce sacrifice qui
demeure jusqu'à nos jours l'un des fondamentaux du patrimoine
immatériel. Albertin Koupgang nous rapporte :
Il distribuait gratuitement à la population la viande
de sa chasse toujours très fructueuse à cause du nombre de jeunes
qui l'accompagnaient. Sa renommée était telle qu'il était
très souvent invité à l'assemblée des chefs de la
localité pour ses conseils pleins de sagesse. Il conquit le coeur d'une
jeune princesse qui put lui trouver un bracelet royal à l'aide duquel il
se fit reconnaître comme un roi caché jusque-là, mais qui
venait de loin et se passionnait que de chasse. Il décida de
déplacer sa capitale de Famleng à l'actuel Hiala qu'il jugeait
plus stratégique pour ses conquêtes. Mais il mourut en chemin
à Poumougne (forêt du seigneur), nom donné
à cette forêt sacrée jusqu'à ces derniers temps
où la sous-préfecture est venue s'y étendre76(*).
1.2.2.3. DUGNECHOM (Moins
d'un an de règne).
Il est considéré comme l'auteur de la
systématisation de la chefferie Bandjoun sur tous ses aspects. Bien
plus, on remarque qu'il a été l'un des acteurs soucieux de la
conservation et de la valorisation de la culture d'un peuple
élément fédérateur de son existence. Même si
ce peuple doit vivre sous une domination, le dominateur doit prendre en compte
les coutumes du dominé. Paul Notué écrit à cet
effet : « Les petites chefferies soumises ou conquises devinrent
peu à peu des sous chefferies qui conservaient leurs coutumes et
payaient régulièrement un tribut. Dugnechom créa le
Majong une société guerrière chargée
de former les jeunes »77(*)
1.2.2. 4. NOTOUOM II
(1525-1575)
Il est le continuateur ardent de l'oeuvre de son père
Notouom I. Grâce à son amitié avec le roi de Baham qui
était puissant dans les environs, il conquit d'abord quelques
royaumes78(*).
Le roi Notouom II est l'un des précurseurs de la
production patrimoniale artistique Bandjoun. En effet, il aurait
contribué à l'importation des matières premières de
la production du patrimoine culturel de sa chefferie mais aussi il a
joué un rôle non négligeable dans la déportation du
patrimoine culturel matériel Bandjoun. Kui Tagne Notable
installé à Djionè affirme à son sujet :
Lorsqu'il faisait sa chasse vers le Noun, il faisait fortune
avec la viande des hippopotames, buffles et éléphants qu'il
tuait. Il vendait également les défenses
d'éléphants aux amateurs d'ivoire pour la fabrication des bijoux
divers. Avec le fruit de sa chasse il achetait tout le long de sa route. Il
achetait aussi des esclaves qu'il laissait sur place sous le contrôle de
quelques soldats. Ceux-ci veillaient sur les acquis en attendant le retour de
leur maître. Il est mort dans la gloire après avoir fait donner le
surnom de « Pa Jo » (les acheteurs) à ses gens, parce
qu'il achetait tout : les hommes, les femmes, les bêtes, le maïs, le
haricot, les arachides, la banane, les ignames, bref les produits vivriers
qu'il utilisait pour nourrir ses soldats et son peuple. De plus, il semait et
plantait d'autres. A tel point que dans la région, tout était
devenu propriété des Bandjoun. On dit Guefe a jo,
biyè a jo, nkédé a jo etc (maïs de
Bandjoun, arachide de Bandjoun, banane de Bandjoun...). II donna ainsi
naissance à Bandjoun dans un grand sursaut d'orgueil et mourut dans la
gloire après avoir eu à chasser plusieurs fois les envahisseurs
Bamoun.79(*)
1.2.2.5. NOTOUOM III
(1575-1625)
Notouom III suivit à la lettre la politique humaniste
de son père. Il avait le culte du pouvoir qui vient de Dieu,
maître de la terre. Il confisqua une vingtaine de chefferies que son
père avait trouvées dans la région sans pour autant
confisquer le pouvoir divin des chefs ni leurs hommes. Il eut une grande
population à gouverner. Aussi, comprit-il la nécessité
d'une rigoureuse organisation. Il opta pour la méthode de diviser pour
mieux régner. Les chefferies et leurs organisations formaient, bien
sûr, les structures de base, mais comme elles n'étaient pas unies
entre elles, il leur fallait des superstructures de liaison. Alors Fo Notouom
III créa des provinces appelées Dje. Chaque
Dje partait de Hiala à la limite avec le royaume voisin. Il
créa ainsi sept Dje au total. A la tête de chaque
Dje (province), était placé un gouverneur nommé
kemdje.
Ce kemdje est devenu plus tard une société
sécrète. Teku marcel déclare au sujet de Notuom III :
Le roi lui-même allait de temps en temps en
tournée dans ses différentes Dje et en profitait pour
percevoir la dîme qui lui revenait. Notouom III eut donc le grand
mérite de créer l'unité, la fusion de vingt chefferies en
un grand royaume et de doter ce dernier d'une solide organisation par la
création des sept provinces ayant chacune à sa tête un chef
de province. Il ne destitua pas les rois conquis tel que prescrit par son
père.80(*)
1.2.2.6. BHEDEPA ET
KAPTO
Le roi Bhédepa eut un règne très court
raison pour laquelle ni ses réalisations ni son prestige encore moins sa
personnalité sont méconnus des traditions orales.
Le septième roi ( Kapto) régna entre
(1625-1675). Il est considéré à juste titre comme le
moraliste. C'est lui qui est considéré comme le prototype des
valeurs éthiques et morales de la société Bandjoun. Or ces
valeurs sont plus ou moins des indicateurs mieux un legs culturel important
pour définir une civilisation donnée. Alors le roi Kapto avait
construit un édifice moral et éthique sociétal
pratiquement accompli. Car son père Notouom III, lui ayant laissé
un royaume socialement bien organisé et fortement peuplé.
Il eut à créer ou mieux, à rappeler les
rois pour garantir la pureté des moeurs, à améliorer les
conditions de vie des Mkamvù, (les neufs notables), compagnons
du roi fondateur qui formaient son conseil suprême. Il les rapprocha de
lui à Hiala pour faciliter la régularité de la tenue de
leurs réunions. Il renforça dans la même lancée, le
rôle social des nkam-si, (prêtres, moralistes,
prophètes de la région), le sens du sacrifice et de la
moralisation. Il présidait aux rites et faisait chanter les cantiques de
bénédiction pour les bons et les cantiques de malédiction
pour les méchants. Le roi KAPTO sanctionnait sévèrement la
fornication, l'adultère, le suicide, l'homicide, le vol, les crimes
politiques, la trahison... les complices de la fornication étaient,
lorsque la fille avait conçu, chassés du village et vendus loin
comme esclaves. Les voleurs étaient traînés à
travers le marché par la police et conduits en prison. Les
suicidés n'avaient pas droit à la sépulture familiale. Les
autres crimes étaient condamnés à la peine de mort. KAPTO
n'y allait donc pas de main morte et son pays (village) lui reste reconnaissant
pour l'avoir sauvé du naufrage de la corruption et de la
dépravation des moeurs. La rigueur des parents favorisait le mariage
précoce des jeunes filles (les filles à 16 ans et les
garçons à 25 ans), le sens de l'économie. Tous les jeunes
travaillaient, on ne parlait même pas de délinquance
juvénile, on ne trouvait pas de femme libre.81(*)
1.2.2.7. KAPTUE
(1725-1775)
Le qualificatif indomptable qualifie clairement ce monarque au
regard de sa témérité devant les ennemis envahisseurs. Il
se montra déterminé à protéger le riche patrimoine
politique, économique et surtout culturel que ses
prédécesseurs avaient laissés. C'est pourquoi le roi
Kaptue, face à ces menaces, comprit la nécessité de
renforcer ses effectifs militaires par une préparation intensive et par
l'acquisition d'un matériel militaire plus important. Cette armée
eut à résister à l'attaque de Bali qui envahit Bandjoun
malgré l'absence du roi qui s'était réfugié
à Batié82(*).
1.2.2.8. KAMGA I
(1775-1825)
Kamga I succède à son père et se bat pour
étendre son royaume en incluant les Bameka et les Bamougoum. On garde de
lui la célèbre victoire du Nka sè qui était une
dépendance des Bamougoum et surtout la victoire sur les Bamoun. Car
attaqué, Kamga I roi de Bandjoun résiste solidement et ira
même jusqu'à traverser le Noun et poursuivre la guerre jusqu'aux
murs de Foumban où le roi Bamoun dût signer un traité de
paix avec lui. Le roi Kamga I fut également un homme de culture, le
créateur de chefs d'oeuvre architecturaux qui impressionnent encore de
nos jours les touristes dans le musée de la chefferie de
Bandjoun83(*).
1.2.2.9. FOTSO I
(1825-1875)
Le roi Kamga I mourut dans la gloire et son fils Fotso I prit
la relève pour continuer les guerres, car c'était un guerrier, un
philosophe, un politicien, un croyant. Il a joué un rôle
fondamental dans le domaine du patrimoine culturel immatériel. En effet,
il a eu à approfondir la mystique du pouvoir de manière originale
et révolutionnaire et c'est lui qui est considéré comme le
père de la démocratie Bandjoun.
Albertin Koupgan affirme :
Il inspirait à la fois la crainte de Dieu d'où
vient tout le pouvoir et du peuple par qui le roi est fort. Nos pères
disent ceci : Fo pu si, si pu fo nwe bi si, si
gun... (Le roi gouverne avec Dieu, Dieu gouverne par le roi et avec le
roi. Dieu est le maître de tout. Dieu est le maître de l'univers.
Tout pouvoir vient de Dieu). Le roi Fotso I, tout en affirmant l'unité
d'action de Dieu et de sa foi en Dieu, ajouta Fotso pugun Fotso pegun
(Le roi et le peuple, la main dans la main construisent, gouvernent le
royaume).
C'est le sens très approfondi de la démocratie
qui signifie et affirme la présence simultanée et efficace du roi
et de son peuple. Son nouveau nom fut donc Fotso pugun Fotso
pegun. Comme un guerrier, le plus grand de la dynastie, il est
intervenu dans plusieurs circonstances pour porter secours aux autres
chefs84(*).
1.2.2.10. FOTSO II
(1875-1925)
Au début du règne de FOTSO II, Bandjoun avait
déjà une grande renommée car son père avait
été un grand monarque. Les Allemands étaient en chemin et
se dirigeaient vers Bandjoun ; mais les émissaires venant de
Bamoumgoum avaient informé Fotso II de leur invincibilité. C'est
ici que s'opère le lien entre son pacifisme et la protection du
patrimoine culturel Bandjoun. Cette collaboration avec l'Allemagne aurait
contribué à sauvegarder tout le riche patrimoine culturel
chapeauté par les autres monarques. Car contrairement aux autres
chefferies qui se consumaient du fait d'avoir opposé une
résistance, Fotso II adopta plutôt une attitude pacifique avec
les Allemands qui firent de Bandjoun un grand centre de rassemblement des
chefferies.
Par ailleurs, il ouvra la voie à l'intrusion de
l'évangile et à l'instruction qui devaient par la suite
bouleverser l'ordre culturel jusque là établi. Le notable Ta
Souop Youevop affirme : « Le drapeau allemand était
hissé à la chefferie quand le chef était absent. Il envoya
son fils Kamga suivre des cours d'allemand à Bali, seul centre où
les Allemands avaient ouvert une école. Il installa les missionnaires
catholiques et protestants. Il envoya le premier de ses enfants à
l'école, donnant ainsi une leçon à ses
compatriotes ».85(*)
1.2.2.11. KAMGA II
(1925-1975)
Il est considéré comme celui qui trouva la
stratégie la plus fiable pour essayer de sauver le patrimoine culturel
Bandjoun des griffes du modernisme ambiant. Descendant d'une lignée
d'hommes forts et conquérants, Kamga II Joseph, incarnait à la
fois le pouvoir et les vertus de ses prédécesseurs. Il devait,
après son accession au trône, leur faire honneur en continuant les
oeuvres par des actions éclatantes et révolutionnaires dans
l'ordre de la construction d'un Bandjoun authentique, fidèle aux
traditions, lumineux, mieux adapté aux justes aspirations du monde
moderne. 86(*)
1.2.2.12. FOTUE KAMGA
(1975-1984)
Après Fotso II, Kamga II et d'autres grandes figures de
l'histoire de Bandjoun, FOTUE KAMGA reste aussi l'un des hommes qui aura
marqué d'un sceau indélébile son temps dans son territoire
et au-delà. Tabue Elie et Albertin Koupgang nous rapportent :
C'était un chef atypique, véritable champion du
combat entre traditions et modernisme et reconnu comme très
généreux durant tout le long de son règne long de19 ans
seulement. fomougne, comme l'appellent affectueusement les intimes,
était très généreux et altruiste au point où
juste au moment de son accident de circulation qui lui coûtera la vie, il
s'enquerra auprès du secouriste, dans un ultime effort, de l'état
de santé de son chauffeur87(*).
1.2.2.13. NGNIE KAMGA
(1984-2004)
Administrateur civil, Ngniè Kamga est préfet
à Mfou à la mort de Fo Fotuè. Son début de
règne fut apaisé. On vante les qualités du nouveau
souverain qui partage les traits de caractère de son père le
fo Kamga II toujours vénéré à Bandjoun :
bon orateur, grand danseur, parfaite maîtrise des coutumes, connaissance
approfondie du terroir, de son histoire, de sa culture. Mais cet état de
grâce ne durera pas longtemps, et certains pensent à tort ou
à raison, que le fantôme de Fotuè Kamga aurait plané
sur la chefferie pendant tout son règne qui fut perturbé sur un
plan personnel par la maladie, avec de nombreux et longs séjours en
Europe pour des soins, et sur un plan général par ses prises de
position en faveur du régime en place à un moment où ce
régime avait mal à partir presque partout dans le pays, et plus
particulièrement à l'Ouest.
Fo Ngniè a toute fois apporté sa touche
personnelle au développement du royaume qui a vu se multiplier les
centres de santé, les établissements scolaires, les routes
parfois goudronnées. C'est le roi qui aurait su connecter Bandjoun dans
le numérique. Fin danseur, il a ressuscité les fêtes
culturelles qu'il a rebaptisées Msem Todjom et a eu le
mérite de détruire le vieux Nemo alors fait uniquement
de matériaux locaux et a fait reconstruire un nouveau modèle,
intégrant des nouveaux matériaux comme le béton et le fer.
Il était soucieux du respect des traditions mais a souvent
été décrié pour sa gestion des successions. Voulant
peut-être corriger le gaspillage reproché à son
frère, Ngniè Kamga eut une main hermétiquement
fermée.88(*)
CONCLUSION
Au terme de ce présent chapitre, il ressort clairement
que le milieu physique du royaume Bandjoun constitue un socle solide pour
l'éclosion du patrimoine culturel de cette entité politico
traditionnelle. Du relief à l'hydrographie en passant
par la végétation et la faune, ces éléments du
milieu physique ont donné la possibilité aux populations de la
chefferie Bandjoun de domestiquer la nature afin de bâtir un patrimoine
culturel matériel et immatériel extrêmement riche.
Par ailleurs, l'analyse du contexte sociohistorique de
Bandjoun nous a permis de déceler le constat selon lequel cette
chefferie est l'une des plus anciennes du plateau Bamiléké en
particulier et Grass-Field en général ; Le processus
d'implantation et de consolidation de la chefferie est pratiquement similaire
à celui des autres monarchies traditionnelles Bamiléké
notamment les migrations et les conquêtes. Depuis ses origines quinze
monarques se sont succédés au sommet de la haute
hiérarchie de cette unité traditionnelle. Ils ont oeuvré
chacun en ce qui le concerne pour la production d'une culture matérielle
et d'une culture immatérielle. Ainsi, la continuité d'analyse
nous exige à questionner ce patrimoine culturel.
CHAPITRE II : BANDJOUN
ET SON PATRIMOINE CULTUREL AVANT LE CONTACT AVEC LES PUISSANCES OCCIDENTALES
INTRODUCTION
De nos jours, plusieurs éminents historiens africains
en général et camerounais en particuliers estiment que l'histoire
de l'Afrique dans son découpage chronologique ne doit plus
forcément s'attacher à la périodicité
coloniale89(*). Ils sont
de plus en plus hostiles à l'usage des expressions telles que, la
période précoloniale africaine, la période coloniale ou
encore postcoloniale. C'est dans cette tentative d'africanisation de notre
histoire que l'intitulé de ce second chapitre est formulé
ci-dessus. Titre qui évoque l'apparence patrimoniale de la chefferie
Bandjoun avant la colonisation.
De ce fait nous n'avons aucunement la prétention
d'étudier la chefferie Bandjoun dans son mode organisationnel avant le
contact avec l'administration coloniale. En outre nous n'avons pas l'ambition
de faire un inventaire du patrimoine culturel Bandjoun au sens strict du terme
de peur de nous retrouver exclusivement dans le champ de prédilection
scientifique de la muséologie.
L'objectif poursuivi dans ce chapitre est de mettre en
exergue, à partir d'une posture historique, le patrimoine culturel
Bandjoun avant tout contact avec l'extérieur. Pour être plus
précis, il sera question de présenter le patrimoine culturel
originel de la chefferie Bandjoun. Pour y arriver, notre démarche sera
bipartite : une première partie qui abordera le patrimoine culturel
matériel et la deuxième pour sa part sera consacrée au
patrimoine culturel immatériel.
2.1 LE PATRIMOINE CULTUREL
MATERIEL BANDJOUN AVANT LE CONTACT AVEC LES PUISSANCES OCCIDENTALES
L'histoire d'un peuple s'écrit à base des
sources plurielles. L'une des principales sources sont les cultures
matérielles. Ces dernières portent en elles l'histoire et la
communique. Le patrimoine culturel matériel puisqu'il s'agit de lui
incarne clairement le rôle participatif de la culture matérielle
dans l'écriture de l'histoire d'un peuple. On comprend pourquoi E.
Mveng affirme : « l'Histoire négro-africaine est donc
écrite en oeuvre d'art [...] Il n'est donc plus vrai de dire que
l'histoire négro-africaine manque de documents écrits ; Ce
qui est vrai est que trop souvent, nous sommes analphabètes devant son
écriture »90(*). Alors une question fondamentale peut être
dégagée à ce niveau : de quoi est constitué le
patrimoine matériel originel de la chefferie Bandjoun ? Il
importera pour nous en tant qu'historien, de présenter chaque objet en
insistant sur le contexte historique d'apparition de son utilisation et sa
valeur symbolique qu'il incarnait dans la société Bandjoun. Nous
étudierons tour à tour le patrimoine architectural, sculptural et
mobilier, les instruments de musique, les objets de la vie quotidienne et les
produits de la forge.
2.1.1 Le patrimoine
architectural, sculptural et mobilier
2 .1.1.1
L'architecture
A Bandjoun, les bâtisseurs entre le XVIII et
XIXème siècle notamment sous le règne de Kamga
I avaient construit avec une ingéniosité et une habileté
remarquables des édifices architecturaux imposants. La construction, la
décoration, la forme et la nature variaient selon leur utilisation et le
rang social de chaque occupant91(*).
Photo 7: Chengbundye ou Nemo
(grande maison royale)
Source : Cliché Simo Djilo
14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.
Chengbunde ou Nemo est cette grande case
traditionnelle qui est logée au coeur de la chefferie Bandjoun. Ses
dimensions gigantesques, sa décoration, la nature des matériaux
utilisés imposent un arrêt impératif à tout
visiteur. On peut dénombrer plus d'une trentaine de poteaux
sculptés, environs six portes... Selon Moutze Paul, elle est :
« la case de tous les fils et filles Bandjoun »92(*). Celle-ci-dessus est la
représentation actuelle rénovée. Le palais royal ou
chengbundye date de la première moitié du
XVIIème siècle. Cette case est le symbole de la
puissance et du prestige de Bandjoun. Elle est en fait un palais- temple
sacré car c'est dans cette grande case que les veuves exécutent
une partie du séjour du veuvage. Elle est la propriété de
tout le peuple Bandjoun et c'est la raison pour laquelle les travaux
d'entretien, de construction ou de sauvegarde incombent à tous les fils
Bandjoun93(*).
Il convient de préciser qu'à côté
de cette grande case royale, il existait aussi chez les notables des
constructions pareilles mais aux caractéristiques différentes.
Comme l'atteste la photo suivante :
Photo 8: Case d'un notable
Bandjoun (Cheng)
Source : les archives de la chefferie
Bandjoun consultées le 14-03-2019.
La maison du notable (cheng) est du même style que la
grande maison royale, mais avec toutefois des dimensions et des décors
plus modestes. Cette photographie ci-dessus a été
réalisée en 1982 appartenant au notable Wabo Tekam.
Selon Jean Paul Notué, Depuis la première
moitié du XXe siècle, on note une évolution de
l'architecture autochtone. Ainsi, les maisons traditionnelles ont
progressivement cédé la place à des maisons modernes
(parfois en béton) ou à des édifices alliant
éléments modernes et éléments traditionnels.
94(*)
2.1.1.2 La sculpture du
bois
Il existait un lien étroit entre l'architecture et la
sculpture à la chefferie Bandjoun bien même avant l'arrivée
du colon. Les poteaux, les cadres des portes étaient
indifféremment sculptés et gravés soit en haut relief ou
en bas-relief. La sculpture traduisait la vie sociale économique ou
politique. C'est pourquoi on peut apercevoir sur des poteaux ou des cadres de
portes sculptés : les hommes jouant aux instruments de musique, des
femmes exerçant des activités agricoles...
Les photos suivantes illustrent ce savoir-faire des artisans
Bandjoun spécifiquement dans le domaine de la sculpture des poteaux et
des cadres des portes.
Photo 9: Cadres de porte
sculptée (Te ken dye dye)
Source : Cliché Simo Djilo
14-03-2019.
Ces photos sont celles des cadres des portes sculptés
de la grande case royale actuelle. Elles illustrent parfaitement le rapport
très étroit entre la sculpture et l'architecture. Ces ouvrages
tels que nous rapportent Kanga Athanas sont celles qui ornent uniquement les
édifices royaux, les maisons des grands notables et des
sociétés secrètes95(*). L'aspect externe de la sculpture est proportionnel
à la place sociale de chaque propriétaire. A ce sujet, Jean Paul
Notué ajoute : « La nature du décor et le nombre
des piliers et des portes qui composent un édifice dépendent du
rôle social de l'individu ou du groupe propriétaire des
lieux ». 96(*)
Ces réalisations ont été faites dans
l'esprit des premiers artistes de la cour royale. Ces premiers artistes de la
cour royale sculptaient ces linteaux de portes bien même avant
l'arrivée des occidentaux en faisant usage des objets de la forge, des
pierres taillées. Il est important de préciser que les artistes
ne signaient pas leurs oeuvres. Cependant, c'est à partir du
XIXème siècle que certains célèbres sculpteurs
Bandjoun s'affirment véritablement et sont connus. C'est le cas de
l'artiste Moudjidjou. Ces deux réalisations artistiques sont
récentes et ont été réalisées par les plus
célèbres artistes Bandjoun actuellement Wafo et Tzouokou
innocent97(*).
Photo 10: sculpture des
poteaux.
Source : Cliché Simo Djilo 14- 03-
2019 à la chefferie Bandjoun.
Les deux images démontrent à suffisance le
caractère avancé de la sculpture dans le royaume Bandjoun bien
même avant le contact avec l'occident. Ces piliers qui apparaissent sur
les images ci-dessus sont une fois de plus une réalisation
récente mais réalisés dans l'esprit des premiers artistes
de la chefferie Bandjoun.
Ces piliers de case avaient une double fonction :
décorative et sécuritaire. Décorative dans la mesure
où leur sculpture contribuait à la construction du décor
esthétique des cases de la chefferie. Sécuritaire dans la mesure
où, les populations étaient conscientes que face aux
alinéas physiques, les constructions pouvaient subir des dommages
considérables. C'est la raison pour laquelle elles sculptaient ces
piliers. Selon Albertin Koupgang, c'est sous le règne de Kamga I que la
sculpture connut son apogée98(*).
2.1.1.3 Le mobilier.
Le patrimoine culturel Bandjoun dans sa dimension du mobilier
est très riche et varié. La hiérarchisation de la
société Bandjoun a fortement influencé le mobilier dans sa
forme, sa décoration et même le matériel d'utilisation. On
comprend pourquoi Albertin Koupgang affirme : « Tout
siège qu'il soit fait en tiges de raphia ou taillé de toute
pièce dans un tronc d'arbre, précise le statut social de son
utilisateur »99(*). A Bandjoun, il existait et il existe encore une
catégorisation des sièges en fonction du rang social de chaque
occupant. Selon les informations données par Albertin Koupgang et les
autres sources orales, nous avons différents types de sièges
à Bandjoun dont quelques uns sont :
v Les tabourets à cariatides d'animaux royaux
(Kouo fo) :
D'entrée de jeu, il convient de préciser que
tous les objets qui étaient décorés de perles, de cauries
à la chefferie étaient la propriété exclusive du
roi ( fo) Ceci dans l'optique d'établir clairement la distance sociale
et administrative qui sépare le roi et les autres componsantes de
structure socilae Bandjoun. Par conséquent, son siège, sa pipe,
ses veeetemements, sa coupe... dévaient
eetre rapés d'une spécificité.
Photo 11: Tabouret du chef (
Kouo fo )
Source : Cliché Simo Djilo 14- 03-
2019 à la chefferie Bandjoun.
Les deux tabourets sont ornés de perles multicolores.
Ils affichent des animaux dont l'un avec la bouche ouverte et l'autre la bouche
fermée. D'après Albertin Koupgang, seuls les sièges royaux
étaient habillés des perles.100(*)Le premier tabouret a été
réalisé par Maitre Taliebu dans la première moitié
du XXème siècle. Ce tabouret aurait appartenu au roi
Fotso II qui l'utilisait pour faire la collecte des impôts sur le
marché.
Le second est une oeuvre réalisée par maitre
Paul Tabhou autour de la fin de la première moitié du
XXème siècle. L'artiste l'aurait offert au monarque
Kamga II qui l'utilisa pour les mêmes fonctions que Fotso II.101(*)
v Les sièges ou trônes à dossiers
anthropomorphes et /ou Zoomorphes ( Kouo fo)
Les sièges ou trônes à dossiers
anthropomorphes ou/et Zoomorphes (Kouo fo) Désignent tout
simplement des réalisations artistiques qui font apparaitre des
représentations humaines ou animales. Ces représentations
étaient proportionnelles aux rangs sociaux des occupants.
Photo 12: trône royal
anthropomorphe perlé (Kouofo)
Source :
https://www.google.com/search?q=musée+de+bandjoun
Le premier fauteuil est perlé et présente
l'image d'une personne assise les mains posées sur les genoux. Le tronc
servant de dossier et le plateau posé sur les genoux. La tête
ovoïde est coiffée d'un chapeau de plume. Le second fauteuil est
aussi un siège perlé anthropomorphe.
Le premier fauteuil a été réalisé
par maître Kamgue et maitre Tamo Todjom dans la première
moitié du XXème siècle. Il a été
photographié pour la première fois par le pasteur Christol
entre1925 et 1930, exposé à Paris en 1962, à Dakar en
1966. Ce fauteuil représente le roi Notchwegom fondateur de la
chefferie102(*)
- Le Kouo Bom : cette
catégorie de siège désigne tout simplement un morceau de
bois que les serviteurs utilisent pour s'asseoir autour du chef. Dans certaines
concessions de certains hauts dignitaires, ils sont réservés pour
les enfants non initiés.
- Le kouo kwe nta (Chaises à trois
pieds) : est le plus usuel utilisé par toute
personne ayant rempli les obligations inhérentes dans sa
famille. En effet, il s'agit du rituel appelé
Tchouo Kouo (rituel qui donne l'autorisation à un individu pour
s'asseoir sur un siège à trois pieds). De nos jours, elle est
produite en abondance et de manière anarchique au point ou il n'est plus
aisé d'opérer une différence spécifique pour chaque
classe sociale.
Photo 13 : chaise à
trois pieds ( Kouo kwe tah)
Source : Cliché Simo Djilo
14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.
Le mobilier du royaume Bandjoun est résumé dans le
tableau suivant :
Tableau 2:Classement des
sièges en fonction des classes sociales.
Roi (fo)
|
Mkamvu
|
Ngwala'
|
Foto et Wabo
|
Notables
|
Premier degré de haut degré
|
Personne n'ayant remplie les conditions de
notabilité
|
Non initiés
|
Les tabourets à cariatides d'animaux royaux
Les sièges ou trônes à dossiers
anthropomorphes ou/et Zoomorphes
|
Tabourets à quatre pieds ( Kouo Kwe pfue)
|
Leng tchap (siège taillé d'une seule pièce.)
Le propriétaire doit être membres de toutes les plus hautes
sociétés sécrètes.
|
Tsam et Bou'leng(siège à trois pieds avec un
socle ajouré les reliant).
|
Leng tchap
|
Dja ta, Dja pue
Et sièges à trois pieds communs à toutes les
catégories sociales
|
sièges à trois pieds
|
Kouo bom
|
Source : Koupgang, A.,
« les sociétés sécrètes de
Bandjoun » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun
tradition dynamique, création et vie catalogue du musée
bandjoun, Milan, 2005, p.132.
2.1.2 Les instruments de
musique
Différents instruments de musique en bois, en
métal, en ivoire étaient employés à la chefferie
dans le cadre des loisirs ou de diverses activités de la vie
communautaire à Bandjoun. Un bon nombre d'entre eux, appartenant au
fo, aux notables et aux sociétés secrètes,
jouaient un rôle liturgique accompagnant ou rythmant les chants et les
danses avec processions.
Certains de ces objets (tambours, cloches, etc.)
revêtant un caractère sacré ont été
sanctifiés par des sacrifices et des pratiques magiques. Dans ce cas,
les regarder est parfois interdit et dangereux, surtout au moment où ils
émettent des sons103(*). Parmi ces nombreux instruments de musique, les plus
importants dans la vie sociale et religieuse de Bandjoun sont :
v Les tambours
Les Bandjoun dès la fondation de la chefferie et la
consolidation par les premiers dignitaires royaux, avaient fabriqué
plusieurs types de tambours. Albert Koupgang et Jean Paul Notué en font
une nomenclature triple à savoir : le Ntem, le
Nkak et le Lam .Le tambour était un objet cultuel de
grande importance. Il servait d'appel à la réunion des
mkem, le son et les décors évoquant les indicatifs
différenciant ces associations. Quelques dizaines étaient en
fonction à la résidence royale et dans les
sous-chefferies104(*).
Les images suivantes illustrent les trois catégories de
tambours que nous venons d'évoquer et qui constituaient la richesse du
patrimoine musical matériel Bandjoun.
Photo 14: les Tambours
(Nkaket Ntem) de la chefferie Bandjoun
Source : Cliché Simo djilo 14- 03-
2019 à la chefferie Bandjoun.
Ces images ci-haut mettent en exergue respectivement le
Nkak et le Ntem. Ces tambours à membrane, souvent
décorés de motifs anthropomorphes et zoomorphes. Ces deux
tamboursappartiennent à des groupes spécifiques. Les
spécimens ava fût élancé sans piétement, de
sexe dit mâle, est celui auquel appartient le Ntem. De
l'autre coté les spécimens au fût plus trapu et
qui repose sur trois socles. Il est dit de sexe femelle (nkak)105(*).
Le premier tambour a été fabriqué en 1965
par l'artiste Tagne dit Sa'a Foko Wabo dans son atelier à Soung. Il en
a fait don au roi Kanga II non seulement pour renforcer le trésor royal
mais aussi pour témoigner sa gratitude en vertu de la formation
d'artiste reçue au palais. Le deuxième tambour (ntem )
est l'oeuvre du maître Talieubu réalisée à l'atelier
royal en 1926. Cet instrument était utilisé au palais pour
diverses manifestations. Le roi Kamga II aimait bien en jouer pour manifester
sa joie en compagnie de son peuple ou encore démontrer son talent de
grand batteur sur la place du grand marché106(*).
Photo 15: le Tambour
à fente horizontale (Lam)
Source : Cliché Simo Djilo le 14-
03- 2019 à la chefferie Bandjoun.
Ce Tambour (Lam)Vest très différent des
autres illustrés plus haut. Cette catégorie est formée
d'un bois creusé qui s'achève aux extrémités par
des figures humaines ou animales. Pour jouer à ce tambour, il fallait
impérativement aux joueurs, deux bâtons pour frapper le long
horizontal du tambour. Albertin Koupgang affirme à cet effet :
« Il était utilisé lors des diverses manifestations
surtout par le Lali, Société de classe d'âge
animant la danse du même nom, dont l'objectif était d'effectuer
les travaux d'intérêt commun et initier les jeunes au
métier des armes »107(*).
v La cloche (kwuifo)
D'après Lazare Kengne, cet instrument de musique est
l'un des objets du patrimoine culturel Bandjoun qui revêt un double
caractère : le caractère musical ou physique et le
caractère mystique108(*). D'ailleurs, il ajoute :
« lorsqu'un objet du pays (Bandjoun) ou kwuifo doit
être réalisé dans un atelier, très tôt le
matin, toutes les routes qui donnent accès à ce site doivent
être fermées car ce sont des objets qui ne se fabriquent pas aux
yeux de tous ». 109(*)
C'est donc un instrument à qui n'est utilisé que
par quelques sociétés secrètes.
Photo 16: La cloche
(Kwifo)
Source : Cliché Simo Djilo 14- 03-
2019 à la chefferie Bandjoun
Cet objet a vu le jour à la chefferie Bandjoun avec le
développement de la forge. Cette cloche a un caractère religieux
et associatif. Ces cloches étaient soigneusement gardées et
apparaissaient généralement en double110(*). C'est pourquoi même
son exposition au musée royal est interdite.
v Les hochets (mtchoua)
Photo 17: un hochet
(mtchoua)
Source : Photo Simo Djilo 14- 03-
2019.
Cet autre instrument de musique jouait le rôle
d'accompagnateur. Il était fabriqué à base du raphia. A
l'intérieur se trouvait des graines ou des pièces
métalliques servant à produire le son ou du bruit lorsqu'ils sont
secoués. Ils étaient utilisés pratiquement dans toutes les
parades musicales de la chefferie112(*).
Il convient de préciser que c'est pendant le
déroulement d'une danse traditionnelle qu'on pouvait découvrir le
faste du patrimoine matériel musical de la chefferie Bandjoun. La carte
photo ci-dessous tirée des archives de la chefferie Bandjoun justifie
notre assertion.
Photo 18: Parade d'une danse
traditionnelle à Bandjoun en 1925.
Source : les archives de la chefferie
Bandjoun consultés le 26- 01- 2019.
Sur cette photographie, on peut apercevoir clairement le
tambour de sexe mâle ( Ntem), le tambour de sexe
féminin (Nkak), la double cloche ( Kwuifo). Cette
photographié a été réalisée en 1925. Il
s'agit là des joueurs de la société sécrète
dénommé enyeleng113(*). Les autres instruments de musique sont
placés en annexe de notre travail.
2.1.3 Les objets de la vie
quotidienne.
Quelques objets caractérisant le cycle de la vie
(naissance, maturité, mort) étaient utilisés dans la vie
de tous les jours et/ou dans divers rituels: greniers externes, ustensiles de
cuisine, parures, costumes, étoffes, objets cérémoniels,
etc. Le cadre de la vie ayant évolué au cours de l'histoire, les
productions plastiques employées ont connu des changements.
v Les greniers externes ( nkien)
Photo 19: Un grenier externe
(nkien)
Source : Cliché Simo Djilo 14- 03-
2019 à Hiala.
Cet élément patrimonial de la vie quotidienne
Bandjoun est une fabrication qui date de la fin du XIXème
siècle114(*). Il est réalisé
à base du bambou raphia (nden). Les morceaux de bambous sont
reliés par des lianes de raphia (ndu).Wafo Jean nous rappelle
que ces greniers étaient construits par le peuple Bandjoun dans
l'optique de prévenir une éventuelle disette115(*).
v Les ustensiles de cuisine : Mortier (cup
po'o) et paniers (Touo sock), Calebasse ( Tu'schie)
Photo 20 : les ustensiles de
cuisine
Source : Archives de la chefferie Bandjoun
consultées le 26-01-2019.
Le premier objet est le mortier (cup po'o). Ce type
de mortier était réalisé par les artisans Bandjoun qui
faisaient usage de la terre cuite. Ce style de calebasse orné par des
lézards sculptés était la propriété
exclusive de la lignée princière, les chefs vassaux et des
notables de haut rang comme les Wabo116(*). Ce mortier était destiné à
mettre du taro accompagné d'une sauce jaune (na'po) ou d'une
sauce noire (na ké) très appréciée
à Bandjoun et dont la tradition orale révèle qu'il
était destiné aux notables et aux grands dignitaires117(*).
Le second ustensile est un panier ( Touo sock). Il a
été réalisé à base des lianes de raphia.
D'après Touomkou Marguerite (épouse du roi Kanga II)
cité par Albertin Koupgang, ce panier aurait appartenu à l'une
des épouses du roi Fotso II qui l'utilisait pour conserver les
condiments de cuisine. Son utilisation de nos jours est rare.118(*)
Enfin le troisième objet est une Calebasse
(Tu'schie). Elle était fabriquée au départ
à l'aide d'une espèce végétale
dénommée melon (pouo). Apparu avec la fondation du
Royaume notamment avec Notuegom, cette calebasse était utilisée
pour administrer un médicament appelée le kwé Todjom
(l'herbe du todjom)119(*).
2.1.4 Les objets de forge
La forge était au coeur de la production artistique de
la chefferie Bandjoun. D'ailleurs, le musée de cette chefferie est
bâti autour d'une idée centrale qu'est la forge.120(*)Cette activité avait
permis aux forgerons de bâtir entre le XIXe et le début
du XXème siècle un riche patrimoine matériel
composé des lances, des flèches, des pièges, instruments
de musique...
Kengne Sébastien nous a révélé
dans un entretien que la forge était une activité sacrée
et c'est la raison pour laquelle il fallait accomplir certains rites
d'initiation pour exercer cette activité aisément121(*). Cette activité
était l'une des plus prestigieuses à la chefferie Bandjoun. La
forge était au centre de la vie politique, de la vie économique
et même de la vie sociale. La matière première
était importée à la chefferie Bandjoun et tous les
monarques pendant leur règne y ont consacré beaucoup d'attention.
Les réalisations de la forge ont contribué à la
construction de la puissance et du prestige de la chefferie Bandjoun. Elle se
faisait dans un endroit spécifiquement aménagé pour elle
appelé l'atelier du forgeron telle que nous présente l'image
suivante :
Photo 21: Atelier du
forgeron Tienou Flaubert
Source : Cliché Simo Djilo le
26-04-2019 à Famleng Topo.
Cet atelier traduit pratiquement l'allure de l'atelier des
premiers forgerons de la chefferie Bandjoun. Les principaux outils constitutifs
de l'atelier étaient : le foyer, le souffleur, les pierres
d'accueil du fer chauffé, des vêtements de protection...
Photo 22: Quelques
productions de la forge
Source : Photo Simo Djilo 14- 03-
2019 à la chefferie Bandjoun.
Ces deux images mettent en relief les produits de la forge
Bandjoun oeuvre des puissants forgerons ayant marqué l'histoire cette
chefferie. La première présente les grandes catégories de
pièges à gibier et la seconde des bouts de tranchants
destinés aux activités agricoles ou à la fabrication des
lances de guerre. Selon Ambroise, Nouaye Taboue, « cette
activité se faisait sous le contrôle du roi. C'est pourquoi ils
devaient se rencontrer tous certains jours spécifiques à
l'atelier royale pour fabriquer les objets du roi, de ses épouses ou
des sociétés sécrètes ».122(*)
Par ailleurs, il précise que la matière
première était apportée à la chefferie par les
commerçants qui allaient du coté de Mbouda ou Ndop123(*). Le jour du travail
à l'atelier royal, le monarque chargeait des serviteurs ou quelques
épouses d'apporter de la nourriture aux travailleurs. Cependant, il
convient de préciser une fois de plus avec Nouaye Ambroise que
« les guerres et les menaces que le royaume a connues sous
Kaptué permirent l'émergence des familles des grands guerriers au
service du fo. La conséquence directe sera la création
des grandes forges autour de ces familles et l'accroissement du rôle du
forgeron dans le royaume »124(*).
2.2 LE PATRIMOINE
PRECOLONIAL IMMATERIEL BANDJOUN
Cette autre composante du patrimoine culturel Bandjoun
était tout aussi riche que celui du patrimoine matériel. Ainsi,
nous allons nous appesantir sur le patrimoine sur les aspects tels que :
de la langue, les sociétés sécrètes, les rites, le
système religieux, les danses traditionnelles.
2.2.1 Les sociétés
secrètes (nkem)
Elles constituaient l'un des piliers fondamentaux du
patrimoine culturel immatériel Bandjoun bien même avant
l'arrivée des colonisateurs. Ces sociétés s'affirmaient
par leur diversité et cette diversité trouve sa raison
d'être dans les guerres d'expansion de la chefferie Bandjoun depuis la
fondation par Notchwegom au XVIIème siècle et surtout la
conservation des valeurs culturelles des royaumes vassaux. Elles s'assimilent
aux différents groupes de danses traditionnelles. Ces
sociétés secrètes désignent un ensemble d'individus
constitués en groupes culturellement organisés. Leurs objectifs
sont clairement définis par Ambroise Nouaye et Albertin
Koupgang : « Permettre à l'individu de trouver sa
vraie place dans la société ; défendre le royaume et
protéger la communauté de toutes sortes d'attaques y compris
mystiques ; rechercher le bien-être de l'Individu et préparer
sa retraite par l'épargne à travers des groupes d'entraide ;
impliquer la population dans la prise des décisions concernant la
gestion des personnes et des biens, contrôlant ainsi les
velléités de dictature du roi, qui dès lors se trouve
régulièrement sous la surveillance de ces associations ;
Maitriser les forces occultes et les utiliser à des buts
multiples »125(*). Il ressort donc clairement que
l'épanouissement de l'Homme était l'objectif
général des sociétés sécrètes
même si pour d'autres témoins rencontrés ces
dernières étaient quelques fois constituées des individus
de mauvaise foi qui en profitaient de leur qualité de membres d'une
société sécrète pour des fins maléfiques et
nuisant. Plus loin, Guifo Michel, membre de la société
secrète Lali du quartier Mbouo, nous révèle
qu'abriter une société secrète dans sa concession
n'était pas une émanation personnelle mais au contraire
était réservé à une catégorie sociale. A
titre illustratif, le nye était l'affaire exclusive des
foto et quelques wabo126(*).Il existe plusieurs critères de
classification des sociétés sécrètes cependant la
classification faite par Ambroise Nouaye et Albertin Koupgang semble la
plus précise. Cette classification distingue les sociétés
secrètes ou les nkem de la lignée royale, les nkem
des serviteurs et de leurs héritiers et les nkem
accessibles aux simples habitants sans titre les nkem communs
à toutes les catégories sociales127(*). La chefferie Bandjoun
disposait plus d'une dizaine de sociétés secrètes dont
quelques-unes sont :
v Le nkamvu'u
Le nkamvu'u était la société qui
regroupait les neuf notables. Cet organe avait un rôle consultatif,
religieux, administratif et politique. Tabue Emmanuel nous rapporte que ces
neuf notables sont les descendants des neuf compagnons du fondateur de la
chefferie Bandjoun128(*). Ambroise Nouaye et Albertin Koupgang ajoutent que
ces neuf notables dans le nkamvu'u étaient assistés par
quelques personnalités importantes parmi lesquelles les kuipo
et mafo mais elles n'avaient pas de voix
délibératives dans les assemblées129(*). De manière
plus explicite, cette société secrète avait pour
rôle de désigner le successeur du fo défunt,
décider de la paix et de la guerre du royaume, assurer le contrôle
des autres sociétés secrètes.130(*)
v Le Nyeleng
Parmi les sociétés sécrètes qui
disposent une case culturelle à la place de la chefferie Bandjoun est la
société Nyeleng. Les conditions d'adhésion et les
fonctions en faisaient d'elle une société secrète
importante.
Photo 23: case de la
société sécrète Nyeleng
Source : Cliché Simo Djilo le 14-
03- 2019 à la chefferie Bandjoun.
Une attention particulière sur l'expression
littérale permet de remarquer la terminologie leng appellation
en langue locale de Baleng, chefferie mère de la chefferie
Bandjoun. Les deux images ci-dessus montrent les cases rituelles de
cette société sécrète. On peut faire le constat
selon lequel les cases sont de dimensions modestes et situées sur la
place des manifestations publiques du royaume. Dans celles-ci, on retrouve le
lam (Tambour horizontal), qui est gardé dans cette maison
rituelle.
Photo 24: Membres de la
société Nyeleng
Source : Koupgang, A et Nouaye, A-F.,
« Les Sociétés secrètes de
Bandjoun »..., p.125.
L'observation directe de la photo ci-dessus fait ressortir le
constat suivant : les membres arborent des cagoules appelés
pfuee nyeleng. D'après la tradition, cette association
intervenait lors des obsèques d'un fo, d'une reine ou d'un
membre du nkamvu'u. C'est elle qui conservait d'ailleurs l'objet
musical sacré kwi'fo(double cloche).Elle battait
également lentem (tambour à membrane/ tambour de sexe
mâle)et lelem. Elle admettait aussi des femmes notamment la
première épouse du fo, et la reine mère du
fo.
v Le Ku'ngang
C'est une société secrète qui, selon la
tradition orale proviendrait de Bapa. D'après la tradition orale de
Tatuénè, l'un des grands fondateurs de la lignée des
guérisseurs Bandjoun, cité par Koupgang Albertin et Nouaye
Ambroisse, affirment : « exploitant l'écorce magique de
son épouse Medzemgno venu de Bapa, Tatunenè aurait fondée
cette société à caractère mystique et serait devenu
le grand maitre du rite du ku'ngan »131(*)Ainsi, d'une
manière plus simple, cette association organisait des rituelles suite au
décès d'un de leurs membres ou lors des obsèques d'un roi
Bandjoun. La dernière sortie de cette société
sécrète fût en 2004.132(*)
v Le mwela
C'est une société très ancienne qui date
de la fondation de la chefferie Bandjoun. Elle était formée des
descendants du fo. Elle était en quelque sorte une
société transitoire pour accéder au nyeleng.
Cette société secrète participait à la
régulation des pluies et participait aussi à l'ouverture de la
cérémonie du kè.132(*)
v Le kemdje
Cette société sécrète était
très redoutable à Bandjoun. Elle était
considérée comme étant la gardienne des coutumes.
L'image suivante met en exergue une parade de cette société
secrète à l'esplanade de la place des fêtes de la
chefferie Bandjoun en 1948.La dernière sortie de cette
société secrète était en 2003133(*). Leur accoutrement
démontre à suffisance le caractère mystique et
sacré de cette société culturelle. Revêtis de peaux
de panthères, des cornes de boeufs ou d'ivoires
d'éléphants, cette société sécrète
exécute les danses culturelles avec le visage toujours couvert. Il faut
préciser aussi que cette société ne présente sa
parade que lors des évènements exceptionnels tels que les
funérailles d'un roi Bandjoun, la sortie du roi au la'kam...
Photo 25:
société secrète Kemdje
Source : Koupgang, A et Nouaye, A-F., «
Les Sociétés secrètes de Bandjoun », ..., p.129.
2.2.2 Un système
religieux calqué sur le modèle des peuples des Grass-fields.
La religion est une grande une grande branche culturelle sur
laquelle se greffent plusieurs éléments constitutifs du
patrimoine culturel immatériel. Contrairement aux affirmations
européocentristes qui niaient toute existence d'une religion africaine,
on constate de nos jours que les littératures, les discours de plus en
plus récents démontrent que l'Afrique avant le contact avec
l'extérieur avait développé un puissant système
religieux. C'est à cet effet que Dominique Zahan, affirme :
« Si l'on compare la dévotion des africains aux sentiments
religieux de l'européen occidental, on a l'impression qu'il n'ya pas de
commune mesure entre eux, pas plus qu'entre les exigences de l'âme des
fidèles »134(*). Le système religieux Bandjoun qui
caractérisait Bandjoun correspond à la description faite par le
révérend père Engelbert Mveng. « L'Homme est
ainsi au centre d'un triangle dont le sommet est occupé par un
être suprême et la base d'un côté par les dieux et
l'autre par les ancêtres »135(*). Ce patrimoine religieux Bandjoun fonctionnait
ainsi qu'il suit :
Ø La croyance en un Dieu unique appelé
Si
Les Badjoun croyaient en un seul Dieu créateur de toute
chose et dont on ne peut faire une représentation. Cette croyance
était tellement encrée dans les traditions au point où on
rattachait l'expression Siaux appellations des fo. A titre
illustratif si Notouom (Dieu deNotouom,) tuep si (Place de
Dieu)... Guamgne Therèse nous rapporte qu'il a plusieurs
caractéristiques :il est Omniscient, Omnipotent,
Omniprésent136(*).
Ø Le culte des ancêtres.
Les Bandjoun comme tout autre Bamiléké et
même africain croyait que les morts n'étaient pas morts. Ils
croyaient fermement que les ancêtres étaient non seulement des
dépositaires des traditions mais aussi un intercesseur par excellence
auprès de Si. Jean Paul Notue précise que le culte des
ancêtres est une pratique assez originale qui réside absolument
dans la conservation des reliques. Il déclare : «Lecrâne
du défunt était religieusement conservé et recevait des
offrandes »137(*). Ce culte des ancêtres est ce que Fouellefak
Kana Célestine appelle dans son travail « la notion
d'intermédiaire » en évoquant l'organisation religieuse
du peuple Bamiléké en général. Elle soulignait par
ailleurs que « Dans l'Afrique traditionnelle, les ancêtres se
présentent comme les gardiens de la tradition, d'une chaîne de
valeurs transmises de génération en
génération »138(*).
Ø Les Offrandes- Prières-
Sacrifices-Invocations
Depuis la fondation de la chefferie Bandjoun, ces
cérémonies ont toujours animé la vie religieuse du peuple
Todjom. Elles étaient les facteurs déterminants
d'établissement d'une relation harmonieuse entre un fils ou une fille
Bandjoun, les ancêtres et Si. D'abord parlant des
prières, elles étaient généralement collectives et
se faisaient à des circonstances particulières telles les
naissances, la mort, le mariage, la maladie, de morts anormales et surtout en
période de guerre. Fotso Leonard dit Sa'a Fotso Tadjuego nous
précise que lorsqu'un membre d'une famille mourrait dans des
conditions peu élucidées, le chef de famille faisait cuire une
viande qui, après cuisson, était mise dans une calebasse (cup
po'o). Commençant par lui, chaque membre de famille prenait un
morceau. Après cette communion, tous se tenaient par la main en formant
un cercle fermé récitaient la prière suivante :
Le chef de famille : Nous nous réunissons ainsi
dans le cadre du cercle familial devant Dieu et devant notre ancêtre (il
prononce le nom de l'ancêtre.) Devant qui ?? Relance-t-il.
L'Assistance répond : Devant Dieu et devant notre ancêtre.
(En prononçant le nom de l'ancêtre. Le chef de famille : Si
notre frère ou notre soeur est malade ou décédé (e)
et que quelqu'un a quelque chose à y voir à cette situation, il
donne quoi ? L'Assistance répond : Il donne sa tête ou
il paye avec sa tête. . 139(*)
Le sacrifice qui était pratiqué à la
chefferie Bandjoun avait pour vocation de renforcer le lien entre les
populations et les êtres surnaturels. L'originalité du sacrifice
qui était fait à Bandjoun résidait dans le sang qui
coulait. Le sacrifice généralement prenait la forme d'un repas
sacrificiel prescrit par les prêtres et prêtresses. Une fois de
plus Fouellefak Kana Célestine en abordant le système religieux
Bamiléké lève une équivoque au sujet de ce repas.
« C'est un repas symbolique puisque ceux qui le font savent que les
crânes des morts ne mangent pas, mais que Dieu, les parents morts ou
témoins de leur bonne volonté d'avoir gardé les liens de
fidélité avec les morts [...] C'est un acte de réparation
et de restauration des liens avec Dieu à travers les
ancêtres»140(*). Dominique Zahan
renchérit : « Bien plus, le sacrifice est la clef
de voûte de cette religion, il constitue la prière par excellence,
celle à laquelle on ne saurait renoncer sans compromettre gravement les
rapports entre l'homme et l'invisible car qui dit sacrifice dit sang
s'écoulant des bêtes égorgées ».141(*)
Les offrandes à la chefferie Bandjoun d'après la
tradition orale ont une origine très lointaine. D'ailleurs, l'un des
monarques était réputé pour ses multiples offrandes
à Si à travers le pum tsé. 142(*)L'offrande avait un
caractère purement généreux qui traduisait le degré
d'amour, de solidarité de celui qui l'offre. Ces offrandes
étaient composées principalement de l'huile de palme, du vin, de
l'eau, du sel, des viandes d'animaux domestiques tels que les chèvres,
poules, moutons, les produits agricoles tels le maïs, le plantain, le
pistache.
Les offrandes, le sacrifice et les prières
s'accompagnaient automatiquement des invocations et se faisaient dans des lieux
saints ou sacrés appelés Tuep si. Moudze Paul dit sa'
Wato chef de la concession Sa'a Wato au quartier Mbouo Bandjoun nous renseigne
que ces lieux saints étaient présents pratiquement dans toutes
les concessions du village143(*).
Photo 26: lieux
sacrés ( tuep si)
Source : Cliché Simo Djilo
le 12- 01- 2019 à Hiala.
Les deux images illustrent parfaitement ce que nous pouvons
appeler les temples religieux à Bandjoun. La
première image est un tuep si communautaire tandis que la
seconde image est l'illustration d'un tuep si individuel.Les deux
lieux saints sont parsemés par cette espèce
végétale symbolisant la paix (feken), des pierres
formant pratiquement un cercle. Le premier lieu sacré est situé
en bordure d'une grande route et le deuxième à l'intérieur
d'une concession familiale. Le premier tuep si étant
communautaire tandis que le second est familial. Ces deux lieux saints
situés pratiquement à l'ouest de l'entrée de la chefferie
auraient été fondés par des grands dignitaires sous
l'ère du roi Fotso I.
2.2.3 Le kè (Magie)
A Bandjoun il existe plusieurs légendes qui ont trait
à la divination, la malédiction (ndo') et à la
maitrise et la manipulation du monde métaphysique. Cette manipulation
est ce que nous appelons kè. A ce sujet, Pierre Harter
écrit : « Le fo et son conseil
(nkamvu'u) possèdent des pouvoirs surnaturels. Ils ont la
faculté de se transformer en animaux féroces ou en
phénomènes naturels (tonnerres, éclair, tempêtes,
arc-en-ciel »144(*).
C'est donc ce pouvoir difficile à cerner qui constitue
le kè véritable élément constitutif du
patrimoine culturel immatériel et matériel. Maillard Bernard
ajoute : « le kè représente la puissance
surnaturelle de vie et de fécondité, le pouvoir de
posséder un double et de se transformer en cas de
nécessité en animal, en force de la nature ; le pouvoir qui
fonde la force mystique du fo, des neuf notables, des membres de
certaines sociétés sécrètes ; le pouvoir de
faire tomber ou d'arrêter la pluie, de lancer la foudre, de diviser un
cours d'eau en deux. On peut comparer le kè à ce pouvoir
des prêtres chez les anciens égyptiens »145(*). Même si les auteurs
semblent insister sur le caractère positif et protecteur du
kè, il convient de préciser que certaines couches de la
population Bandjoun n'appréhendent plus cette puissance dans la
même logique.
Le kè n'était à la disposition
de tout le monde. Ceux qui en possédaient portaient le titre de
ghèkè. Ils se laissaient définir à
travers plusieurs objets sacrés tels que les pipes, les sacs, les
bracelets, les trônes. Etc.
Photo 27 : masque
sacré du kè
Source : Notué, J-P.,
« Le royaume de Bandjoun( Leng Djo ou Gung a Djo) : Histoire,
contexte de la création artistique, art et tradition
dynamique »..., P. 62.
Ce masque est un objet du patrimoine d'une sous-chefferie
Bandjoun notamment la chefferie Mewè. Il a été
emporté à la chefferie après une guerre de coquète
conduite par le monarque Fotso I entre 1825-1875.146(*)
Le kèà Bandjoun était
étroitement lié au Totem (Pi). L'individu et l'animal
formaient ainsi un seul corps. Jean Paul Notué écrit à ce
sujet : « le pi est le double animal d'une personne humaine.
Celui-ci vit en brousse ou dans l'eau mais participe aussi à la vie de
l'homme dont il est le pi. Si l'un tombe l'autre chute avec
lui »147(*).
Le pi est choisi parmi les grandes espèces animales au rang desquelles
les panthères, les crocodiles, serpents...
2.2.4 Les rites et
l'éducation
Ceux-ci constituent également le soubassement du
patrimoine culturel immatériel Bandjoun. La construction et la
consolidation progressive de la chefferie Bandjoun depuis sa fondation s'est
accompagnée d'une moralisation sociale conduisant à l'adoption de
plusieurs rites et des valeurs du point de vue social et éthique.
Grâce à notre enquête de terrain nous avons relevé
les rites les plus significatifs suivants :
Ø Le rite de naissance
Chez le peuple Bandjoun tout comme les autres peuples
Bamiléké, la naissance est le point de départ d'une vie
existentielle. A chaque naissance à la chefferie Bandjoun était
organisé un rituel spécifique. Selon Zephirin Simo, ce rituel
consistait à couper le cordon ombilical du nouveau-né et
l'enterrer entre des rejetons de bananiers de la chefferie. Par ailleurs
l'enfant était ensuite purgé par une herbe de ralliement au
village appelé todjom.148(*)
Ce rituel devenait plus complexe lorsqu'il s'agissait des
jumeaux (hack). Pour parler des jumeaux dans le contexte
Bamiléké en général, Luc de Heuch affirme dans son
article « les rites se compliquent encore plus lorsqu'il s'agit des
jumeaux dans cette zone culturelle car ils sont des êtres
mystérieux et sacrés »149(*) C'est pourquoi on les
appelait communément po'o si ou po'o nye. (Enfants de
Dieu ou enfants du nye) et leurs parents teku' et meku'
respectivement pour le géniteur et la génitrice. On comprend
pourquoi la naissance d'un enfant et particulièrement la naissance des
jumeaux devenait une occasion festive communautaire signe d'accueil et
d'intégration du Nouveau-né dans la société.
Ø Rite de mariage ( tchouop
lou)
Plusieurs études sociologiques, anthropologiques et
ethnologiques menées dans les hautes terres de l'Ouest ont produit une
littérature assez fournie sur le rite de mariage en pays
Bamiléké en général et Bandjoun en
particulier. Selon Tabeko Lionel et Teta Innocent le rite de
mariage avait pratiquement une double connotation à savoir une
connotation religieuse et une autre sociale. Ce rituel qui se faisait en
présence des deux familles se déroulait selon un ordre liturgique
assez complexe mais ordonné dont le point culminant était
l'échange des voeux et la bénédiction150(*).
Ø Le rite d'initiation du
fo
Ce rituel était accompli par le successeur du
défunt fo.Selon Albertin Koupgang, ce rituel
débute avec l'arrestation du nouveau fo lors d'une
cérémonie traditionnelle de lamentations du défunt
fo.Le rite d'initiation se déroule pendant neuf semaines dans
un lieu sacré appelé la'kam. Le contenu du rite est tenu
secret mais quelques informations que nous avons obtenu de quelques notables
sont les suivantes : pendant cette période d'initiation, il
s'attèle à la manipulation du pi, l'intégration
des charges du royaume, la connaissance de certains secrets
traditionnels151(*)...
Ø L'éducation
Il est important de ne pas confondre l'instruction à
l'éducation. Le premier concept étant étroitement
lié aux connaissances livresques tandis que le second renvoie à
l'acquisition des savoirs, savoir-faire et surtout savoirs-être.
Plusieurs monarques Bandjoun se sont battus activement pour
l'édification d'une chefferie porteuse de valeurs morales et
éthique. Par le truchement d'une cohésion sociale, Bandjoun
était l'une des capitales moralistes et éthiques dans les
Grass-fiels.152(*)
A titre d'exemple, nous pouvons citer Le roi KAPTO. C'est lui
qui renforça le rôle social des nkam-si, (prêtres,
moralistes, prophètes de la région), le sens du sacrifice et de
la moralisation. Il présidait aux rites et faisait chanter les cantiques
de bénédiction pour les bons et les cantiques de
malédiction pour les méchants. Sanctionnait
sévèrement la fornication, l'adultère, le suicide,
l'homicide, le vol, les crimes politiques, la trahison... les complices de la
fornication étaient, lorsque la fille avait conçu, chassés
du village et vendus loin comme esclaves. Les voleurs étaient
traînés à travers le marché par la police et
conduits en prison. Les suicidés n'avaient pas droit à la
sépulture familiale. Les autres crimes étaient condamnés
à la peine de mort. KAPTO n'y allait donc pas de main morte et son pays
(village) lui reste reconnaissant pour l'avoir sauvé du naufrage de la
corruption et de la dépravation des moeurs153(*).
On peut aussi prendre l'exemple du roi FOTSO I, qui, tout en
affirmant l'unité d'action de Dieu et de sa foi en Dieu,
implémentait la devise : Fotsopugun Fotso pegun (Le roi et
le peuple, la main dans la main construisent, gouvernent le royaume). Il fut
aussi l'un des ambassadeurs de la paix154(*).On peut également souligner d'autres rites
non négligeables qui étaient pratiqués dans la chefferie
Bandjoun notamment le rite de veuvage (fock), le rite de purification
(sock tchié), rite de suppression de la malédiction
(té ndoh)...
2 .2.5 Un hymne
Entre 1775-1825 Bandjoun sous le règne KAMGA I avait
déjà un essai d'hymne qui inspirait les idéaux de
bravoure, de ténacité, de courage et de patriotisme. Nous avons
quelques extraits dans les archives de la chefferie Bandjoun. Nda' mpfu pfu
ka mo tak nkà sè (bis), même si je meurs, que personne ne
manque la guerre de nkà sè,.Tak te nen pfuka mo tak nkà
sè si je suis vivant, que personne ne manque la guerre de nkà
sè.155(*) Il
convient de préciser que de nos jours Badjoun possède un chant de
ralliement inspiré des idéaux ci-dessus.
CONCLUSION
Au terme de ce chapitre, nous avions pour ambition de
vérifier l'hypothèse selon laquelle Bandjoun avant la
période coloniale avait bâti un puissant legs patrimonial tant
dans la dimension matérielle que dans la dimension
immatérielle. Il ressort clairement que grâce
à la diversité des origines des artistes du royaume, le
peuplement progressif, un milieu naturel assez favorable, la production
culturelle matérielle de la chefferie Bandjoun s'est affirmée au
coeur du patrimoine culturel Bamiléké. Cette production du
patrimoine matériel était visible dans tous les aspects de la vie
du peuple Bandjoun. On a pu constater que ce patrimoine culturel
matériel était composé des objets sculptés, de la
vannerie, de la poterie, des produits de la forge, les instruments de musique,
les objets de la vie quotidienne, les objets de l'art du corps etc. Par
ailleurs, la richesse du patrimoine culturel immatériel de cette
entité politico-traditionnelle reposait sur les piliers tels que les
sociétés sécrètes, les danses traditionnelles, les
rites, les valeurs morales et éthiques et surtout l'univers religieux.
Dès lors, la question que l'on peut se poser est la suivante :
qu'est devenu ce patrimoine culturel Bandjoun ?
CHAPITRE III : LES
FACTEURS DE LA DESTRUCTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN
INTRODUCTION
S'il existe une vérité sur laquelle les auteurs
camerounais et étrangers tels que Jean Paul Notué, Jacques
Marquet, Perrois Louis, Raymond Lecoq, Lamb, sont unanimes, c'est la
diversité et la richesse du patrimoine culturel Bandjoun à l'aube
du XIXème siècle. Malheureusement, une observation
minutieuse au début du XIXème et du XXème
siècle expose une triste réalité. Un constat assez
amer se dégage : ce patrimoine culturel a traversé et
continue d'ailleurs de traverser des périodes les plus obscures de son
existence. Alors, notre objectif dans ce troisième chapitre est de
déceler les racines ou les véritables mobiles de la
dégradation progressive de ce patrimoine culturel qui a perdu la
quasi-totalité de sa noblesse d'antan. Pour une approche judicieuse de
ce chapitre, nous l'avons subdivisé en deux parties à savoir les
facteurs exogènes et les facteurs endogènes.
3.1 LES FACTEURS EXOGENES DE
LA DESTRUCTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN
Dans la logique de ce travail, nous appréhendons les
facteurs exogènes comme l'ensemble des mobiles responsables du pillage
du patrimoine culturel matériel ou du recul progressif du patrimoine
culturel immatériel mais qui sont externes à la chefferie
Bandjoun. D'une manière plus simple, il s'agit des facteurs qui
n'émanent pas de la responsabilité du Royaume Bandjoun dans la
destruction de son patrimoine culturel. Dans ce registre nous avons
rangé les alinéas naturels, les guerres d'occupation, le facteur
religieux, l'administration coloniale, la guerre d'indépendance et la
modernité.
3.1.1 Les aléas
naturels
La nature et ses différents caprices exercent un choc
assez important sur le patrimoine culturel matériel Bandjoun. Les eaux
de pluies et quelques animaux rongeurs participent d'une manière
considérable au pillage du patrimoine culturel Bandjoun notamment et le
patrimoine matériel. Les images qui suivent démontrent
clairement l'action des alinéas naturels sur la destruction du
patrimoine culturel Bandjoun.
Photo 28: Un tambour
horizontal (ndu') attaqué par les eaux de pluies
Source : Cliché Simo Djilo 14- 03-
2019 à la chefferie Bandjoun.
Cette photo laisse apparaitre clairement une colonne de
pluie qui s'est tracée vers l'extrémité gauche du Tambour.
Il est donc évident qu'avec le temps, le décor esthétique
de ce legs ancestral sera complètement modifié. Ce tambour est
placé dans l'une des petites cases de la place du grand public
appartiendrait à la société sécrète
Nyeleng.
Photo 29: Cadre de porte
rongé par les termites.
Source : Cliché Simo Djilo 14- 03-
2019 à la chefferie Bandjoun.
Ce cadre de porte est celui de l'une des cases appartenant
à une épouse du chef Bandjoun Kanga I156(*). Située juste du
côté gauche de l'entrée principale de la chefferie
Bandjoun, cette case est abandonnée et comme l'atteste davantage l'image
ci-dessus, les termites ont pratiquement réduit à néant
cette oeuvre architecturale.
3.1.2 Les guerres d'occupation
territoriales en pays Bamiléké : le cas des Bali-Chamba
A Bandjoun, tout comme dans les autres entités
traditionnelles Bamiléké, l'établissement et la
consolidation se sont faites au gré des guerres. C'est du moins le
constat fait par Dikoumé Albert et Ngoufo Sogang. «
L'occupation de l'espace fut d'ailleurs consécutive à une
série de guerre internes. C'est à la suite de ces conflits qu'on
est arrivé à la stabilisation des chefferies à leur
état actuel »157(*). Il donc est évident que la constitution des
chefferies traditionnelles en pays Bamiléké en
général et dans la sphère Ngomala'a
(sphère culturelle à laquelle appartient la chefferie Bandjoun )
en particulier, a été une serie de conquêtes et de
reconquêtes. Alors, ces guerres de conquêtes et de
reconquêtes de l'espace ont été fatales pour le patrimoine
culturel Bamiléké en général et Bandjoun
spécifiquement. Nous pouvons évoquer dans ce cadre le cas
spécifique de L'invasion des Panye ou Bali Chamba.
Ce sont des guerriers pillards qui seraient venus du nord. Il
s'agit selon Mohammadou « De la faction Bali-Chamba dont
l'intervention au Grassland et dans les environs du milieu du XVIIIème
siècle est précédée par l'implantation peule dans
le plateau de l'Adamaoua. Avec la création de Banyo et
Tibati »158(*). C'est dans la première moitié du
XIXème siècle que ces guerriers font irruption dans la chefferie
Bandjoun à l'époque dirigée par le roi
Kaptué159(*).
L'entrée des Bali-Chamba terrifia les défenseurs Bandjoun qui
étaient surpris de l'existence des chevaux qui selon eux étaient
des êtres surnaturels. Pris par l'assaut de l'ennemi, le roi
Kaptué, dépositaire du patrimoine culturel, s'enfuit à
Bansoa où il trouva refuge avec ses compagnons. Malheureusement, le roi
Bansoa conçut un plan diabolique contre Kaptué et ses Compagnons.
Ce plan consistait à les capturer et les vendre comme esclaves.
Heureusement, avertis par un notable Bansoa nommé Decha, Kaptué
et ses notables durent se réfugier à Batié160(*).
L'invasion des Bali-Chamba a été catastrophique
pour la chefferie Bandjoun. Wabo Tekam nous révèle qu'une bonne
partie du trésor royal sacré aurait été
déporté par le roi Kaptué lors de sa fuite et une autre
partie aurait été donnée aux chefs voisins qui avaient
aidé Bandjoun dans sa libération161(*). Cette action de pillage du
patrimoine culturel Bandjoun est irréfutable si nous nous en tenons aux
caractéristiques des invasions des Bali-Chamba : « Elles
se caractérisaient par l'effet de surprise, la violence et dans certains
endroits par la méthode terroriste avant la lettre »162(*).
Il convient de préciser que Bandjoun a aussi
livré plusieurs guerres d'occupation et d'expansion territoriale avec
les Bamoun, les Bameka, Bamougou, Bahouang... sous l'impulsion du grand
conquérant Kamga I. En effet, ces batailles se situaient dans le
processus de vassalisation. D'une manière significative, ces batailles
ont été drastiques pour le patrimoine matériel de la
chefferie Bandjoun. On peut citer par exemple la destruction de cases
traditionnelles, la déportation des objets royaux...
3.1.3 Le facteur religieux
Il est aujourd'hui établi que l'implantation de
l'évangile est un facteur important dans la disparition du patrimoine
culturel immatériel du peuple africain en général et
Bandjoun en particulier. En effet, dans un entretien à nous
accordé par Teku Marcel, il donna ses impressions sur l'impact de
l'évangile à Bandjoun en ces termes : «
nouosi lé bopte ko'o lah » ( L'évangile de
Dieu a détruit la tradition »163(*). Il signifie ainsi le
rôle joué par la religion dans le processus d'aliénation et
d'acculturation du peuple Bandjoun. Après la prise du Cameroun par les
allemands en 1884, ils entreprirent la conquête de l'hinterland. Ainsi,
ils fouleront le sol de la chefferie Bandjoun en 1905 selon Jean Paul
Notué164(*).
Au départ, la rencontre des deux valeurs culturelles
semblait être une symbiose et pourtant c'était le début
d'une guerre de cultures qui pointait à l'horizon. C'est pourquoi Louis
perrois et Notué affirment dans leur ouvrage: « Dans un
premier temps, ceux-ci respectèrent les institutions traditionnelles de
Bandjoun et même renfoncèrent le pouvoir du fo comme ce
fut le cas à Foumban avec Njoya . La population ne se rendit pas compte
qu'elle tombait sous la domination d'une puissance
étrangère».165(*)Le roi Fotso II étant favorable à
l'éducation et à la présence allemande autorisa l'oeuvre
missionnaire sur son territoire. Cet attachement se matérialisa par
l'envoie de son fils Kamga à la mission catholique de Dschang et un
autre Bopda à Bali166(*). Rapidement, la chefferie Bandjoun à travers
le pacifisme manifeste de Fotso II, était devenue une terre fertile et
appropriée à l'implantation du christianisme Occidental. A ce
sujet Notué affirme : « Bandjoun devint le
théâtre d'une lutte et d'une concurrence entre les missionnaires
protestants et catholiques pour l'évangélisation du
royaume »167(*). Ce fût d'abord l'oeuvre de la mission de
Bâle qui s'implanta à Djomhouo et dont le plus
célèbre missionnaire était Spellenberg. La mission de
Bâle sera remplacée après la première guerre
mondiale par la mission de Paris. L'oeuvre de ces missionnaires a
été déterminante dans le processus de régression du
patrimoine culturel Bandjoun notamment dans sa dimension immatérielle.
En effet les points saillants de l'édifice patrimonial immatériel
étaient perçus par les missionnaires comme diaboliques et par
conséquent devraient être abandonnés par les nouveaux
convertis. Ainsi, la polygamie, le culte des ancêtres, les statuts, les
calebasses conservatrices de reliques, les funérailles et plusieurs
autres rites étaient fermement condamnés conséquence
voués à l'abandon. A ce niveau on peut donc donner raison
à Joel Bonnemaison qui déclare au sujet de
l'évangélisation : « Ils parachevèrent
sans doute la destruction de l'ordre traditionnel, à leurs yeux, l'ordre
païen, mais en contrepartie, ils s'efforcèrent de créer un
ordre chrétien de substitution »168(*). Néanmoins il
convient de préciser que ces missionnaires se sont engagés
activement dans la mise en place des infrastructures routières,
hospitalières et scolaires.
3.1.4 L'administration
coloniale
Le rapprochement que nous faisons entre la destruction du
patrimoine culturel Bandjoun et l'administration coloniale est très
clair. Cet argument a pour ambition de prouver que
l'administration coloniale précisément française a
joué un rôle fondamental dans la rupture de l'ordre successoral
considéré comme legs culturel de Bandjoun. A Bandjoun comme dans
les autres monarchies Bamiléké, la transmission du pouvoir se
faisait selon la loi de l'hérédité c'est-à-dire de
père en fils. Seulement pour le cas de Bandjoun, l'administration
coloniale française s'ingéra de manière significative.
Louis Perrois et Notué nous renseigne ceci : « Fotso II
avant de mourir avait choisi comme successeur le prince Bopda formé
à Bali. La désignation de Bopda pro-allemand et protestant
n'arrangea guère les autorités françaises. Elles avaient
pour favori Kamga Manewa , très populaire et formé à
l'école française de Bana Catholique et interprète . Les
notables respectant les souhaits de feu Fotso II avaient déjà
interné Bopda comme héritier au la'a kamquand les
autorités coloniales intervinrent, envahirent l'enclos rituel,
chassèrent Bopda et proclamèrent Kamga comme chef légitime
de Bandjoun ». 169(*) Cette situation plongea le pays Bandjoun dans une
guerre civile opposant le clan de Bopda à celui de Kamga Manewa qui
portera le titre de Kamga II.
3.1.5 La guerre
d'indépendance au Cameroun
De 1955 à 1962, Bandjoun et le pays
Bamiléké furent ravagés par une guerre provoquée
par des luttes politiques lors de l'accession du Cameroun à
l'indépendance. Des chefferies dans le pays bamiléké
furent brûlées et des objets détruits ou pillés.
Pour le cas spécifique de Bandjoun, faisant un rapprochement avec
l'incendie de 2005, Jean Paul Notué affirme :
« L'incendie du même quartier royal en 1959 fut six fois plus
dévastateur (la grande case nemo de l'époque et des
dizaines de maisons en plus d'objets furent consumés) plus meurtrier
(plusieurs morts) et dans un contexte plus explosif (guerre civile et
d'indépendance au Cameroun et surtout en pays bamiléké
où certaines sources avancent plus de 400 000
morts »170(*).
3.1.6 Le modernisme
Avec l'avènement de la mondialisation et ses exigences,
le patrimoine culturel Bandjoun se trouve pratiquement condamné
à disparaitre. A titre illustratif :
La mondialisation nous impose l'urbanisation
c'est-à-dire le processus de création et de développement
des villes. Ce processus doublé de la croissance démographique ne
peut s'accomplir que par la mise en place des infrastructures routières,
des logements et biens d'autres. Ces réalisations obligent la
destruction d'une bonne partie du couvert végétal qui constitue
pourtant le lieu par excellence de production des oeuvres d'arts. A titre
d'exemple, le site d'implantation actuel des unités administratives de
Bandjoun (sous-préfecture, la préfecture et la mairie)
était un lieu autrement sacré car c'est là que le
fondateur de la chefferie Bandjoun était décédé.
171(*)
Par ailleurs, l'un des chariots transporté par la
mondialisation est la concurrence. Cette concurrence qui s'opère
également dans le domaine patrimonial et plus spécifiquement dans
la dimension de la sculpture, de la forge et même du mobilier. En effet,
face à la ruée des produits importés, les productions
artisanales locales sont phagocytées. L'usage de la paille, du bois, du
bambou ont cédé place au ciment, aux tôles... Ainsi, il en
résulte de fois une architecture mixte. A ce sujet, l'artiste Emmanuel
Tchoupo spécialiste du bambou nous rapporte ceci. «
Actuellement combien sont ceux qui s'offrent des matelas en herbe ?
Construisent des maisons avec des toitures en
paille ? » 172(*)
Photo 30: Entrée de
la chefferie Bandjoun après l'incendie 2005
Source :
https://www.google.com/search?q=musée+de+bandjoun
Ces deux photographies présentent l'entrée
principale de la chefferie Bandjoun au lendemain de l'incendie qui avait
ravagé la chefferie en 2005. On peut remarquer l'ultra domination des
matériaux modernes. Alors, on comprend que le patrimoine culturel
rapidement tente de survivre aux assauts que lui impose le
rythme de la modernité. C'est pourquoi en paraphrasant Sylvain Djache
Nzefa on peut dire que les chefferies traditionnelles Bamiléké en
général et Bandjoun en particulier en voulant l'adaptation au
rythme croissant de la mondialisation ont fini par perdre la substance
culturelle originale qui faisait leur particularité et leur
spécificité173(*).
En outre, la révolution des TIC, est devenue le
principal mobile de recul du patrimoine culturel Bandjoun tant pour le
patrimoine matériel que pour l'immatériel. L'avènement des
téléphones, des radios, des télévisions et surtout
d'internet a primé sur l'utilisation des moyens de communication
traditionnel qui prévalaient à la chefferie Bandjoun. Aussi ces
TIC ont importé et ont facilité l'intégration de
certaines valeurs occidentales à Bandjoun qui sont diamétralement
opposées aux valeurs du royaume telles : l'usage faible de la
langue nationale, l'adultère, la soumission aux dérives de la
mode... A ce niveau on peut comprendre pourquoi plusieurs artistes musiciens
originaires du village Bandjoun dans leurs productions musicales insistent sur
un retour aux valeurs culturelles174(*).
3.2 LES FACTEURS INTERNES DE
LA DESTRUCTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN
Si l'argumentaire qui précède a montré
à suffisance que la destruction du patrimoine culturel Bandjoun est le
résultat des forces extérieures, il n'en demeure pas moins que
cette destruction est davantage liée aux mobiles d'origine interne. Dans
le sillage de ces facteurs internes, nous aborderons tour à tour la
participation de Bandjoun au grand commerce entre le XV et XIXème
siècle, les querelles de succession, la mauvaise conservation des objets
patrimoniaux, la fantaisie dans l'attribution des titres de notabilité,
la rupture de transmission des savoirs.
3.2.1 La participation au
Commerce entre le XVème et le XIXème siècle sur la
côte
Entre le XVème et le XIXème siècle, le
commerce était florissant dans le golfe de guinée plus
précisément sur les côtes Camerounaises175(*). Bandjoun n'échappa
pas à ce vaste circuit commercial. La chefferie entretenait des
relations commerciales avec surtout la partie septentrionale notamment le
Bornou et l'Adamaoua. A ce sujet, Jean Paul Notué écrit :
Dans le cercle du commerce atlantique, Bandjoun envoyait vers
la côte principalement des ivoires, des esclaves et des peaux de
bêtes. Les produits d'importation qu'il recevait en contre-valeur
étaient principalement le sel, des perles, des fusils, et de la poudre.
Les rois et les notables qui participaient activement à
l'économie de la traite s'enrichirent puis accumulèrent des
objets d'art, signe de prestige et symbole de réussite matérielle
dès le XVIIIème siècle176(*).
Cette participation au commerce de traite a contribué
d'une manière ou d'une autre à la déportation des biens
patrimoniaux.
3.2.2 Le caractère
hautement mystique et considéré comme diabolique par une partie
de la population
Dans l'univers du patrimoine immatériel Bandjoun, il
existe des sociétés sécrètes qui n'existent plus de
par leur qualité extrêmement mystique. D'ailleurs, ces
sociétés sécrètes ont fait germer autour d'elles
une construction des schèmes de pensées néfastes. C'est le
cas de la société bèjyeh que Albertin Koupgang
et Nouaye caractérisent ainsi « cette société
à caractère magique et religieux est très proche du
msop au niveau des pratiques. Elle utilisait la magie noire ou
famla, qui voudrait qu'un membre désireux d'atteindre un grade
élevé livre en sacrifice au moins 7 personnes de sa propre
famille »177(*).
3.2.3 Les questions de
succession et ses incidences sur le patrimoine Bandjoun.
Parmi les chefferies Bamiléké, Bandjoun est
sinon le cas le plus atypique du sous titre ci-haut évoqué. S'il
est établi que dans certaines monarchies et tribus le successeur du
défunt est connu d'avance, chez les Bamiléké en
général et Bandjoun en particulier c'est un mystère car
chaque prince est candidat à la succession. Mais alors, si dans la
quasi-totalité des chefferies Bamiléké la succession s'est
opérée suivant la logique de l'hérédité,
à Bandjoun, c'est un véritable melting pot de procédure
successorale. C'est une chefferie qui, depuis sa création a
évolué sur la base des contestations successorales. C'est
pourquoi Pierre Thoutezo qualifie cette attitude de « Qui sème
le vent récolte la tempête »178(*). Il voudrait par cette
affirmation signifier que cette manière dont la chefferie Bandjoun
procédait dans le cadre de la succession des monarques était
déjà un support lointain aux cataclysmes qui devaient arriver.
Le schéma suivant nous renseigne davantage.
3.2 .4 Les fantaisies dans
l'attribution des titres de notabilité
Le titre de notabilité est une attribution
traditionnelle qui permet de valoriser la personnalité d'un individu
dans la société. Ambroise Flaubert et Albertin Koupgan
l'appréhendent comme « un attribut qui distingue l'individu
dans la société, et qui atteste son importante
personnalité. »179(*). Ces titres étaient attribués en
fonction de certains critères que les auteurs cités ci-dessus
résument ainsi : la qualité du récipiendaire dans la
réalisation des oeuvres communautaires, la défense des
intérêts du royaume, la fidélité du postulant aux
idéaux du royaume ou sa bravoure.180(*)Il existait des titres courants pour la famille
royale tels : fo (roi), kuipou (adjoint du roi),
mafo (reine mère), mafo tukam(première fille du
chef) ,wafo (cadet du roi), tajwuigeh ( père des
étrangers) .
Pour les serviteurs on avait : Tshofo cheh
(serviteur qui n'entre pas au fam) Tabue (serviteur qui participe
à l'initiation du roi au la'kam), Tshofo (serviteur
supérieur ayant fait l'école du fam ),
ngwala(premier ministre),Kem (ministre de l'intérieur,
gardien du trésor), tajyue ( responsable de l'une des sept divisions
de Bandjoun), sa' ou sado ( grand serviteur, militaire, héros de
guerre)181(*)etc .
Malheureusement comme le souligne Toumyim Michel,
l'attribution de ces titres est devenue purement et simplement subjective.
Même si le motif selon lequel la disparition du fam serait
à l'origine de la vulgarisation des titres de notabilité, il n'en
demeure pas moins que les affinités, et le gain sont devenus au fil du
temps les principaux critères de notabilité182(*).Cette mauvaise pratique
d'introduction du gain, la vulgarisation et la multiplication anarchique des
titres de notabilité ont contribué au recul de la sacralisation
et de la rigueur des valeurs culturelles.
3.2.5 Les crises de succession
et ses incidences sur le patrimoine culturel Bandjoun
Il est établi aujourd'hui que la chefferie Bandjoun est
parmi celles qui battent les records des incendies en pays
Bamiléké. Cette triste réalité déshonore et
ternie l'image culturelle de cette grande chefferie qui jadis faisait la
fierté et la grandeur traditionnelle Bamiléké. Même
si des sources officielles attribuent ces différents incendies aux faits
naturellement explicables, il n'en demeure pas moins qu'au sein de l'opinion
des notables, des dignitaires et même du simple clan que ces incendies
sont la résultante d'une main criminelle détachée des
situations successorales.
En effet, l'étude de l'histoire successorale de la
chefferie Bandjoun démontre clairement les entorses subies par les lois
coutumières à plusieurs niveaux. C'est pourquoi pour certains, ce
sont ces violations de l'ordre successoral qui seront à l'origine des
incendies de la chefferie Bandjoun particulièrement au lendemain de
l'indépendance. Michel Touomyim précise que les incendies de la
chefferie Bandjoun sont le résultat l'action des partisans trahis ou
humiliés par ce processus de succession183(*).
Schéma 1:
Généalogie des problèmes de succession à
Bandjoun
Départ des Contestataires vers Bandjoun et
création de la dynastie Todjom
Contestation de la succession de Tchougap dans le royaume
Décès de Bhedepa et rupture de la
généalogie
Démission de Tueto et première rupture de
la généalogie
Le pouvoir ne suivant plus la lignée, Kapto le
frère de Tueto est promu roi
Décès de Fotso II et deuxième rupture de
lagénéalogie
Déposition de Mbouopda successeur de Fotso II
par les colons
Kamgan Joseph sacré Kamga II, remplace Mbouopda
Succession normale et décès accidentel de
Fotué
Usurpation de Ngnié Kamga frère de
Fotué
Succession difficile contre les principes coutumiers de
Djomo Kamga Honoré frère royal de Fotué et intensification
de la crise à Bandjoun
Le successeur de Fotue James Toukam est spolié
du trône par des intérêts politico-financiers.
Le successeur de Ngnié homi du
trône
Source : Tchoutezo, P., les royaumes
Bamiléké des origines à la mondialisation,
Douala,Ymele, 2006, p.70
L'analyse de ce schéma montre que dans l'histoire de la
succession à la tête du royaume Bandjoun, la violation de la
règle successorale s'est manifestée pratiquement quatre fois.
D'entrée de jeu, la première violation surgit après la
mort du VIème monarque nommé Bhedepa. A sa mort, Tueto aurait
été choisi comme successeur pour continuer les oeuvres de son
père. Malheureusement il démissionne quelques mois après
laissant le pouvoir à son frère. Les raisons de cette
démission ne sont pas clairement élucidées et les raisons
fusent de toute part et les explications varient en fonction des chroniqueurs.
A ce sujet Pierre Tchoutezo affirme :
Des spéculations sur cette démission vont bon
train. Aurait-il été forcé par des rivalités issues
des luttes internes de la royauté entre princes et princesses? Oui
pensent certains. Non, rétorquent d'autres qui argumentent que Tueto
n'aimait pas les fastes du pouvoir qu'il dut abandonner lui-même en
prenant soin de désigner de son gré Kapto l'un de ses
frères utérins, pour assurer la continuité de la
royauté. [...] Cette thèse semble invraisemblable. Il semblerait
qu'il ait été démissionné par les notables pour
incapacité ou pour haute trahison.184(*)
La deuxième violation est l'oeuvre d'une conspiration
coloniale telle que nous avons décrite plus haut en abordant les
facteurs exogènes de la destruction du patrimoine culturel Bandjoun.
Elle surgit après le décès de Fotso II en 1925. En effet,
les volontés du défunt monarque pour la continuité de la
royauté étaient portées sur Mbouopda. Malheureusement,
l'administration française décidera autrement en proclamant
plutôt son frère Kamga II.
La troisième violation naît au lendemain du
décès du 13ème monarque Bandjoun le
nommé Fotué Kanga précisément en 1975.
Préalablement avant l'accès au trône et pendant son
règne qui d'ailleurs fut très bref (9 ans), et même pendant
son règne, l'un des princes de la chefferie (Ngnié Kamga)
démontra son opposition et l'impossibilité de cohabiter avec le
nouveau fo. A ce propos, Pierre Thoutezo précise:
Tella Nembot organisa dans son palais à Baleng une
consultation familiale en vue de la désignation du successeur de Kamga
II. Au cours de cette rencontre, l'unanimité était faite autour
du testament de Kamga II et Fotué Justin désigné comme
nouveau roi. [...] Quelques jours après cette rencontre le souverain
traditionnel Baleng obligea les princes et les princesses de faire des
révérences au successeur de leur père en signe de
reconnaissance de son autorité. Cela se passa sans incident. [...] A la
suite de cette séance de travail, quelques jours après,
Ngnié Kamga regretta d'avoir reconnu l'autorité de Fotué.
Il se mit à critiquer le choix porté sur son
frère .185(*).
Bien plus, selon les sources orales qui ont
décidé de livrer leur témoignage sous anonymat, le
décès de Fotué Justin et même le détournement
de sa volonté testamentaire est une conspiration de Ngnié Kamga
avec le soutien de l'autorité politique et l'influence de quelques
richissimes Bandjoun. Pierre Tchoutezo une fois de plus sur la base de ses
propres recherches réfute la thèse d'une simple mort
causée par un accident de circulation, mais signale qu'un grand
mystère demeure autour de la mort de Fotué. Il
déclare :
On ne comprend pas toujours pourquoi la première
personne à voir le corps du roi décédé fut Tala
Ngnié, le successeur du père de Fotso Victor. Le corps du
monarque sera amené à Bandjoun par un ami intime de Ngnié
Kamga le nommé Wambo Réné. Au momentoù le roi
engageait (la route), ces gens devraient être à Douala. Comment
ont-ils pu synchroniser leurs mouvements avec ceux du roi au point de
découvrir son corps et lui administrer les premiers soins ?
Etaient-ils au lieu du drame ? Certainement oui. Mais comment ?
Avaient-ils prédit cette tragique situation au point de se transmuter en
une sorte de messie pour sauver les coutumes ancestrales ? La mort du roi
était planifiée. Le chauffeur qui transportait le roi
après avoir été placé en détention
préventive à Nkongsamba fût transféré
à Bafoussam et serait fondu dans la nature comme de la neige au
soleil186(*).
Dans la même logique, l'auteur tire les conclusions
suivantes :
Ngnié aurait utilisé sa position
d'administrateur civile pour ravir la vedette au fils de Fotué
après s'être assuré du soutien du Ministre de
l'administration territoriale Andzé Tsoungui et de certains richissimes
hommes d'affaire de renommée internationale. Le pouvoir financier aurait
pesé de tout son poids auprès des notables Bandjoun pour que
Ngnié Kamga soit désigné roi des Bandjoun en violation des
principes coutumiers qui voudraient que la succession se passe de père
en fils187(*).
C'est ainsi que sous le regard trahissant et corruptif
Ngnié Kamga frère du défunt accède au trône
en 1984 au détriment du Fils188(*) de Fotué Justin. Même si certaines
sources estiment que son accession accidentelle au trône serait la
réalisation de la volonté de son père qui voulut se venger
de ses notables pour avoir trahi sa dernière volonté.
Même si l'usurpation de Ngnié Kamga a fait planer
un silence absolu du côté des acteurs de la culture Bandjoun, il
convient de préciser que cette usurpation tout comme celle de Kamga II
sont assez significatives dans la rupture de l'équilibre successorale de
cette chefferie considérée comme aspect du patrimoine culturel de
Bandjoun. Le mode de désignation sur la base de
l'hérédité est un point fondamental du patrimoine
culturel immatériel de cette chefferie tout comme dans les autres
chefferies Bamiléké. Pour mieux justifier notre assertion, on
peut remarquer que le mode successoral de père en fils est à la
base même de la fondation du royaume jusqu'au 6ème
Monarque189(*). Il en
est de même du huitième au onzième monarque. Par ailleurs,
même si l'usurpation de Ngnié Kamga n'a pas eu des effets
immédiats, il convient de signaler que les effets indirects qui allaient
en découler devaient à jamais plonger la chefferie Bandjoun et
son patrimoine dans une page plus obscure de son histoire. Quand nous
évoquons les effets indirects, il s'agit des conséquences
nées des querelles de sa succession. D'ailleurs même avant son
décès le 6 décembre 2003, plusieurs
évènements d'incompréhension humaine s'étaient
succédés à la chefferie traduisant un mauvais
présage voir une malédiction du règne du monarque. Il
s'agit de l'échec du lancer de la queue de cheval à la
cérémonie du « Tsokouossi »190(*)du dimanche 11 novembre
2001, du décès d'une reine mère nommée Ma Mefoteka
le soir même de ce dimanche, de la ruine morale et physique de
Ngnié observées lors des opérations électorales de
2002. Ceux qui l'avaient vu reconnaissaient son extrême
fragilité. Il avait fait le tour des communautés situées
sur son itinéraire et avait sollicité qu'on prie beaucoup pour
lui. Une messe d'action de grâce spéciale avait été
dite en son honneur, pire encore, une panthère perdue dans le royaume
fut abattu par les grands chasseurs du royaume, par la suite une autre reine
mère décéda191(*).
Après sa mort, la succession s'imposait.
Décédé le 6 décembre 2003, la
cérémonie pour les obsèques officielles est calée
pour le 26 décembre 2003192(*). Ce jour, en présence des autorités
administratives, religieuses et traditionnelles, le spectacle des querelles de
succession se profilait déjà. Le quotidien de l'information
Ouest écho nous rapporte que l'intervention de Nginé Jackson fils
du défunt roi dans la phase des témoignages démontra
à suffisance le danger qui planait sur l'avenir de la chefferie :
Devant ton cercueil, je dis à tous ceux qui ont
l'intention ou l'ambition de porter atteinte à l'honneur de la famille
Ngnié Kamga, qu'ils trouveront sur leur chemin cette race d'homme que
les Bandjoun appellent pébè...Tu nourrissais quelques
craintes de voir ta succession détournée. Sans doute savais-tu
qui tu redoutais, sans doute tu avais sous-estimé notre
détermination à ne pas nous laisser faire... Il convient que
cette donnée soit présente dans tous les esprits car l'ignorer
reviendrait à créer une inutile confusion que ni le code civil,
ni l'ordre public et traditionnel ne peuvent digérer193(*).
Comme une prophétie, le sermon de Ngnié Jackson
s'accomplît quelques heures après le rite d'inhumation.
Le même quotidien nous rapporte que pour la circonstance, le
préfet Dzana Foudafît une annonce chaotique qui se résume
ainsi : « l'unanimité n'a pu être trouvée
autour d'un candidat. Pour préserver l'ordre public, la
cérémonie d'arrestation est renvoyée à une date
ultérieure »194(*). Après plusieurs reports de ladite
cérémonie sous fond de crise, le quinzième roi Bandjoun
est finalement désigné le 24 janvier 2004. C'est Djomo Kamga
Honoré qui est porté à ce poste de responsabilité
qui, selon le quotidien le Messager pense que certains veulent profiter de la
succession du roi Ngnié pour étendre et confirmer leur
hégémonie.195(*)
Depuis 2004, des actes de pillage systématique du
patrimoine culturel surtout matériel se sont multipliés à
la chefferie Bandjoun. Tels que rapportés par les notables Bandjoun, ce
sont des actes d'une brutalité, d'une sauvagerie, d'une
criminalité, d'un vandalisme et d'une horreur hors du commun des
mortels. Tchoutezo qualifie cette période de « série
noire de la chefferie Bandjoun »196(*). Les conséquences étroitement
liés aux querelles de successions sont :
- Le Premier cambriolage du musée royal le 20
Octobre 2004 : ce coup de vol a été fatal pour le
patrimoine culturel Bandjoun car le royaume a perdu une grande partie de son
trésor royal constitué d'objets de plusieurs siècles
d'âge. Albertin Koupgang nous rapporte que ces hors la loi avaient
emporté : les peaux de panthère, les objets sacrés
utilisés dans le cadre de l'exécution de certains rites, les
défenses d'éléphants... 197(*)
- Le deuxième cambriolage du 21 Octobre
2004 : deux mois exactement après le premier cambriolage,
des gangsters feront irruption à la chefferie dans la nuit et
emporteront un objet hyper coûteux et assez symbolique : le cheval
en bronze. Ce cheval était un objet d'art qui surplombait le flanc
gauche de l'ancien bâtiment principal du palais royal198(*).
- L'incendie du 20 Janvier 2005 : C'est
l'un des dégâts les plus catastrophiques de l'histoire du
patrimoine culturel Bandjoun dont l'origine peut être étroitement
attribuée à une main impropre. Du moins, c'est ce que laisse
voir Pierre Tchoutezo lorqu'il affirme : « Le 20 janvier 2005,
le royaume se trouvait plongé dans un cataclysme sans
précédent : l'essentiel de la réserve culturelle
Bandjoun fut consumé par des flammes d'origine inconnue mais sans nul
doute issues d'une main criminelle »199(*). Le bilan sur le patrimoine
culturel Bandjoun est dressé par Jean Paul Notué :
« la grande case nemo, d'une grande importance symbolique
et culturelle, le grenier à vivre du roi, une case d'entrée, deux
cases de sociétés sécrètes et un ancien
musée servant de réserve au nouveau musée actuel. Sans
oublier les pertes (en plus des bâtiments, des centaines d'objets de
réserves de moindre valeur par rapport à ce qui a
survécu), ni le patrimoine immatériel atteint. »200(*). Il poursuit
d'ailleurs le bilan à travers la conclusion suivante : «
la destruction des pièces originales et uniques aurait été
une perte irrémédiable, un terrible effacement de siècles
d'histoire de Bandjoun car, par rapport à d'autres oeuvres on ne peut ni
les remplacer ni les refaire »201(*).
Photo 31: La grande case
nemo refaite par Ngnié Kamga incendiée en
2005
Source : archives de la chefferie Bandjoun
consultées le 14-03-2019.
La grande case qui est perçue sur l'image est cette
grande case patrimoniale du Peuple Bandjoun complètement rasée
par l'incendie de 2005. A droite se trouve une autre petite case. Il s'agit de
l'édifice du musée Bandjoun qui servait de réserve au
musée actuel. C'est cette case qui a échappée aux flammes
de 2005 et est restée parfaitement intacte avec ses collections.
L'image qui suit met en relief cette case nemo dans une perspective
plus rapprochée.
Photo 32: Le chef Kamga II
après son intronisation devant le nemo avant la réfection par
Ngnié Kamga
Source : archives de la chefferie Bandjoun
consultées le 26-01-2019S.
Cette photographie issue des archives de la chefferie Bandjoun
met en exergue un monarque entouré de deux serviteurs placés
débout un autre accroupi avec les mains serrées qui cachent la
bouche. Cette photographie date de 1925
réalisée par le français Christol. Ce monarque est bel et
bien le roi Kamga II juste après son intronisation en 1925 en
remplacement de Fotso II. Les trois personnages sont : Fokouan ( Kuipou),
Foaleng (Wafo) et Fotso Nguemkam (Souop). Le tabouret placé au-devant
est l'un des sièges royaux et témoigne de la richesse culturelle
que regorgeait le nemo.
- L'incendie du 11 janvier 2015 : cet
autre évènement où nous avons été
témoins certes n'a pas été catastrophique comme les
précédentes mais toujours est-il qu'il a réduit à
néant une partie de la culture matérielle de cette
chefferie. Les conséquences les plus perceptibles
étaient : les deux toits coniques faits de pailles situés
à l'entrée de la chefferie ont été
complètement consumés. De même, les dix cases
équitablement disposées des deux côtés de la
descente qui longe au domicile du chef ont été
léchées par les flammes. Seuls les murs en parpaings ont pu
résister. Dans sa colère, le feu a aussi visité des
maisons occupées par des épouses du chef. Le bilan n'en est pas
moins lourd. Puisqu'au total, ce sont trois maisons qui seront totalement
calcinées, et d'autres partiellement. Une autre située tout juste
à l'entrée de la chefferie n'a pas été
épargnée. Bien que tristes, à cause du grave sinistre, les
populations sorties en masse, se sont réjouies tout de même, que
la grande case royale ait été épargnée tout comme
la résidence du chef.
Encore un incendie au mois de janvier à la chefferie
Bandjoun. Ce jour, les populations au vue de cet autre incendie, ont
qualifié Janvier de « mauvais mois » pour
la chefferie Bandjoun. L'image qui suit est une photographie de l'incendie de
2015.
Photo 33: Incendie de la
chefferie Bandjoun en 2015
Source :
https://www.journalducameroun.com/ouest-incendie-a-la-chefferie-bandjoun/
3.2.6. La mauvaise conservation
des objets patrimoniaux
Dans la quête des raisons qui pouvaient justifier la
dégradation des objets patrimoniaux dans le village Todjom, le
résultat de nos observations nous a montré que les conditions de
conservation de certains biens patrimoniaux étaient lamentables.
Certains même présentant un visage d'abandon. Les clichés
suivants sont une illustration parfaite de la mauvaise conservation des objets
patrimoniaux à la chefferie Bandjoun.
Photo 34: Mauvaise
conservation des objets patrimoniaux
Source : Photo Simo djilo 14- 03- 2019
à la chefferie Bandjoun.
Ces deux images présentent respectivement un tambour
horizontal et une chambre de collection des objets d'art Bandjoun. Ce tambour
horizontal nous l'avons photographié au dehors d'une des anciennes cases
appartenant à la reine mère Ma Mefoteka. Tel qu'il se
présente on peut conclure que pour les autorités en charge de ce
patrimoine culturel, ce Tambour n'aurait plus peux être une valeur
culturelle. La deuxième image qui est une sale de collection d'objets
d'art, on remarque que les objets sont carrément posés à
même le sol. Cette autre situation justifie la destruction du patrimoine
culturel matériel Bandjoun. Certes que pendant les périodes
coloniales et précoloniales les techniques de conservation
n'étaient pas véritablement systématiques. Mais alors le
constat ci-dessus était amer quand, nous avons découvert cet
état de chose, en outre en pleine cour de la place publique de la
chefferie Bandjoun des objets patrimoniaux pratiquement abandonnés dans
des casettes, à quelques pas de la case nemo nous avons
photographié des maisons des reines mères
décédées devenues des lieux d'habitation par excellence
des Rongeurs. C'est la raison pour laquelle plusieurs interrogations sont
nées dans notre esprit : la protection et la conservation du
patrimoine culturel Bandjoun sont-elles réservées exclusivement
aux objets royaux ? Les autres objets et biens culturels or du palais
royal n'ont-ils pas aussi de valeur pour être
protégées ?
3.2.7 La rupture de
transmission des savoir-faire.
Il convient de préciser que la régression du
patrimoine culturel Bandjoun, et plus particulièrement celle du
patrimoine matériel est en partie due à la rupture du cordon
ombilical qui relie l'artiste et les générations futures.
Certaines activités telles que la forge revêtaient un
caractère sacré. C'est pourquoi, elle était
pratiquée pendant des jours précis loin des populations non
initiées. Cette disposition aurait contribué à limiter la
vulgarisation des activités et des techniques artistiques. L'entretien
que nous avons eu avec le forgeron Tienou Flaubert du quartier Famleng Topo
nous a révélé que les vanniers, les sculpteurs, les
potiers et surtout les forgerons sont devenus de plus en plus rares dans le
royaume à Car : « On il y'a une absence d'enseignement
des techniques des constructions traditionnelles, de sculpture des objets, de
fabrication des parures et même de la forge qui est mon
activité ». 202(*)
Pour soutenir les idées de Tienou Flaubert, le
célèbre Vannier Emmanuel Tchoupo du quartier Mbieng nous a
conté qu'à leur époque, ils étaient obligés
d'assister leurs parents notamment dans la réalisation des
clôtures traditionnelles appelées kèpé.
Ainsi progressivement ils évoluaient dans cet apprentissage et
devenaient plus tard des spécialistes. Malheureusement rares sont les
concessions ou nous pouvons encore retrouver les clôtures en bambou,
même la chefferie qui est le coeur de la tradition, les barrières
sont à base des matériaux importés. La conséquence
est que les jeunes n'ont plus l'occasion d'avoir accès aux
apprentissages artisanaux203(*).
Photo 35: Fabrication d'un
flanc de mur en Bambou
Source : Archives de la chefferie Bandjoun
consultées le 26-01-2019.
Cette photo présente des hommes fortement
engagés dans l'art du bambou. Cette photographie tirée des
archives de la chefferie a été prise en 2005 après
l'incendie. Ces hommes réalisaient un flanc de mur en bambou qui devait
être fixé plus tard sur les murs déjà
élevés en parpaings ou en briques de terre. Un constat est
facilement fait et qui peut justifier d'ailleurs la disparition du savoir-faire
culturel de la chefferie Bandjoun. Sur cette photographie, on constate que les
individus qui y sont habiles sont tous du troisième âge. La
question qu'on peut se poser est celle de savoir pourquoi il n'y a pas de
jeunes parmi ? Pourquoi ne sont-ilspas initiés ? La
réponse à ces questions se trouve dans l'argument qui suit.
3.2.8 Le manque
d'intérêt des nouvelles générations
Ce facteur est essentiel dans la compréhension de la
disparition du patrimoine culturel matériel et immatériel de
Bandjoun. En date du 10 Avril 2019, nous avons adressé
un questionnaire aux jeunes de la chefferie Bandjoun plus
précisément du quartier Hiala. Notre population accessible
était de 110 jeunes des deux sexes. Sur la base des questions
fermées et ouvertes, nous avons recueilli leurs avis dont l'exploitation
et l'analyse nous ont permis de tirer quelques conclusions. Les
résultats de nos questionnaires sont regroupés dans le Tableau
suivant.
Tableau 3: Avez-vous
déjà entendu parler du patrimoine culturel ?
REPONSES
|
OUI
|
NON
|
RESULTATS
|
108
|
02
|
POURCENTAGE
|
98,18%
|
01,18%
|
Source : Enquête de terrain
réalisée le 10/05/2019
Les résultats de ce tableau démontrent à
suffisance qu'une bonne partie de la jeunesse de la chefferie Bandjoun est au
moins au parfum de la notion de Patrimoine.
Tableau 4: Quelle (s)
activité (s) de la liste ci-dessous savez-vous exercer?
Activités
|
sculpture
|
forge
|
Vannerie
|
Poterie
|
Rien de toutes ces activités
|
Jeunes habiles
|
00
|
00
|
03
|
00
|
107
|
pourcentage
|
00
|
00
|
2,70%
|
00
|
97,27%
|
Source : Enquête de terrain
réalisée le 10/05/2019
Il convient de préciser que nous avons fermé
cette question car les activités insérées dans le tableau
sont celles qui sont considérées comme très lointaines et
faisant partie intégrante du patrimoine culturel matériel
Bandjoun bien avant le contact avec la colonisation. Les résultats
contenus dans ce tableau démontrent clairement qu'il y'a un
véritable problème de transmission du savoir-faire à la
chefferie Bandjoun.
Tableau 5: Quel
métier aimeriez-vous exercer plus tard
Propositions métiers
|
Sculpteur
|
Forgeron
|
Vannier
|
Potier
|
Autre
|
Résultats
|
00
|
00
|
00
|
00
|
110
|
Pourcentage
|
00
|
00
|
00
|
00
|
100%
|
Source : Enquête de terrain
réalisée le 10/05/2019
Les résultats obtenus à partir de cette question
attestent de ce que les jeunes ne sont pas attirés par l'artisanat
élément primordial de leur patrimoine culturel. Même ceux
qui précédemment ont affirmé qu'ils exerçaient la
vannerie nous ont rétorqués qu'ils le faisaient
parallèlement. Cependant, ils semblent attirés par le mirage
urbain et le mirage occidental. C'est pourquoi plusieurs évoquaient des
métiers de médecins, de magistrats, de comptables... On comprend
pourquoi, la chefferie se vide par le phénomène d'exode rural.
Les jeunes sont à la recherche des activités lucratives. Une fois
partie et au contact du monde urbain perdent totalement leur identité
culturelle, se lancent dans une recherche du gain facile etc. Au regard de
cette désinvolture des jeunes et du recul des valeurs culturelles
« Combien de jeunes parlent encore leur langue maternelle ?
Quels sont ceux des jeunes africains qui peuvent réciter quelques
versets de prières traditionnelles ? »204(*)
Tableau 6: Etes-vous membre
d'une société sécrète ou d'une autre association
culturelle? (si oui précisez) (Si non cochez la raison)
REPONSES
|
NON
|
OUI
|
RESULTATS
|
99
|
11
|
POURCENTAGE
|
90%
|
10%
|
Source : Enquête de terrain
réalisée le 10/05/2019
Parmi les 110 interrogés, les 4/5 affirment ne pas
appartenir à aucune association culturelle. Et pourtant
déjà à l'âge de 15 ans pas moins de 4 associations
culturelles sont ouvertes aux jeunes Todjom. Les autres personnes qui affirment
appartenir à une association culturelle pour l'essentiel étaient
le lali, et le wouop.
Tableau 7 : Non parce
que
Propositions des raisons
|
Ce sont des choses magiques et mystiques
|
Manque de moyens
|
Mes parents n'acceptent pas
|
Ça ne sert à rien
|
Ma religion m'interdit
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Nombres
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90
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00
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00
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02
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07
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Pourcentage
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90,90%
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00
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00
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02%
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07,77%
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Source : Enquête de terrain
réalisée le 10/05/2019
L'observation de ce tableau fait comprendre que les jeunes
à Bandjoun sont encore dans une logique de construction des
préjugés en ce qui concerne la dimension immatérielle du
patrimoine culturel. Cette construction de préjugés s'accompagne
et se consolide par l'expansion des idées religieuses.
Tableau 8: Trouvez-vous
nécessaire de protéger le patrimoine culturel de votre village ?
Pourquoi ?
REPONSES
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OUI
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NON
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RESULTATS
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110
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00
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POURCENTAGE
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100%
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00
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Source : Enquête de terrain
réalisée le 10/05/2019
Cette question à deux tendances (une fermée et
l'autre ouverte) nous a permis d'évaluer la place qu'occupent la
protection et la valorisation du patrimoine culturel Bandjoun dans les
considérations de développement des jeunes à Bandjoun.
S'il y est une véritable avérée, c'est que tous sont
conscients que le patrimoine culturel doit être protégé.
Cependant la véritable difficulté à laquelle ils se
heurtent est celle de savoir comment et pourquoi la protection du dit
patrimoine. Plus loin certains ne se sentent pas concernés par cette
entreprise de protection de ce patrimoine culturel. A ce titre Tagne Loic moto
taximan Bandjoun centre Hiala nous déclare : « Je ne
peux pas supporter la chaleur de la forge, fabriquer un tabouret, tisser un
panier qui non seulement me prendra assez de temps mais dont je ne suis pas
sûr de trouver les clients à l'immédiat. Et pourtant avec
la moto c'est tout le contraire »205(*).
CONCLUSION
Le patrimoine culturel est le moyen par excellence
d'affirmation d'un groupe humain. Selon Darice Malabon,
« la production artistique a toujours fait le prestige des grands
royaumes. Elle est l'étalon de mesure d'une civilisation et du
degré de développement culturel »206(*). Cette affirmation est
d'autant vraie que lorsqu'on aborde le patrimoine immatériel. Pour le
cas spécifique de la chefferie Bandjoun, cette monarchie au coeur des
Grass-fields a démontré sa gloire, son prestige et sa
suprématie sur les hautes terres de l'Ouest à travers son faste
patrimonial. Dès lors, ce patrimoine qui semblait être comme une
ville sur le pic d'une colline s'est rapidement retrouvé dans un couloir
de régression progressive. Ce recul étant la résultante
des facteurs externes et internes. Au plan externe, il ressort que les faits
qui sont à l'origine de la destruction du patrimoine culturel Bandjoun
sont : les alinéas naturels, les facteurs historiques, les facteurs
religieux et l'action politique du colon. En outre la destruction du patrimoine
culturel de la chefferie Bandjoun trouve ses racines en internes notamment une
mauvaise conservation des objets patrimoniaux, les querelles de successions,
l'attribution fantaisiste des titres de notabilité, la rupture de
transmission du savoir-faire et une désinvolture manifeste de la
jeunesse. Cependant une question centrale s'impose : La chefferie Bandjoun
est-elle restée les bras croisés face à la
dégradation de son patrimoine ? La réponse à cette
question nous amènera à examiner dans le prochain chapitre les
stratégies de protection de ce patrimoine, depuis la fondation de la
chefferie jusqu'en 2005.
CHAPITRE IV : LES
STRATEGIES DE PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN
INTRODUCTION
La proposition des stratégies des solutions pour un
éventuel inventaire ou une éventuelle protection et conservation
est une activité qui relève absolument du domaine de la
muséologie. C'est pourquoi notre intention dans ce dernier chapitre
n'est point de faire des propositions mais, au contraire, dans la posture d'un
historien, étudier les différentes stratégies
adoptées par les acteurs en charge du patrimoine culturel Bandjoun en
tant que source d'écriture de l'histoire Bandjoun, en vue de
protéger les productions culturelles matérielles et
immatérielles de cette chefferie. Certes, notre fourchette chronologique
se situe entre 1904 et 2005. Mais nous estimons qu'il sera judicieux qu'avant
d'explorer les stratégies de protection de la période coloniale
et postcoloniale il faille s'interroger sur ce qui a été fait en
matière de protection du patrimoine culturel Bandjoun avant la
colonisation.
4.1 LES STRATEGIES DE
PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN AVANT L'ARRIVEE DES PUISSANCES
OCCIDENTALES
Cette période s'étend de la fondation du royaume
(XVème siècle) jusqu'à la pénétration
allemande à Bandjoun plus précisément entre 1904 et 1905.
C'est une période très longue et marquée par des attitudes
développées par des monarques dans l'optique de protéger
le patrimoine culturel de leur ressort territorial. Etudier cette
période revient à examiner les mécanismes de protection du
patrimoine culturel Bandjoun mis en place par les 11 premiers monarques. Ainsi,
nous retenons que pour sauvegarder le patrimoine culturel Bandjoun, certaines
stratégies nécessaires :
4.1.1 Le renforcement des
pouvoirs du fo
La destruction du patrimoine culturel d'un peuple s'accomplit
pleinement lorsqu'une situation d'instabilité s'impose telle que nous
l'avons vue dans le précédent chapitre avec les querelles de
succession. Ainsi, à partir du VIIIème siècle, le royaume
Bandjoun s'affirmait déjà comme une prestigieuse chefferie de par
sa grandeur, sa richesse culturelle et patrimoniale. Alors à partir du
règne de Notouom III, certaines chefferies vassales (to)
voulaient s'émanciper. C'est pourquoi les monarques pensant que cette
émancipation pouvait conduire à une guerre
décidèrent de renforcer le pouvoir du roi et de ses notables
(nkamvu'u). Pour soutenir cette thèse, Jean Paul Notué
affirme : « Devant la menace latente de sécession de
certains to' et de certains notables fortunés, l'accroissement du
pouvoir du fo et des nkamvu'u s'avéra
nécessaire. La centralisation politique et la hiérarchisation
croissante de la société
s'accentuèrent. »207(*)
4.1.2 La création des
« cases patrimoniales embryonnaires »
Dès la fondation du royaume, le
premier roi Notwegom avait déjà intégré la
nécessité de conserver le patrimoine culturel tant
matériel qu'immatériel. C'est pourquoi sous sa gouvernance, il
créa un endroit hautement sacré pour conserver les objets royaux.
A cet endroit, il avait déposé des bracelets, des outils de
chasse et surtout une calebasse contenant de la terre venant de la chefferie
mère (Népeguè)208(*). Il ressort clairement que le souci de
protection des biens culturels ne nait pas avec le contact avec l'occident mais
bien plus avec la fondation même du royaume.
4.1.3 La création des
sociétés secrètes
Le savoir, le savoir-faire et le savoir-être sont des
paramètres fondamentaux d'une civilisation donnée. Ces
différents savoirs sont portés par le patrimoine culturel
matériel et immatériel. Lorsque ce patrimoine n'est pas
conservé dans des structures appropriées, il finit par
disparaitre. Cette hypothèse est entièrement vérifiable
lorsqu'il s'agit particulièrement du patrimoine immatériel. Les
premiers monarques Bandjoun avaient déjà assimilé cet
impératif de protection du patrimoine culturel du royaume mais aussi de
transmission aux générations futures. C'est pourquoi ils ont
oeuvré pour la mise en place des sociétés secrètes
considérées comme cadre par excellence de conservation, de
protection et de transmission de ce patrimoine aux générations
qui allaient suivre. C'est le cas de la société
madjon209(*)
créée par le Monarque Dugnechom, le Nkamvu'u
crée sous l'initiative de trois monarques Notouom I, Notouom II et
Kapto ceci entre 1525 et 1575210(*).
4.1.4 L'adoption d'un code
sociétal rude
Les valeurs morales et éthiques sont des composantes
à part entière du patrimoine culturel d'un peuple.
Ces valeurs ont tellement évolué au point où
certaines nations au monde aujourd'hui s'identifient directement à
travers une valeur sociétale. Cependant ces nations ne
conçoivent plus cette valeur comme étant un élément
spontané et fermé à une époque, mais plutôt
comme un bien acquis des anciens et qui doit être pérennisé
dans le temps et dans l'espace. Les premières structures sociales
Bandjoun telles que conçues par les premiers monarques Bandjoun
étaient calquées sur le modèle non d'une
société parfaite mais d'une société qui recherchait
la perfection. Mais alors, cette perfection ne pouvait être atteinte que
si des prédispositions sociales et judiciaires étaient prises. A
ce sujet référence peut être faite au monarque Kapto
(1625-1675) qui s'engagea fortement pour la préservation du patrimoine
moral et éthique de Bandjoun. Louis Perrois et Notué Jean Paul
écrivent à son sujet :
Kapto édita des lois particulièrement
sévères contre l'adultère, le vol et autres forfaits.
Chaque châtiment correspondait à une faute particulière.
Les coupables, selon les cas, étaient brûlés vifs et
publiquement sur la place du marché (adultère), vendus comme
esclaves au loin, exclus de la communauté ou exposés sur une
place publique, enterrés jusqu'au cou, la tête rasée et
enduite d'huile de palme 211(*).
Cette attitude ainsi décrite démontre à
suffisance le souci de la chefferie Bandjoun par l'intermédiaire de ses
monarques de laisser aux générations futures une
société équitable, juste et harmonieuse.
4.1.5 Le mariage entre filles
des monarques et les grands artistes.
C'est une stratégie qui semble banale mais elle
était pourtant très efficace dans la perspective du patrimoine
culturel Bandjoun notamment matériel. Les monarques Bandjoun accordaient
une place de choix aux artistes qui opéraient dans la réalisation
des objets royaux. Les sculpteurs, les forgerons et les peintres
bénéficiaient donc des avantages de leur activité. Cet
avantage était la possibilité d'avoir pour épouse des
princesses. Tzoukou innocent grand sculpteur actuel à la chefferie
Bandjoun nous rapporte :
En donnant ses filles en mariage, le roi ne voulait pas que
les secrets de l'artiste soient vulgarisés .La fille du roi
était donc comme envoyé en mission de surveillance. Aussi
épouser la fille d'un roi était un grand signe de prestige c'est
pourquoi chaque artiste travaillait avec hargne et les non-initiés se
battaient pour avoir accès à ces métiers pour
espérer attirer vers eux la sympathie du roi212(*).
On comprend clairement donc que le lien matrimonial
était une stratégie de protection du patrimoine culturel à
la chefferie Bandjoun.
4.2 LES STRATEGIES DE
PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN PENDANT LA PERIODE COLONIALE
Cette période historique de la chefferie Bandjoun est
plus ou moins calquée sur la chronologie évolutive du Cameroun
de la pénétration européenne à la
souveraineté internationale. Ainsi il s'agit de la période qui
débute de l'arrivée européenne jusqu'à
l'indépendance du pays en général. Chronologiquement
parlant cette période de l'histoire Bandjoun couvre la tranche 1904
à 1960. Pendant cette période , on a pu desceller des
comportements qui traduisaient une volonté réelle à
sauvegarder le patrimoine culturel. On peut évoquer :
4.2.1 L'attitude pacifiste des
monarques de la période coloniale
Au XIXème siècle avec l'activité
impérialiste naissante, les européens pour s'implanter dans les
territoires faisaient usage des armes que nous appelons les forces de
pénétration. Il s'agit d'un ensemble de facteurs ou moyens ayant
facilité la conquête et la formation des empires coloniaux. Nous
résumons ces forces en MMM (missionnaires, marchands et militaires).
C'est donc dire que les européens étaient dotés d'une
stratégie scientifique, économique, culturelle et politique pour
assurer leur mission de domination. Ces MMM étaient
représentés sur le sol de la chefferie Bandjoun. La justification
de leur présence ressort clairement de cette affirmation de Slageren
C'est en 1901 que les allemands commencèrent
à établir une station militaire à Bamenda pour
conquérir toute la région [...]les missionnaires protestants
Keller et Ernest sont les premiers européens à être
entrés au royaume Bandjoun en Avril 1904 au cours d'une mission
exploratoire [...] C'est en 1905 que les militaires allemands commandés
par Glauning, le commandant de la station militaire de Bandjoun occupe
Bandjoun213(*).
A leur arrivée, la chefferie Bandjoun s'affirmait par
une grandeur qui embrassait tant la culturelle que d'autres domaines de la vie
du royaume.
Conscient de toute la richesse patrimoniale de son royaume et
des conséquences qu'auraient engendrées une riposte violente
à cette forteresse allemande, le monarque Bandjoun Fotso II opta
plutôt pour un accueil chaleureux et amical et profitera par là
pour agrandir son royaume et sa puissance. C'est pourquoi certains aspects du
patrimoine Bandjoun ne disparurent pas aussi tôt avec les allemands au
contraire ils accordèrent une importance capitale à ce dernier.
Slageren affirme à ce propos : « Dans un premier temps,
ceux-ci respectèrent les institutions traditionnelles Bandjoun et
même renfoncèrent le pouvoir du fo [...] Le premier
missionnaire à s'installer à Bandjoun fut Gottlieb [...] Il fut
remplacé par son adjoint Spellemberg qui fut apprécié par
des Bandjoun. Spellemberg était un fervent défenseur de la langue
Bandjoun »214(*).
4.2.2 Le combat de Fotso II
contre la substitution des valeurs culturelles Bandjoun par celles de la
religion chrétienne imposées par les missionnaires
français.
Si pendant la période allemande on a observé un
essai de symbiose des valeurs culturelles, tel ne sera pas le cas avec la
présence française à travers les missionnaires de Paris.
Ces derniers commencèrent par attaquer les points les plus sensibles du
patrimoine culturel Bandjoun notamment la polygamie. Cette attitude des
missionnaires était perçue par certains dignitaires Bandjoun
avec pour prototype le roi Fotso II comme une stratégie
d'anéantissement des valeurs culturelles raison pour laquelle ils
commencèrent à s'opposer. A ce propos Slageren une fois de plus
rapporte :
Le rite du baptême et la condamnation de la polygamie
suscitèrent des réactions parfois violentes du côté
de Fotso II et ses notables. Le baptême fût qualifié de
sacrilège et d'acte devant aboutir à la mort du pays. Les
persécutions qui s'étendirent sur tout le plateau
bamiléké furent particulièrement sévères
à Bandjoun. Fotso II ordonna la fermeture des églises et des
écoles à proximité du palais royal. Les chrétiens
passaient pour une classe de racaille qui, sous le vernis d'un culte occulte
soulevait le peuple contre le roi.215(*)
Par cette attitude, il ressort clairement que le roi Fotso II
tenait absolument à la survivance du patrimoine culturel
immatériel notamment le système d'organisation religieuse et
matrimoniale.
4.2.3 L'anéantissement
Par Kamga II d'une rébellion
En 1925, la chefferie Bandjoun était pratiquement sur
la ligne rouge d'une guerre civile suite au détournement de la
succession du roi Mbouopda au détriment de son frère Kamga II.
En effet, suite à ce coup d'Etat traditionnel, les partisans de Mbouopda
avaient formé une fraction déterminée à reprendre
le pouvoir traditionnel. Cette situation naturellement n'était pas un
bon présage pour le patrimoine culturel Bandjoun. Fort heureusement,
Kamga II songea créer une sorte de police traditionnelle appelée
kamkweh que Albertin Koupgang et Nouaye décrivent en ces
termes. « Les membres du kamkweh sont choisis parmi tous les
fils Bandjoun sans distinction d'appartenance lignagère et ont pour
devise : attendre l'ennemi sur place et mourir »216(*). Cette société
est de nos jours une société purement culturelle.
C'est donc cette société sécrète
qui aurait limité l'action des rebelles du Camp Mbouopda. Contribuant
ainsi à la sauvegarde du riche patrimoine culturel surtout
matériel qui devait payer le lourd tribut de la guerre.
4.3 LES STRATEGIES DE
PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN PENDANT LA PERIODE POST
COLONIALE.
Au lendemain des indépendances, l'engagement des
africains dans la protection du patrimoine culturel s'accélère.
Pour Taboue Nouaye, « les africains sortent progressivement de leur
sommeil culturel ».217(*)Pour le cas spécifique de la chefferie
Bandjoun, plusieurs actions ont été menées jusqu'à
ce jour dont les deux principales qui ont retenu notre attention dans les
recherches sont : la création d'une case patrimoniale Bandjoun,
couverture archaïque des objets et l'organisation des festivals culturels
dénommés Tsem Todjom.
4.3.1 Couverture traditionnelle
des objets patrimoniaux
Dans nos différentes descentes sur le terrain, nous
avons constaté que les acteurs en charge du patrimoine culturel Bandjoun
se battent selon le seuil de leurs moyens pour protéger le patrimoine
culturel matériel. En effet, devant l'action
dévastatrice des alinéas naturels, certaines
sociétés secrètes dont les cases sont implantées
à la place publique du royaume ont opté pour une couverture des
tambours à l'aide d'une tôle en aluminium. L'image suivante
présente clairement l'effort fourni par ces sociétés
secrètes dans la protection de leurs biens matériels.
Photo 36: Technique de
protection d'un Tambour Horizontal
Source : Cliché Simo Djilo le
14-03-2019 à la chefferie Bandjoun
Ces deux photos sont celles des cases traditionnelles
appartenant à la société sécrète
Kemdje. Elles sont implantées sur la grande place publique de
la chefferie. L'observation de ces images laisse apercevoir sur la
première deux tambour horizontaux (lem) dont l'un placé
sur des pierres et recouvert de tôle et le second placé
également sur des pierres mais exposé à l'air libre. La
deuxième image présente une fois de plus un tambour horizontal
recouvert entièrement d'une tôle pliée dans le sens du
tambour. Dans un entretien avec albertin Koupgang, il ressort que ces tambours
y sont depuis le règne de Fotué. Ils ne peuvent être
déplacés et ne sont joués qu'à des occasions
spécifiques à cause de leur caractère sacré. Ainsi
cette façon de recouvrir les tambours est l'un des moyens de
protection de ce patrimoine matériel contre les alinéas
naturels.218(*)
4.3.2 La création d'une
case patrimoniale.
Au lendemain des incendies à la chefferie Bandjoun,
certains spécialistes au rang desquels Flaubert Nouaye ont
trouvé juste de mettre sur pied une case patrimoniale gage d'une
continuité de la tradition historique et identitaire du Village
Bandjoun. Bien plus, un guide de musée au nom d'Albertin Koupgang a
été formé pour être au service de la conservation et
de la transmission de l'histoire. La photographie suivante a été
prise à l'intérieur de la case patrimoniale actuelle.
Photo 37: L'intérieur
de la case patrimoniale Bandjoun
Source :
https://travel.jumia.com/blog/fr/visite-guidee-du-musee-de-bandjoun-au-coeur-de-la-tradition-bamileke-2163.
La réalisation de cette case patrimoniale est l'oeuvre
de plusieurs acteurs nationaux, étrangers et non gouvernementaux. C'est
la combinaison de l'action du COE (Centro Orientamento Educativo), de l'IFA
(Institut de formation artistique), l'UNESCO, MAE (Ministero degli Affari
Esteri), La CEI (conférence épiscopale Italienne) et la
communauté de la chefferie Bandjoun représentées par son
roi.
Cette case patrimoniale a été
élaborée à partir du thème central de la
forge219(*) ; On y
aborde son identité, son histoire, sa création plastique et ses
spécificités. Les bamilékés en
général et Bandjoun en particulier sont réputés
être d'excellents forgerons. A Bandjoun, la société,
longtemps dominée par la tradition orale, a été
édifiée par les artistes de tous les corps de métier. A ce
titre, la forge constituait un élément essentiel de la
société, d'abord comme technique de création, ensuite
comme outil de développement. Elle a permis la fondation et la
consolidation de la dynastie régnante en façonnant des outils,
des armes ou encore des objets de culte. Enfin, encouragée par le
pouvoir royal, la forge était devenue un intermédiaire
auprès des autres arts, fournissant les outils nécessaires
à la création et se plaçant au service du pouvoir, de
l'apparat et du goût du faste, si vivace dans la tradition Bandjoun.
L'exposition de cette case patrimoniale présente des
trônes, des masques, des pipes, des produits de beauté, des
décors traditionnels et contemporains. Elle rend également
hommage aux grands artistes qui ont marqué les siècles en mettant
en avant le dynamisme artistique toujours présent. Par ailleurs, en
dehors de cette riche exposition, on découvre et on peut admirer des
récipients en terre cuite, des récipients en bois, des objets de
vannerie, des pipes, des sacs et surtout des calebasses. Ce musée tente
ainsi de témoigner de l'aspect vivant d'une tradition qui a su s'adapter
à la modernité. C'est pourquoi Notué
déclare : « Le musée de Bandjoun a
été conçu pour appartenir à la communauté
internationale des musées en plus de son inscription légitime
à la réalité africaine, camerounaise, locale et
régionale »220(*).
Dans la dimension protectrice du patrimoine culturel Bandjoun,
cette case, patrimoine réalisé en 2004, est
un témoignage vivant de la survivance de la culture Bandjoun. Elle est
le moyen par excellence de lutte contre la globalisation culturelle, elle
pérennise l'histoire du royaume, valorise la culture et stimule la
fierté identitaire et culturelle Bandjoun. C'est pourquoi Notué
résume l'importance de la case patrimoniale Bandjoun en ces
termes : « Le musée Bandjoun apparait comme un petit
foyer de résistance contre le coté pervers de la mondialisation,
en renfonçant à travers ses collections et leur
présentation, le respect de la pluralité culturelle et sociale
[...] Au développement des valeurs culturelles qui permettent de
surmonter le divorce entre le local et l'universel ainsi qu'entre la tradition
et la modernité »221(*).
4.3.4 Organisation des
festivals culturels Msem Todjom
Pendant longtemps, le patrimoine culturel Bandjoun et
Bamiléké en général donnait l'impression
d'être fermé sur lui-même entouré d'un mystère
gigantesque qui, avec l'avènement de la mondialisation disparaissait
progressivement. C'est fort de ce constat que les monarques Bandjoun de
l'ère de la mondialisation dans le souci de la survivance de ce
patrimoine eurent l'idée de création d'un espace spécial
de valorisation et de célébration du Patrimoine culturel
Bandjoun. Il convient de préciser que même si la première
édition du festival célébrée en tant que
« Festival Msem Todjom » dans sa solennité,
a eu lieu en 2005 sous le haut patronage de sa majesté Kamga Djomo
Honoré, l'initiative et le nom de baptême de ce festival est
l'oeuvre de Ngnié Kamga. En effet, le festival Msem Todjom de 2005 est
précédé par trois autres festivals notamment celui de 1989
et celui de 1999 et de 2001. Les affirmations de Pierre Tchoutezo
démontrent cet argumentaire : « Tout est parti le 11
novembre 2011 à la place des fêtes du marché Bandjoun,
à la suite du toukoussi, organisé par le roi
Ngnié Kamga qui devrait être exécuté par les
initiés pour la clôture des deuxièmes journées
culturelles Bandjoun. Cette initiative avait reçu le baptême de
Msem Todjom»222(*). Mais alors c'est en 2005 suite aux tumultes qui
avaient secoué le royaume que le plus grand festival culturel Bandjoun
Msem Todjom fut organisé. C'est un festival biennal avec pour vocation
de rassembler le peuple Bandjoun autour de son Roi et la culture. Le roi Djomo
Kamga Honoré dans son discours d'ouverture de festival en 2011
déclarait : « Le festival Msem Todjom est avant tout
l'expression d'attachement des fils et filles Bandjoun à leur histoire,
à leur culture, aux traditions de leurs
ancêtres ».223(*)
L'arrivée de sa majesté Roi Djomo dans cette
époque trouble de l'histoire des Bandjoun, fait de lui le personnage
central de cette période transitoire. Le festival Msem Todjom
est donc une féerie, de beauté, de découvertes du
peuple Bandjoun à travers son art et sa culture. Ce sont des
journées porte-ouvertes dans lesquelles tous les camerounais sont
invités à venir découvrir le savoir-faire du peuple
Bandjoun à travers des expositions, des danses, des concours d'art
culinaire et la dégustation des mets locaux. Cet événement
sert à présenter le patrimoine culturel et valoriser aux yeux du
monde par le biais du média toutes les richesses du peuple Bandjoun. A
cet effet, le docteur Leo Kouga affirme :
Au-delà de l'aspect festif qui les caractérise,
les journées culturelles sont devenues une véritable institution
chez ce peuple de la région ouest du Cameroun, il s'agit en
réalité d'un moment de communion entre un peuple et son histoire.
Une histoire qui le rattache non seulement à ses origines, mais aussi
à ses ancêtres et à Dieu. Moment d'affirmation identitaire,
de valorisation et de promotion des valeurs culturelles locales, les
journées culturelles constituent aussi une circonstance au cours de
laquelle la société est purifiée des maux qui peuvent
être source de discorde et de division224(*).
Les journées culturelles ne sont pas seulement une
stratégie de marketing pour les promoteurs des produits locaux mais
surtout une occasion pour le peuple Bandjoun d'ouvrir ses portes au monde
extérieur dans le but d'exhiber positivement sa culture. Dans l'espace
de quelques jours, Le Roi Bandjoun tous les fils de son terroir du Cameroun et
principalement la jeunesse à venir découvrir et
redécouvrir leur culture. Le Roi invite aussi les amis à rentrer
de plein pied dans une communauté diverse, multiple, de culture ancienne
et d'ambition modernes.
Ce festival se déroule sur le site même de la
chefferie, les journées culturelles sont une foire artistique, musicale,
gastronomique, avec des distractions diverses. On y vient pour apprécier
les richesses locales à travers l'art et les différentes
expressions de vie. La foire présente l'art sous tous ses costumes dans
ce recoin du grassland à travers les acteurs et intervenants. Elle se
déroule autour de différents axes.
L'artisanat : ce sont globalement des artistes sculpteurs qui
aujourd'hui célèbrent encore le faste de la cour des rois
malgré les influences de la vie contemporaine par des
réalisations impressionnantes inspirées de l'histoire du royaume.
A Bandjoun, il existe une grande variété de contenants
conçus sur place, (principalement les récipients, les outils de
danse et les sacs), chacun doté d'un emploi spécifique et
utilisé tant pour la cuisine pour le matériel rituel ou
d'apparat. Un participant allogène à ce festival livre son
témoignage en ces termes : « Ce qui frappe dans les
contenants c'est la multitude des modèles, des styles, la liberté
d'expression qui transparaît dans le détail de la taille, de la
décoration, du tissage ou du modelage. Ces différents objets
vendus à prix très symboliques permettent d'emporter avec soi un
bout de l'histoire, d'un mythe ou un souvenir significatif d'un règne
glorieux »225(*).
La peinture : on rencontrera aussi à travers des
expositions des artistes plasticiens contemporains qui tirent leur inspiration
de l'histoire du pays bamiléké en général mais
aussi des voyages à la rencontre d'autres civilisations. Alors, leurs
réalisations superposent des cultures entre tradition et modernisme. A
travers les représentations, les jeux de couleur, transparait ce devoir
de rester fidèle à la tradition locale mais également
celui de redéfinir l'art traditionnel en incluant la vision
contemporaine de l'art qui fait de Bandjoun un peuple ouvert et
intégrant.
Les musiciens sont également au rendez-vous. Bandjoun
renferme au moins une légende de la musique nationale aujourd'hui. Avec
des sonorités importantes, ils donnent de la voix aux journées
culturelles. Les musiciens qu'on rencontre sur le site de la foire sont surtout
des conservateurs. Avec des textes fidèles à la langue locale ou
non, les messages sont toujours centrés sur les concepts propres
à la localité, entre autre la polygamie, la sauvegarde des
coutumes, les éloges aux personnalités, cultes,
l'intégration, l'amour, le partage... des valeurs qui donnent couleur et
vie à l'existence du royaume.
Les écrivains, fidèles au rendez-vous
présentent des livres divers. Bandjoun est lui-même au Cameroun
parmi les villages qui ont été depuis un certain temps au centre
d'une littérature riche et diversifiée. Des auteurs s'y sont
arrêtés pour décrire un aspect de sa vie, que ce soit son
environnement historico géographique ou même ses hommes. Les
thèmes généraux partent de l'histoire des grands
règnes aux faits quotidiens. Les écrivains sont des historiens,
des anthropologues, mais aussi des romanciers, des conteurs qui illustrent des
légendes et épopées fantastiques
L'art culinaire :Le travail n'étant rien sans le
plaisir dans la localité, il y'a le plaisir d'apprécier l'art
culinaire par des pauses gastronomiques avec les cultures vivrières
locales qui permettent de concocter d'excellents mets mais également le
plaisir d'apprécier les danses des sociétés
secrètes (Massu, Lali, Wouop, Tso, Mougo, Ghali...) d'abords pour le
mystère que revêt l'art vestimentaire complètement
mystifié pour les prestations, mais également pour la
beauté et la précision des gestes, des pas, des roulements de
tambours.
Le tourisme : Avec la modernisation de la culture par son
exposition à d'autres cultures, Bandjoun aujourd'hui revêt
harmonieusement les attributs d'une destination touristique. On apprécie
d'abord son climat, la région étant l'une des plus fraîches
de la zone équatoriale. Sous un ciel d'un bleu éclatant, se
dévoilent des paysages pittoresques. Bandjoun aujourd'hui c'est comme
une ville neuve, qui grâce à ses conservations attire de plus en
plus de touristes. Le passé a inspiré le tourisme, mais il y'a
aussi la nature, le rêve pour l'amateur de « soleils lointains
» de paysage de montagne, d'architecture traditionnelle. Ces
journées sur le site des festivités, permettent aux touristes
d'explorer Bandjoun dans son intégralité et maitriser les
sentiers et grandes ruelles.
Les journées culturelles c'est donc l'occasion pour les
profanes de découvrir ce visage qui , de passage sur les routes
nationales, renvoie l'image d'une cité artistique avec des
architectures post modernes mais aussi celles de découvrir la force des
traditions dans cette localité avec les lieux sacrés ou la
rencontre avec quelques personnalités de cultes.226(*).
Tous ces lieux constituent un patrimoine intéressant
à visiter pour tous ceux qui s'intéressent à cette
culture. Ainsi d'une manière générale, le docteur Kouga
résume la place du Msem Todjom ainsi « Les journées
culturelles Msem Todjom s'attachent à donner une vision exhaustive,
à la fois historique, sociale, culturelle et économique du peuple
Bandjoun. Elles permettent au village Bandjoun de conserver, entretenir et
officialiser ses coutumes afin de toujours pouvoir apporter sa contribution au
salon des cultures du monde ».227(*)
CONCLUSION
Au terme de ce présent chapitre, on peut affirmer avec
certitude que contrairement aux affirmations européocentristes qui
consacrent le dogme selon lequel la protection et la conservation du patrimoine
culturel est absolument liée à l'initiative occidentale, le souci
de la survivance du patrimoine culturel africain et Bandjoun en particulier,
anime ses acteurs longtemps avant la pénétration
européenne. Cette volonté de la chefferie Bandjoun à
protéger son patrimoine culturel s'est manifestée pendant la
période précoloniale par le renforcement de l'autorité du
chef devant les menaces sécessionnistes des royaumes vassaux, la
création des cases patrimoniales embryonnaires, la mise en place des
sociétés sécrètes, et le système de mariage
princesses et artistes. En outre, avec la pénétration
occidentale, la chefferie Bandjoun a également fait preuve de bravoure
et de résistance face à l'assaut destructeur du patrimoine
culturel qu'est la colonisation. Pour le faire, l'attitude pacifiste du
monarque Fotso II face aux allemands et sa révolte contre le
système religieux français ont été les principales
armes. Enfin, au lendemain de l'indépendance, la chefferie Bandjoun
adopte comme stratégies de protection de son patrimoine culturel
les festivals culturels et l'établissement d'une case patrimoniale.
CONCLUSION GENERALE
Notre sujet de recherche intitulé
« patrimoine culturel Bandjoun : Destructions et
stratégies de protection (1904-1905) », nous a plongé
dans l'univers civilisationnel de la chefferie Bandjoun par le biais de sa
production culturelle.
Plusieurs préoccupations construites sur la base des
hypothèses ont orienté notre démarche
méthodologique lors de cette investigation. D'abord la toute
première interrogation était centrée sur le lien
relationnel entre le milieu naturel, humain et la production du patrimoine
culturel Bandjoun. La deuxième préoccupation était
axée sur les composantes du patrimoine culturel Bandjoun avant tout
contact avec l'extérieur. La troisième quant à elle
tournait autour des facteurs responsables de la destruction du patrimoine
culturel Todjom. Enfin, la dernière interrogation pour sa part avait
l'ambition de déceler les stratégies déployées par
la chefferie Bandjoun pour assurer la survivance de son patrimoine culturel.
Ainsi, nous somme parvenu à la vérification des
hypothèses de départ qui se déclinent dans les
résultats suivant :
Le milieu naturel et humain ont été de
véritables atouts pour la production culturelle de la chefferie
Bandjoun. Parlant du milieu naturel, nous avons constaté que le relief,
l'hydrographie et la végétation sont ces éléments
physiques qui ont permis à Bandjoun de bâtir un patrimoine
culturel riche et varié. Si les montagnes, les collines les rochers
éléments constitutifs des inégalités du sol ont
servi de bâtis, des lieux saints, des milieux de purification et des
sanctuaires, la végétation quant à elle a fourni les
matières premières pour la fabrication des produits artisanaux du
domaine de la vannerie, de la sculpture, du mobilier... Bien plus, cette
végétation assez riche du point de vue faunique a donné
aux artistes Bandjoun la matière première pour produire plusieurs
objets sacrés. L'hydrographie a joué le même rôle que
les éléments du relief. Abordant l'aspect humain, nous nous
sommes rendus à l'évidence que Bandjoun a connu 15 monarques
depuis sa fondation jusqu'nos jours. Chacun d'une manière
particulière à impacter le patrimoine culturel Bandjoun soit dans
une perspective de protection soit dans une perspective de destruction ou
encore dans une perspective mixte.
Nous avons démontré qu'avant la colonisation,
Bandjoun avait construit un socle patrimonial extrêmement varié.
Ce socle patrimonial présentait deux facettes : le patrimoine
culturel matériel et le patrimoine culturel immatériel. Dans la
production culturelle matérielle, les artistes Bandjoun dans leur grande
habileté, créativité et curiosité avaient
fabriqué plusieurs objets au rang desquels la vannerie (les
paniers, les corbeilles, les mobiliers issus du bambou, les greniers
externes...), la sculpture (les masques, les cadres des portes, les
sièges royaux, les tambours...), les produits de la forge
(Pièges, flèches et autres outils de la chasse, les instruments
de musique, ...). La facette immatérielle de ce patrimoine culturel
Bandjoun était constituée des sociétés
sécrètes attribuées aux danses traditionnelles, un
puissant système religieux, la manipulation du kè, les
rites, l'éducation, un hymne et les rites traditionnels.
Notre travail nous a permis de comprendre que les facteurs
responsables de la destruction du patrimoine culturel Bandjoun sont à la
fois exogènes et endogènes. Plusieurs forces d'origine externe
ont contribué à la destruction du patrimoine culturel Bandjoun.
D'abord les alinéas naturels, les facteurs historiques religieux et
l'action politique du colon. En outre , la destruction du patrimoine culturel
de la chefferie Bandjoun trouve ses racines en internes notamment une mauvaise
conservation des objets patrimoniaux, les querelles de successions,
l'attribution fantaisiste des titres de notabilité, la rupture de
transmission du savoir-faire et une désinvolture manifeste de la
jeunesse.
Enfin, Face à la situation calamiteuse, la chefferie
Bandjoun s'est toujours montrée tenace à la protection et
à la survivance de ce patrimoine culturel. C'est la raison pour laquelle
de la période précoloniale à la période coloniale,
des stratégies de protection du patrimoine culturel Bandjoun ont
été déployées par les acteurs en charge de sa
protection. Pendant la période précoloniale, on a observé
les actions telles que le renforcement de l'autorité du chef
devant les menaces sécessionnistes des royaumes vassaux, la
création des cases patrimoniales embryonnaires, la mise en place des
sociétés sécrètes, et le système de mariage
princesses et artistes. En outre, durant les périodes coloniales un
individu seul incarne la stratégie de protection du patrimoine culturel
Bandjoun à savoir Fotso II. Ce dernier qui se montra pacifiste face
aux allemands et rebelle contre le système religieux français.
Au lendemain de l'indépendance, la chefferie Bandjoun adopte des
stratégies de protection pouvant permettre de faire face à la
mondialisation : les festivals culturels et l'établissement d'une case
Patrimoniale.
Au regard des différents enjeux que constitue le
patrimoine culturel, il est donc urgent voire indispensable de
pérenniser et d'améliorer les systèmes de protection de ce
patrimoine culturel car il est non seulement source de l'histoire mais aussi
l'histoire.
SOURCES ET REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
1. SOURCES PRIMAIRES
A. SOURCES ORALES
N0
|
Nom et prénom
|
Âge
|
Sexe
|
Statut social
|
Date et lieu de l'entretien
|
1
|
Defo Nwela
|
69 ans
|
M
|
Notable
|
le 11 Mars 2019 à Mtieki
|
2
|
Djilo Michel
|
75 ans
|
M
|
Membre de la société lali
|
25 Avril 2019 à Mbouo
|
3
|
Djuidje Marceline
|
49 ans
|
F
|
Prêtresse
|
05- Février 2019 à Mbieng
|
4
|
Dugne Motouom
|
73ans
|
F
|
Ménagère
|
le 11 Mars 2019 à Dembou
|
5
|
Foko Antoine
|
69 ans
|
M
|
Fabricant des tambours et membre de la société
nkouo ndjè
|
20 Mars 2019 à Djomhouo
|
6
|
Fongno Léonard
|
72 ans
|
M
|
Maitre du rite Biénal du kè
|
19 Avril 2019 à Hiala.
|
7
|
Fotso Leonard
|
65 ans
|
M
|
Dignitaire (Ta Sa'a Tadjuego)
|
22 décembre 2018 Mbieng
|
8
|
Fotso luc Patrice
|
83 ans
|
M
|
Sculpteur
|
30 mars 2019 à Djomhouo
|
9
|
Fotso Lydie
|
67 ans
|
F
|
Ancienne d'Eglise
|
13 janvier 2019 à l'EEC de Mbouo Bandjoun
|
10
|
Guamgne Therèse
|
63 ans
|
F
|
Prêtresse
|
le 23Mars 2019 à Houa.
|
11
|
Guiffo Michel le
|
76 ans
|
M
|
Membre du lali
|
25 Avril 2019 à Mbouo
|
12
|
Kamga Athanas
|
75 ans
|
M
|
Spécialiste de l'art Bambou
|
le 14 Mars 2019 à Mbouo .
|
13
|
Kamgue Denis
|
70 ans
|
M
|
Vigneron
|
25 Mars 2019 à Mbouo I
|
14
|
Kengne Lazare
|
82 ans
|
M
|
Membre de la société sécrète
Nye.
|
le 13-02-2019 à Famleng Topo
|
15
|
Kengne Sébastien.
|
71 ans
|
M
|
Forgeron
|
le 26 Avril 2019 à Kamgo.
|
16
|
Koupgang Albertin
|
65 ans
|
M
|
le guide du Musée
|
19 Mars 2019 à la chefferie Bandjoun.
|
17
|
Kuate André
|
69 ans
|
M
|
Pasteur EEC Djomhouo
|
19 Avril 2019 à Djouomhouo
|
18
|
Kuate François
|
57 ans
|
M
|
Enseignant
|
04-05-2019 à Mbouda.
|
19
|
Kuate Jean Paul
|
75 ans
|
M
|
Ancien serviteur de la chefferie
|
19 Avril 2019 à Hiala.
|
20
|
Kui Tagne
|
75 ans
|
M
|
Notable
|
le 21- 01- 2019 Djionè
|
21
|
Mokam Lydie
|
67 ans
|
F
|
Propriétaire d'une poterie
|
23 Mars 2019 à Togodjo
|
22
|
Motchouom Maguerite
|
77 ans
|
F
|
Veuve du chef Ngié
|
Le 26 Mars 2019 à Houa.
|
23
|
Motouom
|
69 ans
|
F
|
Ménagère
|
25 Avril 2019 à Mbouo
|
24
|
Moudze paul
|
80 ans
|
M
|
Dignitaire ( sa'a)
|
27 décembre 2018 à Mbouo et 23 Mars2019 à
Mbouo
|
25
|
Noubissi Michel
|
78 ans
|
M
|
Pasteur EEC retraité
|
13 avril 2019 à Semto.
|
26
|
Simo véronique
|
75 ans
|
F
|
Ménagère et veuve d'un ancien dignitaire Simo
Daniel
|
le 17 Janvier 2019 à Mbieng.
|
27
|
Simo Zéphirin
|
71 ans
|
M
|
Membre du lali, du wouop et nye
|
24 Avril 2019 à Mbouo
|
28
|
Souop Foadjing le
|
85
|
M
|
Notable
|
26-01-2019 à Yom.
|
29
|
Souop Tokam
|
78 ans
|
M
|
Notable
|
26 janvier 2019 à Pete
|
30
|
Souop Youevop
|
80 ans
|
M
|
Notable
|
le 27-02-2019 à Famleng.
|
31
|
Tabue Elie
|
87 ans
|
M
|
Membre participant à l'initiation du Fo au
la'kam
|
20 Mars 2019 à Mbieng
|
32
|
Tabue Emmanuel
|
88 ans
|
M
|
Membre de la société madjon
|
25 Avril 2019 à Kam Ngkuikè
|
33
|
Tabue Fossuo
|
79 ans
|
M
|
Dignitaire du Royaume
|
20 Mars 2019 à Tseleng.
|
34
|
Tagne François
|
78 ans
|
M
|
Serviteur du roi actuel
|
16 Février 2019 à Hiala
|
35
|
Tagne Jérôme
|
78 ans
|
M
|
Prêtre traditionnel (Kam si)
|
le 17 Janvier 2019 à Mlem
|
36
|
Tagne Loic,
|
29 ans
|
M
|
Moto taximan
|
le 14-04-2019 sur le tronçon Bandjoun centre Hiala
|
37
|
Tamdem Jean Jules
|
68 ans
|
M
|
Pasteur EEC et président de la région synodale du
Koung-Khi
|
13 janvier 2019 à l'EEC de Mbouo Bandjoun
|
38
|
Teku Marcel
|
87 ans
|
M
|
Chef d'une société sécrète
Nye
|
le 21 Mars 2019 àYom
|
39
|
Thoupo Emmanuel
|
57 ans
|
M
|
Enseignant
|
le 04 Avril 2019 à Bafoussam
|
40
|
Tienou Flaubert
|
79 ans
|
M
|
Forgeron
|
18 Février 2019 à Famleng Topo
|
41
|
Toguo Jean Marie
|
87 ans
|
M
|
Catéchiste et fabriquant des balafons
|
25 Mars 2019 à Mbouo I.
|
42
|
Tuekam Victor
|
85 ans
|
M
|
Ancien d'Eglise
|
13 janvier 2019 à l'EEC de Mbouo Bandjoun
|
43
|
Tueté Nicole
|
72 ans
|
F
|
Membre du Kemdje et kwenteng
|
19 Avril 2019 à Hiala
|
45
|
Wabo Tagassi
|
57 ans
|
M
|
Notable
|
11 Décembre 2018 à Famleng Djouogo.
|
46
|
Wabo Tekam
|
89 ans
|
M
|
Notable
|
19 Mars 2019 à Soung Bandjoun
|
47
|
Wafo Jean
|
88 ans
|
M
|
Notable
|
le 24 Avril 2019 à Magom
|
48
|
Wafo Youovop
|
87 ans
|
M
|
Grand dignitaire
|
11 Décembre 2018 à Famleng Djouogo
|
B. LES ARCHIVES
- Les archives de la chefferie Bandjoun.
. Liste des plus grands forgerons et sculpteurs de la
chefferie Bandjoun de 1560 à nos jours.
. Photo d'intronisation des rois Bandjoun de la période
coloniale ainsi que celle des épouses des monarques (1884 - 1960)
. Carte des sous chefferies de Bandjoun à la fin du
XVIIe siècle.
- Les archives de la commune de Pete Bandjoun.
.Carte administrative de Bandjoun dressée en 1975.
. Les données démographiques du royaume Bandjoun
en 2005.
2. SOURCES SECONDAIRES
A. LES OUVRAGES
ALEXANDRE, Pierre(1968), Dictionnaire des civilisations
africaines, Paris : Harmattan.
ANSELIN, Alain (1995), La Cruche et le Tilapia, une
lecture africaine de l'Égypte nagadéenne, Paris :
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BABELON, Jean-Pierre et Chastel, André (1994), La
notion de patrimoine, Paris : L.Lévi.
BEAUD, Michel (2006), l'art de la
thèse, Paris : Editions la découverte.
Diop, Cheik-Anta (1982), Unité culturelle de
l'Afrique noire, Paris : Présence Africaine.
DJACHE NZEFA, Sylvain (1994), les chefferies
bamilékés dans l'enfer du modernisme, une chefferie de
demain, Paris : Couëron.
DONGMO, Jean-Louis (1981), Le dynamisme
Bamiléké (Cameroun), Yaoundé : CEPER.
FOUELLEFAK KANA Célestine et Nzessé Ladislas
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du Cameroun, Bandjoun, tradition dynamique, création et vie catalogue du
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Sculpteurs de l'Ouest Cameroun : La panthère et la mygale,
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B. LES ARTICLES DE REVUE /COMMUNICATION ACTES DES
COLLOQUES,
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partie méridionale du plateau Bamiléké », in
contribution de la recherche ethnologique à l'histoire des
civilisations du Cameroun, Paris, vol II, Editions CNRS, pp.
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« Peuplement des hautes terres de l'Ouest », in Espace,
pouvoir et conflits dans les hautes terres de l'Ouest, Yaoundé,
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Tempels et les jumeaux mal venus », in la notion de personne
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dans les groupements Bamiléké » in Études
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Bandjoun » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun
tradition dynamique, création et vie catalogue du musée
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KUM'A, NDUBE (1986), « les traités
Camerouno-germaniques ; 1884- 1907 », actes du colloque
« cent ans de celassions entre l'Afrique et les Allemagnes
1884-1984 : le cas du Cameroun », Yaoundé, le 14 avril
1983, Editions Africavenir, pp. 42-68.
MALABON, Darice (2019), « Art et artisanat
Bamendou : le savoir faire ancestral » in Ngim nu Magazine
Festival Bamendou, n0 001, 54ème
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MARRET, Pierre,( 2001), « Patrimoines
africains : Plaidoyer pour une approche plurielle », in KURHAN,
Gaultier, le patrimoine culturel africain, Paris, Maisonneuve et
Larose, pp.21-41.
MOHAMMADOU, Emmanuel (1986), « Envahisseurs du nord
et Grassfields camerounais au XVIIIème siècle : Le cas du
Bamoun » in Sudan Sahel Studies V, Tokyo, JLCAA, pp.237-273.
NOTUE, Jean-.Paul (2005), « Le royaume Bandjoun
(Leng Djo ou Gung Djo) : Histoire, contexte de la création
artistique, arts et traditions dynamiques » in Bandjoun,
trésors royaux du Cameroun, Bandjoun, tradition dynamique,
création et vie catalogue du musée Bandjoun, Milan, Editions
5 continents, pp 33-97.
PERROIS, Louis et NOTUE, Jean-Paul (1933), Arts et sculptures
du Grassland, camerounais » in, PERROIS, Louis, Legs Pierre
Harter, les rois sculpteurs, art et pouvoir dans le Grasslands
Camerounais, Paris, Réunion des musées nationaux, pp.31-91.
PERROIS, Louis et NOTUE, Jean-Paul (1986),
« Contribution à l'étude des arts plastiques du
Cameroun » in Mutu Libreville, CICIBA, n0 4,
pp.165-222.
PIOU, Estelle & Alli (2012), « la sauvegarde et
la valorisation du patrimoine culturel au Cameroun », in la
lettre de l'OCIM, Edition OCIM, pp. 10-28.
TABOUE NOUAYE, Flaubert (2005), « Les artistes
Bandjoun » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun
tradition dynamique, création et vie catalogue du musée
Bandjoun, Milan, Editions 5 continents, pp.99-121.
TAYLOR, E -D cité par ROCHER Guy (1992),
«Culture, civilisation et idéologie » in Introduction
la sociologie générale. Première partie: l'action
sociale, Montréal, Éditions Hurtubise HMH ltée,
pp.101-123.
TSHILUILA, S (2001), « Présentation
générale » in KURHAN Gaultier. (éd), Le
patrimoine culturel africain, Paris, Maisonneuve et Larose, pp. 13-17
YAMBENE, BOMONO, Chenri (2017), « contexte de
justification » in Patrimoine culturel et développement
local au Cameroun, Centre national d'éducation, Département
d'études sur les arts, religions et civilisations, Yaoundé,
pp.4-15.
C. THESES ET MEMOIRES.
DOGMO, Jean Louis (1971), « l'aménagement de
l'espace rural en pays bamiléké (Ouest-Cameroun) »,
Thèse de doctorat de 3ème cycle en Géographie,
Université de Lille.
FOKOUO, Gilbert (1990-1991), « La chefferie
Bandjoun hier et aujourd'hui : étude sociologique d'une
société en mutation », Mémoire de maitrise
soutenu en vue d'obtention de la maitrise en sociologie, Université de
Yaoundé.
FOUELLEFAK KANA, Célestine (2004-2005), « Le
Christianisme occidental à l'épreuve des valeurs religieuses
africaines : le cas du catholicisme en pays bamiléké au
Cameroun (1906- 1995) », thèse soutenue en vue de l'obtention
du grade de Docteur en Histoire, Université Lumière Lyon.
KEINGINE Willy (2009-2010), « Du costume de la
confrérie kuingang de bansoa a la création
picturale : proposition d'oeuvres plastiques », Mémoire
présenté et soutenu en vue de l'obtention du diplôme de
Maitrise en Arts Plastiques, Université de Yaoundé.
MODJOM TCHUENCHIÉ, Josué (2014),
« Patrimoine matériel de la chefferie Banyangam
(Ouest-Cameroun) des origines à 2011 : Problèmes d'une
continuité culturelle ». Mémoire soutenu en vue
d'obtention du diplôme de Master en Histoire.
NOTUE, Jean Paul (1978), « Contribution à
l'étude des arts Bandjoun (Ouest-Cameroun), Mémoire soutenu en
vue d'obtention du DES, Université de Yaoundé.
NOTUE, Jean-Paul (1988), « la symbolique des arts
Bamiléké (Ouest -Cameroun) ; Approche historique et
anthropologique », Thèse de Doctorat, Université de
Paris.
WATOUNWA, Télesphore (1990- 1991), «Les
institutions politiques de l'Afrique noire précoloniale. Le cas de
Bandjoun Ouest-Cameroun», Mémoire soutenu en vue d'obtention du
DIPES II, Université de Yaoundé.
D. LES DICTIONNAIRES
- Le petit robert illustré, Paris, Hachette, 1983.
- Dictionnaire Microsoft Encarta 2009.
- Nouveau Larousse Encyclopédique
E. SOURCES ELECTRONIQUES
- http://msemtodjom-bandjoun.blogspot.com/
-
http://lasagatnt.com/msem-todjom-2017-festival-des-peuples-bandjoun/
-
http://museedescivilisations.org/index.php/programmation/evenements/60-festival-c-
-
http://www.museumcam.org/bandjoun/creation.phpulturel-msem-todjom
- https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A8te-Bandjoun
-
https://www.google.com/search?rlz=1C1GGRV_enCM846CM846&q=création+et+importance+du+muséé+bandjoun&tbm=isch&source=univ&sa=X&ved=2ahUKEwijxpqexvfiAhWOFxQKHaA1
ANNEXES
Annexe 1 : Photos de
Quelques Monarques Bandjoun ayant joué un grand rôle dans la
protection du patrimoine culturel Bandjoun
Fotso II
Kamga II
Ngnié Kamga Djomo Kamga
Honoré
Sources: Les archives de la chefferie
Bandjoun
Annexe 2 : Autres
éléments du patrimoine culturel Matériel Bandjoun avant la
colonisation
- Epouses du chef Bandjoun Kamga I (1775) portant
chacune une calebasse
Source : Les archives de la chefferie
Bandjoun
- Siège royal perlé, masque batcham et
le roi installé sur un siège royal perlé les pieds sur un
tapis de peau de panthère dressé par une trompe
d'éléphant
Source :
https://www.google.com/search?q=musée+de+bandjoun
- Les instruments de musique.
Source :
https://www.google.com/search?q=musée+de+bandjoun
- L'évolution de la construction de la grande
case Nemo Vers 1895.
Source : Archives de la chefferie
Bandjoun
Avant l'incendie de 2005
Source :
https://www.google.com/search?q=musée+de+bandjoun
Après l'incendie de 2005
Source : Photo Simo Djilo 14-03-2019
à Hiala.
Annexe 3 :
Eléments du patrimoine immatériel : les grands moments du
festival Msem Todjom
Visite du stand d'exposition des objets royaux par
AmaTutu Muna (ministre des arts et de la culture 2007- 2015).
Danse culturelle Wouop msem Todjom 2015.
Source :
https://www.google.com/search?q=musée+de+bandjoun
Source :
http://msemtodjom-bandjoun.blogspot.com/
Annexe 4 : Guides
d'entretiens
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE FORGERON
1- Vous exercez votre activité depuis combien
d'années ?
2- Connaissez-vous les premiers forgerons de la chefferie
Bandjoun ? Comment appelle-t-on un forgeron en langue
Ghomala ?
3- Quels sont les premiers forgerons de la chefferie
Bandjoun ?
4- Quels sont les principaux outils utilisés par le
forgeron ?
5- Quelles sont les grandes catégories de forgerons qui
existaient à la chefferie ?
6- Quelle était la matière première des
forgerons ?
7- D'où venait cette matière
première ? Quelle était la stratégie d'exploitation
de cette matière première ?
8- Quelle place occupait la forge dans l'univers patrimonial
matériel de la chefferie Bandjoun par rapport aux autres secteurs tels
que la vannerie, la sculpture et la poterie ?
9- Y'avait-il des conditions à remplir pour être
éligible aux fonctions de forgeron ?
10- Quels sont les principales productions des premiers
forgerons ?
11- Quelles étaient les différentes fonctions de
la forge à la chefferie Bandjoun ?
12- Votre activité suscite telle tant d'enthousiasme
aux jeunes générations ? pourquoi ?
13- Existe-il des ateliers de formation au métier de
forgeron actuellement à la chefferie ?
14- A votre avis quelles sont les solutions envisageables pour
pérennisation de votre activité ?
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE NOTABLE
1- Qu'est ce qu'un notable ?
2- D'où est venue l'idée de notabilité
dans la chefferie Bandjoun ?
3- Quelle est la genèse de la chefferie Bandjoun ?
4- Depuis la création du Royaume Bandjoun, combien de
monarques se sont succédé à la tête de cette
monarchie ?
5- Quels sont les différents titres de
notabilité qu'on avait à la chefferie Bandjoun bien même
avant la colonisation ?
6- Quels étaient les critères d'attribution des
titres de notabilité ?
7- Ces critères sont-ils respectés de nos
jours ?
8- Comment se déroulaient les différents rites
culturels de la chefferie Bandjoun ?
9- Quelle est la genèse de la chefferie Bandjoun ?
10- Depuis la création du Royaume Bandjoun, combien de
monarques se sont succédé à la tête de cette
monarchie ?
11- Qu'est-ce que le patrimoine culturel ?
12- En quelle année les européens arrivent
à la chefferie Bandjoun ? Qui étaient-ils ?
13- Quelle est l'influence de l'implantation de l'Evangile sur
le patrimoine culturel Bandjoun ?
14- Quelle est le monarque Bandjoun Qui les accueille ?
15- Avant l'arrivée de ces européens, quels sont
les éléments du patrimoine culturel matériel qu'on
retrouve à la chefferie Bandjoun ?
16- Quelle était la matière première
utilisée par les premiers sculpteurs Bandjoun ?
17- D'où venait cette matière
première ? Quelles étaient les stratégies
d'exploitation ?
18- Quelles sont les principales productions de la
sculpture ? Quels furent les premiers sculpteurs ?
19- Quelle était la matière première
utilisée par les premiers vanniers Bandjoun ?
20- D'où venait cette matière
première ? Quelles étaient les stratégies
d'exploitation ?
21- Quelles sont les principales productions de la vannerie?
Quels furent les premiers vanniers ?
22- Quels sont les grands animaux qui constituaient la faune
Bandjoun ? En quoi ces derniers ont influencé la production
culturelle Bandjoun ?
23- Quels sont les différents rites qui étaient
pratiqués à Bandjoun avant même la colonisation ?
24- Comment fonctionnait la théorie du
totémisme à la chefferie Bandjoun ?
25- Quels sont les sociétés
sécrètes qui existaient à la chefferie Bandjoun avant la
colonisation ?
26- Quelles sont les danses traditionnelles qui étaient
exécutées ?
27- Comment se caractérisait le système
religieux de la chefferie Bandjoun?
28- Quelles sont les valeurs morales et éthiques qui
caractérisaient la société Bandjoun avant l'arrivée
Européenne.
29- Quelles sont les facteurs de la destruction du patrimoine
culturel Bandjoun avant, pendant et après la colonisation ?
30- Quelles sont les stratégies de protection
employées par les différents acteurs en charge du patrimoine
culturel Bandjoun depuis la période précoloniale jusqu'à
nos jours ?
31- Qu'est ce que le festival Msem Todjom ?
32- Quelle est la genèse de ce festival ? Quand se
célèbre t-il ?où ? Qui sont les acteurs ?
quelle est son importance pour la culture de la chefferie Bandjoun ?
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES MEMBRES DES SOCIETES
SECRETES
1- Qu'est ce qu'une société
sécrète ?
2- Une société sécrète est-elle
différente d'une association culturelle ?
3- Quelles sont les monarques fondateurs des
sociétés sécrètes de la chefferie
Bandjoun ?
4- Quelles sont les grandes sociétés
sécrètes de la chefferie Bandjoun qui existaient avant la
colonisation ?
5- Quelles sont les caractéristiques de ces
sociétés sécrètes ? Quelles étaient
les éléments de différenciation de ces
sociétés sécrètes ?
6- Quelles étaient les différentes fonctions de
ces sociétés sécrètes ?
7- Quelle était l'âge exigible pour chaque
société sécrète ?
8- Quelles sont les sociétés
sécrètes qui ont disparues ?
9- Quelles sont les raisons qui justifient cette
disparition ?
10- Quels sont les événements au cours desquels
on peut apercevoir la parade des sociétés
sécrètes ?
11- Que savez-vous de la manipulation de la magie (le
kè) à la chefferie Bandjoun?
12- Quel a été la nature des rapports entre
l'arrivée de l'évangile et les sociétés
sécrètes ?
13- Que pensent généralement l'opinion
populaire de vous en tant que membre d'une société
sécrète ?
14- Qu'est ce qui vous motive à être membre d'une
société sécrète et a y inscrire vos
enfants ?
15- Comment trouvez-vous l'adhésion des jeunes aux
sociétés sécrètes de la chefferie
Bandjoun ?
16- A votre avis depuis la fondation du royaume Bandjoun
quelles sont les stratégies qui ont été
déployées par les uns et les autres pour la survivance des
sociétés secrètes ?
17- Pensez-vous que la prestation des sociétés
sécrètes lors du festival Msem todjom doit continuer ?
Pourquoi ?
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE GUIDE DU MUSEE
1- Qu'est ce qu'un Musée ?
2- Y'a-t-il une différence entre un Musée et une
case patrimoniale ?
3- En quelle année fut érigé ce
musée que nous avons aujourd'hui ? Y'a-t-il eu d'autres
avant ?
4- D'où est venue l'idée de création du
musée royal Bandjoun ? Qui sont les véritables acteurs de la
création de cette case patrimoniale ?
5- Quelle est la thématique centrale du Musée
royal Bandjoun ?
6- Quelle est la genèse de la chefferie Bandjoun ?
7- Depuis la création du Royaume Bandjoun, combien de
monarques se sont succédé à la tête de cette
monarchie ?
8- Qu'est-ce que le patrimoine culturel ?
9- En quelle année les européens arrivent
à la chefferie Bandjoun ? Qui étaient-ils ?
10- Quelle est le monarque Bandjoun Qui les accueille ?
11- Avant l'arrivée de ces européens, quels sont
les éléments du patrimoine culturel matériel qu'on
retrouve à la chefferie Bandjoun ?
12- Quelle était la matière première
utilisée par les premiers sculpteurs Bandjoun ?
13- D'où venait cette matière
première ? Quelles étaient les stratégies
d'exploitation ?
14- Quelles sont les principales productions de la
sculpture ? Quels furent les premiers sculpteurs ?
15- Quelle était la matière première
utilisée par les premiers vanniers Bandjoun ?
16- D'où venait cette matière
première ? Quelles étaient les stratégies
d'exploitation ?
17- Quelles sont les principales productions de la vannerie?
Quels furent les premiers vanniers ?
18- Quels sont les grands animaux qui constituaient la faune
Bandjoun ? En quoi ces derniers ont influencé la production
culturelle Bandjoun ?
19- Quels sont les différents rites qui étaient
pratiqués à Bandjoun avant même la colonisation ?
20- Quels sont les sociétés
sécrètes qui existaient à la chefferie Bandjoun avant la
colonisation ?
21- Quelles sont les danses traditionnelles qui étaient
exécutées ?
22- Comment se caractérisait le système
religieux de la chefferie Bandjoun?
23- Quelles sont les valeurs morales et éthiques qui
caractérisaient la société Bandjoun avant l'arrivée
Européenne.
24- Quelles sont les facteurs de la destruction du patrimoine
culturel Bandjoun avant, pendant et après la colonisation ?
25- Quelles sont les stratégies de protection
employées par les différents acteurs en charge du patrimoine
culturel Bandjoun depuis la période précoloniale jusqu'à
nos jours ?
26- Qu'est ce que le festival Msem Todjom ?
27- Quelle est la genèse de ce festival ? Quand se
célèbre t-il ?où ? Qui sont les acteurs ?
quelle est son importance pour la culture de la chefferie Bandjoun ?
« Patrimoine culturel de la chefferie
Bandjoun : Destruction et stratégies de protection
(XVIèmesiècle à 2005) ».
Dans le cadre de la recherche en histoire des civilisations et
religions, nous Simo Djilo Jacques, Matricule CM-UDS
16LSH1511, inscris en Master II à
l'Université de Dschang avons opté pour la
thématique ci-dessus. Nous vous prions humblement de répondre
avec sincérité aux questions ci-après pour nous permettre
de réaliser objectivement notre travail.
I- M F Age :
15-17 ans 17-19 ans
20-21 ans 22-23 ans
IDENTIFICATION DE LA POPULATION CIBLE
Quartier
.................................................
Profession...............................................
Sexe
II- OUI NON
CONNAISSANCE DU PATRIMOINE CULTUREL
1- Avez-vous déjà entendu parler su patrimoine
culturel ?
2- OUI
NON
Le patrimoine culturel est l'ensemble des richesses
culturelles matérielles et immatérielles d'un pays, d'une tribu,
ou d'une Société donnée. Pensez-vous que votre chefferie
(la chefferie Bandjoun) dispose d'un patrimoine culturel ?
3- Enumère quatre éléments de ce patrimoine
culturel matériel......................................................
...................................................................................................
4- Citez quatre éléments de ce patrimoine culturel
immatériel.......................................................................................................................................
......................................................................................................................................................................................................................................................
III- 2 4 Plus de 4
DESTRUCTION ET PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL
BANDJOUN
1- Combien de sociétés sécrètes
Bandjoun connaissez vous ?
2- Quelle (s) activité (s) de la liste ci-dessous
saviez-vous exercer ?
Sculpture Forge Vannerie
Porterie Rien de ces quatre activités
Sculpteur Forgeron Vannier Potier Autre
3- Quel métier aimeriez-vous exercer plus tard ?
4- Etes-vous membre d'une société
sécrète ou d'une autre association culturelle? (si oui
précisez. Exemple lali, wouop, nye...) (Si non cochez la
raison)
OUI
Laquelle/ Lesquelles ?
..........................................................................
NON Parce que : Ce sont des choses magiques
et mystiques Manque de moyens Mes parents
n'acceptent pas Ça ne sert à rien Ma
religion m'interdit
OUI NON
5- Avez-vous déjà observé ou participer
à un rite d'initiation ?
6- Si oui encerclez le rite concerné :
Rite de veuvage Rite de naissance
Rite des jumeaux
Rite d'initiation au La'kam La dot
Rite de purification ou d'action de grâces au tuep si Rite
du tchouo kouo. Si un ou plusieurs autres rites ne figurent
pas dans la liste ci-dessous,
Précisez-le/les.................................................................................................................................................................................................................
7- Que pensez-vous de ces rites ? Faut les supprimer
Faut les conserver Faut les conserver en les humanisant
8- Participez-vous aux funérailles ? OUI
NON Si non pourquoi ?
9- Les funérailles ont-ils une importance à
votre avis ? OUI NON
10- Doit-on les pérenniser à votre avis ?
OUI NON
- Si Oui parce que (encerclez la/les propositions) :
ils renforcent l'autorité du Chef les
funérailles dynamisent l'économie locale
ils valorisent la culture.
- Si non parce que (encerclez la/les propositions):
c'est anti biblique, c'est satanique,
c'est mystique et magique. Si vous avez un
élément de réponse qui ne figure pas dans cette liste,
Précisez-le : ..................................................................
11- Connaissez-vous un forgeron, un potier, un
Vannier ou un sculpteur à Bandjoun ? OUI
NON
Si oui précisez le nom ou son quartier
..............................................................
12- Participez-vous au festival Msem Todjom ?
OUI NON
13- Pensez- vous qu'il faut continuer à
l'organiser ? OUI
NON
14-
Pourquoi.........................................................................................................................................................................................................................................................................................................
15- Pensez-vous qu'il est important de protéger le
patrimoine culturel Bandjoun ?
OUI NON
Pourquoi ?...................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Merci pour votre contribution.
* 1Huntington, S., Le
choc des civilisations, Paris, Edile Odile, 1997, p. 55.
* 2Diop, C.A.,
Unité culturelle de l'Afrique noire, Paris, Présence
Africaine, 1982, P.9.
* 3Le
« lali »est un mot originaire de la Mifi. Dès son
origine au XVIIème siècle, il renvoie à une danse
guerrière Bamiléké qui était exécutée
par les hommes sensés protégés le village contre les
envahisseurs. Progressivement, la connotation et la symbolique se sont
systématisés. Désormais le lali
connote à Bandjoun précisément une société
culturelle créée dans chaque quartier du village sous
autorisation du roi. C'est ainsi qu'on peut avoir le lali du quartier
Mbouo, lali du quartier Mbieng, lali du Quartier Famleng...
Les fonctions principales du lali sont de créer et
consolider une cohésion sociale entre les fils Bandjoun d'un même
quartier, renforcer les liens de solidarité et de valorisation
culturelle, penser et planifier le développement local.
* 4Tshiluila, S.,
« Présentation générale », in
Gaultier-Kurhan C. (éd) Le patrimoine culturel africain, Paris,
Maisonneuve et Larose, 2001, p.14.
* 5 Ibid.
* 6 Deux réunions
régionales ont été organisées simultanément
par l'UNESCO dans la République de Maurice et au Sénégal
du 18 au 19 juillet 2017 et ont suscité davantage d'actions ; Le 20
juillet 2017, à Balaclava, République de Maurice, les ministres
responsables de la culture à Djibouti, en Éthiopie, à
Maurice, en Somalie et au Soudan du Sud ont publié une
déclaration conjointe sur le renforcement des synergies pour la
protection du patrimoine culturel en Afrique de l'Est et les États
insulaires de l'océan Indien. Elle reconnaît la
nécessité d'inclure la culture dans les plans nationaux de
développement, d'améliorer la législation et les
politiques de protection et de promotion du patrimoine culturel et de ratifier
les instruments internationaux normatifs dans le domaine de la protection du
patrimoine culturel, entre autres
* 7On peut évoquer la
Convention de 1954 de l'UNESCO pour la protection des biens culturels en cas de
conflit armé et ses deux protocoles (1954 et 1999), la Convention de
l'UNESCO de 1970 sur les moyens d'interdire et de prévenir l'importation
illicite, L'exportation et le transfert de propriété des biens
culturels et la Convention d'UNIDROIT de 1995 sur les objets culturels
volés ou illicitement exportés, ainsi que le réseau de
partenaires et de ressources, qui constituent une base solide pour la
sauvegarde du patrimoine culturel.
* 8. Extrait du
discours de François Mitterrand lors d'un Conseil des Ministres en
1982.
* 9 Yambene Bomono, C.,
« contexte de justification » in Patrimoine culturel et
développement local au Cameroun, Centre national
d'éducation, Département d'études sur les arts, religions
et civilisations, Yaoundé, 2017, p.6.
* 10 Rapport OMT de 2009
p.2.
* 11 Yambene Bomono, C.,
« contexte de justification » in Patrimoine culturel et
développement local au Cameroun, Centre national
d'éducation, Département d'études sur les arts, religions
et civilisations, Yaoundé, 2017, p.7.
* 12Extrait
des archives de la Commune de Bandjoun Consulté le mercredi 23
février 2019.
* 13 Brunsching, H., Le
partage de l'Afrique noire, Paris, Flammarion, 1971, pp 22-29.
* 14 Kum'a
Ndube., « les traités camerouno-germaniques ; 1884-
1907 » , actes du colloque « cent ans de celassions entre
l'Afrique et les Allemagnes 1884-1984 : le cas du Cameroun »
Yaoundé, le 14 avril 1983, Editions Africavenir, 1986, p. 42.
* 15 Mveng, E., Histoire
du Cameroun, Yaoundé CEPER, tom II, 1985, p. 52.
* 16 Notué, J-P.,
Bandjoun, tresors royaux du Cameroun, Bandjoun, tradition dynamique,
création et vie catalogue du musée bandjoun, Milan, 2005, pp
27-28.
* 17L'expression
« msem todjom » est traduite littéralement par
« msem » qui signifie « venter, exalter,
magnifier... » Et « Todjom » est une
espèce végétale qui est utilisé symboliquement
à chaque rite de naissance à Bandjoun avec pour but le ralliement
du fils ou la fille *Bandjoun à la culture.
* 18 Entretien avec Moudze
paul( Sa'a Wato), le 27 décembre à son domicile au quartier
Mbouo.
* 19Entretien avec Fotso
Leonard ( TaSa'a Tadjuego), le 22 décembre 2018 à son domicile au
quartier Mbieng.
* 20 Archives de la
chefferie Bandjoun, consultées le 14-03-2019.
* 21Notué , J-P.,
Bandjoun, trésors royaux du Cameroun, Bandjoun, tradition dynamique,
création et vie catalogue du musée Bandjoun, Milan,
Editions 5 continents, 2005.
* 22 Notué, J -P.,
la place du Kè et du sacré dans les arts de l'Ouest Cameroun,
Yaoundé, Mesires ISH-Orstom, 1990.
* 23Watounwa,
T.,« Les institutions politiques de l'Afrique noire
précoloniale. Le cas de Bandjoun Ouest-Cameroun »,
Mémoire soutenue en vue d'obtention du DIPES II, Université de
Yaoundé, 1990- 1991.
* 24 Kurhan -Gaultier, C.,
le patrimoine culturel africain, Paris Maisonneuve et Larose, 2001.
* 25 Tabeko, L et Teta I.,
autour du feu : les étapes de la socialisation dans la
société Bamiléké, Yaoundé,
Afrolivresque, 1980.
* 26 Tchoutezo, P., les
royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation,
Douala, Ymele, 2006.
* 27 Perrois , L et Notue,
J-P., Légendes : les origines de la chefferie Bandjoun au
Cameroun, Yaoundé, institut des sciences humaines, 1984.
* 28 Le Coq, R., les
Bamiléké, Paris, Présence Africaine, 1953.
* 29Djache Nzefa, S.,
les chefferies Bamiléké dans l'enfer du Modernisme, Paris,
Couëron, 1994.
* 30 Barbier, J-C.,
« le peuplement de la partie méridionale du plateau
Bamiléké », in contribution de la recherche
ethnologique à l'histoire des civilisations du Cameroun, vol II,
Paris, Editions CNRS, 1981.
* 31 Fokouo, G.,
« La chefferie Bandjoun hier et aujourd'hui : étude
sociologique d'une société en mutation »,
mémoire de maitrise soutenue en vue d'obtention de la maitrise en
sociologie, Université de Yaoundé, 1990-1991.
* 32 Quitard, P-M.,
Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes,
Slatkine Reprints, Genève, 1968, P. 25.
* 33 Babelon, J- P et
Chastel, A., La notion de patrimoine, Paris, L.Lévi, 1994,
p.11.
* 34 Taylor, E D cité
par Rocher G., «Culture, civilisation et idéologie » in
Introduction la sociologie générale. Première partie:
l'action sociale, Montréal, Éditions Hurtubise HMH
ltée, 1992, p.101.
* 35 Déclaration de
Mexico sur les politiques culturelles lors de la Conférence mondiale sur
les politiques culturelles, Mexico City, 26 juillet - 6 août 1982.
* 36 Le caractère
privé renvoie ici à une personne, une entité
traditionnelle, une entreprise, une association, etc.
* 37 Le caractère
public renvoie à une commune, département, région, pays,
etc.
* 38 Le patrimoine dit
« matériel » est surtout constitué des paysages
construits, de l'architecture et de l'urbanisme, des sites
archéologiques et géologiques, de certains aménagements de
l'espace agricole ou forestier, d'objets d'art et mobilier, du patrimoine
industriel (outils, instruments, machines, bâti, etc.).
* 39 Le patrimoine
immatériel peut revêtir différentes formes : chants,
costumes, danses, traditions gastronomiques, jeux, mythes, contes et
légendes, petits métiers, témoignages, captation de
techniques et de savoir-faire, documents écrits et d'archives (dont
audio-visuelles), etc.
* 40 Marquet, J., Les
civilisations noires, Belgique, Marabout Université, 1996, p. 12.
* 41 Anselin, A., La
Cruche et le Tilapia, une lecture africaine de l'Égypte
nagadéenne, Paris, éd. UNIRAG, 1995, pp.5-6.
* 42 Fouellefak KANA, C.,
« Cheikh Anta Diop le panafricaniste : un repère pour
l'Afrique et sa jeunesse ? » in Ethiopiques Littérature,
philosophie et art n°87, 2ème semestre, 2011, p. 138.
* 43 Marret, P.,
« Patrimoines africains : Plaidoyer pour une approche
plurielle », in Kurhan -Gaultier, C., le patrimoine culturel
africain, Paris Maisonneuve et Larose, 2001, P. 21.
* 44Mveng, E., Discours
à l'ouverture du festival de Dakar de 1966.
* 45
Nizésété, B., « Préface », in
Fouellefak Kana C et Nzessé L., Patrimoine culturel africain,
Paris, L'Harmattan, p.7.
* 46 Harsin, P., Comment
on écrit l'histoire, Liège, Georges Thone, 1954, p.14.
* 47 Farge, A., Le
goût de l'archive, Paris, Le Seuil, 1989, p.156.
* 48 Gourou, P., « La
civilisation du végétal », in Recueil d'articles,
Bruxelles, Société royale belge de géographie, 1970, p.
227.
* 49 L'espace
ngomalà désigne l'ensemble des chefferies du Grassfield
qui ont en commun la langue véhiculaire dite ngomalà.
Portée principalement par Bandjoun, Cette langue est aussi
parlée mais avec quelques variations dans les villages Baham, Bayangam,
Bahouan....
* 50 Gautier, H., Au
Cameroun français : Bandjoun , Montréal ,Editions l 'arbre,
1943, p.22.
* 51 Hurault, J.,
« L'organisation du terroir dans les groupements
Bamiléké » in Études rurales,
n°37-39, 1970, p. 232.
* 52 Notué, J-P.,
« Le royaume de Bandjoun ( Leng Djo ou Gung a Djo) : Histoire,
contexte de la création artistique, art et tradition
dynamique », in Bandjoun trésors royaux au Cameroun,
Milan, Editions 5 continents, P.37.
* 53 Entretient avec Tagne
Jerome dit Kam si lem( pretre de lem) le 17- 01-2019 à
Mlem Bandjoun.
* 54 Entretient avec Tuekam
Victor le dimanche 13 janvier 2019 à la paroisse EEC de Mbouo Bandjoun.
* 55 Entretient avec Fotso
Lydie le13 janvier 2019 à l'EEC de Mbouo Bandjoun.
* 56Notué, J-P.,
« Le royaume de Bandjoun ( Leng Djo ou Gung a Djo) : Histoire,
contexte de la création artistique, art et tradition
dynamique », in Bandjoun trésors royaux au Cameroun, Milan,
Editions 5 continents, P.38.
* 57Ibid.
* 58En botanique,
l'hygrophylie qualifie les plantes dont les besoins en eau sont importants. Les
plantes hygrophiles vivent habituellement en milieu lacustre ou palustre et
sont souvent des plantes amphibies. Ainsi on peut déduire qu'une
forêt hygrophile est celle qui exige une quantité importante d'eau
pour sa constitution et le maintien de son équilibre.
Par ailleurs la forêt dite ombrophile est une
catégorie végétale qu'on retrouve dans les
écorégions caractérisées par un climat tropical
humide. Elle est dominée généralement par des
espèces de conifères et de pins.
L'adjectif sempervirent (du latin sempervirent, «
toujours vert ») désigne, en botanique, une plante qui garde ses
feuilles tout au long de l'année. On parle plus couramment de plante
à feuillage « persistant », par opposition aux plantes
à feuillage caduc.
* 59 Entretien avec Tagne
Jérôme le 17 Janvier 2019 à Mlem
* 60 La forêt-galerie
désigne une forêt longue et étroite qui longe les rives
d'un cours d'eau.
* 61 Grimberg, C.,
Histoire universelle ; l'aube des civilisations, T. I,
traduction par Colson, G adaptation française sous la direction de
Dumont G.H, marabout, 1983, P 141.
* 62 Entretient
réalisé avec Dugne Motouom le 11- 03- 2019 à son domicile
à Dembou.
* 63Notué, J-P.,
« Le Royaume de Bandjoun ( Lem Djo ou Gug Djo) : Histoire,
contexte de création artistique, arts et traditions
dynamiques » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun
tradition dynamique, création et vie catalogue du musée Bandjoun,
Milan, Editions 5 continents, 2005, p. 38.
* 64 Onde, Henri.,
« Géographie et civilisation », in revue
Genevoise de Géographie, Genève, 1948, p 90.
* 65C'est la raison pour
laquelle Le processus d'intronisation d'un nouveau chef après la mort du
prédécesseur à la chefferie Bandjoun est fait sous la
houlette du Chef Baleng.
* 66 Notué, J-P.,
« Le Royaume de Bandjoun ( Lem Djo ou Gug Djo) : Histoire,
contexte de création artistique, arts et traditions
dynamiques » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun
tradition dynamique, création et vie catalogue du musée Bandjoun,
Milan, 2005, p.40.
* 67Il s'agissait de 7
calebasses d'huile de palme apportées par un notable comme droit
d'entrée dans la société sécrète dit
Komla.
* 68 Entretien avec le
Notable Ta Souop Tokam le 26 janvier 2019 à Pete.
* 69 Notué, J-P.,
« Le Royaume de Bandjoun ( Lem Djo ou Gug Djo) : Histoire, contexte de
création artistique, arts et traditions dynamiques » ...., pp.
41-43.
* 70 Si l'ordre de
succession et l'identification précise des trois premiers et des sept
derniers rois ne présentent aucun problème et ont
été clarifiés, ceux par contre des monarques
nos 4, 5,6, 7 et 8 sont confus, variables et contradictoires selon
les sources. Trois de ces cinq souverains qui ont été mis
à l'écart par la coutume et rayés de la liste dynastique
officielle sont morts l'un le ventre gonflé, l'autre brulé, le
troisième sans enfant et avec un règne écourté, ce
qui est signe de malheur et de malédiction a Bandjoun et chez les
Bamiléké. Leur oubli est recommandé par la coutume et non
pas sur le plan scientifique. In Notué, Jean paul., « Le
Royaume de Bandjoun ( Lem Djo ou Gug Djo) : Histoire, contexte de
création artistique, arts et traditions dynamiques » in
Bandjoun trésors royaux au Cameroun tradition dynamique,
création et vie catalogue du musée bandjoun, Milan, 2005, p
42.
* 71 La transcription des
mots en langue locale a été simplifiée pour la
commodité de lecture d'autant plus que les noms officiels
arrêtés depuis la colonisation sous l'influence occidentale
diffèrent plus ou moins des appellations autochtones. Par exemple, le
douzième roi de Bandjoun était un homme politique
internationalement reconnu dont le nom figurant sur les documents officiels
était Kamga au lieu de Kamgue selon l'appellation autochtone. Pour le
distinguer d'un autre ancêtre, du même nom, Kamga était
suivi du numéro deux donc, Kamga II. Si la culture occidentale utilise
la numérotation chiffrée pour distinguer deux souverains portant
le même nom, les Bandjoun se réfèrent au nom de la
mère. Ainsi, Kamga II est en réalité Kamgue Menewa. In
Notué Jean Paul., « contribution à la connaissance des
arts Bandjoun (Ouest-Cameroun) », mémoire de DES ,
département d'Histoire, Yaoundé, Université de Paris I,
quatre volumes, 1998. P. 32.
* 72Le vide observé
dans certaines parties du tableau indique soit l'absence du détenteur
soit le désaccord total des informateurs sur l'identité voir
même l'existence. .
* 73Entretien
réalisé avec Albertin Koupgang (le guide du Musée) 19-
03- 2019 à la Chefferie Bandjoun et Wabo Tekam à son domicile
à Soung.
* 74 Entretien avec Souop
Foadjing le 26-01-2019 à Yom.
* 75 Le pu'msé est un
met traditionnel qui associe la farine de maïs l'huile rouge et le sel.
Le pu'msé est l'un des principaux constituants des outils
liturgiques des Kam si et magne si.
* 76Entretien
réalisé avec Albertin Koupgang 19- 03- 2019 à la
Chefferie Bandjoun
* 77 Notué, Jean
paul., « Le Royaume de Bandjoun ( Lem Djo ou Gug Djo) : Histoire, contexte
de création artistique, arts et traditions dynamiques » ...., p.
44.
* 78 Il s'agit du royaume de
Foa Mojo' I et celui de Foa Dùbù qui deviendront Sim dzemto.
* 79Entretien
réalisé Kui Tagne le 21- 01- 2019 Djionè.
* 80Entretien
réalisé avec Teku Marcel au quartier Yom le 21-03-2019.
Entretient avec albertin Koupgang le 19- 03- 2019 à la Chefferie
Bandjoun.
* 81 Entretien
réalisé avec Teku Marcel au quartier Yom le 21-03-2019.
Entretient Albertin Koupgang le 19- 03- 2019 à la Chefferie Bandjoun.
* 82Ibid.
* 83 Entretien avec
Albertin Koupgang le19- 03- 2019 à la Chefferie Bandjoun.
* 84A titre illustratif, Il
avait volé au secours du chef Bapa attaqué par le chef Baham, en
lui envoyant en garantie son couteau de guerre. De plus il vola au secours du
chef Bana, Montheu II qui fut immédiatement dégagé de
l'emprise de ses voisins quand ils apprirent que Fotso le terrible était
en descente vers Bana dirigeant lui-même son expédition. Sa
sagesse intervint dans la guerre de neuf ans entre Bandjoun et Bayangam, de
façon qu'il n'eut ni vainqueur ni vaincu, afin de préserver les
alliances intimes existantes.
* 85 Entretien avec Ta Souop
Youevop le 27-02-2019 à Famleng.
* 86 Entretien avec Albertin
Koupgang le 19- 03- 2019 à la Chefferie Bandjou. Entretien, avec Tabue
Elie au Quartier Mbieng le 20- 03- 2019.
* 87Ibid.
* 88Entretien avec Defo jean
le 20-01-2019 à Mbouo II.
* 89 Recommandation faite
par le professeur Daniel Abwa lors du congrès national des Historiens du
Cameroun tenu à l'Université de Dschang en Décembre 2018.
* 90 Mveng, E., L'art
et l'artisanat africain, Youndé, CLE, 1980, p. 36.
* 91 Entretien avec
Albertin Koupgang le14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.
* 92 Entretien avec Moudze
Paul dit Sa'Wato, le 14-02-2019 à Mbouo.
* 93 Entretien avec Albertin
Koupgang (le guide du musée) le 14-03-2019 à la chefferie
Bandjoun.
* 94Notué, J-P.,
« Le royaume de Bandjoun ( Leng Djo ou Gung a Djo) : Histoire,
contexte de la création artistique, art et tradition
dynamique »..., P. 67.
*
95Entretien avec Kamga Athanas, le 14-03-2019
à Mbouo Bandjoun.
* 96Notué, J-P.,
« Le royaume de Bandjoun ( Leng Djo ou Gung a Djo) : Histoire,
contexte de la création artistique, art et tradition
dynamique » ..., P. 70.
* 97 Koupgang, A et
Notué, J.P., « catalogue des objets culturels du musée
de Bandjoun » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun tradition
dynamique, création et vie catalogue du musée bandjoun, Milan,
Editions 5 continents, 2005, p.224.
* 98 Entretien avec Albertin
Koupgang le 14-03-2019 à la chefferie Bandjoun.
* 99Koupgang, A., et Nouaye,
A., « les sociétés sécrètes de
Bandjoun » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun
tradition dynamique, création et vie catalogue du musée
Bandjoun, Milan, Editions 5 continents, 2005, p.132.
* 100Entretien avec
Albertin Koupgang (guide du musée) le 14-03-2019.
* 101Koupgang, A et
Notué, J-P., « Catalogue des objets culturels du musée
de Bandjoun » ..., pp 228-230.
* 102Koupgang, A et
Notué, J.P, « Catalogue des objets culturels du musée de
Bandjoun » ..., p.230.
* 103 Entretient
réalisé avec Foko Antoine le 20- 03- 2019 à Djomhouo.
* 104Koupgang, A et
Notué, J.P., « catalogue des objets culturels du musée
de Bandjoun » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun
tradition dynamique, création et vie catalogue du musée
bandjoun, Milan, Editions 5 continents, 2005, p.237.
* 105Koupgang, A et
Notué, J.P., « catalogue des objets culturels du musée
de Bandjoun »..., p.237.
* 106Ibid.
* 107Koupgang, A et
Notué, J.P., « catalogue des objets culturels du musée
de Bandjoun »..., p.238.
* 108Entretien avec Lazare
Kengne le 13-02-2019 à Famleng Topo.
* 109 Ibid.
* 110111 Entretien avec
Lazare Kengne le 13-02-2019.
* 112Koupgang, A et
Notué, J.P., « catalogue des objets culturels du musée
de Bandjoun »..., p.237.
* 113 Les archives de la
chefferie Bandjoun consultées le 14-03-2019.
* 114 Entretien avec
Albertin Koupgang le 14-03-2019 à la chefferie Bandjoun.
* 115 Entretien avec Wafo
Jean le 24- 04- 2019 à Magom .
* 116Koupgang, A et
Notué, J.P., « catalogue des objets culturels du musée
de Bandjoun »...,p.240.
* 117 Ibid.
* 118 Ibid.
* 119 Ibid.
* 120 Entretien avec
Albertin Koupgang lors de la visité guidée du Musée du 25-
04- 2019.
* 121Entretien avec
Sébastien Kengne dans son atelier de forge le 26- 04- 2019 à
Kamgo.
* 122 Nouaye, A. F.,
« les artistes Bandjoun » in Bandjoun trésors
royaux au Cameroun tradition dynamique, création et vie catalogue du
musée Bandjoun, Milan, Editions 5 continents, 2005, p.115.
* 123 Ibid.
* 124 Ibid, p.116.
* 125 Koupgang, A et
Nouaye, A-F., « Les Sociétés secrètes de
Bandjoun » ..., p.122.
* 126 Entretien avec Guiffo
Michel le 25-04-2019 à Mbouo.
* 127 Koupgang, A et
Nouaye, A-F.« Les Sociétés secrètes de
Bandjoun »...,p.124.
* 128 Entretien avec Tabue
Emmanuel 25-04-2019 à Kam Ngkuikè.
* 129 Koupgang, A et
Nouaye, A-F.,« Les Sociétés secrètes de
Bandjoun »...,p.124.
* 130Notué, J-P.,
La place du kè et du sacré dans les arts de l'Ouest
Camroun ..., p. 27.
* 131 Koupgang, A et
Nouaye, A-F., « Les Sociétés secrètes de
Bandjoun », ..., p.128.
* 132 Entretien avec Wabo
Tagassi le 11- 12 2018 à Famleng Djouogo.
* 133Cette date est
significative tant pour la compréhension de la parade de cette
société secrète en cette année tant pour l'histoire
de la chefferie Bandjoun. En effet cette date marque le décès du
roi Bandjoun Ngnié Kamga
* 134 Zahan, D.,
Religion, Spiritualité et Pensée Africaines, Paris,
Payot, 1970, p. 34.
* 135 Mveng, E., L'art
d'Afrique noire (Liturgie cosmique et langage religieux), Yaoundé,
Clé, 1964, p. 34.
* 136 Entretien avec
Guamgne Therèse le 23- 03- 2019 à Houa.
* 137 Notué, J-P et
Perrois, L., Rois et Sculpteurs de l'Ouest Cameroun : La
panthère et la mygale, Paris, Co-published, Katharla Ostom, 1997,
p. 64.
* 138 Fouellefak, Kana,
C., « Le Christianisme occidental à l'épreuve des valeurs
religieuses africaines : le cas du catholicisme en pays bamiléké
au Cameroun (1906- 1995) », thèse soutenue en vue de l'obtention du
grade de Docteur en Histoire, Université Lumière Lyon, 2004-2005,
p.92.
* 139 Entretien avec Fotso
Leonard dit Ta sa'a Tadjuego le 22 décembre 2018.
* 140 Fouellefak, Kana, C.,
« Le Christianisme occidental à l'épreuve des valeurs
religieuses africaines : le cas du catholicisme en pays bamiléké
au Cameroun (1906- 1995) ..., p.96.
* 141 Zahan, D.,
Religion, Spiritualité et Pensée Africaines, Paris,
Payot, 1970, p. 95.
* 142 Il s'agit d'
après Albertin Koupgang du musée, du roi NOTOUOM I qui, en
l'honneur de ses ancêtres de Baleng et en action de grâce au Dieu
qui l'a accueilli et établi. Il témoignait sa foi en Dieu, par
le sacrifice de Pu'msé.
* 143 Entretien avec Moudze
Paul dit sa'a Wato le 23- 03-2019 à Mbouo.
* 144 Harter, P., Arts
anciens du Cameroun, Armouville, Editions Arts d'Afrique noire, 1986,
p.9.
* 145 Maillard, B.,
Pouvoir et religion. Les structures socioreligieuses de la chefferie de
Bandjoun, Berne, Peterland, 1984, p. 154.
* 146 Entretien avec
Albertin Koupgang lors de la visité guidée du Musée du 25-
04- 2019 à la chefferie Bandjoun.
* 147 Notué, J-P.,
« Le royaume de Bandjoun (Leng Djo ou Gung a Djo) : Histoire, contexte de
la création artistique, art et tradition dynamique »...,P. 63.
* 148 Entretien avec
Zéphirin Simo le 24- 04- 2019 à Mbouo.
* 149 Heuch, De, L., Le
sorcier, le père Tempels et les jumeaux mal venus », in
la notion de personne Afrique noire, Centre national de la recherche
scientifique, 1973, P. 231.
* 150 Tabeko, L et Teta,
I., Autour du feu : les étapes de la socialisation dans la
société Bamiléké, Yaoundé, A
frolivresque, 1980, p.45.
* 151 Entretien avec Wabo
Tekam le 25-04-2019 à Soung.
* 152Entretien avec Wabo
Tekam le 25-04-2019 à soung.
* 153Entretien
réalisé avec Teku Marcel au quartier Yom le 21-03-2019. Et avec
Albertin Koupgang 19- 03- 2019 à la Chefferie Bandjoun.
* 154Entretien
réalisé avec Teku Marcel au quartier Yom le 21-03-2019. Et avec
Albertin Koupgang 19- 03- 2019 à la Chefferie Bandjoun.
* 155 Archives de la
chefferie Bandjoun.
* 156 Entretien avec
Albertin Koupgang le 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.
* 157Dikoume, A.et Ngoufo
Sogang, T., « Peuplement des hautes terres de l'Ouest »
..., p.50.
* 158Mohammadou, E.,
« Envahisseurs du nord et Grassfields camerounais au XVIIIème
siècle : Le cas du Bamoun » in Sudan Sahel Studies
V, Tokyo, JLCAA, 1986, p.237.
* 159 Notue ,
J.P., « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo ) :
Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions
dynamiques » ..., p.47.
* 160Perrois, L et Notue
J-P., Légendes : les origines de la chefferie Bandjoun au
Cameroun, Yaoundé, institut des sciences humaines, 1984, p. 37-38.
* 161 Entretien avec Wabo
Tekam le 28- 04- 2019 à Soung Bandjoun.
* 162Notue
J.P., « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo ) :
Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions
dynamiques » ..., p.48.
* 163 Entretien avec Teku
Marcel le 21-03-2019 à Yom.
* 164Ibid p.52.
* 165 Perrois, L et
Notué J-P., Rois et Sculpteurs de l'Ouest Cameroun : la
panthère et la mygale, Paris, Karthala, 1997, p.67.
* 166 Entretien avec
Albertin Koupgang le 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.
* 167Notue
J.P., « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo) :
Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions
dynamiques » ..., p.52.
* 168 Bonnemaison.,
« les lieux d'identité culturelle dans les iles du sud et du
centre de Vanuatu (Malaisie) » in Cahiers O.R.S.T.O.M, sciences
humaines, vol XXI, n0 1, 1985, p.166.
* 169 Perrois, L et
Notué J-P., Rois et Sculpteurs de l'Ouest Cameroun : la
panthère et la mygale, ... p.43.
* 170Notue
J.P., « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo) :
Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions
dynamiques » ..., p.56.
* 171Tchoutezo, P., les
royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation,
..., p.178.
* 172 Entretien avec
Emmanuel Thoupo à Bafoussam, le 04-04-2019.
* 173 Djache Nzefa, S.,
les chefferies Bamiléké dans l'enfer du Modernisme..., P.54.
* 174 Parlant de ces
artistes les plus célèbres sont Tagne Guy Rostand auteur
compositeur de plusieurs albums sous forme de proverbes et de conseils. Les
titres sont d'ailleurs très évocateurs. Exemple. Douon
(le paresseux) ,po gouo'ole (les enfants d'aujourd'hui), mnam
(avarisme). Un autre est Talla André Marie qui revient sur les
valeurs telles que nomtema (le fo ou roi), pe le be'e
koungne (si nous nous aimions).
* 175 Warmier, J-P.,
Echanges, développement et hiérarchie dans le Bamenda
précolonial, Wiesbaben et Stuttgant, Franz Steiner Verlag, 1985, p.
15.
* 176Notue,
J.P., « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo ) :
Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions
dynamiques » ..., p.46.
* 177 Koupgang, A., et
Nouaye, A., « les sociétés sécrètes de
Bandjoun » ..., p.132.
* 178 Tchoutezo, P.,
les royaumes Bamiléké des origines à la
mondialisation..., p.208.
* 179Koupgang, A., et
Nouaye, A., « les sociétés sécrètes de
Bandjoun » ..., p.129.
* 180 Ibid.
* 181Koupgang, A., et
Nouaye, A., « les sociétés sécrètes de
Bandjoun » ..., p.130.
* 182 Entretien avec
Touoyim Michel le 13-04-2019 à Mbouo II.
* 183 Ibid.
* 184 Tchoutezo, P.,
les royaumes Bamiléké des origines à la
mondialisation...., P.159.
* 185 Ibid.174.
* 186Tchoutezo, P., les
royaumes Bamiléké des origines à la
mondialisation..., p.177.
* 187 Ibid, p.176.
* 188 Le fils de
Fotué qui était pressentit à ce poste royal était
Fotué James Toukam.
* 189 De Notchwegom
(fondateur du royaume) jusqu'à Bhedepa (6ème monarque) la loi
successorale de père en fils a été respectée.
Notchwegom a été remplacé par son fils Dugnechom, qui
à son tour est remplacé par son fils Notuoum I, remplacé
par son fils Notouom II, succédé par son fils Notouom III et ce
dernier remplacé par son fils Bhedepa.
* 190 Cette expression est
l'ancêtre des journées culturelles du peuple Bandjoun
dénommées Tsem Todjom.
* 191Tchoutezo, P., les
royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation,
Douala, Ymele, 2006, p.168-171.
* 192 Entretient avec Tagne
Jean le 13- 04- 2019 à Mbouo I.
* 193 Quotidien Ouest
Echos parution hors série n0 01 du 20 décembre 2003,
p.2.
* 194 Ibid, p. 4.
* 195 Messager,
« Querelles initiatiques à Bandjoun, les dessous d'une
succession à la Pyrrhus », n01618 du 30 janvier
2004, p. 5.
* 196Tchoutezo, P., les
royaumes Bamiléké des origines à la
mondialisation..., p.195.
* 197 Entretien avec
Albertin Koupgang à la chefferie Bandjoun le 19- 03- 2019.
* 198Ibid.
* 199 Tchoutezo, P.,
les royaumes Bamiléké des origines à la
mondialisation ..., p.196.
* 200 Notue,
J.P., « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo ) :
Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions
dynamiques »..., p.56.
* 201 Ibid.
* 202 Entretien avec Tienou
Flaubert le 26-04-2019, à Famleng Topo.
* 203 Entretien avec
Emmanuel Thoupo le le 04-04-2019 à Mbieng.
* 204 Fouellefak, Kana C.,
« Cheick Anta Diop le panafricaniste : un repère pour
l'Afrique et sa jeunesse ? » in Ethiopiques
n0 87, Littérature, Philosophie et art,
2ème trimestre, 2011, p. 161.
* 205 Entretien Tagne Loic,
le 14-04-2019 sur le tronçon Bandjoun centre Hiala.
* 206 Malabon, D.,
« Art et artisanat Bamendou : le savoir faire
ancestral » in Ngim nu Magazine Festival Bamendou,
n0 001, 54ème Editions, Mars 2019, p. 28.
* 207Notue
J.P., « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo ) :
Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions
dynamiques » ..., p.46.
* 208 Ibid, p.43).
* 209 Le madjon
est une société sécrète qui avait pour but
d'initier les jeunes au métier des armes et d'effectuer les travaux
d'ordre communautaire tels que : construction des cases, des ponts...
* 210 Notue J.P.,
« Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo ) : Histoire,
contexte de la création artistique, arts et traditions
dynamiques » ..., p.44.
* 211 Perrois, L et
Notué J-P., Rois et Sculpteurs de l'Ouest Cameroun : la
panthère et la mygale..., p.97.
* 212 Entretien avec
Tzoukou Innocent à Bandjoun le 02-05-2019 à Bandjoun Pete.
* 213 Slageren , J-V.,
les origines de l'Eglise Evangélique du Cameroun,
Yaoundé, Editions CLE, 1972, p.115.
* 214 Ibid, p.121.
* 215Slageren , J-V.,
les origines de l'Eglise Evangélique du Cameroun, ... , p.172.
* 216Koupgang, A., et
Nouaye, A., « les sociétés sécrètes de
Bandjoun » ..., p.127.
* 217 Taboue Nouaye F.,
Spoliation des valeurs sculpturales africaines pendant le triste épisode
coloniale de son histoire, in Ngim nu Magazine Festival Bamendou, n0 001,
54ème Editions, Mars 2019, p. 31.
* 218 Entretien avec
Albertin Koupgang le 14-03-2019 à Hiala.
* 219 Entretien avec
Albertin Koupgang le 14-03-2019 à la chefferie Bandjoun
* 220 Notué, J-P.,
« Avant propos », in Bandjoun, trésors royaux du
Cameroun, Bandjoun, tradition dynamique, création et vie catalogue du
musée Bandjoun, Milan, Editions 5 continents, 2005, p.18.
* 221 Ibid, P. 19.
* 222Tchoutezo, P., les
royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation
..., p.168.
* 223 Discours d'ouverture
du festival Msem Todjom par Djomo Kamga Honoré in Bulletin du festival
Culturel Tsem Todjom n0 3, 2011, P. 2.
* 224Kouga L.,
« Msem Todjom » in
http://msemtodjom-bandjoun.blogspot.com/.
* 225 Bulletin du festival
Culturel Tsem Todjom n0 4 2013, p. 13.
* 226Les principaux sites
touristiques sont :la chefferie Bandjoun dans son décor de paille,
de bambous, de toits effilés, de couleurs à la fois vives et
pâles, on hume aussitôt l'odeur de l'histoire. Les concessions des
plus grands notables que retient l'histoire, notamment celles des membres du
clan des 9 notable tout autour de la chefferie. Le la'a kam dans la
concession de Tafo mekui Le schuep chez tamounok, un lieu sacré surtout
à fonction de justice avec son histoire.
Il y'a également des lieux sacrés, lieu
d'histoire, de mythe mais aussi de pratiques qui jouent des rôles
très important dans l'histoire te la pérennisation des cultures
comme , Le Vohmessoh : grande foret à Demdeng , La chute de Geschio
à Dja dans son décor assombrit par les grands arbres,, Yechio
à Tseghem avec sa petite chute et son cour d'eau abritée dans un
paysage de broussaille, Le Gouop-aa de Mouwè avec ses pierres en
cascade
* 227Kouga L.,
« Msem Todjom » in
http://msemtodjom-bandjoun.blogspot.com/