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Patrimoine culturel Bandjoun. Destruction et stratégies de protection (1904-2005).


par Jacques Simo Djilo
Université de Dschang Cameroun - Master 2 2018
  

Disponible en mode multipage

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    SOMMAIRE

    TABLE DES MATIERES Erreur ! Signet non défini.

    REMERCIEMENTS vi

    LISTE DES TABLEAUX vii

    LISTE DES CARTES vii

    LISTE DES PHOTOS viii

    LISTE DES SCHEMAS vii

    LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES x

    LISTE DES ANNEXES xi

    RESUME xii

    ABSTRACT xiii

    INTRODUCTION GENERALE 1

    I. PRESENTATION DU SUJET 1

    II. LES RAISONS DU CHOIX DU SUJET 2

    1. Les raisons personnelles 2

    2. Les raisons scientifiques 3

    3. Les raisons socioculturelles 4

    III. INTERETS DE L'ETUDE 4

    1. Intérêt scientifique 5

    2. Intérêt culturel 5

    3. Patrimoine culturel et perspective de développement 5

    IV. CADRE SPATIO-TEMPOREL 6

    1- Le cadre spatial 6

    2- Le cadre chronologique 7

    V. REVUE DE LA LITTERATURE 9

    VI. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE 12

    1. Cadre théorique 12

    1. Approche conceptuelle. 14

    VII. PROBLEMATIQUE 17

    VIII. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 18

    IX. HYPOTHESES DE RECHERCHE 18

    1. Hypothèse générale 18

    2. Hypothèse secondaires 18

    X. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 19

    XI. DIFFICULTES RENCONTREES 21

    XII. PLAN DU TRAVAIL 21

    CHAPITRE I : LE MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN COMME CADRE D'ELABORATION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN. 23

    INTRODUCTION 23

    1.1 L'ETUDE DU MILIEU PHYSIQUE DE LA CHEFFERIE BANDJOUN 23

    1.1.1 Localisation de la chefferie Bandjoun 23

    1.1.2 Relation entre le relief et la production culturelle. 26

    1.1.3 La végétationet les productions culturelles à Bandjoun 29

    1.1.4 L'hydrographie 34

    1.1 .5 La faune 35

    1.2 LA CHEFFERIE BANDJOUN : UNE HISTOIRE SINGULIERE ET PROPICE A L'ECLOSION DU PATRIMOINE CULTUREL 36

    1.2.1 Fondation du royaume et mise en place d'une entité traditionnelle porteuse d'un riche patrimoine culturel 36

    1.2.2 La lignée dynastique en relation avec le patrimoine culturel Bandjoun. 38

    1.2.2.1. NOTCHWEGOM (XVe et XVIème siècle). 41

    1.2.2.2. NOTOUOM (1525) 41

    1.2.2.3. DUGNECHOM (Moins d'un an de règne). 42

    1.2.2. 4. NOTOUOM II LE CONQUERANT (1525-1575) 42

    1.2.2.5. NOTOUOM III LE CONTINUATEUR (1575-1625) 42

    1.2.2.6. BHEDEPA ET KAPTO 43

    1.2.2.7. KAPTUE (1725-1775) 44

    1.2.2.8. KAMGA I (1775-1825) 44

    1.2.2.9. FOTSO I (1825-1875) 44

    1.2.2.10. FOTSO II (1875-1925) 45

    1.2.2.11. KAMGA II (1925-1975) 45

    1.2.2.12. FOTUE KAMGA (1975-1984) 46

    1.2.2.13. NGNIE KAMGA (1984-2004) 46

    CONCLUSION 47

    CHAPITRE II : BANDJOUN ET SON PATRIMOINE CULTUREL AVANT LE CONTACT AVEC LES PUISSANCES COLONIALES 48

    INTRODUCTION 48

    2.1 LE PATRIMOINE CULTUREL MATERIEL BANDJOUN AVANT LE CONTACT AVEC LES PUISSANCES COLONIALES. 48

    2.1.1 Le patrimoine architectural, sculptural et mobilier 49

    2 .1.1.1 L'architecture 49

    2.1.1.2 La sculpture du bois 51

    2.1.1.3 Le mobilier. 53

    2.1.2 Les instruments de musique 57

    2.1.3 Les objets de la vie quotidienne. 61

    2.1.4 Les objets de forge 63

    2.2 LE PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL PRECOLONIAL BANDJOUN 65

    2.2.1 Les sociétés secrètes (nkem) 65

    2.2.2 Un système religieux calqué sur le modèle des peuples des Grass-fields. 69

    2.2.3 Le (Magie) 72

    2.2.4 Les rites et l'éducation 74

    2 .2.5 Un hymne 76

    CONCLUSION 76

    CHAPITRE III : LES FACTEURS DE LA DESTRUCTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN 77

    INTRODUCTION 77

    3.1 LES FACTEURS EXTERNES DE LA DESTRUCTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN 77

    3.1.1 Les aléas naturels 77

    3.1.2 Les guerres d'occupation : le cas des Bali-Chamba 79

    3.1.3 Le facteur religieux 80

    3.1.4L'administration coloniale 81

    3.1.5 La guerre d'indépendance au Cameroun 82

    3.1.6 Le modernisme 82

    3.2 LES FACTEURS ENDOGENES DE LA DESTRUCTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN. 84

    3.2.1 La participation au commerce entre le XVème et le XIXème siècle sur la côte. 84

    3.2.2 Le caractère hautement mystique et considéré comme diabolique par une partie de la population. 84

    3.2.3 Les questions de succession et ses incidences sur le patrimoine Bandjoun. 85

    3.2 .4 Les fantaisies dans l'attribution des titres de notabilité 85

    3.2.5 Les crises de succession et ses incidences sur le patrimoine culturel Bandjoun 86

    3.2.6 La mauvaise conservation des objets patrimoniaux 94

    3.2.7 La rupture de transmission des savoir-faire. 95

    3.2.8 Le désintéressement des nouvelles générations. 96

    CONCLUSION 99

    CHAPITRE IV : LES STRATEGIES DE PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN. 100

    INTRODUCTION 100

    4.1 LES STRATEGIES DE PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN AVANT L'ARRIVEE DES PUISSANCES OCCIDENTALES 100

    4.1.1 Le renforcement des pouvoirs du fo 100

    4.1.2 La création des « cases patrimoniales embryonnaires » 101

    4.1.3 La création des sociétés secrètes. 101

    4.1.4 L'adoption d'un code sociétal rude 101

    4.1.5 Le mariage entre filles des monarques et les grands artistes. 102

    4.2 LES STRATEGIES DE PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN PENDANT LA PERIODE COLONIALE 102

    4.2.1 L'attitude pacifiste des monarques de la période coloniale 103

    4.2.2 Le combat de Fotso II contre la substitution des valeurs culturelles Bandjoun par celles de la religion chrétienne imposées par les missionnaires français. 104

    4.2.3 L'anéantissement par Kamga II d'une rébellion 104

    4.3 LES STRATEGIES DE PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN PENDANT LA PERIODE POST COLONIALE. 105

    4.3.1 Couverture traditionnelle des objets patrimoniaux 105

    4.3.2 La création d'une case Patrimoniale. 106

    4.3.4 Organisation des festivals culturels Msem Todjom 107

    CONCLUSION 111

    CONCLUSION GENERALE 112

    SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 114

    1. SOURCES PRIMAIRES 114

    2. SOURCES SECONDAIRES 116

    ANNEXES 122

    A

    Mes parents Djilo Michel et Motouom

    REMERCIEMENTS

    La réalisation de ce travail a été possible grâce à la contribution de plusieurs personnes à qui nous voulons témoigner notre gratitude.

    D'entrée de jeu, nos remerciements vont à l'endroit de notre encadreur le Pr Célestine Colette FOUELLEFAK KANA qui, malgré ses multiples sollicitations, s'est toujours rendue disponible à répondre à nos préoccupations, mais aussi pour ses conseils, ses encouragements et surtout pour la rigueur imposée dans le travail et la mise à notre disposition de sa bibliothèque personnelle.

    Nous témoignons notre reconnaissance au Pr Jules KOUOSSEU qui nous a aidés capitale dans la reformulation de notre thématique de recherche.

    Nous voulons adresser nos remerciements au Chef de Département d'Histoire et Archéologie, le Dr Zacharie SAHA pour sa disponibilité à répondre à nos préoccupations mais aussi pour la pertinence des enseignements de méthodologie de la recherche qui ont orienté la rédaction de ce travail scientifique.

    Notre profonde gratitude va à l'endroit du Dr Williams POKAM et le Dr Eric Wilson FOFACK qui nous ont été d'une aide capitale dans la reformulation du thème et la déclinaison de quelques pistes de recherches mais aussi pour la qualité de leurs enseignements qui d'une manière ou d'une autre a stimulé en nous le goût de la recherche. Par extension nous témoignons notre reconnaissance aux autres enseignants du département qui se sont battu avec toute la hargne possible pour la construction de notre formation académique.

    Aux responsables de la bibliothèque du département d'Histoire de l'Université de Yaoundé I, de la bibliothèque de l'Alliance Franco-Camerounaise Dschang, de la Bibliothèque de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l'Université de Dschang, de la bibliothèque du Cercle International pour la Promotion et la Création et celle de l'Université Evangélique du Cameroun. Ceux-ci n'ont ménagé aucun effort pour faciliter nos séances de travail dans ces milieux scientifiques en mettant à notre disposition les ouvrages, articles, journaux... nécessaires à la rédaction de notre travail.

    Nous voulons dire un merci profond à Albertin KOUPGANG le guide du musée royal de Bandjoun qui a mis à notre disposition les archives dont nous avions besoin pour la rédaction de ce travail. Bien plus pour son hospitalité, sa disponibilité et sa collaboration constante.

    A monsieur Jean Claude MBOUOMBOUO et Preston KAMBOU pour la relecture de ce travail dans l'optique de réduire les éventuels croquis. En outre, à tous nos informateurs (notable, reines, dignitaires, ....) dont la liste est assez longue, puissiez-vous trouver ici l'expression de toute notre gratitude. A toute la grande famille Djilo, mes camarades de classe ainsi que tous mes amis pour le soutien multiforme.

    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau 1: Les acteurs du façonnement du patrimoine culturel Bandjoun 3

    Tableau 2:Classement des sièges en fonction des classes sociales. 56

    Tableau 3: Avez-vous déjà entendu parler du patrimoine culturel ? 96

    Tableau 4: Quelle (s) activité (s) de la liste ci-dessous savez-vous exercer? 96

    Tableau 5: Quel métier aimeriez-vous exercer plus tard 97

    Tableau 6: Etes-vous membre d'une société sécrète ou d'une autre association culturelle? (si oui précisez) (Si non cochez la raison) 97

    Tableau 7 : Non parce que 98

    Tableau 8: Trouvez-vous nécessaire de protéger le patrimoine culturel de votre village ? Pourquoi ? 98

    LISTE DES CARTES

    Carte 1: Localisation La'Djo en pays Bamiléké. 3

    Carte 2: Localisation de la zone d'étude. 25

    Carte 3 : les sous chefferies du royaume Bandjoun. 26

    LISTE DES SCHEMAS

    Schéma 1: Généalogie des problèmes de succession à Bandjoun 3

    LISTE DES PHOTOS

    Photo 1: Gouo lem (rocher de Mlem) 3

    Photo 2: aperçu des collines de Mbouo 29

    Photo 3: végétation de forêt dense autour de la chefferie Bandjoun 30

    Photo 4: Lieux sacré (Tuep si) 31

    Photo 5: Foret de galerie à Bandjoun 33

    Photo 6: Une toiture réalisée à base de la paille. 34

    Photo 7: Chengbundye ou Nemo (grande maison royale) 49

    Photo 8: Case d'un notable Bandjoun (Cheng) 50

    Photo 9: Cadres de porte sculptée (Te ken dye dye) 51

    Photo 10: sculpture des poteaux. 52

    Photo 11: Tabouret du chef ( Kouo fo ) 54

    Photo 12: trône royal anthropomorphe perlé (Kouofo) 55

    Photo 13 : chaise à trois pieds ( Kouo kwe tah) 56

    Photo 14: les Tambours (Nkaket Ntem) de la chefferie Bandjoun 58

    Photo 15: le Tambour à fente horizontale (Lam) 59

    Photo 16: La cloche (Kwifo) 60

    Photo 17: un hochet (mtchoua) 60

    Photo 18: Parade d'une danse traditionnelle. 61

    Photo 19: Un grenier externe (nkien) 62

    Photo 20 : les ustensiles de cuisine 62

    Photo 21: Atelier du forgeron Tienou Flaubert 64

    Photo 22: Quelques productions de la forge 64

    Photo 23: case de la société sécrète Nyeleng 67

    Photo 24: Membres de la société Nyeleng 67

    Photo 25: société secrète Kemdje 69

    Photo 26: lieux sacrés ( tuep si) 72

    Photo 27 : masque sacré du kè 73

    Photo 28: Un tambour horizontal (ndu') attaqué par les eaux de pluies 78

    Photo 29: Cadre de porte rongé par les termites. 78

    Photo 30: Entrée de la chefferie Bandjoun après l'incendie 2005 83

    Photo 31: La grande case nemo refaite par Ngnié Kamga incendiée en 2005 92

    Photo 32: Le chef Kamga II après son intronisation devant le nemo avant la réfection par Ngnié Kamga 92

    Photo 33: Incendie de la chefferie Bandjoun en 2015 93

    Photo 34: Mauvaise conservation des objets patrimoniaux 94

    Photo 35: Fabrication d'un flanc de mur en Bambou 95

    Photo 36: Technique de protection d'un Tambour Horizontal 105

    Photo 37: L'intérieur de case patrimoniale Bandjoun 106

    LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES

    AFCD  : Alliance Franco Camerounaise de Dschang

    CEI  : Conférence épiscopale italienne

    CIPCRE  : Cercle international pour la Promotion et la Création

    COE  : Centro Orientamento Educativo

    EEC  : Eglise Evangélique du Cameroun

    IFA  : Institut de formation Artistique.

    MAE  : Ministero degli Affari, Esteri (Ministère des affaires étrangères italiennes)

    MMM  : Marchands, Missionnaire et Militaires

    UNESCO : United Nations Educational, scientific and cultural organization

    OMT : Organisation Mondiale du Tourisme

    PUF  : Presses de l'université Française

    UEC  : Université Evangélique du Cameroun

    LISTE DES ANNEXES

    Annexe 1 : Photos de Quelques Monarques Bandjoun ayant joué un grand rôle dans la protection du patrimoine culturel Bandjoun 3

    Annexe 2 : Autres éléments du patrimoine culturel Matériel Bandjoun avant la colonisation 123

    Annexe 3 : Eléments du patrimoine immatériel : les grands moments du festival Msem Todjom 126

    Annexe 4 : Guides d'entretiens 128

    RESUME

    Depuis plusieurs siècles, une certaine unanimité se construit progressivement lorsque qu'on aborde l'importance du patrimoine culturel. Il s'affirme de plus en plus comme étant le vecteur par excellence de réécriture de l'histoire d'un peuple, un outil exceptionnel d'identité d'un peuple et un véhicule de communication culturelle fondamental dans un monde qui se veut de plus en plus globalisé.

    Avec la montée de la globalisation, le patrimoine culturel africain en général et Bandjoun en particulier n'est pas en marge de la nouvelle dynamique et quelques fois subit l'assaut drastique de ce phénomène de mondialisation. C'est dans cette logique que nous nous somme intéressé à un problème circonscrit dans cette mouvance patrimoniale : les facteurs à l'origine de la destruction du patrimoine culturel Bandjoun et les stratégies déjà déployées par les différents acteurs pour sa survivance d'où la thématique « Patrimoine culturel Bandjoun : destruction et stratégies de protection (XVIe siècle à 2005).

    Pour mieux aborder notre thématique, nous avons procédé par la consultation des archives, l'analyse critique des documents, les entretiens, les enquêtes de terrain, la visite guidée du musée et l'usage de l'iconographie ainsi que l'interdisciplinarité.

    Par ce travail, nous sommes parvenus aux résultats suivants : le milieu naturel a été une base de production du patrimoine culturel Bandjoun. Par ailleurs, notre travail de recherche a permis de démontrer que la destruction de ce patrimoine culturel est le résultat des facteurs externes et internes. Enfin, face à la destruction de ce patrimoine matériel, des stratégies ont été déployées pendant les périodes précoloniale, coloniale et postcoloniale par la chefferie Bandjoun pour sa sauvegarde et sa survivance.

    Mots clés : Bandjoun, Identité, Mémoire.

    ABSTRACT

    For several centuries, a certain uniqueness has been built up gradually when we consider the value of cultural heritage. It is becoming more and more the vector for excellence of rewriting the history of a people, an exceptional tool for the affirmation of a people and a vehicle for fundamental cultural communication in a world that wants more globalizing.

    With this rise in globalizing, African cultural heritage in general and Bandjoun in particular is not on the fringe of the new dynamic and sometimes pays a heavy price. It is in this logic that we are interested in a problem circumscribed in this patrimonial movement: The factors at the origin of destruction of Bandjoun cultural heritage and the strategies already deployed by various actors for its survival from where the theme «Bandjoun cultural heritage: destruction and protection strategies (16th century to 2005).

    To better approach our theme, we proceeded by the consultation of archives, the critical analysis of the documents, the interviews, the field investigations, the guided tour of the museum and the use of the iconography as well as the interdisciplinarity.

    Through, this work, we have come to the following results: the natural environment has been a base for the production of Bandjoun cultural heritage. In addition, our research has shown that the destruction of this cultural heritage is the result of endogenous and exogenous factors.

    Finally, faced with the destruction of this material heritage, strategies were deployed during the pre-colonial, colonial and postcolonial periods by the Bandjoun chiefdom for its preservation and survival.

    Key-words: Cultural heritage, destruction, protection strategies.

    INTRODUCTION GENERALE

    I. PRESENTATION DU SUJET

    Le XXIème siècle semble s'être embarqué dans un mouvement ivre. Du moins, c'est dans cette logique que s'inscrit la thèse de Samuel Huntington, qui exposait dans son essai le choc des civilisations et la refondation de l'ordre mondial1(*)une théorie selon laquelle la diminution des clivages politiques était compensée par l'intensification des oppositions culturelles ou «civilisationnelles». Cette ère nouvelle se caractérise par une croissance rapide des vagues de violences qui déferlent sur le monde à travers les extrémismes et le terrorisme, qui se résumeraient à l'échelle globale d'une part à une dichotomie entre les cultures occidentales et arabo-musulmanes et à l'échelle locale, d'autre part, à des oppositions entre les communautés. Cependant on remarque qu'au-delà de cette mouvance d'ivresse, au-delà de la remise en cause de l'universalité, l'intérêt porté sur le passé n'a jamais été aussi important : les nombreuses commémorations à travers le monde montrent bien que la mémoire est devenue une préoccupation universelle. Il en est de même du concept de patrimoine culturel, véritable élément révélateur de notre passé. D'ailleurs, c'est la conception dans laquelle semble se situer Cheikh Anta Diop lorsqu'il déclare : « Chaque peuple a toujours besoin de se référer à son histoire pour assurer une continuité d'une identité qui évolue avec le temps [...] Le patrimoine permet aux générations actuelles de se situer dans le temps et de se repérer face aux mutations de notre société ; il est un élément de stabilité dans un monde en évolution rapide »2(*). Selon l'opinion générale empruntant le couloir du défaitisme et de la soumission au fatalisme, le principal, pour ne pas dire l'unique, vecteur responsable de la destruction des éléments patrimoniaux africains en général et camerounais en particulier est le colonisateur. Par ailleurs, la question de protection de ce patrimoine culturel matériel et immatériel demeure une aventure européenne qui met en marge les acteurs autochtones. Dès lors, dans la logique scientifique, depuis plus d'une cinquantaine de décennies, plusieurs pays africains, au rang desquels le Camerounn, ont conquis leur souveraineté internationale. Ainsi, le monopole de protection et de conservation qui, jadis était reconnu comme devoir régalien du colonisateur, devient aussi une pièce missionnaire holistique des nations africaines par le truchement des entités traditionnelles appelées chefferies traditionnelles.

    II. LES RAISONS DU CHOIX DU SUJET

    Intitulé : «Le patrimoine culturel Bandjoun: destruction et stratégies de protection (XVIe siècle à 2005)», notre sujet de recherche a été choisi pour des raisons aussi bien personnelles, scientifiques que socioculturelles.

    1. Les raisons personnelles

    Nous sommes membre de la société culturelle dénommée «Lali»3(*) du quartier Mbouo dans le village Bandjoun depuis 2005. En tant qu'acteur de ladite dénomination culturelle, nous avons observé que la courbe évolutive des effectifs de l'association est décroissante. Face à ce constat de la baisse tragique des effectifs des membres au fil du temps et considérant que cette société constitue une partie fondamentale de notre patrimoine culturel immatériel, nous avons trouvé judicieux de questionner les racines d'une telle évolution médiocre ainsi que les stratégies de sauvegarde de ce legs ancestral.

    Par ailleurs, en 2015, nous avons été témoin d'un évènement qui a marqué profondément notre curiosité et notre enthousiasme à la question de la protection et de la destruction du patrimoine culturel Bandjoun. Il s'agit de l'incendie survenu à la chefferie Bandjoun le dimanche 11 janvier 2015. En effet, ce jour, une fois la nouvelle annoncée, la cour de la chefferie devint noire de monde en un temps record. Avec des seaux, des bidons et autres récipients, nous avons entamé la riposte contre ces flammes impitoyables. Nous serons plus tard rejoints par des sapeurs-pompiers partis de leur base de Bafoussam. Cette synergie d'énergie a finalement permis de maîtriser les flammes autour de 18 heures. Mais alors quand nous nous interrogions sur la question centrale du pourquoi d'un incendie à la chefferie, certains patriarches présents nous ont fait la confidence selon laquelle l'incendie qu'on venait de vivre n'était qu'une autre pièce additive au puzzle. C'est la raison pour laquelle est née en nous l'idée de découvrir les origines profondes de ces incendies qui ont été un véritable coup de cravache pour le patrimoine culturel Bandjoun.

    2. Les raisons scientifiques

    Le choix de ce thème provient de nos lectures permanentes sur l'histoire africaine en général et le patrimoine culturel en particulier. Ces lectures nous ont révélé que de nombreux auteurs revenaient sur l'impératif d'une protection du patrimoine culturel. Shaje Tabiluila déclare à ce propos : «  Il est dès lors clair que les institutions qui gèrent le patrimoine et les établissements de formation ont une lourde responsabilité dans la préservation et la conservation de l'héritage culturel africain et dans le développement de la prise de conscience de l'importance du patrimoine auprès de tous les citoyens » 4(*).

    Plus loin, il est indéniable de reconnaitre que c'est la valorisation et la préservation de ce patrimoine qui permettront aux africains de riposter aux défis imposés par la mondialisation. Car comme le précise Shaje Tshiluila, la conservation de l'héritage culturel africain est « le seul moyen de favoriser la cohésion de toute l'Afrique face aux défis de l'époque actuelle en participant activement au développement et au progrès des nations »5(*)

    Par ailleurs, nous avons constaté que la problématique de la destruction et de la protection du patrimoine culturel est de manière permanente au centre des préoccupations des institutions mondiales en général et africaines en particulier. Les acteurs, les partenaires et d'autres parties prenantes sont de plus en plus mobilisés pour dénoncer les actions de pillage et renforcer les initiatives de protection du patrimoine culturel. A l'échelle planétaire, L'UNESCO, à travers ses multiples actions, démontre à suffisance la nécessité de protéger le patrimoine culturel. A ce titre, s on peut évoquer l'organisation des conférences régionales et sous régionales6(*) ainsi que l'élaboration des conventions sur la conservation et la protection du patrimoine culturel Mondial et ratifiées par les Etats. 7(*)Au plan local, nous avons remarqué que le Cameroun a affiché sa volonté de préserver le patrimoine culturel depuis 1982, date à laquelle il ratifia la convention du patrimoine mondial de l'UNESCO pour la protection des biens culturels et naturels. Par la suite, il ratifia en avril 2008 la convention de 2003 de l'UNESCO sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Par ailleurs, plusieurs séries de textes de lois ont été adoptées par le parlement Camerounais dans le sens de la conservation du patrimoine culturel. C'est le cas de la loi N° 2013/003 du 18 avril 2013 régissant le patrimoine culturel. 

    C'est fort de ces préoccupations que nous avons pris la ferme responsabilité de nous lancer dans une étude du patrimoine africain en général et camerounais en particulier avec pour prototype d'étude la chefferie Bandjoun.

    3. Les raisons socioculturelles

    Dans l'imaginaire africain , une certaine unicité s'illustre quand on considère souvent que la colonisation à travers ses visées civilisatrices, a provoqué un choc entre le monde occidental et les cultures africaines. Le rapport qui naît de ce contact est nécessairement violent. Il contribue à une dévaluation des savoirs, savoir-faire, savoirs- êtres et des créations africaines. Bien, plus de nombreux efforts ont été déployés pour y substituer des éléments culturels européens. Cependant, pratiquement 50 ans après le départ du colonisateur, nous avons remarqué avec tristesse que dans les sociétés africaines en général et Bandjoun en particulier, les pillages fréquents des éléments patrimoniaux, l'idée d'exhibition qui se propage doublée d'une attitude propagande des préjugés européocentristes d'une entité traditionnelle arriérée sous fond d'exotisme ont plongé . C'est pourquoi nous nous somme penché sur un tel champ d'investigation pour évaluer l'action de la chefferie Bandjoun dans la perspective de protection de son propre patrimoine matériel et immatériel.

    En outre, plusieurs faits socioculturels non spécifiques au village Bandjoun, nous ont propulsé vers le choix d'une telle thématique : Diabolisation de certains rites et danses traditionnels, la banalisation de certaines règles sociétales que plusieurs jugent dépassées, la disparition tragique de certaines sociétés initiatiques et culturelles au nom de la modernité.

    III. INTERETS DE L'ETUDE

    L'analyse de notre thématique revêt un triple intérêt : un intérêt scientifique, un intérêt culturel et un intérêt dans la perspective de développement.

    1. Intérêt scientifique 

    L'intérêt scientifique de cette thématique nous amène à relancer le débat de la protection et de restauration du patrimoine culturel Bandjoun. En effet, à la fin de cette étude, quittant du postulat d'une étude comparative de la problématique de destruction et de protection du patrimoine culturel des périodes coloniales et postcoloniales, l'opinion sera éclairée d'abord sur la période la plus glorieuse et celle la plus obscure pour le patrimoine culturel Bandjoun ; Ensuite, ce décor planté permettra de mieux cerner si les stratégies de restauration et de protection des éléments patrimoniaux du village Bandjoun sont efficaces.

    En outre, notre travail participera à la reconstitution de l'histoire du peuple Bandjoun car, comme le soulignait l'ancien président français François Mitterrand, « Un peuple qui n'enseigne pas son histoire est un peuple qui perd son identité ».8(*) L'enseignement de cette histoire authentique est porté en grande partie par le patrimoine culturel véritable outil d'appréhension d'une civilisation. On comprend pourquoi Chenri Yambene Bomono affirme : 

    Préserver le patrimoine culturel, c'est choisir la réappropriation par un peuple de sa mémoire, une réappropriation qui peut être au coeur d'un projet collectif porteur de cohésion sociale. Le faire connaître, c'est aussi contribuer à une meilleure connaissance mutuelle entre les communautés présentes sur un territoire, chacune porteuse de sa propre culture, qui grâce à cela peuvent mieux vivre ensemble9(*).

    2. Intérêt culturel

    D'entrée de jeu, cette étude constitue un autre canal interpellateur pour les acteurs culturels en charge du patrimoine culturel Bandjoun dans le sillage des responsabilités qui les incombent en matière de protection du patrimoine matériel et immatériel. En outre, cette étude permettra aux autorités traditionnelles Bandjoun de voir les véritables champs d'action dans lesquels les énergies devraient davantage être mobilisées dans la perspective de protection et de restauration du patrimoine culturel. Enfin, dans cette étude, les acteurs traditionnels trouveront la liste qui tentera de manière exhaustive de dresser les éléments patrimoniaux qui nécessitent une attention particulière et urgente.

    3. Patrimoine culturel et perspective de développement

    Nous savons que la culture est à la base de l'identité sociale et du développement de la société, et que le patrimoine culturel est l'héritage que chaque génération reçoit et transmet à la génération suivante. Il est incontestable que la protection et la gestion des biens patrimoniaux, de concert avec les communautés, contribuent à la qualité de nos relations avec elles. Une plus grande attention au patrimoine culturel accroît l'efficacité de notre engagement communautaire, ainsi que la qualité de notre propre héritage.

    Selon le rapport de l'Organisation Mondiale du Tourisme, à l'aube du XXIème Siècle, le tourisme poursuit une croissance phénoménale depuis plus de 60 ans, ce qui en a fait un phénomène économique et social exceptionnel. Pour ce qui est du tourisme culturel, ce phénomène est apparu de façon marquée au cours des années 1990, où il a alors connu une croissance particulièrement rapide. Que ce soit la recherche d'une forme d'esthétisation de la vie quotidienne, une certaine nostalgie pour le passé, les modifications de la perception du temps et de l'espace qui ont suscité la crainte devant la perte des repères et qui a à son tour entraîné la recherche d'une identité personnelle aussi bien que collective, ces tendances ont amené les individus à se tourner vers le passé. La fréquentation des sites du patrimoine, à la fois écrin et écran du passé, pouvaient donc calmer ces inquiétudes.10(*)

    Dans cette logique, notre étude apparait utile car elle présente à la chefferie Bandjoun un moyen par lequel le patrimoine culturel sera valorisé ainsi que la culture populaire et quotidienne, notamment par le tourisme. Cette valorisation sociale et économique du patrimoine culturel Bandjoun amenée par le tourisme sera ainsi une autre façon de sauver des cultures en voie de disparition. Car comme le souligne une fois de plus Chenri Yambene Bomono, «  Le patrimoine culturel a de multiples fonctions : historiques, pratiques, symboliques, sociales et psychologiques. En termes économique et de développement durable, le patrimoine culturel peut apporter une contribution non négligeable par le biais notamment du tourisme et de l'artisanat »11(*).

    IV. CADRE SPATIO-TEMPOREL

    1. Le cadre spatial

    Le cadre spatial de notre étude est la chefferie Bandjoun, que nous situons dans le vaste ensemble géographique des hautes terres de l'Ouest. De manière plus explicite, notre thématique couvrira une partie de la région de l'ouest, une partie du département du Koung-Khi et l'entièreté de la chefferie Bandjoun. La chefferie Bandjoun est logée au coeur de la commune de Pète Bandjoun ; commune créée par décret présidentiel N° 2007/117du 24 avril 2007 avec une superficie de 115 Km2 regroupant une population d'environ 47 405 habitants, soit une densité de 412 habitants/km212(*).

    2. Le cadre chronologique

    La délimitation temporelle de notre étude se situe entre deux fourchettes chronologiques : 1904 et 2005.

    La première date marque l'arrivée des allemands sur le territoire Bandjoun. En effet, suite aux progrès scientifiques et techniques du XIXème siècle, l'Europe développe la politique coloniale13(*) qui permettra à l'Allemagne d'occuper le Cameroun. 12 juillet 188414(*). Une fois installée sur les cotes, les allemands engageront la conquête de l'hinterland Camerounais nonobstant les résistances farouches. Ils vont atteindre le pays Bamiléké pratiquement à l'aube du XXème siècle. Engelbert Mveng écrit à ce sujet : «  poursuivant leur route vers le centre, Ramsay et Sadrock sont chez les Bamoun en 1901 et découvrent Foumban l'année suivante ; Hirtler les suivra de près. En 1903, Von Strumpell et après lui Glauning, le Dr Hassert, Franz Thorbecke, parcourent le pays bamiléké »15(*). C'est dans ce sillage que les conquérants allemands fouleront le sol du royaume Bandjoun plus précisément en 1904.  Si le XIXe siècle d'une part est marqué par la grande expansion territoriale et économique de Bandjoun, le XXe siècle d'autre part est caractérisé par l'arrivée des Européens (1904), par la colonisation (1905), par l'introduction des cultures occidentales et du christianisme, le tout accompagné d'importants changements. La société de Bandjoun et la civilisation dont elle est porteuse adoptent simultanément de nos jours des attitudes apparemment contradictoires: la fidélité aux valeurs ancestrales et l'aptitude aux progrès, le souci de la pérennité et la volonté de renouvellement16(*).

    L'année 2005 quant à elle inaugure la célébration de la première édition systématique du développement des journées culturelles dénommées Msem Todjom17(*). Systématique car avant cette date, d'autres festivités avaient été organisées dans le royaume mais n'incarnaient pas le même faste que celles de 2005. Aussi les festivités de 2005 sont organisées dans un contexte assez particulier : la crise successorale. Les sources concordantes nous rapportent que l'institution du festival Msem Todjom est l'oeuvre du 14ème Roi des Bandjoun, le Chef Ngniè Kamga, arrivé au trône en 1984. Ce dernier et son peuple, motivés à la fois par les souvenirs des gloires des générations antérieures qui aujourd'hui sont surtout des légendes, mais aussi par cette fierté de ne pas abandonner ses attributs à l'autel des remises en question et pseudo formalismes, le peuple mobilisé dans une solidarité entretient aujourd'hui l'histoire du royaume mais aussi les richesses du patrimoine en vivant le présent sans oublier le passé. Ace sujet, le Dignitaire Moudze Paul dit sa'a Wato nous révèle la genèse du Msem Todjom en ces termes : « Le roi comprenait le besoin de son peuple de s'affirmer par sa culture et son caractère distinct, accepta la proposition d'un de ses notables, en l'occurrence monsieur Tuekam Sylvain, conseiller municipal à Bandjoun. C'est ainsi que le Roi Ngnié adopta la dénomination Msem Todjom en 1999 et proclama l'événement comme étant les journées culturelles et économiques de Bandjoun. »18(*) Par ailleurs, Fotso Leonard dit Ta sa'a Tadjuego précise que « Le développement des journées culturelles dénommées Msem Todjom est une célébration du progrès qu'a apporté les mutationset quelques fois les troubles qu'a connu Bandjoun au tournant de ce siècle »19(*). Ainsi la première édition systématique fût célébrée en 200520(*). Aussi le choix de cette date est étroitement lié au fait que la célébration de ce festival en 2005 arrive dans un contexte politico-traditionnel très agité à Bandjoun.

    Alors, le choix delà date de 2005 est capital pour l'exploration de notre thématique pour la simple raison qu'elle illustre profondément la prise de conscience d'une nécessité de protection et de sortie de la culture d'une autarcie hermétique pour l'exposer aux autres afin d'en tirer des aspects enrichissants. .

    V. REVUE DE LA LITTERATURE

    Dans la mise en oeuvre de ce travail, nous avons consulté avec beaucoup d'attention plusieurs écrits. Cers derniers ont alimenté notre réflexion. A titre illustratif nous avons:

    L'ouvrage de Jean Paul Notué et les autres intitulé Bandjoun, trésors royaux du Cameroun, Bandjoun, tradition dynamique, création et vie catalogue du musée Bandjoun.21(*)Ce livre présente, sauvegarde, interprète, valorise et fait découvrir plus d'une centaine d'objets majeurs et significatifs du patrimoine culturel et artistique de Bandjoun, un des principaux foyers de création et de tradition artistique du Grassland camerounais dont la renommée internationale dans le domaine de l'esthétique et de l'art africain n'est plus à faire. L'auteur, sur la base d'une démanche analytique et descriptive, démontre que les oeuvres des artistes talentueux ont permis non seulement de célébrer le faste de la cour des rois de Bandjoun, la grandeur et le pouvoir de ces monarques, leurs collaborateurs et des sociétés sécrètes, mais aussi de matérialiser les grandes thématiques comme la mort, la vie, l'amour, la victoire, la défaite, la puissance, le prestige et la force occulte. Cet ouvrage nous a été capital notamment dans le cadre de la datation chronologique de certains objets mais surtout leur symbole culturel.

    Jean Paul Notué, dans son Ouvrage intitulé La place du Kè et du sacré dans les arts de l'Ouest Cameroun, nous plonge dans l'univers du mystère de la spiritualité Bamiléké à travers l'étude de la magie dénommée Kè. Cet ouvrage nous a été d'une aide précieuse car il nous a donné l'opportunité de découvrir toute la symbolique immatérielle de l'Art Bamiléké en général et Bandjoun en particulier.22(*)

    Watounwa Télesphore et son mémoire «  Les institutions politiques de l'Afrique noire précoloniale. Le cas de Bandjoun Ouest-Cameroun ». Dans ce mémoire, l'auteur dans une démarche scientifique, cohérente et logique parvient aux conclusions selon lesquelles le village Bandjoun avant la colonisation avait bâti une brillante organisation politique autour de cette entité appelée Tse a djo (royaume Bandjoun). Ce mémoire dans le cadre de notre travail a servi de référentiel notamment dans la logique relationnelle pouvoir politique et patrimoine culturel.23(*)

    Le patrimoine culturel africain24(*)est un ouvrage collectif d'environs 400 pages, dans lequel les auteurs abordent le faste patrimonial africain sous divers angles. Plusieurs thématiques y sont développées telles que : patrimoines et musées, le patrimoine bâti, collections africaines hors de l'Afrique, Patrimoine et partenariat, patrimoine et artisanat, patrimoine et développement, patrimoine et nouvelles technologies. Spécifiquement, les auteurs à partir d'une étude singulière de plusieurs régions africaines replacent le patrimoine culturel africain au coeur des débats de destruction et de protection. Chaque thématique est démembrée en sous thèmes. La première thématique par exemple qui traite des patrimoines et musées est démembrée en sous thèmes suivants : Le musée national du Niger, les patrimoines familiaux d'Abomey, les muées archéologiques en Tunisie... Cet ouvrage à joué un rôle fondamental dans notre étude car il a permis de situer théoriquement notre sujet.

    Tabeko L et Teta I dans un ouvrage collectif intitulé autour du feu : les étapes de la socialisation dans la société Bamiléké25(*), les auteurs usent de l'exemple de Bandjoun pour nous plonger dans l'univers bigarré et inextricable des us et coutumes, des rites initiatiques, des codes de socialisation en pays bamiléké tels que transmis par les sages et les initiés. Ce livre rend accessible et compréhensible les principes qui régissent la formation professionnelle, la conception, le mariage, les rapports genre, la hiérarchie sociale, les étapes de socialisation de la jeune fille et du jeune garçon. Cet ouvrage nous a permis de découvrir la dimension immatérielle du patrimoine Bamiléké en général et particulièrement Bandjoun dans sa diversité et son originalité.

    Pierre Thoutezo, dans son essai intitulé les royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation s'attaque à travers l'étude de quelques cas légendaires à un problème de fond qui gangrène les chefferies et pollue l'atmosphère culturelle. Il s'agit de la crise des successions. Ce livre a été fondamental pour notre travail car il nous a permis de mieux comprendre les racines profondes des crises de succession à la chefferie Bandjoun qui ont débouché sur les incendies. Par ailleurs, l'effort fourni par l'auteur pour retracer la genèse et le processus de consolidation des royaumes bamiléké nous a permis de voir clair dans le cas spécifique du royaume Bandjoun. 26(*)

    Perrois Louis et Notue Jean Paul dans Légendes : les origines de la chefferie Bandjoun au Cameroun27(*), retracent la genèse de la chefferie Bandjoun depuis son premier fondateur. Dans un style apologique, les auteurs essayent de situer chronologiquement les périodes de chaque souverain Bandjoun en insistant sur les faits majeurs ayant caractérisé le règne de chacun d'eux. L'ouvrage dans le cadre de notre étude nous a orientés pécifiquement sur les périodes de contact de Bandjoun avec l'extérieur et la fondation du royaume.

    Raymond le Coq dans son ouvrage intitulé les Bamiléké28(*)met en exergue une étude matérielle du patrimoine Bamiléké parmi lesquels le patrimoine Bandjoun. Dans une démarche descriptive, analytique et interprétative il caractérise l'habitat, la sculpture architecturale, le mobilier, la sculpture cultuelle, l'ustensile, la peinture et le glossaire Bamiléké. Ce travail de l'auteur nous a permis d'avoir une vision comparative du patrimoine culturel Bandjoun aux autres des chefferies Bamiléké.

    Sylvain Djache Nzefa dans les chefferies Bamiléké dans l'enfer du Modernisme, prend appui sur certaines études des cas des chefferies Bamiléké. Ainsi, pour montrer l'impact du modernisme dans le processus de désagrégation des aspects politiques, économiques et socioculturels de la civilisation Bamiléké. Ainsi dans le cadre de notre thématique, cet ouvrage nous a permis de faire un rapprochement entre le modernisme et le patrimoine culturel Bamiléké et spécifiquement le patrimoine Bandjoun29(*).

    Barbier Jean Claude commet un article intitulé «  le peuplement de la partie méridionale du plateau Bamiléké »30(*). Cet article nous a été d'un éclairage capital, notamment en ce qui concerne l'itinéraire de peuplement et de migration des peuples du plateau Bamiléké en général et Bandjoun en particulier.

    Fokouo Giles Hilaire dans son mémoire de maitrise en sociologie intitulé «  La chefferie Bandjoun hier et aujourd'hui : étude sociologique d'une société en mutation », déroule dans une démarche sociologique une étude comparative des caractères sociaux de la chefferie Bandjoun de la période précoloniale, coloniale et post coloniale. Ce mémoire a contribué à la réalisation de notre travail car il nous a donné l'opportunité de comprendre l'influence du modernisme sur le patrimoine culturel immatériel31(*).

    Au regard de la revue de la littérature ci-dessus, il est manifeste que les auteurs ont abordé le patrimoine dans le sens de l'inventaire, de la description et de la symbolique. Pour le cas spécifique de Bandjoun, certains auteurs comme Notué sont allés plus loin en mettant en relief la nécessité de sauvegarde et les techniques de sauvegarde moderne.

    Ainsi, l'originalité de notre travail s'opère à deux niveaux. Premièrement aucun auteur n'aborde les stratégies déployées par la chefferie Bandjoun en vue de sauvegarder le patrimoine culturel avant l'arrivée des européens. Deuxièmement, de manière spécifique notre étude tente de mettre en exergue la propre responsabilité des acteurs de la chefferie Bandjoun dans la dégradation de son patrimoine.

    VI. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

    1. Approche conceptuelle

    Dans le cadre de notre étude, le sens de quelques concepts clés mérite d'être précisé. Ceci dans l'optique de lever tout éventuel équivoque. Les principaux concepts que nous expliciterons dans le cadre de ce travail sont : Patrimoine culturel, destruction et stratégies de protection

    Patrimoine culturel : Le patrimoine est aujourd'hui une notion que tout un chacun pense être en mesure de mobiliser facilement, et pourtant elle n'est pas aisée à définir. L'évolution rapide de son sens au cours du seul XXe siècle a rendu plus complexe son approche dans la mesure où les définitions successives révèlent des différences notables. Par ailleurs, il devient davantage complexe quand il est associé au concept de culture. C'est pourquoi il est judicieux d'examiner tour à tour la notion de patrimoine et culture pour pouvoir déduire le sens du patrimoine culturel.

    Etymologiquement, Le mot patrimoine vient du latin patrimonium  qui signifie littéralement « l'héritage du père ». A l'origine, il désigne donc l'héritage que l'on tient de son père et que l'on transmet à ses enfants. Dans le même souci de protection du lignage, le père pouvait cependant, s'il se méfiait de ses enfants, les obliger à conserver le patrimoine pour leurs propres enfants : c'est la substitution si répandue dans notre ancien régime. Il a alors un sens de bien individuel32(*).Dans un petit ouvrage de référence publié en 1994, Jean-Pierre Babelon et André Chastel se satisfont d'une définition minima : « le patrimoine, au sens où on l'entend aujourd'hui dans le langage officiel et dans l'usage commun, est une notion toute récente, qui couvre de façon nécessairement vague, tous les biens, tous les trésors du passé. »33(*).

    La culture est un mot polysémique selon qu'il est utilisé en Philosophie, en anthropologie ou en histoire. C'est à l'anthropologie anglaise qu'on doit cet emprunt, plus exactement à E.B. Tylor dont le volume Primitive Culture parût en 1871. Pour lui, la notion de culture est synonyme de civilisation. Dès le début de son ouvrage, Tylor donne une définition de la culture qui a été par la suite citée de nombreuses fois: «La culture ou la civilisation, entendue dans son sens ethnographique étendu, est cet ensemble complexe qui comprend les connaissances, les croyances, l'art, le droit, la morale, les coutumes, et toutes les autres aptitudes et habitudes qu'acquiert l'homme en tant que membre d'une société»34(*). Cette définition, qui est plutôt une description, présente ceci de particulier qu'elle se rapporte plutôt à un ensemble de faits qui peuvent être directement observés en un moment donné du temps, comme on peut aussi en suivre l'évolution, ainsi que l'a fait Tylor lui-même.

    L'UNESCO emboîte le pas en affirmant: «La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.»35(*)Nous inspirant de la définition de Tylor et de plusieurs autres, nous pourrions définir la culture comme étant un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent, d'une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte.

    Cependant, en associant les vocables patrimoine et culture, il en résulte un groupe nominal spécifique : le patrimoine culturel. Dans le cadre de notre travail, nous appréhendons le patrimoine culturel comme l'ensemble des richesses culturelles, matérielles et immatérielles appartenant à une communauté, héritage du passé ou témoins du monde actuel. Bien plus comme l'ensemble des biens, matériels ou immatériels, ayant une importance artistique et/ou historique certaine, et qui appartiennent soit à une entité privée36(*), soit à une entité publique37(*). Alors il est manifeste que le patrimoine culturel ne s'arrête pas aux monuments et aux collections d'objets. Il comprend également les traditions ou les expressions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants, comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l'univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l'artisanat traditionnel.

    De ce qui précède, on peut comprendre clairement que le patrimoine culturel n'est pas un ensemble homogène. Bien au contraire, car il est formé du patrimoine matériel38(*) et du patrimoine immatériel39(*). A ce titre on comprend pourquoi J. Marquet affirme au sujet du patrimoine culturel : « il est un ensemble complexe d'objets, d'idées, acquis dans la mesure variable par chacun des membres d'une société déterminée »40(*). Dans le cadre de notre étude, il sera question d'aborder tous les aspects du patrimoine culturel Bandjoun notamment le patrimoine matériel et le patrimoine immatériel.

    Destruction : Selon le dictionnaire de la langue Française Larousse, le mot destruction est l'action de détruire quelque chose ou quelqu'un, jeter à bas. C'est aussi l'action d'anéantir, de faire disparaitre quelque chose. Bien plus, c'est l'action d'ôter la vie, d'anéantir quelqu'un, un groupe.

    Ainsi dans le cadre de cette étude, la connotation du mot destruction n'est pas loin des explications énoncées par le dictionnaire. Nous appréhendons la destruction dans ce travail comme la dégradation ou l'usure du patrimoine culturel matériel de la chefferie Bandjoun.

    Etant donné qu'on ne saurait parler de la destruction du patrimoine culturel immatériel, il convient de préciser que le sens que nous donnons au concept de destruction en abordant le patrimoine culturel immatériel est la disparition ou l'anéantissement de ce patrimoine.

    Stratégies de protection : Le même dictionnaire définit la notion de stratégie comme l'art de coordonner les actions, de manoeuvrer habilement pour atteindre un but. Le mot protection quant à lui renvient à l'action de protéger, de défendre, de préserver quelqu'un, une chose ou une personne. Il ressort clairement que lorsqu'on aborde la notion de protection, on remarque le souci d'être à l'abri d'un danger.

    Dès lors, parler de stratégies de protection revient à examiner l'ensemble des moyens ou des actions qui concourent à défendre ou préserver. Il en est de même dans notre travail. Il s'agira pour nous d'examiner les actions déployées par les acteurs culturels Bandjoun pour la préservation de son patrimoine culturel

    2. Cadre théorique

    La notion de patrimoine culturel n'est pas un néologisme. C'est un concept dont la théorisation a évolué dans le temps et dans l'espace. Le patrimoine culturel depuis longtemps a préoccupé les peuples.

    L'UNESCO depuis quelques décennies s'affirme de plus en plus comme l'une des plaques tournantes de la valorisation du patrimoine. Elle s'engage fortement dans la protection du patrimoine matériel et immatériel tant du continent africain que pour le monde entier. Pour le faire, elle s'est dotée de plusieurs stratégies telles que l'adoption des conventions sur le patrimoine, l'inscription des sites dans le cercle du patrimoine mondial, l'élaboration de la charte du patrimoine.

    Dans la conception Théorique de notre sujet, un théoricien africain retient notre attention sur la question du patrimoine culturel. Il s'agit de l'historien Cheick Anta Diop. A partir de ses travaux, il a démontré la place capitale qu'occupe l'aspect matériel et immatériel du patrimoine culturel dans la reconstruction de l'histoire d'une nation. C'est pourquoi Alain Anselin, écrira à son sujet :

    Cheikh Anta Diop à travers ses oeuvres rendit l'Égypte à l'Afrique et l'Afrique à l'histoire. [...] Cheikh Anta Diop fit sauter le mur idéologique qui avait fini par séparer l'étude de l'Afrique de l'étude de l'Égypte : à la fois en faisant reconnaître la fécondité scientifique de son approche par les égyptologues au Colloque du Caire organisé par l'UNESCO en 1974 [...] et en devenant, armé de cette heuristique nouvelle, le premier scientifique africain moderne à étudier l'Égypte et à en renouveler l'intelligence41(*).

    Célestine Colette Fouellefak Kana dans son article« Cheikh Anta Diop le panafricaniste : un repère pour l'Afrique et sa jeunesse ? » renchérit :

    De nationalité sénégalaise, Cheikh Anta Diop a été un savant multidisciplinaire : physicien, historien, anthropologue, linguiste, sociologue, philosophe, homme politique, panafricaniste. Il aura oeuvré à valoriser l'Afrique et l'Homme africain, et y sera parvenu en prouvant scientifiquement l'unité culturelle de l'Afrique, posant ainsi les jalons de l'urgence d'un Etat fédéral africain. 42(*)

    Il convient de signaler qu'il est parvenu à ces résultats en se basant sur l'archéologie, la linguistique comparée, l'univers culturel et ces éléments constituent des éléments patrimoniaux.

    Pierre de Maret est un autre théoricien qui plaide pour une approche plurielle du patrimoine africain, mais aussi pour une rupture conceptuelle de la notion de patrimoine telle que appréhendée par les premiers spécialistes occidentaux. Dans un cadre plus spécifique, Pierre de Maret s'inscrit dans la théorie d'une approche africaine de la notion de patrimoine, l'identité culturelle et patrimoine, l'inventaire, la contribution et la conservation du patrimoine africain43(*).

    Le révérend père Engelbert Mveng est sans doute l'une des plus grandes figures théoriciennes du patrimoine culturel africain. Prêtre jésuite,il est plus qu'utile de rappeler à notre souvenir commun qu'il est un ardent défenseur de la dignité du Noir dans sa globalité. C'est dans cette logique qu'il s'est engagé dans la valorisation du patrimoine africain par l'intermédiaire de l'art. A l'ouverture du festival de Dakar de 1966, dont le thème était : « Fonction et importance de l'art nègre et africain pour les peuples et dans la vie des peuples », Mveng fit une communication sur le présent et l'avenir de l'art nègre qui est un message qui traverse les annales de l'histoire du patrimoine africain. Il déclara :

    La civilisation technique dans laquelle l'Afrique prétend prendre sa place doit se bâtir, chez nous, sur le roc de la négritude. L'art nègre doit faire en sorte que la technique, en Afrique, soit humanisée. La négritude doit fournir la base d'une conception de l'homme, d'une organisation politique, économique, sociale, qui respecte la spécificité du génie négro-africain. L'art nègre doit créer en Afrique même, un univers où l'homme se sente de plus en plus homme et où la terre devienne, non une prison où l'homme étouffe, mais l'habitat naturel de l'homme. On comprend pourquoi nous demandons la promotion d'une architecture fidèle, aux grandes traditions de l'Afrique. Mais ce que nous voulons par-dessus tout, c'est que le langage de notre art demeure, à travers les vicissitudes des temps, un humaniste en dialogue avec le monde entier.44(*)

    Fouellekak Kana Célestine, Ladislas Nzessé et Nizésété Bienvenu dans leurs multiples publications scientifiques consacrent la théorie du patrimoine culturel et le développement. Dans leur dernière publication en date, Patrimoine culturel africain, ces théoriciens démontrent la relation étroite qui existe entre le patrimoine culturel africain, la reconstitution de l'histoire africaine mais aussi cette relation de proximité qui lie le patrimoine culturel africain et le développement. A ce titre, Nizésété dans la préface du Patrimoine culturel africain affirme :

    En dépit de plusieurs siècles de déshumanisation et d'aliénation, l'Afrique et l'africain doivent se lancer des défis. Les défis de la renaissance, du développement durable, de la liberté et du bonheur en puisant dans les profondeurs de la culture africaine. Il est donc temps que les politiques cessent de considérer le culturel comme un petit pourcentage du budget de l'Etat, un facteur secondaire de la vie nationale. Car il est en fait, le coeur et l'avenir de toutes les nations de la terre45(*).

    .

    VII. PROBLEMATIQUE

    Le patrimoine culturel s'érige aujourd'hui au centre des sciences de l'Homme et de la société, de l'art, de la littérature, de la spiritualité, de l'économie, du droit, des technologies de l'information et de la communication. Le patrimoine culturel apparait comme le véritable outil fédérateur et englobant de tout cet ensemble. Car tout ce qui est humain a un trait avec le patrimoine culturel. Il est à la fois héritage du passé, canal d'expression et de compréhension du monde actuel, et surtout l'expression ou extériorisation de la civilisation d'un peuple. Il est à la limite porteur de la mémoire, de la culture et de l'histoire d'un peuple. C'est pourquoi la protection et la valorisation de celui-ci devient de plus en plus un impératif absolu pour les différents acteurs en sa charge d'autant plus que les alinéas physiques et l'avènement de la mondialisation qui s'accompagne d'une déshumanisation et d'une aliénation s'accélèrent. De ce fait, le patrimoine culturel en paye le prix. Ainsi, notre travail est bâti autour de la question centrale suivante : Quels sont les facteurs à l'origine de la destruction du patrimoine culturel Bandjoun depuis sa fondation et quelles sont les stratégies déployées par les différents acteurs pour sa sauvegarde?

    De cette question centrale découlent les questions subsidiaires suivantes :

    - Quel est le rapport entre le milieu naturel et la production patrimoniale Bandjoun ?

    - Quels sont les éléments qui constituent le patrimoine culturel Bandjoun dès ses orignines ?

    - Quels sont facteurs responsables de la destruction de ce patrimoine?

    - Quelles sont les stratégies développées par les acteurs en charge du patrimoine culturel Bandjoun en vue de sauvegarder les survivances ?

    VIII. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

    Notre travail vise un objectif général qui se décline en quelques objectifs spécifiques. L'objectif général de ce travail vise à étudier le patrimoine culturel de la chefferie Bandjoun depuis sa fondation jusqu'en 2005.

    De manière spécifique, il s'agit pour nous, en empruntant à la muséologie, d'inventorier ce patrimoine et de diagnostiquer son état de dégradation. Il s'agit aussi de mettre en relief quelques pistes de restauration et de conservation déployées par les acteurs culturels.

    IX. HYPOTHESES DE RECHERCHE

    1. Hypothèse générale

    L'hypothèse générale qui orientera notre étude est formulée ainsi : Le patrimoine culturel du peuple Bandjoun a perdu de sa substance suite aux destructions d'origine endogène et exogène.

    2. Hypothèse secondaires

    De l'hypothèse générale ci-dessus découlent les hypothèses secondaires suivantes :

    - Le cadre naturel et humain ont joué un rôle de premier choix dans l'élaboration du patrimoine culturel Bandjoun.

    - La chefferie Bandjoun avant la colonisation s'est illustrée par la richesse et la diversité de son patrimoine.

    - La destruction du patrimoine culturel matériel Bandjoun est le résultat des facteurs à la fois internes et externes.

    - Les efforts de protection des éléments patrimoniaux du village Bandjoun sont omniprésents pendant les périodes postcoloniales et presque absents durant la période coloniale.

    X. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

    Notre sujet s'inscrit dans la sphère des sujets de type analytique. Il s'agit pour nous de rapprocher trois périodes diamétralement opposées (précoloniale, coloniales et postcoloniales) sur la base de deux critères fondamentaux (destruction et protection du patrimoine culturel). Pour mener à bien notre étude, nous avons fait usage des démarches méthodologiques historiennes classiques à savoir la collecte des données et leur traitement.

    - La collecte des données

    Cette première démarche est celle qui nous a permis d'entrer en contact avec nos différentes sources d'information. Pour le faire, nous avons fait recours à la consultation des archives, les entretiens et les enquêtes, visite guidée du musée et l'iconographie.

    . La consultation des archives

    Il s'agit des archives de la chefferie Bandjoun et celles de la commune urbaine de Pete Bandjoun. Pour le faire, nous avons opéré un travail critique sur les documents mis à notre disposition. De manière spécifique, nous avons explicité la situation dans laquelle la documentation a été produite ce qui impliquait la reconstitution du contexte de production ; Nous avons interrogé la situation sociale des acteurs, l'histoire et la position des institutions concernées, mais aussi les représentations, les discours qui circulent dans la société Bandjoun... Cette consultation des archives nous a permis d'avoir accès à des informations les plus intimes sur la chefferie Bandjoun.

    . Consultation des documents écrits

    Nous avons consulté les ouvrages, les articles, les mémoires et thèses traitant du patrimoine culturel. C'est ainsi que nous avons fréquenté les bibliothèques de l'Université de Yaoundé I plus précisément la bibliothèque centrale, la bibliothèque du cercle d'Histoire et archéologie, la bibliothèque de la FLSH de l'université de Dschang notamment celle du Département d'Histoire et Archéologie, la bibliothèque de l'Alliance franco-Camerounaise de Dschang, la bibliothèque du CIPCRE de Bafoussam, la bibliothèque personnelle de nos encadreurs, et notre modeste bibliothèque.

    . Les entretiens et les enquêtes de terrain

    Au regard de la place primordiale qu'occupe l'oralité dans le concert des sources de l'histoire africaine, au regard de l'insuffisance d'une littérature spécifique sur le patrimoine culturel Bandjoun, nous avons fait des multiples déplacements sur le terrain. Ces déplacements nous ont poussé vers les personnes ressources notamment les notables, le guide du musée, les forgerons, les prêtres et prêtresses traditionnelles, les dignitaires et toute autre personne qui était susceptible d'être porteuse d'une information liée à notre thématique. Avec ceux-ci, nous avons passé des entretiens individuels (interview) et des entretiens en groupe. A l'aide d'un magnétophone nous avons enregistré les entretiens passés. Par ailleurs nous avons fait usage d'un guide d'entretien pour réaliser ces enquêtes de terrain.

    . Visite guidée du Musée de la chefferie Bandjoun et usage de l'iconographie

    Nous avons dans le cadre de la mutualisation des stratégies d'accès aux informations fait une visite au musée de la chefferie Bandjoun sous la conduite d'Albertin Koupgang le guide du musée. Nous avons procédé à des observations directes doublées d'un entretien avec ce dernier. Cette visite nous a permis de découvrir plusieurs objets du patrimoine matériel Bandjoun mais aussi la dimension spirituelle de certains objets.

    . L'Iconographie

    Cette méthode a occupé une place de choix dans notre investigation. A l'aide d'un appareil photo, nous avons photographié plusieurs éléments constitutifs du patrimoine culturel Bandjoun qui s'inscrivent soit dans le cadre de la protection soit dans le cadre de la détérioration. Après avoir réalisé les prises de vues, nous avons opéré un travail d'analyse, de critique suivi d'une description et des commentaires historiques. Les photos des objets artisanaux, des atouts de production artisanales et biens d'autres ont contribué à l'illustration de notre travail.

    - Le traitement des données

    Pour avoir un accès objectif et critique aux informations recueillies dans la consultation des ouvrages, articles, mémoires revues et journaux, nous avons procédé par la réalisation des fiches de lecture par la suite, nous y avons appliqué les outils de la critique historique.

    Pour les sources orales, une fois la collecte effectuée, nous les avons retranscrits avant leur traitement. Nous avons procédé par la suite à la confrontation puis à la critique par analogie à la science historique car comme le souligne Paul Harsin, «  Une chose est considérée comme historiquement vraie lorsqu'elle a subi avec succès l'épreuve de la critique historique »46(*).

    Dans le cadre du traitement des données recueillies à l'issue de la visite du musée royal, nous les avons inventorié et avons utilisé les techniques des spécialistes de la muséologie pour restituer les séquences historiques de la chefferie Bandjoun.

    Nous avons également fait appel aux sciences connexes telles que la géographie, la biologie végétale, la statistique, la sociologie... A titre illustratif, la géographie nous a permis de présenter le milieu physique Bandjoun comme socle de l'élaboration du patrimoine culturel Bandjoun mais surtout de dresser la carte topographique de la chefferie Bandjoun. La statistique nous a permis de comprendre l'évolution des effectifs de certaines sociétés sécrètes Bandjoun, mais aussi de déterminer les différents pourcentages des réponses rapportées par les questionnaires de recherche. Nous avons emprunté à la muséologie pour inventorier le patrimoine culturel matériel, la sociologie nous a permis d'adresser un questionnaire aux jeunes de la chefferie Bandjoun.

    XI. DIFFICULTES RENCONTREES

    La réalisation de ce travail a connu plusieurs entraves qui ont constitué de véritables embûches. Les entraves les plus significatives sont liées au travail de terrain.

    La première difficulté se situe au niveau de la conservation des archives de la chefferie Bandjoun. Dans notre démarche d'exploitation des archives, nous avons été attentifs aux informations que donnaient les documents. Malheureusement, nous nous sommes butés sur certains aspects notamment des noms absents, des écrits illisibles, des documents attaqués par des rongeurs et surtout des non-dits. Ainsi, le plus difficile était alors de repérer ces silences car ils sont parfois tout aussi significatifs que le contenu même des archives comme le montre l'historienne Arlette Farge dans son ouvrage intitulé Le Goût de l'archive47(*).

    La deuxième difficulté est relativement liée à nos personnes ressources. En effet, nous avons déploré les rendez-vous manqués de certains informateurs. Aussi certains nous ont accueilli avec méfiance et réticence surtout quand nous abordions l'aspect des incendies de la chefferie. Bien, plus l'âge avancé de certains et l'invalidité physique pour d'autres ont limité notre champ d'investigation. Par ailleurs pour avoir accès à certaines informations, nous étions obligés quelques fois de faire appel à une motivation particulière.

    La troisième difficulté réside dans le caractère sacré de certains lieux, certains objets ou de certains rites et danses. Or, de ce point de vue, nous n'avions pas eu accès à ces objets ni aux informations entières y afférentes car il fallait au préalable avoir accompli certains rites d'initiation. Nous en voulons pour preuve, l'accès au lieu d'inhumation des rois Bandjoun (fam) nous a été formellement interdit.

    Il convient de préciser que cette liste de difficultés n'est pas exhaustive. Cependant, nous nous sommes montrés tenaces et persévérants pour conduire le travail à bon port.

    XII. PLAN DU TRAVAIL

    Pour le présent travail, nous nous proposons un plan qui se décline en quatre chapitres : Chapitre 1 : Milieu physique et humain comme cadre d'élaboration du patrimoine culturel Bandjoun. Tel est l'intitulé du chapitre premier de notre travail. Ce chapitre a pour ambition de montrer la relation qui existe entre le milieu naturel Bandjoun et la production du patrimoine culturel.

    Le chapitre deux pour sa part est intitulé: Le patrimoine culturel Bandjoun avant tout contact. Ce second chapitre présente dans la perspective historique le patrimoine culturel Bandjoun avant tout contact avec l'extérieur c'est-à-dire l'intrusion coloniale.

    Le chapitre trois est titré : Les facteurs de la destruction du patrimoine culturel Bandjoun (XVIe Siècle- 2005). Ce chapitre se consacre à l'étude des différents éléments responsables du pillage du patrimoine culturel matériel Bandjoun et ceux responsables du recul ou de la disparition du patrimoine culturel immatériel depuis sa fondation jusqu'en 2005.

    Le quatrième chapitre s'intitule: Les stratégies de protection du patrimoine culturel Bandjoun. (XVIe Siècle à 2005). Ce dernier chapitre met en relief les différentes stratégies déployées par la chefferie Bandjoun pour assurer la conservation et la protection de son patrimoine culturel.

    CHAPITRE I : MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN COMME CADRE D'ELABORATION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN

    INTRODUCTION

    L'histoire d'un peuple et sa géographie physique sont des piliers fondamentaux dans la construction de l'édifice d'analyse et de compréhension de sa civilisation .Tout groupe humain se constitue et évolue dans un environnement écologique précis. La vérité selon laquelle la nature est la source des éléments qui constituent la culture et la civilisation est irréfutable. D'ailleurs, Le géographe qui a le plus utilisé le concept de civilisation Pierre Gourou définit cette notion dans un article célèbre intitulé « la civilisation du végétal ». Il affirme : « la civilisation est d'abord l'ensemble des techniques d'exploitation de la nature, et, dans une moindre mesure, la plus ou moins grande aptitude à l'organisation de l'espace. Il y a des rapports d'interactions et d'interdépendances entre éléments physiques et humains d'un paysage mais par l'entremise de la civilisation qui sert de milieu de transmission »48(*)

    Ainsi, il est évident que l'environnement ou du moins le milieu physique est le socle sur lequel chaque groupe humain bâtit son univers historique, politique, économique et socioculturel. C'est pourquoi le présent chapitre est consacré à l'étude des aspects géographiques et de l'aperçu historique du royaume Bandjoun en relation avec la production culturelle.

    I.1. L'ETUDE DU MILIEU PHYSIQUE DE LA CHEFFERIE BANDJOUN

    Cette étude du milieu physique du royaume Bandjoun fait appel à l'exploration successive du relief, du sol et de la végétation. Conscient que cette activité relève essentiellement du Domaine de la Géographie physique, il est donc important de préciser que notre étude du milieu physique sera orientée vers une perspective de rapprochement avec la construction d'une civilisation originale avec pour corollaire un legs patrimonial. Mais avant, il est impératif de localiser la zone géographique dans laquelle s'inscrit notre étude.

    1.1.1 Localisation de la chefferie Bandjoun

    Bandjoun qui fait l'objet de notre étude est le chef-lieu du département du Koung-Khi. Ce département occupe le cinquième rang en terme de superficie juste devant les hauts plateaux, la Mifi et derrière les départements du Noun, des Bamboutos, de la Menoua, du Ndé et du Haut Nkam. Dans un cadre administratif plus réduit, la chefferie Bandjoun fait partie intégrante du grand espace linguistique dénommé l'aire ngomalà49(*). Elle est limitée au Nord par les chefferies Bafoussam et Bamendjou, dans la partie méridionale par les chefferies Bangou et Baham , dans la partie occidentale par la chefferie Baham une fois de plus et à l'Est par la chefferie Bayangam et le Noun. La position géographique de ce royaume par rapport à l'équateur et la longitude est spécifique. Les coordonnées géographiques de Bandjoun sont : La latitude : 5°22'32? Nord. Longitude : 10°24'47? Est. L'altitude par rapport au niveau de la mer : 1529m.50(*).

    Carte 1: Localisation La'Djo en pays Bamiléké

    Source: Archives communales Bandjoun consultées le 23-02-2019.

    Carte 2: Localisation de la zone d'étude

    L'organisation du terroir dans cette chefferie tout comme dans les autres sociétés bamiléké est particulière et originale. Du moins c'est ce qu'atteste Jean Hurault à la première page de son article:

    L'organisation du terroir dans les groupements Bamiléké est soumise à des lois rigoureuses et s'étend à la totalité de la surface du pays. Chaque zone topographique, chaque particularité du relief, chaque type de terrain a. reçu une vocation précise [...]. Nulle part à notre connaissance, dans toute l'étendue de l'Afrique tropicale, l'homme n'a à ce point asservi la nature et remodelé le paysage géographique51(*).

    A cause des alinéas naturels évoqués ci-dessus, le royaume Bandjoun est divisé en 38 villages environs comme l'illustre la carte ci-après.

    Carte 3 : les sous chefferies du royaume Bandjoun.

    Source : Les archives de la chefferie Bandjoun Consultées le 14-03-2019.

    1.1.2 Relation entre le relief et la production culturelle.

    Le royaume Bandjoun s'inscrit dans le cadre orographique général des hautes terres de l'Ouest. Ses formes de reliefs peuvent se résumer en deux catégories ou secteur à savoir les hautes et les basses terres. Le premier est une zone basse (900 m à 1100m d'altitude) peu étendue presque vide, large de 3 à 7 Km et longeant sur plus de 28 Km le fleuve Noun. On y pratique à la fois les cultures et la chasse. On rencontre de nos jours quelques plantations de caféiers et de palmiers à huile.

    Le deuxième secteur est le plus vaste : c'est le plateau (1500 m d'altitude moyenne) dominant de 300 à 500 m de dénivellation la vallée du Noun. Il est modelé en collines aux sommets arrondis entre lesquels les cours d'eaux ont creusé un réseau de vallées, souvent à fond marécageux où prolifèrent les palmiers raphia si utiles pour la construction, l'alimentation (le vin) et la fabrication des objets de toutes sortes52(*).

    Ces formes de reliefs occupent une place de choix dans la sphère du patrimoine culturel immatériel Bandjoun notamment le système religieux. Pour le Peuple Bandjoun, certaines collines et certains rochers évoquent le sacré, un lieu de réceptacle du divin bien plus l'habitat ou l'espace de rencontre avec Dieu. D'ailleurs que certaines de ces formes de reliefs constituent des lieux de recueillement, d'adoration et d'intercession pour le fidèle Bandjoun.

    Photo 1: Gouo lem (rocher de Mlem)

    Source : Cliché Simo Djilo 12- 01- 2019 au quartier Mlem.

    L'image ci-dessus est l'illustration parfaite d'un recueillement spirituel sous un rocher. Elle met en relief quatre individus dont deux femmes et deux hommes visiblement avancés en âge. Une perspective de la vue arrière permet d'affirmer qu'ils sont sous un rocher. Parmi les trois personnages de l'extrême gauche de la photo (le dernier) porte au poigné du bras droit un bracelet, signe indicateur des prêtres traditionnels à la chefferie Bandjoun. Entre le centre et l'extrême droite de la photo se trouve le quatrième personnage avec les bras levés vers le ciel en signe de supplication et placé pratiquement dans une zone cadrée de petites pierres autour desquelles coulent le sel et l'huile de palme.

    Ce rocher constitué de roches basaltiques date probablement de l'ère précambrienne. Ce rocher gouo mlem situé à quelques kilomètres de la chefferie Bandjoun est d'après la tradition Orale un lieu d'intercession pré-guerre. En effet, c'est l'un des endroits stratégiques où les guerriers invoquaient la puissance de Dieu (Si) avant de livrer la bataille contre les ennemis envahisseurs. Ce rocher aurait trouvé sa période de gloire pendant le règne du monarque Kaptue entre 1725 et 177553(*).De ce fait, ce rocher, élément constitutif du relief Bandjoun, était devenu un socle sur lequel le peuple Bandjoun avait bâti une partie de son patrimoine culturel immatériel : les sanctuaires c'est-à-dire des lieux d'invocation de purification ou d'action de grâces au grand Dieu.

    En outre, certains ensembles structuraux à Bandjoun étaient supposés être des endroits de recasement des personnes déclarées asociales. Vus sur cet angle, ces lieux devenaient des environnements de purification nécessaire à leur réinsertion sociale. C'est le cas des collines de l'actuelle station missionnaire de Mbouo Bandjoun. L'ancien d'Eglise de la paroisse EEC de Mbouo Tuekam Victor nous rapporte :

    La grandeur de la station missionnaire de Mbouo s'explique par un fait simple : avant que les blancs n'arrivent, cette station était un lieu impropre et impur réservé à cette catégorie sociale appelée les tchié (Paria).Quand le blanc arriva, il sollicita auprès du chef Bandjoun un espace d'installation à Mbouo. Le chef Bandjoun se croyant très malin lui confia la station de Mbouo question de mettre à l'épreuve la puissance du Dieu Blanc54(*).

    Ces collines sont aujourd'hui occupées par les bâtiments de la faculté des sciences de l'éducation, ceux de la faculté d'agronomie et des sciences agricoles et ceux de la faculté de biomédicale. Ces bâtiments constituent les locaux de l'Université évangélique du Cameroun oeuvre de témoignage appartenant à l'EEC.

    Photo 2: aperçu des collines de la station Mbouo Bandjoun

    Source : Cliché Simo Djilo 12-01-2019 à la station missionnaire de Mbouo Bandjoun.

    Sur cette image, on peut remarquer deux versants qui se joignent à la plus basse altitude. Ces deux versants traduisent le caractère accidenté du relief qui confère à ce dernier les caractéristiques d'un plateau que les populations locales appellent nkouon Mbouo. Maman Lydie Fotso ancienne d'Eglise à la paroisse EEC de Mbouo nous rapporte que cette zone (nkouon Mbouo) est domptée par les missionnaires français de la mission de Paris au lendemain de la première guerre mondiale55(*).

    Il est manifeste que lerelief a contribué fortement au façonnement de l'âme et de la personnalité même du royaume Bandjoun. Cet ensemble structurel est renforcé par le couvert végétal.

    1.1.3 La végétation, et les productions culturelles à Bandjoun

    Les caractéristiques climatiques ont donné à Bandjoun une végétation spécifique. C'est un climat équatorial camérounien remarquable par sa fraicheur, des températures constantes et moyennement basses (dépassant rarement 22 et 230). Les minima atteignent rarement 130. Les précipitations sont abondantes (plus de 1600mm par an) avec une amplitude thermique faible. Ce climat est subdivisé en deux grandes saisons : une saison sèche appelée kap lem qui va de la mi- novembre à la mi- Mars et une longue saison de pluie appelée Kap So'o qui occupe le reste de l'année56(*).

    Ce climat a donné à Bandjoun un couvert végétal que Jean Paul Notué décrit en ces termes : «  Alors que savane, bocages et prairies occupent le plateau, les forêts de galeries s'observent le long du Noun »57(*). Ces végétations ont subi un véritable coup de l'action anthropique. De cette forêt est issu le bois, élément primordial de la sculpture ou du savoir-faire endogène chez les Bandjoun. L'image suivante illustre la végétation de forêt de la chefferie Bandjoun. .

    Photo 3: végétation de forêt autour de la chefferie Bandjoun

    Source : Cliché Simo Djilo 12- 01- 2019 à Djouomhouo.

    Cette image prise à quelques encablures de la chefferie (Djouomhouo) illustre clairement le premier spécimen végétal qu'on retrouve à Bandjoun. Elle se présente comme une forêt constituée des arbres de tailles variées et serrés traduisant un caractère ombrophile, hygrophile et sempervirente58(*). Après rapprochement avec le patrimoine culturel Bandjoun, on comprend rapidement que le développement de l'art du bois dans la chefferie Bandjoun trouvait déjà un terrain assez approprié pour son épanouissement. A base de cette matière première qu'est le bois de forêt, les artisans de Bandjoun ont bâti un patrimoine matériel extraordinaire constitué des Tam-tam, des tabourets, des poteaux sculptés...

    Cette végétation de forêt humide, au-delà de fournir des matières premières nécessaires à la réalisation du riche patrimoine matériel Bandjoun, constitue également un atout plus ou moins essentiel dans une dimension patrimoniale immatérielle. En effet, certains arbres de cette forêt sélectionnés au crible de quelques critères fondamentaux jouent le rôle d'autel et de recueillement dans la spiritualité traditionnelle Bandjoun. De ce fait, ils sont considérés comme lieux saints, lieux réservés à Dieu, argument qui peut d'ailleurs se vérifier dans l'expression Tuep si(Place de Dieu). L'image qui suit met en exergue un Tuep si.

    Photo 4: Lieux sacré (Tuep si)

    Source : Cliché Simo Djilo 12- 01- 2019 à Hiala.

    Ces images ci-haut présentent deux gigantesques arbres. L'épaisseur du tronc (photo gauche), la grosseur et la longueur des racines témoignent la puissante capacité de ces arbres à chercher l'eau souterraine. Ces arbres sont entourés par une autre espèce végétale appelée feken traduit littéralement «  arbre de paix ». A proximité de la partie basse on peut apercevoir des morceaux de roches basaltiques qui donnent une nette impression de coloration conséquence des sacrifices effectués. Cet espace sacré est selon le prêtre traditionnel (kam si) Tagne Jérôme l'un des sites sacrés les plus anciens du royaume Bandjoun. Il est situé à quelques pas de la chefferie et appartiendrait à un ancien dignitaire Bandjoun59(*).

    Dans la chefferie Bandjoun comme dans toutes les autres unités politico-traditionnelles Bamiléké, la végétation de forêt est un outil indispensable pour l'affirmation du symbole sacré et mystérieux de la chefferie nommée forêt sacrée.

    Autour des cours d'eaux qui arrosent le village Bandjoun, se dressent des forêts qualifiées de forêts de galeries60(*).

    Photo 5: Foret de galerie à Bandjoun

    Source : Cliché Simo Djilo 12- 01- 2019 à Djouomhouo.

    Au regard de l'image ci-dessus, on remarque que l'essentiel de l'espèce végétale qui constitue les forets de galeries à Bandjoun est le kroh «  raphia ». Cette ressource naturelle a été utile aux artisans Bandjoun notamment dans la construction des cases traditionnelles, les clôtures des grandes concessions, les greniers externes, l'extraction du vin de Raphia...

    L'une des végétations qui caractérise encore Bandjoun est la Savane herbeuse. Dans cette savane, le peuple Bandjoun trouve la matière première qu'est la paille tropicale pour l'édification des toitures des cases traditionnelles. L'image qui suit présente le sommet des cases traditionnelles à la chefferie Bandjoun pratiquement dans les années 1917.

    Photo 6: Une toiture réalisée à base de la paille.

    Source : les archives de la chefferie Bandjoun consultées le 14-03-2019.

    Ces cases ci-dessus sont les prototypes des toutes premières cases de la chefferie Bandjoun. Elles auraient été les lieux d'habitation des premiers monarques entre le XVI et le XVIIème siècle. On peut apercevoir des toits coniques tissés à base des lianes de raphia et habillés par des composantes de la savane herbeuse que les Bandjoun appellent no'o. Il est donc évident que ce savoir-faire représenté ci-dessus a été rendu possible grâce à la disponibilité de cette matière première (no'o).

    1.1.4 L'hydrographie

    La chefferie de Bandjoun est assez arrosée. Elle est drainée par plusieurs tributaires du Mghem, cours d'eau qui prend sa source aux confins ouest de la chefferie où il est appelé Chie Melang-afo. Il entre dans celle-ci par le lieudit Tsela. On le retrouve par la suite à Tesso où il forme une partie de la frontière avec la chefferie de Bamougoum et où il porte le nom de Mifi-sud. Les principaux cours d'eaux qu'il reçoit à travers la chefferie de Bandjoun sont Chie Velè, Chie Vac-Vac et Chie Mlem.

    Tout comme le relief, la végétation, l'eau a contribué à façonner le patrimoine immatériel Bandjoun principalement en ce qui concerne une fois de plus la vie spirituelle. Ali Mazrui dans son reportage cinématographique intitulé « The triple heritage » énonçait: « At the beginnig, was the water, the water was god and God was the water». C'est dans la même logique que Hérodote d'une part et Polybe d'autre part ont affirmé respectivement : « l'Egypte est don du Nil », «  La Mésopotamie, le don des deux fleuves jumeaux, le Tigre et l'Euphrate »61(*). A travers ces assertions et surtout sur la base du rayonnement de ces civilisations, on est en droit de conclure que l'eau est le noyau central de la civilisation. Elle occupe une place stratégique dans l'univers religieux Bandjoun. Ils sont des endroits où les populations se rendent périodiquement pour se recueillir et procéder à des libations et à des sacrifices.

    Ainsi les cours d'eaux qui arrosent la chefferie Bandjoun ont une connotation spirituelle particulière. Le cas le plus frappant est le Chie Vac-Vac. Maman Dugne Motouom nous rapporte les faits qui suivent au sujet de ce cours d'eau.

    C'est un cours d'eau dans lequel repose les ancêtres du groupement Dembou et Tsela. Entre 1998 et 2002, la commune rurale de Pete Bandjoun dans le cadre du processus d'urbanisation avait souhaité faire passer un pont moderne sur le Chie Vac-Vac. Dans un premier temps les autorités ont démarré les travaux sans l'aval des autorités traditionnelles de Dembou. Malheureusement toutes les réalisations faites en journée s'écroulaient pendant les nuits. Il a fallu faire appel aux autorités traditionnelles qui ont consacré entièrement un jour de sacrifices et d'intercession auprès du Si Dembou et aux ancêtres. Chose curieuse après cette journée d'offrandes et d'intercession, les travaux ont continué paisiblement et finalement le pont a été réalisé. 62(*).

    1.1 .5 La faune

    La biocénose du royaume Bandjoun actuellement est très pauvre. Elle est caractérisée par la présence des oiseaux et des petits rongeurs (rats, écureuils, perdrix, hérissons, etc.), le gros gibier étant en voie de disparition du fait même de la disparition de la forêt. Cependant, durant l'ère précoloniale, cette faune était hyper riche. Jean Paul Notué affirme à cet effet : «  Bandjoun fut autrefois très giboyeux et le fondateur du royaume lui-même était un chasseur. La faune se composait essentiellement d'éléphants, d'antilopes, buffles, panthères, crocodiles, tortues, hippopotames, singes, hyènes, oiseaux, bref toutes les espèces de la forêt et de la savane ».63(*)

    Cette faune luxuriante est étroitement liée au patrimoine culturel Bandjoun. En effet, la plus grande partie de la faune Bandjoun se retrouve dans les représentations artistiques. Après être capturés, ces animaux étaient dépourvus des parties principales telles que les peaux (pour les panthères), les ivoires d'éléphants, les têtes d'hippopotames... Alors ,ces produits fauniques étaient réutilisés par les artisans pour la fabrication des objets comme les tam-tams, le ramollissement de la coupe royale à partir d'une corne d'éléphant, la fabrication d'un siège à base des dents d'animaux etc.

    Par ailleurs, cette faune puissante a permis aux chefs Bandjoun de trouver un socle propice pour le développement du totémisme. L'animal le plus célèbre dans ce domaine à la chefferie Bandjoun etait la panthère. C'est la raison pour laquelle le roi Bandjoun est surnommé Nomgwi. « Panthère ».

    Au vue de ce qui précède, il ressort clairement que la nature est étroitement liée à la production patrimoniale. On peut donc comprendre pourquoi Henri Onde dans son article  affirme:

     La nature offre un certain nombre de possibilité entre lesquelles les groupes humains font un choix pour leur permettre de répondre à leur désir et à leurs besoins. C'est elle, et elle seule qui peut donner une juste idée du milieu naturel et des possibilités d'installation par lui offerte ; C'est elle encore qui permettra d'apprécier les capacités d'adaptation et d'initiative des groupes humains considérés non plus comme une matière inerte, une argile plastique, mais comme des agents capables de modeler le milieu 64(*).

    1.2 LA CHEFFERIE BANDJOUN : UNE HISTOIRE SINGULIERE ET PROPICE A L'ECLOSION DU PATRIMOINE CULTUREL

    Après l'étude du cadre physique, nous constatons que l'unanimité peut être faite au sujet de l'assertion selon laquelle le milieu naturel influence la production du patrimoine d'un peuple en général et Bandjoun en particulier. Cependant, il est important pour nous d'étudier le contexte historique dans lequel émerge la chefferie Bandjoun, contexte qui nous permettra d'élucider la puissance matérielle et immatérielle du patrimoine de cette chefferie Grass-Field. Alors cette sous partie abordera la fondation de la chefferie et de la lignée dynastique.

    1.2.1 Fondation du royaume et mise en place d'une entité traditionnelle porteuse d'un riche patrimoine culturel

    En faisant appel à la tradition orale, on remarque évidemment qu'une unanimité se profile au sujet de l'aspect selon lequel Baleng constituerait l'hypocentre de la chefferie Bandjoun65(*). Jean Paul Notué est précis et pointilleux quand il évoque la fondation du Royaume Bandjoun. «  Certains apparaitront au XVIe, XVIIe et XIXe siècle : Baleng, Bandjoun, Bana, Baham, Bangangté, Bafoussam, Batcham, etc. Leurs fondateurs vinrent pour la plupart des régions périphériques aux hautes terres de l'Ouest. Bandjoun spécifiquement est une souche secondaire de la chefferie Baleng »66(*).

    La légende de fondation de la chefferie Bandjoun est longue, riche en leçons et stratégies. La légende et la tradition orale nous rapportent qu'entre le XVe et le XVIe siècle se dressait autour de la vallée du Noun une petite chefferie dénommée Nepèguè dirigée par le 19ème souverain nommé Tchougnafo. Ce dernier avait comme princes : Notchwegom, Mouafo et Tayo ou Foyo. Un jour, une dispute éclata entre les princes au sujet du partage de l'huile de palme67(*) et surtout au sujet de la succession de Tchougnafo. A la mort du vieux roi, dans le souci de fuir la vengeance de leur frère, Notchwegom et Mouafo prirent fuite et s'exilaient du village. Malheureusement, la situation relationnelle entre Tayo et son Kuipou se détériora progressivement avec pour dénouement la prise du pouvoir de Nepèguè par son Kuipou qui s'était installé dans un quartier éloigné du royaume Nepèguè. Après la prise du pouvoir, le kuipou réunifia son quartier et Nepèguè et l'ensemble né de la fusion était Baleng ou Lengsap. Les dignitaires opposés au coup d'Etat se joignirent à Notchwegom et s'installèrent au lieu dit Famleng. Quant à son frère Mouafo, celui -ci s'installa dans l'actuel département du Ndé où il fonda Banlengou68(*).

    Notchwegom qui s'était installé à Famleng devint un puissant chasseur à Famleng car cette localité était dans une zone très giboyeuse. Il convient de préciser que la zone d'installation de Notchwegom était aussi composée de plusieurs chefferies indépendantes et rivales comme Dibu, Soung, Mouwe, Moudjo, Tse, ... Alors, Notchwegom réussit à obtenir la confiance du très puissant Foadibu, Chef de Dibu (la plus importante chefferie de la zone), qui lui donna sa fille en mariage. Un jour, en guise de récompense pour les gibiers qu'il recevait assez souvent de son gendre, Foadibu lui envoya un sac rempli de légumes par sa fille venue lui rendre visite. Au grand bonheur du chasseur venu de Nepèguè, le sac contenait le bracelet de cuivre (kwè pè), insigne du pouvoir et symbole de la royauté de Foadibu. L'histoire ne dit pas s'il s'agissait d'une mégarde du monarque, ou d'une manoeuvre de la princesse au bénéfice de son mari. Toutefois, Noutchwegom se trouva avec ce bracelet, et fut aussitôt reconnu comme fo. Fin stratège, il agrandit sa chefferie en soumettant plusieurs petites chefferies du voisinage, et agrandit sa population en accueillant des refugiés, et aussi en achetant des esclaves qu'il affranchit. Ceci est d'ailleurs l'origine du nom Bandjoun, une déformation de padjo .Pa qui signifie «les gens ». Djo signifie « acheter » par extension le concept peut traduire «  groupe de personnes ou pays qui achète »69(*).

    Ainsi la chefferie Bandjoun était née. Un cadre politico-humain nécessaire à l'éclosion d'une production culturelle venait ainsi de voir le jour.

    1.2.2 La lignée dynastique en relation avec le patrimoine culturel Bandjoun.

    Des origines jusqu'à nos jours, la chefferie Bandjoun a connu 15 souverains chacun ayant marqué l'histoire du patrimoine du royaume soit de manière significative pour certains et soit de façon moindre pour d'autres. Le tableau suivant met d'abord en relief les grands rois qui se sont succédé à la tête du Royaume Bandjoun.

    Tableau 1: Les acteurs du façonnement du patrimoine culturel Bandjoun

     

    ROI

    KUIPOU

    MAFO

    WAFO

    SOUOP

    TABUE

    SOUOP

    1

    NOTCHWEGOM

     

    Matsotio

     
     
     
     

    2

    NOTOUOM I OU NGOTWOM

    Tchwomkwong

    Chiebou

    Gnoche

    Guemtio

     
     

    3

    DU'GNECHOM

    Simleng dit Kamdjo

    Kapchié

    Dzukam

     
     
     

    4

    NOTOUOM II

    Silemg

    Notio ou Ngotio

    Dzu nye

     
     
     

    5

    NOTOUOM III

    Kaptuom

    Ngotio

    Wafo Notoum III

     
     
     

    6

    BHEDEPA

    Kwipu Bhedepa

    Mafo Bhedepa

    Wafo Bhedepa

     
     
     

    7

    KAPTO

    Kwipu Kapto

    Tomou

    Wafo Kapto

    Souop Kapto

     
     

    8

    KAPTUE70(*)

    Tagemchom

    Tuèbou

    Wafo Kaptué

    Tatou

    Moukwe

    Ngnokwo ou Nokwe

    9

    KAMGA I ou KANGUE NKUNG

    Tuègno

    Guetio

    Yuevop

    Tamdjo

    Foba

    Ngoegom

    10

    FOTSO I

    Nemnye

    Mogung

    Tuepegung

    Kaptué Komguem

    Fogué

    Nkamnye

    11

    FOTSO II

    Kamgue Djuissi

    Mesudom

    Kamgue

    Tokam Megueya

    Fotso

    Gafè

    12

    KAMGA II71(*) JOSEPH

    Fokoua

    Menewa

    Foaleng

    Fotso Nguemkam

    Fodouop

    Vampue

    13

    FOTUE KAMGA

    Ngniè Kamga Joseph

    Nguemgne Motué

    Talom

    Tchatué Boumo

    Fossouo

    Nemnye

    14

    NGNIE KAMGA

    Nono Kamga Victorin

    Nono

    Wabo

    Kamdem Jean Nestor

    Bassah

    Tschuegoum

    15

    DJOMO KAMGA

    Nokam Kamga Saturin

    Megne

    Wafo Wafo Dyugnechom

    Fogno

    Dyugnechom72(*)

     

    Source : Notué, Jean paul., « Le Royaume de Bandjoun ( Lem Djo ou Gug Djo) : Histoire, contexte de création artistique, arts et traditions dynamiques » ....,p. 42.

    1.2.2.1. NOTCHWEGOM (XVe et XVIème siècle).

    Il est considéré dans la tradition orale Bandjoun comme étant le fondateur de la Chefferie. C'est lui qui assura l'implantation du décor structurel et administratif et culturel de Bandjoun. En d'autres termes, tout l'univers patrimonial de la chefferie Bandjoun repose sur le socle dynastique de ce monarque. On ne peut concevoir et lire toute la richesse culturelle d'un peuple qu'à travers un cadre bien élaboré que nous pouvons appeler la chefferie. Il revient donc à ce roi tout l'honneur de la mise en place de cette entité politique qui devait porter le faste patrimonial Bandjoun.

    Pour y parvenir, il dût soumettre par la violence quelques chefs vassaux rebelles. L'exemple du Fo Totso fo de Soung est généralement cité. C'est donc à la tête d'un royaume en pleine croissance que Notchwegom mourût. Les circonstances de sa mort ne sont pas clairement établies. D'après certaines sources, il se serait noyé dans un marigot situé à Pu'munyeh (Poumougne)73(*).

    1.2.2.2. NOTOUOM (1525)

    Après les brefs règnes de Notchwegom, Notouom I prit la relève. Il continua les oeuvres de son père (achat des esclaves, accueil des refugiés). Il est le père de l'histoire de Bandjoun, le fondateur de la dynastie de Notouom. Il joua un rôle fondamental dans la construction du système religieux Bandjoun élément essentiel du patrimoine immatériel.

    En effet, Il adorait le Dieu de Notouom, « Si Notouom». La tradition orale rapporte que ce Dieu se manifesta au roi Notouom et lui donna l'autorisation de s'installer au lieu que le roi baptisera « Famleng », en l'honneur de ses ancêtres de Baleng et en action de grâce au Dieu qui l'a accueilli et établi74(*).

    Notouom I était caractérisé par sa foi en Dieu, par le sacrifice de Pu'msé75(*)qu'il offrait à Dieu. Ce sacrifice qui demeure jusqu'à nos jours l'un des fondamentaux du patrimoine immatériel. Albertin Koupgang nous rapporte :

    Il distribuait gratuitement à la population la viande de sa chasse toujours très fructueuse à cause du nombre de jeunes qui l'accompagnaient. Sa renommée était telle qu'il était très souvent invité à l'assemblée des chefs de la localité pour ses conseils pleins de sagesse. Il conquit le coeur d'une jeune princesse qui put lui trouver un bracelet royal à l'aide duquel il se fit reconnaître comme un roi caché jusque-là, mais qui venait de loin et se passionnait que de chasse. Il décida de déplacer sa capitale de Famleng à l'actuel Hiala qu'il jugeait plus stratégique pour ses conquêtes. Mais il mourut en chemin à Poumougne (forêt du seigneur), nom donné à cette forêt sacrée jusqu'à ces derniers temps où la sous-préfecture est venue s'y étendre76(*).

    1.2.2.3. DUGNECHOM (Moins d'un an de règne).

    Il est considéré comme l'auteur de la systématisation de la chefferie Bandjoun sur tous ses aspects. Bien plus, on remarque qu'il a été l'un des acteurs soucieux de la conservation et de la valorisation de la culture d'un peuple élément fédérateur de son existence. Même si ce peuple doit vivre sous une domination, le dominateur doit prendre en compte les coutumes du dominé. Paul Notué écrit à cet effet : « Les petites chefferies soumises ou conquises devinrent peu à peu des sous chefferies qui conservaient leurs coutumes et payaient régulièrement un tribut. Dugnechom créa le Majong  une société guerrière chargée de former les jeunes »77(*)

    1.2.2. 4. NOTOUOM II (1525-1575)

    Il est le continuateur ardent de l'oeuvre de son père Notouom I. Grâce à son amitié avec le roi de Baham qui était puissant dans les environs, il conquit d'abord quelques royaumes78(*).

    Le roi Notouom II est l'un des précurseurs de la production patrimoniale artistique Bandjoun. En effet, il aurait contribué à l'importation des matières premières de la production du patrimoine culturel de sa chefferie mais aussi il a joué un rôle non négligeable dans la déportation du patrimoine culturel matériel Bandjoun. Kui Tagne Notable installé à Djionè affirme à son sujet :

    Lorsqu'il faisait sa chasse vers le Noun, il faisait fortune avec la viande des hippopotames, buffles et éléphants qu'il tuait. Il vendait également les défenses d'éléphants aux amateurs d'ivoire pour la fabrication des bijoux divers. Avec le fruit de sa chasse il achetait tout le long de sa route. Il achetait aussi des esclaves qu'il laissait sur place sous le contrôle de quelques soldats. Ceux-ci veillaient sur les acquis en attendant le retour de leur maître. Il est mort dans la gloire après avoir fait donner le surnom de « Pa Jo » (les acheteurs) à ses gens, parce qu'il achetait tout : les hommes, les femmes, les bêtes, le maïs, le haricot, les arachides, la banane, les ignames, bref les produits vivriers qu'il utilisait pour nourrir ses soldats et son peuple. De plus, il semait et plantait d'autres. A tel point que dans la région, tout était devenu propriété des Bandjoun. On dit Guefe a jo, biyè a jo, nkédé a jo etc (maïs de Bandjoun, arachide de Bandjoun, banane de Bandjoun...). II donna ainsi naissance à Bandjoun dans un grand sursaut d'orgueil et mourut dans la gloire après avoir eu à chasser plusieurs fois les envahisseurs Bamoun.79(*)

    1.2.2.5. NOTOUOM III (1575-1625)

    Notouom III suivit à la lettre la politique humaniste de son père. Il avait le culte du pouvoir qui vient de Dieu, maître de la terre. Il confisqua une vingtaine de chefferies que son père avait trouvées dans la région sans pour autant confisquer le pouvoir divin des chefs ni leurs hommes. Il eut une grande population à gouverner. Aussi, comprit-il la nécessité d'une rigoureuse organisation. Il opta pour la méthode de diviser pour mieux régner. Les chefferies et leurs organisations formaient, bien sûr, les structures de base, mais comme elles n'étaient pas unies entre elles, il leur fallait des superstructures de liaison. Alors Fo Notouom III créa des provinces appelées Dje. Chaque Dje partait de Hiala à la limite avec le royaume voisin. Il créa ainsi sept Dje au total. A la tête de chaque Dje (province), était placé un gouverneur nommé kemdje.

    Ce kemdje est devenu plus tard une société sécrète. Teku marcel déclare au sujet de Notuom III :

    Le roi lui-même allait de temps en temps en tournée dans ses différentes Dje et en profitait pour percevoir la dîme qui lui revenait. Notouom III eut donc le grand mérite de créer l'unité, la fusion de vingt chefferies en un grand royaume et de doter ce dernier d'une solide organisation par la création des sept provinces ayant chacune à sa tête un chef de province. Il ne destitua pas les rois conquis tel que prescrit par son père.80(*)

    1.2.2.6. BHEDEPA ET KAPTO

    Le roi Bhédepa eut un règne très court raison pour laquelle ni ses réalisations ni son prestige encore moins sa personnalité sont méconnus des traditions orales.

    Le septième roi ( Kapto) régna entre (1625-1675). Il est considéré à juste titre comme le moraliste. C'est lui qui est considéré comme le prototype des valeurs éthiques et morales de la société Bandjoun. Or ces valeurs sont plus ou moins des indicateurs mieux un legs culturel important pour définir une civilisation donnée. Alors le roi Kapto avait construit un édifice moral et éthique sociétal pratiquement accompli. Car son père Notouom III, lui ayant laissé un royaume socialement bien organisé et fortement peuplé.

    Il eut à créer ou mieux, à rappeler les rois pour garantir la pureté des moeurs, à améliorer les conditions de vie des Mkamvù, (les neufs notables), compagnons du roi fondateur qui formaient son conseil suprême. Il les rapprocha de lui à Hiala pour faciliter la régularité de la tenue de leurs réunions. Il renforça dans la même lancée, le rôle social des nkam-si, (prêtres, moralistes, prophètes de la région), le sens du sacrifice et de la moralisation. Il présidait aux rites et faisait chanter les cantiques de bénédiction pour les bons et les cantiques de malédiction pour les méchants. Le roi KAPTO sanctionnait sévèrement la fornication, l'adultère, le suicide, l'homicide, le vol, les crimes politiques, la trahison... les complices de la fornication étaient, lorsque la fille avait conçu, chassés du village et vendus loin comme esclaves. Les voleurs étaient traînés à travers le marché par la police et conduits en prison. Les suicidés n'avaient pas droit à la sépulture familiale. Les autres crimes étaient condamnés à la peine de mort. KAPTO n'y allait donc pas de main morte et son pays (village) lui reste reconnaissant pour l'avoir sauvé du naufrage de la corruption et de la dépravation des moeurs. La rigueur des parents favorisait le mariage précoce des jeunes filles (les filles à 16 ans et les garçons à 25 ans), le sens de l'économie. Tous les jeunes travaillaient, on ne parlait même pas de délinquance juvénile, on ne trouvait pas de femme libre.81(*)

    1.2.2.7. KAPTUE (1725-1775)

    Le qualificatif indomptable qualifie clairement ce monarque au regard de sa témérité devant les ennemis envahisseurs. Il se montra déterminé à protéger le riche patrimoine politique, économique et surtout culturel que ses prédécesseurs avaient laissés. C'est pourquoi le roi Kaptue, face à ces menaces, comprit la nécessité de renforcer ses effectifs militaires par une préparation intensive et par l'acquisition d'un matériel militaire plus important. Cette armée eut à résister à l'attaque de Bali qui envahit Bandjoun malgré l'absence du roi qui s'était réfugié à Batié82(*).

    1.2.2.8. KAMGA I (1775-1825)

    Kamga I succède à son père et se bat pour étendre son royaume en incluant les Bameka et les Bamougoum. On garde de lui la célèbre victoire du Nka sè qui était une dépendance des Bamougoum et surtout la victoire sur les Bamoun. Car attaqué, Kamga I roi de Bandjoun résiste solidement et ira même jusqu'à traverser le Noun et poursuivre la guerre jusqu'aux murs de Foumban où le roi Bamoun dût signer un traité de paix avec lui. Le roi Kamga I fut également un homme de culture, le créateur de chefs d'oeuvre architecturaux qui impressionnent encore de nos jours les touristes dans le musée de la chefferie de Bandjoun83(*).

    1.2.2.9. FOTSO I (1825-1875)

    Le roi Kamga I mourut dans la gloire et son fils Fotso I prit la relève pour continuer les guerres, car c'était un guerrier, un philosophe, un politicien, un croyant. Il a joué un rôle fondamental dans le domaine du patrimoine culturel immatériel. En effet, il a eu à approfondir la mystique du pouvoir de manière originale et révolutionnaire et c'est lui qui est considéré comme le père de la démocratie Bandjoun.

    Albertin Koupgan affirme :

    Il inspirait à la fois la crainte de Dieu d'où vient tout le pouvoir et du peuple par qui le roi est fort. Nos pères disent ceci : Fo pu si, si pu fo nwe bi si, si gun... (Le roi gouverne avec Dieu, Dieu gouverne par le roi et avec le roi. Dieu est le maître de tout. Dieu est le maître de l'univers. Tout pouvoir vient de Dieu). Le roi Fotso I, tout en affirmant l'unité d'action de Dieu et de sa foi en Dieu, ajouta Fotso pugun Fotso pegun (Le roi et le peuple, la main dans la main construisent, gouvernent le royaume).

    C'est le sens très approfondi de la démocratie qui signifie et affirme la présence simultanée et efficace du roi et de son peuple. Son nouveau nom fut donc Fotso pugun Fotso pegun. Comme un guerrier, le plus grand de la dynastie, il est intervenu dans plusieurs circonstances pour porter secours aux autres chefs84(*).

    1.2.2.10. FOTSO II (1875-1925)

    Au début du règne de FOTSO II, Bandjoun avait déjà une grande renommée car son père avait été un grand monarque. Les Allemands étaient en chemin et se dirigeaient vers Bandjoun ; mais les émissaires venant de Bamoumgoum avaient informé Fotso II de leur invincibilité. C'est ici que s'opère le lien entre son pacifisme et la protection du patrimoine culturel Bandjoun. Cette collaboration avec l'Allemagne aurait contribué à sauvegarder tout le riche patrimoine culturel chapeauté par les autres monarques. Car contrairement aux autres chefferies qui se consumaient du fait d'avoir opposé une résistance, Fotso II adopta plutôt une attitude pacifique avec les Allemands qui firent de Bandjoun un grand centre de rassemblement des chefferies.

    Par ailleurs, il ouvra la voie à l'intrusion de l'évangile et à l'instruction qui devaient par la suite bouleverser l'ordre culturel jusque là établi. Le notable Ta Souop Youevop affirme : « Le drapeau allemand était hissé à la chefferie quand le chef était absent. Il envoya son fils Kamga suivre des cours d'allemand à Bali, seul centre où les Allemands avaient ouvert une école. Il installa les missionnaires catholiques et protestants. Il envoya le premier de ses enfants à l'école, donnant ainsi une leçon à ses compatriotes ».85(*)

    1.2.2.11. KAMGA II (1925-1975)

    Il est considéré comme celui qui trouva la stratégie la plus fiable pour essayer de sauver le patrimoine culturel Bandjoun des griffes du modernisme ambiant. Descendant d'une lignée d'hommes forts et conquérants, Kamga II Joseph, incarnait à la fois le pouvoir et les vertus de ses prédécesseurs. Il devait, après son accession au trône, leur faire honneur en continuant les oeuvres par des actions éclatantes et révolutionnaires dans l'ordre de la construction d'un Bandjoun authentique, fidèle aux traditions, lumineux, mieux adapté aux justes aspirations du monde moderne. 86(*)

    1.2.2.12. FOTUE KAMGA (1975-1984)

    Après Fotso II, Kamga II et d'autres grandes figures de l'histoire de Bandjoun, FOTUE KAMGA reste aussi l'un des hommes qui aura marqué d'un sceau indélébile son temps dans son territoire et au-delà. Tabue Elie et Albertin Koupgang nous rapportent :

    C'était un chef atypique, véritable champion du combat entre traditions et modernisme et reconnu comme très généreux durant tout le long de son règne long de19 ans seulement. fomougne, comme l'appellent affectueusement les intimes, était très généreux et altruiste au point où juste au moment de son accident de circulation qui lui coûtera la vie, il s'enquerra auprès du secouriste, dans un ultime effort, de l'état de santé de son chauffeur87(*).

    1.2.2.13. NGNIE KAMGA (1984-2004)

    Administrateur civil, Ngniè Kamga est préfet à Mfou à la mort de Fo Fotuè. Son début de règne fut apaisé. On vante les qualités du nouveau souverain qui partage les traits de caractère de son père le fo Kamga II toujours vénéré à Bandjoun : bon orateur, grand danseur, parfaite maîtrise des coutumes, connaissance approfondie du terroir, de son histoire, de sa culture. Mais cet état de grâce ne durera pas longtemps, et certains pensent à tort ou à raison, que le fantôme de Fotuè Kamga aurait plané sur la chefferie pendant tout son règne qui fut perturbé sur un plan personnel par la maladie, avec de nombreux et longs séjours en Europe pour des soins, et sur un plan général par ses prises de position en faveur du régime en place à un moment où ce régime avait mal à partir presque partout dans le pays, et plus particulièrement à l'Ouest.

    Fo Ngniè a toute fois apporté sa touche personnelle au développement du royaume qui a vu se multiplier les centres de santé, les établissements scolaires, les routes parfois goudronnées. C'est le roi qui aurait su connecter Bandjoun dans le numérique. Fin danseur, il a ressuscité les fêtes culturelles qu'il a rebaptisées Msem Todjom et a eu le mérite de détruire le vieux Nemo alors fait uniquement de matériaux locaux et a fait reconstruire un nouveau modèle, intégrant des nouveaux matériaux comme le béton et le fer. Il était soucieux du respect des traditions mais a souvent été décrié pour sa gestion des successions. Voulant peut-être corriger le gaspillage reproché à son frère, Ngniè Kamga eut une main hermétiquement fermée.88(*)

    CONCLUSION

    Au terme de ce présent chapitre, il ressort clairement que le milieu physique du royaume Bandjoun constitue un socle solide pour l'éclosion du patrimoine culturel de cette entité politico traditionnelle. Du relief à l'hydrographie en passant par la végétation et la faune, ces éléments du milieu physique ont donné la possibilité aux populations de la chefferie Bandjoun de domestiquer la nature afin de bâtir un patrimoine culturel matériel et immatériel extrêmement riche.

    Par ailleurs, l'analyse du contexte sociohistorique de Bandjoun nous a permis de déceler le constat selon lequel cette chefferie est l'une des plus anciennes du plateau Bamiléké en particulier et Grass-Field en général ; Le processus d'implantation et de consolidation de la chefferie est pratiquement similaire à celui des autres monarchies traditionnelles Bamiléké notamment les migrations et les conquêtes. Depuis ses origines quinze monarques se sont succédés au sommet de la haute hiérarchie de cette unité traditionnelle. Ils ont oeuvré chacun en ce qui le concerne pour la production d'une culture matérielle et d'une culture immatérielle. Ainsi, la continuité d'analyse nous exige à questionner ce patrimoine culturel.

    CHAPITRE II : BANDJOUN ET SON PATRIMOINE CULTUREL AVANT LE CONTACT AVEC LES PUISSANCES OCCIDENTALES

    INTRODUCTION

    De nos jours, plusieurs éminents historiens africains en général et camerounais en particuliers estiment que l'histoire de l'Afrique dans son découpage chronologique ne doit plus forcément s'attacher à la périodicité coloniale89(*). Ils sont de plus en plus hostiles à l'usage des expressions telles que, la période précoloniale africaine, la période coloniale ou encore postcoloniale. C'est dans cette tentative d'africanisation de notre histoire que l'intitulé de ce second chapitre est formulé ci-dessus. Titre qui évoque l'apparence patrimoniale de la chefferie Bandjoun avant la colonisation.

    De ce fait nous n'avons aucunement la prétention d'étudier la chefferie Bandjoun dans son mode organisationnel avant le contact avec l'administration coloniale. En outre nous n'avons pas l'ambition de faire un inventaire du patrimoine culturel Bandjoun au sens strict du terme de peur de nous retrouver exclusivement dans le champ de prédilection scientifique de la muséologie.

    L'objectif poursuivi dans ce chapitre est de mettre en exergue, à partir d'une posture historique, le patrimoine culturel Bandjoun avant tout contact avec l'extérieur. Pour être plus précis, il sera question de présenter le patrimoine culturel originel de la chefferie Bandjoun. Pour y arriver, notre démarche sera bipartite : une première partie qui abordera le patrimoine culturel matériel et la deuxième pour sa part sera consacrée au patrimoine culturel immatériel.

    2.1 LE PATRIMOINE CULTUREL MATERIEL BANDJOUN AVANT LE CONTACT AVEC LES PUISSANCES OCCIDENTALES

    L'histoire d'un peuple s'écrit à base des sources plurielles. L'une des principales sources sont les cultures matérielles. Ces dernières portent en elles l'histoire et la communique. Le patrimoine culturel matériel puisqu'il s'agit de lui incarne clairement le rôle participatif de la culture matérielle dans l'écriture de l'histoire d'un peuple. On comprend pourquoi E. Mveng affirme : « l'Histoire négro-africaine est donc écrite en oeuvre d'art [...] Il n'est donc plus vrai de dire que l'histoire négro-africaine manque de documents écrits ; Ce qui est vrai est que trop souvent, nous sommes analphabètes devant son écriture »90(*). Alors une question fondamentale peut être dégagée à ce niveau : de quoi est constitué le patrimoine matériel originel de la chefferie Bandjoun ? Il importera pour nous en tant qu'historien, de présenter chaque objet en insistant sur le contexte historique d'apparition de son utilisation et sa valeur symbolique qu'il incarnait dans la société Bandjoun. Nous étudierons tour à tour le patrimoine architectural, sculptural et mobilier, les instruments de musique, les objets de la vie quotidienne et les produits de la forge.

    2.1.1 Le patrimoine architectural, sculptural et mobilier

    2 .1.1.1 L'architecture

    A Bandjoun, les bâtisseurs entre le XVIII et XIXème siècle notamment sous le règne de Kamga I avaient construit avec une ingéniosité et une habileté remarquables des édifices architecturaux imposants. La construction, la décoration, la forme et la nature variaient selon leur utilisation et le rang social de chaque occupant91(*).

    Photo 7: Chengbundye ou Nemo (grande maison royale)

    Source : Cliché Simo Djilo 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.

    Chengbunde ou Nemo est cette grande case traditionnelle qui est logée au coeur de la chefferie Bandjoun. Ses dimensions gigantesques, sa décoration, la nature des matériaux utilisés imposent un arrêt impératif à tout visiteur. On peut dénombrer plus d'une trentaine de poteaux sculptés, environs six portes... Selon Moutze Paul, elle est : « la case de tous les fils et filles Bandjoun »92(*). Celle-ci-dessus est la représentation actuelle rénovée. Le palais royal ou chengbundye date de la première moitié du XVIIème siècle. Cette case est le symbole de la puissance et du prestige de Bandjoun. Elle est en fait un palais- temple sacré car c'est dans cette grande case que les veuves exécutent une partie du séjour du veuvage. Elle est la propriété de tout le peuple Bandjoun et c'est la raison pour laquelle les travaux d'entretien, de construction ou de sauvegarde incombent à tous les fils Bandjoun93(*).

    Il convient de préciser qu'à côté de cette grande case royale, il existait aussi chez les notables des constructions pareilles mais aux caractéristiques différentes. Comme l'atteste la photo suivante :

    Photo 8: Case d'un notable Bandjoun (Cheng)

    Source : les archives de la chefferie Bandjoun consultées le 14-03-2019.

    La maison du notable (cheng) est du même style que la grande maison royale, mais avec toutefois des dimensions et des décors plus modestes. Cette photographie ci-dessus a été réalisée en 1982 appartenant au notable Wabo Tekam.

    Selon Jean Paul Notué, Depuis la première moitié du XXe siècle, on note une évolution de l'architecture autochtone. Ainsi, les maisons traditionnelles ont progressivement cédé la place à des maisons modernes (parfois en béton) ou à des édifices alliant éléments modernes et éléments traditionnels. 94(*)

    2.1.1.2 La sculpture du bois

    Il existait un lien étroit entre l'architecture et la sculpture à la chefferie Bandjoun bien même avant l'arrivée du colon. Les poteaux, les cadres des portes étaient indifféremment sculptés et gravés soit en haut relief ou en bas-relief. La sculpture traduisait la vie sociale économique ou politique. C'est pourquoi on peut apercevoir sur des poteaux ou des cadres de portes sculptés : les hommes jouant aux instruments de musique, des femmes exerçant des activités agricoles...

    Les photos suivantes illustrent ce savoir-faire des artisans Bandjoun spécifiquement dans le domaine de la sculpture des poteaux et des cadres des portes.

    Photo 9: Cadres de porte sculptée (Te ken dye dye)

    Source : Cliché Simo Djilo 14-03-2019.

    Ces photos sont celles des cadres des portes sculptés de la grande case royale actuelle. Elles illustrent parfaitement le rapport très étroit entre la sculpture et l'architecture. Ces ouvrages tels que nous rapportent Kanga Athanas sont celles qui ornent uniquement les édifices royaux, les maisons des grands notables et des sociétés secrètes95(*). L'aspect externe de la sculpture est proportionnel à la place sociale de chaque propriétaire. A ce sujet, Jean Paul Notué ajoute : « La nature du décor et le nombre des piliers et des portes qui composent un édifice dépendent du rôle social de l'individu ou du groupe propriétaire des lieux ». 96(*)

    Ces réalisations ont été faites dans l'esprit des premiers artistes de la cour royale. Ces premiers artistes de la cour royale sculptaient ces linteaux de portes bien même avant l'arrivée des occidentaux en faisant usage des objets de la forge, des pierres taillées. Il est important de préciser que les artistes ne signaient pas leurs oeuvres. Cependant, c'est à partir du XIXème siècle que certains célèbres sculpteurs Bandjoun s'affirment véritablement et sont connus. C'est le cas de l'artiste Moudjidjou. Ces deux réalisations artistiques sont récentes et ont été réalisées par les plus célèbres artistes Bandjoun actuellement Wafo et Tzouokou innocent97(*).

    Photo 10: sculpture des poteaux.

    Source : Cliché Simo Djilo 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.

    Les deux images démontrent à suffisance le caractère avancé de la sculpture dans le royaume Bandjoun bien même avant le contact avec l'occident. Ces piliers qui apparaissent sur les images ci-dessus sont une fois de plus une réalisation récente mais réalisés dans l'esprit des premiers artistes de la chefferie Bandjoun.

    Ces piliers de case avaient une double fonction : décorative et sécuritaire. Décorative dans la mesure où leur sculpture contribuait à la construction du décor esthétique des cases de la chefferie. Sécuritaire dans la mesure où, les populations étaient conscientes que face aux alinéas physiques, les constructions pouvaient subir des dommages considérables. C'est la raison pour laquelle elles sculptaient ces piliers. Selon Albertin Koupgang, c'est sous le règne de Kamga I que la sculpture connut son apogée98(*).

    2.1.1.3 Le mobilier.

    Le patrimoine culturel Bandjoun dans sa dimension du mobilier est très riche et varié. La hiérarchisation de la société Bandjoun a fortement influencé le mobilier dans sa forme, sa décoration et même le matériel d'utilisation. On comprend pourquoi Albertin Koupgang affirme : «  Tout siège qu'il soit fait en tiges de raphia ou taillé de toute pièce dans un tronc d'arbre, précise le statut social de son utilisateur »99(*). A Bandjoun, il existait et il existe encore une catégorisation des sièges en fonction du rang social de chaque occupant. Selon les informations données par Albertin Koupgang et les autres sources orales, nous avons différents types de sièges à Bandjoun dont quelques uns sont :

    v Les tabourets à cariatides d'animaux royaux (Kouo fo) :

    D'entrée de jeu, il convient de préciser que tous les objets qui étaient décorés de perles, de cauries à la chefferie étaient la propriété exclusive du roi ( fo) Ceci dans l'optique d'établir clairement la distance sociale et administrative qui sépare le roi et les autres componsantes de structure socilae Bandjoun. Par conséquent, son siège, sa pipe, ses veeetemements, sa coupe... dévaient eetre rapés d'une spécificité.

    Photo 11: Tabouret du chef ( Kouo fo )

    Source : Cliché Simo Djilo 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.

    Les deux tabourets sont ornés de perles multicolores. Ils affichent des animaux dont l'un avec la bouche ouverte et l'autre la bouche fermée. D'après Albertin Koupgang, seuls les sièges royaux étaient habillés des perles.100(*)Le premier tabouret a été réalisé par Maitre Taliebu dans la première moitié du XXème siècle. Ce tabouret aurait appartenu au roi Fotso II qui l'utilisait pour faire la collecte des impôts sur le marché.

    Le second est une oeuvre réalisée par maitre Paul Tabhou autour de la fin de la première moitié du XXème siècle. L'artiste l'aurait offert au monarque Kamga II qui l'utilisa pour les mêmes fonctions que Fotso II.101(*)

    v Les sièges ou trônes à dossiers anthropomorphes et /ou Zoomorphes ( Kouo fo)

    Les sièges ou trônes à dossiers anthropomorphes ou/et Zoomorphes (Kouo fo) Désignent tout simplement des réalisations artistiques qui font apparaitre des représentations humaines ou animales. Ces représentations étaient proportionnelles aux rangs sociaux des occupants.

    Photo 12: trône royal anthropomorphe perlé (Kouofo)

    Source : https://www.google.com/search?q=musée+de+bandjoun

    Le premier fauteuil est perlé et présente l'image d'une personne assise les mains posées sur les genoux. Le tronc servant de dossier et le plateau posé sur les genoux. La tête ovoïde est coiffée d'un chapeau de plume. Le second fauteuil est aussi un siège perlé anthropomorphe.

    Le premier fauteuil a été réalisé par maître Kamgue et maitre Tamo Todjom dans la première moitié du XXème siècle. Il a été photographié pour la première fois par le pasteur Christol entre1925 et 1930, exposé à Paris en 1962, à Dakar en 1966. Ce fauteuil représente le roi Notchwegom fondateur de la chefferie102(*)

    - Le Kouo Bom : cette catégorie de siège désigne tout simplement un morceau de bois que les serviteurs utilisent pour s'asseoir autour du chef. Dans certaines concessions de certains hauts dignitaires, ils sont réservés pour les enfants non initiés.

    - Le kouo kwe nta (Chaises à trois pieds) : est le plus usuel utilisé par toute personne ayant rempli les obligations inhérentes dans sa famille. En effet, il s'agit du rituel appelé Tchouo Kouo (rituel qui donne l'autorisation à un individu pour s'asseoir sur un siège à trois pieds). De nos jours, elle est produite en abondance et de manière anarchique au point ou il n'est plus aisé d'opérer une différence spécifique pour chaque classe sociale.

    Photo 13 : chaise à trois pieds ( Kouo kwe tah)

    Source : Cliché Simo Djilo 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.

    Le mobilier du royaume Bandjoun est résumé dans le tableau suivant :

    Tableau 2:Classement des sièges en fonction des classes sociales.

    Roi (fo)

    Mkamvu

    Ngwala'

    Foto et Wabo

    Notables

    Premier degré de haut degré

    Personne n'ayant remplie les conditions de notabilité

    Non initiés

    Les tabourets à cariatides d'animaux royaux

    Les sièges ou trônes à dossiers anthropomorphes ou/et Zoomorphes

    Tabourets à quatre pieds ( Kouo Kwe pfue)

    Leng tchap (siège taillé d'une seule pièce.) Le propriétaire doit être membres de toutes les plus hautes sociétés sécrètes.

    Tsam et Bou'leng(siège à trois pieds avec un socle ajouré les reliant).

    Leng tchap

    Dja ta, Dja pue

    Et sièges à trois pieds communs à toutes les catégories sociales

    sièges à trois pieds

    Kouo bom

    Source : Koupgang, A., « les sociétés sécrètes de Bandjoun » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun tradition dynamique, création et vie catalogue du musée bandjoun, Milan, 2005, p.132.

    2.1.2 Les instruments de musique

    Différents instruments de musique en bois, en métal, en ivoire étaient employés à la chefferie dans le cadre des loisirs ou de diverses activités de la vie communautaire à Bandjoun. Un bon nombre d'entre eux, appartenant au fo, aux notables et aux sociétés secrètes, jouaient un rôle liturgique accompagnant ou rythmant les chants et les danses avec processions.

    Certains de ces objets (tambours, cloches, etc.) revêtant un caractère sacré ont été sanctifiés par des sacrifices et des pratiques magiques. Dans ce cas, les regarder est parfois interdit et dangereux, surtout au moment où ils émettent des sons103(*). Parmi ces nombreux instruments de musique, les plus importants dans la vie sociale et religieuse de Bandjoun sont :

    v Les tambours

    Les Bandjoun dès la fondation de la chefferie et la consolidation par les premiers dignitaires royaux, avaient fabriqué plusieurs types de tambours. Albert Koupgang et Jean Paul Notué en font une nomenclature triple à savoir : le Ntem, le Nkak et le Lam .Le tambour était un objet cultuel de grande importance. Il servait d'appel à la réunion des mkem, le son et les décors évoquant les indicatifs différenciant ces associations. Quelques dizaines étaient en fonction à la résidence royale et dans les sous-chefferies104(*). Les images suivantes illustrent les trois catégories de tambours que nous venons d'évoquer et qui constituaient la richesse du patrimoine musical matériel Bandjoun.

    Photo 14: les Tambours (Nkaket Ntem) de la chefferie Bandjoun

    Source : Cliché Simo djilo 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.

    Ces images ci-haut mettent en exergue respectivement le Nkak et le Ntem. Ces tambours à membrane, souvent décorés de motifs anthropomorphes et zoomorphes. Ces deux tamboursappartiennent à des groupes spécifiques. Les spécimens ava fût élancé sans piétement, de sexe dit mâle, est celui auquel appartient le Ntem. De l'autre coté les spécimens au fût plus trapu et qui repose sur trois socles. Il est dit de sexe femelle (nkak)105(*).

    Le premier tambour a été fabriqué en 1965 par l'artiste Tagne dit Sa'a Foko Wabo dans son atelier à Soung. Il en a fait don au roi Kanga II non seulement pour renforcer le trésor royal mais aussi pour témoigner sa gratitude en vertu de la formation d'artiste reçue au palais. Le deuxième tambour (ntem ) est l'oeuvre du maître Talieubu réalisée à l'atelier royal en 1926. Cet instrument était utilisé au palais pour diverses manifestations. Le roi Kamga II aimait bien en jouer pour manifester sa joie en compagnie de son peuple ou encore démontrer son talent de grand batteur sur la place du grand marché106(*).

    Photo 15: le Tambour à fente horizontale (Lam)

    Source : Cliché Simo Djilo le 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.

    Ce Tambour (Lam)Vest très différent des autres illustrés plus haut. Cette catégorie est formée d'un bois creusé qui s'achève aux extrémités par des figures humaines ou animales. Pour jouer à ce tambour, il fallait impérativement aux joueurs, deux bâtons pour frapper le long horizontal du tambour. Albertin Koupgang affirme à cet effet : « Il était utilisé lors des diverses manifestations surtout par le Lali, Société de classe d'âge animant la danse du même nom, dont l'objectif était d'effectuer les travaux d'intérêt commun et initier les jeunes au métier des armes »107(*).

    v La cloche (kwuifo)

    D'après Lazare Kengne, cet instrument de musique est l'un des objets du patrimoine culturel Bandjoun qui revêt un double caractère : le caractère musical ou physique et le caractère mystique108(*). D'ailleurs, il ajoute : «  lorsqu'un objet du pays (Bandjoun) ou kwuifo doit être réalisé dans un atelier, très tôt le matin, toutes les routes qui donnent accès à ce site doivent être fermées car ce sont des objets qui ne se fabriquent pas aux yeux de tous ». 109(*)

    C'est donc un instrument à qui n'est utilisé que par quelques sociétés secrètes.

    Photo 16: La cloche (Kwifo)

    Source : Cliché Simo Djilo 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun

    Cet objet a vu le jour à la chefferie Bandjoun avec le développement de la forge. Cette cloche a un caractère religieux et associatif. Ces cloches étaient soigneusement gardées et apparaissaient généralement en double110(*). C'est pourquoi même son exposition au musée royal est interdite.

    v Les hochets (mtchoua)

    Photo 17: un hochet (mtchoua)

    Source : Photo Simo Djilo 14- 03- 2019.

    Cet autre instrument de musique jouait le rôle d'accompagnateur. Il était fabriqué à base du raphia. A l'intérieur se trouvait des graines ou des pièces métalliques servant à produire le son ou du bruit lorsqu'ils sont secoués. Ils étaient utilisés pratiquement dans toutes les parades musicales de la chefferie112(*).

    Il convient de préciser que c'est pendant le déroulement d'une danse traditionnelle qu'on pouvait découvrir le faste du patrimoine matériel musical de la chefferie Bandjoun. La carte photo ci-dessous tirée des archives de la chefferie Bandjoun justifie notre assertion.

    Photo 18: Parade d'une danse traditionnelle à Bandjoun en 1925.

    Source : les archives de la chefferie Bandjoun consultés le 26- 01- 2019.

    Sur cette photographie, on peut apercevoir clairement le tambour de sexe mâle ( Ntem), le tambour de sexe féminin (Nkak), la double cloche ( Kwuifo). Cette photographié a été réalisée en 1925. Il s'agit là des joueurs de la société sécrète dénommé enyeleng113(*). Les autres instruments de musique sont placés en annexe de notre travail.

    2.1.3 Les objets de la vie quotidienne.

    Quelques objets caractérisant le cycle de la vie (naissance, maturité, mort) étaient utilisés dans la vie de tous les jours et/ou dans divers rituels: greniers externes, ustensiles de cuisine, parures, costumes, étoffes, objets cérémoniels, etc. Le cadre de la vie ayant évolué au cours de l'histoire, les productions plastiques employées ont connu des changements.

    v Les greniers externes ( nkien)

    Photo 19: Un grenier externe (nkien)

    Source : Cliché Simo Djilo 14- 03- 2019 à Hiala.

    Cet élément patrimonial de la vie quotidienne Bandjoun est une fabrication qui date de la fin du XIXème siècle114(*). Il est réalisé à base du bambou raphia (nden). Les morceaux de bambous sont reliés par des lianes de raphia (ndu).Wafo Jean nous rappelle que ces greniers étaient construits par le peuple Bandjoun dans l'optique de prévenir une éventuelle disette115(*).

    v Les ustensiles de cuisine : Mortier (cup po'o) et paniers (Touo sock), Calebasse ( Tu'schie)

    Photo 20 : les ustensiles de cuisine

    Source : Archives de la chefferie Bandjoun consultées le 26-01-2019.

    Le premier objet est le mortier (cup po'o). Ce type de mortier était réalisé par les artisans Bandjoun qui faisaient usage de la terre cuite. Ce style de calebasse orné par des lézards sculptés était la propriété exclusive de la lignée princière, les chefs vassaux et des notables de haut rang comme les Wabo116(*). Ce mortier était destiné à mettre du taro accompagné d'une sauce jaune (na'po) ou d'une sauce noire (na ké) très appréciée à Bandjoun et dont la tradition orale révèle qu'il était destiné aux notables et aux grands dignitaires117(*).

    Le second ustensile est un panier ( Touo sock). Il a été réalisé à base des lianes de raphia. D'après Touomkou Marguerite (épouse du roi Kanga II) cité par Albertin Koupgang, ce panier aurait appartenu à l'une des épouses du roi Fotso II qui l'utilisait pour conserver les condiments de cuisine. Son utilisation de nos jours est rare.118(*)

    Enfin le troisième objet est une Calebasse (Tu'schie). Elle était fabriquée au départ à l'aide d'une espèce végétale dénommée melon (pouo). Apparu avec la fondation du Royaume notamment avec Notuegom, cette calebasse était utilisée pour administrer un médicament appelée le kwé Todjom (l'herbe du todjom)119(*).

    2.1.4 Les objets de forge

    La forge était au coeur de la production artistique de la chefferie Bandjoun. D'ailleurs, le musée de cette chefferie est bâti autour d'une idée centrale qu'est la forge.120(*)Cette activité avait permis aux forgerons de bâtir entre le XIXe et le début du XXème siècle un riche patrimoine matériel composé des lances, des flèches, des pièges, instruments de musique...

    Kengne Sébastien nous a révélé dans un entretien que la forge était une activité sacrée et c'est la raison pour laquelle il fallait accomplir certains rites d'initiation pour exercer cette activité aisément121(*). Cette activité était l'une des plus prestigieuses à la chefferie Bandjoun. La forge était au centre de la vie politique, de la vie économique et même de la vie sociale. La matière première était importée à la chefferie Bandjoun et tous les monarques pendant leur règne y ont consacré beaucoup d'attention. Les réalisations de la forge ont contribué à la construction de la puissance et du prestige de la chefferie Bandjoun. Elle se faisait dans un endroit spécifiquement aménagé pour elle appelé l'atelier du forgeron telle que nous présente l'image suivante :

    Photo 21: Atelier du forgeron Tienou Flaubert

    Source : Cliché Simo Djilo le 26-04-2019 à Famleng Topo.

    Cet atelier traduit pratiquement l'allure de l'atelier des premiers forgerons de la chefferie Bandjoun. Les principaux outils constitutifs de l'atelier étaient : le foyer, le souffleur, les pierres d'accueil du fer chauffé, des vêtements de protection...

    Photo 22: Quelques productions de la forge

    Source : Photo Simo Djilo 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.

    Ces deux images mettent en relief les produits de la forge Bandjoun oeuvre des puissants forgerons ayant marqué l'histoire cette chefferie. La première présente les grandes catégories de pièges à gibier et la seconde des bouts de tranchants destinés aux activités agricoles ou à la fabrication des lances de guerre. Selon Ambroise, Nouaye Taboue, « cette activité se faisait sous le contrôle du roi. C'est pourquoi ils devaient se rencontrer tous certains jours spécifiques à l'atelier royale pour fabriquer les objets du roi, de ses épouses ou des sociétés sécrètes ».122(*)

    Par ailleurs, il précise que la matière première était apportée à la chefferie par les commerçants qui allaient du coté de Mbouda ou Ndop123(*). Le jour du travail à l'atelier royal, le monarque chargeait des serviteurs ou quelques épouses d'apporter de la nourriture aux travailleurs. Cependant, il convient de préciser une fois de plus avec Nouaye Ambroise que «  les guerres et les menaces que le royaume a connues sous Kaptué permirent l'émergence des familles des grands guerriers au service du fo. La conséquence directe sera la création des grandes forges autour de ces familles et l'accroissement du rôle du forgeron dans le royaume »124(*).

    2.2 LE PATRIMOINE PRECOLONIAL IMMATERIEL BANDJOUN

    Cette autre composante du patrimoine culturel Bandjoun était tout aussi riche que celui du patrimoine matériel. Ainsi, nous allons nous appesantir sur le patrimoine sur les aspects tels que : de la langue, les sociétés sécrètes, les rites, le système religieux, les danses traditionnelles.

    2.2.1 Les sociétés secrètes (nkem)

    Elles constituaient l'un des piliers fondamentaux du patrimoine culturel immatériel Bandjoun bien même avant l'arrivée des colonisateurs. Ces sociétés s'affirmaient par leur diversité et cette diversité trouve sa raison d'être dans les guerres d'expansion de la chefferie Bandjoun depuis la fondation par Notchwegom au XVIIème siècle et surtout la conservation des valeurs culturelles des royaumes vassaux. Elles s'assimilent aux différents groupes de danses traditionnelles. Ces sociétés secrètes désignent un ensemble d'individus constitués en groupes culturellement organisés. Leurs objectifs sont clairement définis par Ambroise Nouaye et Albertin Koupgang : «  Permettre à l'individu de trouver sa vraie place dans la société ; défendre le royaume et protéger la communauté de toutes sortes d'attaques y compris mystiques ; rechercher le bien-être de l'Individu et préparer sa retraite par l'épargne à travers des groupes d'entraide ; impliquer la population dans la prise des décisions concernant la gestion des personnes et des biens, contrôlant ainsi les velléités de dictature du roi, qui dès lors se trouve régulièrement sous la surveillance de ces associations ; Maitriser les forces occultes et les utiliser à des buts multiples »125(*). Il ressort donc clairement que l'épanouissement de l'Homme était l'objectif général des sociétés sécrètes même si pour d'autres témoins rencontrés ces dernières étaient quelques fois constituées des individus de mauvaise foi qui en profitaient de leur qualité de membres d'une société sécrète pour des fins maléfiques et nuisant. Plus loin, Guifo Michel, membre de la société secrète Lali du quartier Mbouo, nous révèle qu'abriter une société secrète dans sa concession n'était pas une émanation personnelle mais au contraire était réservé à une catégorie sociale. A titre illustratif, le nye était l'affaire exclusive des foto et quelques wabo126(*).Il existe plusieurs critères de classification des sociétés sécrètes cependant la classification faite par Ambroise Nouaye et Albertin Koupgang semble la plus précise. Cette classification distingue les sociétés secrètes ou les nkem de la lignée royale, les nkem des serviteurs et de leurs héritiers et les nkem accessibles aux simples habitants sans titre les nkem communs à toutes les catégories sociales127(*). La chefferie Bandjoun disposait plus d'une dizaine de sociétés secrètes dont quelques-unes sont :

    v Le nkamvu'u

    Le nkamvu'u était la société qui regroupait les neuf notables. Cet organe avait un rôle consultatif, religieux, administratif et politique. Tabue Emmanuel nous rapporte que ces neuf notables sont les descendants des neuf compagnons du fondateur de la chefferie Bandjoun128(*). Ambroise Nouaye et Albertin Koupgang ajoutent que ces neuf notables dans le nkamvu'u étaient assistés par quelques personnalités importantes parmi lesquelles les kuipo et mafo mais elles n'avaient pas de voix délibératives dans les assemblées129(*). De manière plus explicite, cette société secrète avait pour rôle de désigner le successeur du fo défunt, décider de la paix et de la guerre du royaume, assurer le contrôle des autres sociétés secrètes.130(*)

    v Le Nyeleng

    Parmi les sociétés sécrètes qui disposent une case culturelle à la place de la chefferie Bandjoun est la société Nyeleng. Les conditions d'adhésion et les fonctions en faisaient d'elle une société secrète importante.

    Photo 23: case de la société sécrète Nyeleng

    Source : Cliché Simo Djilo le 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.

    Une attention particulière sur l'expression littérale permet de remarquer la terminologie leng appellation en langue locale de Baleng, chefferie mère de la chefferie Bandjoun. Les deux images ci-dessus montrent les cases rituelles de cette société sécrète. On peut faire le constat selon lequel les cases sont de dimensions modestes et situées sur la place des manifestations publiques du royaume. Dans celles-ci, on retrouve le lam (Tambour horizontal), qui est gardé dans cette maison rituelle.

    Photo 24: Membres de la société Nyeleng

    Source : Koupgang, A et Nouaye, A-F., « Les Sociétés secrètes de Bandjoun »..., p.125.

    L'observation directe de la photo ci-dessus fait ressortir le constat suivant : les membres arborent des cagoules appelés pfuee nyeleng. D'après la tradition, cette association intervenait lors des obsèques d'un fo, d'une reine ou d'un membre du nkamvu'u. C'est elle qui conservait d'ailleurs l'objet musical sacré kwi'fo(double cloche).Elle battait également lentem (tambour à membrane/ tambour de sexe mâle)et lelem. Elle admettait aussi des femmes notamment la première épouse du fo, et la reine mère du fo.

    v Le Ku'ngang 

    C'est une société secrète qui, selon la tradition orale proviendrait de Bapa. D'après la tradition orale de Tatuénè, l'un des grands fondateurs de la lignée des guérisseurs Bandjoun, cité par Koupgang Albertin et Nouaye Ambroisse, affirment : «  exploitant l'écorce magique de son épouse Medzemgno venu de Bapa, Tatunenè aurait fondée cette société à caractère mystique et serait devenu le grand maitre du rite du ku'ngan »131(*)Ainsi, d'une manière plus simple, cette association organisait des rituelles suite au décès d'un de leurs membres ou lors des obsèques d'un roi Bandjoun. La dernière sortie de cette société sécrète fût en 2004.132(*)

    v Le mwela

    C'est une société très ancienne qui date de la fondation de la chefferie Bandjoun. Elle était formée des descendants du fo. Elle était en quelque sorte une société transitoire pour accéder au nyeleng. Cette société secrète participait à la régulation des pluies et participait aussi à l'ouverture de la cérémonie du kè.132(*)

    v Le kemdje

    Cette société sécrète était très redoutable à Bandjoun. Elle était considérée comme étant la gardienne des coutumes. L'image suivante met en exergue une parade de cette société secrète à l'esplanade de la place des fêtes de la chefferie Bandjoun en 1948.La dernière sortie de cette société secrète était en 2003133(*). Leur accoutrement démontre à suffisance le caractère mystique et sacré de cette société culturelle. Revêtis de peaux de panthères, des cornes de boeufs ou d'ivoires d'éléphants, cette société sécrète exécute les danses culturelles avec le visage toujours couvert. Il faut préciser aussi que cette société ne présente sa parade que lors des évènements exceptionnels tels que les funérailles d'un roi Bandjoun, la sortie du roi au la'kam...

    Photo 25: société secrète Kemdje

    Source : Koupgang, A et Nouaye, A-F., « Les Sociétés secrètes de Bandjoun », ..., p.129.

    2.2.2 Un système religieux calqué sur le modèle des peuples des Grass-fields.

    La religion est une grande une grande branche culturelle sur laquelle se greffent plusieurs éléments constitutifs du patrimoine culturel immatériel. Contrairement aux affirmations européocentristes qui niaient toute existence d'une religion africaine, on constate de nos jours que les littératures, les discours de plus en plus récents démontrent que l'Afrique avant le contact avec l'extérieur avait développé un puissant système religieux. C'est à cet effet que Dominique Zahan, affirme : « Si l'on compare la dévotion des africains aux sentiments religieux de l'européen occidental, on a l'impression qu'il n'ya pas de commune mesure entre eux, pas plus qu'entre les exigences de l'âme des fidèles »134(*). Le système religieux Bandjoun qui caractérisait Bandjoun correspond à la description faite par le révérend père Engelbert Mveng. « L'Homme est ainsi au centre d'un triangle dont le sommet est occupé par un être suprême et la base d'un côté par les dieux et l'autre par les ancêtres »135(*). Ce patrimoine religieux Bandjoun fonctionnait ainsi qu'il suit :

    Ø La croyance en un Dieu unique appelé Si

    Les Badjoun croyaient en un seul Dieu créateur de toute chose et dont on ne peut faire une représentation. Cette croyance était tellement encrée dans les traditions au point où on rattachait l'expression Siaux appellations des fo. A titre illustratif si Notouom (Dieu deNotouom,) tuep si (Place de Dieu)... Guamgne Therèse nous rapporte qu'il a plusieurs caractéristiques :il est Omniscient, Omnipotent, Omniprésent136(*).

    Ø Le culte des ancêtres.

    Les Bandjoun comme tout autre Bamiléké et même africain croyait que les morts n'étaient pas morts. Ils croyaient fermement que les ancêtres étaient non seulement des dépositaires des traditions mais aussi un intercesseur par excellence auprès de Si. Jean Paul Notue précise que le culte des ancêtres est une pratique assez originale qui réside absolument dans la conservation des reliques. Il déclare : «Lecrâne du défunt était religieusement conservé et recevait des offrandes »137(*). Ce culte des ancêtres est ce que Fouellefak Kana Célestine appelle dans son travail « la notion d'intermédiaire » en évoquant l'organisation religieuse du peuple Bamiléké en général. Elle soulignait par ailleurs que «  Dans l'Afrique traditionnelle, les ancêtres se présentent comme les gardiens de la tradition, d'une chaîne de valeurs transmises de génération en génération »138(*).

    Ø Les Offrandes- Prières- Sacrifices-Invocations

    Depuis la fondation de la chefferie Bandjoun, ces cérémonies ont toujours animé la vie religieuse du peuple Todjom. Elles étaient les facteurs déterminants d'établissement d'une relation harmonieuse entre un fils ou une fille Bandjoun, les ancêtres et Si. D'abord parlant des prières, elles étaient généralement collectives et se faisaient à des circonstances particulières telles les naissances, la mort, le mariage, la maladie, de morts anormales et surtout en période de guerre. Fotso Leonard dit Sa'a Fotso Tadjuego nous précise que lorsqu'un membre d'une famille mourrait dans des conditions peu élucidées, le chef de famille faisait cuire une viande qui, après cuisson, était mise dans une calebasse (cup po'o). Commençant par lui, chaque membre de famille prenait un morceau. Après cette communion, tous se tenaient par la main en formant un cercle fermé récitaient la prière suivante :

    Le chef de famille : Nous nous réunissons ainsi dans le cadre du cercle familial devant Dieu et devant notre ancêtre (il prononce le nom de l'ancêtre.) Devant qui ?? Relance-t-il. L'Assistance répond : Devant Dieu et devant notre ancêtre. (En prononçant le nom de l'ancêtre. Le chef de famille : Si notre frère ou notre soeur est malade ou décédé (e) et que quelqu'un a quelque chose à y voir à cette situation, il donne quoi ? L'Assistance répond : Il donne sa tête ou il paye avec sa tête. . 139(*)

    Le sacrifice qui était pratiqué à la chefferie Bandjoun avait pour vocation de renforcer le lien entre les populations et les êtres surnaturels. L'originalité du sacrifice qui était fait à Bandjoun résidait dans le sang qui coulait. Le sacrifice généralement prenait la forme d'un repas sacrificiel prescrit par les prêtres et prêtresses. Une fois de plus Fouellefak Kana Célestine en abordant le système religieux Bamiléké lève une équivoque au sujet de ce repas. «  C'est un repas symbolique puisque ceux qui le font savent que les crânes des morts ne mangent pas, mais que Dieu, les parents morts ou témoins de leur bonne volonté d'avoir gardé les liens de fidélité avec les morts [...] C'est un acte de réparation et de restauration des liens avec Dieu à travers les ancêtres»140(*). Dominique Zahan renchérit : «  Bien plus, le sacrifice est la clef de voûte de cette religion, il constitue la prière par excellence, celle à laquelle on ne saurait renoncer sans compromettre gravement les rapports entre l'homme et l'invisible car qui dit sacrifice dit sang s'écoulant des bêtes égorgées ».141(*)

    Les offrandes à la chefferie Bandjoun d'après la tradition orale ont une origine très lointaine. D'ailleurs, l'un des monarques était réputé pour ses multiples offrandes à Si à travers le pum tsé. 142(*)L'offrande avait un caractère purement généreux qui traduisait le degré d'amour, de solidarité de celui qui l'offre. Ces offrandes étaient composées principalement de l'huile de palme, du vin, de l'eau, du sel, des viandes d'animaux domestiques tels que les chèvres, poules, moutons, les produits agricoles tels le maïs, le plantain, le pistache.

    Les offrandes, le sacrifice et les prières s'accompagnaient automatiquement des invocations et se faisaient dans des lieux saints ou sacrés appelés Tuep si. Moudze Paul dit sa' Wato chef de la concession Sa'a Wato au quartier Mbouo Bandjoun nous renseigne que ces lieux saints étaient présents pratiquement dans toutes les concessions du village143(*).

    Photo 26: lieux sacrés ( tuep si)

    Source : Cliché Simo Djilo le 12- 01- 2019 à Hiala.

    Les deux images illustrent parfaitement ce que nous pouvons appeler les temples religieux à Bandjoun. La première image est un tuep si communautaire tandis que la seconde image est l'illustration d'un tuep si individuel.Les deux lieux saints sont parsemés par cette espèce végétale symbolisant la paix (feken), des pierres formant pratiquement un cercle. Le premier lieu sacré est situé en bordure d'une grande route et le deuxième à l'intérieur d'une concession familiale. Le premier tuep si étant communautaire tandis que le second est familial. Ces deux lieux saints situés pratiquement à l'ouest de l'entrée de la chefferie auraient été fondés par des grands dignitaires sous l'ère du roi Fotso I.

    2.2.3 Le kè (Magie)

    A Bandjoun il existe plusieurs légendes qui ont trait à la divination, la malédiction (ndo') et à la maitrise et la manipulation du monde métaphysique. Cette manipulation est ce que nous appelons kè. A ce sujet, Pierre Harter écrit : «  Le fo et son conseil (nkamvu'u) possèdent des pouvoirs surnaturels. Ils ont la faculté de se transformer en animaux féroces ou en phénomènes naturels (tonnerres, éclair, tempêtes, arc-en-ciel »144(*).

    C'est donc ce pouvoir difficile à cerner qui constitue le véritable élément constitutif du patrimoine culturel immatériel et matériel. Maillard Bernard ajoute : « le représente la puissance surnaturelle de vie et de fécondité, le pouvoir de posséder un double et de se transformer en cas de nécessité en animal, en force de la nature ; le pouvoir qui fonde la force mystique du fo, des neuf notables, des membres de certaines sociétés sécrètes ; le pouvoir de faire tomber ou d'arrêter la pluie, de lancer la foudre, de diviser un cours d'eau en deux. On peut comparer le à ce pouvoir des prêtres chez les anciens égyptiens »145(*). Même si les auteurs semblent insister sur le caractère positif et protecteur du kè, il convient de préciser que certaines couches de la population Bandjoun n'appréhendent plus cette puissance dans la même logique.

    Le n'était à la disposition de tout le monde. Ceux qui en possédaient portaient le titre de ghèkè. Ils se laissaient définir à travers plusieurs objets sacrés tels que les pipes, les sacs, les bracelets, les trônes. Etc.

    Photo 27 : masque sacré du kè

    Source : Notué, J-P., « Le royaume de Bandjoun( Leng Djo ou Gung a Djo) : Histoire, contexte de la création artistique, art et tradition dynamique »..., P. 62.

    Ce masque est un objet du patrimoine d'une sous-chefferie Bandjoun notamment la chefferie Mewè. Il a été emporté à la chefferie après une guerre de coquète conduite par le monarque Fotso I entre 1825-1875.146(*)

    Le à Bandjoun était étroitement lié au Totem (Pi). L'individu et l'animal formaient ainsi un seul corps. Jean Paul Notué écrit à ce sujet : « le pi est le double animal d'une personne humaine. Celui-ci vit en brousse ou dans l'eau mais participe aussi à la vie de l'homme dont il est le pi. Si l'un tombe l'autre chute avec lui »147(*). Le pi est choisi parmi les grandes espèces animales au rang desquelles les panthères, les crocodiles, serpents...

    2.2.4 Les rites et l'éducation

    Ceux-ci constituent également le soubassement du patrimoine culturel immatériel Bandjoun. La construction et la consolidation progressive de la chefferie Bandjoun depuis sa fondation s'est accompagnée d'une moralisation sociale conduisant à l'adoption de plusieurs rites et des valeurs du point de vue social et éthique. Grâce à notre enquête de terrain nous avons relevé les rites les plus significatifs suivants :

    Ø Le rite de naissance

    Chez le peuple Bandjoun tout comme les autres peuples Bamiléké, la naissance est le point de départ d'une vie existentielle. A chaque naissance à la chefferie Bandjoun était organisé un rituel spécifique. Selon Zephirin Simo, ce rituel consistait à couper le cordon ombilical du nouveau-né et l'enterrer entre des rejetons de bananiers de la chefferie. Par ailleurs l'enfant était ensuite purgé par une herbe de ralliement au village appelé todjom.148(*)

    Ce rituel devenait plus complexe lorsqu'il s'agissait des jumeaux (hack). Pour parler des jumeaux dans le contexte Bamiléké en général, Luc de Heuch affirme dans son article « les rites se compliquent encore plus lorsqu'il s'agit des jumeaux dans cette zone culturelle car ils sont des êtres mystérieux et sacrés »149(*) C'est pourquoi on les appelait communément po'o si ou po'o nye. (Enfants de Dieu ou enfants du nye) et leurs parents teku' et meku' respectivement pour le géniteur et la génitrice. On comprend pourquoi la naissance d'un enfant et particulièrement la naissance des jumeaux devenait une occasion festive communautaire signe d'accueil et d'intégration du Nouveau-né dans la société.

    Ø Rite de mariage ( tchouop lou)

    Plusieurs études sociologiques, anthropologiques et ethnologiques menées dans les hautes terres de l'Ouest ont produit une littérature assez fournie sur le rite de mariage en pays Bamiléké en général et Bandjoun en particulier. Selon Tabeko Lionel et Teta Innocent le rite de mariage avait pratiquement une double connotation à savoir une connotation religieuse et une autre sociale. Ce rituel qui se faisait en présence des deux familles se déroulait selon un ordre liturgique assez complexe mais ordonné dont le point culminant était l'échange des voeux et la bénédiction150(*).

    Ø Le rite d'initiation du fo

    Ce rituel était accompli par le successeur du défunt fo.Selon Albertin Koupgang, ce rituel débute avec l'arrestation du nouveau fo lors d'une cérémonie traditionnelle de lamentations du défunt fo.Le rite d'initiation se déroule pendant neuf semaines dans un lieu sacré appelé la'kam. Le contenu du rite est tenu secret mais quelques informations que nous avons obtenu de quelques notables sont les suivantes : pendant cette période d'initiation, il s'attèle à la manipulation du pi, l'intégration des charges du royaume, la connaissance de certains secrets traditionnels151(*)...

    Ø L'éducation

    Il est important de ne pas confondre l'instruction à l'éducation. Le premier concept étant étroitement lié aux connaissances livresques tandis que le second renvoie à l'acquisition des savoirs, savoir-faire et surtout savoirs-être. Plusieurs monarques Bandjoun se sont battus activement pour l'édification d'une chefferie porteuse de valeurs morales et éthique. Par le truchement d'une cohésion sociale, Bandjoun était l'une des capitales moralistes et éthiques dans les Grass-fiels.152(*)

    A titre d'exemple, nous pouvons citer Le roi KAPTO. C'est lui qui renforça le rôle social des nkam-si, (prêtres, moralistes, prophètes de la région), le sens du sacrifice et de la moralisation. Il présidait aux rites et faisait chanter les cantiques de bénédiction pour les bons et les cantiques de malédiction pour les méchants. Sanctionnait sévèrement la fornication, l'adultère, le suicide, l'homicide, le vol, les crimes politiques, la trahison... les complices de la fornication étaient, lorsque la fille avait conçu, chassés du village et vendus loin comme esclaves. Les voleurs étaient traînés à travers le marché par la police et conduits en prison. Les suicidés n'avaient pas droit à la sépulture familiale. Les autres crimes étaient condamnés à la peine de mort. KAPTO n'y allait donc pas de main morte et son pays (village) lui reste reconnaissant pour l'avoir sauvé du naufrage de la corruption et de la dépravation des moeurs153(*).

    On peut aussi prendre l'exemple du roi FOTSO I, qui, tout en affirmant l'unité d'action de Dieu et de sa foi en Dieu, implémentait la devise : Fotsopugun Fotso pegun (Le roi et le peuple, la main dans la main construisent, gouvernent le royaume). Il fut aussi l'un des ambassadeurs de la paix154(*).On peut également souligner d'autres rites non négligeables qui étaient pratiqués dans la chefferie Bandjoun notamment le rite de veuvage (fock), le rite de purification (sock tchié), rite de suppression de la malédiction (té ndoh)...

    2 .2.5 Un hymne

    Entre 1775-1825 Bandjoun sous le règne KAMGA I avait déjà un essai d'hymne qui inspirait les idéaux de bravoure, de ténacité, de courage et de patriotisme. Nous avons quelques extraits dans les archives de la chefferie Bandjoun. Nda' mpfu pfu ka mo tak nkà sè (bis), même si je meurs, que personne ne manque la guerre de nkà sè,.Tak te nen pfuka mo tak nkà sè si je suis vivant, que personne ne manque la guerre de nkà sè.155(*) Il convient de préciser que de nos jours Badjoun possède un chant de ralliement inspiré des idéaux ci-dessus.

    CONCLUSION

    Au terme de ce chapitre, nous avions pour ambition de vérifier l'hypothèse selon laquelle Bandjoun avant la période coloniale avait bâti un puissant legs patrimonial tant dans la dimension matérielle que dans la dimension immatérielle. Il ressort clairement que grâce à la diversité des origines des artistes du royaume, le peuplement progressif, un milieu naturel assez favorable, la production culturelle matérielle de la chefferie Bandjoun s'est affirmée au coeur du patrimoine culturel Bamiléké. Cette production du patrimoine matériel était visible dans tous les aspects de la vie du peuple Bandjoun. On a pu constater que ce patrimoine culturel matériel était composé des objets sculptés, de la vannerie, de la poterie, des produits de la forge, les instruments de musique, les objets de la vie quotidienne, les objets de l'art du corps etc. Par ailleurs, la richesse du patrimoine culturel immatériel de cette entité politico-traditionnelle reposait sur les piliers tels que les sociétés sécrètes, les danses traditionnelles, les rites, les valeurs morales et éthiques et surtout l'univers religieux. Dès lors, la question que l'on peut se poser est la suivante : qu'est devenu ce patrimoine culturel Bandjoun ?

    CHAPITRE III : LES FACTEURS DE LA DESTRUCTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN

    INTRODUCTION

    S'il existe une vérité sur laquelle les auteurs camerounais et étrangers tels que Jean Paul Notué, Jacques Marquet, Perrois Louis, Raymond Lecoq, Lamb, sont unanimes, c'est la diversité et la richesse du patrimoine culturel Bandjoun à l'aube du XIXème siècle. Malheureusement, une observation minutieuse au début du XIXème et du XXème siècle expose une triste réalité. Un constat assez amer se dégage : ce patrimoine culturel a traversé et continue d'ailleurs de traverser des périodes les plus obscures de son existence. Alors, notre objectif dans ce troisième chapitre est de déceler les racines ou les véritables mobiles de la dégradation progressive de ce patrimoine culturel qui a perdu la quasi-totalité de sa noblesse d'antan. Pour une approche judicieuse de ce chapitre, nous l'avons subdivisé en deux parties à savoir les facteurs exogènes et les facteurs endogènes.

    3.1 LES FACTEURS EXOGENES DE LA DESTRUCTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN

    Dans la logique de ce travail, nous appréhendons les facteurs exogènes comme l'ensemble des mobiles responsables du pillage du patrimoine culturel matériel ou du recul progressif du patrimoine culturel immatériel mais qui sont externes à la chefferie Bandjoun. D'une manière plus simple, il s'agit des facteurs qui n'émanent pas de la responsabilité du Royaume Bandjoun dans la destruction de son patrimoine culturel. Dans ce registre nous avons rangé les alinéas naturels, les guerres d'occupation, le facteur religieux, l'administration coloniale, la guerre d'indépendance et la modernité.

    3.1.1 Les aléas naturels

    La nature et ses différents caprices exercent un choc assez important sur le patrimoine culturel matériel Bandjoun. Les eaux de pluies et quelques animaux rongeurs participent d'une manière considérable au pillage du patrimoine culturel Bandjoun notamment et le patrimoine matériel. Les images qui suivent démontrent clairement l'action des alinéas naturels sur la destruction du patrimoine culturel Bandjoun.

    Photo 28: Un tambour horizontal (ndu') attaqué par les eaux de pluies

    Source : Cliché Simo Djilo 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.

    Cette photo laisse apparaitre clairement une colonne de pluie qui s'est tracée vers l'extrémité gauche du Tambour. Il est donc évident qu'avec le temps, le décor esthétique de ce legs ancestral sera complètement modifié. Ce tambour est placé dans l'une des petites cases de la place du grand public appartiendrait à la société sécrète Nyeleng.

    Photo 29: Cadre de porte rongé par les termites.

    Source : Cliché Simo Djilo 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.

    Ce cadre de porte est celui de l'une des cases appartenant à une épouse du chef Bandjoun Kanga I156(*). Située juste du côté gauche de l'entrée principale de la chefferie Bandjoun, cette case est abandonnée et comme l'atteste davantage l'image ci-dessus, les termites ont pratiquement réduit à néant cette oeuvre architecturale.

    3.1.2 Les guerres d'occupation territoriales en pays Bamiléké : le cas des Bali-Chamba

    A Bandjoun, tout comme dans les autres entités traditionnelles Bamiléké, l'établissement et la consolidation se sont faites au gré des guerres. C'est du moins le constat fait par Dikoumé Albert et Ngoufo Sogang. «  L'occupation de l'espace fut d'ailleurs consécutive à une série de guerre internes. C'est à la suite de ces conflits qu'on est arrivé à la stabilisation des chefferies à leur état actuel »157(*). Il donc est évident que la constitution des chefferies traditionnelles en pays Bamiléké en général et dans la sphère Ngomala'a (sphère culturelle à laquelle appartient la chefferie Bandjoun ) en particulier, a été une serie de conquêtes et de reconquêtes. Alors, ces guerres de conquêtes et de reconquêtes de l'espace ont été fatales pour le patrimoine culturel Bamiléké en général et Bandjoun spécifiquement. Nous pouvons évoquer dans ce cadre le cas spécifique de L'invasion des Panye ou Bali Chamba.  

    Ce sont des guerriers pillards qui seraient venus du nord. Il s'agit selon Mohammadou « De la faction Bali-Chamba dont l'intervention au Grassland et dans les environs du milieu du XVIIIème siècle est précédée par l'implantation peule dans le plateau de l'Adamaoua. Avec la création de Banyo et Tibati »158(*). C'est dans la première moitié du XIXème siècle que ces guerriers font irruption dans la chefferie Bandjoun à l'époque dirigée par le roi Kaptué159(*). L'entrée des Bali-Chamba terrifia les défenseurs Bandjoun qui étaient surpris de l'existence des chevaux qui selon eux étaient des êtres surnaturels. Pris par l'assaut de l'ennemi, le roi Kaptué, dépositaire du patrimoine culturel, s'enfuit à Bansoa où il trouva refuge avec ses compagnons. Malheureusement, le roi Bansoa conçut un plan diabolique contre Kaptué et ses Compagnons. Ce plan consistait à les capturer et les vendre comme esclaves. Heureusement, avertis par un notable Bansoa nommé Decha, Kaptué et ses notables durent se réfugier à Batié160(*).

    L'invasion des Bali-Chamba a été catastrophique pour la chefferie Bandjoun. Wabo Tekam nous révèle qu'une bonne partie du trésor royal sacré aurait été déporté par le roi Kaptué lors de sa fuite et une autre partie aurait été donnée aux chefs voisins qui avaient aidé Bandjoun dans sa libération161(*). Cette action de pillage du patrimoine culturel Bandjoun est irréfutable si nous nous en tenons aux caractéristiques des invasions des Bali-Chamba : «  Elles se caractérisaient par l'effet de surprise, la violence et dans certains endroits par la méthode terroriste avant la lettre »162(*).

    Il convient de préciser que Bandjoun a aussi livré plusieurs guerres d'occupation et d'expansion territoriale avec les Bamoun, les Bameka, Bamougou, Bahouang... sous l'impulsion du grand conquérant Kamga I. En effet, ces batailles se situaient dans le processus de vassalisation. D'une manière significative, ces batailles ont été drastiques pour le patrimoine matériel de la chefferie Bandjoun. On peut citer par exemple la destruction de cases traditionnelles, la déportation des objets royaux...

    3.1.3 Le facteur religieux

    Il est aujourd'hui établi que l'implantation de l'évangile est un facteur important dans la disparition du patrimoine culturel immatériel du peuple africain en général et Bandjoun en particulier. En effet, dans un entretien à nous accordé par Teku Marcel, il donna ses impressions sur l'impact de l'évangile à Bandjoun en ces termes : «  nouosi lé bopte ko'o lah » ( L'évangile de Dieu a détruit la tradition »163(*). Il signifie ainsi le rôle joué par la religion dans le processus d'aliénation et d'acculturation du peuple Bandjoun. Après la prise du Cameroun par les allemands en 1884, ils entreprirent la conquête de l'hinterland. Ainsi, ils fouleront le sol de la chefferie Bandjoun en 1905 selon Jean Paul Notué164(*).

    Au départ, la rencontre des deux valeurs culturelles semblait être une symbiose et pourtant c'était le début d'une guerre de cultures qui pointait à l'horizon. C'est pourquoi Louis perrois et Notué  affirment dans leur ouvrage: « Dans un premier temps, ceux-ci respectèrent les institutions traditionnelles de Bandjoun et même renfoncèrent le pouvoir du fo comme ce fut le cas à Foumban avec Njoya . La population ne se rendit pas compte qu'elle tombait sous la domination d'une puissance étrangère».165(*)Le roi Fotso II étant favorable à l'éducation et à la présence allemande autorisa l'oeuvre missionnaire sur son territoire. Cet attachement se matérialisa par l'envoie de son fils Kamga à la mission catholique de Dschang et un autre Bopda à Bali166(*). Rapidement, la chefferie Bandjoun à travers le pacifisme manifeste de Fotso II, était devenue une terre fertile et appropriée à l'implantation du christianisme Occidental. A ce sujet Notué affirme : «  Bandjoun devint le théâtre d'une lutte et d'une concurrence entre les missionnaires protestants et catholiques pour l'évangélisation du royaume »167(*). Ce fût d'abord l'oeuvre de la mission de Bâle qui s'implanta à Djomhouo et dont le plus célèbre missionnaire était Spellenberg. La mission de Bâle sera remplacée après la première guerre mondiale par la mission de Paris. L'oeuvre de ces missionnaires a été déterminante dans le processus de régression du patrimoine culturel Bandjoun notamment dans sa dimension immatérielle. En effet les points saillants de l'édifice patrimonial immatériel étaient perçus par les missionnaires comme diaboliques et par conséquent devraient être abandonnés par les nouveaux convertis. Ainsi, la polygamie, le culte des ancêtres, les statuts, les calebasses conservatrices de reliques, les funérailles et plusieurs autres rites étaient fermement condamnés conséquence voués à l'abandon. A ce niveau on peut donc donner raison à Joel Bonnemaison qui déclare au sujet de l'évangélisation : «  Ils parachevèrent sans doute la destruction de l'ordre traditionnel, à leurs yeux, l'ordre païen, mais en contrepartie, ils s'efforcèrent de créer un ordre chrétien de substitution »168(*). Néanmoins il convient de préciser que ces missionnaires se sont engagés activement dans la mise en place des infrastructures routières, hospitalières et scolaires.

    3.1.4 L'administration coloniale

    Le rapprochement que nous faisons entre la destruction du patrimoine culturel Bandjoun et l'administration coloniale est très clair. Cet argument a pour ambition de prouver que l'administration coloniale précisément française a joué un rôle fondamental dans la rupture de l'ordre successoral considéré comme legs culturel de Bandjoun. A Bandjoun comme dans les autres monarchies Bamiléké, la transmission du pouvoir se faisait selon la loi de l'hérédité c'est-à-dire de père en fils. Seulement pour le cas de Bandjoun, l'administration coloniale française s'ingéra de manière significative. Louis Perrois et Notué nous renseigne ceci : «  Fotso II avant de mourir avait choisi comme successeur le prince Bopda formé à Bali. La désignation de Bopda pro-allemand et protestant n'arrangea guère les autorités françaises. Elles avaient pour favori Kamga Manewa , très populaire et formé à l'école française de Bana Catholique et interprète . Les notables respectant les souhaits de feu Fotso II avaient déjà interné Bopda comme héritier au la'a kamquand les autorités coloniales intervinrent, envahirent l'enclos rituel, chassèrent Bopda et proclamèrent Kamga comme chef légitime de Bandjoun ». 169(*) Cette situation plongea le pays Bandjoun dans une guerre civile opposant le clan de Bopda à celui de Kamga Manewa qui portera le titre de Kamga II.

    3.1.5 La guerre d'indépendance au Cameroun

    De 1955 à 1962, Bandjoun et le pays Bamiléké furent ravagés par une guerre provoquée par des luttes politiques lors de l'accession du Cameroun à l'indépendance. Des chefferies dans le pays bamiléké furent brûlées et des objets détruits ou pillés. Pour le cas spécifique de Bandjoun, faisant un rapprochement avec l'incendie de 2005, Jean Paul Notué affirme : « L'incendie du même quartier royal en 1959 fut six fois plus dévastateur (la grande case nemo de l'époque et des dizaines de maisons en plus d'objets furent consumés) plus meurtrier (plusieurs morts) et dans un contexte plus explosif (guerre civile et d'indépendance au Cameroun et surtout en pays bamiléké où certaines sources avancent plus de 400 000 morts »170(*).

    3.1.6 Le modernisme

    Avec l'avènement de la mondialisation et ses exigences, le patrimoine culturel Bandjoun se trouve pratiquement condamné à disparaitre. A titre illustratif :

    La mondialisation nous impose l'urbanisation c'est-à-dire le processus de création et de développement des villes. Ce processus doublé de la croissance démographique ne peut s'accomplir que par la mise en place des infrastructures routières, des logements et biens d'autres. Ces réalisations obligent la destruction d'une bonne partie du couvert végétal qui constitue pourtant le lieu par excellence de production des oeuvres d'arts. A titre d'exemple, le site d'implantation actuel des unités administratives de Bandjoun (sous-préfecture, la préfecture et la mairie) était un lieu autrement sacré car c'est là que le fondateur de la chefferie Bandjoun était décédé. 171(*)

    Par ailleurs, l'un des chariots transporté par la mondialisation est la concurrence. Cette concurrence qui s'opère également dans le domaine patrimonial et plus spécifiquement dans la dimension de la sculpture, de la forge et même du mobilier. En effet, face à la ruée des produits importés, les productions artisanales locales sont phagocytées. L'usage de la paille, du bois, du bambou ont cédé place au ciment, aux tôles... Ainsi, il en résulte de fois une architecture mixte. A ce sujet, l'artiste Emmanuel Tchoupo spécialiste du bambou nous rapporte ceci. «  Actuellement combien sont ceux qui s'offrent des matelas en herbe ? Construisent des maisons avec des toitures en paille ? » 172(*)

    Photo 30: Entrée de la chefferie Bandjoun après l'incendie 2005

    Source : https://www.google.com/search?q=musée+de+bandjoun

    Ces deux photographies présentent l'entrée principale de la chefferie Bandjoun au lendemain de l'incendie qui avait ravagé la chefferie en 2005. On peut remarquer l'ultra domination des matériaux modernes. Alors, on comprend que le patrimoine culturel rapidement tente de survivre aux assauts que lui impose le rythme de la modernité. C'est pourquoi en paraphrasant Sylvain Djache Nzefa on peut dire que les chefferies traditionnelles Bamiléké en général et Bandjoun en particulier en voulant l'adaptation au rythme croissant de la mondialisation ont fini par perdre la substance culturelle originale qui faisait leur particularité et leur spécificité173(*).

    En outre, la révolution des TIC, est devenue le principal mobile de recul du patrimoine culturel Bandjoun tant pour le patrimoine matériel que pour l'immatériel. L'avènement des téléphones, des radios, des télévisions et surtout d'internet a primé sur l'utilisation des moyens de communication traditionnel qui prévalaient à la chefferie Bandjoun. Aussi ces TIC ont importé et ont facilité l'intégration de certaines valeurs occidentales à Bandjoun qui sont diamétralement opposées aux valeurs du royaume telles : l'usage faible de la langue nationale, l'adultère, la soumission aux dérives de la mode... A ce niveau on peut comprendre pourquoi plusieurs artistes musiciens originaires du village Bandjoun dans leurs productions musicales insistent sur un retour aux valeurs culturelles174(*).

    3.2 LES FACTEURS INTERNES DE LA DESTRUCTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN

    Si l'argumentaire qui précède a montré à suffisance que la destruction du patrimoine culturel Bandjoun est le résultat des forces extérieures, il n'en demeure pas moins que cette destruction est davantage liée aux mobiles d'origine interne. Dans le sillage de ces facteurs internes, nous aborderons tour à tour la participation de Bandjoun au grand commerce entre le XV et XIXème siècle, les querelles de succession, la mauvaise conservation des objets patrimoniaux, la fantaisie dans l'attribution des titres de notabilité, la rupture de transmission des savoirs.

    3.2.1 La participation au Commerce entre le XVème et le XIXème siècle sur la côte

    Entre le XVème et le XIXème siècle, le commerce était florissant dans le golfe de guinée plus précisément sur les côtes Camerounaises175(*). Bandjoun n'échappa pas à ce vaste circuit commercial. La chefferie entretenait des relations commerciales avec surtout la partie septentrionale notamment le Bornou et l'Adamaoua. A ce sujet, Jean Paul Notué écrit :

    Dans le cercle du commerce atlantique, Bandjoun envoyait vers la côte principalement des ivoires, des esclaves et des peaux de bêtes. Les produits d'importation qu'il recevait en contre-valeur étaient principalement le sel, des perles, des fusils, et de la poudre. Les rois et les notables qui participaient activement à l'économie de la traite s'enrichirent puis accumulèrent des objets d'art, signe de prestige et symbole de réussite matérielle dès le XVIIIème siècle176(*).

    Cette participation au commerce de traite a contribué d'une manière ou d'une autre à la déportation des biens patrimoniaux.

    3.2.2 Le caractère hautement mystique et considéré comme diabolique par une partie de la population

    Dans l'univers du patrimoine immatériel Bandjoun, il existe des sociétés sécrètes qui n'existent plus de par leur qualité extrêmement mystique. D'ailleurs, ces sociétés sécrètes ont fait germer autour d'elles une construction des schèmes de pensées néfastes. C'est le cas de la société bèjyeh que Albertin Koupgang et Nouaye caractérisent ainsi «  cette société à caractère magique et religieux est très proche du msop au niveau des pratiques. Elle utilisait la magie noire ou famla, qui voudrait qu'un membre désireux d'atteindre un grade élevé livre en sacrifice au moins 7 personnes de sa propre famille »177(*).

    3.2.3 Les questions de succession et ses incidences sur le patrimoine Bandjoun.

    Parmi les chefferies Bamiléké, Bandjoun est sinon le cas le plus atypique du sous titre ci-haut évoqué. S'il est établi que dans certaines monarchies et tribus le successeur du défunt est connu d'avance, chez les Bamiléké en général et Bandjoun en particulier c'est un mystère car chaque prince est candidat à la succession. Mais alors, si dans la quasi-totalité des chefferies Bamiléké la succession s'est opérée suivant la logique de l'hérédité, à Bandjoun, c'est un véritable melting pot de procédure successorale. C'est une chefferie qui, depuis sa création a évolué sur la base des contestations successorales. C'est pourquoi Pierre Thoutezo qualifie cette attitude de « Qui sème le vent récolte la tempête »178(*). Il voudrait par cette affirmation signifier que cette manière dont la chefferie Bandjoun procédait dans le cadre de la succession des monarques était déjà un support lointain aux cataclysmes qui devaient arriver.  Le schéma suivant nous renseigne davantage.

    3.2 .4 Les fantaisies dans l'attribution des titres de notabilité

    Le titre de notabilité est une attribution traditionnelle qui permet de valoriser la personnalité d'un individu dans la société. Ambroise Flaubert et Albertin Koupgan l'appréhendent comme « un attribut qui distingue l'individu dans la société, et qui atteste son importante personnalité. »179(*). Ces titres étaient attribués en fonction de certains critères que les auteurs cités ci-dessus résument ainsi : la qualité du récipiendaire dans la réalisation des oeuvres communautaires, la défense des intérêts du royaume, la fidélité du postulant aux idéaux du royaume ou sa bravoure.180(*)Il existait des titres courants pour la famille royale tels : fo (roi), kuipou (adjoint du roi), mafo (reine mère), mafo tukam(première fille du chef) ,wafo (cadet du roi), tajwuigeh ( père des étrangers) .

    Pour les serviteurs on avait : Tshofo cheh (serviteur qui n'entre pas au fam) Tabue (serviteur qui participe à l'initiation du roi au la'kam), Tshofo (serviteur supérieur ayant fait l'école du fam ), ngwala(premier ministre),Kem (ministre de l'intérieur, gardien du trésor), tajyue ( responsable de l'une des sept divisions de Bandjoun), sa' ou sado ( grand serviteur, militaire, héros de guerre)181(*)etc .

    Malheureusement comme le souligne Toumyim Michel, l'attribution de ces titres est devenue purement et simplement subjective. Même si le motif selon lequel la disparition du fam serait à l'origine de la vulgarisation des titres de notabilité, il n'en demeure pas moins que les affinités, et le gain sont devenus au fil du temps les principaux critères de notabilité182(*).Cette mauvaise pratique d'introduction du gain, la vulgarisation et la multiplication anarchique des titres de notabilité ont contribué au recul de la sacralisation et de la rigueur des valeurs culturelles.

    3.2.5 Les crises de succession et ses incidences sur le patrimoine culturel Bandjoun

    Il est établi aujourd'hui que la chefferie Bandjoun est parmi celles qui battent les records des incendies en pays Bamiléké. Cette triste réalité déshonore et ternie l'image culturelle de cette grande chefferie qui jadis faisait la fierté et la grandeur traditionnelle Bamiléké. Même si des sources officielles attribuent ces différents incendies aux faits naturellement explicables, il n'en demeure pas moins qu'au sein de l'opinion des notables, des dignitaires et même du simple clan que ces incendies sont la résultante d'une main criminelle détachée des situations successorales.

    En effet, l'étude de l'histoire successorale de la chefferie Bandjoun démontre clairement les entorses subies par les lois coutumières à plusieurs niveaux. C'est pourquoi pour certains, ce sont ces violations de l'ordre successoral qui seront à l'origine des incendies de la chefferie Bandjoun particulièrement au lendemain de l'indépendance. Michel Touomyim précise que les incendies de la chefferie Bandjoun sont le résultat l'action des partisans trahis ou humiliés par ce processus de succession183(*).

    Schéma 1: Généalogie des problèmes de succession à Bandjoun

    Départ des Contestataires vers Bandjoun et création de la dynastie Todjom

    Contestation de la succession de Tchougap dans le royaume

    Décès de Bhedepa et rupture de la généalogie

    Démission de Tueto et première rupture de la généalogie

    Le pouvoir ne suivant plus la lignée, Kapto le frère de Tueto est promu roi

    Décès de Fotso II et deuxième rupture de lagénéalogie

    Déposition de Mbouopda successeur de Fotso II par les colons

    Kamgan Joseph sacré Kamga II, remplace Mbouopda

    Succession normale et décès accidentel de Fotué

    Usurpation de Ngnié Kamga frère de Fotué

    Succession difficile contre les principes coutumiers de Djomo Kamga Honoré frère royal de Fotué et intensification de la crise à Bandjoun

    Le successeur de Fotue James Toukam est spolié du trône par des intérêts politico-financiers.

    Le successeur de Ngnié homi du trône

    Source : Tchoutezo, P., les royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation, Douala,Ymele, 2006, p.70

    L'analyse de ce schéma montre que dans l'histoire de la succession à la tête du royaume Bandjoun, la violation de la règle successorale s'est manifestée pratiquement quatre fois. D'entrée de jeu, la première violation surgit après la mort du VIème monarque nommé Bhedepa. A sa mort, Tueto aurait été choisi comme successeur pour continuer les oeuvres de son père. Malheureusement il démissionne quelques mois après laissant le pouvoir à son frère. Les raisons de cette démission ne sont pas clairement élucidées et les raisons fusent de toute part et les explications varient en fonction des chroniqueurs. A ce sujet Pierre Tchoutezo affirme :

    Des spéculations sur cette démission vont bon train. Aurait-il été forcé par des rivalités issues des luttes internes de la royauté entre princes et princesses? Oui pensent certains. Non, rétorquent d'autres qui argumentent que Tueto n'aimait pas les fastes du pouvoir qu'il dut abandonner lui-même en prenant soin de désigner de son gré Kapto l'un de ses frères utérins, pour assurer la continuité de la royauté. [...] Cette thèse semble invraisemblable. Il semblerait qu'il ait été démissionné par les notables pour incapacité ou pour haute trahison.184(*)

    La deuxième violation est l'oeuvre d'une conspiration coloniale telle que nous avons décrite plus haut en abordant les facteurs exogènes de la destruction du patrimoine culturel Bandjoun. Elle surgit après le décès de Fotso II en 1925. En effet, les volontés du défunt monarque pour la continuité de la royauté étaient portées sur Mbouopda. Malheureusement, l'administration française décidera autrement en proclamant plutôt son frère Kamga II.

    La troisième violation naît au lendemain du décès du 13ème monarque Bandjoun le nommé Fotué Kanga précisément en 1975. Préalablement avant l'accès au trône et pendant son règne qui d'ailleurs fut très bref (9 ans), et même pendant son règne, l'un des princes de la chefferie (Ngnié Kamga) démontra son opposition et l'impossibilité de cohabiter avec le nouveau fo. A ce propos, Pierre Thoutezo précise:

    Tella Nembot organisa dans son palais à Baleng une consultation familiale en vue de la désignation du successeur de Kamga II. Au cours de cette rencontre, l'unanimité était faite autour du testament de Kamga II et Fotué Justin désigné comme nouveau roi. [...] Quelques jours après cette rencontre le souverain traditionnel Baleng obligea les princes et les princesses de faire des révérences au successeur de leur père en signe de reconnaissance de son autorité. Cela se passa sans incident. [...] A la suite de cette séance de travail, quelques jours après, Ngnié Kamga regretta d'avoir reconnu l'autorité de Fotué. Il se mit à critiquer le choix porté sur son frère .185(*).

    Bien plus, selon les sources orales qui ont décidé de livrer leur témoignage sous anonymat, le décès de Fotué Justin et même le détournement de sa volonté testamentaire est une conspiration de Ngnié Kamga avec le soutien de l'autorité politique et l'influence de quelques richissimes Bandjoun. Pierre Tchoutezo une fois de plus sur la base de ses propres recherches réfute la thèse d'une simple mort causée par un accident de circulation, mais signale qu'un grand mystère demeure autour de la mort de Fotué. Il déclare :

    On ne comprend pas toujours pourquoi la première personne à voir le corps du roi décédé fut Tala Ngnié, le successeur du père de Fotso Victor. Le corps du monarque sera amené à Bandjoun par un ami intime de Ngnié Kamga le nommé Wambo Réné. Au momentoù le roi engageait (la route), ces gens devraient être à Douala. Comment ont-ils pu synchroniser leurs mouvements avec ceux du roi au point de découvrir son corps et lui administrer les premiers soins ? Etaient-ils au lieu du drame ? Certainement oui. Mais comment ? Avaient-ils prédit cette tragique situation au point de se transmuter en une sorte de messie pour sauver les coutumes ancestrales ? La mort du roi était planifiée. Le chauffeur qui transportait le roi après avoir été placé en détention préventive à Nkongsamba fût transféré à Bafoussam et serait fondu dans la nature comme de la neige au soleil186(*).

    Dans la même logique, l'auteur tire les conclusions suivantes :

    Ngnié aurait utilisé sa position d'administrateur civile pour ravir la vedette au fils de Fotué après s'être assuré du soutien du Ministre de l'administration territoriale Andzé Tsoungui et de certains richissimes hommes d'affaire de renommée internationale. Le pouvoir financier aurait pesé de tout son poids auprès des notables Bandjoun pour que Ngnié Kamga soit désigné roi des Bandjoun en violation des principes coutumiers qui voudraient que la succession se passe de père en fils187(*).

    C'est ainsi que sous le regard trahissant et corruptif Ngnié Kamga frère du défunt accède au trône en 1984 au détriment du Fils188(*) de Fotué Justin. Même si certaines sources estiment que son accession accidentelle au trône serait la réalisation de la volonté de son père qui voulut se venger de ses notables pour avoir trahi sa dernière volonté.

    Même si l'usurpation de Ngnié Kamga a fait planer un silence absolu du côté des acteurs de la culture Bandjoun, il convient de préciser que cette usurpation tout comme celle de Kamga II sont assez significatives dans la rupture de l'équilibre successorale de cette chefferie considérée comme aspect du patrimoine culturel de Bandjoun. Le mode de désignation sur la base de l'hérédité est un point fondamental du patrimoine culturel immatériel de cette chefferie tout comme dans les autres chefferies Bamiléké. Pour mieux justifier notre assertion, on peut remarquer que le mode successoral de père en fils est à la base même de la fondation du royaume jusqu'au 6ème Monarque189(*). Il en est de même du huitième au onzième monarque. Par ailleurs, même si l'usurpation de Ngnié Kamga n'a pas eu des effets immédiats, il convient de signaler que les effets indirects qui allaient en découler devaient à jamais plonger la chefferie Bandjoun et son patrimoine dans une page plus obscure de son histoire. Quand nous évoquons les effets indirects, il s'agit des conséquences nées des querelles de sa succession. D'ailleurs même avant son décès le 6 décembre 2003, plusieurs évènements d'incompréhension humaine s'étaient succédés à la chefferie traduisant un mauvais présage voir une malédiction du règne du monarque. Il s'agit de l'échec du lancer de la queue de cheval à la cérémonie du « Tsokouossi »190(*)du dimanche 11 novembre 2001, du décès d'une reine mère nommée Ma Mefoteka le soir même de ce dimanche, de la ruine morale et physique de Ngnié observées lors des opérations électorales de 2002. Ceux qui l'avaient vu reconnaissaient son extrême fragilité. Il avait fait le tour des communautés situées sur son itinéraire et avait sollicité qu'on prie beaucoup pour lui. Une messe d'action de grâce spéciale avait été dite en son honneur, pire encore, une panthère perdue dans le royaume fut abattu par les grands chasseurs du royaume, par la suite une autre reine mère décéda191(*).

    Après sa mort, la succession s'imposait. Décédé le 6 décembre 2003, la cérémonie pour les obsèques officielles est calée pour le 26 décembre 2003192(*). Ce jour, en présence des autorités administratives, religieuses et traditionnelles, le spectacle des querelles de succession se profilait déjà. Le quotidien de l'information Ouest écho nous rapporte que l'intervention de Nginé Jackson fils du défunt roi dans la phase des témoignages démontra à suffisance le danger qui planait sur l'avenir de la chefferie :

    Devant ton cercueil, je dis à tous ceux qui ont l'intention ou l'ambition de porter atteinte à l'honneur de la famille Ngnié Kamga, qu'ils trouveront sur leur chemin cette race d'homme que les Bandjoun appellent pébè...Tu nourrissais quelques craintes de voir ta succession détournée. Sans doute savais-tu qui tu redoutais, sans doute tu avais sous-estimé notre détermination à ne pas nous laisser faire... Il convient que cette donnée soit présente dans tous les esprits car l'ignorer reviendrait à créer une inutile confusion que ni le code civil, ni l'ordre public et traditionnel ne peuvent digérer193(*).

    Comme une prophétie, le sermon de Ngnié Jackson s'accomplît quelques heures après le rite d'inhumation. Le même quotidien nous rapporte que pour la circonstance, le préfet Dzana Foudafît une annonce chaotique qui se résume ainsi : « l'unanimité n'a pu être trouvée autour d'un candidat. Pour préserver l'ordre public, la cérémonie d'arrestation est renvoyée à une date ultérieure »194(*). Après plusieurs reports de ladite cérémonie sous fond de crise, le quinzième roi Bandjoun est finalement désigné le 24 janvier 2004. C'est Djomo Kamga Honoré qui est porté à ce poste de responsabilité qui, selon le quotidien le Messager pense que certains veulent profiter de la succession du roi Ngnié pour étendre et confirmer leur hégémonie.195(*)

    Depuis 2004, des actes de pillage systématique du patrimoine culturel surtout matériel se sont multipliés à la chefferie Bandjoun. Tels que rapportés par les notables Bandjoun, ce sont des actes d'une brutalité, d'une sauvagerie, d'une criminalité, d'un vandalisme et d'une horreur hors du commun des mortels. Tchoutezo qualifie cette période de « série noire de la chefferie Bandjoun »196(*). Les conséquences étroitement liés aux querelles de successions sont :

    - Le Premier cambriolage du musée royal le 20 Octobre 2004 : ce coup de vol a été fatal pour le patrimoine culturel Bandjoun car le royaume a perdu une grande partie de son trésor royal constitué d'objets de plusieurs siècles d'âge. Albertin Koupgang nous rapporte que ces hors la loi avaient emporté : les peaux de panthère, les objets sacrés utilisés dans le cadre de l'exécution de certains rites, les défenses d'éléphants... 197(*)

    - Le deuxième cambriolage du 21 Octobre 2004 : deux mois exactement après le premier cambriolage, des gangsters feront irruption à la chefferie dans la nuit et emporteront un objet hyper coûteux et assez symbolique : le cheval en bronze. Ce cheval était un objet d'art qui surplombait le flanc gauche de l'ancien bâtiment principal du palais royal198(*).

    - L'incendie du 20 Janvier 2005 : C'est l'un des dégâts les plus catastrophiques de l'histoire du patrimoine culturel Bandjoun dont l'origine peut être étroitement attribuée à une main impropre. Du moins, c'est ce que laisse voir Pierre Tchoutezo lorqu'il affirme : « Le 20 janvier 2005, le royaume se trouvait plongé dans un cataclysme sans précédent : l'essentiel de la réserve culturelle Bandjoun fut consumé par des flammes d'origine inconnue mais sans nul doute issues d'une main criminelle »199(*). Le bilan sur le patrimoine culturel Bandjoun est dressé par Jean Paul Notué : «  la grande case nemo, d'une grande importance symbolique et culturelle, le grenier à vivre du roi, une case d'entrée, deux cases de sociétés sécrètes et un ancien musée servant de réserve au nouveau musée actuel. Sans oublier les pertes (en plus des bâtiments, des centaines d'objets de réserves de moindre valeur par rapport à ce qui a survécu), ni le patrimoine immatériel atteint. »200(*). Il poursuit d'ailleurs le bilan à travers la conclusion suivante : «  la destruction des pièces originales et uniques aurait été une perte irrémédiable, un terrible effacement de siècles d'histoire de Bandjoun car, par rapport à d'autres oeuvres on ne peut ni les remplacer ni les refaire »201(*).

    Photo 31: La grande case nemo refaite par Ngnié Kamga incendiée en 2005

    Source : archives de la chefferie Bandjoun consultées le 14-03-2019.

    La grande case qui est perçue sur l'image est cette grande case patrimoniale du Peuple Bandjoun complètement rasée par l'incendie de 2005. A droite se trouve une autre petite case. Il s'agit de l'édifice du musée Bandjoun qui servait de réserve au musée actuel. C'est cette case qui a échappée aux flammes de 2005 et est restée parfaitement intacte avec ses collections. L'image qui suit met en relief cette case nemo dans une perspective plus rapprochée.

    Photo 32: Le chef Kamga II après son intronisation devant le nemo avant la réfection par Ngnié Kamga

    Source : archives de la chefferie Bandjoun consultées le 26-01-2019S.

    Cette photographie issue des archives de la chefferie Bandjoun met en exergue un monarque entouré de deux serviteurs placés débout un autre accroupi avec les mains serrées qui cachent la bouche. Cette photographie date de 1925 réalisée par le français Christol. Ce monarque est bel et bien le roi Kamga II juste après son intronisation en 1925 en remplacement de Fotso II. Les trois personnages sont : Fokouan ( Kuipou), Foaleng (Wafo) et Fotso Nguemkam (Souop). Le tabouret placé au-devant est l'un des sièges royaux et témoigne de la richesse culturelle que regorgeait le nemo.

    - L'incendie du 11 janvier 2015 : cet autre évènement où nous avons été témoins certes n'a pas été catastrophique comme les précédentes mais toujours est-il qu'il a réduit à néant une partie de la culture matérielle de cette chefferie. Les conséquences les plus perceptibles étaient : les deux toits coniques faits de pailles situés à l'entrée de la chefferie ont été complètement consumés. De même, les dix cases équitablement disposées des deux côtés de la descente qui longe au domicile du chef ont été léchées par les flammes. Seuls les murs en parpaings ont pu résister. Dans sa colère, le feu a aussi visité des maisons occupées par des épouses du chef. Le bilan n'en est pas moins lourd. Puisqu'au total, ce sont trois maisons qui seront totalement calcinées, et d'autres partiellement. Une autre située tout juste à l'entrée de la chefferie n'a pas été épargnée. Bien que tristes, à cause du grave sinistre, les populations sorties en masse, se sont réjouies tout de même, que la grande case royale ait été épargnée tout comme la résidence du chef.

    Encore un incendie au mois de janvier à la chefferie Bandjoun. Ce jour, les populations au vue de cet autre incendie, ont qualifié Janvier de « mauvais mois » pour la chefferie Bandjoun. L'image qui suit est une photographie de l'incendie de 2015.

    Photo 33: Incendie de la chefferie Bandjoun en 2015

    Source : https://www.journalducameroun.com/ouest-incendie-a-la-chefferie-bandjoun/

    3.2.6. La mauvaise conservation des objets patrimoniaux

    Dans la quête des raisons qui pouvaient justifier la dégradation des objets patrimoniaux dans le village Todjom, le résultat de nos observations nous a montré que les conditions de conservation de certains biens patrimoniaux étaient lamentables. Certains même présentant un visage d'abandon. Les clichés suivants sont une illustration parfaite de la mauvaise conservation des objets patrimoniaux à la chefferie Bandjoun.

    Photo 34: Mauvaise conservation des objets patrimoniaux

    Source : Photo Simo djilo 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.

    Ces deux images présentent respectivement un tambour horizontal et une chambre de collection des objets d'art Bandjoun. Ce tambour horizontal nous l'avons photographié au dehors d'une des anciennes cases appartenant à la reine mère Ma Mefoteka. Tel qu'il se présente on peut conclure que pour les autorités en charge de ce patrimoine culturel, ce Tambour n'aurait plus peux être une valeur culturelle. La deuxième image qui est une sale de collection d'objets d'art, on remarque que les objets sont carrément posés à même le sol. Cette autre situation justifie la destruction du patrimoine culturel matériel Bandjoun. Certes que pendant les périodes coloniales et précoloniales les techniques de conservation n'étaient pas véritablement systématiques. Mais alors le constat ci-dessus était amer quand, nous avons découvert cet état de chose, en outre en pleine cour de la place publique de la chefferie Bandjoun des objets patrimoniaux pratiquement abandonnés dans des casettes, à quelques pas de la case nemo nous avons photographié des maisons des reines mères décédées devenues des lieux d'habitation par excellence des Rongeurs. C'est la raison pour laquelle plusieurs interrogations sont nées dans notre esprit : la protection et la conservation du patrimoine culturel Bandjoun sont-elles réservées exclusivement aux objets royaux ? Les autres objets et biens culturels or du palais royal n'ont-ils pas aussi de valeur pour être protégées ?

    3.2.7 La rupture de transmission des savoir-faire.

    Il convient de préciser que la régression du patrimoine culturel Bandjoun, et plus particulièrement celle du patrimoine matériel est en partie due à la rupture du cordon ombilical qui relie l'artiste et les générations futures. Certaines activités telles que la forge revêtaient un caractère sacré. C'est pourquoi, elle était pratiquée pendant des jours précis loin des populations non initiées. Cette disposition aurait contribué à limiter la vulgarisation des activités et des techniques artistiques. L'entretien que nous avons eu avec le forgeron Tienou Flaubert du quartier Famleng Topo nous a révélé que les vanniers, les sculpteurs, les potiers et surtout les forgerons sont devenus de plus en plus rares dans le royaume à Car : « On il y'a une absence d'enseignement des techniques des constructions traditionnelles, de sculpture des objets, de fabrication des parures et même de la forge qui est mon activité ». 202(*)

    Pour soutenir les idées de Tienou Flaubert, le célèbre Vannier Emmanuel Tchoupo du quartier Mbieng nous a conté qu'à leur époque, ils étaient obligés d'assister leurs parents notamment dans la réalisation des clôtures traditionnelles appelées kèpé. Ainsi progressivement ils évoluaient dans cet apprentissage et devenaient plus tard des spécialistes. Malheureusement rares sont les concessions ou nous pouvons encore retrouver les clôtures en bambou, même la chefferie qui est le coeur de la tradition, les barrières sont à base des matériaux importés. La conséquence est que les jeunes n'ont plus l'occasion d'avoir accès aux apprentissages artisanaux203(*).

    Photo 35: Fabrication d'un flanc de mur en Bambou

    Source : Archives de la chefferie Bandjoun consultées le 26-01-2019.

    Cette photo présente des hommes fortement engagés dans l'art du bambou. Cette photographie tirée des archives de la chefferie a été prise en 2005 après l'incendie. Ces hommes réalisaient un flanc de mur en bambou qui devait être fixé plus tard sur les murs déjà élevés en parpaings ou en briques de terre. Un constat est facilement fait et qui peut justifier d'ailleurs la disparition du savoir-faire culturel de la chefferie Bandjoun. Sur cette photographie, on constate que les individus qui y sont habiles sont tous du troisième âge. La question qu'on peut se poser est celle de savoir pourquoi il n'y a pas de jeunes parmi ? Pourquoi ne sont-ilspas initiés ? La réponse à ces questions se trouve dans l'argument qui suit.

    3.2.8 Le manque d'intérêt des nouvelles générations

    Ce facteur est essentiel dans la compréhension de la disparition du patrimoine culturel matériel et immatériel de Bandjoun. En date du 10 Avril 2019, nous avons adressé un questionnaire aux jeunes de la chefferie Bandjoun plus précisément du quartier Hiala. Notre population accessible était de 110 jeunes des deux sexes. Sur la base des questions fermées et ouvertes, nous avons recueilli leurs avis dont l'exploitation et l'analyse nous ont permis de tirer quelques conclusions. Les résultats de nos questionnaires sont regroupés dans le Tableau suivant.

    Tableau 3: Avez-vous déjà entendu parler du patrimoine culturel ?

    REPONSES

    OUI

    NON

    RESULTATS

    108

    02

    POURCENTAGE

    98,18%

    01,18%

    Source : Enquête de terrain réalisée le 10/05/2019

    Les résultats de ce tableau démontrent à suffisance qu'une bonne partie de la jeunesse de la chefferie Bandjoun est au moins au parfum de la notion de Patrimoine.

    Tableau 4: Quelle (s) activité (s) de la liste ci-dessous savez-vous exercer?

    Activités

    sculpture

    forge

    Vannerie

    Poterie

    Rien de toutes ces activités

    Jeunes habiles

    00

    00

    03

    00

    107

    pourcentage

    00

    00

    2,70%

    00

    97,27%

    Source : Enquête de terrain réalisée le 10/05/2019

    Il convient de préciser que nous avons fermé cette question car les activités insérées dans le tableau sont celles qui sont considérées comme très lointaines et faisant partie intégrante du patrimoine culturel matériel Bandjoun bien avant le contact avec la colonisation. Les résultats contenus dans ce tableau démontrent clairement qu'il y'a un véritable problème de transmission du savoir-faire à la chefferie Bandjoun.

    Tableau 5: Quel métier aimeriez-vous exercer plus tard

    Propositions métiers

    Sculpteur

    Forgeron

    Vannier

    Potier

    Autre

    Résultats

    00

    00

    00

    00

    110

    Pourcentage

    00

    00

    00

    00

    100%

    Source : Enquête de terrain réalisée le 10/05/2019

    Les résultats obtenus à partir de cette question attestent de ce que les jeunes ne sont pas attirés par l'artisanat élément primordial de leur patrimoine culturel. Même ceux qui précédemment ont affirmé qu'ils exerçaient la vannerie nous ont rétorqués qu'ils le faisaient parallèlement. Cependant, ils semblent attirés par le mirage urbain et le mirage occidental. C'est pourquoi plusieurs évoquaient des métiers de médecins, de magistrats, de comptables... On comprend pourquoi, la chefferie se vide par le phénomène d'exode rural. Les jeunes sont à la recherche des activités lucratives. Une fois partie et au contact du monde urbain perdent totalement leur identité culturelle, se lancent dans une recherche du gain facile etc. Au regard de cette désinvolture des jeunes et du recul des valeurs culturelles « Combien de jeunes parlent encore leur langue maternelle ? Quels sont ceux des jeunes africains qui peuvent réciter quelques versets de prières traditionnelles ? »204(*)

    Tableau 6: Etes-vous membre d'une société sécrète ou d'une autre association culturelle? (si oui précisez) (Si non cochez la raison)

    REPONSES

    NON

    OUI

    RESULTATS

    99

    11

    POURCENTAGE

    90%

    10%

    Source : Enquête de terrain réalisée le 10/05/2019

    Parmi les 110 interrogés, les 4/5 affirment ne pas appartenir à aucune association culturelle. Et pourtant déjà à l'âge de 15 ans pas moins de 4 associations culturelles sont ouvertes aux jeunes Todjom. Les autres personnes qui affirment appartenir à une association culturelle pour l'essentiel étaient le lali, et le wouop.

    Tableau 7 : Non parce que

    Propositions des raisons

    Ce sont des choses magiques et mystiques

    Manque de moyens

    Mes parents n'acceptent pas

    Ça ne sert à rien

    Ma religion m'interdit

    Nombres

    90

    00

    00

    02

    07

    Pourcentage

    90,90%

    00

    00

    02%

    07,77%

    Source : Enquête de terrain réalisée le 10/05/2019

    L'observation de ce tableau fait comprendre que les jeunes à Bandjoun sont encore dans une logique de construction des préjugés en ce qui concerne la dimension immatérielle du patrimoine culturel. Cette construction de préjugés s'accompagne et se consolide par l'expansion des idées religieuses.

    Tableau 8: Trouvez-vous nécessaire de protéger le patrimoine culturel de votre village ? Pourquoi ?

    REPONSES

    OUI

    NON

    RESULTATS

    110

    00

    POURCENTAGE

    100%

    00

    Source : Enquête de terrain réalisée le 10/05/2019

    Cette question à deux tendances (une fermée et l'autre ouverte) nous a permis d'évaluer la place qu'occupent la protection et la valorisation du patrimoine culturel Bandjoun dans les considérations de développement des jeunes à Bandjoun. S'il y est une véritable avérée, c'est que tous sont conscients que le patrimoine culturel doit être protégé. Cependant la véritable difficulté à laquelle ils se heurtent est celle de savoir comment et pourquoi la protection du dit patrimoine. Plus loin certains ne se sentent pas concernés par cette entreprise de protection de ce patrimoine culturel. A ce titre Tagne Loic moto taximan Bandjoun centre Hiala nous déclare : «  Je ne peux pas supporter la chaleur de la forge, fabriquer un tabouret, tisser un panier qui non seulement me prendra assez de temps mais dont je ne suis pas sûr de trouver les clients à l'immédiat. Et pourtant avec la moto c'est tout le contraire »205(*).

    CONCLUSION

    Le patrimoine culturel est le moyen par excellence d'affirmation d'un groupe humain. Selon Darice Malabon, «  la production artistique a toujours fait le prestige des grands royaumes. Elle est l'étalon de mesure d'une civilisation et du degré de développement culturel »206(*). Cette affirmation est d'autant vraie que lorsqu'on aborde le patrimoine immatériel. Pour le cas spécifique de la chefferie Bandjoun, cette monarchie au coeur des Grass-fields a démontré sa gloire, son prestige et sa suprématie sur les hautes terres de l'Ouest à travers son faste patrimonial. Dès lors, ce patrimoine qui semblait être comme une ville sur le pic d'une colline s'est rapidement retrouvé dans un couloir de régression progressive. Ce recul étant la résultante des facteurs externes et internes. Au plan externe, il ressort que les faits qui sont à l'origine de la destruction du patrimoine culturel Bandjoun sont : les alinéas naturels, les facteurs historiques, les facteurs religieux et l'action politique du colon. En outre la destruction du patrimoine culturel de la chefferie Bandjoun trouve ses racines en internes notamment une mauvaise conservation des objets patrimoniaux, les querelles de successions, l'attribution fantaisiste des titres de notabilité, la rupture de transmission du savoir-faire et une désinvolture manifeste de la jeunesse. Cependant une question centrale s'impose : La chefferie Bandjoun est-elle restée les bras croisés face à la dégradation de son patrimoine ? La réponse à cette question nous amènera à examiner dans le prochain chapitre les stratégies de protection de ce patrimoine, depuis la fondation de la chefferie jusqu'en 2005.

    CHAPITRE IV : LES STRATEGIES DE PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN

    INTRODUCTION

    La proposition des stratégies des solutions pour un éventuel inventaire ou une éventuelle protection et conservation est une activité qui relève absolument du domaine de la muséologie. C'est pourquoi notre intention dans ce dernier chapitre n'est point de faire des propositions mais, au contraire, dans la posture d'un historien, étudier les différentes stratégies adoptées par les acteurs en charge du patrimoine culturel Bandjoun en tant que source d'écriture de l'histoire Bandjoun, en vue de protéger les productions culturelles matérielles et immatérielles de cette chefferie. Certes, notre fourchette chronologique se situe entre 1904 et 2005. Mais nous estimons qu'il sera judicieux qu'avant d'explorer les stratégies de protection de la période coloniale et postcoloniale il faille s'interroger sur ce qui a été fait en matière de protection du patrimoine culturel Bandjoun avant la colonisation.

    4.1 LES STRATEGIES DE PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN AVANT L'ARRIVEE DES PUISSANCES OCCIDENTALES

    Cette période s'étend de la fondation du royaume (XVème siècle) jusqu'à la pénétration allemande à Bandjoun plus précisément entre 1904 et 1905. C'est une période très longue et marquée par des attitudes développées par des monarques dans l'optique de protéger le patrimoine culturel de leur ressort territorial. Etudier cette période revient à examiner les mécanismes de protection du patrimoine culturel Bandjoun mis en place par les 11 premiers monarques. Ainsi, nous retenons que pour sauvegarder le patrimoine culturel Bandjoun, certaines stratégies nécessaires :

    4.1.1 Le renforcement des pouvoirs du fo

    La destruction du patrimoine culturel d'un peuple s'accomplit pleinement lorsqu'une situation d'instabilité s'impose telle que nous l'avons vue dans le précédent chapitre avec les querelles de succession. Ainsi, à partir du VIIIème siècle, le royaume Bandjoun s'affirmait déjà comme une prestigieuse chefferie de par sa grandeur, sa richesse culturelle et patrimoniale. Alors à partir du règne de Notouom III, certaines chefferies vassales (to) voulaient s'émanciper. C'est pourquoi les monarques pensant que cette émancipation pouvait conduire à une guerre décidèrent de renforcer le pouvoir du roi et de ses notables (nkamvu'u). Pour soutenir cette thèse, Jean Paul Notué affirme : « Devant la menace latente de sécession de certains to' et de certains notables fortunés, l'accroissement du pouvoir du fo et des nkamvu'u s'avéra nécessaire. La centralisation politique et la hiérarchisation croissante de la société s'accentuèrent. »207(*)

    4.1.2 La création des « cases patrimoniales embryonnaires »

    Dès la fondation du royaume, le premier roi Notwegom avait déjà intégré la nécessité de conserver le patrimoine culturel tant matériel qu'immatériel. C'est pourquoi sous sa gouvernance, il créa un endroit hautement sacré pour conserver les objets royaux. A cet endroit, il avait déposé des bracelets, des outils de chasse et surtout une calebasse contenant de la terre venant de la chefferie mère (Népeguè)208(*). Il ressort clairement que le souci de protection des biens culturels ne nait pas avec le contact avec l'occident mais bien plus avec la fondation même du royaume.

    4.1.3 La création des sociétés secrètes

    Le savoir, le savoir-faire et le savoir-être sont des paramètres fondamentaux d'une civilisation donnée. Ces différents savoirs sont portés par le patrimoine culturel matériel et immatériel. Lorsque ce patrimoine n'est pas conservé dans des structures appropriées, il finit par disparaitre. Cette hypothèse est entièrement vérifiable lorsqu'il s'agit particulièrement du patrimoine immatériel. Les premiers monarques Bandjoun avaient déjà assimilé cet impératif de protection du patrimoine culturel du royaume mais aussi de transmission aux générations futures. C'est pourquoi ils ont oeuvré pour la mise en place des sociétés secrètes considérées comme cadre par excellence de conservation, de protection et de transmission de ce patrimoine aux générations qui allaient suivre. C'est le cas de la société madjon209(*) créée par le Monarque Dugnechom, le Nkamvu'u crée sous l'initiative de trois monarques Notouom I, Notouom II et Kapto ceci entre 1525 et 1575210(*).

    4.1.4 L'adoption d'un code sociétal rude

    Les valeurs morales et éthiques sont des composantes à part entière du patrimoine culturel d'un peuple. Ces valeurs ont tellement évolué au point où certaines nations au monde aujourd'hui s'identifient directement à travers une valeur sociétale. Cependant ces nations ne conçoivent plus cette valeur comme étant un élément spontané et fermé à une époque, mais plutôt comme un bien acquis des anciens et qui doit être pérennisé dans le temps et dans l'espace. Les premières structures sociales Bandjoun telles que conçues par les premiers monarques Bandjoun étaient calquées sur le modèle non d'une société parfaite mais d'une société qui recherchait la perfection. Mais alors, cette perfection ne pouvait être atteinte que si des prédispositions sociales et judiciaires étaient prises. A ce sujet référence peut être faite au monarque Kapto (1625-1675) qui s'engagea fortement pour la préservation du patrimoine moral et éthique de Bandjoun. Louis Perrois et Notué Jean Paul écrivent à son sujet :

    Kapto édita des lois particulièrement sévères contre l'adultère, le vol et autres forfaits. Chaque châtiment correspondait à une faute particulière. Les coupables, selon les cas, étaient brûlés vifs et publiquement sur la place du marché (adultère), vendus comme esclaves au loin, exclus de la communauté ou exposés sur une place publique, enterrés jusqu'au cou, la tête rasée et enduite d'huile de palme 211(*).

    Cette attitude ainsi décrite démontre à suffisance le souci de la chefferie Bandjoun par l'intermédiaire de ses monarques de laisser aux générations futures une société équitable, juste et harmonieuse.

    4.1.5 Le mariage entre filles des monarques et les grands artistes.

    C'est une stratégie qui semble banale mais elle était pourtant très efficace dans la perspective du patrimoine culturel Bandjoun notamment matériel. Les monarques Bandjoun accordaient une place de choix aux artistes qui opéraient dans la réalisation des objets royaux. Les sculpteurs, les forgerons et les peintres bénéficiaient donc des avantages de leur activité. Cet avantage était la possibilité d'avoir pour épouse des princesses. Tzoukou innocent grand sculpteur actuel à la chefferie Bandjoun nous rapporte :

    En donnant ses filles en mariage, le roi ne voulait pas que les secrets de l'artiste soient vulgarisés .La fille du roi était donc comme envoyé en mission de surveillance. Aussi épouser la fille d'un roi était un grand signe de prestige c'est pourquoi chaque artiste travaillait avec hargne et les non-initiés se battaient pour avoir accès à ces métiers pour espérer attirer vers eux la sympathie du roi212(*).

    On comprend clairement donc que le lien matrimonial était une stratégie de protection du patrimoine culturel à la chefferie Bandjoun.

    4.2 LES STRATEGIES DE PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN PENDANT LA PERIODE COLONIALE

    Cette période historique de la chefferie Bandjoun est plus ou moins calquée sur la chronologie évolutive du Cameroun de la pénétration européenne à la souveraineté internationale. Ainsi il s'agit de la période qui débute de l'arrivée européenne jusqu'à l'indépendance du pays en général. Chronologiquement parlant cette période de l'histoire Bandjoun couvre la tranche 1904 à 1960. Pendant cette période , on a pu desceller des comportements qui traduisaient une volonté réelle à sauvegarder le patrimoine culturel. On peut évoquer :

    4.2.1 L'attitude pacifiste des monarques de la période coloniale

    Au XIXème siècle avec l'activité impérialiste naissante, les européens pour s'implanter dans les territoires faisaient usage des armes que nous appelons les forces de pénétration. Il s'agit d'un ensemble de facteurs ou moyens ayant facilité la conquête et la formation des empires coloniaux. Nous résumons ces forces en MMM (missionnaires, marchands et militaires). C'est donc dire que les européens étaient dotés d'une stratégie scientifique, économique, culturelle et politique pour assurer leur mission de domination. Ces MMM étaient représentés sur le sol de la chefferie Bandjoun. La justification de leur présence ressort clairement de cette affirmation de Slageren

     C'est en 1901 que les allemands commencèrent à établir une station militaire à Bamenda pour conquérir toute la région [...]les missionnaires protestants Keller et Ernest sont les premiers européens à être entrés au royaume Bandjoun en Avril 1904 au cours d'une mission exploratoire [...] C'est en 1905 que les militaires allemands commandés par Glauning, le commandant de la station militaire de Bandjoun occupe Bandjoun213(*).

    A leur arrivée, la chefferie Bandjoun s'affirmait par une grandeur qui embrassait tant la culturelle que d'autres domaines de la vie du royaume.

    Conscient de toute la richesse patrimoniale de son royaume et des conséquences qu'auraient engendrées une riposte violente à cette forteresse allemande, le monarque Bandjoun Fotso II opta plutôt pour un accueil chaleureux et amical et profitera par là pour agrandir son royaume et sa puissance. C'est pourquoi certains aspects du patrimoine Bandjoun ne disparurent pas aussi tôt avec les allemands au contraire ils accordèrent une importance capitale à ce dernier. Slageren affirme à ce propos : « Dans un premier temps, ceux-ci respectèrent les institutions traditionnelles Bandjoun et même renfoncèrent le pouvoir du fo [...] Le premier missionnaire à s'installer à Bandjoun fut Gottlieb [...] Il fut remplacé par son adjoint Spellemberg qui fut apprécié par des Bandjoun. Spellemberg était un fervent défenseur de la langue Bandjoun »214(*).

    4.2.2 Le combat de Fotso II contre la substitution des valeurs culturelles Bandjoun par celles de la religion chrétienne imposées par les missionnaires français.

    Si pendant la période allemande on a observé un essai de symbiose des valeurs culturelles, tel ne sera pas le cas avec la présence française à travers les missionnaires de Paris. Ces derniers commencèrent par attaquer les points les plus sensibles du patrimoine culturel Bandjoun notamment la polygamie. Cette attitude des missionnaires était perçue par certains dignitaires Bandjoun avec pour prototype le roi Fotso II comme une stratégie d'anéantissement des valeurs culturelles raison pour laquelle ils commencèrent à s'opposer. A ce propos Slageren une fois de plus rapporte :

    Le rite du baptême et la condamnation de la polygamie suscitèrent des réactions parfois violentes du côté de Fotso II et ses notables. Le baptême fût qualifié de sacrilège et d'acte devant aboutir à la mort du pays. Les persécutions qui s'étendirent sur tout le plateau bamiléké furent particulièrement sévères à Bandjoun. Fotso II ordonna la fermeture des églises et des écoles à proximité du palais royal. Les chrétiens passaient pour une classe de racaille qui, sous le vernis d'un culte occulte soulevait le peuple contre le roi.215(*)

    Par cette attitude, il ressort clairement que le roi Fotso II tenait absolument à la survivance du patrimoine culturel immatériel notamment le système d'organisation religieuse et matrimoniale.

    4.2.3 L'anéantissement Par Kamga II d'une rébellion

    En 1925, la chefferie Bandjoun était pratiquement sur la ligne rouge d'une guerre civile suite au détournement de la succession du roi Mbouopda au détriment de son frère Kamga II. En effet, suite à ce coup d'Etat traditionnel, les partisans de Mbouopda avaient formé une fraction déterminée à reprendre le pouvoir traditionnel. Cette situation naturellement n'était pas un bon présage pour le patrimoine culturel Bandjoun. Fort heureusement, Kamga II songea créer une sorte de police traditionnelle appelée kamkweh que Albertin Koupgang et Nouaye décrivent en ces termes. « Les membres du kamkweh sont choisis parmi tous les fils Bandjoun sans distinction d'appartenance lignagère et ont pour devise : attendre l'ennemi sur place et mourir »216(*). Cette société est de nos jours une société purement culturelle.

    C'est donc cette société sécrète qui aurait limité l'action des rebelles du Camp Mbouopda. Contribuant ainsi à la sauvegarde du riche patrimoine culturel surtout matériel qui devait payer le lourd tribut de la guerre.

    4.3 LES STRATEGIES DE PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN PENDANT LA PERIODE POST COLONIALE.

    Au lendemain des indépendances, l'engagement des africains dans la protection du patrimoine culturel s'accélère. Pour Taboue Nouaye, « les africains sortent progressivement de leur sommeil culturel ».217(*)Pour le cas spécifique de la chefferie Bandjoun, plusieurs actions ont été menées jusqu'à ce jour dont les deux principales qui ont retenu notre attention dans les recherches sont : la création d'une case patrimoniale Bandjoun, couverture archaïque des objets et l'organisation des festivals culturels dénommés Tsem Todjom.

    4.3.1 Couverture traditionnelle des objets patrimoniaux

    Dans nos différentes descentes sur le terrain, nous avons constaté que les acteurs en charge du patrimoine culturel Bandjoun se battent selon le seuil de leurs moyens pour protéger le patrimoine culturel matériel. En effet, devant l'action dévastatrice des alinéas naturels, certaines sociétés secrètes dont les cases sont implantées à la place publique du royaume ont opté pour une couverture des tambours à l'aide d'une tôle en aluminium. L'image suivante présente clairement l'effort fourni par ces sociétés secrètes dans la protection de leurs biens matériels.

    Photo 36: Technique de protection d'un Tambour Horizontal

    Source : Cliché Simo Djilo le 14-03-2019 à la chefferie Bandjoun

    Ces deux photos sont celles des cases traditionnelles appartenant à la société sécrète Kemdje. Elles sont implantées sur la grande place publique de la chefferie. L'observation de ces images laisse apercevoir sur la première deux tambour horizontaux (lem) dont l'un placé sur des pierres et recouvert de tôle et le second placé également sur des pierres mais exposé à l'air libre. La deuxième image présente une fois de plus un tambour horizontal recouvert entièrement d'une tôle pliée dans le sens du tambour. Dans un entretien avec albertin Koupgang, il ressort que ces tambours y sont depuis le règne de Fotué. Ils ne peuvent être déplacés et ne sont joués qu'à des occasions spécifiques à cause de leur caractère sacré. Ainsi cette façon de recouvrir les tambours est l'un des moyens de protection de ce patrimoine matériel contre les alinéas naturels.218(*)

    4.3.2 La création d'une case patrimoniale.

    Au lendemain des incendies à la chefferie Bandjoun, certains spécialistes au rang desquels Flaubert Nouaye ont trouvé juste de mettre sur pied une case patrimoniale gage d'une continuité de la tradition historique et identitaire du Village Bandjoun. Bien plus, un guide de musée au nom d'Albertin Koupgang a été formé pour être au service de la conservation et de la transmission de l'histoire. La photographie suivante a été prise à l'intérieur de la case patrimoniale actuelle.

    Photo 37: L'intérieur de la case patrimoniale Bandjoun

    Source : https://travel.jumia.com/blog/fr/visite-guidee-du-musee-de-bandjoun-au-coeur-de-la-tradition-bamileke-2163.

    La réalisation de cette case patrimoniale est l'oeuvre de plusieurs acteurs nationaux, étrangers et non gouvernementaux. C'est la combinaison de l'action du COE (Centro Orientamento Educativo), de l'IFA (Institut de formation artistique), l'UNESCO, MAE (Ministero degli Affari Esteri), La CEI (conférence épiscopale Italienne) et la communauté de la chefferie Bandjoun représentées par son roi.

    Cette case patrimoniale a été élaborée à partir du thème central de la forge219(*) ; On y aborde son identité, son histoire, sa création plastique et ses spécificités. Les bamilékés en général et Bandjoun en particulier sont réputés être d'excellents forgerons. A Bandjoun, la société, longtemps dominée par la tradition orale, a été édifiée par les artistes de tous les corps de métier. A ce titre, la forge constituait un élément essentiel de la société, d'abord comme technique de création, ensuite comme outil de développement. Elle a permis la fondation et la consolidation de la dynastie régnante en façonnant des outils, des armes ou encore des objets de culte. Enfin, encouragée par le pouvoir royal, la forge était devenue un intermédiaire auprès des autres arts, fournissant les outils nécessaires à la création et se plaçant au service du pouvoir, de l'apparat et du goût du faste, si vivace dans la tradition Bandjoun.

    L'exposition de cette case patrimoniale présente des trônes, des masques, des pipes, des produits de beauté, des décors traditionnels et contemporains. Elle rend également hommage aux grands artistes qui ont marqué les siècles en mettant en avant le dynamisme artistique toujours présent. Par ailleurs, en dehors de cette riche exposition, on découvre et on peut admirer des récipients en terre cuite, des récipients en bois, des objets de vannerie, des pipes, des sacs et surtout des calebasses. Ce musée tente ainsi de témoigner de l'aspect vivant d'une tradition qui a su s'adapter à la modernité. C'est pourquoi Notué déclare : «  Le musée de Bandjoun a été conçu pour appartenir à la communauté internationale des musées en plus de son inscription légitime à la réalité africaine, camerounaise, locale et régionale »220(*).

    Dans la dimension protectrice du patrimoine culturel Bandjoun, cette case, patrimoine réalisé en 2004, est un témoignage vivant de la survivance de la culture Bandjoun. Elle est le moyen par excellence de lutte contre la globalisation culturelle, elle pérennise l'histoire du royaume, valorise la culture et stimule la fierté identitaire et culturelle Bandjoun. C'est pourquoi Notué résume l'importance de la case patrimoniale Bandjoun en ces termes : «  Le musée Bandjoun apparait comme un petit foyer de résistance contre le coté pervers de la mondialisation, en renfonçant à travers ses collections et leur présentation, le respect de la pluralité culturelle et sociale [...] Au développement des valeurs culturelles qui permettent de surmonter le divorce entre le local et l'universel ainsi qu'entre la tradition et la modernité »221(*).

    4.3.4 Organisation des festivals culturels Msem Todjom

    Pendant longtemps, le patrimoine culturel Bandjoun et Bamiléké en général donnait l'impression d'être fermé sur lui-même entouré d'un mystère gigantesque qui, avec l'avènement de la mondialisation disparaissait progressivement. C'est fort de ce constat que les monarques Bandjoun de l'ère de la mondialisation dans le souci de la survivance de ce patrimoine eurent l'idée de création d'un espace spécial de valorisation et de célébration du Patrimoine culturel Bandjoun. Il convient de préciser que même si la première édition du festival célébrée en tant que « Festival Msem Todjom » dans sa solennité, a eu lieu en 2005 sous le haut patronage de sa majesté Kamga Djomo Honoré, l'initiative et le nom de baptême de ce festival est l'oeuvre de Ngnié Kamga. En effet, le festival Msem Todjom de 2005 est précédé par trois autres festivals notamment celui de 1989 et celui de 1999 et de 2001. Les affirmations de Pierre Tchoutezo démontrent cet argumentaire : « Tout est parti le 11 novembre 2011 à la place des fêtes du marché Bandjoun, à la suite du toukoussi, organisé par le roi Ngnié Kamga qui devrait être exécuté par les initiés pour la clôture des deuxièmes journées culturelles Bandjoun. Cette initiative avait reçu le baptême de Msem Todjom»222(*). Mais alors c'est en 2005 suite aux tumultes qui avaient secoué le royaume que le plus grand festival culturel Bandjoun Msem Todjom fut organisé. C'est un festival biennal avec pour vocation de rassembler le peuple Bandjoun autour de son Roi et la culture. Le roi Djomo Kamga Honoré dans son discours d'ouverture de festival en 2011 déclarait : « Le festival Msem Todjom est avant tout l'expression d'attachement des fils et filles Bandjoun à leur histoire, à leur culture, aux traditions de leurs ancêtres ».223(*)

    L'arrivée de sa majesté Roi Djomo dans cette époque trouble de l'histoire des Bandjoun, fait de lui le personnage central de cette période transitoire. Le festival Msem Todjom est donc une féerie, de beauté, de découvertes du peuple Bandjoun à travers son art et sa culture. Ce sont des journées porte-ouvertes dans lesquelles tous les camerounais sont invités à venir découvrir le savoir-faire du peuple Bandjoun à travers des expositions, des danses, des concours d'art culinaire et la dégustation des mets locaux. Cet événement sert à présenter le patrimoine culturel et valoriser aux yeux du monde par le biais du média toutes les richesses du peuple Bandjoun. A cet effet, le docteur Leo Kouga affirme :

    Au-delà de l'aspect festif qui les caractérise, les journées culturelles sont devenues une véritable institution chez ce peuple de la région ouest du Cameroun, il s'agit en réalité d'un moment de communion entre un peuple et son histoire. Une histoire qui le rattache non seulement à ses origines, mais aussi à ses ancêtres et à Dieu. Moment d'affirmation identitaire, de valorisation et de promotion des valeurs culturelles locales, les journées culturelles constituent aussi une circonstance au cours de laquelle la société est purifiée des maux qui peuvent être source de discorde et de division224(*).

    Les journées culturelles ne sont pas seulement une stratégie de marketing pour les promoteurs des produits locaux mais surtout une occasion pour le peuple Bandjoun d'ouvrir ses portes au monde extérieur dans le but d'exhiber positivement sa culture. Dans l'espace de quelques jours, Le Roi Bandjoun tous les fils de son terroir du Cameroun et principalement la jeunesse à venir découvrir et redécouvrir leur culture. Le Roi invite aussi les amis à rentrer de plein pied dans une communauté diverse, multiple, de culture ancienne et d'ambition modernes.

    Ce festival se déroule sur le site même de la chefferie, les journées culturelles sont une foire artistique, musicale, gastronomique, avec des distractions diverses. On y vient pour apprécier les richesses locales à travers l'art et les différentes expressions de vie. La foire présente l'art sous tous ses costumes dans ce recoin du grassland à travers les acteurs et intervenants. Elle se déroule autour de différents axes.

    L'artisanat : ce sont globalement des artistes sculpteurs qui aujourd'hui célèbrent encore le faste de la cour des rois malgré les influences de la vie contemporaine par des réalisations impressionnantes inspirées de l'histoire du royaume. A Bandjoun, il existe une grande variété de contenants conçus sur place, (principalement les récipients, les outils de danse et les sacs), chacun doté d'un emploi spécifique et utilisé tant pour la cuisine pour le matériel rituel ou d'apparat. Un participant allogène à ce festival livre son témoignage en ces termes : « Ce qui frappe dans les contenants c'est la multitude des modèles, des styles, la liberté d'expression qui transparaît dans le détail de la taille, de la décoration, du tissage ou du modelage. Ces différents objets vendus à prix très symboliques permettent d'emporter avec soi un bout de l'histoire, d'un mythe ou un souvenir significatif d'un règne glorieux »225(*).

    La peinture : on rencontrera aussi à travers des expositions des artistes plasticiens contemporains qui tirent leur inspiration de l'histoire du pays bamiléké en général mais aussi des voyages à la rencontre d'autres civilisations. Alors, leurs réalisations superposent des cultures entre tradition et modernisme. A travers les représentations, les jeux de couleur, transparait ce devoir de rester fidèle à la tradition locale mais également celui de redéfinir l'art traditionnel en incluant la vision contemporaine de l'art qui fait de Bandjoun un peuple ouvert et intégrant.

    Les musiciens sont également au rendez-vous. Bandjoun renferme au moins une légende de la musique nationale aujourd'hui. Avec des sonorités importantes, ils donnent de la voix aux journées culturelles. Les musiciens qu'on rencontre sur le site de la foire sont surtout des conservateurs. Avec des textes fidèles à la langue locale ou non, les messages sont toujours centrés sur les concepts propres à la localité, entre autre la polygamie, la sauvegarde des coutumes, les éloges aux personnalités, cultes, l'intégration, l'amour, le partage... des valeurs qui donnent couleur et vie à l'existence du royaume.

    Les écrivains, fidèles au rendez-vous présentent des livres divers. Bandjoun est lui-même au Cameroun parmi les villages qui ont été depuis un certain temps au centre d'une littérature riche et diversifiée. Des auteurs s'y sont arrêtés pour décrire un aspect de sa vie, que ce soit son environnement historico géographique ou même ses hommes. Les thèmes généraux partent de l'histoire des grands règnes aux faits quotidiens. Les écrivains sont des historiens, des anthropologues, mais aussi des romanciers, des conteurs qui illustrent des légendes et épopées fantastiques

    L'art culinaire :Le travail n'étant rien sans le plaisir dans la localité, il y'a le plaisir d'apprécier l'art culinaire par des pauses gastronomiques avec les cultures vivrières locales qui permettent de concocter d'excellents mets mais également le plaisir d'apprécier les danses des sociétés secrètes (Massu, Lali, Wouop, Tso, Mougo, Ghali...) d'abords pour le mystère que revêt l'art vestimentaire complètement mystifié pour les prestations, mais également pour la beauté et la précision des gestes, des pas, des roulements de tambours.

    Le tourisme : Avec la modernisation de la culture par son exposition à d'autres cultures, Bandjoun aujourd'hui revêt harmonieusement les attributs d'une destination touristique. On apprécie d'abord son climat, la région étant l'une des plus fraîches de la zone équatoriale. Sous un ciel d'un bleu éclatant, se dévoilent des paysages pittoresques. Bandjoun aujourd'hui c'est comme une ville neuve, qui grâce à ses conservations attire de plus en plus de touristes. Le passé a inspiré le tourisme, mais il y'a aussi la nature, le rêve pour l'amateur de « soleils lointains » de paysage de montagne, d'architecture traditionnelle. Ces journées sur le site des festivités, permettent aux touristes d'explorer Bandjoun dans son intégralité et maitriser les sentiers et grandes ruelles.

    Les journées culturelles c'est donc l'occasion pour les profanes de découvrir ce visage qui , de passage sur les routes nationales, renvoie l'image d'une cité artistique avec des architectures post modernes mais aussi celles de découvrir la force des traditions dans cette localité avec les lieux sacrés ou la rencontre avec quelques personnalités de cultes.226(*).

    Tous ces lieux constituent un patrimoine intéressant à visiter pour tous ceux qui s'intéressent à cette culture. Ainsi d'une manière générale, le docteur Kouga résume la place du Msem Todjom ainsi « Les journées culturelles Msem Todjom s'attachent à donner une vision exhaustive, à la fois historique, sociale, culturelle et économique du peuple Bandjoun. Elles permettent au village Bandjoun de conserver, entretenir et officialiser ses coutumes afin de toujours pouvoir apporter sa contribution au salon des cultures du monde ».227(*)

    CONCLUSION

    Au terme de ce présent chapitre, on peut affirmer avec certitude que contrairement aux affirmations européocentristes qui consacrent le dogme selon lequel la protection et la conservation du patrimoine culturel est absolument liée à l'initiative occidentale, le souci de la survivance du patrimoine culturel africain et Bandjoun en particulier, anime ses acteurs longtemps avant la pénétration européenne. Cette volonté de la chefferie Bandjoun à protéger son patrimoine culturel s'est manifestée pendant la période précoloniale par le renforcement de l'autorité du chef devant les menaces sécessionnistes des royaumes vassaux, la création des cases patrimoniales embryonnaires, la mise en place des sociétés sécrètes, et le système de mariage princesses et artistes. En outre, avec la pénétration occidentale, la chefferie Bandjoun a également fait preuve de bravoure et de résistance face à l'assaut destructeur du patrimoine culturel qu'est la colonisation. Pour le faire, l'attitude pacifiste du monarque Fotso II face aux allemands et sa révolte contre le système religieux français ont été les principales armes. Enfin, au lendemain de l'indépendance, la chefferie Bandjoun adopte comme stratégies de protection de son patrimoine culturel  les festivals culturels et l'établissement d'une case patrimoniale.

    CONCLUSION GENERALE

    Notre sujet de recherche intitulé « patrimoine culturel Bandjoun : Destructions et stratégies de protection (1904-1905) », nous a plongé dans l'univers civilisationnel de la chefferie Bandjoun par le biais de sa production culturelle.

    Plusieurs préoccupations construites sur la base des hypothèses ont orienté notre démarche méthodologique lors de cette investigation. D'abord la toute première interrogation était centrée sur le lien relationnel entre le milieu naturel, humain et la production du patrimoine culturel Bandjoun. La deuxième préoccupation était axée sur les composantes du patrimoine culturel Bandjoun avant tout contact avec l'extérieur. La troisième quant à elle tournait autour des facteurs responsables de la destruction du patrimoine culturel Todjom. Enfin, la dernière interrogation pour sa part avait l'ambition de déceler les stratégies déployées par la chefferie Bandjoun pour assurer la survivance de son patrimoine culturel.

    Ainsi, nous somme parvenu à la vérification des hypothèses de départ qui se déclinent dans les résultats suivant :

    Le milieu naturel et humain ont été de véritables atouts pour la production culturelle de la chefferie Bandjoun. Parlant du milieu naturel, nous avons constaté que le relief, l'hydrographie et la végétation sont ces éléments physiques qui ont permis à Bandjoun de bâtir un patrimoine culturel riche et varié. Si les montagnes, les collines les rochers éléments constitutifs des inégalités du sol ont servi de bâtis, des lieux saints, des milieux de purification et des sanctuaires, la végétation quant à elle a fourni les matières premières pour la fabrication des produits artisanaux du domaine de la vannerie, de la sculpture, du mobilier... Bien plus, cette végétation assez riche du point de vue faunique a donné aux artistes Bandjoun la matière première pour produire plusieurs objets sacrés. L'hydrographie a joué le même rôle que les éléments du relief. Abordant l'aspect humain, nous nous sommes rendus à l'évidence que Bandjoun a connu 15 monarques depuis sa fondation jusqu'nos jours. Chacun d'une manière particulière à impacter le patrimoine culturel Bandjoun soit dans une perspective de protection soit dans une perspective de destruction ou encore dans une perspective mixte.

    Nous avons démontré qu'avant la colonisation, Bandjoun avait construit un socle patrimonial extrêmement varié. Ce socle patrimonial présentait deux facettes : le patrimoine culturel matériel et le patrimoine culturel immatériel. Dans la production culturelle matérielle, les artistes Bandjoun dans leur grande habileté, créativité et curiosité avaient fabriqué plusieurs objets au rang desquels la vannerie (les paniers, les corbeilles, les mobiliers issus du bambou, les greniers externes...), la sculpture (les masques, les cadres des portes, les sièges royaux, les tambours...), les produits de la forge (Pièges, flèches et autres outils de la chasse, les instruments de musique, ...). La facette immatérielle de ce patrimoine culturel Bandjoun était constituée des sociétés sécrètes attribuées aux danses traditionnelles, un puissant système religieux, la manipulation du kè, les rites, l'éducation, un hymne et les rites traditionnels.

    Notre travail nous a permis de comprendre que les facteurs responsables de la destruction du patrimoine culturel Bandjoun sont à la fois exogènes et endogènes. Plusieurs forces d'origine externe ont contribué à la destruction du patrimoine culturel Bandjoun. D'abord les alinéas naturels, les facteurs historiques religieux et l'action politique du colon. En outre , la destruction du patrimoine culturel de la chefferie Bandjoun trouve ses racines en internes notamment une mauvaise conservation des objets patrimoniaux, les querelles de successions, l'attribution fantaisiste des titres de notabilité, la rupture de transmission du savoir-faire et une désinvolture manifeste de la jeunesse.

    Enfin, Face à la situation calamiteuse, la chefferie Bandjoun s'est toujours montrée tenace à la protection et à la survivance de ce patrimoine culturel. C'est la raison pour laquelle de la période précoloniale à la période coloniale, des stratégies de protection du patrimoine culturel Bandjoun ont été déployées par les acteurs en charge de sa protection. Pendant la période précoloniale, on a observé les actions telles que  le renforcement de l'autorité du chef devant les menaces sécessionnistes des royaumes vassaux, la création des cases patrimoniales embryonnaires, la mise en place des sociétés sécrètes, et le système de mariage princesses et artistes. En outre, durant les périodes coloniales un individu seul incarne la stratégie de protection du patrimoine culturel Bandjoun à savoir Fotso II. Ce dernier qui se montra pacifiste face aux allemands et rebelle contre le système religieux français. Au lendemain de l'indépendance, la chefferie Bandjoun adopte des stratégies de protection pouvant permettre de faire face à la mondialisation : les festivals culturels et l'établissement d'une case Patrimoniale.

    Au regard des différents enjeux que constitue le patrimoine culturel, il est donc urgent voire indispensable de pérenniser et d'améliorer les systèmes de protection de ce patrimoine culturel car il est non seulement source de l'histoire mais aussi l'histoire.

    SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

    1. SOURCES PRIMAIRES

    A. SOURCES ORALES

    N0

    Nom et prénom

    Âge

    Sexe

    Statut social

    Date et lieu de l'entretien

    1

    Defo Nwela

    69 ans

    M

    Notable

    le 11 Mars 2019 à Mtieki

    2

    Djilo Michel

    75 ans

    M

    Membre de la société lali

    25 Avril 2019 à Mbouo

    3

    Djuidje Marceline

    49 ans

    F

    Prêtresse

    05- Février 2019 à Mbieng

    4

    Dugne Motouom

    73ans

    F

    Ménagère

    le 11 Mars 2019 à Dembou

    5

    Foko Antoine

    69 ans

    M

    Fabricant des tambours et membre de la société nkouo ndjè

    20 Mars 2019 à Djomhouo

    6

    Fongno Léonard

    72 ans

    M

    Maitre du rite Biénal du

    19 Avril 2019 à Hiala.

    7

    Fotso Leonard

    65 ans

    M

    Dignitaire (Ta Sa'a Tadjuego)

    22 décembre 2018 Mbieng

    8

    Fotso luc Patrice

    83 ans

    M

    Sculpteur

    30 mars 2019 à Djomhouo

    9

    Fotso Lydie

    67 ans

    F

    Ancienne d'Eglise

    13 janvier 2019 à l'EEC de Mbouo Bandjoun

    10

    Guamgne Therèse

    63 ans

    F

    Prêtresse

    le 23Mars 2019 à Houa.

    11

    Guiffo Michel le

    76 ans

    M

    Membre du lali

    25 Avril 2019 à Mbouo

    12

    Kamga Athanas

    75 ans

    M

    Spécialiste de l'art Bambou

    le 14 Mars 2019 à Mbouo .

    13

    Kamgue Denis

    70 ans

    M

    Vigneron

    25 Mars 2019 à Mbouo I

    14

    Kengne Lazare

    82 ans

    M

    Membre de la société sécrète Nye.

    le 13-02-2019 à Famleng Topo

    15

    Kengne Sébastien.

    71 ans

    M

    Forgeron

    le 26 Avril 2019 à Kamgo.

    16

    Koupgang Albertin

    65 ans

    M

    le guide du Musée

    19 Mars 2019 à la chefferie Bandjoun.

    17

    Kuate André

    69 ans

    M

    Pasteur EEC Djomhouo

    19 Avril 2019 à Djouomhouo

    18

    Kuate François

    57 ans

    M

    Enseignant

    04-05-2019 à Mbouda.

    19

    Kuate Jean Paul

    75 ans

    M

    Ancien serviteur de la chefferie

    19 Avril 2019 à Hiala.

    20

    Kui Tagne

    75 ans

    M

    Notable

    le 21- 01- 2019 Djionè

    21

    Mokam Lydie

    67 ans

    F

    Propriétaire d'une poterie

    23 Mars 2019 à Togodjo

    22

    Motchouom Maguerite

    77 ans

    F

    Veuve du chef Ngié

    Le 26 Mars 2019 à Houa.

    23

    Motouom

    69 ans

    F

    Ménagère

    25 Avril 2019 à Mbouo

    24

    Moudze paul

    80 ans

    M

    Dignitaire ( sa'a)

    27 décembre 2018 à Mbouo et 23 Mars2019 à Mbouo

    25

    Noubissi Michel

    78 ans

    M

    Pasteur EEC retraité

    13 avril 2019 à Semto.

    26

    Simo véronique

    75 ans

    F

    Ménagère et veuve d'un ancien dignitaire Simo Daniel

    le 17 Janvier 2019 à Mbieng.

    27

    Simo Zéphirin

    71 ans

    M

    Membre du lali, du wouop et nye

    24 Avril 2019 à Mbouo

    28

    Souop Foadjing le

    85

    M

    Notable

    26-01-2019 à Yom.

    29

    Souop Tokam

    78 ans

    M

    Notable

    26 janvier 2019 à Pete

    30

    Souop Youevop

    80 ans

    M

    Notable

    le 27-02-2019 à Famleng.

    31

    Tabue Elie

    87 ans

    M

    Membre participant à l'initiation du Fo au la'kam

    20 Mars 2019 à Mbieng

    32

    Tabue Emmanuel

    88 ans

    M

    Membre de la société madjon

    25 Avril 2019 à Kam Ngkuikè

    33

    Tabue Fossuo

    79 ans

    M

    Dignitaire du Royaume

    20 Mars 2019 à Tseleng.

    34

    Tagne François

    78 ans

    M

    Serviteur du roi actuel

    16 Février 2019 à Hiala

    35

    Tagne Jérôme

    78 ans

    M

    Prêtre traditionnel (Kam si)

    le 17 Janvier 2019 à Mlem

    36

    Tagne Loic,

    29 ans

    M

    Moto taximan

    le 14-04-2019 sur le tronçon Bandjoun centre Hiala

    37

    Tamdem Jean Jules

    68 ans

    M

    Pasteur EEC et président de la région synodale du Koung-Khi

    13 janvier 2019 à l'EEC de Mbouo Bandjoun

    38

    Teku Marcel

    87 ans

    M

    Chef d'une société sécrète Nye

    le 21 Mars 2019 àYom

    39

    Thoupo Emmanuel

    57 ans

    M

    Enseignant

    le 04 Avril 2019 à Bafoussam

    40

    Tienou Flaubert

    79 ans

    M

    Forgeron

    18 Février 2019 à Famleng Topo

    41

    Toguo Jean Marie

    87 ans

    M

    Catéchiste et fabriquant des balafons

    25 Mars 2019 à Mbouo I.

    42

    Tuekam Victor

    85 ans

    M

    Ancien d'Eglise

    13 janvier 2019 à l'EEC de Mbouo Bandjoun

    43

    Tueté Nicole

    72 ans

    F

    Membre du Kemdje et kwenteng

    19 Avril 2019 à Hiala

    45

    Wabo Tagassi

    57 ans

    M

    Notable

    11 Décembre 2018 à Famleng Djouogo.

    46

    Wabo Tekam

    89 ans

    M

    Notable

    19 Mars 2019 à Soung Bandjoun

    47

    Wafo Jean

    88 ans

    M

    Notable

    le 24 Avril 2019 à Magom

    48

    Wafo Youovop

    87 ans

    M

    Grand dignitaire

    11 Décembre 2018 à Famleng Djouogo

    B. LES ARCHIVES

    - Les archives de la chefferie Bandjoun.

    . Liste des plus grands forgerons et sculpteurs de la chefferie Bandjoun de 1560  à nos jours.

    . Photo d'intronisation des rois Bandjoun de la période coloniale ainsi que celle des épouses des monarques (1884 - 1960)

    . Carte des sous chefferies de Bandjoun à la fin du XVIIe siècle.

    - Les archives de la commune de Pete Bandjoun.

    .Carte administrative de Bandjoun dressée en 1975.

    . Les données démographiques du royaume Bandjoun en 2005.

    2. SOURCES SECONDAIRES

    A. LES OUVRAGES

    ALEXANDRE, Pierre(1968), Dictionnaire des civilisations africaines, Paris : Harmattan.

    ANSELIN, Alain (1995), La Cruche et le Tilapia, une lecture africaine de l'Égypte nagadéenne, Paris : UNIRAG.

    BABELON, Jean-Pierre et Chastel, André (1994), La notion de patrimoine, Paris : L.Lévi.

    BEAUD, Michel (2006), l'art de la thèse, Paris : Editions la découverte.

    Diop, Cheik-Anta (1982), Unité culturelle de l'Afrique noire, Paris : Présence Africaine.

    DJACHE NZEFA, Sylvain (1994), les chefferies bamilékés dans l'enfer du modernisme, une chefferie de demain, Paris : Couëron.

    DONGMO, Jean-Louis (1981), Le dynamisme Bamiléké (Cameroun), Yaoundé : CEPER.

    FOUELLEFAK KANA Célestine et Nzessé Ladislas (2014), patrimoine culturel africain, Paris : L'Harmattan.

    GAUTIER, Henri (1943), Au Cameroun français : Bandjoun , Montréal : Editions

    GHOMSI, Emmanuel (1972), Les Bamiléké du Cameroun, Essai d'étude historique des origines à 1920, Paris : l'Harmattan.

    GRIMBERG, Carl (1963), Histoire universelle ; l'aube des civilisations, Tome I, traduction par Colson (dir), marabout Université. 

    HARTER, Pierre (1986), Arts anciens du Cameroun, Armouville, Editions Arts d'Afrique noire.

    HUNTINGTON, Samuel (1997), le choc des civilisations, Paris : Edile Odile.

    KUETE, Martin & Alli. (2000), Espace, pouvoir et conflits dans les hautes terres de l'Ouest, Yaoundé : CEREHT.

    KURHAN -GAULTIER, C (2001), le patrimoine culturel africain, Paris : Maisonneuve et Larose.

    LE COQ, Raymond (1953), les Bamiléké, Paris : Présence Africaine.

    MALABOUCHE, Xavière (2000), De la sauvegarde des biens culturels d'Afrique noire, Lyon : Icart II.

    MALAQUAIS, Dominique (2002), Architecture, Pouvoir et dissidence au Cameroun, Paris: Karthala.

    MBITI, John (1972), Religions et Philosophie africaine, Yaoundé: Clé.

    MVENG, Engelbert (1985), .Histoire générale du Cameroun, Tome II, Yaoundé : C.E.P.E.R.

    MVENG, Engelbert. (1964), L'art d'Afrique noire (Liturgie cosmique et langage religieux), Yaoundé : Clé.

    NISSIM, G (1981), phonologie, morphologie nominale, comparaison avec les parlers voisins, Paris : Société d'études linguistiques et anthropologiques de France.

    NOTUE, Jean-.Paul (1991), chronologie en histoire de l'art au grassland (Cameroun), approche méthodologique, Yaoundé : M.E.S.I.R.E.S/ ORSTOM.

    NOTUE, Jean-.Paul (1993), Batcham. Sculpture du Cameroun, Marseille : Réunion des Musées nationaux.

    NOTUE, Jean-Paul (1990), .la place du Kè et du sacré dans les arts de l'Ouest Cameroun, Yaoundé : Mesires ISH-Orstom.

    NOTUE, Jean-Paul (2005), Bandjoun, trésors royaux du Cameroun, Bandjoun, tradition dynamique, création et vie catalogue du musée Bandjoun, Milan : Editions 5 continents.

    NOTUE, Jean-Paul et PERROIS, Louis (1997), Rois et Sculpteurs de l'Ouest Cameroun : La panthère et la mygale, Paris : Co-published, Katharla Ostom,

    OBENGA, Théophile (1985), les bantu, Paris : Présence Africaine.

    PERROIS, Louis et NOTUE, Jean-Paul. (1984), Légendes : les origines de la chefferie Bandjoun au Cameroun, Yaoundé : Institut des Sciences Humaines.

    QUITARD, Pierre-Marie (1968), Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes, Genève : Slatkine Reprints.

    SAFOTSO, Gilbert (2001), Au coeur des rites et coutumes Bandjoun peuple Todjom : Dschang University Press.

    SLAGEREN, J-V (1972), les origines de l'Eglise Evangélique du Cameroun, Yaoundé : Editions CLE,

    TABEKO, Leonel et TETA, Innocent(1980), Autour du feu : les étapes de la socialisation dans la société Bamiléké, Yaoundé : Afro livresque.

    TCHOUTEZO, Pierre (2006), les royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation, Douala : Ymele.

    WARNIER, Jean-Pierre (1984), « Histoire du peuplement et genèse des paysages dans l'Ouest Camerounais » in J.A.H, pp.395-410.

    ZAHAN, Dominique (1970), Religion, Spiritualité et Pensée Africaines, Paris : Payot.

    B. LES ARTICLES DE REVUE /COMMUNICATION ACTES DES COLLOQUES,

    BARBIER, Jean -Claude (1981), « le peuplement de la partie méridionale du plateau Bamiléké », in contribution de la recherche ethnologique à l'histoire des civilisations du Cameroun, Paris, vol II, Editions CNRS, pp. 110-129.

    DIKOUME, Albert et NGOUFFO SOGANG, Théodore (2000), « Peuplement des hautes terres de l'Ouest », in Espace, pouvoir et conflits dans les hautes terres de l'Ouest, Yaoundé, CEREHT, pp ...

    DIKOUME, Albert et SAHA, Zacharie (2000), « les résistances des populations des hautes terres de l'Ouest à la pénétration Allemande », in Espace, pouvoir et conflits dans les hautes terres de l'Ouest, Yaoundé, CEREHT, pp .74- 92.

    FOUELLEFAK KANA, Célestine (2011), « Cheikh Anta Diop le panafricaniste : un repère pour l'Afrique et sa jeunesse ? » in Ethiopiques Littérature, philosophie et art n°87, 2ème semestre, pp. 147-166.

    GOUROU, Pierre (1970), « La civilisation du végétal », in Recueil d'articles, Bruxelles, Société royale belge de géographie, pp. 225-236.

    HEUCH, De Luc (1973), « Le sorcier, le père Tempels et les jumeaux mal venus », in la notion de personne Afrique noire, Centre national de la recherche scientifique, , pp.231-247.

    HURAULT, Jean (1970), «  L'organisation du terroir dans les groupements Bamiléké » in Études rurales, n°37, pp. 232-252.

    KOUPGANG, Albertin et NOTUE, Jean Paul (2005), «  Catalogue des objets culturels du musée de Bandjoun », in Bandjoun trésors royaux au Cameroun tradition dynamique, création et vie catalogue du musée Bandjoun, Milan, Editions 5 continents, pp.181-245.

    KOUPGANG, Albertin et TABOUE NOUAYE, Flaubert (2005), « les sociétés sécrètes de Bandjoun » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun tradition dynamique, création et vie catalogue du musée Bandjoun, Milan, Editions 5 continents, pp.122-135.

    KUM'A, NDUBE (1986), « les traités Camerouno-germaniques ; 1884- 1907 », actes du colloque « cent ans de celassions entre l'Afrique et les Allemagnes 1884-1984 : le cas du Cameroun », Yaoundé, le 14 avril 1983, Editions Africavenir, pp. 42-68.

    MALABON, Darice (2019), « Art et artisanat Bamendou : le savoir faire ancestral » in Ngim nu Magazine Festival Bamendou, n0 001, 54ème Editions, Mars, pp. 28-30.

    MARRET, Pierre,( 2001), « Patrimoines africains : Plaidoyer pour une approche plurielle », in KURHAN, Gaultier, le patrimoine culturel africain, Paris, Maisonneuve et Larose, pp.21-41.

    MOHAMMADOU, Emmanuel (1986), « Envahisseurs du nord et Grassfields camerounais au XVIIIème siècle : Le cas du Bamoun » in Sudan Sahel Studies V, Tokyo, JLCAA, pp.237-273.

    NOTUE, Jean-.Paul (2005), « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo) : Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions dynamiques » in Bandjoun, trésors royaux du Cameroun, Bandjoun, tradition dynamique, création et vie catalogue du musée Bandjoun, Milan, Editions 5 continents, pp 33-97.

    PERROIS, Louis et NOTUE, Jean-Paul (1933), Arts et sculptures du Grassland, camerounais » in, PERROIS, Louis, Legs Pierre Harter, les rois sculpteurs, art et pouvoir dans le Grasslands Camerounais, Paris, Réunion des musées nationaux, pp.31-91.

    PERROIS, Louis et NOTUE, Jean-Paul (1986), « Contribution à l'étude des arts plastiques du Cameroun » in Mutu Libreville, CICIBA, n0 4, pp.165-222.

    PIOU, Estelle & Alli (2012), « la sauvegarde et la valorisation du patrimoine culturel au Cameroun », in la lettre de l'OCIM, Edition OCIM, pp. 10-28.

    TABOUE NOUAYE, Flaubert (2005), « Les artistes Bandjoun » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun tradition dynamique, création et vie catalogue du musée Bandjoun, Milan, Editions 5 continents, pp.99-121.

    TAYLOR, E -D cité par ROCHER Guy (1992), «Culture, civilisation et idéologie » in Introduction la sociologie générale. Première partie: l'action sociale, Montréal, Éditions Hurtubise HMH ltée, pp.101-123.

    TSHILUILA, S (2001), « Présentation générale » in KURHAN Gaultier. (éd), Le patrimoine culturel africain, Paris, Maisonneuve et Larose, pp. 13-17

    YAMBENE, BOMONO, Chenri (2017), « contexte de justification » in Patrimoine culturel et développement local au Cameroun, Centre national d'éducation, Département d'études sur les arts, religions et civilisations, Yaoundé, pp.4-15.

    C. THESES ET MEMOIRES.

    DOGMO, Jean Louis (1971), « l'aménagement de l'espace rural en pays bamiléké (Ouest-Cameroun) », Thèse de doctorat de 3ème cycle en Géographie, Université de Lille.

    FOKOUO, Gilbert (1990-1991), «  La chefferie Bandjoun hier et aujourd'hui : étude sociologique d'une société en mutation », Mémoire de maitrise soutenu en vue d'obtention de la maitrise en sociologie, Université de Yaoundé.

    FOUELLEFAK KANA, Célestine (2004-2005), « Le Christianisme occidental à l'épreuve des valeurs religieuses africaines : le cas du catholicisme en pays bamiléké au Cameroun (1906- 1995) », thèse soutenue en vue de l'obtention du grade de Docteur en Histoire, Université Lumière Lyon.

    KEINGINE Willy (2009-2010), « Du costume de la confrérie kuingang de bansoa a la création picturale : proposition d'oeuvres plastiques », Mémoire présenté et soutenu en vue de l'obtention du diplôme de Maitrise en Arts Plastiques, Université de Yaoundé.

    MODJOM TCHUENCHIÉ, Josué (2014), « Patrimoine matériel de la chefferie Banyangam (Ouest-Cameroun) des origines à 2011 : Problèmes d'une continuité culturelle ». Mémoire soutenu en vue d'obtention du diplôme de Master en Histoire.

    NOTUE, Jean Paul (1978), «  Contribution à l'étude des arts Bandjoun (Ouest-Cameroun), Mémoire soutenu en vue d'obtention du DES, Université de Yaoundé.

    NOTUE, Jean-Paul (1988), « la symbolique des arts Bamiléké (Ouest -Cameroun) ; Approche historique et anthropologique », Thèse de Doctorat, Université de Paris.

    WATOUNWA, Télesphore (1990- 1991), «Les institutions politiques de l'Afrique noire précoloniale. Le cas de Bandjoun Ouest-Cameroun», Mémoire soutenu en vue d'obtention du DIPES II, Université de Yaoundé.

    D. LES DICTIONNAIRES

    - Le petit robert illustré, Paris, Hachette, 1983.

    - Dictionnaire Microsoft Encarta 2009.

    - Nouveau Larousse Encyclopédique

    E. SOURCES ELECTRONIQUES

    - http://msemtodjom-bandjoun.blogspot.com/

    - http://lasagatnt.com/msem-todjom-2017-festival-des-peuples-bandjoun/

    - http://museedescivilisations.org/index.php/programmation/evenements/60-festival-c-

    - http://www.museumcam.org/bandjoun/creation.phpulturel-msem-todjom

    - https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A8te-Bandjoun

    - https://www.google.com/search?rlz=1C1GGRV_enCM846CM846&q=création+et+importance+du+muséé+bandjoun&tbm=isch&source=univ&sa=X&ved=2ahUKEwijxpqexvfiAhWOFxQKHaA1

    ANNEXES

    Annexe 1 : Photos de Quelques Monarques Bandjoun ayant joué un grand rôle dans la protection du patrimoine culturel Bandjoun

    Fotso II Kamga II

    Ngnié Kamga Djomo Kamga Honoré

    Sources: Les archives de la chefferie Bandjoun

    Annexe 2 : Autres éléments du patrimoine culturel Matériel Bandjoun avant la colonisation

    - Epouses du chef Bandjoun Kamga I (1775) portant chacune une calebasse

    Source : Les archives de la chefferie Bandjoun

    - Siège royal perlé, masque batcham et le roi installé sur un siège royal perlé les pieds sur un tapis de peau de panthère dressé par une trompe d'éléphant

    Source : https://www.google.com/search?q=musée+de+bandjoun

    - Les instruments de musique.

    Source : https://www.google.com/search?q=musée+de+bandjoun

    - L'évolution de la construction de la grande case Nemo Vers 1895.

    Source : Archives de la chefferie Bandjoun

    Avant l'incendie de 2005

    Source : https://www.google.com/search?q=musée+de+bandjoun

    Après l'incendie de 2005

    Source : Photo Simo Djilo 14-03-2019 à Hiala.

    Annexe 3 : Eléments du patrimoine immatériel : les grands moments du festival Msem Todjom

    Visite du stand d'exposition des objets royaux par AmaTutu Muna (ministre des arts et de la culture 2007- 2015).

    Danse culturelle Wouop msem Todjom 2015.

    Source : https://www.google.com/search?q=musée+de+bandjoun

    Source : http://msemtodjom-bandjoun.blogspot.com/

    Annexe 4 : Guides d'entretiens

    GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE FORGERON

    1- Vous exercez votre activité depuis combien d'années ?

    2- Connaissez-vous les premiers forgerons de la chefferie Bandjoun ? Comment appelle-t-on un forgeron en langue Ghomala ?

    3- Quels sont les premiers forgerons de la chefferie Bandjoun ?

    4- Quels sont les principaux outils utilisés par le forgeron ?

    5- Quelles sont les grandes catégories de forgerons qui existaient à la chefferie ?

    6- Quelle était la matière première des forgerons ?

    7- D'où venait cette matière première ? Quelle était la stratégie d'exploitation de cette matière première ?

    8- Quelle place occupait la forge dans l'univers patrimonial matériel de la chefferie Bandjoun par rapport aux autres secteurs tels que la vannerie, la sculpture et la poterie ?

    9- Y'avait-il des conditions à remplir pour être éligible aux fonctions de forgeron ?

    10- Quels sont les principales productions des premiers forgerons ?

    11- Quelles étaient les différentes fonctions de la forge à la chefferie Bandjoun ?

    12- Votre activité suscite telle tant d'enthousiasme aux jeunes générations ? pourquoi ?

    13- Existe-il des ateliers de formation au métier de forgeron actuellement à la chefferie ?

    14- A votre avis quelles sont les solutions envisageables pour pérennisation de votre activité ?

    GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE NOTABLE

    1- Qu'est ce qu'un notable ?

    2- D'où est venue l'idée de notabilité dans la chefferie Bandjoun ?

    3- Quelle est la genèse de la chefferie Bandjoun ?

    4- Depuis la création du Royaume Bandjoun, combien de monarques se sont succédé à la tête de cette monarchie ?

    5- Quels sont les différents titres de notabilité qu'on avait à la chefferie Bandjoun bien même avant la colonisation ?

    6- Quels étaient les critères d'attribution des titres de notabilité ?

    7- Ces critères sont-ils respectés de nos jours ?

    8- Comment se déroulaient les différents rites culturels de la chefferie Bandjoun ?

    9- Quelle est la genèse de la chefferie Bandjoun ?

    10- Depuis la création du Royaume Bandjoun, combien de monarques se sont succédé à la tête de cette monarchie ?

    11- Qu'est-ce que le patrimoine culturel ?

    12- En quelle année les européens arrivent à la chefferie Bandjoun ? Qui étaient-ils ?

    13- Quelle est l'influence de l'implantation de l'Evangile sur le patrimoine culturel Bandjoun ?

    14- Quelle est le monarque Bandjoun Qui les accueille ?

    15- Avant l'arrivée de ces européens, quels sont les éléments du patrimoine culturel matériel  qu'on retrouve à la chefferie Bandjoun ?

    16- Quelle était la matière première utilisée par les premiers sculpteurs Bandjoun ?

    17- D'où venait cette matière première ? Quelles étaient les stratégies d'exploitation ?

    18- Quelles sont les principales productions de la sculpture ? Quels furent les premiers sculpteurs ?

    19- Quelle était la matière première utilisée par les premiers vanniers Bandjoun ?

    20- D'où venait cette matière première ? Quelles étaient les stratégies d'exploitation ?

    21- Quelles sont les principales productions de la vannerie? Quels furent les premiers vanniers ?

    22- Quels sont les grands animaux qui constituaient la faune Bandjoun ? En quoi ces derniers ont influencé la production culturelle Bandjoun ?

    23- Quels sont les différents rites qui étaient pratiqués à Bandjoun avant même la colonisation ?

    24- Comment fonctionnait la théorie du totémisme  à la chefferie Bandjoun ?

    25- Quels sont les sociétés sécrètes qui existaient à la chefferie Bandjoun avant la colonisation ?

    26- Quelles sont les danses traditionnelles qui étaient exécutées ?

    27- Comment se caractérisait le système religieux  de la chefferie Bandjoun?

    28- Quelles sont les valeurs morales et éthiques qui caractérisaient la société Bandjoun avant l'arrivée Européenne.

    29- Quelles sont les facteurs de la destruction du patrimoine culturel Bandjoun avant, pendant et après la colonisation ?

    30- Quelles sont les stratégies de protection employées par les différents acteurs en charge du patrimoine culturel Bandjoun depuis la période précoloniale jusqu'à nos jours ?

    31- Qu'est ce que le festival Msem Todjom ?

    32- Quelle est la genèse de ce festival ? Quand se célèbre t-il ?où ? Qui sont les acteurs ? quelle est son importance pour la culture de la chefferie Bandjoun ?

    GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES MEMBRES DES SOCIETES SECRETES

    1- Qu'est ce qu'une société sécrète ?

    2- Une société sécrète est-elle différente d'une association culturelle ?

    3- Quelles sont les monarques fondateurs des sociétés sécrètes de la chefferie Bandjoun ?

    4- Quelles sont les grandes sociétés sécrètes de la chefferie Bandjoun qui existaient avant la colonisation ?

    5- Quelles sont les caractéristiques de ces sociétés sécrètes ? Quelles étaient les éléments de différenciation de ces sociétés sécrètes ?

    6- Quelles étaient les différentes fonctions de ces sociétés sécrètes ?

    7- Quelle était l'âge exigible pour chaque société sécrète ?

    8- Quelles sont les sociétés sécrètes qui ont disparues ?

    9- Quelles sont les raisons qui justifient cette disparition ?

    10- Quels sont les événements au cours desquels on peut apercevoir la parade des sociétés sécrètes ?

    11- Que savez-vous de la manipulation de la magie (le kè)  à la chefferie Bandjoun?

    12- Quel a été la nature des rapports entre l'arrivée de l'évangile et les sociétés sécrètes ?

    13- Que pensent généralement l'opinion populaire de vous en tant que membre d'une société sécrète ?

    14- Qu'est ce qui vous motive à être membre d'une société sécrète et a y inscrire vos enfants ?

    15- Comment trouvez-vous l'adhésion des jeunes aux sociétés sécrètes de la chefferie Bandjoun ?

    16- A votre avis depuis la fondation du royaume Bandjoun quelles sont les stratégies qui ont été déployées par les uns et les autres pour la survivance des sociétés secrètes ?

    17- Pensez-vous que la prestation des sociétés sécrètes lors du festival Msem todjom doit continuer ? Pourquoi ?

    GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE GUIDE DU MUSEE

    1- Qu'est ce qu'un Musée ?

    2- Y'a-t-il une différence entre un Musée et une case patrimoniale ?

    3- En quelle année fut érigé ce musée que nous avons aujourd'hui ? Y'a-t-il eu d'autres avant ?

    4- D'où est venue l'idée de création du musée royal Bandjoun ? Qui sont les véritables acteurs de la création de cette case patrimoniale ?

    5- Quelle est la thématique centrale du Musée royal Bandjoun ?

    6- Quelle est la genèse de la chefferie Bandjoun ?

    7- Depuis la création du Royaume Bandjoun, combien de monarques se sont succédé à la tête de cette monarchie ?

    8- Qu'est-ce que le patrimoine culturel ?

    9- En quelle année les européens arrivent à la chefferie Bandjoun ? Qui étaient-ils ?

    10- Quelle est le monarque Bandjoun Qui les accueille ?

    11- Avant l'arrivée de ces européens, quels sont les éléments du patrimoine culturel matériel  qu'on retrouve à la chefferie Bandjoun ?

    12- Quelle était la matière première utilisée par les premiers sculpteurs Bandjoun ?

    13- D'où venait cette matière première ? Quelles étaient les stratégies d'exploitation ?

    14- Quelles sont les principales productions de la sculpture ? Quels furent les premiers sculpteurs ?

    15- Quelle était la matière première utilisée par les premiers vanniers Bandjoun ?

    16- D'où venait cette matière première ? Quelles étaient les stratégies d'exploitation ?

    17- Quelles sont les principales productions de la vannerie? Quels furent les premiers vanniers ?

    18- Quels sont les grands animaux qui constituaient la faune Bandjoun ? En quoi ces derniers ont influencé la production culturelle Bandjoun ?

    19- Quels sont les différents rites qui étaient pratiqués à Bandjoun avant même la colonisation ?

    20- Quels sont les sociétés sécrètes qui existaient à la chefferie Bandjoun avant la colonisation ?

    21- Quelles sont les danses traditionnelles qui étaient exécutées ?

    22- Comment se caractérisait le système religieux  de la chefferie Bandjoun?

    23- Quelles sont les valeurs morales et éthiques qui caractérisaient la société Bandjoun avant l'arrivée Européenne.

    24- Quelles sont les facteurs de la destruction du patrimoine culturel Bandjoun avant, pendant et après la colonisation ?

    25- Quelles sont les stratégies de protection employées par les différents acteurs en charge du patrimoine culturel Bandjoun depuis la période précoloniale jusqu'à nos jours ?

    26- Qu'est ce que le festival Msem Todjom ?

    27- Quelle est la genèse de ce festival ? Quand se célèbre t-il ?où ? Qui sont les acteurs ? quelle est son importance pour la culture de la chefferie Bandjoun ?

    «  Patrimoine culturel de la chefferie Bandjoun : Destruction et stratégies de protection  (XVIèmesiècle à 2005) ».

    Dans le cadre de la recherche en histoire des civilisations et religions, nous Simo Djilo Jacques, Matricule CM-UDS 16LSH1511, inscris en Master II à l'Université de Dschang avons opté pour la thématique ci-dessus. Nous vous prions humblement de répondre avec sincérité aux questions ci-après pour nous permettre de réaliser objectivement notre travail.

    I- M F Age : 15-17 ans 17-19 ans 20-21 ans 22-23 ans

    IDENTIFICATION DE LA POPULATION CIBLE

    Quartier ................................................. Profession...............................................

    Sexe

    II- OUI NON

    CONNAISSANCE DU PATRIMOINE CULTUREL

    1- Avez-vous déjà entendu parler su patrimoine culturel ?

    2- OUI NON

    Le patrimoine culturel est l'ensemble des richesses culturelles matérielles et immatérielles d'un pays, d'une tribu, ou d'une Société donnée. Pensez-vous que votre chefferie (la chefferie Bandjoun) dispose d'un patrimoine culturel ?

    3- Enumère quatre éléments de ce patrimoine culturel matériel...................................................... ...................................................................................................

    4- Citez quatre éléments de ce patrimoine culturel immatériel.......................................................................................................................................

    ......................................................................................................................................................................................................................................................

    III- 2 4 Plus de 4

    DESTRUCTION ET PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN

    1- Combien de sociétés sécrètes Bandjoun connaissez vous ?

    2- Quelle (s) activité (s) de la liste ci-dessous saviez-vous exercer ?

    Sculpture Forge Vannerie Porterie Rien de ces quatre activités

    Sculpteur Forgeron Vannier Potier Autre

    3- Quel métier aimeriez-vous exercer plus tard ?

    4- Etes-vous membre d'une société sécrète ou d'une autre association culturelle? (si oui précisez. Exemple lali, wouop, nye...) (Si non cochez la raison)

    OUI

    Laquelle/ Lesquelles ? ..........................................................................

    NON Parce que : Ce sont des choses magiques et mystiques Manque de moyens Mes parents n'acceptent pas Ça ne sert à rien Ma religion m'interdit

    OUI NON

    5- Avez-vous déjà observé ou participer à un rite d'initiation ?

    6- Si oui encerclez le rite concerné : Rite de veuvage Rite de naissance Rite des jumeaux

    Rite d'initiation au La'kam La dot Rite de purification ou d'action de grâces au tuep si Rite du tchouo kouo. Si un ou plusieurs autres rites ne figurent pas dans la liste ci-dessous, Précisez-le/les.................................................................................................................................................................................................................

    7- Que pensez-vous de ces rites ? Faut les supprimer Faut les conserver Faut les conserver en les humanisant

    8- Participez-vous aux funérailles ? OUI NON Si non pourquoi ?

    9- Les funérailles ont-ils une importance à votre avis ? OUI NON

    10- Doit-on les pérenniser à votre avis ? OUI NON

    - Si Oui parce que (encerclez la/les propositions) : ils renforcent l'autorité du Chef les funérailles dynamisent l'économie locale ils valorisent la culture.

    - Si non parce que (encerclez la/les propositions): c'est anti biblique, c'est satanique, c'est mystique et magique. Si vous avez un élément de réponse qui ne figure pas dans cette liste, Précisez-le : ..................................................................

    11- Connaissez-vous un forgeron, un potier,  un Vannier ou un sculpteur à Bandjoun ? OUI NON

    Si oui précisez le nom ou son quartier ..............................................................

    12- Participez-vous au festival Msem Todjom ? OUI NON

    13- Pensez- vous qu'il faut continuer à l'organiser ? OUI NON

    14- Pourquoi.........................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    15- Pensez-vous qu'il est important de protéger le patrimoine culturel Bandjoun ?

    OUI NON

    Pourquoi ?...................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    Merci pour votre contribution.

    * 1Huntington, S., Le choc des civilisations, Paris, Edile Odile, 1997, p. 55.

    * 2Diop, C.A., Unité culturelle de l'Afrique noire, Paris, Présence Africaine, 1982, P.9.

    * 3Le « lali »est un mot originaire de la Mifi. Dès son origine au XVIIème siècle, il renvoie à une danse guerrière Bamiléké qui était exécutée par les hommes sensés protégés le village contre les envahisseurs. Progressivement, la connotation et la symbolique se sont systématisés. Désormais le  lali  connote à Bandjoun précisément une société culturelle créée dans chaque quartier du village sous autorisation du roi. C'est ainsi qu'on peut avoir le lali du quartier Mbouo, lali du quartier Mbieng, lali du Quartier Famleng... Les fonctions principales du lali sont de créer et consolider une cohésion sociale entre les fils Bandjoun d'un même quartier, renforcer les liens de solidarité et de valorisation culturelle, penser et planifier le développement local.

    * 4Tshiluila, S., « Présentation générale », in Gaultier-Kurhan C. (éd) Le patrimoine culturel africain, Paris, Maisonneuve et Larose, 2001, p.14.

    * 5 Ibid.

    * 6 Deux réunions régionales ont été organisées simultanément par l'UNESCO dans la République de Maurice et au Sénégal du 18 au 19 juillet 2017 et ont suscité davantage d'actions ; Le 20 juillet 2017, à Balaclava, République de Maurice, les ministres responsables de la culture à Djibouti, en Éthiopie, à Maurice, en Somalie et au Soudan du Sud ont publié une déclaration conjointe sur le renforcement des synergies pour la protection du patrimoine culturel en Afrique de l'Est et les États insulaires de l'océan Indien. Elle reconnaît la nécessité d'inclure la culture dans les plans nationaux de développement, d'améliorer la législation et les politiques de protection et de promotion du patrimoine culturel et de ratifier les instruments internationaux normatifs dans le domaine de la protection du patrimoine culturel, entre autres

    * 7On peut évoquer la Convention de 1954 de l'UNESCO pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé et ses deux protocoles (1954 et 1999), la Convention de l'UNESCO de 1970 sur les moyens d'interdire et de prévenir l'importation illicite, L'exportation et le transfert de propriété des biens culturels et la Convention d'UNIDROIT de 1995 sur les objets culturels volés ou illicitement exportés, ainsi que le réseau de partenaires et de ressources, qui constituent une base solide pour la sauvegarde du patrimoine culturel.

    * 8. Extrait du discours de François Mitterrand lors d'un Conseil des Ministres en 1982.

    * 9 Yambene Bomono, C., « contexte de justification » in Patrimoine culturel et développement local au Cameroun, Centre national d'éducation, Département d'études sur les arts, religions et civilisations, Yaoundé, 2017, p.6.

    * 10 Rapport OMT de 2009 p.2.

    * 11 Yambene Bomono, C., « contexte de justification » in Patrimoine culturel et développement local au Cameroun, Centre national d'éducation, Département d'études sur les arts, religions et civilisations, Yaoundé, 2017, p.7.

    * 12Extrait des archives de la Commune de Bandjoun Consulté le mercredi 23 février 2019.

    * 13 Brunsching, H., Le partage de l'Afrique noire, Paris, Flammarion, 1971, pp 22-29.

    * 14 Kum'a Ndube., « les traités camerouno-germaniques ; 1884- 1907 » , actes du colloque « cent ans de celassions entre l'Afrique et les Allemagnes 1884-1984 : le cas du Cameroun » Yaoundé, le 14 avril 1983, Editions Africavenir, 1986, p. 42.

    * 15 Mveng, E., Histoire du Cameroun, Yaoundé CEPER, tom II, 1985, p. 52.

    * 16 Notué, J-P., Bandjoun, tresors royaux du Cameroun, Bandjoun, tradition dynamique, création et vie catalogue du musée bandjoun, Milan, 2005, pp 27-28.

    * 17L'expression « msem todjom » est traduite littéralement par « msem » qui signifie « venter, exalter, magnifier... » Et « Todjom » est une espèce végétale qui est utilisé symboliquement à chaque rite de naissance à Bandjoun avec pour but le ralliement du fils ou la fille *Bandjoun à la culture.

    * 18 Entretien avec Moudze paul( Sa'a Wato), le 27 décembre à son domicile au quartier Mbouo.

    * 19Entretien avec Fotso Leonard ( TaSa'a Tadjuego), le 22 décembre 2018 à son domicile au quartier Mbieng.

    * 20 Archives de la chefferie Bandjoun, consultées le 14-03-2019.

    * 21Notué , J-P., Bandjoun, trésors royaux du Cameroun, Bandjoun, tradition dynamique, création et vie catalogue du musée Bandjoun, Milan, Editions 5 continents, 2005.

    * 22 Notué, J -P., la place du Kè et du sacré dans les arts de l'Ouest Cameroun, Yaoundé, Mesires ISH-Orstom, 1990.

    * 23Watounwa, T.,«  Les institutions politiques de l'Afrique noire précoloniale. Le cas de Bandjoun Ouest-Cameroun », Mémoire soutenue en vue d'obtention du DIPES II, Université de Yaoundé, 1990- 1991.  

    * 24 Kurhan -Gaultier, C., le patrimoine culturel africain, Paris Maisonneuve et Larose, 2001.

    * 25 Tabeko, L et Teta I., autour du feu : les étapes de la socialisation dans la société Bamiléké, Yaoundé, Afrolivresque, 1980.

    * 26 Tchoutezo, P., les royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation, Douala, Ymele, 2006.

    * 27 Perrois , L et Notue, J-P., Légendes : les origines de la chefferie Bandjoun au Cameroun, Yaoundé, institut des sciences humaines, 1984.

    * 28 Le Coq, R., les Bamiléké, Paris, Présence Africaine, 1953.

    * 29Djache Nzefa, S., les chefferies Bamiléké dans l'enfer du Modernisme, Paris, Couëron, 1994.

    * 30 Barbier, J-C., «  le peuplement de la partie méridionale du plateau Bamiléké », in contribution de la recherche ethnologique à l'histoire des civilisations du Cameroun, vol II, Paris, Editions CNRS, 1981.

    * 31 Fokouo, G., «  La chefferie Bandjoun hier et aujourd'hui : étude sociologique d'une société en mutation », mémoire de maitrise soutenue en vue d'obtention de la maitrise en sociologie, Université de Yaoundé, 1990-1991.

    * 32 Quitard, P-M., Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes, Slatkine Reprints, Genève, 1968, P. 25.

    * 33 Babelon, J- P et Chastel, A., La notion de patrimoine, Paris, L.Lévi, 1994, p.11.

    * 34 Taylor, E D cité par Rocher G., «Culture, civilisation et idéologie » in Introduction la sociologie générale. Première partie: l'action sociale, Montréal, Éditions Hurtubise HMH ltée, 1992, p.101.

    * 35 Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles lors de la Conférence mondiale sur les politiques culturelles, Mexico City, 26 juillet - 6 août 1982.

    * 36 Le caractère privé renvoie ici à une personne, une entité traditionnelle, une entreprise, une association, etc.

    * 37 Le caractère public renvoie à une commune, département, région, pays, etc.

    * 38 Le patrimoine dit « matériel » est surtout constitué des paysages construits, de l'architecture et de l'urbanisme, des sites archéologiques et géologiques, de certains aménagements de l'espace agricole ou forestier, d'objets d'art et mobilier, du patrimoine industriel (outils, instruments, machines, bâti, etc.).

    * 39 Le patrimoine immatériel peut revêtir différentes formes : chants, costumes, danses, traditions gastronomiques, jeux, mythes, contes et légendes, petits métiers, témoignages, captation de techniques et de savoir-faire, documents écrits et d'archives (dont audio-visuelles), etc.

    * 40 Marquet, J., Les civilisations noires, Belgique, Marabout Université, 1996, p. 12.

    * 41 Anselin, A., La Cruche et le Tilapia, une lecture africaine de l'Égypte nagadéenne, Paris, éd. UNIRAG, 1995, pp.5-6.

    * 42 Fouellefak KANA, C., « Cheikh Anta Diop le panafricaniste : un repère pour l'Afrique et sa jeunesse ? » in Ethiopiques Littérature, philosophie et art n°87, 2ème semestre, 2011, p. 138.

    * 43 Marret, P., « Patrimoines africains : Plaidoyer pour une approche plurielle », in Kurhan -Gaultier, C., le patrimoine culturel africain, Paris Maisonneuve et Larose, 2001, P. 21.

    * 44Mveng, E., Discours à l'ouverture du festival de Dakar de 1966.

    * 45 Nizésété, B., «  Préface », in Fouellefak Kana C et Nzessé L., Patrimoine culturel africain, Paris, L'Harmattan, p.7.

    * 46 Harsin, P., Comment on écrit l'histoire, Liège, Georges Thone, 1954, p.14.

    * 47 Farge, A., Le goût de l'archive, Paris, Le Seuil, 1989, p.156.

    * 48 Gourou, P., « La civilisation du végétal », in Recueil d'articles, Bruxelles, Société royale belge de géographie, 1970, p. 227.

    * 49 L'espace ngomalà désigne l'ensemble des chefferies du Grassfield qui ont en commun la langue véhiculaire dite ngomalà. Portée principalement par Bandjoun, Cette langue est aussi parlée mais avec quelques variations dans les villages Baham, Bayangam, Bahouan....

    * 50 Gautier, H., Au Cameroun français : Bandjoun , Montréal ,Editions l 'arbre, 1943, p.22.

    * 51 Hurault, J., «  L'organisation du terroir dans les groupements Bamiléké » in Études rurales, n°37-39, 1970, p. 232.

    * 52 Notué, J-P., « Le royaume de Bandjoun ( Leng Djo ou Gung a Djo) : Histoire, contexte de la création artistique, art et tradition dynamique », in Bandjoun trésors royaux au Cameroun, Milan, Editions 5 continents, P.37.

    * 53 Entretient avec Tagne Jerome dit Kam si lem( pretre de lem) le 17- 01-2019 à Mlem Bandjoun.

    * 54 Entretient avec Tuekam Victor le dimanche 13 janvier 2019 à la paroisse EEC de Mbouo Bandjoun.

    * 55 Entretient avec Fotso Lydie le13 janvier 2019 à l'EEC de Mbouo Bandjoun.

    * 56Notué, J-P., « Le royaume de Bandjoun ( Leng Djo ou Gung a Djo) : Histoire, contexte de la création artistique, art et tradition dynamique », in Bandjoun trésors royaux au Cameroun, Milan, Editions 5 continents, P.38.

    * 57Ibid.

    * 58En botanique, l'hygrophylie qualifie les plantes dont les besoins en eau sont importants. Les plantes hygrophiles vivent habituellement en milieu lacustre ou palustre et sont souvent des plantes amphibies. Ainsi on peut déduire qu'une forêt hygrophile est celle qui exige une quantité importante d'eau pour sa constitution et le maintien de son équilibre.

    Par ailleurs la forêt dite ombrophile est une catégorie végétale qu'on retrouve dans les écorégions caractérisées par un climat tropical humide. Elle est dominée généralement par des espèces de conifères et de pins.

    L'adjectif sempervirent (du latin sempervirent, « toujours vert ») désigne, en botanique, une plante qui garde ses feuilles tout au long de l'année. On parle plus couramment de plante à feuillage « persistant », par opposition aux plantes à feuillage caduc.

    * 59 Entretien avec Tagne Jérôme le 17 Janvier 2019 à Mlem

    * 60 La forêt-galerie désigne une forêt longue et étroite qui longe les rives d'un cours d'eau.

    * 61 Grimberg, C., Histoire universelle ; l'aube des civilisations, T. I, traduction par Colson, G adaptation française sous la direction de Dumont G.H, marabout, 1983, P 141.

    * 62 Entretient réalisé avec Dugne Motouom le 11- 03- 2019 à son domicile à Dembou.

    * 63Notué, J-P., « Le Royaume de Bandjoun ( Lem Djo ou Gug Djo) : Histoire, contexte de création artistique, arts et traditions dynamiques » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun tradition dynamique, création et vie catalogue du musée Bandjoun, Milan, Editions 5 continents, 2005, p. 38.

    * 64 Onde, Henri., « Géographie et civilisation », in revue Genevoise de Géographie, Genève, 1948, p 90.

    * 65C'est la raison pour laquelle Le processus d'intronisation d'un nouveau chef après la mort du prédécesseur à la chefferie Bandjoun est fait sous la houlette du Chef Baleng.

    * 66 Notué, J-P., « Le Royaume de Bandjoun ( Lem Djo ou Gug Djo) : Histoire, contexte de création artistique, arts et traditions dynamiques » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun tradition dynamique, création et vie catalogue du musée Bandjoun, Milan, 2005, p.40.

    * 67Il s'agissait de 7 calebasses d'huile de palme apportées par un notable comme droit d'entrée dans la société sécrète dit Komla.

    * 68 Entretien avec le Notable Ta Souop Tokam le 26 janvier 2019 à Pete.

    * 69 Notué, J-P., « Le Royaume de Bandjoun ( Lem Djo ou Gug Djo) : Histoire, contexte de création artistique, arts et traditions dynamiques » ...., pp. 41-43.

    * 70 Si l'ordre de succession et l'identification précise des trois premiers et des sept derniers rois ne présentent aucun problème et ont été clarifiés, ceux par contre des monarques nos 4, 5,6, 7 et 8 sont confus, variables et contradictoires selon les sources. Trois de ces cinq souverains qui ont été mis à l'écart par la coutume et rayés de la liste dynastique officielle sont morts l'un le ventre gonflé, l'autre brulé, le troisième sans enfant et avec un règne écourté, ce qui est signe de malheur et de malédiction a Bandjoun et chez les Bamiléké. Leur oubli est recommandé par la coutume et non pas sur le plan scientifique. In Notué, Jean paul., « Le Royaume de Bandjoun ( Lem Djo ou Gug Djo) : Histoire, contexte de création artistique, arts et traditions dynamiques » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun tradition dynamique, création et vie catalogue du musée bandjoun, Milan, 2005, p 42.

    * 71 La transcription des mots en langue locale a été simplifiée pour la commodité de lecture d'autant plus que les noms officiels arrêtés depuis la colonisation sous l'influence occidentale diffèrent plus ou moins des appellations autochtones. Par exemple, le douzième roi de Bandjoun était un homme politique internationalement reconnu dont le nom figurant sur les documents officiels était Kamga au lieu de Kamgue selon l'appellation autochtone. Pour le distinguer d'un autre ancêtre, du même nom, Kamga était suivi du numéro deux donc, Kamga II. Si la culture occidentale utilise la numérotation chiffrée pour distinguer deux souverains portant le même nom, les Bandjoun se réfèrent au nom de la mère. Ainsi, Kamga II est en réalité Kamgue Menewa. In Notué Jean Paul., « contribution à la connaissance des arts Bandjoun (Ouest-Cameroun) », mémoire de DES , département d'Histoire, Yaoundé, Université de Paris I, quatre volumes, 1998. P. 32.

    * 72Le vide observé dans certaines parties du tableau indique soit l'absence du détenteur soit le désaccord total des informateurs sur l'identité voir même l'existence. .

    * 73Entretien réalisé avec Albertin Koupgang (le guide du Musée) 19- 03- 2019 à la Chefferie Bandjoun et Wabo Tekam à son domicile à Soung.

    * 74 Entretien avec Souop Foadjing le 26-01-2019 à Yom.

    * 75 Le pu'msé est un met traditionnel qui associe la farine de maïs l'huile rouge et le sel. Le pu'msé est l'un des principaux constituants des outils liturgiques des Kam si et magne si.

    * 76Entretien réalisé avec Albertin Koupgang 19- 03- 2019 à la Chefferie Bandjoun

    * 77 Notué, Jean paul., « Le Royaume de Bandjoun ( Lem Djo ou Gug Djo) : Histoire, contexte de création artistique, arts et traditions dynamiques » ...., p. 44.

    * 78 Il s'agit du royaume de Foa Mojo' I et celui de Foa Dùbù qui deviendront Sim dzemto.

    * 79Entretien réalisé Kui Tagne le 21- 01- 2019 Djionè.

    * 80Entretien réalisé avec Teku Marcel au quartier Yom le 21-03-2019. Entretient avec albertin Koupgang le 19- 03- 2019 à la Chefferie Bandjoun.

    * 81 Entretien réalisé avec Teku Marcel au quartier Yom le 21-03-2019. Entretient Albertin Koupgang le 19- 03- 2019 à la Chefferie Bandjoun.

    * 82Ibid.

    * 83 Entretien avec Albertin Koupgang le19- 03- 2019 à la Chefferie Bandjoun.

    * 84A titre illustratif, Il avait volé au secours du chef Bapa attaqué par le chef Baham, en lui envoyant en garantie son couteau de guerre. De plus il vola au secours du chef Bana, Montheu II qui fut immédiatement dégagé de l'emprise de ses voisins quand ils apprirent que Fotso le terrible était en descente vers Bana dirigeant lui-même son expédition. Sa sagesse intervint dans la guerre de neuf ans entre Bandjoun et Bayangam, de façon qu'il n'eut ni vainqueur ni vaincu, afin de préserver les alliances intimes existantes.

    * 85 Entretien avec Ta Souop Youevop le 27-02-2019 à Famleng.

    * 86 Entretien avec Albertin Koupgang le 19- 03- 2019 à la Chefferie Bandjou. Entretien, avec Tabue Elie au Quartier Mbieng le 20- 03- 2019.

    * 87Ibid.

    * 88Entretien avec Defo jean le 20-01-2019 à Mbouo II.

    * 89 Recommandation faite par le professeur Daniel Abwa lors du congrès national des Historiens du Cameroun tenu à l'Université de Dschang en Décembre 2018.

    * 90 Mveng, E., L'art et l'artisanat africain, Youndé, CLE, 1980, p. 36.

    * 91 Entretien avec Albertin Koupgang le14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.

    * 92 Entretien avec Moudze Paul dit Sa'Wato, le 14-02-2019 à Mbouo.

    * 93 Entretien avec Albertin Koupgang (le guide du musée) le 14-03-2019 à la chefferie Bandjoun.

    * 94Notué, J-P., « Le royaume de Bandjoun ( Leng Djo ou Gung a Djo) : Histoire, contexte de la création artistique, art et tradition dynamique »..., P. 67.

    * 95Entretien avec Kamga Athanas, le 14-03-2019 à Mbouo Bandjoun.

    * 96Notué, J-P., « Le royaume de Bandjoun ( Leng Djo ou Gung a Djo) : Histoire, contexte de la création artistique, art et tradition dynamique » ..., P. 70.

    * 97 Koupgang, A et Notué, J.P., «  catalogue des objets culturels du musée de Bandjoun » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun tradition dynamique, création et vie catalogue du musée bandjoun, Milan, Editions 5 continents, 2005, p.224.

    * 98 Entretien avec Albertin Koupgang le 14-03-2019 à la chefferie Bandjoun.

    * 99Koupgang, A., et Nouaye, A., « les sociétés sécrètes de Bandjoun » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun tradition dynamique, création et vie catalogue du musée Bandjoun, Milan, Editions 5 continents, 2005, p.132.

    * 100Entretien avec Albertin Koupgang (guide du musée) le 14-03-2019.

    * 101Koupgang, A et Notué, J-P., «  Catalogue des objets culturels du musée de Bandjoun » ..., pp 228-230.

    * 102Koupgang, A et Notué, J.P, « Catalogue des objets culturels du musée de Bandjoun » ..., p.230.

    * 103 Entretient réalisé avec Foko Antoine le 20- 03- 2019 à Djomhouo.

    * 104Koupgang, A et Notué, J.P., «  catalogue des objets culturels du musée de Bandjoun » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun tradition dynamique, création et vie catalogue du musée bandjoun, Milan, Editions 5 continents, 2005, p.237.

    * 105Koupgang, A et Notué, J.P., «  catalogue des objets culturels du musée de Bandjoun »..., p.237.

    * 106Ibid.

    * 107Koupgang, A et Notué, J.P., «  catalogue des objets culturels du musée de Bandjoun »..., p.238.

    * 108Entretien avec Lazare Kengne le 13-02-2019 à Famleng Topo.

    * 109 Ibid.

    * 110111 Entretien avec Lazare Kengne le 13-02-2019.

    * 112Koupgang, A et Notué, J.P., «  catalogue des objets culturels du musée de Bandjoun »..., p.237.

    * 113 Les archives de la chefferie Bandjoun consultées le 14-03-2019.

    * 114 Entretien avec Albertin Koupgang le 14-03-2019 à la chefferie Bandjoun.

    * 115 Entretien avec Wafo Jean le 24- 04- 2019 à Magom .

    * 116Koupgang, A et Notué, J.P., «  catalogue des objets culturels du musée de Bandjoun »...,p.240.

    * 117 Ibid.

    * 118 Ibid.

    * 119 Ibid.

    * 120 Entretien avec Albertin Koupgang lors de la visité guidée du Musée du 25- 04- 2019.

    * 121Entretien avec Sébastien Kengne dans son atelier de forge le 26- 04- 2019 à Kamgo.

    * 122 Nouaye, A. F., « les artistes Bandjoun » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun tradition dynamique, création et vie catalogue du musée Bandjoun, Milan, Editions 5 continents, 2005, p.115.

    * 123 Ibid.

    * 124 Ibid, p.116.

    * 125 Koupgang, A et Nouaye, A-F., « Les Sociétés secrètes de Bandjoun » ..., p.122.

    * 126 Entretien avec Guiffo Michel le 25-04-2019 à Mbouo.

    * 127 Koupgang, A et Nouaye, A-F.« Les Sociétés secrètes de Bandjoun »...,p.124.

    * 128 Entretien avec Tabue Emmanuel 25-04-2019 à Kam Ngkuikè.

    * 129 Koupgang, A et Nouaye, A-F.,« Les Sociétés secrètes de Bandjoun »...,p.124.

    * 130Notué, J-P., La place du kè et du sacré dans les arts de l'Ouest Camroun ..., p. 27.

    * 131 Koupgang, A et Nouaye, A-F., « Les Sociétés secrètes de Bandjoun », ..., p.128.

    * 132 Entretien avec Wabo Tagassi le 11- 12 2018 à Famleng Djouogo.

    * 133Cette date est significative tant pour la compréhension de la parade de cette société secrète en cette année tant pour l'histoire de la chefferie Bandjoun. En effet cette date marque le décès du roi Bandjoun Ngnié Kamga

    * 134 Zahan, D., Religion, Spiritualité et Pensée Africaines, Paris, Payot, 1970, p. 34.

    * 135 Mveng, E., L'art d'Afrique noire (Liturgie cosmique et langage religieux), Yaoundé, Clé, 1964, p. 34.

    * 136 Entretien avec Guamgne Therèse le 23- 03- 2019 à Houa.

    * 137 Notué, J-P et Perrois, L., Rois et Sculpteurs de l'Ouest Cameroun : La panthère et la mygale, Paris, Co-published, Katharla Ostom, 1997, p. 64.

    * 138 Fouellefak, Kana, C., « Le Christianisme occidental à l'épreuve des valeurs religieuses africaines : le cas du catholicisme en pays bamiléké au Cameroun (1906- 1995) », thèse soutenue en vue de l'obtention du grade de Docteur en Histoire, Université Lumière Lyon, 2004-2005, p.92.

    * 139 Entretien avec Fotso Leonard dit Ta sa'a Tadjuego le 22 décembre 2018.

    * 140 Fouellefak, Kana, C., « Le Christianisme occidental à l'épreuve des valeurs religieuses africaines : le cas du catholicisme en pays bamiléké au Cameroun (1906- 1995) ..., p.96.

    * 141 Zahan, D., Religion, Spiritualité et Pensée Africaines, Paris, Payot, 1970, p. 95.

    * 142 Il s'agit d' après Albertin Koupgang du musée, du roi NOTOUOM I qui, en l'honneur de ses ancêtres de Baleng et en action de grâce au Dieu qui l'a accueilli et établi. Il témoignait sa foi en Dieu, par le sacrifice de Pu'msé.

    * 143 Entretien avec Moudze Paul dit sa'a Wato le 23- 03-2019 à Mbouo.

    * 144 Harter, P., Arts anciens du Cameroun, Armouville, Editions Arts d'Afrique noire, 1986, p.9.

    * 145 Maillard, B., Pouvoir et religion. Les structures socioreligieuses de la chefferie de Bandjoun, Berne, Peterland, 1984, p. 154.

    * 146 Entretien avec Albertin Koupgang lors de la visité guidée du Musée du 25- 04- 2019 à la chefferie Bandjoun.

    * 147 Notué, J-P., « Le royaume de Bandjoun (Leng Djo ou Gung a Djo) : Histoire, contexte de la création artistique, art et tradition dynamique »...,P. 63.

    * 148 Entretien avec Zéphirin Simo le 24- 04- 2019 à Mbouo.

    * 149 Heuch, De, L., Le sorcier, le père Tempels et les jumeaux mal venus », in la notion de personne Afrique noire, Centre national de la recherche scientifique, 1973, P. 231.

    * 150 Tabeko, L et Teta, I., Autour du feu : les étapes de la socialisation dans la société Bamiléké, Yaoundé, A

    frolivresque, 1980, p.45.

    * 151 Entretien avec Wabo Tekam le 25-04-2019 à Soung.

    * 152Entretien avec Wabo Tekam le 25-04-2019 à soung.

    * 153Entretien réalisé avec Teku Marcel au quartier Yom le 21-03-2019. Et avec Albertin Koupgang 19- 03- 2019 à la Chefferie Bandjoun.

    * 154Entretien réalisé avec Teku Marcel au quartier Yom le 21-03-2019. Et avec Albertin Koupgang 19- 03- 2019 à la Chefferie Bandjoun.

    * 155 Archives de la chefferie Bandjoun.

    * 156 Entretien avec Albertin Koupgang le 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.

    * 157Dikoume, A.et Ngoufo Sogang, T., « Peuplement des hautes terres de l'Ouest » ..., p.50.

    * 158Mohammadou, E., « Envahisseurs du nord et Grassfields camerounais au XVIIIème siècle : Le cas du Bamoun » in Sudan Sahel Studies V, Tokyo, JLCAA, 1986, p.237.

    * 159 Notue , J.P., « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo ) : Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions dynamiques » ..., p.47.

    * 160Perrois, L et Notue J-P., Légendes : les origines de la chefferie Bandjoun au Cameroun, Yaoundé, institut des sciences humaines, 1984, p. 37-38.

    * 161 Entretien avec Wabo Tekam le 28- 04- 2019 à Soung Bandjoun.

    * 162Notue J.P., « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo ) : Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions dynamiques » ..., p.48.

    * 163 Entretien avec Teku Marcel le 21-03-2019 à Yom.

    * 164Ibid p.52.

    * 165 Perrois, L et Notué J-P., Rois et Sculpteurs de l'Ouest Cameroun : la panthère et la mygale, Paris, Karthala, 1997, p.67.

    * 166 Entretien avec Albertin Koupgang le 14- 03- 2019 à la chefferie Bandjoun.

    * 167Notue J.P., « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo) : Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions dynamiques » ..., p.52.

    * 168 Bonnemaison., « les lieux d'identité culturelle dans les iles du sud et du centre de Vanuatu (Malaisie) » in Cahiers O.R.S.T.O.M, sciences humaines, vol XXI, n0 1, 1985, p.166.

    * 169 Perrois, L et Notué J-P., Rois et Sculpteurs de l'Ouest Cameroun : la panthère et la mygale, ... p.43.

    * 170Notue J.P., « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo) : Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions dynamiques » ..., p.56.

    * 171Tchoutezo, P., les royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation, ..., p.178.

    * 172 Entretien avec Emmanuel Thoupo à Bafoussam, le 04-04-2019.

    * 173 Djache Nzefa, S., les chefferies Bamiléké dans l'enfer du Modernisme..., P.54.

    * 174 Parlant de ces artistes les plus célèbres sont Tagne Guy Rostand auteur compositeur de plusieurs albums sous forme de proverbes et de conseils. Les titres sont d'ailleurs très évocateurs. Exemple. Douon (le paresseux) ,po gouo'ole (les enfants d'aujourd'hui), mnam (avarisme). Un autre est Talla André Marie qui revient sur les valeurs telles que nomtema (le fo ou roi), pe le be'e koungne (si nous nous aimions).

    * 175 Warmier, J-P., Echanges, développement et hiérarchie dans le Bamenda précolonial, Wiesbaben et Stuttgant, Franz Steiner Verlag, 1985, p. 15.

    * 176Notue, J.P., « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo ) : Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions dynamiques » ..., p.46.

    * 177 Koupgang, A., et Nouaye, A., « les sociétés sécrètes de Bandjoun » ..., p.132.

    * 178 Tchoutezo, P., les royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation..., p.208.

    * 179Koupgang, A., et Nouaye, A., « les sociétés sécrètes de Bandjoun » ..., p.129.

    * 180 Ibid.

    * 181Koupgang, A., et Nouaye, A., « les sociétés sécrètes de Bandjoun » ..., p.130.

    * 182 Entretien avec Touoyim Michel le 13-04-2019 à Mbouo II.

    * 183 Ibid.

    * 184 Tchoutezo, P., les royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation...., P.159.

    * 185 Ibid.174.

    * 186Tchoutezo, P., les royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation..., p.177.

    * 187 Ibid, p.176.

    * 188 Le fils de Fotué qui était pressentit à ce poste royal était Fotué James Toukam.

    * 189 De Notchwegom (fondateur du royaume) jusqu'à Bhedepa (6ème monarque) la loi successorale de père en fils a été respectée. Notchwegom a été remplacé par son fils Dugnechom, qui à son tour est remplacé par son fils Notuoum I, remplacé par son fils Notouom II, succédé par son fils Notouom III et ce dernier remplacé par son fils Bhedepa.

    * 190 Cette expression est l'ancêtre des journées culturelles du peuple Bandjoun dénommées Tsem Todjom.

    * 191Tchoutezo, P., les royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation, Douala, Ymele, 2006, p.168-171.

    * 192 Entretient avec Tagne Jean le 13- 04- 2019 à Mbouo I.

    * 193 Quotidien Ouest Echos parution hors série n0 01 du 20 décembre 2003, p.2.

    * 194 Ibid, p. 4.

    * 195 Messager, «  Querelles initiatiques à Bandjoun, les dessous d'une succession à la Pyrrhus », n01618 du 30 janvier 2004, p. 5.

    * 196Tchoutezo, P., les royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation..., p.195.

    * 197 Entretien avec Albertin Koupgang à la chefferie Bandjoun le 19- 03- 2019.

    * 198Ibid.

    * 199 Tchoutezo, P., les royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation ..., p.196.

    * 200 Notue, J.P., « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo ) : Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions dynamiques »..., p.56.

    * 201 Ibid.

    * 202 Entretien avec Tienou Flaubert le 26-04-2019, à Famleng Topo.

    * 203 Entretien avec Emmanuel Thoupo le le 04-04-2019 à Mbieng.

    * 204 Fouellefak, Kana C., « Cheick Anta Diop le panafricaniste : un repère pour l'Afrique et sa jeunesse ? » in Ethiopiques n0 87, Littérature, Philosophie et art, 2ème trimestre, 2011, p. 161.

    * 205 Entretien Tagne Loic, le 14-04-2019 sur le tronçon Bandjoun centre Hiala.

    * 206 Malabon, D., « Art et artisanat Bamendou : le savoir faire ancestral » in Ngim nu Magazine Festival Bamendou, n0 001, 54ème Editions, Mars 2019, p. 28.

    * 207Notue J.P., « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo ) : Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions dynamiques » ..., p.46.

    * 208 Ibid, p.43).

    * 209 Le madjon est une société sécrète qui avait pour but d'initier les jeunes au métier des armes et d'effectuer les travaux d'ordre communautaire tels que : construction des cases, des ponts...

    * 210 Notue J.P., « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo ) : Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions dynamiques » ..., p.44.

    * 211 Perrois, L et Notué J-P., Rois et Sculpteurs de l'Ouest Cameroun : la panthère et la mygale..., p.97.

    * 212 Entretien avec Tzoukou Innocent à Bandjoun le 02-05-2019 à Bandjoun Pete.

    * 213 Slageren , J-V., les origines de l'Eglise Evangélique du Cameroun, Yaoundé, Editions CLE, 1972, p.115.

    * 214 Ibid, p.121.

    * 215Slageren , J-V., les origines de l'Eglise Evangélique du Cameroun, ... , p.172.

    * 216Koupgang, A., et Nouaye, A., « les sociétés sécrètes de Bandjoun » ..., p.127.

    * 217 Taboue Nouaye F., Spoliation des valeurs sculpturales africaines pendant le triste épisode coloniale de son histoire, in Ngim nu Magazine Festival Bamendou, n0 001, 54ème Editions, Mars 2019, p. 31.

    * 218 Entretien avec Albertin Koupgang le 14-03-2019 à Hiala.

    * 219 Entretien avec Albertin Koupgang le 14-03-2019 à la chefferie Bandjoun

    * 220 Notué, J-P., « Avant propos », in Bandjoun, trésors royaux du Cameroun, Bandjoun, tradition dynamique, création et vie catalogue du musée Bandjoun, Milan, Editions 5 continents, 2005, p.18.

    * 221 Ibid, P. 19.

    * 222Tchoutezo, P., les royaumes Bamiléké des origines à la mondialisation ..., p.168.

    * 223 Discours d'ouverture du festival Msem Todjom par Djomo Kamga Honoré in Bulletin du festival Culturel Tsem Todjom n0 3, 2011, P. 2.

    * 224Kouga L., « Msem Todjom » in http://msemtodjom-bandjoun.blogspot.com/.

    * 225 Bulletin du festival Culturel Tsem Todjom n0 4 2013, p. 13.

    * 226Les principaux sites touristiques sont :la chefferie Bandjoun dans son décor de paille, de bambous, de toits effilés, de couleurs à la fois vives et pâles, on hume aussitôt l'odeur de l'histoire. Les concessions des plus grands notables que retient l'histoire, notamment celles des membres du clan des 9 notable tout autour de la chefferie. Le la'a kam dans la concession de Tafo mekui Le schuep chez tamounok, un lieu sacré surtout à fonction de justice avec son histoire.

    Il y'a également des lieux sacrés, lieu d'histoire, de mythe mais aussi de pratiques qui jouent des rôles très important dans l'histoire te la pérennisation des cultures comme , Le Vohmessoh : grande foret à Demdeng , La chute de Geschio à Dja dans son décor assombrit par les grands arbres,, Yechio à Tseghem avec sa petite chute et son cour d'eau abritée dans un paysage de broussaille, Le Gouop-aa de Mouwè avec ses pierres en cascade

    * 227Kouga L., « Msem Todjom » in http://msemtodjom-bandjoun.blogspot.com/






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