§2. Conséquences de
l'abolition de la Peine de Mort en droit congolais
La question que l'on peut se poser est celle de savoir si un
Etat comme la RDC peut décider aujourd'hui et tout de suite d'abolir la
peine de mort, sans tenir compte des conséquences éventuelles qui
peuvent se matérialiser sur plusieurs plans.
A. La mentalité des citoyens
Les textes officiels du pays martèlent sur le
caractère sacré de la vie humaine. Donc, tout citoyen a droit
à la vie. Nul n'a droit à la mort, et chacun est tenu de
protéger fondamentalement cette vie à tous les niveaux que ce
soit, c'est-à-dire protéger sa propre vie et celle d'autrui.
Mais hélas, il est fort désolant de confirmer
que la mentalité des citoyens en RDC ne s'est pas encore
humanisée. La vie des plus faibles parait sans importance au regard des
plus forts qui peuvent la manipuler n'importe comment. Ainsi, mettre un tel
criminel en prison dont lui-même est convaincu d'y sortir du jour au
lendemain, parce qu'il est pécuniairement fort ou influent, paraît
sans importance pour dissuader d'autres criminels potentiels et le reste de la
population, et paraît sans importance pour promouvoir le caractère
sacré de la vie humaine dont réclame tout le monde.
Ailleurs où la peine de mort est abolie, notamment en
France ou en Belgique, elle n'a pas commencé directement à
être abolie. Il y a eu d'abord des exécutions à grande
échelle, surtout au sortir de la guerre universelle, parce que la vie
humaine n'avait pas de sens pour certains. A cet effet, pour
intérioriser ce caractère sacré ou cette inhérence
de la vie humaine aux citoyens, on devrait utiliser la peine de mort comme le
seul outil le plus efficace afin d'atteindre cet objectif. Et aujourd'hui, se
rendant compte que cet objectif est atteint, après des multiples
exécutions dans ces pays, la peine de mort est ainsi
écartée parce qu'elle a déjà joué son
rôle.
En RDC donc, il est si tôt de procéder à
l'abolition de la peine de mort. Sans peine de mort, d'aucune manière
une autre peine ne peut jouer ce rôle d'humaniser la mentalité des
congolais.
B. Inefficacité de la peine de remplacement
Tous les abolitionnistes à travers la planète
militent que la peine de mort soit abolie et remplacée par la prison
à vie ou à temps. Alors que si l'on admettait cet argument en
RDC, l'on assisterait à une impunité tout en imaginant des
conséquences graves.
L'état actuel des établissements
pénitentiaires est caractérisé par un délabrement
avancé, impossible de maintenir un criminel en prison. C'est pour cela
qu'on ne trouve plus le vrai sens de maintenir la peine de prison à
perpétuité en lieu et place de la peine de mort pour les
criminels les plus dangereux.
A cet effet, mettre un criminel dangereux en prison demande
beaucoup d'argent pour son alimentation et ses conditions carcérales. On
imagine d'où viendraient des moyens pour subvenir aux criminels qui
peuvent attendre leur mort naturelle dans 20, 30 ou 50 ans, alors que l'Etat
n'arrive pas à répondre aux besoins primaires de la survie en
aliments de la population. D'où, les établissements
pénitentiaires deviennent des lieux d'entrainement et d'apprentissage
d'autres formes élevées de criminalité.
De même, le chef d'une bande de criminels mis en prison,
peut toujours commanditer des opérations criminelles à partir de
la prison s'il n'est pas éliminé.
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