2.4. Alimentation des caprins en stabulation
L'élevage caprin en stabulation demande de savoir
comment les rationner. Les éleveurs expérimentés ont
déjà remarqué une grande facilité d'adaptation chez
ces animaux. En alimentation, on profite de cette facilité d'adaptation
et en connaissant bien les besoins alimentaires, les informations
nutritionnelles des aliments et la capacité d'ingestion des animaux ou
en adoptant des rations expérimentées par d'autres
éleveurs avec de bons résultats, on en arrive ainsi à bien
les nourrir (Bien-Aimé & Fontin, 2013, Comm. Pers.).
2.4.1. Comportement alimentaire des caprins
La chèvre se caractérise par une rumination
préférentiellement nocturne (Geoffroy, 1974). Cet animal, au
goût particulièrement développé, avec une
alimentation spontanément de type «cueilleur», effectue un
choix dans la nourriture qui lui est distribuée. Ce comportement
entraine, à la suite du tri qu'il provoque, une portion de refus
jusqu'à 40% ou 50% des quantités distribuées. La
chèvre, à un même niveau d'ingestion, semble consacrer
légèrement plus de temps que le mouton (2 à 3 fois plus)
à l'ingestion de sa nourriture (Geoffroy, 1974). Les repas les plus
importants se situent juste après la distribution des aliments. Le
nombre de prises alimentaires est généralement plus
élevé chez la chèvre que chez le mouton, mais elles sont
de plus courtes durées. Les chèvres n'apprécient en aucune
façon les aliments renfermant des proportions importantes de particules
fines (Jarrige et al., 1995 repris par Baumond,1996).
Fouquet NAZAIRE, FAMV/UEH, MFE agronomiques,
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2.4.2. Capacité d'ingestion alimentaire
La capacité d'ingestion est une estimation
théorique de la quantité totale d'aliment que peut consommer un
animal dans une situation physiologique déterminée. La
chèvre est capable d'atteindre des niveaux d'ingestion de
matières sèches élevées. Cette capacité
diminue en fin de gestation. Elle augmente de près de 40% au cours des
premières semaines de lactation pour atteindre un maximum entre la
6ème et la 12ème semaine (Morand-Fehr, 1981).
2.4.3. Facteurs de variations de la capacité
d'ingestion alimentaire
Selon Rivière (1978), l'animal, le milieu et les
aliments sont les principaux facteurs de variation de l'appétit et de
l'ingestion par les ruminants.
? Facteurs animal
a) L'espèce
Des différences importantes au niveau d'ingestion sont
observées entre les espèces. Les caprins ont une capacité
d'ingestion beaucoup plus élevée que les bovins et les ovins
alors les bovins, en particulier, consomment davantage (en M.S par kg de poids
métabolique) que les moutons.
b) Le poids et
l'âge
Chez les bovins, la capacité d'ingestion, pour un
même aliment (en kg de M.S. /kg de poids), diminue avec l'âge et
avec le poids vif de l'animal tandis que chez les chèvres et les moutons
la variation n'est pas sensible. Elle est de 2,5 Kg de MS / 100 Kg PV.
c)Le niveau de production
Il a une influence nette chez les animaux à forte
production qui ont de gros besoins énergétiques.
? Facteur aliment
L'appétit est conditionné par la capacité
du rumen et par l'activité des microorganismes dont dépendent la
digestibilité et la vitesse de transit des aliments. D'une part, la
composition et l'âge des plantes qui déterminent la qualité
des fourrages, sont donc des facteurs prépondérants du niveau
d'ingestion. La teneur en glucides membranaires
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s'augmente, en effet, avec l'âge des
végétaux; et plus les plantes vieillissent, plus les membranes
résistent à l'attaque microbienne.
D'autre part, l'activité de la flore microbienne
dépend de la proportion et de la nature des constituants du contenu
cellulaire et en particulier du taux de constituants azotés qui
diminuent avec l'âge. La faible teneur en azote des fourrages ne permet
une prolifération suffisante des bactéries du rumen, d'où
une diminution de cette faune qui entraine une baisse de la
digestibilité et un encombrement du rumen par des substances non
digérées. Ce sont donc les proportions en glucides membranaires
et en azote qui conditionnent, dans une grande mesure, la digestibilité,
c'est-à-dire la vitesse de digestion et le taux de digestible et, par
voie de conséquence la quantité ingérée.
? Facteur climatique
Les variations de température modifient le niveau
d'ingestion des animaux. En climat tempéré, une
élévation de température au-dessus de 21°C entraine une
diminution de la consommation, alors qu'une baisse de température a
l'effet inverse.
En régions tropicales, le climat agit de façon
indirecte de plusieurs façons :
-par fortes chaleurs, les animaux ont tendance à
rechercher l'ombrage des arbres et pâturent peu pendant les heures
chaudes. Les animaux qui sont, le soir, ramenés au village et
enfermés dans des enclos, ne disposent pas d'un temps de pâture
suffisant et ingère donc des quantités inférieures de
fourrages. Les pâturages de nuit permettent de pallier cette insuffisance
de consommation ;
-en saison sèche, le pâturage se raréfie
et l'animal, obligé de chercher sa nourriture, passe beaucoup plus de
temps pour consommer la même quantité de matière
sèche que sur un pâturage dense ;
-les longues marches imposées par la rareté des
points d'eau fatiguent les animaux et réduisent le temps de
pâture.
? Facteur eau d'abreuvement
La consommation de matière sèche dépend
partiellement de la disponibilité en eau. En général, les
ruminants absorbent d'eau sous forme d'eau de boisson ou d'eau de
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composition des aliments, si on réduit de moitié
l'abreuvement normal d'un animal, la consommation volontaire de M.S. est
réduite de 30p.100.
Les difficultés d'approvisionnement en eau sont donc
aussi un facteur de variation de la consommation de fourrages chez les animaux
en saison sèche.
En revanche, une diminution de l'abreuvement entraine une
réduction du volume des urines, une diminution de l'excrétion
azotée et de l'urée urinaire, une augmentation de l'azote
uréique du plasma et de la rétention azotée, par suite du
recyclage de l'urée par la salive.
? Autres facteurs
D'autres facteurs sont généralement susceptibles
de modifier l'appétence des aliments et des fourrages. Ce sont :
-les traitements subis : broyage, agglomération ;
-la récolte et la conservation plus ou moins bien faites
(foins, ensilages) ;
-les altérations : rancissement, moisissure ;
-les souillures des pâturages par les déjections
;
-la présence de certaines substances qui modifient le
goût (sel, mélasse, sucre)
ou l'odeur et stimulent l'appétit de l'animal ;
-les modalités de distribution et le rythme des repas ;
-les changements de régime.
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