2-3-2. L'Union des transporteurs de Mamou
Jusqu'à un passé récent, la gestion des
gares routières de Mamou était assurée exclusivement par
l'union des transporteurs de Mamou. Cette gestion ne faisait l'unanimité
chez les différents acteurs du secteur notamment les conducteurs des
véhicules qui estiment qu'il ne faut pas être juge et partie. Il a
fallu attendre l'avènement de Janvier et Février 2007 pour que la
gestion des gares routières soit confiée désormais aux
syndicats des transporteurs de Mamou qui sont censés défendre au
mieux les intérêts des travailleurs.
Par contre, les utilisateurs des transports publics et les
usagers de la route ou des équipements et services publics, ne sont pas
organisés en associations pour faire valoir leurs droits,
défendre leurs intérêts et participer au processus de
développement du secteur :
- Il n'existe pas d'association de défense des
intérêts des voyageurs, pour assurer leur représentation
face aux transporteurs, aux syndicats ou à l'administration ;
- L'utilisateur subit l'organisation actuelle des transports
et du marché, sans pouvoir s'y manifester.
Ce constat révèle la nécessité
d'un cadre associatif qui s'étendrait à l'ensemble des
activités du secteur, y compris les services fournis par
l'Administration, dont l'entretien des routes.
2-3-3. La sécurité routière
Le problème de sécurité routière
est un problème souvent soulevé par les acteurs du transport
à Mamou. Si les outils d'observation des accidents de route existent,
leur mise en oeuvre n'est pas satisfaisante. Il n'existe donc pas de
données statistiques fiables dans ce domaine.
On peut néanmoins observé que beaucoup de
conditions de l'insécurité routière sont réunies au
niveau de Mamou. Le secteur des transports en commun participant fortement
à ce phénomène.
Ø Un délabrement avancé du parc de
matériel roulant. L'état de délabrement avancé du
parc de matériel roulant, aussi bien les taxis que les motos taxis est
un problème aigu. Une partie des véhicules ne remplissent pas les
normes minimales de sécurité : freins défaillants,
feux de signalisation...
Ce délabrement des véhicules est amplifié
par leur surcharge en passagers ou marchandises.
Ø Une circulation chaotique
Comme évoqué précédemment, les
règles de circulation ne sont, de manière générale,
pas respectées, particulièrement au niveau des carrefours. Les
flux piétons coupent la circulation et les véhicules de transport
public s'arrêtent de manière anarchique sur le bord de la route.
Cette situation aggrave les problèmes de sécurité
routière.
La sécurité routière dans la ville de
Mamou, est assurée par la police qui éprouve des réelles
difficultés dans l'application correcte de sa mission dans ce
secteur ; ceci s'explique par le manque d'effectifs et
d'équipements appropriés, le manque d'espace de stationnement, la
réticence des usagers du secteur face aux règles de bonne
conduite et le manque de rigueur dans le contrôle.
![](Transport-urbain--Mamou-Problemes-et-perspectives-11.png)
Photo 8: Occupation anarchique de la
chaussée
Source : Candidat en Juin 2009
Une telle occupation pourrait provoquer à tout moment des
accidents de circulation qui continuent à endeuiller d'innombrables
familles. En effet, au cours de l'année 2008, la police de Mamou a
enregistré 102 cas d'accidents de circulation dont les statistiques sont
données dans le tableau suivant :
Tableau 8 : Les accidents de circulation
enregistrés à Mamou en 2008
Accidents mortels
|
Blessés graves
|
Blessés légers
|
Dégâts matériels importants
|
Dégâts matériels légers
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
Motos
|
Véhicules
|
Motos
|
Véhicules
|
4
|
3
|
20
|
18
|
23
|
25
|
40
|
5
|
50
|
7
|
Source : Registre du commissariat urbain de
Mamou 2009
Ce tableau montre que les motos provoquent plus d'accidents que
les autres moyens de déplacement et que les femmes en sont les
principales victimes. Cette situation a des conséquences néfastes
pour le devenir d'innombrables familles eues égard au rôle que
jouent les femmes dans la stabilité de la famille.
Les enquêtes réalisées par les services de la
police révèlent la nature des infractions commises ; il
s'agit entre autres:
1- L'excès de vitesse ;
2- Le dépassement défectueux ;
3- Le changement de direction sans précaution ;
4- La surcharge ;
5- Le défaut de casque de protection ;
6- La méconnaissance du code de la route ;
La police contrôle si les véhicules qui effectuent
le transport public sont en règle du point de vue technique et
administratif. Les documents exigibles par la police aux chauffeurs de TC sont
les suivants :
· Une carte grise attestant de l'immatriculation du
véhicule ;
· Une assurance ;
· Une vignette de contrôle des véhicules
routiers également appelée taxe unique (TUV, taxe unique sur les
engins roulants) ;
· Une autorisation de circulation renouvelable tous les ans
aussi appelée « carte jaune ou verte » ;
· Une attestation de sécurité sociale pour le
chauffeur ainsi que les apprentis
· Un permis de conduire ;
· Un certificat de visite technique.
Le plus souvent, les transporteurs s'acquittent de la carte
grise et de l'autorisation de circulation (au moins la première
année). Néanmoins, certains opérateurs ne paient pas la
TUV (taxe unique sur les véhicules).
Enfin, la plupart d'entre eux sont souvent en défaut
d'assurance et de sécurité sociale, estimant que ces deux
formalités sont inutiles. Dans le premier cas, le règlement des
contentieux par les assurances serait plus qu'aléatoire. Dans le second
cas, les cotisations sont jugées très élevées sans
aucune garantie pour la couverture du chauffeur (faillite du système)
Les enquêtes effectuées dans le cadre de cette
recherche ont révélé le peu de conformité
réglementaire des véhicules et des motos en circulation à
Mamou :
· 5% des véhicules n'ont pas de certificat
d'immatriculation ;
· 75% des véhicules n'ont pas d'attestation
d'assurances ;
· 15% des conducteurs n'ont pas de permis de
conduire ;
· 50% des véhicules ne disposaient pas de vignette
fiscale ;
· 95% circulent sans certificat de visite
technique ;
· 90% de conducteurs de taxis motos circulent sans
casque.
La police routière n'applique pas toujours correctement la
réglementation en vigueur, mais cela permet de l'interpréter et
de la détourner ce qui est source de « tracasserie
policières » que connaissent les chauffeurs, source
d'arrangements tacites entre policiers et chauffeurs pour minimiser
les amendes à régler. Il s'agit d'une solution qui permet aux
transporteurs « d'économiser » et aux
policiers d'arrondir les fins de mois. La dérive du système est
flagrante et conduit à une structure de rançonnage
organisé.
|