SECTION 2 : INTERPRETATION DES RESULTATS ET
SUGGESTIONS
2.1 Interprétation des résultats
§ La masse monétaire M2
A l'instar de plusieurs autres travaux, l'étude montre
que la masse monétaire M2 exerce une influence significative sur les
prix. Le lien de causalité monnaie et inflation existe mais il est un
peu lâche. L'élasticité du terme contemporain est non
significatif à court terme, par contre, il est significatif à
long terme et, égal à 0.16.Cela peut s'expliquer par la place
centrale que la lutte contre l'inflation occupe dans la politique de
régulation de la liquidité monétaire menée par la
Banque Centrale.
Ainsi, une augmentation des billets et pièces en
circulation de 1% entraîne une augmentation de l'inflation de 0,16%
à long terme. La gestion rigoureuse de la masse monétaire par les
autorités monétaires est donc justifiée à travers
une politique adaptée de la monnaie et du crédit. L'objectif
principal de cette politique est la maîtrise de l'inflation qui devrait
favoriser une stabilité interne et externe de la monnaie. Deux approches
principales sont utilisées pour ce faire. Il s'agit :
- du contrôle de la liquidité globale de
l'économie à travers trois instruments, à savoir le
programme monétaire de la BCRG qui prévoit (i) l'ajustement de la
liquidité en fonction de l'évolution attendue des agrégats
réels, de la situation monétaire et des objectifs d'avoirs
extérieurs fixés, (ii) une nouvelle politique de taux
d'intérêt et (iii) un système de réserves
obligatoires ;
- du contrôle de la qualité du crédit par
la mise en place depuis 1986, d'un accord de classement qui consiste pour la
Banque Centrale, à effectuer une analyse financière des
entreprises bénéficiaires du crédit, selon des
critères connus du système bancaire, afin de déterminer la
qualité du risque qu'elles représentent. Les banques ont la
liberté d'accorder du crédit, mais la Banque Centrale ne mobilise
des fonds que pour les crédits bénéficiant d'un accord de
classement.
§ Le PIB:
Le PIBn'a pas un impact significatif sur l'inflation à
court terme. Cette absence d'impact à court terme pourrait
refléter "l'effet composition du PIB". En effet, la part du secteur
primaire composé essentiellement de l'agriculture, l'élevage, la
pêche, représente en moyenne 18% du PIB de 1996 à 2002 et
20.2% en 2008(Touré, 2010) et les autres secteurs occupent le reste du
PIB. Ainsi une augmentation du PIB se traduit d'une part par une augmentation
de l'offre des biens de consommation domestique qui contribue à la
diminution de l'inflation et d'autre part, une augmentation des autres
composantes du PIB( notamment les services) qui donne lieu à une
augmentation des revenus,(donc une augmentation de la demande) ce qui contribue
à une augmentation de l'inflation donc, l'augmentation du PIB
s'accompagne de deux effets de sens contraire sur l'inflation si ces deux
effets se neutralisent la variation du PIB resterait sans effet sur
l'inflation.
Cependant il est très significatif dans le long terme.
Car son élasticité de long terme est de l'ordre de 0.63%. Une
variation à la hausse du PIB entraine une baisse sensible du niveau
général des prix à long terme. Nonobstant, il convient de
rappeler qu'au plan théorique les déterminants non
monétaires se trouvent au travers de l'inflation par les coûts,
l'inflation par la demande et l'inflation importée. En dehors de
l'inflation par les coûts qui n'apparaît point explicitement dans
l'équation retenue dans cette présente étude, il faut
noter la prise en compte de l'éventualité d'une inflation par la
demande, conséquence du déséquilibre entre l'offre et la
demande des biens et services. Le PIB traduit ici l'offre et tout choc
négatif sur ce dernier crée des tensions sur les prix.
§ Taux de change :
Le taux de change a un impact significatif sur l'inflation en
Guinée. En effet, l'augmentation du taux de change par rapport au dollar
qui signifie en fait, une dépréciation du Franc Guinéen
par rapport à cette monnaie (cotation à l'incertain)
entraîne un impact positif et significatif sur le niveau d'inflation.
Cependant, les élasticités du taux de change sont respectivement
0.33 dans le court terme, et, 0.22 dans le long terme: une hausse de 1% du
taux de change par rapport au dollar augmente le niveau de prix de 0,33%
à court terme et 0.22% à long terme. Cette sensibilité du
taux de change à l'inflation tient au poids des biens importés
dans le panier du consommateur. En effet, la plus grande partie des relations
commerciales de la Guinée se fait avec l'UE dont la monnaie a une
parité fixe, mais aussi avec d'autres partenaires dont la monnaie a une
parité flexible. Ceci dit, le pays subit tout de même l'impact des
fluctuations du dollar avec l'euro. Cette influence se fait à travers
deux canaux principaux:
- l'inflation importée de l'UE.
- l'inflation importée directement des produits
contractés en dollars.
2.1.1 Validation des hypothèses :
La lecture des résultats de l'estimationdu
modèle permet ainsi de trouver les différentes sources de
l'inflation en Guinée. La causalité entre et monnaie et inflation
est admise à partir de l'élasticité de long terme de la
masse monétaire M2 par rapport à l'inflation. La croissance de
la masse monétaire entraîne un accroissement de l'inflation comme
le soutiennent les monétaristes. En ce qui concerne le taux de change,
nous constatons qu'il a un impact significatif et positif sur l'inflation. Une
croissance d'un point du taux de change entraîne une croissance de
l'inflation de 0.33% à court terme et 0.22% à long terme. Ce
raisonnement permet ainsi de valider l'hypothèse 1. Nous voyons
également que la croissance du PIB a un effet baissier sur l'inflation.
D'où la validation de l'hypothèse 2.
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