CHAPITRE3 : ANALYSE DES DETERMINANTS DE
L'INFLATION EN GUINEE
Introduction
SECTION 1 : SPECIFICATION DU MODELE
Dans le cas de cette étude, la méthodologie
adaptée est celle de la recherche appliquée. Les théories
économiques relatives aux effets des facteurs explicatifs de l'inflation
ont été utilisées afin de comprendre, d'analyser et de
faire des propositions pertinentes aux autorités de la BCRG en
matière de niveau général de prix.
Les déterminants ou les sources de l'inflation peuvent
être analysés de plusieurs manières. Dans la
littérature, on rencontre trois grandes méthodes. Il s'agit de
l'analyse uni variée des prix, des modèles
macroéconomiques et des modèles Vecteur Autorégressif
(VAR).
Les modèles macroéconomiques ont l'avantage de
s'appuyer sur des analyses théoriques solides pour arriver à des
équations estimables, de donner des indications de politiques
économiques tout en s'assurant d'un minimum de fiabilité. Des
auteurs (Sims, 1980) ont critiqué les modèles
macroéconomiques en mettant en doute le caractère endogène
ou exogène des variables inclues dans le modèle et certaines
restrictions qui sont faites sur les équations; ils ont alors
proposé des modèles qui « laissent parler les
données » en permettant à toutes les variables
d'être endogènes.
Pour cette étude, nous avons choisi d'utiliser un
modèle macroéconomique pour des raisons de simplicité et
d'adaptation aux données disponibles. L'équation de l'inflation
retenue dans la présente étude, est issue du modèle de
KAHN et KNIGHT, développée par G. MOSER (1995). En effet, ce
travail dérive d'une équation d'inflation qui constitue la forme
réduite d'un modèle structurel appliqué au cas du Nigeria.
Le modèle se présente comme suit
:
Nous partons du fait que le niveau général des
prix INF est la moyenne pondérée des prix des biens
échangeables et
ceux des biens non-échangeables et sous forme
logarithmique, cela se présente comme suit :
LogINFt = á Log Pe
t+ (1-á)Log
Pnetoù
0<á<1. (1)
Les prix des biens échangeables sont
déterminés à travers le marché mondial et
dépendent des prix extérieurs Pex du taux de change
nominal e. En supposant que la parité des pouvoirs d'achat tient
(P= e Pex), on a :
LogPe t = Log et +
Log Pext (2)
L'appréciation du taux de change ou celle des prix
extérieurs entraîne une hausse des prix domestiques. Le
raisonnement contraire s'applique dans le cas d'une dépréciation
du taux de change ou une baisse des prix extérieurs.
Le prix des non-échangeables est fixé dans le
marché national où leur demande est supposée
dépendre de la demande globale. Dans ces conditions, le prix des
non-échangeables est déterminé par les conditions
d'équilibre du marché monétaire où la demande de
monnaie m est égale à l'offre réelle de monnaie ( /P). On a donc :
Log
Pne=â1(Log(M0t/Pt
- log(Mdt ) +
â2PIBt (3)
â1, â2 =0
Où â est un scalaire qui représente la
relation entre la demande globale et la demande des biens
non-échangeables. La demande réelle d'actifs monétaires
dépend du revenu réel (PIB), des anticipations inflationnistes
E(ët) (où ëtest le
niveau d'inflation anticipé et E, l'espérance
mathématique). Dans la formulation générale du
modèle, le taux intérêt est pris en compte, nous l'avons
exclu ici à cause de la politique de taux d'intérêt
réel de la BCRG qui a été pendant longtemps,
déconnectée de la politique d'offre de monnaie. La demande de
monnaie se présentera comme suit :
Md=
f[PIBt,
E(ët)], (4)
En considérant que f est linéaire, on a :
Md=ä0+
ä1LogPIBt+
ä2E(ët) (5)
La croissance du revenu réel, des anticipations
inflationnistes entraîne une hausse de la masse monétaire. Les
anticipations inflationnistes peuvent être modélisées de
plusieurs manières selon que l'on considère qu'elles sont
adaptatives ou rationnelles. Une formulation générale peut
être la suivante :
Soit L(x) l'opérateur de retard de la variable x est
d'un poids tel que 0<d<1. On a
E (ët) = d
(L(ët)) + (1-d) Älog
INFt-1 (6)
L(ët) représente la
distribution de retard du processus d'apprentissage des agents
économiques dans le pays. Si tous les poids de
L(ët) sont égaux, alors on a un processus
d'adaptation. Si par contre, le poids décroît avec le temps, on a
un processus d'apprentissage.
Les agents économiques vont former leur anticipation
sur la base de leur expérience dans la prévision de l'inflation
et sur l'inflation passée, d'où le second membre de
l'équation ÄlogINFt-1. Pour maintenir la
procédure simple, on peut considérer que d=0, ce qui veut dire
que les anticipations sur l'inflation vont se fonder sur l'inflation du
passé. On a alors :
E(ët) =
ÄlogINFt-1. (7)
En substituant et en arrangeant les différentes
équations, on aboutit à l'équation d'inflation
suivante:
LogINFt = ã0 +ã1Log
M0t+
ã2LogPIBt+ã3
ÄlogINFt-1+ ã4 Loget+ ã5
LogPex t+
?t(8)
Cependant, il reste muet, quant à l'influence d'autres
variables dans l'explication du phénomène. Ainsi, d'autres
variables peuvent intervenir en rajout au modèle tandisque d'autres
pourraient en être remplacées.
Somme toute, le modèle suivant est retenu dans la
présente étude :
LogINF= ã0+
ã1LogM2
+ ã2LogPIB
+ ã3LogTCH
+ ?t
ã0est une constante ;
?treprésente les perturbations ;
ãt(t=1,...,3) représente les coefficients des
variables spécifiées.
Avec :
ü INF : le déflateur du PIB ;
ü M2 : la masse monétaire ;
ü PIB : le Produit Intérieur Brut ;
ü TCH : le taux de change dollar US/GNF ;
1.1. Les variables du Modèle :
1.1.1. La variable endogène :
L'inflation
Nous utiliserons dans notre étude l'inflation
représentée par le déflateur du PIB afin de
mieuxapprécier le poids de l'inflation dans l'économie.
Concrètement le déflateur mesure le prix actuel de tous les biens
et services produits dans une économie, par rapport à une
année de référence donnée. On peut le calculer de
la sorte :
*
100
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