Introduction
L'atteinte à l'autosuffisance alimentaire reste une
priorité pour les pays en voie de développement notamment pour
les pays subsahariens. Pour atteindre cet objectif, ces pays à
économie rurale, doivent nécessairement trouver des produits
animaux, végétaux pouvant répondre à leurs besoins
alimentaires et nutritionnels à moindre coût. De plus, l'immense
besoin en protéines au niveau mondial d'une part, le coût
élevé des engrais azotés, voire leur insuffisance dans
certains cas d'autre part, ont poussé la recherche à se pencher
sur la culture des légumineuses protéagineuses capables
d'utiliser l'azote atmosphérique par l'intermédiaire d'une
association symbiotique (FAO, 1996).
La population mondiale devra passer de 5,8 milliards de
personnes en 1996 à environ 8,3 milliards en l'an 2025 alors que la
superficie de terre cultivable ne cesse de diminuer (FAO, 1996). Pour cela, il
faut trouver un moyen pour profiter au maximum des terres en cultivant des
plantes à grande utilité comme le soja, tout en tenant compte de
l'environnement pour que les ressources naturelles puissent être
utilisées de façon durable. De plus, le tourteau
de soja riche en protéines devient la base de l'alimentation animale,
non seulement des porcs et volailles mais aussi des ruminants (FAO, 1995). En
plus de sa consommation fraîche (verte ou germée), le soja sert
à la fabrication de la farine, du lait et encore de produits
fermentés tels que la sauce de soja, le fromage de soja, etc. (de
Staercke, 1990). En outre, intercalé dans les assolements
céréaliers, le soja améliore la structure du sol, permet
de réduire sa salinité et intervient dans l'amélioration
de la fertilité du sol par les nodosités qui laissent une
quantité d'azote évaluée à 30-60 unités,
parfois d'avantage. De plus, le soja ne nuit pas à l'environnement mais
au contraire la culture de soja réduit la pollution de la nappe
phréatique car la culture n'a pas besoin des nitrates durant son cycle
végétatif ; ceci étant un des objectifs de l'agriculture
durable (Kabalan, 1998).
L'agriculture béninoise est confrontée à
d'énormes problèmes au niveau de la commercialisation de la
production agricole, du fait que la majorité des agriculteurs font
pratiquement les mêmes cultures traditionnelles et du fait de la
ressemblance de la production avec celle des pays voisins du point de vue
qualité, productivité et dates de récolte (Biaou, 1993).
Dans le cadre de la diversification de la production agricole, la culture de
soja peut constituer une alternative et peut intervenir dans les rotations des
cultures surtout que le soja est une légumineuse fixatrice d'azote dans
le sol. En outre, les besoins d'aliments pour les animaux augmentent de plus en
plus d'où l'importance de cette culture de soja pour la production de
tourteaux constituant une base supplémentaire importante de
l'alimentation des
2
Introduction
vaches laitières. Le soja est riche en protéines
et peut donc se substituer à la viande, au lait et aux oeufs, produits
qui font défaut dans beaucoup de régions du pays (FAO, 1995). Ce
sont en outre des protéines qui ne coûtent pas cher à la
production et fournissent à l'homme la plupart des acides aminés
indispensables (de Staercke, 1990).
Le soja a été introduit au Bénin en 1945
(MAEP, 2004) et a connu d'énormes difficultés dans sa production
à l'instar des autres cultures à cause des péjorations
climatiques des années 70 (Agbossou et Sintondji, 2000). Les meilleurs
rendements (565 à 1450 kg/ha) ont été obtenus dans les
Départements du Nord (MAEP, 2004). Bien que la culture du soja
traditionnelle sous régime pluvial continue d'enregistrer des rendements
acceptables mais fluctuants surtout lorsque les graines sont non
inoculées (au Bradyrhizobium par exemple), une irrigation
d'appoint en relation stricte avec les stades phénologiques serait une
alternative pour augmenter et stabiliser le rendement et la composition des
graines d'une saison à une autre. L'irrigation du soja au Bénin
reste un domaine peu exploré. C'est ce qui explique l'importante
fluctuation du rendement d'une saison à une autre puisque les conditions
climatiques actuelles ne favorisent plus des rendements élevés.
De plus, la plante est particulièrement sensible aux manques d'eau et de
nutriments, ainsi qu'aux excès de température au moment de la
germination, de la floraison et de la croissance des graines (Jonathan et
al., 2000; Dogan et al., 2007). Ainsi pour maintenir un
rendement élevé et la qualité intrinsèque du soja
d'une saison de culture à une autre, une irrigation de complément
constituerait la principale alternative. La maîtrise de l'eau à
travers l'irrigation devient donc nécessaire pour garantir et stabiliser
la production de cette légumineuse. Les études menées dans
diverses zones agro-écologiques sur la consommation en eau des plantes
ont montré que le climat et le potentiel génétique de la
culture influencent fortement leurs besoins en eau qui varient d'une zone
agro-écologique à une autre (Adams, 1990 ; Agbossou, 1994 ;
Attakin, 2001 ; Langerllier, 1989). Mais pour irriguer, il faudra d'abord
connaître les besoins en eau de la plante durant ses divers stades de
développement. Autrement dit, les questions auxquelles il faudra
répondre pour permettre une bonne production du soja sont :
? Quand arroser ? et
? Quelle dose faut-il apporter ?
C'est dans ce cadre que la présente étude
intitulée « Etude de la consommation en eau et du rendement
d'une culture de soja (Glycine max) en relation avec l'inoculation sur
un sol ferrallitique au Sud-Bénin » vise à
contribuer à la connaissance scientifique des besoins en eau du soja au
Sud-Bénin. Spécifiquement il s'agit de :
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Introduction
V' estimer la consommation en eau du soja en fonction
des phases phénologiques ;
V' identifier les périodes de risque hydrique
;
V' faire une proposition d'irrigation d'appoint pour une
gestion efficace de l'eau ;
V' analyser les effets de l'irrigation en relation avec
l'inoculation sur le rendement du
soja.
Pour rendre compte des résultats de la présente
recherche, le rapport a été structuré comme suit :
Après l'introduction qui expose la problématique
de l'étude, justifie son importance et indique les différents
objectifs à atteindre, la première partie du présent
rapport axée sur la synthèse bibliographique, fait état
des connaissances sur le matériel végétal utilisé,
les méthodes d'irrigation de la culture et le mouvement de l'eau dans le
sol.
La deuxième partie quant à elle expose le
matériel utilisé, les pratiques culturales, le dispositif
expérimental mis en place et les techniques de collecte, de traitement
et d'analyse des données.
Dans la troisième partie, les résultats issus de
l'étude sont commentés et discutés. Enfin, l'analyse des
différents résultats a permis de présenter en conclusion
un certain nombre d'enseignements et de suggestions pour une meilleure conduite
de la culture du soja et partant une amélioration de la réponse
du rendement à l'eau.
Etat de l'art
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