6.2.2. Etat de l'eau dans les parcelles d'essai
? Evolution des charges hydrauliques
L'évolution des charges hydrauliques dans les parcelles
d'essais au cours des phases phrénologiques du soja permet de mettre en
évidence les convergences et les divergences de comportement des plants
de ladite culture soumis aux différents traitements conduits au cours de
la période d'essai.
Les Figure 15; Figure 16
et Figure 17 représentent l'évolution des
charges hydrauliques en fonction du temps respectivement aux profondeurs 10 ;
20 et 30 cm dans les parcelles irriguées et celles non irriguées.
Ces profondeurs ont été retenues pour apprécier le
comportement de l'eau dans le sol à cause de la zone d'exploration des
racines du soja qui se situe dans les 30 premiers centimètres du sol.
L'observation des charges hydrauliques et leur
évolution au cours du temps sur les parcelles non irriguées,
montre en général que les variations sont pratiquement identiques
(-79 cmCE à -275 cmCE) aussi bien en profondeur (30 cm et 40 cm) qu'en
surface (-40,7 cmCE à -195 cmCE à 10 cm).
Au niveau des parcelles irriguées, les charges
hydrauliques varient entre - 41,3 et -12 cmCE avec une moyenne de -27,3
#177;10,8 cmCE au cours du cycle cultural du soja. Les tensiomètres
placés, à 30 cm de profondeur ont été
utilisés pour le pilotage des irrigations. En effet dès que leurs
valeurs atteignent ou avoisinent -50 cmCE, on déclenche l'irrigation.
Sur les parcelles non irriguées, les fluctuations les
plus importantes ont été enregistrées entre 49 et 72 jour
après semis (JAS) à 10 cm, entre 52 et 75 JAS à 20 cm et
entre 54 et 73 JAS à 30 cm. Cette période, qui se situe dans la
phase de floraison du soja montre que la tension de l'eau dans le sol est
élevée. Autrement dit, l'accès à cette eau par les
racines devient difficile. Les fluctuations importantes observées au
cours de cette période s'expliquent d'une part par l'activité
intense des racines et d'autre part par la faible quantité de pluie
enregistrée soit 45,2 mm en 30 jours. Ce qui limite la
disponibilité de l'eau pour les plantes et serait l'une des causes de la
précocité de floraison et de la chute importante de fleurs
observée dans les parcelles non irriguées.
44
Résultats et Discussion- Chapitre 6. Les Transferts
Hydriques
Jour après semis (JAS)
0
Charges hydrauliques (cmCE)
-50
-100
-150
-200
-250
Parcelles Irriguées Parcelles non Irriguées
Figure 15 : Evolution des charges hydrauliques
dans les parcelles à 10 cm.
0
-50
-100
-150
-200
-250
Jour après semis (J.A.S)
Parcelles Irriguées
Parcelles non Irriguées
Figure 16 : Evolution des charges hydrauliques
dans les parcelles à 20 cm.
Parcelles Irriguées
Parcelles non Irriguées
Jour après semis (J.A.S)
0
-50
-100
-150
-200
-250
-300
Figure 17 : Evolution des charges hydrauliques
dans les parcelles à 30 cm.
45
Résultats et Discussion- Chapitre 6. Les Transferts
Hydriques
Les faibles variations observées jusqu'environ 54 JAS
sont dues au fait que toutes les parcelles (irriguées et celles non
irriguées) ont reçu un apport d'eau (3,2 mm/j pendant 20 jours)
pendant le stade initial (les plantes se trouvent dans leurs premiers stades de
développement). A ce stade, le sol est partiellement couvert et le
système racinaire est en début d'installation. De plus, 2,1 mm/jr
de pluie en moyenne ont été enregistrés durant cette
période comme l'indique la Figure 10.
Les 2 mm/jr de pluie enregistrée au cours de la
période de formation et de remplissage des gousses (du 74 au 102 JAS)
sont à l'origine de la faible variation des charges hydrauliques durant
cette période (-50 à -100 mCE). Cette condition d'humidité
aurait atténué les conséquences du déficit hydrique
enregistré au cours des périodes antérieures car c'est le
stade de remplissage des gousses qui est le plus sensible au déficit
hydrique et qui est à l'origine de la baisse du rendement (Charles,
1999).
La constance de l'évolution des charges hydrauliques
observée dans les parcelles irriguées s'explique par
l'alimentation continue en eau des différents horizons du sol via la
dose journalière apportée par l'irrigation durant l'essai. Les
quelques pics des charges hydrauliques enregistrés émanent des
périodes transitoires qui succèdent à une pluie
dépassant la dose journalière à apporter et au cours
desquelles l'irrigation a été interrompue et n'est reprise que
lorsque la tension de l'eau avoisine -50 cmCE à 30 cm. Ces
résultats montrent que dans les parcelles irriguées les plantes
ont bénéficié de conditions d'humidité favorables
à leur développement et que l'eau présente dans les 30
premiers centimètres du sol est facilement accessible aux racines du
soja.
? Evolution des gradients de charges
L'étude des gradients de charges est importante en ce
sens qu'elle a permis d'apprécier les flux d'eau dans le sol.
Les Figure 18 et Figure 19 montrent
l'évolution des gradients de charge au cours du temps à 20 cm et
à 40 cm de profondeur.
46
Résultats et Discussion- Chapitre 6. Les Transferts
Hydriques
Gradients de charges
|
4 2 0 -2 -4 -6 -8 -10
|
|
Parcelles Irriguées Parcelles non Irriguées
|
24 29 34 39 44 49 54 59 64 69 74 79 84 89 94 99 Jour après
semis (J.A.S)
Jour après semis (J.A.S)
Parcelles Irriguées Parcelles non Irriguées
Gradients de charges
3 2 1 0
-1
-2
-3
-4
-5
|
|
24 29 34 39 44 49 54 59 64 69 74 79 84 89 94 99
|
Figure 18 : Evolution des gradients de charges
dans les parcelles à 20 cm.
Figure 19 : Evolution des gradients de charges
dans les parcelles à 40 cm.
L'analyse de la Figure 18 montre que les
gradient de charges au niveau des parcelles irriguées à 20 cm
sont pratiquement restés tous négatifs (-0,5 à -2) quelle
que soit la période de développement alors qu'ils sont soit
positifs ou soit négatifs dans les parcelles non irriguées
suivant la période considérée. Ainsi, dans les parcelles
non irriguées on distingue les périodes suivantes à 20 cm
de profondeur:
? les périodes allant de 24 JAS à 55 JAS d'une
part et 73 JAS à 102 JAS d'autre part sont marquées par des
gradients de charges variant entre -0,5 et -3,2. Cette situation émane
surtout de l'importante quantité de pluie enregistrée au cours de
ces périodes d'une part et de la forte couverture du sol durant la
période73 JAS à 102 JAS ;
47
Résultats et Discussion- Chapitre 6. Les Transferts
Hydriques
y' entre 56 et 63 JAS les gradients de charges sont pour la
plupart positifs et varient entre 0 et 4 traduisant ainsi une forte
évaporation due au développement et l'extraction racinaires sans
oublier la rareté des pluies (courte période sèche);
y' la période couvrant 64 JAS et 72 JAS est
caractérisée par des gradients de charges fortement
négatifs (-8 à -2). Cette importante fluctuation s'explique d'une
part par le fait que les racines du soja ont peu colonisé cet horizon,
qu'il y a la reprise des pluies après la courte période au cours
de laquelle il y a eu des remontées capillaires des horizons
sous-jacents.
A la côte 40 cm (Figure 19), trois
périodes ont à distinguées (24 à 54 JAS; 55
à 71 JAS et 72 à 102 JAS) durant l'évolution des gradients
de charges. Au cours de la période allant du 24 au 54 JAS les gradients
de charges tous négatifs ont varié très faiblement entre
-0,5 à -1,5. Cela résulte du fait qu'au stade initial toutes les
parcelles ont été arrosées pour faciliter la germination,
la levée des plantules d'une part et aux fortes pluies
enregistrées pendant la période et au faible développement
racinaire d'autre part. Ce qui a entraîné un fort drainage vers
les horizons en profondeur favorisant de ce fait une forte humidité de
l'horizon à 40 cm. La période allant de 55 à 71 JAS
correspond à la période sèche et à la forte
activité de prélèvement racinaire dans les horizons
supérieurs ce qui a entraîné une remonté capillaire
à l'horizon 40 cm se traduisant par de gradients de charge positifs.
Au cours de la période 72 à 102 JAS les
gradients sont redevenus négatifs avec de faibles variations indiquant
une forte humidité à cet horizon. Cela résulte de la
reprise des pluies et de la forte couverture du sol en surface réduisant
l'évaporation; d'où un drainage en profondeur. Les gradients de
charges dans les parcelles irriguées ont été plus faibles
dans les parcelles non irriguées quelle que soit la période. Les
faibles variations observées dans les parcelles irriguées
proviennent du fait que les horizons supérieurs de ces parcelles sont
continuellement alimentés en eau. Cette alimentation journalière
de ces parcelles permet de satisfaire les demandes en eau de
l'atmosphère et celle de la plante et a engendré un drainage vers
les horizons de profondeur.
Au total, les variations des charges observées dans les
deux groupes de parcelles s'effectuent selon deux mécanismes
caractérisant le fonctionnement hydrique des parcelles d'essai. Il
s'agit:
y' de la diminution des potentiels hydrauliques en surface
traduisant ainsi des flux évaporatoires de la surface vers
l'atmosphère pendant la période de faible couverture du sol par
les feuilles du soja et l'installation du système racinaire d'une part
et l'extraction racinaire pendant la période où le
développement racinaire est important (couverture totale du sol)
48
Résultats et Discussion- Chapitre 6. Les Transferts
Hydriques
d'autre part. Ceci est confirmé par des gradients de
potentiel total positifs à 20 cm et 40 cm durant ces périodes
(Figure 18 et Figure 19).
? des gradients souvent négatifs ou nuls à ces
deux profondeurs traduisant des flux drainants en permanence dans la zone
racinaire pendant les périodes d'irrigation ou de fortes pluies.
Ces résultats corroborent ceux obtenus par Agbossou
(1994) sur la canne à sucre à Savé et par Attakin (2001)
sur l'ananas au Sud-Bénin.
? Variation de l'humidité et du stock d'eau du
sol
Les Figure 20; Figure 21;
Figure 22 et Figure 23 représentent la
variation de l'humidité du sol (en g/kg de terre sèche) et le
stock d'eau (en mm) dans la zone racinaire durant le cycle de
développement du soja.
Dans les parcelles irriguées
L'analyse des Figure 20 et Figure
21 montre que l'humidité du sol varie entre 148,2 g/kg et 71
g/kg de terre sèche pour la profondeur 20 cm alors que ces valeurs
oscillent entre 177,1 g/kg et 63 g/kg pour la profondeur 30 cm durant toute la
période de l'essai. Le stock d'eau varie de 23 mm environ à 11 mm
dans la couche de 10-20 cm et de 27,5 mm à 13,8 mm dans la couche de
20-30 cm. Ces valeurs montrent que le stock d'eau dans la zone racinaire varie
entre la réserve utile (23 mm) et la réserve facilement
utilisable du sol (15 mm). Ces résultats montrent que les stocks d'eau
sont constamment élevés dans la couche 0-30 cm du sol durant la
période d'essai. Cela est dû à une alimentation permanente
des différents horizons du sol grâce à la dose d'irrigation
via la fréquence d'apport.
160
140
120
100
40
20
80
60
0
Jour après semis (J.A.S)
C(g/Kg)
dQ(mm)
Figure 20 : Humidité et du stock d'eau
dans les parcelles irriguées à 20 cm.
49
Résultats et Discussion- Chapitre 6. Les Transferts
Hydriques
200
60
40
20
0
180
160
140
120
100
80
C(g/Kg)
dQ(mm)
Jour après semis (J.A.S)
Figure 21 : Humidité et du stock d'eau
dans les parcelles irriguées à 30 cm.
La faible variation des stocks d'eau observée aux
profondeurs 10 à 20 cm dans le temps révèle une saturation
de ces horizons. Cette saturation est due aux infiltrations d'eau qui
augmentent les stocks d'eau dans les profondeurs. La forte variation du stock
d'eau observée entre 65 et 80 JAS aux deux profondeurs est due à
l'activité intense d'extraction d'eau par les racines durant cette
période incluse dans la phase de floraison et de formation des gousses
(phase de fort besoin en eau). En outre, au cours de la période de
remplissage des gousses dont le début se situe autour de 74 JAS, le
stock d'eau dans la zone racinaire varie entre 25 mm et 11,2 mm. Ces valeurs
montrent que les plantes n'ont pas subi de stress hydrique au cours de cette
période très sensible au déficit hydrique qui est le plus
souvent à l'origine de la chute des rendements dans les exploitations
agricoles (Charles, 1999). Des observations similaires ont été
également faites par Dogan et al (2007) à Harran et
Kabalan (1998) à la Békaa sur culture de soja.
Dans les parcelles non
irriguées
L'analyse des Figure 22 et Figure 23
montre que l'humidité du sol varie entre 132,9 g/kg et 54 g/kg
de terre sèche pour la profondeur 20 cm alors que ces valeurs oscillent
entre 139,8 g/kg et 59,3 g/kg pour la profondeur 30 cm durant toute la
période de l'essai. Le stock d'eau varie de 20,6 mm environ, à
8,4 mm dans la couche de 10-20 cm et de 21,1 mm à 9,2 mm dans la couche
de 20-30. Ces valeurs sont globalement inférieures à celles
enregistrées dans les parcelles irriguées et suivent le rythme
des pluies. Les stocks d'eau sont plus élevés en profondeur qu'en
surface et s'expliquent par le drainage des eaux de la surface vers les
horizons inférieurs comme l'ont déjà
révélé les gradients de charges.
50
Résultats et Discussion- Chapitre 6. Les Transferts
Hydriques
140
120
100
40
20
60
80
0
Jour après semis (J.A.S)
C(g/Kg)
dQ(mm)
Figure 22 :Humidité et du stock d'eau
dans les parcelles non irriguées à 20 cm.
140
120
100
80
60
160
40
20
0
Jour après semis (J.A.S)
C(g/Kg)
dQ(mm)
Figure 23 : Humidité et du stock d'eau
dans les parcelles non irriguées à 30 cm.
Par ailleurs, les valeurs du stock d'eau durant les
périodes transitoires de sécheresse montrent que le seuil de 50%
de la réserve facilement utilisable est dépassé. Il en
résulte que les plantes sur ces parcelles ont traversé des
périodes temporaires de stress hydriques. C'est ce qui explique la
précocité de floraison (41 JAS) observée sur les parcelles
non irriguées. De plus, contrairement aux parcelles irriguées les
plantes sur les parcelles non irriguées ont subi un stress hydrique au
cours de la période la plus sensible du cycle cultural du soja. Le stock
d'eau est passé de 19,2 mm à 30 cm de profondeur à 8,4 mm
(environ 60%RFU sont épuisées) à 20 cm. C'est ce
résultat qui serait à l'origine du faible rendement en grains
enregistré dans les parcelles non irriguées.
51
Résultats et Discussion- Chapitre 6. Les Transferts
Hydriques
Les stocks d'eau élevés en profondeur durant
tout le cycle ont été également observés par Poss
(1991) sur terres de barre du Togo, Azontonde (2000) sur les terres de barre
d'Agonkanmey et Attakin (2001) sur terres de barre d'Allada.
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