CHAPITRE II : UNE ADAPTATION NECESSAIRE DES ACTIONS DE
L'OIF
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démocratie. Pour cela et dans le souci de renforcer
l'efficacité des actions de l'OIF, un certain nombre d'adaptations
s'avère nécessaires.
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Afin de mieux remplir ses missions, des solutions
adaptées se doivent d'être trouvées aux limites ci-dessus
relevées. A cet égard, on peut envisager des perspectives tant
à l'égard de l'organisation elle-même (Section I)
qu'à l'égard de ses actions (Section II).
Section I : Les perspectives organisationnelles
Les diverses propositions visant à renforcer la
capacité de l'OIF dans l'atteinte de ses objectifs, ne peuvent avoir un
impact réel que si elles prennent en compte l'amélioration de la
démarche francophone (Paragraphe I) et la révision du
système institutionnel (Paragraphe II).
Paragraphe I : L'amélioration de la démarche
de la francophonie
Améliorer la démarche de la francophonie revient
à établir une adéquation entre les objectifs et les moyens
dont dispose l'OIF. Il s'agira dans ce sens de redéfinir ses objectifs
(A) et ensuite de renforcer le système de prévention (B).
A- La redéfinition des objectifs de l'OIF
La nécessité de réagir contre
l'éparpillement des initiatives et de recentrer le champ d'action de
l'OIF est énoncée publiquement lors du sommet de Beyrouth en
octobre 2002.
Le Xe sommet de l'OIF tenu en novembre 2004
à Ouagadougou (Burkina Faso) a adopté un cadre stratégique
décennal des actions de l'OIF. Dans ce cadre stratégique, il y
est reconnu que « la Francophonie ne peut pas intervenir sur tous les
fronts. Elle doit impérativement faire des choix afin d'agir dans les
domaines où son expérience et son savoir faire ainsi que ses
capacités réelles peuvent faire la différence et apporter
des progrès décisifs grâce à une masse critique
suffisante » 105.
En effet, l'OIF embrasse à la fois plusieurs domaines
d'intervention. De l'éducation à l'économie en passant par
le politique, le social..., elle est présente sans véritablement
les mener à bien ou mieux obtenir des résultats probants. Le
problème c'est qu'il existe une inadéquation entre les objectifs
dont elle s'est assignés et les modestes moyens financiers dont elle
dispose. Il est donc impérieux de revoir les missions en fonction des
moyens dont elle dispose. Il ne sert à rien d'avoir des ambitions et des
programmes aussi nobles soient-ils si on ne peut les réaliser.
C'est pourquoi ayant pris conscience du danger que
représente une telle pratique, les Chefs d'Etat et de gouvernement
réunis à Ouagadougou ont retenu dans le cadre stratégique
sus
105 Voir le Cadre stratégique décennal, point
2.2.
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évoqué à l'horizon 2014 les missions
prioritaires que doit s'attribuer l'OIF ainsi que les principes directeurs et
les modalités d'intervention qui s'imposent à la programmation,
désormais quadriennale des opérateurs.
Il s'agit en réalité suivant ce cadre, des
missions dans lesquelles « la Francophonie peut et doit jouer un
rôle majeur ». Selon ce cadre stratégique, l'accent devrait
être mis sur la promotion de la langue française et de la
diversité culturelle et linguistique, la promotion de la paix, de la
démocratie et des droits de l'homme, l'appui à
l'éducation, la formation, l'enseignement supérieur et la
recherche, le développement de la coopération au service du
développement durable et de la solidarité.
Cependant, neuf (9) ans après l'adoption de ce cadre et
à un an de son évaluation, on peut mesurer la portée des
actions de l'OIF au regard des principes directeurs et des objectifs retenus.
Globalement, le bilan est contrasté faisant une part belle aux
nombreuses lacunes relevées plus haut. L'OIF continue d'intervenir sur
tous les fronts. Il est donc clair que beaucoup reste encore à faire
d'où l'idée de revoir les domaines d'intervention et mettre
l'accent sur les plus prioritaires.
Améliorer la démarche francophone, revient non
seulement à redéfinir les objectifs mais aussi à revoir
les conditions d'adhésion à l'organisation et du coup à
trouver une solution au dilemme de l'élargissement sans fin de l'OIF.
Originellement, l'OIF est le regroupement des Etats ayant en
partage la langue française. Mais de plus en plus, on retrouve des Etats
dont la langue officielle n'est pas le français ou du moins où le
français n'a qu'une faible audience.
Nous pensons modestement que l'une des faiblesses de l'OIF est
son élargissement sans fin. En effet, il n'y a pas de sommets où
on n'enregistre pas de nouvelles candidatures notamment des Etats d'Europe
centrale, d'Asie, d'Afrique... Cette situation loin de créer une
harmonie véritable entre les membres et un atout pour l'OIF,
représente plutôt une faiblesse. L'identité de l'OIF semble
donc être menacée. C'est pourquoi l'OIF doit à l'instar de
l'Union européenne et bien d'autres organisations, faire face aux enjeux
de l'élargissement. L'OIF doit faire preuve de crédibilité
en refusant l'adhésion de certains Etats.
Certes le critère linguistique n'en est pas le seul
critère. Il y est également tenu compte entre autres de
l'évolution de la démocratie et de l'Etat de droit or ce n'est
pas souvent le cas. Un regard panoramique sur les dernières
adhésions montre qu'aucun des critères n'est pris en compte mais
ces adhésions se font désormais sur la base des
intérêts. L'illustration est donnée par l'entrée
controversée du Qatar le 13 octobre 2012.
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Cette entrée du Qatar a fait des polémiques. La
polémique portait principalement sur la légitimité du
Qatar qui n'est pas francophone à entrer dans l'OIF. Certains se sont
aussi inquiétés de l'ambition de ce pays de développer
davantage son influence en Afrique de l'ouest musulmane et notamment de sa
propension à financer des écoles religieuses prenant parfois la
place d'écoles en langue française. Et si cela s'avérait,
il faudrait craindre l'extrémisme religieux qui n'est pas de nature
à offrir un climat de paix et de stabilité contrairement aux
objectifs de l'OIF.
En somme, tous les Etats membres ne semblent pas s'accorder
sur les conditions d'adhésion certains préférant faire
passer leurs intérêts au détriment de ceux de
l'organisation. Tout ceci accroît la nécessité de
réviser ces conditions.
Au regard de ces analyses, l'OIF devrait revoir ces
conditions, veiller à ce qu'elles soient respectées et dans la
mesure du possible être renforcées. De plus, dans le souci de
prévenir les crises et les conflits, il serait opportun de parfaire le
système de prévention.
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