B- L'apport des organisations internationales à
vocation économique
Ce sont essentiellement des institutions à vocation
économique et commerciale à l'exemple de celles de Bretton Woods,
de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et de multiples institutions du
système des Nations Unies...qui oeuvrent pour un ancrage effectif de la
démocratie en Afrique.
En effet, depuis les années 1990 se développe
une tendance généralisée des pays occidentaux à
associer développement économique ou politique et
démocratie, s'inscrivant ainsi dans la voie du développement
durable. Sur le plan économique, l'aide financière
octroyée aux pays en développement s'avère assujettie
à l'inclusion d'une clause de conditionnalité démocratique
dans les accords de coopération. L'accord du G8-Nouveau partenariat pour
le développement de l'Afrique signé en octobre 2001 et l'accord
de l'Union européenne Lomé IV l'illustrent bien75.
Avec la fin de la guerre froide, la dimension politique de ces
conditionnalités s'est affirmée, en complément des
exigences de bonne gestion. Les donateurs ont graduellement affiché leur
foi nouvelle dans le développement à travers la promotion et le
respect des principes démocratiques. Cette politique impose aux pays
tiers demandeurs d'aide le respect de ces principes et des droits fondamentaux
ainsi que l'instauration de la bonne gouvernance au sein de leurs
institutions.
La Banque Mondiale par exemple, dans son rapport de 1989, a
lié libéralisation économique et légitimité
du pouvoir, en vantant les mérites du « meilleur gouvernement qui
exige un renouveau politique »76. Cette politique vise à
inciter les Etats à opter pour le régime démocratique.
75 Voir Marie Elisabeth Lebrun, La
conditionnalité démocratique en matière d'aide publique au
développement : sa mise en oeuvre par l'union européenne et ses
conséquences, Essai de Maîtrise, Faculté de droit,
Université de Laval, Québec-Canada, 10 septembre 2003.
76 Cf. Banque Mondiale, L'Afrique sub-saharienne.
De la crise à une croissance durable. Etude de prospective à long
terme, Washington D.C., 1989, pp. xii et 190-191.
li
Ainsi, au fil des conventions de Lomé, les pays de la
CEE dont la France ont dessiné les contours d'une véritable
conditionnalité démocratique. L'idée de fonder la
coopération sur les droits de l'homme apparaît avec la Convention
de Lomé III en 1985. Celle de Lomé IV signée en 1990
autorise des sanctions de coopération dans une perspective positive. Les
critères d'accès à l'aide ont été ensuite
élargis par la convention de Lomé IV révisée
à Maurice en 1995 au respect des principes démocratiques et de
l'Etat de droit. L'article 96 de cette convention prévoit, en cas de
manquement, la suspension totale ou partielle de la coopération,
après consultations avec le pays incriminé77.
Dix ans presque jour pour jour après le discours de la
Baule, les Etats ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) et de l'Union
Européenne ont conclu le 23 juin 2000 à Cotonou, un nouvel accord
renforçant les aspects institutionnels de la conditionnalité
démocratique. Par le dialogue politique, les parties s'engagent à
promouvoir un environnement politique stable et démocratique, à
améliorer le cadre institutionnel nécessaire au fonctionnement
d'une société démocratique, à soutenir activement
les processus de démocratisation et la consolidation de l'Etat de droit
et à procéder à une évaluation
régulière de leur évolution78. Le
mécanisme de suspension de la coopération en dernier recours est
reconduit79. Le caractère innovateur de cette convention
s'illustre par la plus grande part accordée à la dimension
politique au détriment de la dimension économique.
Conscient que la prévention des conflits passe aussi
par la lutte contre la pauvreté, la bonne gouvernance, la redistribution
des richesses nationales, comme l'a su si bien relever l'ancien
président de la Banque mondiale (BM) M. James Wolfensohn, l'OIF se doit
de jouer un rôle différent de celui des bailleurs de fonds
traditionnels.
77 Cf. l'article 96 paragraphe 2, point a) du
présent article. « Si, nonobstant le dialogue politique sur les
éléments essentiels prévus à l'article 8 et au
paragraphe la du présent article, une partie considère que
l'autre manque à une obligation découlant du respect des droits
de l'homme, des principes démocratiques et de l'État de droit
visés à l'article 9, paragraphe 2, elle fournit à l'autre
partie et au Conseil des ministres, sauf en cas d'urgence particulière,
les éléments d'information utiles nécessaires à un
examen approfondi de la situation en vue de rechercher une solution acceptable
par les parties. À cet effet, elle invite l'autre partie à
procéder à des consultations, portant principalement sur les
mesures prises ou à prendre par la partie concernée afin de
remédier à la situation conformément à l'annexe
VII. Les consultations sont menées au niveau et dans la forme
considérés les plus appropriés en vue de trouver une
solution. Les consultations commencent au plus tard 30 jours après
l'invitation et se poursuivent pendant une période
déterminée d'un commun accord, en fonction de la nature et de la
gravité du manquement. Dans tous les cas, le dialogue mené dans
le cadre de la procédure de consultation ne dure pas plus de 120 jours.
Si les consultations ne conduisent pas à une solution acceptable par les
parties, en cas de refus de consultation ou en cas d'urgence
particulière, des mesures appropriées peuvent être prises.
Ces mesures sont levées dès que les raisons qui les ont
motivées disparaissent ».
78 Voir les Accords de Cotonou notamment les articles
1, 8 et 9.2.
79 Cf. Accords de Cotonou, ibid. article 98, 23 juin
2000.
lii
Ainsi, l'OIF a, notamment à travers sa
représentation permanente organisé en 2003 et 2004, une
série de réunions de travail avec le bureau de Genève du
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) pour examiner
les possibilités de renforcer la collaboration OIF-PNUD dans les
domaines des droits de l'homme et des technologies de l'information et de la
communication. Elle a participé aussi aux diverses réunions
organisées par le bureau du PNUD comme ce fut le cas lors de session
annuelle et à la 5ème Conférence des «
Bailleurs de fonds pour la République du Mali » qui a eu lieu
à Genève les 30 et 31 mars 200480.
Il serait inapproprié de ne pas relever parmi les
acteurs avec lesquels coopère l'OIF en vue l'enracinement de la
démocratie, la société civile. A cet égard,
quelques actions menées par les Organisations internationales non
gouvernementales (OING) et des associations au sein des Etats membres de ladite
organisation méritent d'être relevées.
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