1.2 Evolution du système bancaire dans la Zone
CEMAC
1.2.1 Evolution des banques commerciales
L'intermédiation bancaire baisse progressivement au
cours de ces dernières années comme le montre le Graphique 1
ci-dessous. L'intermédiation financière qui constitue la fonction
fondamentale des banques commerciales dans la zone CEMAC, se justifie par les
imperfections sur le marché des capitaux, caractérisées
par des coûts de transactions élevés liés à
la finance directe, l'incohérence entre les objectifs des agents
à capacité de financement recherchant généralement
des placements à court terme et ceux des agents à déficit
de financement désirant des financements à long terme, et
l'asymétrie d'information existante sur le marché. La banque dans
ce cas transforme les dépôts en crédits et cette
opération affecte nécessairement son bilan. Les marchés
financiers de la sous-région étant encore dans un état
embryonnaire, c'est l'intermédiation indirecte qui prédomine dans
la Zone CEMAC.
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L'efficience technique des banques commerciales dans la Zone
CEMAC
Graphique 1: Evolution des banques et de
l'intermédiation bancaire dans la CEMAC
Nombre des banques et taux
d'intermédiation
40
70
60
50
30
20
10
0
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
2014
nombre des banques taux d'intermédiation
Années
Source : Auteurs, à partir des
rapports d'activités de la COBAC et de la BEAC.
Cependant, le réseau bancaire est loin de satisfaire
tous les besoins en services financiers des populations de la
sous-région. Le taux de bancarisation y est encore très faible et
de plus, les services financiers qu'offrent les banques ne couvrent qu'une
infime partie de la population de la CEMAC (FMI, op, Cit.). Les autres besoins
sont couverts par les établissements de micro finance qui offrent des
services financiers accessibles au plus démunis. Le graphique 2
ci-dessous donne la situation des dépôts, des crédits et
des titres.
Le système financier de la CEMAC reste fortement
dominé par les institutions bancaires, dont le comportement se
caractérise par une gestion très prudente en matière
d'octroi de crédit. Les banques justifient cette frilosité par la
volatilité des ressources, le niveau élevé des
créances douteuses et l'insécurité du cadre juridique dans
la plupart des États membres. Par ailleurs, la contribution des
établissements de microfinance au financement des économies reste
faible et les récentes activités des marchés financiers de
la sous-région n'ont pas encore atteint leur plein régime
(Rapport Zone franc, op, cit.). L'évolution des principaux postes de
l'actif n'est pas symétrique comme l'atteste le graphique 2 ci-dessous
traduisant ainsi une inadéquation
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L'efficience technique des banques commerciales dans la Zone
CEMAC
dans la collecte des ressources auprès des agents
économiques à capacité de financement et l'octroi des
prêts aux agents à besoins de financement.
Graphique 2: Evolution comparée des
postes de l'actif du système bancaire dans la CEMAC
Montants
4 000 000
9 000 000
8 000 000
7 000 000
6 000 000
5 000 000
3 000 000
2 000 000
1 000 000
0
Années
Dépôts Crédits Titres
Source : Auteurs, à partir des
rapports d'activités de la COBAC et de la BEAC.
En dépit de ces aménagements, le système
bancaire se caractérise par l'excès des ressources et le
rationnement du crédit, la concentration bancaire et le
développement de la micro finance, l'internationalisation et l'absence
d'innovations financières (Avom et Eyeffa-Ekomo, 2007). De plus, les
banques de la sous-région n'offrent pas de services de qualité
alors qu'elles perçoivent de leurs clients des commissions, des agios et
intérêts importants. Elles ne ressemblent même plus à
des caisses d'épargne (Kamgna et Dimou, 2008) et ne contribuent pas
à la croissance économique (Hugon, 2007).
D'après les données du ci-dessus, le
système bancaire camerounais se situe en première place dans la
sous-région en termes de collecte de dépôts et d'octroi de
crédits, constituant à lui seul 52,58 % du montant total des
dépôts et 53,05 % du montant total des crédits. Il est
suivi par le système bancaire gabonais qui constitue pour sa part 26,12
% du total des dépôts et 25,38 % du total des crédits dans
la sous-région. Les deux systèmes bancaires représentent
ainsi à eux seuls près de 79 % du marché bancaire de la
CEMAC en termes de collecte de dépôts et de distribution de
crédits.
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L'efficience technique des banques commerciales dans la Zone
CEMAC
Après la réforme qui a graduellement
porté d'une part sur la refonte des instruments de la politique
monétaire, et d'autre part, sur le changement du cadre institutionnel,
notamment en matière de réglementation et de contrôle des
banques et établissements financiers. Cependant ces réformes
entreprises par les autorités monétaires restent insuffisantes
par rapport aux principes énoncés par le comité de
Bâle I sur le fonctionnement efficace du système bancaire (FMI,
op, cit.) surtout en matière d'appréciation du risque. Le
problème important auquel les banques dans la Zone CEMAC doivent faire
face est celui des créances douteuses. Le niveau relativement
élevé des créances douteuses (23% en 2013) et le faible
taux de couverture de ces créances (environ 51%), ont été
le point clé des nouvelles dispositions prises par les autorités
monétaires. D'où l'intérêt d'expliquer dans cette
recherche l'inefficience des banques dans la Zone CEMAC sur une période
caractérisée par un suivi permanent à la fois par les
organismes de contrôle national et international (FMI, agences de
notation et la Banque mondiale).Le Graphique 3 ci-dessous montre
l'évolution des créances douteuses au fil des années.
Graphique 3:la part de créances douteuses
dans le total crédit brut accordé à la
clientèle.
Années
2012
2011
2010
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
80% 85% 90% 95% 100%
Pourcentage de concours sains à la clientèle
crédits bruts créances
douteuses
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