Partie I : La mondialisation
Chapitre 1 : Approche théorique de la
mondialisation
1.1.1 La pensée mercantiliste
Avec la fin des états féodaux et la naissance
des états nation, apparu le mercantilisme. Courant de pensée
apparu vers le XVI siècle jusqu'au XVIII siècle, il avait pour
but la redéfinition de la pensée économique contemporaine.
Cette pensée surgit au moment où toute l'Europe de
l'époque subit de profondes transformations, telles l'apparition des
grandes villes et toute la gestion de celles-ci, nous voyons le transport
maritime bouleversé par des nouvelles technologies, ouvrant de nouveaux
horizons à la marine marchande, ouvrant de nouveaux marchés. Le
mercantilisme répondra en partie aux besoins des nouveaux états
nations comme la bonne gestion de ceux-ci et leurs enrichissements.
Le mercantilisme justifiera le développement des
relations économique fortes avec l'apparition du colonialisme. Le but
étant l'emprise sur les matières premières en vue
d'accroitre l'enrichissement de la nation et ce quel qu'en soit le prix. Nous
avons l'exemple dans La Compagnie Française pour le Commerce des Indes
Orientales fondée en 1664 par Colbert ayant pour but le monopole des
commerces lointains.
Autre exemple, la Compagnie d'Orient crée en 1642, avec
un monopole sur le marché des épices, de la vanille pour
Madagascar. Ce n'est que les prémices de la mondialisation d'aujourd'hui
avec également l'apport de la culture, des traditions et de la religion
qui sera importé et impose en évangélisant les païens
locaux.
L'économiste Bodin par sa théorie « du
commerce comme enjeu de puissance » nous apprend dans son ouvrage «
Les Six Livres de la République » : « il n'y a personne qui
gagne qu'un autre n'y perde ». Bodin met en avant l'importance primordiale
du commerce extérieur ne voyant dans le commerce intérieur aucune
richesse valable. Pour lui le commerce intérieur ne peut enrichir
l'état et ne dois pas par conséquent être
développé. Théorie tout à fait controversée
aujourd'hui comme nous le voyons par la mondialisation et ses apports sur le
développement du commerce intérieur notamment par le tourisme
comme développé plus bas.
Le mercantilisme est une vision post moderne de
l'enrichissement des nations suite à une bonne gestion du commerce
essentiellement extérieur.
Adam Smith économiste écossais en parle : «
le prince, dont la puissance repose sur l'or et sa collecte par
l'impôt, doit s'appuyer sur la classe des marchands. Il doit favoriser
l'essor industriel et commercial de la Nation afin qu'un excédent
commercial permette l'entrée des métaux précieux
», ou encore : « La double fonction que remplit l'Argent,
comme instrument de commerce et comme mesure des valeurs, a naturellement
livré cette idée populaire que l'Argent fait la richesse, ou que
la richesse consiste dans l'abondance de l'or et de l'argent [É]. On
raisonne de la même manière à l'égard d'un pays. Un
pays riche est celui qui abonde en argent, et le moyen le plus simple
d'enrichir le sien, c'est d'y entasser l'or et l'argent
1».
1 Adam Smith La Richesse Des Nations livre 4 chapitre
I
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Adam Smith a adopté une attitude plus ou moins ambigu
quant à sa vision. D'un côté nous pouvons voir qu'il
était contre le mercantilisme allant même jusqu'à
être virulent dans ses propos. Il condamna le mercantilisme mais pas dans
sa totalité ni sous tous ses aspects. Adam Smith était pour le
libre-échange à l'intérieur comme à
l'extérieur. Il ne voulait pas de monopoles, militait pour l'ouverture
des marchés mais était dans un autre coté toutefois
nuances dans ses propos et admettait le contrôle pour tout ce qui
touchait la préparation militaire.
Le mercantilisme sera un système qui donnera naissance
à la libéralisation des marchés, et sera repris et
adapté selon les états sous différentes appellations.
Le Colbertisme instauré par Colbert avec une
pensée du tout par et pour la métropole, ce qui se
définissait par un maximum d'exportations et un minimum d'importations.
Colbert avait une vision de l'économie au service du roi, au service de
l'état et bien moins au service du peuple. Le but du Colbertisme sera la
thésaurisation des richesses, le protectionnisme du marché
intérieur, un contrôle des colonies, et un afflux de commandes
publiques. La pensée de Colbert peut être résumée
par sa citation : « L'art de l'imposition consiste à plumer
l'oie pour obtenir le plus possible de plumes avec le moins possible de cris
».
Le courant physiocrate avec une pensée très
moderne et proche de la pensée économique actuelle avec une
vision inverse des mercantilistes qui considèrent la richesse d'un pays
par celle d'un état, les physiocrates pensent que la richesse d'un pays
provient de l'ensemble de ses habitants. La physiocratie vante les
mérites de l'agriculture par exemple et considère l'industrie
comme des économies stériles2.
Jean Touchard fera une définition des physiocrates
comme : « La doctrine des physiocrates est un mélange de
libéralisme économique et de despotisme éclairé
[...] la pensée des physiocrates s'ordonne autour de quatre grands
thèmes : la nature, la liberté, la terre, le « despotisme
légal » [...] L'État doit être gouverné par des
propriétaires fonciers ; eux seuls ont une patrie ; patrie et patrimoine
sont joints. [...] Les physiocrates sont donc hostiles à toute
réglementation. Leur formule est « laissez faire, laissez
passer3».
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