5.2. Facteurs socioculturels
déterminant le travail des enfants
5.2.1. La perception de
l'enfant dans l'organisation sociale traditionnelle béninoise
L'enfant occupe une place importante dans la
société traditionnelle au Bénin. Il est perçu comme
l'héritier et le garant des valeurs sociales et culturelles comme le
montre la figure 4 ci-dessous.
Figure 4: Nuage
sémantique de l'enfant dans la société traditionnelle
béninoise
ENFANT
Précieuse valeur ajoutée
Relève de la communauté
Force économique et sociale
Privilège pour le père
Garant de la sécuritéde la femme
Garant du bonheur et de la survie des parents et de la
communauté
Vecteur de développement des communautés
Créateur de liens sociaux
Ciment du couple
1ère richesse du monde
Source : Figure réalisée
sur la base des travaux de Hounyonto (2009)
L'analyse du nuage sémantique de l'enfant dans la
société traditionnelle béninoise témoigne de
l'intérêt et de la valeur accordés à l'enfant tant
par sa famille, que par sa communauté toute entière. En outre,
l'identité de l'enfant se construit dans un cadre social et
communautaire.
Cette place qu'occupe l'enfant, explique son implication
active dans l'organisation sociale traditionnelle au Bénin.
« Dans la société traditionnelle
béninoise, l'enfant est un sujet de droits et de liberté. Ces
droits non écrits, mais gravés dans le subconscient de chaque
membre de la communauté sont reconnus, respectés, garantis et
protégés. Au nombre de ces droits, on peut
citer« le droit à la vie ; le droit à une
alimentation ; le droit à une famille ; le droit au logement,
le droit au champ ou à la fortune représentant le droit à
la propriété pour l'enfant mais également le droit
à l'héritage, le droit aux mânes protecteurs qui est
l'équivalent de nos jours du droit d'être protégé
notamment conte le mal, la maltraitance, les abus et l'exploitation ; le
droit à une éducation ; le droit à un nom et
à une identité, le droit à la parole et le droit à
la participation communautaire» (Hounyonto, 2009).
« Cependant, les droits de l'enfant impliquent
également des devoirs envers sa famille et sa communauté.
Contrairement aux droits, les devoirs des enfants envers leurs parents, sont
nettement énumérés montrant leur prééminence
dans la société traditionnelle béninoise voire africaine.
En effet, le droit à la participation communautaire
« oblige » entre autre l'enfant à apporter son aide
à sa famille, dans ses différentes tâches quotidiennes
à savoir les travaux domestiques et champêtres...Ainsi, dès
que son âge le permet, l'enfant a le devoir de mettre ses forces et
capacités physiques et intellectuelles à la disposition de sa
communauté d'appartenance. Il est également le garant de la
tradition à travers la préservation des valeurs culturelles, des
normes et de la coutume. Un proverbe fon béninois l'illustre
pleinement : « Vid?k?n ?n zokun nã
tchio ». Ce qui se traduit littéralement en
français par « Lorsque l'enfant est là, le feu ne
s'éteindra jamais ». Le feu dont on parle se résume aux
valeurs culturelles, sociales et collectives.
Le non-respect de ses différents devoirs par l'enfant,
implique une négation ou un refus de garantir ses droits
(précédemment cités)par la collectivité »
(Hounyonto, op.cit)
L'analyse de toutes ses représentations sociales de
l'enfant, explique et justifie l'utilisation du travail des enfants dans la
société traditionnelle béninoise. Le travail des enfants
dans le cadre des exploitations cotonnières doit donc être
perçu comme une valeur sociale et non une exploitation
économique. En effet, le temps consacré par les enfants au
travail productif en dit long. Ce dernier n'empiète pas sur les loisirs
de l'enfant, ni sur sa formation. Les tâches jugées socialement
dangereuses et très pénibles sont effectuées par les
adultes, dans un souci de respect de la vie et de la condition fragile de
l'enfant.
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